Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Décembre 2016 (10 articles)
Puisqu’il a été question, de façon tout à fait marginale, du général nordiste William Tucumseh Sherman, j’y reviens, mais cela en m’attachant directement au personnage. Il est vrai que j’ai toujours été fasciné par cette photo universellement fameuse et reprise par Infowars.com en y collant le visage d’Obama... Sherman y paraît hargneux et renfrogné, avec une dureté terrible et une intransigeance du puritain, paraissant manquer de cette beauté de l’âme qui nourrit l’élégance du caractère et la fraîcheur de l’esprit, semblant étranger à lui-même tant l’impureté des actes qu’il fut amené à commettre semble habiter ses traits, « avec sa chevelure à la diable, nettement hérissé et le général-massacreur des armées du Nord comme tombé du lit pour massacrer du Sudiste ; avec cette chevelure un peu comme la mode postmoderne du cheveu hérissé, – ou “look hérissé”, ou “spiky hair” ». Sur cette photo et avec le comportement qu’on sait, Sherman m’a toujours paru méchant comme une teigne, dominé par un caractère acariâtre et étroit... On a compris que je suis de parti-pris.
(Je le suis d’autant plus qu’en lisant l’abondante biographie de Wikipédia sur Sherman,– dont le second prénom [Tecumseh] venait très paradoxalement par rapport à ce qui est écrit plus loin, de l’admiration de son père pour un chef indien de la tribu des Pawnees, – on est aussi bien conduit à un jugement beaucoup plus nuancé. Ce détail-là me suffit : cet homme qui fut un des combattants les plus rudes et impitoyables pour imposer l’ordre yankee et américaniste avec tout ce que cela suppose, avait été pendant un temps hors du service et dans “les affaires” de la Grande République capitaliste, avant la Guerre de Sécession, et il avait failli sombrer dans la mortelle dépression, celle qu’entraîne le système qu’il imposa au Sud : « Plus tard, se remémorant l’époque de la folle spéculation foncière à San Francisco, Sherman écrit : “je peux gérer cent mille hommes dans une bataille, et prendre La Cité du Soleil, mais je suis effrayé d'avoir à m’occuper d’un lopin de terre dans le marais de San Francisco.” » Donc, une fois de plus et constat chaque fois relevé, diversité du sapiens-Système, beaucoup plus prisonnier du Système que son adorateur, comme souvent il se force à être avec des formules humanistes pour se dissimuler cette condition d’asservissement où il se trouve.)
(Suite)
Je ne me suis pas trop intéressé aux nouvelles type-Facebook, à la grande affaires des “News-bidon” (pour Fake-News) dont la grande presse-Système a fait grand cas comme d’une manœuvre historique et vertueuse dans le but de nous purger des nouvelles auxquelles il n’est pas bon de s’attarder, ni pour le moral, ni pour la political correctness, ou “politiquement correct”. Il est de fait que, dans mon chef, je ne crois pas à la possibilité de la censure dans le système de la communication tel qu’il est organisé, parce que le Système a trop besoin d’une “libre-circulation” de ses principaux attributs, dont l’argent, les échanges à l’intérieur du Coporate Power, les fausses nouvelles type-Fake-News (les siennes), sa lutte épuisante contre la force des vérités-de-situation, etc. ; bref, il a trop besoin du globalisme pour se priver de l’outil principal de l’expansion de la globalisation. Le problème insoluble que rencontre le Système et qui le tuera par autodestruction, c’est que le principal instrument de l’expansion de la globalisation et du globalisme est aussi le principal instrument de l’expansion de l’anti-globalisation et de l’anti-globalisme ; c’est le terrible caractère-Janus du système de la communication, d’être à la fois Système et antiSystème ; d’où l’impossibilité de la censure complète, efficace, et de la possibilité pressante et inarrêtable que sa pseudo-censure ne cesse de se retourner contre lui, comme boomerangs en mode-turbo...
