Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
2 novembre 2023 (18H55) – La vague de protestation et de contestation-consternation qui salue le traitement appliqué par l’armée israélienne, spécifiquement l’armée de l’air, apparaît de plus en plus comme concernant quelque chose non seulement de délibéré, mais d’un très, très-ancien, enseignement classique retiré de l’école de la doctrine d’anéantissement développée par les USA. Il s’agit d’une spécialité USAF-LeMay, bien défini par Daniel Ellsberg du temps de l’après-guerre où il côtoyait les asiles du SAC où l’on planifiait la guerre nucléaire...
Ces enseignements furent mis en action par le pape de l’anéantissement, j’ai déjà nommé le général LeMay, particulièrement en 1944-45 au Japon mais après également par prolongation de service. C’est le même LeMay qui servait déjà de modèle à une Tsahalcomplètement américanisée en 2006, avec le succès catastrophique et abracadabrantesque qu’on sait, qui fit dire aux esthètes de la tuerie de masse que l’on n’était pas allé assez fort, et assez loin, et assez vite, et assez profondément, et assez massivement... Il fallait du LeMay aux stéroïdes :
« Dans son ‘House of War’, James Carroll cite LeMay, déclarant (d’après Sherry, ‘The Rise of American Air Power’) à propos des campagnes de bombardement stratégique — au Japon dans ce cas mais il est évident que chaque cible fait l’affaire :
» ‘Nous avions l'intention de rechercher et de détruire l'ennemi où qu'il ou qu'elle se trouve, dans le plus grand nombre possible, dans le temps le plus court possible. Pour nous, il n'y avait pas de civils au Japon, mais que des ennemis qu'il fallait détruire jusqu'au dernier’...»
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29 octobre 2023 (00H45) – La disparition de l’Ukraine de la scène de la réalité du monde est un événement extraordinaire, une sorte de “Pearl-Harbor de la perception” dont on est loin d’avoir pesé toutes les conséquences. Pour l’heure et pour nous-mêmes, – après avoir déjà beaucoup parlé depuis trois semaines et le coup de tonnerre de Hamas-Israël de cet événement-là de l’élimination de l’Ukraine de notre perception et de notre communication, – je vais tenter d’en dégager un élément qu’on pourrait, non qu’on devrait juger comme essentiel.
En gros, il s’agirait de dire que c’est l’échec d’un “coup d’État sur la réalité du monde”. On connaît bien entendu les modalités pratiques de la responsabilité des divers comploteurs, – qui, d’ailleurs et qu’on soit bien fixé, ignoraient qu’ils complotaient et pourquoi puisqu’ils n’agissaient finalement qu’en semi-zombie d’un hubris auquel ils ne comprennent rien... La première et la principale de ces modalités est bien entendu leur extraordinaire bêtise (des comploteurs), dans le chef des dirigeants et des élites chargés de la mission par le Satan de Douguine.
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27 ocvtobre 2023 (15H10) – J’ai bien souri et même un peu ri, et je m’en vais vous dire pourquoi. Je regardai une conversation à trois, Mercouris-Christoforou & Jeffrey Sachs lorsque, autour de la dixième minute, Sachs en super-forme d’attaquant, sort en rigolant un exemplaire du dernier ‘Foreign Affairs’ qu’il vient de recevoir (édition novembre-décembre 2023). Exultant, Sachs nous confie qu’il a trouvé, comme article de tête, un article de Jake Sullivan, le précieux conseiller du dynamique Biden, – d’ailleurs, un “essai” bien plus qu’un article, inculte et irrespectueux ne suis-je ! – dont le titre est, comme on l’avait déjà dit sans savoir qu’il s’agissais du titre d’un “essai” :
« Le Moyen-Orient n’a jamais été aussi calme depuis plusieurs décennies »
Bouclé le 4 octobre (d’après la date du texte) mais imprimé le 20-24 octobre, le titre devenait pas terrible, un peu gênant, pas très illustratif de la vision fulgurante du conseiller. Vous voyez pourquoi ? Sachs, lui, a vu pourquoi. Abonné privilégié, il a reçu l’exemplaire de l’impression originale, alors que vous verrez en consultant la revue que le premier “essai”, effectivement de Sullivan, a changé de titre (« Les sources de la puissance américaine ») et aussi un peu beaucoup de texte, avec cet avis discret en fin de texte, que je vous laisse en langue originale, en indiquant que le PdF donne un texte avec le titre modifié, – travail de faussaire trop hâtif, mais de toutes les façons les abonnés ont compris...
