Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Octobre 2016 (12 articles)
Certains auteurs mérite d’être visités et revisités, et ils méritent d’être appréciés d’une manière originale en fonction d’une époque qui n’est pas la leur, et pourtant directement en connexion avec cette époque. Les plus grands auteurs du temps passé, s’ils sont vraiment grands, méritent d’être réinterprétés à l’aune de l’époque infâme et catastrophique que nous vivons. C’est évidemment le cas de Tolkien, cet Anglais qui inventa un monde extraordinaire venu d’un passé mythique dont lui seul avait la clef ; et qui (Tolkien), par conséquent, s’adresse aussi et encore plus directement à notre époque pour nous mieux faire comprendre ce qu’elle a d’infâme et de catastrophique.
Donc, Tolkien... Il y a quelques temps, saluant l’arrivée de Nicola Bonnal avec ses Carnets, je présentais la préface que j’avais écrite pour son livre Le salut par Tolkien (éditions Avatar), qui est une réédition, et en fait une réécriture de son livre de 1999. J’avouais d’ailleurs ma faible connaissance de Tolkien, ce qui est une faiblesse sans aucun doute. Alors, voici quelques questions à Bonnal pour qu’il nous parle de Tolkien, de Tolkien par rapport à notre époque surtout, pour compléter cette préface qui parlait trop peu de Tolkien alors qu’elle introduisait un livre sur le sujet. Cette fois, voici l’auteur qui nous parle de Tolkien, et cela n’est pas inutile, en aucune façon.
(Suite)
A partir d’une certaine époque, sans doute autour de 2011-2012, lorsque vraiment le bloc-BAO commençait à chauffer, parce que la grande crise (septembre 2008) était passée et que rien ne s’était passé sinon la même chose qui recommençait en pire comme s’il existait une volonté hors de notre pouvoir d’aller vers une complète destruction, je me mis à lire épisodiquement un site que je qualifierais sans grande originalité de “platement complotiste”, un peu comme on dit que “la terre est plate”. Ce qui est d’intérêt ici et m’incite à en parler en détails, c’est l’évolution de ce site sur ces quelques années (la tendance au complotisme chez lui n’a pas varié), parce que cette évolution rend compte d’une façon remarquablement illustrative, par démonstration ad absurdo plutôt qu’a contrario selon la tendance exposée, de l’évolution de la réalité vers sa pulvérisation sous les coups des narrative, de l’évolution de la “politique” vers sa néantisation sous les coups de l’affectivisme. Le résultat est absurde puisqu’il conduit à faire le constat qu’il n’y a plus de complot à débusquer ni de false flag à faire claquer dans le vent, parce que TOUT n’est que complots et false flag, que la réalité pulvérisée comme l’on sait est devenue le miroir complet de la pire caricature imaginée par un complotiste qui hisserait un false flag. Le résultat est absurde mais cohérent dans l’évolution de notre temps ; il est donc absurde et catastrophique.
Il avait déjà été exposé deux étapes dans ce processus, qui furent marqués par des articles à ce propos dans dedefensa.org. Je les rappelle sans faire de citations trop longues, simplement une sur le site dit-“platement complotiste” lui-même et l’autre pour distinguer la seconde étape parce qu’elle introduit bien mon propos. Il s’agit, dans le chef de ce propos, du constat que nous sommes entrés dans une troisième étape dont je ne vois pas comment elle pourrait ne pas être la dernière et l’ultime au-delà de quoi nul ne sait sur quelle terra incognita nous allons débucher. Je veux dire par là que cette troisième étape nous a conduit dans une situation générale d’où il nous sera et même d'où il nous est dédormais impossible de revenir, et c’est bien là qu’est l’irréversibilité (“dernière et ultime”) : je ne vois pas comment nous pourrions revenir en arrière, dans des conditions où le Système, en supposant qu’il puisse se mieux contrôler, pourrait rétablir des conditions qui le rendraient supportable et lui garantiraient un empire plus tranquille et assuré, comme on a pu croire, comme certains ont pu croire, à certaines époques, par exemple dans les années 1990, après l’évaporation du communisme.