Cela fait bien près de vingt ans, dès les premières manifestations politiques et antiSystème de l’internet, durant la guerre du Kosovo, que l’insoluble dilemme qu’affronte le Système est apparu. Cela fait près de vingt ans qu’on nous annonce, chaque année, que nous sommes sur la voie de la dictature de la communication réduite à la censure, avec purge générale des antiSystème. Voyez où nous en sommes aujourd’hui, où la presse-antiSystème fait élire un président des USA... Les seuls résultats significatifs de ces contorsions sans fin des maîtres-censeurs pour tenter de parvenir au verrouillage ont été d’abord de nous montrer le vrai visage de certains groupes qui se disaient antiSystème ; ensuite de rendre le processus de la circulation des informations dans le système de la communication, absolument, totalement incontrôlable ; enfin et surtout, comme on l’a vu souvent sur ce site, – il y a peu de temps encore, – de nous priver tous de la seule référence qui permettrait à une censure de s’établir, c’est-à-dire l’existence d’une réalité, fût-ce une réalité faussaire bien entendu, mais enfin quelque chose dont on puisse dire : “Voilà la réalité qui dit le vrai, moi le censeur je l’affirme, et au nom de cette garantie de vérité qu’est cette réalité je vous mets à l’index”.
... Tout cela expliquant l’attention moyenne que j’ai portée à l’opération de censure postmoderniste Fake-News. (Pour des détails aux bonnes sources, voyez Madsen et Engdahl.) Et puis est venu le texte du New York Times, qu’on trouve en-ligne ce 27 décembre et alors, aussitôt, l’intérêt s’est soudain imposé ! L’opération Fake-News devenue d’un prodigieuse originalité, du genre à vous laisser sans voix, – mais pas sans ma plume active, certainement pas...
(Suite)
Dans un très-récent Forum, accompagnant un texte de l’ami-Bonnal, on a un peu glosé sur ce qui a été prestement baptisé “guerre industrielle”. Un argument a été opposé à la thèse que présentait le texte. Je crois pouvoir le résumer en disant que le passé, celui d’avant-le-canon, n’était pas moins destructeur (dans le sens de tuer de gens) que le présent, et que le canon fut après tout et dans certaines circonstances quelque chose de bénéfique, sinon d’humanitaire ou de vertueux à la limite, et ainsi de suite pourrait-on penser, jusqu’à la guerre moderne qui pourrait être jugée selon ce raisonnement finalement moins meurtrière que celle qui fut menée par les hordes de Gengis Khan.
Pour mieux situer le débat, je cite le principal message présentant l’argument à la thèse ; on notera à mon insistance expresse qu’il n’y a rien de personnel dans mon propos, ni de polémique d’ailleurs. Si on le prend dans ce sens on aura bien tort... La citation n’est là que pour mieux poser les termes du débat, et la question du canon et de la poudre figure comme une hyperbole annonçant l’avenir, pour en venir à la “guerre industrielle”. L’on notera aussitôt, comme il est dit dans le texte à plusieurs reprises, par l’Arioste lui-même, avec approbation du bonhomme-Bonnal, et d’ailleurs dans le titre également (“la Fin des Héros”), qu’il n’est point question de prouver une chose selon le nombre des morts et des blessés mais de nous entretenir des vertus que l’homme parvient à montrer dans cet événement terrible qu’est la guerre selon ce qu’il en est de la guerre : le courage, l’héroïsme, le sens de l’honneur, la noblesse du caractère, etc., et j’y ajouterais la “magnanimité” dans le traitement qu’on peut faire aux vaincus, voire même dans la considération haute qu’on peut avoir de l’ennemi (voir la très belle définition du mot dans Wikipédia).
