Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Octobre 2018 (12 articles)
30 octobre 2018 – J’imagine qu’on a déjà identifié chez l’auteur de ces lignes une plume particulièrement sensible à la Grande Guerre, dans toutes ses nombreuses et exceptionnelles dimensions. On sait que nous approchons à grand pas du centième anniversaire de l’armistice et que Notre-Président, historien fameux et moraliste sans égal, célébrera la paix et nullement “la victoire”.
(...Drôle de paix comme l’on dit “la drôle de guerre”, selon Keynes et Bainville qui publièrent aussitôt à ce propos, presque parallèlement pour des essais presque parallèles, et brandirent chacun à sa façon leurs prophéties des catastrophes que la chose monstrueuse, la paix de Versailles, nous préparait, – l’un Les conséquences économiques de la paix [1919] et l’autre Les conséquences politiques de la paix [1920].)
Cette proximité fait renaître le prurit de l’affectivisme qui constitue le principal moteur de la fabrication constante et en série du simulacre nommé “récriture de l’histoire” ; notre époque est passée maîtresse dans cet art de la manipulation au nom de ses affects chargés de vertueux sentiments et de sentiments orientés. Ainsi reparle-t-on de tous les lieux communs de cette horrible boucherie que fut la Grande Guerre, des hommes, – je parle des “poilus”, simples soldats, – lancés là-dedans comme “chair à canon” tandis que les généraux se gobergent loin du front et que les officiers d’en-dessous essuient leurs monocles qu’un peu de boue encrasse. Même des gens aussi intelligents qu’un Stanley Kubrick mordent à belles dents à cet hameçon si tentant (Les sentiers de la gloire), provoquant en retour la stupide attitude censureuse de la bureaucratie française.
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28 octobre 2018 – La pensée même de cet article m’épuise absolument, et je ne m’y mets, je vous l’avoue, qu’après avoir tant repoussé l’instant de m’y mettre : parler du JSF (F-35), de la Belgique, du choix que ce pays vient de nous annoncer (le F-35), du mécontentement discret mais un peu goguenard des Français, du “Je regrette” de Macron, – tant de médiocre bassesse repousse ma plume qui se refuse à se tremper d’une encre si médiocre. Je chancelle sous le poids de leur surhumaine sottise, avec presque de l’admiration dans mon exaspération : “Comment peut-on l’être autant, si longtemps, si complètement, si décidément, si joyeusement, si content-de-soi ?”
Car enfin, comment, aujourd’hui, avec tout ce que l’on sait hors des virements et donations mensuelles de Lockheed Martin, oui comment peut-on choisir cet incroyable fer à repasser et badigeonner sur son fuselage “avion de combat”, cela pour avertir les Russes qu’il s’agit bien d’un combat aérien qui s’engage ? Comment peut-on croire les Américains sur leurs promesses alors qu’ils se conduisent partout en pirates, faussaires, faux-frères, traîtres et parjures, scandaleux escrocs empilant leur montagne de faux talbins (*) ? Le plus fort, non le plus éclatant et le plus évident, c’est que les Belges ne sont pas de “mauvais Européens”, comme les Français le laissent entendre parce que ce qu’ils ont fait, qui est de faire leur petite commission face aux Yankees de façon à ce que se poursuive le tango transatlantique, eh bien il n’y a vraiment rien de plus “bon Européen” selon l’esprit de Notre-Europe. Tous leurs matamores de l’UE ne font pas autrement, et quant au Macron.
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A chaque fois, chaque occasion, chaque éclat, je m’interroge : est-il temps de dire que la situation est d’une ultime gravité aux USA ? Ou bien : quel crédit faut-il accorder à cette “guerre civile de communication” qui les déchire depuis l’été 2015, avec une violence verbale et gestuelle plutôt qu’active, inimaginable d’intensité ? On peut donc s’interroger dans ce sens, en toute candeur et sans hésitation, sur la valeur évènementielle de cette campagne de “colis suspects” entamée le 24 octobre contre les vedettes du mouvement progressiste-sociétal, d’Obama-Hillary à Robert de Niro, en passant par CNN.