(Suite)
Le Tome-II de La Grâce de l’Histoire est parmi nous, sorti des presses de l’imprimeur. Une livraison doit arriver ce matin au cœur de nos terres étrangères, à Bruxelles. Ensuite, il faut compter un peu de temps pour sa distribution et sa répartition entre le coéditeur, le distributeur et nous-mêmes, ici, à dedefensa.org ; ensuite, encore un peu de temps pour mettre en place sur le site la rubrique Librairie.dde dans laquelle il sera présenté avec son ancien compagnon, dit Tome-I, et proposé à la vente aux lecteurs. On peut alors avancer la prévision qu’il sera disponible à la vente, sur ce site, dans la première décade de novembre 2016, disons autour du 10 novembre.
Ce Journal dde.crisis avait annoncé la venue de la chose, le 16 avril 2016. Je donnais quelques indications, d’abord de façon très pratique, en annonçant les derniers délais (où je me suis trompé de peu, chose remarquable par rapport à mes habitudes, puisque sortie du Tome-II annoncée comme “assez probable” pour septembre). Puis quelques indications plus personnelles sur le travail lui-même, les conditions, les circonstances, etc. Je donne ici une citation de ce début du texte du 16 avril qui avait pour titre « La souffrance du monde »...
« ....Actuellement, je mets la dernière plume à la nième relecture du Tome II. Quel changement du tout au tout ! Mis à part l’insuccès complet, qui est la marque constante de toute ma carrière littéraire, j’ai complètement changé d’approche générale de l’écrit, entre mes débuts et aujourd’hui. Dans ma jeunesse, je produisais des livres à une vitesse surprenante, – dont, disons, 95%-96% ne furent jamais publiés... Aujourd’hui, c’est exactement le contraire, parlant de la vitesse. Pour La Grâce, le canevas disons des deux premiers Tomes est terminé et rédigé autour de 2011-2012. Depuis j’ai travaillé sur le Tome I pour une publication à la fin de 2013, avec promesse qui me semblait facile à rencontrer puisque tout semblait déjà être écrit, de publication du Tome II fin 2014. Voyez le résultat : si le Tome II est publié, disons en juin 2016 cela sera proche du miraculeux, disons en septembre 2016 cela devient assez probable. Entretemps, un nombre incroyable de relecture, de corrections, rajouts, refontes partielles, etc., et relecture, et encore relectures...
» Quoi qu’il en soit, le fait devrait être, selon les dernières nouvelles de la chose, que je suis au terme de la re-re-lecture et sans doute dernière de la Quatrième Partie, une seule Partie restante et une conclusion qui bénéficie d’une relecture d’avance (j’en ai passé des extraits le 1er décembre 2015 et le 31 décembre 2015). Dans cette Partie, assez ardue, je termine sur une note plus personnelle, dont le thème est la souffrance que cette époque terrible inflige à nombre d’entre nous, à titre individuel, et que je veux identifier comme faisant partie de la “souffrance du monde” qui est la conséquence de la même cause, avec la parcellisation de l’individuel réunie en une unité originelle. J’ai trouvé que le sujet était à la fois inactuel, universel, et tout à fait correspondant aux jours que nous vivons. Ainsi en suis-je arrivé à penser qu’il a sa place dans ce Journal-dde.crisis... Inutile d’explication supplémentaire, car je pense avec force que ce texte, cet extrait, se suffit également à lui-même... »
(Suite)
« Vous êtes pratiquement en train de pleurer ! Vous êtes pratiquement en train de pleurer ! » (« You’re practically crying. You’re practically crying »), – s’exclame, excédé, William Scarborough s’adressant à William Kristol en train de geindre... Kristol se déchaîne, mais plutôt passivement, comme on se laisse emporter, parce que clame-t-il toute la presse et la TV US, ce qu’on nomme la presse-Système bien entendu, et notamment la station hyper-bobo, très-progressiste type-Clinton MSNBC où on le reçoit, a déroulé un tapis rouge sous les pieds avantageux de Donald Trump, qu’elle l’a donc favorisé outrageusement, – extraordinaire et étrange jugement d'un Kristol transporté d'une sainte-fureur... Regardez toute la scène datant de mercredi soir, avec les intervenant, Kristol donc, gourou des neocons avec son Weekly Standard, Scarborough, le présentateur-vedette de MSNBC, et avec lui Mika Brzezinski, – exactement, la fille de son père, – quasi-alter-ego de Scarborough à MSNBC.
