Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

  Septembre 2024 (7 articles)

Fait divers : on a tiré (bis) sur Trump

  lundi 16 septembre 2024

16 septembre 2024 (16H30) – On va aussitôt m’en faire procès, avec juste raison : mais pourquoi ce “bis” dans « on a tiré (bis) sur Trump » ? J’avoue ma faute, succombant au démon du sensationnalisme et du parti-pris. C’est vrai, il semble bien qu’on n’ait pas tiré sur Trump, qu’on ait “failli” mais empêché de passer à l’acte ; c’est vrai qu’il était si tentant de faire ce titre où la tentative d’assassinat serait reprise dans les “Faits-divers”, dans une sorte de rubrique consacrée aux tentatives d’assassinat de l’ex- et peut-être futur président Trump. C’est vrai, c’est à peu près tout ce que cela  méritait dans l’esprit du temps et de son alignement ; une rubrique page 36, dans les faits divers, quelques lignes, et hop ! Passons à autre chose.

Je dois l’avouer, avec mon esprit tordu et mon oreille tendancieuse, c’est ainsi que j’ai interprété la nouvelle ce matin dans les journaux européens. Mais peut-être est-ce que je m’avance trop imprudemment et vont-ils éclater en nombre d’analyses éclairantes et impeccablement objectives. Dans tous les cas, mon titre reste en place pour ce jour, et il marque bien, au moins symboliquement, l’espèce d’indifférence affectée et d’agacement de la presseSystème pour ce qui constitue une chance bien imméritée pour ce candidat du diable de gagner un peu plus de commisération et donc de popularité par innocence et victimisation comme on aime tant à se parer aujourd’hui.

Trump, pour son compte, reste impeccable dans le rôle du héros de série télévisée : toujours ce cri d’héroïsme entêtée et cinématographique (son message churchillien au peuple américain : « Rien ne me ralentira ! Je NE ME RENDRAI JAMAIS ! »). Ils ont bien grand tort de lui laisser, par maladresse volontaire ou pas d’exécutants extrêmement amateurs, l’occasion d’ainsi montrer à bon compte ses réelles qualités d’intrépidité, – une sorte de “narcissisme héroïque”, si l’on veut. 

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Mégacrise-express

  samedi 14 septembre 2024

14 septembre 2024 (18H20) – Il s’est passé beaucoup de choses ces deux derniers jours, entre les bruits de plus en plus précis d’autorisation de tir en Russie de missiles à longue portée UK et USA ; l’avertissement de Poutine hier, accompagné d’une symphonie venue des responsables russes ; avec l’aide du décalage horaire, un rétropédalage discret et bien significatif du bloc américaniste-occidentaliste en plein sauvetage de face et de fesse. Les deux compères Christoforou-Mercouris et Mercouris seul vous expliquent en hyper-détails non censurés par Kamala le déroulé des opérations.

Bien. Pour résumer, j’emprunte un paragraphe du dernier texte de Larry Johnson :

« Eh bien, cela n’a pas pris longtemps. Il y a deux jours, des fuites dans les médias britanniques ont indiqué que le Royaume-Uni allait approuver la demande de l’Ukraine de lancer des missiles Storm Shadow plus loin en Russie. Le député McCaul a également fait savoir que l’administration Biden allait embarquer et approuver l’utilisation de missiles ATACMS et JASSM à l’intérieur du territoire russe. C’était un autre temps. Aujourd’hui, après l’avertissement de Poutine hier selon lequel de telles frappes seraient considérées comme une attaque contre la Russie par l’OTAN et entraîneraient des représailles, la presse a été informée que les États-Unis et les Britanniques n’allaient pas donner à Zelenski ce qu’il veut. Il semble qu’un peu de bon sens soit revenu parmi les décideurs de l’OTAN. »

Bref : tout s’est passé comme à Koursk, mais en hyper-accéléré. Mercouris le note et j’aurais tendance à appuyer avec force et en hyper-hyper-accéléré : à Washington, où personne ne commande, le Pentagone est sorti de ses gonds en avertissant le duo Sullivan-Blinken (et les compères britanniques qui mènent la danse de Saint-Guy, les petits malins qui profitent de la grille de l’asile laissée grande ouverte) : “Mais vous êtes fous ou quoi ?!”.

