Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Octobre 2021 (9 articles)
29 octobre 2021 – C’était à l’émission fameuse pour ses engagements militants de la chaîne fameuse pour sa militance engagée, ‘28-Minutes’ de Arte, il y a peu ; et est-ce un artiste, un scientifique, dans tous les cas et peu importe, un postmoderne de la modernité tardive. Il parle à un moment de Sapiens, une fois, deux fois, puis précisant :
– Je dis bien ‘Sapiens’ et pas ‘Homo Sapiens’. Ce n’est pas accidentel, n’est-ce pas. Après tout, cela pouvait être aussi bien une femme...»
Oui et ouais, c’est vrai, et même, pourquoi pas, une femme “racisée”, ‘Black, Brown & Beige’, comme disait ‘The Duke’ Ellington, dont tous nous descendrions comme de gentils petits soldats bien au pas ? Cela, pour expliquer le titre (« Sapiens.e ») et les débats essentiels de nos élites diverses. L’essentiel étant dit, passons au reste, c’est-à-dire l’avenir de l’humanité.
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27 octobre 2021 – L’événement-Zemmour étant ce qu’il est, on est autorisé, sans craindre le ridicule, à faire quelques hypothèses, jusques et y compris l’extrême de la chose, en cas de deuxième tour victorieux. Puisque nous sommes à la fois dans la réalité et dans la perspective plausible, je vais m’employer à faire une hypothèse de projection sur une possibilité fort peu abordée. Il est de fait qu’avec Zemmour, on ne parle guère de politique extérieure et que j’entends ici combler ce vide.
... Il est également vrai qu’il ne nous a pas communiqué son programme en détails mais, lors de son déplacement à Rouen le 23 octobre (voyez autour des 18’00”-20’00” de la vidéo), il a consacré son intervention à ce domaine qui est, dans son cas, absolument fondamental. Sans surprise, on a trouvé confirmés les principaux thèmes des conceptions d’un Z animé d’un gaullisme extrême, conceptions constituant une sorte de copié-collé de la politique du président de Gaulle en 1964-1966.
Je fais vite, car tout cela est connu, mais en mettant l’accent sur ce qui est essentiel de mon point de vue, et qui fait un considérable changement par rapport à l’étrange comportement de la bizarre “politique étrangère” macronienne, entre le “en même temps” qui implique finalement de n’être nulle part sinon dans le sillage des simulacres euroatlantiques, et la leçon de moraline globalement dispensée qui fait prendre pour du comptant les illusions de la communication affectiviste... Il est donc question, de la part de Z, de ceci qui suffit amplement à notre bouleversement :
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25 octobre 2021 – Il m’arrive effectivement, de loin en loin, d’utiliser d’une façon délibérée et sans vaine honte, ce ‘Journal’ pour participer à l’effort de guerre du site pour lui-même. Cela s’appelle subsister pour poursuivre le combat.
Bien entendu, mon effort sera minime puisqu’il suffit d’aller pêcher dans l’un ou l’autre texte du site, les arguments pour tenter de vous convaincre de nous soutenir. Ces arguments ne sont pas économiques ni caritatifs. Ils font partie d’un élan vital qui me paraît nécessaire pour tous. Par conséquent, il me suffit d’emprunter des extraits d’un texte récent (le 19 octobre 2021) pour vous exposer ce qui fonde notre existence, qui décrit notre action, qui nous justifier de vous demander votre soutien.
22 octobre 2021 – Poutine a fait une longue apparition de trois heures devant le public de la session plénière de l’édition 2021 du “Davos russe”, ou de “l’anti-Davos” si l’on veut, – le “Valdaï Discussion Club”. Son intervention s’est faite dans le style de ses fameuses et très longues conférences de presse, avec questions du modérateur et du public, qu’il s’agisse de celui qui était présent physiquement ou par liaison vidéo.