Les deux, Scarborough et Mika, ont à “gérer“ comme l’on dit, une quasi-nervous breakdown du susdit-Kristol, absolument, paroxystiquement déchaîné devant la promotion que la presse-Système a faite du The-Donald. C’est bien cela l’affaire, vous avez bien lu, la presse-Système acquise à 119% à Hillary, accusée de faire tant de grâce et salamalecs à The-Donald. (Dans les faits bruts, on comprend l’attaque, selon la logique-fric exposée dans ce même Journal-dde.crisis, le 6 mai dernier ; mais qui ne peut comprendre que cela n’implique en rien une préférence, et que tout ce temps consacré à Trump parce que c’est un événement public et “vendeur” est ponctué de diffamations, de montages et d’insultes ?) L’échange vaut d’être vu, et même d’être retranscrit au moins en partie, simplement pour avoir une idée de son intensité, de la force du paroxysme de l’hystérie psychologique, où d’ailleurs les deux journalistes se trouvent à certains moments aussi emportés que leur invité. J’en donne la transcription, simplement pour l’atmosphère, la tension de la chose, et aussi pour l’illustration de cette tension qu’offre le contenu de l’affrontement où l’on s’insulte pratiquement (“Vous mentez. S’il vous plaît, ne venez pas à mon émission pour mentir [« You lied. Please don’t come on my air and lie. »]) ; ayez aussi et surtout à l’esprit qu’il s’agit de gens du même camp (pro-Clinton) et que tout leur dit, statistiquement et par leur conviction même, que leur héroïne l’emportera...
(Si vous trouvez cela trop long, passez la transcription pour la suite du commentaire. Je renouvelle pourtant l’explication que cette transcription a sa place ici parce que, par sa densité, sa rapidité, elle constitue une très bonne illustration du commentaire qui suit, et donc effectivement elle est chronologiquement à sa place.)
(Suite)
La question est quelque chose de cette sorte : “la crise, je veux dire la crise-finale, cette crise que nous attendons tous, est-elle encore possible ?” Cette question, déjà latente pour le moins depuis plusieurs semaines, plusieurs mois, peut-être deux-trois ans (tiens, depuis l’Ukraine, février-2014), m’est venue clairement à l’esprit avec l’épisode commenté hier où l’on voit le cas-Assange, et puis le cas-Russia Today (RT-UK), deux crises déjà en cours, plongés dans le chaudron furieux de la crise USA-2016 qui affecte par ailleurs (et vice-versa) la crise syrienne, les relations générales au sein et hors du bloc-BAO et les relations extraordinairement tendues du point de vue de la communication entre la Russie et les USA (et le bloc-BAO), – et tant d’autres cas... Autant d’événements qui sont autant de crises, qui sont autant de désordres, qui sont foutus ensemble comme un chef devenu fou et croyant inventer une recette métaphysique jette furieusement et convulsivement tout ce qui traîne dans sa cuisine dans une même énorme casserole bouillonnante...
Peut-on croire qu’il puisse nous en sortir la recette du siècle, la crise-Brillat-Savarin de la postmodernité, là, comme ça, par simple accumulation et empilement furieux ?
