Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

  Octobre 2024 (6 articles)

Bilboquet nucléaire

  jeudi 17 octobre 2024

17 octobre 2024 (15H00) – Laissez-moi d’abord reprendre pour exposer mon propos un texte de Andrew Korybko de ce jour sur les rapports USA-Russie concernant les risques d’un affrontement nucléaire. Je ne manque pas de citer Korybko pour sa logique claire à partir d’une appréciation complètement rationnelle ; je ne manque pas, par ailleurs, d’accompagner parfois sinon souvent mes citations d’une critique à peine voilée sinon tout à fait directe pour cette croyance inconditionnelle dans la raison.

Ici, il s’agit d’un texte, citant d’ailleurs le site ‘Politico’, très proches des autorités américanistes, comme l’on dirait pour enfoncer des portes ouvertes en réinventant le fil à couper le beurre. C’est-à-dire qu’on découvre devant nos yeux éblouis les stratagèmes et autres “trucs” de l’un et de l’autre des partenaires-adversaires du domaine stratégique nucléaire pour avertir son vis-à-vis que l’on risque une escalade vers le nucléaire stratégique justement et qu’il veille au grain de son côté pour ne pas perdre le contrôle de la situation.

Je cite donc...

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Le vent crisique tourbillonne

  samedi 12 octobre 2024

12 octobre 2024 (18H20) – Il semble raisonnable d’observer que le chaudron bouillonnant du Moyen-Orient, autour d’Israël, – “du fait d’Israël”, commence-t-on à dire, – soit en train de nous ménager des changements considérables sur fond de possibilités apocalyptiques diverses. Jusqu’ici, l’état d’esprit était aussi clair que la chose était incroyablement cruelle et complexe dans les manœuvres de guerre. Israël agissait comme on le voit faire sans que personne dans la majorité silencieuse et prudente de la communauté internationale n’osât une démarche fondamentale dans l’attitude habituelle. Seuls agissaient les acteurs principaux (Israël, les groupes palestiniens et proches d’eux, l’Iran, les USA et la Russie avec la discrétion qui lui est naturelle). Chacun allait, observait-on, au camp où on a l’habitude de les voir.

Les méthodes israéliennes étaient à peine contestées alors qu’elles étaient ce qu’on voit qu’elles sont, avec toute leur brutalité et leur cruauté. Tout le monde doit comprendre cela, ou refuser de voir, et je ne pense pas perdre mon temps à gémir sur l’évidence des actes terribles dont étaient victimes les Palestiniens. Il est vrai qu’Israël a toujours disposé d’un capital d’intouchabilité à cause de la victimisation dont jouit ce pays du fait de l’Holocauste, qui est devenu pour l’Occident une sorte de « religion d’État ». Le mot est de Diana Johnstone dans une lettre ouverte du 13 juin 2010 à son ami Noam Chomsky à partir de quoi l’on comprendra que la “sacralité” évoquée par Johnstone accompagne tout ce qui touche à Israël, – l’antisémitisme, le terrorisme, la question palestinienne, etc., et bien entendu les guerres que fait Israël et qui sont regardées avec attendrissement, – d’autant qu’on les perçoit comme nécessairement victorieuses :

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Visite aux morts pour la France

  mercredi 09 octobre 2024

Morts pour la France”, vous qui illuminez les voutes des cathédrales, vous qui furent les compagnons de Jeanne, vous qui reposez dans la boue renaissante de Verdun, oyez ce pays d’antan : c’est pour lui que vous mourûtes, disent les pédants, pour une fois justifiés dans leur langage.

N’empêche, le geste était beau et le reste, les souvenirs aussi, malgré les efforts des larves & termites qui ont suivis. “La France est morte” dit l’Espagnol Jesús Laínz, mais rassurez-vous la France pour laquelle vous êtes morts n’est pas celle-là. Ce que vous voyez mourir, c’est l’ombre puante d’un simulacre infâme, reductio ad nauseam à force de puanteur et d’infamie. Votre souvenir aura bien la force de réveiller une morte, l’autre France qu’ils ont humiliée et réduite en une souveraineté d’entropie.