L’hystérisation de l’atmosphère politique aux USA rend cette atmosphère irrespirable et fait suffoquer les psychologies, et s’amplifier les jugements. Tous les éléments de l’affrontement postmoderne sont réunis, avec des accusations diverses volant d’un camp à l’autre, avec une rupture complète de “civilité”, du sens de l’appartenance à la même patrie, de la solidarité courante. On dirait que le diable tourbillonne comme la Grande Crise, pour enfin trouver l’échappée qui transformera le paroxysme psychologique en événement catastrophique : comment faire, enfin, pour que la “guerre civile” s’institue en véritable catastrophe !
A la “crise” des migrants venant par “caravanes” (au moins deux désormais) au travers du Mexique jusqu’à la frontière des USA où Mattis envoie d’ores et déjà ses Marines, sans doute le jour des élections midterm car la chorégraphie est bien réglée, s’est ajoutée, selon une logique implacable et une chronologie impeccable qui font songer certains à une diversion, cette étrange campagne de “colis suspects”. L’affaire est suffisamment trouble, pressante et paroxystiquement mise en évidence, avec l’inévitable grain de Soros (Soros Junior dans ce cas), pour ouvrir le champ aux accusations d’une vraie vague terroriste comme à celles du coup monté (l’inévitable “false flag”) pour favoriser les démocrates dans 15 jours. D’ici là, si vous avez du temps à perdre, consultez le New York Times qui publie une comptine de Zoe Sharp vous expliquant comment enfin l’on a fini par assassiner Donald Trump.
Historien et contributeur de la chaîne archi-sociétale et très populaire MSNBC, Jon Meacham, lui, n’a aucun doute là-dessus, – et l’on remarquera que sa référence n’est plus JFK mais Lincoln, c’est-à-dire la “guerre civile”... « C’est, je pense, l’attaque la plus importante contre la vie de hauts responsables américains, et qui pourrait même la dépasser en ampleur, depuis le complot pour l’assassinat d’Abraham Lincoln en 1865. Le potentiel de catastrophe de cette attaque était énorme, son ampleur est fascinante et je pense que tout cela nous dit qu’à chaque époque de grande querelle politique dans ce pays, il y a une manifestation équivalente de cette querelle en termes de violence... »
Ces faits ont-ils pourtant l’air bien futile ?... La futilité des faits exacerbe la psychologie et conduit au jugement catastrophique. Pourquoi ne serait-ce pas là que se cache la vérité-de-situation ?
Le chroniqueur y songe, sa plume s’interroge...
21 octobre 2018 – La crise-Khashoggi, car c’est bien d’une crise qu’on peut désormais parler, menace un des axes fondamentaux de cette chose-USA qui se représente comme “empire”. Il s’agit bien sûr de l’axe moyen-oriental conduisant à ce que Brzezinski nommait en 1979 “l’arc de crise”, du Soudan à l’Inde.
Parallèlement, dans un sens géométrique comme dans un sens chronologique, l’intention annoncée par Trump de sortir du traité INF de 1987, c’est-à-dire de le détruire puisqu’il ne comporte que deux signataires avec l’URSS devenue Russie, menace dans ses effets l’autre axe fondamental du même “empire”, l’axe transatlantique. Cette seconde crise annonce une situation chaotique pour la sécurité européenne.
Chacune de ces deux crises a ses raisons d’être, ses dynamiques propres, ses “accidents” internes, voire ses desseins et destins spécifiques pour suggérer une explication propre mais qui ne reste que circonstancielle. Dans l’état présent des choses qui ne préjuge pas de l’avenir et si elles sont prises ensemble comme elles doivent l’être, leur véritable signification est celle d’une déstructuration de la forme et de la charpente de sécurité mises en place et maintenues par les USA durant le deuxième moitié du XXème siècle pour projeter la protection de leur sécurité en imposant l’ordre du monde qu’ils jugeaient nécessaire.