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Querelle sur le pont en forte gite du ‘Titanic

  mercredi 11 septembre 2024

Querelle sur le pont en forte gite du ‘Titanic

11 septembre 2024 (17H45) – ... Tant il est vrai qu’il faut, pour conclure à propos d’un débat qui n’eut jamais vraiment lieu puisque à trois (Kamala + les deux modérateurs d’ABC) contre un, en venir à cette métaphore de Maria Zakharova, hier matin et superbement dédaigneuse autant que superbe elle-même : “Qui s’intéresse à une querelle sur l’emplacement des chaise-longues un quart d’heure avant la rencontre avec l’iceberg ?”

Voici dans le texte :

« S’exprimant sur Radio Sputnik mercredi, elle [Zakharova] a déclaré qu’elle ne considérait pas cet événement comme de très grande importance. Cela importait autant que l’issue d’une hypothétique querelle à bord du Titanic au cours de sa traversée de l’océan Atlantique, a-t-elle affirmé.

» “Qui a gagné, selon vous ? Pourquoi cela aurait-il de l’importance ? L’iceberg est à 15 minutes”, a-t-elle déclaré.

» Poursuivant la métaphore, elle a déclaré que ni Trump ni Harris n’avaient l’intention ou la capacité de prendre la barre à roue pour changer la trajectoire du navire. L’Amérique est en marche vers un “désastre total et mondial” et le reste du monde essaie de s’y préparer, a-t-elle suggéré. »

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Nietzsche et Joseph K.

  samedi 07 septembre 2024

7 septembre 2024 (15H55) – Je me rappelle mes premiers contacts avec Nietzsche à partir de cette photo en gros plan de lui malade, la très forte impression que m’avaient laissé ce visage, ces yeux rentrés surmontés de sourcils broussailleux, cette moustache absolument terrible. C’est ainsi que j’ai abordé sa philosophie, par une image et sans croire une seconde avoir affaire à un philosophe comme on les conçoit. Je n’ai jamais pu comprendre Nietzsche d’une façon rationnelle, ordonnée, voire idéologique. Je n’ai évolué avec lui que sous l’empire de l’intuition, mais toujours tenant dur comme fer que je tenais là un initié. Je ne parle nullement d’un initié à des secrets extraordinaires, ce serait plutôt un initié de la méthode impérative de la pensée, – le “philosophe au marteau” comme il se désignait lui-même.

Cela est écrit pour expliquer que j’ai la plus vague idée du monde pour expliquer ce qu’est pour moi la “pensée de Nietzsche”, et s’il y a seulement une pensée qui me soit destinée. Hormis cela, il est mon compagnon qui ne m’a jamais, ni trahi, ni abandonné. J’en ai même fait un personnage d’un roman ignoré des foules et des grandes villes, que je préfère situer sur les plus hautes cimes où l’on rencontre fort peu de monde. Cela sauve les apparences et permet à l’auteur de converser avec son héros sans être dérangé.

Aussi me suis-je arrêté, d’abord avec curiosité puis avec l’assurance d’une certitude presque complète, à un texte de ce Constantin von Hoffmeister dont l’on parle beaucoupen ce moment, dans ces colonnes. Ce texte d’une admirable brièveté résume dans un espace incroyablement court, deux simples paragraphes, qui est Nietzsche pour Hoffmeister. Il se trouve que son analyse extrêmement rapide me restitue l’essentiel de ce que je ressens intuitivement pour et par Nietzsche comme héros intempestif perdu dans l’univers kafkaïen de “Joseph K”.

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Ping-pong à trois: Trump-Poutine-Kamala

  vendredi 06 septembre 2024

6 septembre 2024 (18H35) – L’effondrement de notre civilisation, et en plus des plus grands de tous dans le bidule que sont les États-Unis d’Amérique, ne cesse de me surprendre par son espèce d’aspect glissant, fluide et insaisissable. Tout le contraire du tonnerre ou du Mystère des grands ancêtres, des Égyptiens aux Romains, aux Aztèques... Nous sommes pourtant équipés pour le bruit, de l’arme nucléaire aux missiles hypersoniques, nous imaginons de fantastiques complots, nous avons même les bataillons de flics-espions pour les nouer. Pourtant, rien de ce côté de décisif et plutôt tout à trouver dans les mille nuances d’un sourire à peine esquissé et le joyeux tintamarre d’un rire aux éclats. Ce n’est pas drôle, c’est étrange. (“It’s not funny, it’s phoney”.)