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21 octobre 2023 (15H30) – Le temps des “camps” politiques est bien dépassé, – droite, gauche, toutes ces choses-là ne se reconnaissent plus dans la valse des miroirs déformants de la GrandeCrise. Tout juste reste-t-il le “Camp du Bien”, cette impossible invention des esprits en jachère et des âmes en dessèchement se roulant dans la bêtise et la lâcheté comme d’autres invitent Charybde et Scylla à leur table, – à fuir absolument, par conséquent.
L’affaire était déjà chaude, brûlante avec l’Ukraine. Les autorités illégitimes tentèrent tant bien que mal, par la terreur notamment, et la censure pour les plus vertueuses, d’imposer l’idée de l’horreur du camp “d’en face”. Avec Hamas-Israël, la digue a cédé. Il n’est plus possible de dissimuler les violentes, diverses et infiniment complexes contradictions, contre-pieds et contredits dans tous les camps. Droite, gauche, antiracisme, identité, liberté et ordre, plus rien ne marche, plus aucun mot de passe ne fonctionne.
Certes, dira-t-on, il suffit d’admettre une fois pour toutes cette évidence de l’inacceptabilité du terrorisme ; certes, répondra-t-on, mais que fera-t-on de la Terreur-1793, des insurgés espagnols tirant dans le dos des troupes de Napoléon, des Communards qui fusillaient et des Versaillaient qui exécutaient, des résistants autour de Jean Moulin et des partisans russes et ukrainiens attaquant par surprise les collabos des nazis, du FLN libérateur et de l’OAS luttant pour l’Algérie Française ? Que fera-t-on de tous les peuples opprimés et contraints par la force si on leur refuse des moyens séditieux de s’affirmer ? Toutes ces questions sans réponses, rassemblées aujourd’hui, forment le cimier improbable où se déchirent les droites et les gauches.
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19 octobre 2023 (16H20) – En fait de “décisive défaite stratégique”, je veux parler de celle qu’a infligée la narrative victorieuse de l’attaque de l’hôpital baptiste Al Ahli de Gaza. Il n’y a pas de place ici, ni d’intérêt pour la vérité-de-situation, – ce sera pour un autre temps, celui de la métahistoire, bien plus haut dans les temps-courant, ainsi devenant le Temps d’Après...
Parmi tant de choses qui ont été écrites là-dessus, – j’en ai lu fort peu, je ne prétends donc à rien d’autre qu’à ce que j’écris et déduis intuitivement en contemplant les évènements qui suivent, – je retiens l’article de Larry S. Johnson d’hier 18 octobre (je constate qu’un autre ami, Mercouris dans son style incroyablement sophistiqué, ne le contredit pas) :
« De nombreuses questions restent sans réponses concernant le bombardement par Israël de l’hôpital baptiste dans la bande de Gaza. »
Croyez-moi, si j’avais écrit sous le coup de ma colère ce que je pensais de cette attaque, j’aurais écrit bien des choses que je regretterais. Par bonheur pour mon compte, je refuse, par instinct, expérience et intuition, d’écrire la moindre chose publiable sous l’empire d’une telle émotion.
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18 octobre 2023 (18H40) – Monsieur Andrea Zhok (déjà vu) est philosophe et universitaire italien, professeur d'anthropologie philosophique et de philosophie morale à l'université de Milan. Malgré ces titres considérables, il rend ainsi un texte extrêmement court, concret, simple et direct, sans prétention ni obscurité avantageuse, sur le passage de la passion des imbéciles, en aller-simple pour l’instant de l’Ukraine à Israël. Bien que ces deux crises méritent bien plus que des imbéciles, elles attirent les imbéciles comme le miel les mouches, avec leurs instruments favoris, – propagande, mais nous préférons “simulacre”, et hyperbellicisme que nous adoptons sans hésitation. Tout cela nourrit l’imbécillité publique qui est la plus puissante, la plus pesante des caractéristiques de notre temps, qui nous accompagne dans notre périple comme une mouche dont nous serions le miel monté sur coche.