Du point de vue de la posture stratégique, il s’agit de la déconstruction la plus essentielle possible de la forme de la géostratégie du monde, et une déconstruction dont nul ne sait la cause majeure et centrale, ni les conséquences fondamentales. On comprend, du fait de leur importance comme de leur correspondance, que ces deux crises ne peuvent être perçues que comme les éléments d’une seule et même Grande Crise, celle qui institue l’Effondrement du Système.
Tout cela se fait à deux semaines d’une électionmidterm que certains qualifient de “la plus importante de toute l’histoire des USA”. Nul, même pas les acteurs de ces événements, ne peut dire si le lien qu’on est conduit à faire entre ces différents événements, – les deux axes en danger de rupture et les élections midterm, – a été voulu et/ou manigancé par des conceptions et des manœuvres humaines embrassant tous leurs caractères jusqu’à leur signification commune. Il reste que ce lien, même de simple coïncidence, apparaît aussi brutalement que les événements qu’il tient ensemble et qu’il est sans aucun doute de l'essence même des grands événements métahistoriques de l’histoire du monde.
20 octobre 2018 – D’abord, je vous annonce, amis lecteurs, une nouvelle dont vous avez peut-être, sans doute, repéré la manifestation écrite : sur le bandeau au-dessus de chaque article (nom de la rubrique, la date, “Forum”, etc.), une nouvelle indication, avec un petit œil et un chiffre qui varie, qui vous indique le nombre de fois que l’article a été “ouvert”, en principe et je l’espère, pour une lecture attentive et bienveillante. C’est une grande innovation pour nous !
Bien entendu, j’entends les rires et sourires. Tout le monde fait cela ou presque, et voilà que le père-PhG s’imagine faire entrer dedefensa.org dans le grand domaine des innovations technologiques avec ce clin d’œil. On avait déjà installé des compteurs Facebook et quelques autres mais je dois avouer que je n’appréciais qu’à demi cette comptabilité boiteuse des initiatives accessoires, d’autant que je n’utilise ni Facebook, ni Tweeter. Je suis un peu un fossile, un dinosaure amaigri perdu dans le grand champ postmoderne de l’internet ; aussi préhistorique que les plus antiques traditions... Et puis, récemment, j’ai eu assez de ces Facebook, Tweeter, etc., avec leurs frasques honteuses, insupportable présence des délateurs & censeurs.
J’ai fait sauter tout cela, puis j’ai songé à faire installer un compteur direct sur les accès aux articles, hors de toutes ces simulacres de réseaux sociaux manipulés par le Système. J’ai donc fait un grand pas, la chose fonctionne depuis le 14 octobre, accessible à tous depuis hier. Figurez-vous que cette innovation de diplodocus m’a apporté un aussi grand plaisir qu’elle a constitué un grand pas à faire. Cette comptabilité sans intermédiaire, directement du lecteur au site comme si le lecteur m’adressait un clin d’œil d’encouragement, m’a apporté une réelle satisfaction psychologique et morale.. Que vous le croyez ou pas, que vous trouviez cela étrange ou non, sachez bien que cette toute petite initiative qu’on trouve partout ailleurs a contribué fortement à repousser, voire à briser la solitude que je ressens parfois, à mon établi d’écrivaillon, devant mon écran vide que je noircis constamment de mes élucubrations électroniques, qu’il faut que je nettoie régulièrement, avec plus ou moins de succès pardonnez-moi, de ses innombrables coquilles.
Voilà, c’est tout, un peu de solitude vaincue...
Là-dessus et pour terminer ce message sans prétention, et l’occasion faisant le larron, je fais ce que je n’ai jamais fait dans ce Journal-dde.crisis, puisque le 19, jour où la comptabilité des articles vous a été ouverte, lançait l’habituelle campagne de fin de la donation mensuelle. Je fais un appel à votre soutien, alors que notre démarrage est bien lent ce mois-ci.