Il y a trop de désordres pour le désordre décisif : il y a trop de crises pour une crise, celle qui nous est nécessaire pour venir à bout de nos folies et de nous-mêmes activant fiévreusement nos folies, pour venir à bout du Système. Il faut un événement inédit, qui ne soit pas lui-même une crise spécifique (pas un effondrement financier, pas une guerre, pas un regime change, pas une élection truquée, etc. – même si tous ces ingrédients ont plus ou moins une place) ; il faut quelque chose de plus haut, quelque chose d’unificateur d’au-dessus des crises, d’au-dessus des désordres, pour soudain imposer sa loi ; il faut que tous les désordres soient soudain réunis en un seul désordre cosmique qui, seul, pourra détruire les racines de lui-même en accouchant de son contraire. Je crois que le seul relais humain d’un tel événement, – outre les forces extérieures qui sont et seront les moteurs de tout cela, – est un choc psychologique cosmique et nécessairement collectif que seul le colossal système de la communication qui tient tout dans ce monde en folie est capable de manufacturer et de déchaîner.
Nous attendons un événement cosmique.
Je me rappelle combien j’avais été frappé, à la fin septembre 2001, en lisant ce que Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la défense et certainement le plus intelligent dans la bande belliciste autour de GW Bush, avait dit de l’attaque du 11 septembre. La chose a été rappelée dans ce texte du 12 octobre :
« Peu après l'attaque, le secrétaire à la défense Rumsfeld, décidément le philosophe de la bande, expliquait que ce que les terroristes attaquaient, c'est l'American Way of Life, — effectivement la façon d'être de l'Amérique, car pour elle “être” c’est “vivre” et rien d’autre. On ne peut réduire cette attaque à une attaque contre la politique de l'Amérique. Elle vise la substance de l'Amérique ; elle vise et touche les symboles qui représentent cette substance... »
Tout cela était évoqué, on le sait, à propos de ce général, Milley, exposant d’une voix furieuse et guerrière ce fondement même de la Grande République, The American Way of Life, et ceux qui entendent se lancer dans l’entreprise de la détruite (« “Je veux être clair pour ceux qui, dans le monde entier, veulent détruire notre façon de vivre...” [“want to destroy our way of life”], ‘nous vous détruirons’”... »). Bien sûr, nul n’ignore que l’avertissement s’adresse d’abord sinon exclusivement à la Russie et j’y viendrai, mais je veux ici développer le sentiment que je me suis fait de cette sorte d’avertissement, – puisqu’il semble être devenu un “modèle” de l’anathème américaniste. L’idée n’est nullement anodine, et la rencontre entre l’intelligent Rumsfeld et le stupide Milley ne m’importe qu’à cause de la puissance de l’expression que tous deux utilisent, qui a sa vie propre, sa signification symbolique abyssale, sa puissance métahistorique ou plutôt infra-historique comme l’on dit du Mordor, qu’elles soit dite par une crapule finaude ou une brute épaisse : “The American Way of Life” (ou bien “Our Way of Life”) ; cette expression a véritablement une connotation métaphysique, quelque chose qui dépasse le courant de la politique (pour les temps normaux) et le courant de la folie-ordinaire (pour les temps actuels).
Il est dit encore dans le texte référencé que l’expression a autant de force symbolique que le fameux American Dream, ce qui est assez logique d’ailleurs puisque l’American Dream, qui a été défini sociologiquement en 1931, – c’est une chose diablement sérieuse, bien plus qu’un gadget hollywoodien ou un spasme d’extase d’un Français proaméricain, – n’est rien d’autre qu’une “façon de vivre” (Way of Life) assez médiocre, correspondant à l’idéal de la classe moyenne (petite maison individuelle-standard, semblable à toutes les autres, voisins comme il faut avec même costume et même phantasmes absolument refoulés, associations de bons voisinages, pensées et conceptions communes, voiture, etc.). Dans La Grâce de l’Histoire (Tome I), un passage est consacré à cette métamorphose, – car avant cet American Dream selon ma noble conception de cette importante problématique, existait ce que je classifie comme un “rêve américain” d’origine essentiellement française :
(Suite)
En fait, ils ne s’y attendaient pas, assez rassérénés, pas méchants pour deux sous et nullement machiavéliques, et sans nulle conscience de faillir, – et je dis cela fort sérieusement, car c’est bien ainsi que je “les” vois... “Ils” et “les”, c’est Ayrault & Hollande, comme on disait “Bouvard & Pécuchet”, ou “Abbott & Castello” (ditto “les deux nigauds” made in USA), et nous parlons bien entendu de l’annulation par Moscou du voyage de Poutine à Paris. Je crois bien, car je les connais d’instinct ces braves gens, que la chose (la décision de Poutine) a été vécue par certains parmi ces bonnes pâtes notariales qui forment notre direction comme une sorte d’agression du type que les Su-25 commettent chaque “contre l’humanité”, à Alep, et aussi comme un acte pas du tout gentil qui leur fait un peu peur en leur laissant une amertume passagère (avant de reprendre le bâton de pèlerin, car la vertu ne se décourage jamais).