D’abord, Zhok nous confirme en quelques mots ce que je juge comme le phénomène essentiel du passage de témoin de l’Ukraine à Israël du fait de l’imbécillité, – ou de la “bêtise”, si l’on veut...
« En un clin d'œil, toute la rhétorique sur la guerre en Ukraine s'est éteinte et s'est tout de go reportée sur le conflit israélo-palestinien. »
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17 octobre 2023 (10H35) – Tout d’abord j’avais l’intention de placer ce texte dans rubrique ‘bloc-Notes’, donc avec nécessité d’un ‘chapô’ que je reprendrai à deux reprises ; puis, pris d’un incompréhensible caprice, – allez savoir pourquoi, moi si humble ! – je l’introduisis dans mon ‘Journal-dde.crisis’. Mais, comme “Rien ne se perd, rien ne se crée”, je récupérai prestement le ‘chapô’ pour en faire un ‘Woke-chapô’ et voici qu’ainsi commença cette page...
• Voici donc une confrontation qui n’en est pas vraiment une : les ‘Woke’ et le Hamas, frères à peine cachés travaillant au même fourneau sur les mêmes plats. • Vous savez, les ‘Woke’ sont soutenus à mort par les ‘sionistes’ qui sont loin de n’être que juifs, mais soutiennent la mise à pied de trois journalistes d’origine arabe et pro-Hamas des programmes du réseau hyper-‘Woke’ de la MSNBC. • Vous savez, il n’y a pas de complot juif, – Soros déteste au-delà de tout le nommé Netanyahou, – mais un immense bordel. • C’est à n’y plus rien comprendre parce qu’il est complètement inutile de chercher à comprendre. • Avec un texte de Korybko.
Andrew Korybko, minutieux comme on le connaît, nous conte une belle histoire à partir d’un compte-rendu rapide d’un organisme d’observation des situations au sein des rédactions des grands réseaux US. Il s’agit de ‘Semafor’, qui vous donne ici en même temps accès au compte-rendu qui nous intéresse : le drame, la tragédie-bouffe dirais-je pour faire l’intéressant, survenu à une super-vedette ‘Woke’ de MSNBC, le réseau super-‘Woke’ d’entre les ‘Woke’ des grands réseaux US. Son nom est Mehdi Hasan, musulman certes, mais aussi super-globaliste et super-néolibéral, – il coche toutes les cases en argent massif bordées d’ornements d’or sculpté représentant les Sept Piliers de La Morale-qui-veille.
14 octobre 2023 (19H20) – L’attaque du Hamas et la guerre Hamas-Israël datent d’une semaine et, dèjà, deux évènements fondamentaux se sont passés, dans tous les cas tels que je les perçois et les propose à votre jugement. Il s’agit moins de ces événements provenant d’une action directe et directement identifiables que des facteurs qu’il faut découvrir dans un registre d’effets et de conséquences des premiers.
Il faut aller dans l’essence des effets & conséquences de la communication pour y trouver la hauteur que nous cherchons, qui soit à la mesure de l’ampleur et de la puissance de la GrandeCrise.
Le premier de ces “évènements fondamentaux” est l’extraordinaire étouffement de l’incendie ukrainien dans la communication, avec ses folles étincelles zélenskistes et la totale fascination de l’Occident-compulsif qui allait avec. L’opération s’est faite, – cela doit être compris précisément car la crise et la guerre continuent par ailleurs, peut-être décisivement, – dans le champ de la communication uniquement, qui était jusqu’alors l’essentiel de l’affrontement du monde d’ ‘Ukrisis’.
(Suite)
12 octobre 2023 (13H20) – On fait un petit tour d’horizon, petit mais vertigineux parce que l’horizon lui-même est vertigineux, – vous-même et moi-même, nous pouvons en témoigner. On ne dira pas qu’Israël-Hamas a changé la donne parce qu’il n’y a pas “une donne”. Les cartes, – les crises en réalité, ou ‘sous-crises’ comme j’aime à les désigner pour leur rabaisser leur caquet, – se découvrent les unes après les autres, s’additionnent, s’empilent, forment une masse crisique d’une puissance dynamique époustouflante. C’est la GrandeCrise, bien sûr.