Vous avez lu hier, dans ces pages, une modeste contribution à la dénonciation du racket-Système que les censeurs-à-gage infligent aux résistants du samizdat. C’est bien assez pour vous rappeler la précarité de la situation de la presse-antiSystème, dont nous sommes de fervents acteurs, avec nos possibilités, nos capacités. Aidez dedefensa.org, amis lecteurs, on peut dire qu’il le mérite.
Les petits freluquets au visage bien net malgré les pseudo-barbes de certains, – Sartre aurait pu écrire “petits salopards” a peine au sens sartrien du terme, et plutôt au sens nihiliste finalement, – les freluquets, donc, arrivent à un résultat significatif et nous apparaissent tels qu’en eux-mêmes : censeurs diaboliques à gentille frimousse d’ado baladant leurs tee-shirts parsemés de $milliards. Je n’imaginais pas qu’on puisse accomplir son ambition et sa réussite exceptionnelle en singeant la fraîcheur de l’esprit de l’adolescence prolongée, dans la posture de balance céleste, de donneur cosmique, de délateur étoilé, dans la position assumée d’auxiliaire zélé des forces officielles du déchaînement de la Matière. Ils y sont, pourtant.
(Je parle de Zuckerberg et toute sa bande, au cas où il nous faudrait un téléprompteur pour bien nous comprendre. Je conchie cette époque des GAFA-censeurs où l’âme semble se dévorer elle-même avec voracité, en dévorant tout ce qui est inversion et subversion pour nourrir l’appétit du complet simulacre de la vertu.)
Dans l’hypothèse où nous ne nous le serions pas dit, qu'on sache tous que le mois d’octobre a vu une avancée redoutable de leur contre-civilisation, Facebook en tête et le reste suivant à la queue-leu-leu. Ce ne sont pas les loups qui sont entrés dans Paris, camarade, ce sont les censeurs ; ils agissent au nom du Système ou de ses représentants appointés. A côté, les inquisiteurs avaient au moins l’allure de la langue et de l’ordre, et ils ne se cachaient pas d’être ce qu’ils étaient. Les censeurs postmoderne sont des pue-la-mort fardés en jeunes gens entreprenants, aussi secs que la terre devenue poussière des grandes sécheresses capitalistes, sans culture, sans le moindre caractère ; comme je fais de leur époque je les conchie roborativement et sans retenir ma peine, et sans véritable colère mais comme une chose allant de soi.
(Suite)
16 octobre 2018 – En pleine activité studieuse ces deux derniers jours, un fait m’a soudain frappé dont je me suis dit qu’il méritait quelque réflexion hardie. Je veux parler de l’apparition de cette expression, disons pour résumer : “ce qui se passe aujourd’hui [dans tel domaine] est le pire depuis l’attaque du 11 septembre 2001”. Je cite les deux passages contenant l’expression, venue de commentateurs extérieurs et nullement de ma seule réflexion : c’est leur réflexe à eux (plutôt que “réflexion”), et plutôt une référence inconsciente qu’un jugement, qui m’arrête ici et me fait m’interroger, et instituer le sujet de cette courte “réflexion” (cette fois, le mot est le bon) ...