...Cette fois, me dit mon petit doigt que je consulte dans les temps de crise comme s’il était une source fiable, me dit (je cite entre guillemets anglais mais pas en italique ni entre guillemets français pour marquer qu’il s’agit de la substance du propos, et nullement d'une prétention à un verbatim) que “la nouvelle de l’annulation a provoqué un ouragan au Quai d’Orsay, parmi les structures les plus solides de la bureaucratie du Quai, ceux qui forment le noyau de notre structure diplomatique. Certains sont si catastrophés qu’ils parlent de démission. Depuis le premier jour, cette affaire syrienne, – puisque l’annulation du voyage a tout à voir avec elle, – empoisonne le Quai, mis à part les “jeunes loups” neocons à la-Gluksman et à-la-BHL bien sûr, qui ne restent pas longtemps au Quai parce qu’on paye mieux dans les think tanks subventionnés (par la Ford Foundation ou par Carnegie). Dès le rappel de l’ambassadeur français à Damas, puis la rupture des relations diplomatiques de 2012 qui l’avait rendu fou de rage devant la stupidité de la décision, de l’ignorance de ceux qui l’avaient prise, etc., cette affaire a entretenu un malaise épouvantable au Quai. Aujourd’hui, on est au bout du chemin de croix avec ce camouflet que Poutine inflige à une diplomatie française en complète dissolution...”
Pourtant, j’en suis profondément persuadé, il n’y a pas, dans leurs actes, aux “deux nigauds”, tant de vilenie et d’infamie qu’on voudrait généreusement leur prêter, que d’incompétence et de naïveté par ignorance des choses, des complexités du vaste monde, des règles de la vie entre les nations ou ce qu’il en reste. Hollande “hésitant” quant à la venue de Poutine, puis la réduisant au seul entretien prévu en supprimant l’aspect culturel et symbolique, pour marquer sa désapprobation selon la ligne de communication-Système qui lui avait été signalée, n’imaginait pas que les Russes l’enverraient se faire voir avec la maestria et la précision d’un F-15 saoudien tapant sur un enterrement au Yemen pour approcher les 200 morts d’un coup. Non, il n’imaginait pas cela, et il doit être, je pense, surpris, peiné, désolé pour la bonne marche des choses et les excellentes relations franco-russes qui se fondent sur une glorieuse tradition diplomatique avec notamment le Pont Alexandre-III et la rencontre de Gaulle-Staline de décembre 1944.
(Suite)
Comme dit la chanson US, faite pour rassurer les esprits romantiques : « What a difference a day made ». Hier, Trump était balayé, désintégré, oublié avec ses cendres dispersées dans le cimetière des illusions grossières, populistes et antidémocratiques ; des appels pompeux et fleuris aux couleurs de la démocratie citoyenne et féministe réclamant son retrait, style “la patrie est en danger et la globalisation de même”, résonnaient aux quatre coins de la Grande (et vertueuse) République. Aujourd’hui, il est plus que jamais présent, au point que, dans un Journal radiodiffusé ou l’autre de la presse-Système made in Belgium (une des plus excitantes-sexy de nos salons européens, postmodernes et socio-sociétologiques), j’ai même entendu des paroles un peu amères et pas mal lugubres, pour nous communiquer que les Américains étaient bien indécis, de plus en plus après le deuxième débat, donc qu’Hillary n’est plus l’irrésistible professionnelle qui balaie devant sa porte les restes peu ragoûtants de l’amateur qui avait cru dans ses Deplorables.