(Ces vertus sont, à mon sens, le signe indubitable de la hauteur de l’esprit, de la grandeur du caractère, c’est-à-dire de l’esprit de la civilisation qui est le contraire de la barbarie. Je suis un peu marri de devoir le dire d’une façon aussi glacée, mais le constat statistique, éventuellement comparatif d’une époque l’autre de massacres de 10.000 personnes ici, de 100.000 là, etc., avec tel ou tel instrument de guerre, etc., ne résout en rien la question de savoir si courage, héroïsme, honneur, noblesse, magnanimité existent ou n’existent pas. Il y a d’une part la morbidité de la comptabilité lorsqu’on aligne les chiffres des victimes souvent dans des proportions considérables, et également à l’autre bout du spectre des attitudes primaires et infécondes, l’appel à l’affectivisme lorsqu’on emploie des mots tels que “massacre”, “tuerie”, “sang”, etc. ; tout cela ne prouve rien dans un sens ou l’autre sur ce qui nous importe précisément : y a-t-il eu ou n’y a-t-il pas eu courage, héroïsme, honneur, noblesse, magnanimité ?)
(Suite)
Je ne crois certainement pas que c’est le destin auquel il rêve, le Trump. Il se voit plutôt en Grand Réformateur, « America Great Again », restaurateur des valeurs traditionnelles de l’Amérique, valeurs capitalistes mais protégées par un néo-isolationnisme adapté acrobatiquement à la postmodernité qui a accouché, elle, du globalisme déchaîné jusqu’à la démence tant que je le nommerais bien “hyperglobalisme”. (Rien que dans cette dernière proposition du neo-isolationnisme face à l’hyperglobalisme, il y a une contradiction indépassable, mortelle, voire autodestructrice.) Mais on ne peut faire que ce qu’il vous est permis de faire selon le destin, et non ce que vous ambitionnez de pouvoir faire, et cela aujourd’hui plus qu’en aucune autre époque. Ainsi pourrais-je être porté à croire, selon un certain point de vue armé d’une logique qui n’est pas infondée, que Trump va devoir suivre une politique encore bien plus extrême que celle qu’il a dans l’esprit, – et je dis bien “suivre” bien plus que “conduire”, comme l’on est entraîné irrésistiblement par son destin.
Je voudrais ici poursuivre la proposition contenue dans la fin de la présentation (ce 19 décembre) du texte de Robert Parry, où il est écrit, citant Parry, que Trump viendra à la Maison-Blanche nécessairement affaibli, donc incapable « d’agir d’une façon agressive vers une détente avec la Russie ». Là-dessus vient une affirmation de dedefensa.org en contrepied, proposant le contraire, de cette façon :
« Cette conclusion vient logiquement au terme de l’analyse de Parry et, pourtant, justement parce que nous sommes dans “cette époque sans aucun précédent ni équivalent”, nous ne la partageons pas du tout, – et nous reviendrons bien entendu rapidement là-dessus. Pour nous, ce serait justement parce qu’il serait affaibli, parce qu’il serait contraint sur le plan intérieur par diverses pressions, entraves, traîtrises et ainsi de suite, que Trump devrait se montrer très agressif dans ses entreprises extérieures pour casser la politique extérieure actuelle, justement parce qu’il s’agit d’un domaine où le président a beaucoup de pouvoir dans toutes les circonstances. (Dans d’autres circonstances mais selon une logique similaire, Roosevelt en 1937 et Nixon en 1973, agirent de même, en se tournant vers la politique extérieure à cause du blocage intérieur.) En fait, nous pourrions même être conduit à nous demander si les conditions ne sont pas en train d’être réunies pour “forcer” Trump à devenir l’“American Gorbatchev” que l’on attend depuis près de trois décennies, et cela sans qu'il en soit vraiment informé lui-même... »
Ce texte du Journal-dde.crisis serait donc l’un des éléments, aussitôt mis en place, du “et nous reviendrons bien entendu rapidement là-dessus”. Quel est le principal trait du caractère de Trump ? Manifestement, son avidité de “gagnant” selon les clichés américanistes à la fois rabâchés et détestables pour mon goût se traduisant, dans la pratique de la politique et dans la situation politique où il se trouve, par des penchants qui se révèleraient objectivement comme très originaux, très intéressants et à très forte potentialité révolutionnaire (donc antiSystème) : c’est le refus des entraves qui lui sont opposées, par les us et coutumes de la politique washingtonienne, par ses voies traditionnelles, par l’observation minutieuse de ses règles, – voilà, c’est bien ça : le refus de jouer selon les règles du jeu, qui est “leur jeu” : voilà le caprice de The-Donald, l’exigence de son immense ego comme ils disent en ricanant, – le refus de “leurs règles”. Dans cette époque folle, on peut tirer le meilleur du pire si l’on tombe sur un caractère entêté et assuré de lui-même, même au plus vil des propos.