On comprend ainsi qu’il y a eu de très nombreux sujets abordés, notamment les habituels sujets de politique extérieure avec les critiques russes concernant l’OTAN, l’Ukraine ou la façon dont les Occidentaux, américanistes en particulier, ont terminé leur piteuse aventure afghane. Poutine juge que « les problèmes mondiaux s’accumulent et deviennent de plus en plus explosifs ». Il fait le bilan de la période qui vit la domination absolue de l’Occident, puis l’effritement sinon l’effondrement de cette domination, avec cette remarque renvoyant évidemment à l’Irak et à l’Afghanistan :
« Auparavant, une guerre perdue par un pays signifiait une victoire de l’un sur l'autre, – et c’était le premier qui assumait la responsabilité pour ce qui survenait. […] Aujourd'hui, tout est différent. Peu importe qui gagne, la guerre ne finit pas, elle ne fait que changer de forme. Un vainqueur hypothétique ne veut pas s’occuper d’assurer l’ordre pacifique et il ne fait qu’aggraver le chaos et amplifier le vide dangereux pour le monde… »
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17 octobre 2021 – Hier ont été célébrés les événements parisiens de 1961, avec un président Macron effectuant son nième virage bombastique sur la guerre d’Algérie. Trop de virages donnent la nausée, c’est bien connu. Ce personnage est de cette sorte, capacité d’effectuer autant de virage que nécessaire selon ses communicants ; pour cela, il faut avoir un caractère de la sorte, illustrée par l’image que Theodore Roosevelt (vice-président) décrivait de son président (McKinley) : « Il a autant de colonne vertébrale qu’un éclair au chocolat. »
Le caractère ! Chose essentielle, s’il en est, “pour former un grand homme”, et ainsi le décrivait Talleyrand, selon Charlotte de Laborie, fille d’Antoine-Athanase Roux de Laborie, ami de Talleyrand, rapportant ceci, en décembre 1813 :
« “…Il dit alors une de ces choses qui ne sortent jamais de la mémoire quand on les a entendues ; ‘Je suis bien aise de vous communiquer une pensée qui est venue dans beaucoup de têtes mais que je n’ai vu bien nettement développée nulle part. Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C’est le caractère qui fait l’homme.‘ Et il citait, poursuit-elle, à l’appui de son dire, tous les demi-dieux de l’histoire : Alexandre, César, Frédéric, et ajoutait : ‘Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l’équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère… que ce ne soit pas le caractère !’” »
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3 octobre 2021 – Un pilote de SouthWest Airlines, une compagnie intérieure US qui connaît depuis trois jours d’énormes perturbations de service (2 000 vols annulés ce week-end, plusieurs centaines par jour depuis), était interviewé par Tucker Carlson mardi soir. Il parlait d’une action de refus d’une part importante des pilotes de se faire vacciner selon l’ordre exécutif du président Joe Biden (l’ordre inique et tyrannique que toute entreprise de plus de cent employés doit exiger d’eux une vaccination, sous peine de mise à pied)...
L’action consiste donc, dans le chef de certains pilotes, à décider de ne pas voler pour quelque raison que ce soit (en France, on dit “faire grève”, mais bon...), tout en faisant savoir, en passant, qu’on ne trouve rien de bon dans cette contrainte.
« “Tout d'abord, nous avons tout le contrôle, et le contrôle vient d'un simple mot, et c’est ‘non’”, a-t-il dit. “Nous n’avons tout simplement pas besoin de nous conformer”.
» “En ce qui me concerne, je ne promouvrai jamais une exemption de travail pour raison de santé ou une action de grève illégale. Avec la U.S. Freedom Flyers, l’organisation dont je fais partie, nous ne ferons jamais la promotion d'une telle chose. Ceci étant dit, nous ne pouvons pas non plus contrôler les actions des individus. Et je pense que vous verrez des perturbations massives dans la chaîne d’approvisionnement et dans vos voyages si nous nous levons et disons simplement ‘non’. »
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8 octobre 2021 – Me Vergès avait trouvé la “défense de rupture” ; le presque-candidat Z met en place une “stratégie de rupture”. Maintenant que les sondages le mettent au deuxième tour, on le tient désormais sérieusement à l’oeil. Hier soir, dans le ‘Face à l’info’ de 19H00 (sur CNews), Mathieu Bock-Coté a développé une brillante analyse de ce que pourrait être cette stratégie, et donc de ce que Zemmour, quoi qu’il en soit de son destin, est en train de nous offrir en guise d’énorme plat du jour, – et cela, désormais, imposé à tous les invités de la campagne, bref à la campagne elle-même comme si un esprit collectif parlait, comme si la France pouvait retrouver l’envolée de l’‘Odyssée’ au travers d’un épisode tragique de plus de son destin.