De la Suisse où il se paye des vacances en trouvant ce pays merveilleux, notre excellent ami Scott Adams, qui faisait hier quelques remarques iconoclastes, donne ses premières impressions alpines aujourd’hui, et elles sont complètement catégoriques : « Je viens juste de voir le débat en rediffusion. Trump l’a emporté haut la main. Cela ne fut nullement un résultat serré. Et gardez à l’esprit que j’avais jugé Clinton victorieuse dans le premier débat... » (« I just watched the debate on replay. Trump won bigly. This one wasn’t close. And keep in mind that I called Clinton the winner of the first debate... »)
Ainsi Trump est-il ressuscité, et plus que jamais candidat redoutable d’Hillary Clinton, peut-être bien sur le point si ce n’est déjà fait de retrouver un rythme en plein ascendance. (“Clinton était sur la défensive”, note Adams, et Trump à l’inverse, ce qui était complètement inattendu après la tragédie-bouffe des enregistrements salaces et grossier du second. Mais on précisera que Trump, désormais sans aucun frein dans ses attaques, avait fait précéder le débat d’une conférence de presse avec quatre dames qui ont été violées par Bill Clinton, et soumises ensuite à des pressions d’Hillary pour qu’elles se taisent. Les quatre dames ont assisté au débat, pas loin de Bill et de sa fille Chelsea. Ambiance et tête du Bill, avec regard à mesure...).
(Suite)
On parle assez librement et sans barguigner guerre nucléaire et Troisième Guerre Mondiale en ce moment ; on en parle assez couramment comme on parlerait du prix des pommes de terre, y compris sur dedefensa.org d’ailleurs, sans aucun doute depuis l’Ukraine (février 2014), peut-être même implicitement depuis la Syrie-II (celle qui a commencé avec la crise d’août-septembre 2013 de l’attaque chimique attribuée à Assad, faussement cela est assuré, mes bien chers frères, quasiment comme un label de qualité). Cette possibilité de conversation qui devrait être oppressée et angoissée, est essentiellement développée sans hésiter une seconde comme si la chose allait de soi et chez certains avec un air assez entraînant de business as usual, et cela allant de pair parce qu’entièrement lié dans l’enchaînement avec la possibilité d’un affrontement entre soldats russes et américains. La chose est même évoquée d’une façon vraiment “cavalière”, le terme est complètement adéquat et juste...
Sur RT, avant-hier 7 octobre, l’ancien diplomate US Jim Jatras, qui a des souvenirs du temps d’avant, dit ceci : « There are all sorts of possibilities, but they all have the same common denominator: they run the risk of a direct confrontation between Russian and American personnel, getting Russians and Americans killed, what Moscow and Washington managed to avoid during the Cold War but which many in Washington treat as a kind of a cavalier thing to risk. For what purpose? To save Al-Qaeda and its allies in East Aleppo. That is an incredible thing to me. »
C’est donc ce dernier point précisément (“possibilité d’un affrontement entre soldats russes et américains”) que je voudrais débuter cette réflexion, d’abord en remuant mes souvenirs de vieille baderne. Je me rappelle, – jeunes gens vous qui me lisez éventuellement, écoutez bien la voix du passé, – mes débuts de très-jeune journaliste ; c’était en novembre 1967, dans un quotidien belgo-liégeois où ma qualité d’“étranger” (Français à Liège) avec un intérêt personnel marqué pour les matières de politique et d’armement m’avait fait affecter à la rubriques “Nouvelles Étrangères” (les ouvriers de l’atelier, – c’était encore le temps-béni du plomb et du linotype, – nommaient cette section “Les Nouvelles Étranges”). Très vite, on m’avait confié des dossiers importants, surtout la Tchécoslovaquie dès janvier 1968 avec le remplacement du président du pays, un vieux stalinien sclérosé et figé dans ses chaleureux souvenirs de liquidation sans bavures, Antonin Novotny, par un général dont la principale qualité était de s’appeler “Svoboda” qui se traduit couramment par “liberté” ou “homme libre” ; puis vinrent, en mars l’arrivée du nouveau Secrétaire Général du PC, Dubcek, jusqu’à la fin de l’été le “printemps de Prague” qui eut ce retentissement mondial que l’on sait, enfin la crise terrible de l’intervention du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie le 21 août 1968. J’étais, à mes risques et périls, installé comme spécialiste des relations Est-Ouest.