• Le 14 octobre, du texte « Trump vaut bien 9/11... », cet extrait de l’article de Politico.com sur l’état psychologique des citoyens américains sous l’empire de Trump : « Mais de nombreux praticiens observent désormais que Trump et son effet convulsif sur la conversation nationale américaine donnent une place prépondérante à la politique sur le divan du psychanalyste, d'une façon qui n’avait pas été vue depuis les mois qui ont suivi le 11 septembre– un autre moment où les événements ont été effrayants et ont eu des conséquences émotionnelles très puissantes... »
• Le 15 octobre, des « Notes sur une danse des sables », cette citation de l’ancien ambassadeur US à Ryad Robert Jordan : « ...les relations entre les USA et l’Arabie sont brusquement (?) entrées [...] dans “leur pire période depuis l’attaque du 11 septembre 2001” »
(Suite)
13 octobre 2018 – Ne dirait-on pas que les cieux se sont mis en fureur avec le monstrueux cyclone Michael pour mieux précipiter les entreprises humaines dans un ouragan catastrophique ? Une fois de plus et même plus que jamais, les États-Unis d’Amérique sont l’œil et la matrice, et le show également de ce facteur paroxystique de plus, sorte de “paroxysme des paroxysmes”, ou perfect storm des perfect storms.
Ce fut donc une semaine de carnage ; à Wall Street, avec un Trump vociférant contre la politique de la Fed ; plus que jamais avec le parti démocrate dénoncé par le GOP comme le parti de l’insurrection, ce parti rendu fou par Trump, proclamant que l’on ne peut envisager un retour à la vie politique normale que lorsqu’ils seront à nouveau au pouvoir, – pourquoi pas lorsqu’une “révolution” aura enfin purgé la Grande République de tous ses Deplorables ? Pour rendre le festin encore plus corsé par des banderilles extérieures, on voit que les relations entre les USA et l’Arabie avec l’ébranlement du régime-MbS sont à un point de déchaînement crisique à cause de l’affaire Khashoggi tandis que la merveille promise au monde du XXIème siècle, le F-35 cloué au sol comme on fait un clin d’œil, s’avère de plus en plus être l’énorme programme JSF de la catastrophe annoncé.
Cela ressemble au déchaînement d’une hausse de régime d’un système fonctionnant dans sa condition qu’on croyait la plus haute d’un rythme de folie crisique, qui s’avère ainsi comme s’il s’agissait de son rythme de croisière. La dévastation du dollar forme un cadre décoratif monstrueux de papier-monnaie faussaire, disposé comme une forteresse ultime de papier mâché, comme moyen de “sécuriser” le suicide du simulacre qu’est devenu le système de l’américaniste.
Il est épuisant, il est accablant de continuer à détailler les spasmes sans nombre qui marquent l’effondrement de ce système de l’américanisme, dans sa fonction de courroie de transmission du Système, et ainsi obligé de tenir une tension crisique formidable tant que le Système ne cédera pas définitivement sa surpuissance dans le fracas de l’autodestruction. On serait conduit finalement à considérer comme hautement symbolique ce rapport du Pentagone qui vient d’être publié et qui envisage rien de moins qu’une refonte complète de l’économie pour préparer l’Amérique à la guerre suprême... On laisse la plume à WSWS.org qui en fait la présentation sur le ton tragique qui convient :
« ... [..U]n document de 146 pages publié par le Pentagone vendredi dernier et intitulé “Évaluer et renforcer la résistance des bases industrielles et de la chaîne d’approvisionnement du secteur manufacturier et de la défense aux États-Unis”. Il indique clairement que Washington se prépare non seulement à des affrontements régionaux isolés, mais surtout à un effort de guerre massif et à long terme contre la Russie et la Chine dans des conditions d'autarcie nationale potentielle.
» Le document indique clairement qu'une restructuration majeure de l'économie américaine serait nécessaire pour atteindre l'objectif déclaré de l'armée américaine: être en mesure de “se battre dès ce soir” contre un “adversaire de taille”. Les États-Unis doivent “se réorganiser” pour “la concurrence entre grandes puissances”, observe le document. “La base industrielle américaine de fabrication et de défense”[...] crée la “plate-forme et les systèmes” dont “dépend notre Combattant”. Ce complexe englobe non seulement le gouvernement, mais aussi le secteur privé, ainsi que les “organisations de R et D” et les “institutions universitaires”. En d’autres termes, l’ensemble de l’économie et de la société... »
Certains y verront les signes indubitables d’une préparation à des échéances tragiques. D’une certaine façon c’est le cas, mais encore faut-il envisager et réaliser de quelle échéance il s’agit. De même que l’America First (ou MAGA – Make America Great Again) de Trump est une tentative désespérée pour réindustrialiser l’Amérique et lui redonner toute sa puissance comme si l’on remontait le temps, de même le projet du Pentagone est une tentative désespérée de redonner aux USA une puissance militaire qu’ils n’ont plus et qu’ils ne peuvent plus avoir, pour singer l’illusion d’un conflit ultime qui fixerait la Fin de l’Histoire sous l’hégémonie américaniste...