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L’Iran dans le viseur éperdu du Camp-du-Bien

  lundi 07 octobre 2024

7 octobre 2024 (14H40) – Il est très difficile, aujourd’hui, de “pronostiquer” quand aura lieu une possible/probable guerre Israël-Iran ; et plus encore, en un sens, qui des deux, si guerre il y a, l’emportera.

Prenons un exemple venu de RT.com, qui est mon média interdit pour le meilleur et pour le pire. Voici l’article de Farhad Ibragimov, expert et enseignant à la Faculté des économies de l’université RUDN, correspondant associé à l’Académie des Sciences Sociales de l’Académie Présidentielle Russe d’Économie Nationale et d’Administration Publique. La question qu’il se pose, – en titre, – est exactement celle que nous nous posons :

« Y aura-t-il une grande guerre entre Israël et l’Iran ? »

C’est une analyse fort complète qui fait que plus on analyse plus on comprend l’inutilité d’analyser. La fin est assez piteuse et montre que même chez les Russes, où l’on a l’habitude parler sans mâcher les mots, – justement, dans ce cas on en mâche jusqu’à ne plus savoir qu’en faire :

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De la “vincibilité” des mythes modernes

  vendredi 04 octobre 2024

4 octobre 2024 (13H30) – Le réseau que tout bon esprit se doit plutôt trois fois qu’une de considérer comme fort suspect, ‘SputnikNews’, avait réuni, dans son émission ‘Fault Linesde mercredi, plusieurs journalistes et experts, – y compris des non-Russes, c’est dire, – avec, comme sujet, la riposte iranienne de la nuit précédente. La signification même de cette attaque a été fixée par le journaliste Esteban Carrillo, basé à Beyrouth. Pour lui, c’est la fin d’un mythe, celui de l’invincibilité du système ‘Iron Dome’ (‘Dome de Fer’) assurant une protection quasi-totale, – certains parlaient de 132%, – du ciel israélien.

Cette considération qui nous a paru assez considérable pour en faire le thème central de notre texte  nous a conduit à oser le terrible néologisme de “vincibilité”, – je veux dire : l’horrible néologisme pour désigner le contraire d’“invincibilité”. Carrillo, lui, a gardé des expressions classiques :

« Un “nouveau jour” [traduction plus catholique : un “jour historique” ?] pour le monde alors que le mythe de l’invincibilité israélienne est brisé.

» Bien que les dégâts causés par son attaque aient été relativement minimes, l’Iran a porté un coup psychologique important en pénétrant facilement le système de défense israélien ‘Iron Dome’, selon [le journaliste Esteban Carrillo, de Beyrouth...]

» Les responsables n’ont fait état d’aucun décès israélien après la frappe de représailles de l’Iran contre le pays mardi, mais l’ancienne projection de puissance et de dissuasion de l’allié des États-Unis dans la région pourrait s’avérer être la victime la plus importante des événements de la journée, [dit encore Carrillo]. »

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La charge de la brigade biblique

  mardi 01 octobre 2024

1er octobre 2024 (15H25) – Dans ce vent de folie belliciste triomphante qui a suivi la mort de Nasrallah, – Je me serais cru revenu dans ce bon temps d’avril 2003, de la chute de la statue de Saddam au discours de Bush sur le USS ‘Lincoln’, avec la belle banderole ‘Mission Accomplished’ derrière lui, et devant nous quelques belles années américanistes de campagne victorieuse et vertueuse en Irak, – dans ce vent-là, dis-je, j’ai trouvé matière à un certain malaise. Brutalement, Poutine était devenu une merde sans attrait, comme les Russes qui ne savent pas se battre, et j’ai compris que, par bonheur, tous nos ennemis et même, et surtout, tous nos amis ne sont en rien antisémites, et grands admirateurs des technologies américanistes qui tuent plus vite que leur ombre. Ah oui, j’oubliais, ils sont aussi grands admirateurs de la Bible, ce grand livre de guerre écrit par Clausewitz en collaboration avec Netanyahou.

J’ai trouvé un peu de baume au cœur avec mon dernier refuge, mon ami Mercouris qui, comme à son habitude, s’empresse de réagir en bridant toutes ses émotions et ses emportements quasi-hystériques qui balaient toute la sphère américaniste-occidentaliste, y compris nombre de ‘dissidents’ en papier-maché.

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