Nous n’allons pas détailler parce que nous chevauchons l’inconnaissance, qui nous permet d’aller plus vite, plus loin et surtout plus haut. Sur cette crise devenue paroxystique depuis samedi, deux choses, directement et indirectement.
• Directement, il faut écouter l’intervention très longue (les vingt premières minutes) d’Alastair Crooke dans une vidéo avec Alexander Mercouris et Glenn Diesen. Crooke décrit en détail l’actuel affrontement autour de la mosquée al-Aqsa et de son destin ; affrontement entrer l’aile extrémiste juives du gouvernement et les forces qu’elle représente contre le bloc laïc juif (opposition). Bien entendu, le destin d’al-Aqsar et le projet de reconstruction du Temple est au centre de l’affrontement avec le Hamas, – mais il ne faut surtout pas oublier cette division en Israël qui fracture irrémédiablement le pays depuis des mois. L’exposé de Crooke, jusqu’aux perspectives actuelles, est fascinant ; les perspectives de la situation sur le terrain, elles, sont effrayantes.
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07 octobre 2023 (15H40) – D’un côté, il y a le président russe dans son exercice habituel du discours de Valdaï. Jamais Poutine n’ennuie et il y a toujours quelque chose de substantiel à picorer dans ses interventions ; particulièrement, certes, depuis l’intervention en Ukraine, et cette remarque vaut alors pour chaque discours, et plus encore pour celui-ci.
Cette fois, il était question de civilisation, et même du modèle de l’“État-civilisation” à propos desquels nous avons récemment retenu des réflexions du Chinois Zang Weiwei pour les présenter et les commenter. Je rappelle ici de quoi l’on parle, de façon non seulement à avoir à l’esprit une définition importante mais aussi comme référence pour nous signifier à quelle hauteur se développe le propos du président russe :
« C’est un passage intéressant de la notion d’“État-nation” à celle d’“État-civilisation”. L’expression est toute-récente selon la définition qu’en donne “L’Encyclopédie alternative” ‘Metapédia’ :
» “L'État-civilisation (‘civilization state’) est un concept apparu au cours des années 1990 et décrivant au départ la situation de la Chine et de la Russie. Il vise des États pouvant, en s'appuyant sur leur culture et leur histoire de longue durée, constituer une sphère d'influence allant au-delà de leur territoire national ou de leur groupe ethnolinguistique. L’État-civilisation est présenté comme étant appelé à prendre le dessus sur le modèle occidental de l’État-nation qui serait périmé. Cette notion peut également s'appliquer à l’Inde, à la Turquie et à l'Iran.” »
Je ne ferais certes pas une analyse critique du discours de Poutine, parce que d’autres s’en sont chargés infiniment mieux que je ne pourrais le faire, et en qui j’ai toute confiance. La paire Christoforou-Mercouris a fait une vidéo agités par des rires et des sourires de connivence et de satisfaction. On les sentait sortis du marais courant qui les fait fréquenter les Biden, Scholz, Nuland, Zelenski courants pour éprouver une sorte de béatitude à la fois complète et sans la moindre sollicitation d’une croyance, justifiée par du fait vrai, par une pensée claire et nette, par une fréquentation insolite si inhabituelle de tels sujets, dans les temps qui vont à vau l’eau.
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3 septembre 2023 (21H50) – Nous vivons un moment singulier, – un de plus d’ailleurs. Il s’agit bien de ce que Mercouris nomme le « Moment de la fin de l’Empire », sans aucun doute, mais sans l’emportement et le rythme auxquels nous étions censés assister. Je dirais quelque chose comme : “Eh bien, la GrandeCrise se débrouille bien sans nous”, et alors nous avons le sentiment d’être des accessoires, des figurants laissés pour compte à la fortune de la première émotion, de la première dépression venue.