(Suite)
Pardonnez-moi d’y revenir, et si vous ne voyez pas de raison de pardonner alors passez outre...
Le 13 novembre, dans ce même journal, j’ai publié un texte dit-Auteur en quête de lecteurs. Je renouvelle dans le même registre, poursuivant la formule, et il n’est pas assuré que je n’en use pas, à d’autres reprises, dans l’avenir, d’abord dans le but explicité et non dissimulé de relancer ou de susciter l’intérêt des lecteurs pour La Grâce-II et La Grâce de l’Histoire tout court.
Je fais cette démarche pour une cause très simple : parce que ce livre ne dispose que d’un très faible sinon d’un inexistant appareil de présentation publique, de commentaires de divers organes de communication ; parce que l’auteur est inconnu des canaux de la communication standard du domaine, qu’il ne dispose d’aucune notoriété qui pourrait aider à la diffusion du livre ; donc qu’il ne lui reste (à l’auteur) que la tentative de réaliser l’acte simple de porter l’existence du livre à la connaissance du public par le seul canal dont il dispose, qui lui est à la fois proche et familier par nature.
J’ai choisi essentiellement ce canal de dedefensa.org pour la manifestation de son existence parce que je n’en ai aucun autre à ma disposition et donc le terme de choisir est une facilité du style. Pour autant, cette démarche (ce“choix”) est faite sans la moindre amertume ni le moindre désappointement à cet égard parce que je trouve cette combinaison (dde.org-La Grâce) particulièrement logique et justifiée d’un point de vue qualificatif. D’un point de vue quantitatif c’est autre chose, et bien que ce point de vue ne me séduit guère l’époque où nous vivons m’oblige à en tenir compte, notamment par les canaux de la communication qu’elle nous impose... Enfin, j’avoue qu’il y a dans la démarche d’un auteur le vœu secret d’être lu par le plus grand nombre, pour des raisons diverses, certaines avouables et d’autres un peu plus dérisoires , – mais essentiellement, pour mon cas, parce que ce qui a été écrit avec tant de travail et parfois de souffrance mérite qu’on lui fasse la faveur d’une reconnaissance par la lecture.
Je ne cherche rien dans le domaine du commun de l’économie et de la notoriété avec cette démarche, mais plutôt du domaine de l’évidence. Ce livre (les deux avec Grâce-I et Grâce-II, selon les formules offertes) n’est pas le produit de quelque vanité que ce soit, y compris de la vanité d’auteur, nullement l’outil de la recherche d’une gloire, toutes choses qui seraient dans mon cas sans espoir, à la fois stupides et dérisoires, et enfin essentiellement parce qu’elles n’ont rien de commun avec moi. Cela vaut d’autant plus que je considère que ce livre, en un sens, n’a rien à voir avec moi, et même que je le considère comme un objet complétement extérieur à moi-même (je m’en explique dans le précédent Auteur en quête de lecteurs). Je ne peux situer sa valeur, son importance, sa place dans la hiérarchie (mais je déteste ces classements, dont je nie l’intérêt, sinon la vérité même) ; simplement, j’ai la simple et très ferme conviction qu’il mérite d’être lu et que c’est lui rendre l’honneur qu’on lui doit que de le lire. D’autre part et pour montrer qu’il existe un aspect “opérationnel” comme on affectionne de dire dans dedefensa.org, un peu plus trivial mais qui a sa justification et sa vertu, il existe la possibilité que La Grâce apporte au lecteur des appréciations nouvelles et convaincantes de choses qu’il croyait réglées, qu’il suscite chez lui ses propres réflexions, bref qu’il lui soit à la fois utile et précieux.