(Suite)
Pardonnez-moi si je fais appel à mon expérience de “vieillard exquis” (le terme fut utilisé par dérision lors de la sortie du film superbe de Rosi, en 1976, Cadavres exquis) mais il s’avère après tout que dans ces temps d’“éternel présent” où le passé est tenu par nos “valeurs” triomphantes pour nul et non avenu, et la mémoire avec, eh bien les francs-tireurs qui ont clandestinement conservé leur mémoire ont quelques munitions de choix à tirer, pour éclairer les lanternes du coin du jour... Il se trouve, par la grâce de la chronologie et du temps qui passe, que j’ai suivi toutes, absolument toutes les présidentielles US depuis 1960 ; soit par intérêt personnel et par entraînement des modes, soit par fièvre et américanophilie béate, soit par goût et proaméricanisme prétendument sérieux, soit par antiaméricanisme naissant, soit par fureur antiaméricaniste désormais bien plantée, très-souvent et plus ou moins par professionnalisme un peu prétentieux et plus-souvent encore, je le reconnais, sans espoir d’en attendre vraiment grand’chose... Bref, la présidentielle US, je connais bien son mécanismes, son théâtre et ses faux-semblants ; et je peux avancer ceci sans crainte de trébucher : jamais, jamais, jamais, au grand jamais...
... Jamais je n’ai relevé, pesé ni interprété ce jugement auquel, lorsqu’ils sont rassemblés dans leurs diverses démarches, un nombre respectable et qui ne cesse de grossir de commentateurs de haute volée parviennent, et jugement qui est aussi le mien : “Cette élection est exceptionnelle, unique, sans précédent, un événement terrible qui explose devant nos yeux ! Elle est sans importance par elle-même en un sens, malgré son importance, et ce qui compte c’est ce qui suit, et nous n’avons encore rien vu”. Jamais je n’ai relevé l’emploi du mot “révolution”, qui est si peu américaniste dans le langage politique du temps courant qui, en général, estime qu’il n’y a rien à changer dans cette nation exceptionnelle qui se suffit à elle-même. Le 3 octobre, le vénérable Patrick Buchanan, speechwriter de Reagan et icône des paléoconservateurs, titrait sa colonne du jour Aborting the Trump Revolution. Je vais également citer deux textes récents, dans ce cas avec des extraits consistants pour bien faire comprendre l’état de l’esprit.
• D’abord, celui d’un économiste original, cité longuement par notre ami Alastair Crooke, dans le dernier Weekly Comment de son Conflict Forum. Il s’agit d’un texte de Raúl Ilargi Meijer, du 26 septembre 2016 (Crooke : « Raul Ilargi Meijer, the long-standing economics commentator, has written both succinctly – and provocatively: “It’s over! The entire model our societies have been based on for at least as long as we ourselves have lived, is over! That’s why there’s Trump.” »)
(Suite)
Il y a des pressions grandissantes et des avertissements anxieux au niveau de la communication, pour nous faire raisonnablement penser qu’existe très sérieusement la possibilité d’un affrontement, sinon d’une guerre du plus haut niveau entre les deux grands adversaires, essentiellement par le biais d’une attaque US contre Damas. Je sais que, dans ces périodes, le sentiment de l’urgence de la situation conduit à des réactions affectives qui ne sont pas du tout, dans ce cas, de l’affectivisme mais une simple réaction humaine, – et le commentateur est dépendant de ces mêmes humeurs, humain, trop humain... Il reste qu’il y a le vrai, ce qu’on nomme la vérité-de situation.