Bock-Côté tient assez brillamment la place de Zemmour dans l’émission de Christine Kelly. On sait que l’accent québécois pousse à une verve très “françoise”, plutôt rabelaisienne mâtinée de clins d’œil du côté de Voltaire, et Bock-Côté ne s’en prive pas. Son emphase est ironique, donc absolument bienvenue, et ses bons mots jubilatoires alternent en les contenant avec ses envolées lyriques. Il se pourrait bien qu’il ait distingué justement “de quoi Zemmour est le nom”.
Son analyse de la stratégie du presque-candidat Z, qui est peut-être une prémonition de cette stratégie, est bien qu’il s’agit d’une “radicalisation” du propos central de Z, qui va bien au-delà de l’immigration même s’il passe par elle, qui est plus à l’aise avec “la question de l’identité”, pour aboutir à ceci qui dit tout :
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5 octobre 2021 – C’est désormais un point acquis, comme le montrent nombre de débats et d’interventions : le wokenisme est devenu un sujet central dans la vie politique française, un sujet de plus dans la structure crisique française sur lequel désormais nombre de polémistes sont à l’ouvrage (Bock-Côté par exemple). Ce développement se caractérise évidemment par une perception plus précise de l’influence nouvelle du wokenisme, et notamment son influence importante chez les tranches d’âge jeunes qui sont l’objet d’études spécifiques. Dans l’‘Ouverture Libre’ de ce jour, on trouve, dans le texte présenté, ce très court constat résumant la situation :
« Les Français sont loin d'être unis dans leur opposition à la philosophie américaine “woke”.
» Alors que les jeunes militants français ont adopté ce politiquement correct, les membres plus âgés de l’establishment politique et culturel ont des réserves sur cette idéologie controversée. »
C’est par le biais de cette question de la pénétration du wokenisme chez les jeunes Français que je voudrais développer quelques observations. Il est évident qu’on trouve comme cause de l’engouement de cette catégorie ;
d’une part l’hostilité, le désintérêt, l’absence de confiance dans le monde politique ;
d’autre part l’adhésion à des courants dits “civiques” ou “militants” où l’on trouve également l’écologie qu’on a tendance à assimiler au féminisme, à l’antiracisme, tout cela formant l’espèce de patchwork, ou la nébuleuse que constitue le wokenisme.
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3 octobre 2021 – Je rapporte ici quelques échanges accompagnés de réflexion sur les rapports de la gauche laïque-et-socialiste dans ses rapports avec le wokenisme. C’était hier soir dans l’émission ‘Il faut en parler’, essentiellement avec Mathieu Bock-Côté (avec Arthur de Watrigant, cofondateur de ‘L’Incorrect’), où l’on recevait Stephanie Roza, philosophe détachée au CNRS, laïque et socialiste (auteure : ‘La gauche contre les Lumières’, ‘L’histoire globale des socialismes, XIXe-XXe siècles’ [collectif]).
Cela se passait sur CNews, la chaîne nouvellement en vogue, largement à droite, c’est-à-dire pour moi hors des marais de la bienpensance et qui mérite bien son succès. Avec un petit peu de cervelle de mouton dans le chef du délateur, cela ferait bien de moi un “facho” comme disait récemment un lecteur, – que je laisse tout à fait à son libre-arbitre d’aller jouer avec cette poussière tandis que je me goberge d’un qualificatif aussi boueux et vieilli que le marais en question, au point qu’il pourrait figurer dans le Musée de l’Art Contemporain du Sans-Papier Vuitton-Arnault.
L’émission de CNews ‘Il faut en parler’ avait du rythme, essentiellement à cause de l’abattage et de la gouaille québécoise de Bock-Côté. J’ignore comment ni pourquoi, ni par quelle fortune du Ciel le québécois, un des rares accents dont je ne me lasse jamais, donne à la personne qui le pratique une ingénuité charmante et une spontanéité certaine, une réelle fraîcheur et presque une dynamique joie de vivre qui vous remet sur pied.
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