Je vais m’arrêter ici pour ce qu’on croirait être une plaidoirie ou un argument de promotion, sauf qu’il faut savoir que je ne me suis forcé en rien pour l’écriture de ce qui a précédé, que cela m’est venu du fait de ma nature même et que cela dit le vrai de moi-même. Pour autant, et pour démentir en toute petite partie la façon dont je repousse cette sorte de démarche (promotion, etc.), mais parce que c’est une bonne nouvelle qui devrait contribuer à la satisfaction de ceux qui suivent cette aventure avec intérêt sinon ferveur pour certains, – et je partage moi-même cette ferveur, – je préciserais que le précédent texte déjà référencé a beaucoup contribué pendant quelques jours à susciter l’intérêt pour le livre dont autour d’une cinquantaine d’exemplaires en tout ont été commandés (comprise la formule Tome-I + Tome-II, ce qui implique qu’il y a dans cette cinquantaine un certain nombre de Tome-I). Bien entendu, avec le temps, pourtant très court dans ce cas, le rythme s’est affaibli jusqu’à être très bas sinon inexistant, – une seule commande dans les cinq derniers jours, – et c’est la cause de ce nouveau texte.
Selon mon jugement, habitué aux batailles de résistance sans beaucoup d’aide des puissances en place, – quel euphémisme gracieux, – je dirais que c’est presque un succès selon ma mesure d’auteur plutôt de la sorte qui se contente d’une sorte de guérilla, ou par conséquent d’une amorce de succès, mais ce “succès”-là n’a duré que quelques jours et, depuis, l’habituelle période de vaches maigres s’est installée et je ne vois rien qui puisse l’interrompre sinon cette sorte de texte que vous en êtes en train de lire, – enfin, peut-être, juste une espérance car je ne suis sûr de rien... Eh bien, faites en sorte que cette sorte de succès de résistance et de guérilla soit relancé et que soit interrompue au moins un instant cette sorte de “désert des Tartares” qui menace et entoure les auteurs de mon genre, si vous croyez que cela en vaut la peine ; par exemple, si vous croyez qu’il en vaut la peine, faites-en un cadeau pour des proches ou des amis de votre esprit, puisque c’est, comme ils disent si étrangement, la “période des fêtes”.
Et si vous croyez au contraire que cela n’en vaut pas la peine, alors passez outre...
Souvent, quand le site dedefensa.org comme nous le connaissons est circonspect, indécis, méfiant et sans doute secrètement déçu sur l’instant, il s’abstient de réagir de crainte de céder à une réaction trop précipitée et laisse “un peu de temps au temps” pour permettre à une sorte de second regard sur les choses de se manifester ; c’est alors que le Journal-dde.crisis, s’il l’estime nécessaire et pertinent, prend le relais pour exprimer, lui, cette “réaction trop précipitée” qui, dans le cadre de la formule où la subjectivité a la plus grande place, ne craint pas de se précipiter trop parce qu’il est couvert par la licence qui lui est ainsi laissée. Ce n’est pas systématique, sans aucun doute, mais le procédé a sa place dans la marche générale du site ; ainsi, dans ces instants, je me détache du “site dedefensa.org comme nous le connaissons” pour suppléer à cet instant de prudence j'espère avisée et d’abstention consacrée à la réflexion.