Voyez l’Ukraine, cette fameuse ‘Ukrisis’ comme je l’ai nommée, d’un clin d’œil de langage que je croyais irrésistible, et qui se perd dans le chaos d’une communication hirsute. Nous, les dissidents, nous avons vécu la “contre-offensive” de Napoleonski Zelenski, sur consigne du Pentagone, en anticipant son échec et les conséquences qui suivraient. Effectivement, les deux ou trois dernières semaines de la chose ont été lugubres sinon funèbres, y compris chez ceux qui étaient déjà arrivés à Moscou sur leurs ‘Abrams’ également de fortune. Ainsi, pendant ce temps suspendu fut-il fiévreusement question d’un cessez-le-feu auquel les Russes qui avaient infligé des coups massifs aux Ukrainiens se plieraient sans aucun doute. Les Russes répondirent comme l’on sait, en moquant les illusions de ceux d’en face, – et l’on reprit son souffle.
Après l’épisode du cessez-le-feu proposé, il était de coutume de penser que tous les penseurs-communicants avaient, selon certains aspects de la réalité qu’ils acceptaient de prendre en compte, modifié le simulacre de la victoire-éclair de Mister Z écrasant et dispersant dans l’infâme déroute la « Potemkin Army » de Poutine. Ô erreur, Ô funeste erreur !
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1er octobre 2023 (17H20) – Pris d’une sorte de fou-rire rentré et un peu nerveux, Alexander Mercouris, qui a tant la force et l’habitude de se retenir de se laisser aller à ses humeurs, commence une vidéo avec son complice Christoforou, – après avoir cité les deux très graves évènements en cours, le système financier au bord de l’implosion et la « terrible défaite stratégique » que constitue l’échec de la “contre-offensive” ukrainienne...`
« ...Mais puis -je suggérer que nous sommes désormais proche d’une sorte de ‘Moment ’ que nous pourrions nommer le ‘Moment de la fin de l’Empire’, et c’est quelque chose que je voulais vraiment voir parce que, comme on le sait, je lis beaucoup d’ouvrages d’histoire, notamment sur la fin des dynasties ou d’autres puissance, comme la dynastie des Ming et la chute de Rome, et vous commencez à voir les premiers signes structurels d’un tel événement... »
On dira que cette remarque n’est, par les temps qui courent, pas très originale mais pour Mercouris qui mesure chacun de ses mots ça l’est... L’on goûte alors mieux ce rire rentré du connaisseur qui attend cela, – le « ‘Moment de la fin de l’Empire’ – depuis si longtemps sans se juger autorisé par son objectivité à le dire, justement comme un gourmet savoure une gorgée d’un grand cru... Et bien entendu, ce “rire rentré” en toute objectivité, comme Mercouris s’emploie toujours à procéder.
L’’Empire’ étant dans cet état de délabrement, à l’image de ses dirigeants agréés qui sont autant de vieillards cacochymes, il agit follement, avec des exigences insensées comme s’il était encore aux temps de sa “splendeur”, – quoiqu’il était alors bien plus sage. La logique et la mesure de ses jugements et de ses actes l’ont cédé à un comportement capricieux et sans aucune cohérence, arbitraire et d’une arrogance aveugle. Caitline Johnstone décrit bien comment l’OTAN, cette “chose” de l’Empire avec tous ses sous-fifres en cohortes bien rangées, se charge de la besogne.
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26 septembre 2023 (01H45) – J’ai tout de suite été arrêté, – c’était fait à dessein, – par un extrait d’un discours de Justin Trudeau à l’occasion de la visite de Zelenski à Ottawa, en tête du dernier programme d’Alexander Christoforou. On parle beaucoup de Trudeau et du Canada, n’est-ce pas ? Ce discours n’avait pas directement à voir avec la séance extraordinaire du Parlement canadien qui l’a suivi ou qui l’a précédé je ne sais. Tout le monde, je pense, a entendu et lu l’un ou l’autre écho de cette exaltation, par le président de la Chambre, de cet Ukraino-Canadien de 98 ans salué comme un héros sans équivalent pour avoir combattu la Russie, URSS alors, de 1941 à 1945 ; il faut dire que le héros faisait partie de la 14ème division des grenadiers de la Waffen SS, ou 1ère division de la Galicée. Cela donne une idée du climat qui nous permet d’en venir au discours.