J’insiste bien sur le sens décisif et définitif de cette expression de “tentative désespérée”, car c’est bien l’illustration de l’alternative évoquée par Lincoln et Whitman (« ...nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant », « ... [nous devons] surpasser l’histoire merveilleuse des temps féodaux ou [constituer] le plus retentissant échec que le monde ait jamais connu… »)... Ma constante certitude confirmée par le spectacle de “D.C.-la-folle” me dit que le destin a déjà tranché.
12 octobre 2018 – Il y a deux mois de cela, je m’étais fait un peu tancer, – fort aimablement et même respectueusement, sans nul doute, – par un message posté, par une réflexion d’ami, etc., à propos de ce texte sur les « Connards co(s)miques ». Je crois qu’on s’inquiétait de la verdeur du langage, du propos un peu trop leste, des choses de cette sorte. On remarquera aujourd’hui la reprise dans le titre du procédé des parenthèses dans un mot, du mettre-ou-ne-pas-mettre une lettre, – car le coupable revient toujours sur les lieux de son forfait, pour constater que les choses sont effectivement ce qu’il en avait dit et cru... On remarquera par conséquent qu’avec ce texte d’aujourd’hui, il s’agit toujours du même sujet.
La logique, au moins, est sauve. Nous la mettons précieusement de côté pour que nul ne l’abîme et nous poursuivions notre audacieuse exploration, nous-autres qui, c’est bien, connu, sommes sans peur et sans reproche.
Quoi qu’il en soit et malgré mes nombreux brevets de la vertu retrouvée puisque je n’ai pas été plus loin que mes « Connards co(s)miques », j’ai pris mes précautions. Cette fois, je me couvre, puisqu’il s’agit des propos d’Onfray et non des miens. Le texte ci-dessous, qui reprend l’affaire de la “lettre au président Manu” de la plume du fameux philosophe normand, – « Lettre à Manu sur le doigté et son fondement », – en fait foi et vous instruira assez convenablement sur cette intrigue sans précédent.
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07 octobre 2018 – Il est vrai que dans ma seconde jeunesse, après que j’ai eu commencé dans ce métier et fermement pris l’orientation des affaires d’étrangères, – il y a un demi-siècle de cela, – on appelait notre-camp “l’Ouest”. Je croyais par habitude et sans vraiment y croire, parce que le courant m’y poussait, que mon choix était le bon. Aujourd’hui, le dégoût et la nausée sont les deux pensées, – oui, je dis bien “pensées”, – qui s’expriment principalement lorsque je rêvasse au souvenir de “l’Ouest” devenu “bloc-BAO” par la grâce de dedefensa.org.
Passons au plat de résistance : la Cour Suprême des États-Unis d’Amérique a donc un Justice de plus, pour amener ses effectifs à la normale (neuf). Brett Kavanaugh a prêté serment comme 114èmeJustice après le vote du Sénat 50-48. La bataille fut rude et enfin “on-a-ga-gné” comme on scande dans les stades ; les conservateurs vont reprendre le dessus contre la marée libérale-progressiste, jurent certains, et Trump est un grand président... Mais laissons cela, il ne faut pas s’attacher à de telles sornettes. On ne se sort pas comme ça, par un vote, d’un tel capharnaüm privé de lumières, encombré de débris et parcouru de cris furieux, tanguant et plongeant comme un Titanic ivre, verrouillé pour que nul ne s’échappe à chacune de ses extrémités par une grille de prison de haute sécurité comme l’est un tunnel sans fin. Ainsi en est-il de “D.C.-la-folle”,– stay tuned pour la suite.