C’est le cas aujourd’hui avec Trump, notamment avec ses dernières nomination que l’on jugeait symboliquement si importantes, essentiellement celles, pour l’instant non encore officielles, de son secrétaire d’État flanqué de son adjoint : l’ancien CEO de Mobil-Exxon Rex Tillerson et l’infernal John Bolton. Pour mettre un peu de baume sur la plaie, on dira que la nomination de Bolton désigne l’heureux récipiendaire comme l’« adjoint du secrétaire d’État pour la gestion quotidienne du département », ce qui semblerait l’écarter des orientations politiques et de l’opérationnalisation de ces orientations. Quant à Tillerson, il fait l’objet d’une analyse assez “sombre” de la part de Breitbart.News, principal soutien médiatique de Trump pendant toute sa campagne, sinon architecte de cette campagne ; par contre, il est acclamé par ZeroHedge.com, – à mon avis sans enthousiasme excessif, comme on acte un fait, – comme une personnalité très proche de Poutine (mais s’agit-il du meilleur côté de Poutine, car chacun a son “côté sombre” ?), et tout cela en détails instructifs puisque c’est effectivement le cas :
« However it is not his Boy Scout exploits that will be the key talking point for pundits in the coming days, but rather his close relationship with Russian president Vladimir Putin. According to the WSJ, few U.S. citizens are closer to Mr. Putin than Mr. Tillerson, a recipient of Russia's Order of Friendship, bestowed by the president, who has known Putin since he represented Exxon’s interests in Russia during the regime of Boris Yeltsin. “He has had more interactive time with Vladimir Putin than probably any other American with the exception of Henry Kissinger,” said John Hamre, a former deputy defense secretary during the Clinton administration and president of the Center for Strategic and International Studies, a Washington think tank where Mr. Tillerson is a board member.
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L’Amérique est grosse d’une guerre civile ; et la nature n’attend pas : à un moment ou à un autre, il faut mettre bas, il faut accoucher du monstre... A chaque occasion où la tension monte au travers de diverses nouvelles éparses, – car aucun courant de communication de poids n’ose ou bien ne peut offrir la synthèse évidemment catastrophique de cette tension qui serait la vérité-de-situation exposée, – à chaque fois revient en moi la phrase sempiternelle : ”Jamais, jamais la tension n’a été si forte, jamais, jamais l’enfantement n’a semblé si irrésistible...” ; et chaque fois ressort dans mon souvenir, également sempiternelle, cette remarque de Lénine au soir du coup d’Octobre, selon Trotski : “Es Schwindle...” (“J’ai le vertige”).
Dans un tel tourbillon crisique, comment s’en étonner ? Le mouvement fermé comme un cercle de feu des nouvelles affolante ne cesse d’accélérer avec de rares moments de répit lui permettant d’encore raffermir son élan. Ici un Grand électeur républicain qui a décidé de voter contre Trump avertit qu’il en connaît d’autres dans son cas ; on est instruit en détails de l’homme qui, pour le compte de Clinton et de Soros bien entendu, dirige cette opération de débauchage. Michael Moore annonce que d’ici le 20 janvier (prestation de serment), « Something Crazy Could Happen To Stop Trump Becoming President » ; mais quoi ? Un examen rapide conduit à une insurrection organisée le 20 janvier pour empêcher la prestation de serment, ou bien plus décisivement à l’hypothèse de l’assassinat. Trump a lancé une grande campagne de “remerciements” pour son élection qui rassemble des foules comme une mobilisation qui ne dit pas son nom, à la façon que l’on a vue durant la campagne. Partout la censure et les fausses nouvelles sont dénoncées. La haine et la fureur entre les deux partis qui s’opposent semblent atteindre à chaque instant un nouveau paroxysme, désormais bien au-delà de celui de l’avant-8 novembre.
Et cette lancinante question qui ne me quitte pas : comment l’Amérique en est-elle arrivée là ? J’ai en tête la dernière scène du film de Joe Dante, La Seconde Guerre de Sécession. Après un enchaînement d’événement inattendus, baroques et futiles, et partant d’une cause incertaine, un État de l’Union s’opposant au président, tout cela suivi en direct par une presse-Système non encore totalement enrégimentée dans la haine et la fureur du déterminisme-narrativiste (on est en 1997), on voit le studio d’un grand réseau qui nous a servi de fil rouge, qui a suivi en “live” les événements heure par heure, conduit en cet instant à commenter les images du premier engagement entre l’armée fédérale (US Army) et la Garde Nationale ; et l’un des protagonistes, quittant un instant le feu des dernières nouvelles pour s’interroger, incrédule et soudain désespéré : Comment, comment a-t-on pu en arriver là ? Mais ces questions n’en sont pas ou plutôt n’en sont plus car je parle là d’une fatalité...