Il y a de très nombreuses indications de cette extrême tension, pour mon compte selon les sources que je juge normalement de bonne tenue (pour le reste, selon le mode hystérique qui ne cesse d’être incroyable de la presse-Système) ; que ce soit l’avertissement du groupe VIPS, qui est un groupe pour lequel il faut avoir une très-haute considération, que ce soit l’article de ZeroHedge.com sur le compte-rendu du Washington Post salivant à l’idée d’un briefing de l’administration Obama (ce jour même, 5 octobre) à propos d’une attaque US contre Damas, que ce soit le compte-rendu de TheDuran sur un exercice de préparation de 40 millions de Russes à une attaque nucléaire, cela avec tant d’autres nouvelles et analyses allant toutes dans le même sens.
Nous sommes à un de ces moments où le commentateur ne peut plus rien avancer d’assuré, s’il est honnête avec lui-même. Décidément, je ne cache en rien ma complète incertitude, alternant entre la considération qu’il s’agit d’un affrontement de pure communication, avec quelques risque certes mais aucune intention de passer à l’acte des autorités, ou de ce qu’il en reste du côté US (là est le problème, au reste, celui de l’autorité qui est si insaisissable et si mal identifiable) ; et d'autre part la certitude soudain angoissée de l’irréversibilité de la marche de l’évènement vers le pire, et l’on imagine ce que ce “pire” peut signifier d’absolument terrible...
(Suite)
Je me suis confié la charge considérable d’annoncer une nouveauté dans l’arrangement du site, avec l’installation structurelle d’un ami de dedefensa.org qui, depuis le mois de mai, nous a honorés d’une présence très vivace, pleine de feu et extrêmement régulière. L’activité de Nicolas Bonnal dans le cadre d’Ouverture Libre a conduit les instances dirigeantes variées et nombreuses du site dedefensa.org à conclure, dans toute leur sagesse majestueuse, qu’il serait plus logique et mieux approprié qu’il disposât de son propre blog : ce seront Les Carnets de Nicolas Bonnal, rubrique qui devrait être mise en place cette semaine si nos oracles ne se trompent pas. (Sinon juste un petit retard possible mordant un tout petit peu dans la semaine suivante, mais non, sérieusement je ne crois pas, mais enfin, la prudence... Bref, comme dit PhG, on verra.)
Sur Bonnal, je ne vais pas trop m’étendre, d’abord parce que notre auteur, prolifique et touche-à-tout, a l’honneur insigne de disposer d’une page Wikipédia (il m’a promis qu’elle avait été vérifiée et qu’elle ne s’égare pas trop) ; ensuite parce qu’il m’a fait, à moi, le grand honneur de me demander de préfacer son prochain livre, sur Tolkien qui est l'un de ses grands amis (Le salut par Tolkien) ; et ainsi ai-je pensé que la meilleure façon d’une présentation adaptée serait alors de reproduire cette préface, – ce qui est fait ci-dessous...
Les Carnets de Nicolas Bonnal pourraient être rejoints dans le futur par Les Carnets d’un autre personnage, si bien que l’on arriverait à une rubrique du type Les Carnets de dedefensa.org constituée de quelques blogs des amis. Ce n’est pas une révolution qui bouleversait dedefensa.org, je tiens aussitôt à le préciser avec la plus grande force... C’est une adaptation mesurée, qui renvoie bien plus, bien évidemment, à la recherche de la qualité qu’à la soumission au “règne de la quantité”. Bref, on comprend ce que je veux dire et mon sentiment est bien que le site s’en trouvera renforcé pour ce qui est de sa qualité, sans être en aucune façon défiguré dans sa forme et pour son orientation.
Voici donc le texte où PhG, dit Semper Phi, tentait de préfacer le livre de Nicolas Bonnal sur Tolkien.
(Suite)