Que prenne connaissance tout de même, “pour la suite”, du thème de la nouvelle période qui s’ouvre : les démocrates estiment, c’est leur nature et c’est leur considérable vertu, que la Cour Suprême est délégitimée par l’élection de Kavanaugh. C’est un thème, disons, déjà légitimé et qui ouvre de vastes horizons...
05 octobre 2018 – Comme l’on sait, y compris en lisant ce site, l’ambassadrice des USA à l’OTAN, madame Kay Bailey Hutchison, respectablement âgée de 75 ans et auréolée du titre de gloire d’être la première femme sénatrice de l’État du Texas en 1993, baptisée “Mamy” à l’OTAN, a fait avant-hier une déclaration fort remarquée. Elle a déclaré que si les Russes déployaient leurs missiles 9M729, les USA “élimineraient” préventivement cette chose qui viole, selon les mêmes USA, le traité INF de décembre 1987.
Sa réponse à un journaliste : « A ce point, nous devrions considérer la possibilité d’éliminer un missile [russe] qui pourrait atteindre n’importe lequel de nos pays [en Europe].. » Puis encore : « Des contre-mesures seraient prises [par les USA]pour éliminer les missiles qui sont en développement en Russie en violation du traité... Ils [les Russes] sont avertis. » Tout cela fut néanmoins suivi, quelques heures plus tard, par un tweet selon lequel « je ne voulais pas parler d’une attaque préventive en Russie. Mon intervention concernait le retour de la Russie dans les obligations du traité INF ou bien nous déploierons nous-mêmes des capacités pour protéger les intérêts des USA et de l’OTAN. La situation actuelle, avec une violation patente du traité par la Russie, est intenable. »
Laissons-là la suite de la querelle, qui repose d’ailleurs sur une complète absence de preuve de la présence de ces missiles, – mais il est vrai que la nouvelle-morale, surtout à propos des Russes, est bien “vous êtes coupable tant que vous n’avez pas prouvé votre innocence”. (La culpabilité n’a pas besoin de preuves, par contre l’innocence en a diablement besoin.) Ce qui est le plus remarquable à mes yeux, c’est bien la déclaration initiale de l’ambassadrice Hutchison, très texane (« to take out the missiles »), et qui signifie effectivement et sans aucun doute “éliminer” la chose à-la-texane. Elle a corrigé l’esprit de la chose, mais elle a bien dit ce qu’elle a dit, l’ambassadrice.
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02 octobre 2018 – Pourtant, il y eut beaucoup de précédent d’auditions de cette sorte au Congrès des États-Unis, où l’on s’affrontait, s’invectivait, dans un tourbillon d’anathèmes, de mensonges, de dénonciation infondées, d’attaques ad hominem, tout cela bien entendu sous le sceau sacré et infiniment ironique des prestations sous serment. C’était le cirque, après tout circus as usualde ce faux-empire de l’hypocrisie considérée comme une vertu ; mais il nous préparait sans que nous nous en avisions à la réduction, ou plutôt à l’éclosion de la tragédie-bouffedans sa complète dimension catastrophique, en une tragédie pure et simple... La tragédie en soi pour la fin des États-Unis d’Amérique.
L’audition du juge Kavanaugh est pour certains un tournant, le dernier tournant du bout de la course de la fin des États-Unis comme nous les avons connus. « Kavanaugh est le point de basculement du déclin et de la chute des États-Unis » écrit le 1eroctobre 2018Martin Armstrong sur son site, en titre du texte qu’il consacre à cette “crise dans la crise”, – crise du cœur de la crise, à la fois d’une violence sans retour, symbolique, infiniment lourde de sa profonde signification.
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