En cet instant, je crois et je crains que l’engrenage est désormais irrésistible ; et je le tiens pour cette fatalité que nous avons tout fait pour susciter, ou ressusciter, et qui, désormais, nous dépasse car elle va jouer son rôle inévitable sinon nécessaire... Car c’est bien là-bas que se trouve le cœur nucléaire proche de son point de fusion de la déflagration déjà en cours, qui marque l’irréversibilité que tant et tant jugeaient impensable.
... J’exagérais peut-être, mais à peine ... Bon, je me suis dit, pour le titre : “ne parlons pas d’effondrement mais certainement une poussée d’un bon rhume d’une trouille galopante, si vous voulez une rhinite allergique, comme on dirait ‘allergique au Tweet-Trump’ comme d’autres disent qu’ils sont allergiques au pollen”... Les valeurs de Boeing Aerospace ont donc brusquement chuté à la réouverture de Wall Street, selon la nouvelle donnée par ZeroHedge.com le 6 décembre à 09.06 PM, après que Trump ait tweeté, le 6 décembre à 02.52 PM :
« Boeing est en train de fabriquer un nouveau 747 Air Force One pour les futurs présidents , mais les coûts sont hors de contrôle, plus de 4 $milliards... Qu’on annule la commande ! » (« Boeing is building a brand new 747 Air Force One for future presidents, but costs are out of control, more than $4 billion. Cancel order! »)
Cette auguste publication (dedefensa.org) avait déjà signalé, avec le cas Farage/ambassade UK à Washington D.C., quels effets & conséquences pouvaient avoir les tweets du président-élu, annonçant, ou souhaitant, ou menaçant, ou évoquant telle ou telle décision, – qui le sait, justement ?, – et là justement se trouve l’enjeu très particulier de cette pratique inédite dans l’expression du président-élu. Parce que, enfin, nul ne sait s’il s’agit d’une annonce, d’un souhait, d’une menace ou d’une simple évocation ; et Boeing, lui, le malheureux, ne sait pas s’il ne doit pas s’attendre, après le 20 janvier 2017, à l’annulation de la commande prestigieuse et infiniment coûteuse du nouvel avion si nécessaire au POTUS pour maintenir la présence hégémonique et exceptionnaliste des USA... Qui irait si bien au teint du président Trump, mais vraiment infiniment coûteuse.
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La situation aux USA est extrêmement fascinante dans ceci qu’elle fait évoluer deux mondes parallèles, aussi révolutionnaires l’un que l’autre, chacun avec ses péripéties internes, sans pourtant que l’un ait semblé avoir, jusqu’ici, quelque influence décisive sinon marquante que ce soit sur l’autre, et vice-versa bien entendu. Le premier monde est celui de la préparation et de la construction de l’administration Trump, avec tous les remous, les commentaires en tous sens, y compris des partisans de Trump craignant d’être trahis, et les changements d’humeur évoluant autour du personnage du President-elect et de ses décisions. Le deuxième monde est celui des remous civils et politiques anti-Trump dans le pays, des manifestations, des incidents, des démarches diverses jusqu’aux plus subversives pour renverser le résultat des élections, jusqu’aux plus audacieuses comme celles des mouvements sécessionnistes.