Je reviens sur un aspect déjà mentionné dans ce texte d’hier sur Russiagate-2.0, sur la réaction de Poutine à une question lors d’une conférence de presse : “Qui soutenez-vous pour l’élection de novembre prochain aux USA ?”. Cette question était inconvenante pour un président russe qui fait profession d’éviter toute immixtion dans le processus électoral d’un pays étranger. Là, cette fois, pas question de ces timidités-là ! Poutine a voracement sauté sur la question (“narquoisement”, nous fait comprendre RT.com) :

« “Je vous l'ai dit, notre favori, si je puis dire, était le président actuel, M. Biden”, a déclaré Poutine, avec un sourire narquois. “Il a été écarté de la course, mais il a conseillé à tous ses partisans de soutenir Mme Harris. Nous le ferons donc aussi, nous la soutiendrons”, a-t-il poursuivi.

» Poutine a déclaré que Harris “rit de manière si contagieuse et expressive, cela montre qu'elle se porte bien”. »

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Sarah est-elle une Tulsi allemande ?

  mardi 03 septembre 2024

3 septembre 2024 – Sorti de nulle part et formé à partir du 1er janvier 2024, le parti BSW de Sarah Wagenknecht a accompli une extraordinaire performance en frisant les 12% et 16% de voix aux votes des landen de Saxe et de Thuringe, au cœur de la République Fédérale confortablement installée depuis des décennies entre les oreillers nommés CDU-CSU et SPD. On connaît les autres résultats, les 33% de l’AfD, premier à 10% de la CDU avant le BSW qui se classe ainsi troisième parti allemand. Le “reste”, c’est-à-dire la coalition au pouvoir dépasse à trois (SPD + ‘Grünen’ + FDP) tout juste les 12%. Ci-dessous, notre amie Rachel Marsden donne son point de vue sur l’ensemble des scrutins en traçant un parallèle entre les deux amis fidèles, – Allemagne et France :

« L’establishment allemand s’accroche désespérément au pouvoir au mépris de la démocratie – Comme en France, il existe un effort grossier et même pas dissimulé pour refuser aux électeurs leur choix démocratique. »

... Car ce qui m’intéresse, c’est bien la personnalité et le travail politique, en même temps qu’une popularité montante, de Sarah Wagenknecht. Cela ne devrait pas étonner que je développe ici ma tentation de la comparer à l’Indo-Américaine (je ne suis pas sûr de cette domination et j’ignore s’il y en a une autre, – “Samoa-Américaine”, par exemple ?), – Tulsi Gabbard, bien sûr.

Il ne faut pas y voir beaucoup d’analyse politique là où c’est surtout mon intuition que j’ai suivie, une espèce de perception d’une similitude d’attitudes, de caractères politiques et de comportements. Il s’agit donc d’un jugement subjectif, qui comporte sa possibilité d’erreur, mais qui est assez audacieux pour rencontrer la sagesse de l’esprit qui, dans ces temps chaotiques et douloureux, s’accorde nécessairement à l’audace du jugement.

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RapSit-USA2024 : Gabbard versus Harris

  dimanche 01 septembre 2024

1er septembre 2024 (14H50) – L’entrée de Tulsi Gabbard dans l’équipe de transition de Trump est bien plus qu’une opération classique de reclassement à l’occasion d’une élection présidentielle. Gabbard a un rôle très particulier à jouer auprès de Trump (qu’elle avait commencé à jouer avant l’annonce de ce ralliement) : comment battre, voire écraser Harris dans les débats publics de l’élection, et notamment le ou les face-à-face télévisés.

Pourquoi elle ? Parce que, le 4 novembre 2019, elle écrasa littéralement Kamala dans le débat pour les primaires démocrates et la conduisit à abandonner la course à la présidence. Sa médiocrité complète (celle de Kamala) lui valut d’être repérée par le DNC (direction du parti) et choisie comme colistière vice-présidente de Biden : le ‘dream team’ des pieds-nickelés était au complet.

Il y a donc, dans l’affrontement avec Harris, un compte personnel à régler indirectement entre Tulsi et Kamala, par Trump interposé. Gabbard n’a pas oublié ni vraiment accepté son élimination forcée qui intervint quatre mois après son affrontement avec Harris : le DNC, qui connaissait la valeur de Gabbard et ce qui l’intéressait, son potentiel médiatique (elle avait été sa vice-présidente jusqu’en 2016), pensait fort logiquement qu’il fallait se débarrasser d’elle pour que Biden continue, solitaire et splendide, sa route vers la nomination de 2020-2021.

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