Mon tout est un univers totalement insaisissable où l’affirmation le 25 novembre par un officiel de l’administration Obama au New York Times selon laquelle le président en fonction reconnaît que le President-elect Trump a bien été élu en toute intégrité président le 8 novembre est présentée comme une nouvelle importante ; où vous pouvez fabriquer n’importe quelle histoire selon laquelle vous seriez un individu basané de type hispanique, ou bien non plutôt Indien-Américain, qui aurait été bousculé par un blanc partisan de Trump qui vous aurait insulté et menacé, – pour envoyer l’anecdote à un site (Mic.com) friand de scène vécue de l’anti-trumpisme, pour la voir aussitôt mise en ligne sans aucune vérification, et ensuite avoir quelque répliques embarrassées et aucune rectification en ligne lorsque vous aurez dévoilé la réalité du subterfuge ... « In fact, when a reader challenged the fantastical story’s veracity, Harvard responded by mocking the person’s “logic.” »
Ainsi, par conséquent, oscillent le jugement, l’attention et l’humeur de l’observateur. Il y a eu des phases typiques à cet égard, comme deux journées de suite la semaine dernière, deux jours typiques à cet égard, dans tous les cas pour mon compte, pour ainsi avoir vécu avec une sorte d’étonnement fataliste ce balancement ultra-rapide de mon intérêt et de mon attention d’un monde à l’autre. Le mardi, j’étais tout entier absorbé par les interventions de Trump, les rumeurs sur les nominations, leurs significations, etc., la pression continuelle, la narrative qui n’a pas bougé d’un poil des commentateurs de la presse-Système ; les hypothèses dans tous les sens, les contradictions inquiétantes, notamment avec des nominations allant dans le sens contraire des promesses faites pendant la campagne ; les écarts de The-Donald (il en a encore, et pas mal) changeant d’avis ou inventant une nouvelle diplomatie de pression par le tweet rigolard, continuant à faire des déclarations tonitruantes et contradictoires, complètement hors des normes-Système.
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De-ci de-là, “nous” (dedefensa.org) recevons des messages qui nous font la leçon. Les choses dites sur Fillon, par exemple, nous valent de ces leçons de bon jugement politique, de clarté du langage, de ceci et de cela, avec en arrière-fond, comme une basso continuo, voire ostinato, le jugement “naïfs-que-vous-êtes”, dit, – j’espère être autorisé à le croire comme on croit au Père Noël, – avec une sorte de condescendance certes très-sévère mais finalement marquée de cette tendresse et de cette compassion que l’on voue aux faibles d’esprit... (Ou bien quoi si ce n’est “naïfs-que-vous-êtes” ? Vaniteux ? Stipendiés ? “Onan le Magnifique” ? [Sur ce dernier point, Monsieur Charme-en-Tout aurait du savoir que j’aurais préféré Grand-Mamamouchi, cela m’aurait mieux été au teint, avec son Grand-Turban de Très-Grand-Super-Vizir que je me crois...].)
Je parle de ces “choses dites sur Fillon” par dedefensa.org, comme j’aurais pu parler des “choses-dites”, à diverses occasions, sur Trump, sur Obama, sur Poutine, sur bien d’autres, voire très récemment sur Jill Stein... Tiens, justement, il y a un passage, dans ce « Jill Stein, l’inopportune » qui vaut citation (ah, cette habitude de PhG-Mamamouchi de se citer lui-même !). Il est bienvenu parce qu’il est le second facteur, après les observations courroucées à l’encontre de dedeensa.org que j’ai citées, qui complétera le fondement de cette réflexion, laquelle est aussi une mise au point, “quelques points sur les i”. (Ce n’est pas la première ni la dernière de cette sorte de “mise au point”/“points sur les i”, toujours la même, mais il faut encore y revenir, et il faudra encore et encore y revenir, et l’on se chargera de la chose parce que rien n’est jamais fixé et rien n’est jamais désespéré lorsqu’il s’agit de se faire comprendre pour ce que l’on dit et non pas pour ce que quelques autres voudraient que l’on soit.)
Voici donc la citation utile pour la suite et la bonne compréhension de nos pédagogues-un-peu-censeurs et certes vigilants par intermittence :
(Suite)