Vous l’entendez dans cette vidéo de Christoforou, qui la place en tout début, – autour de deux minutes de grand style. Trudeau appelait à la poursuite jusqu’à la victoire finale de la guerre contre la Russie conduite en Ukraine
« ... Et le prix sera bien plus élevé si Poutine remporte cette guerre que nous devons mener et tenir chaque jour jusqu’à ce que l’Ukraine REMPORTE CETTE GUERRE !! »
Les majuscules et les points d’exclamation, dont je fais peu usage, ont vraiment la fonction de tenter de restituer le ton extraordinairement emporté, la fureur, le déchaînement de la voix. On croirait Trudeau, d’habitude assez réservé, style bon-chic-bon-genre avec une petite touche de pince-fesse et un très grand bol d’hypocrisie, hors de cette sorte d’emportement. Non, pas du tout !
Cela n’était pas feint, ni même surjoué ; c’était un homme véritablement en transes, un saint ayant une vision de la croix en train de brûler alors que l’on vient d’allumer le bûcher d’une fournée d’hérétiques, un fonctionnaire appointé du diable, type-Orque glapissant sourdement, remuant comme un furieux les braises de l’enfer pour vous y précipiter, – ou bien, ou bien on aurait dit... Mais oui, bien sûr !
Pour notre édification, on lit deux réactions d’auditeurs de la vidéo, parmi des centaines, peut-être des milliers d’autres similaires, confirmant le « Trudeau a complètement perdu la tête » d’Alexander Christoforou, dit dans un éclat de rire et dans sa barbe :
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25 septembre 2023 (10H50) – Que faut-il faire de cela, lorsque vous le recueillez dans les lectures courantes : le chef du renseignement militaire ukrainien (GRU, comme son compère russe), le Général Kyrylo Boudanov, parlant des ‘Abrams’ promis à l’Ukraine par les arsenaux de l’US Army, avertit les lecteurs du journal intervieweur qu’il faudra faire très attention, le protéger des mines, des obus et autres méchancetés destructrices tirées par les Russes parce qu’il s’agit d’un char fragile, – non, d’ailleurs, fragile et précieux, un monstre de 70 tonnes qui crame comme une allumette dès qu’on lui cherche des noises. Donc, on l’expose pas aux agressions de la guerre.
Inutile de vous dire que RT.com (« Le chef des espions ukrainiens lance un avertissement concernant le char de fabrication américaine ») et ‘SputnikNews’ (« Le chef du renseignement ukrainien met en garde contre les chars US Abrams bientôt livrés à Kiev ») se sont précipité dessus. Ce n’est pas inventé : cela se passait dans une chambre d’hôtel de Washington D.C., pendant que Zelenski visitait Biden et le Congrès. Le journal intervieweur était le site spécialisé en choses guerrières, – gros avantage aux Etats-Unis, littérature abondante et lectorat empressé où l’on ne goûte rien de plus que les perspectives guerrières et les chevauchées blindées. Il s’agit de ‘War Zone’, tel est son nom et c’est certainement une bien-nommée publication, et la date de l’article est du 22 septembre 2023.
Je donne ici un extrait de l’interview, deux questions-réponses, et ces quelques mots sur le M1A1 américaniste dont on découvre l’extrême préciosité :
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23 septembre 2023 (15H55) – Voyez comme le paysage a changé. Tout d’abord, c’était une flèche : à l’encontre de ce que l’on supposait être “l’agression russe”, – le sentiment général (la fameuse “communauté internationale“) répondit comme une flèche se fiche dans le cœur de la cible. La Russie était désignée au monde comme la représentation du Mal dans le monde. Les médias de la presseSystème se chargèrent de la besogne, – car, au début était le média...
« Ils ont ainsi construit la figure du héros Zelenski, et ils ont également construit le nationalisme ukrainien, qui ne se serait pas développé sous la forme que nous lui connaissons aujourd'hui sans les médias. » (Vincenzo Costa)
Aujourd’hui, l’on est entré dans la phase de détricotage qui devrait aller en s’intensifiant, avec le risque d’une perte de contrôle ; cela intervient après une énorme complexification et une extension démesurée du domaine de la crise, tant autour de l’Ukraine que dans la rupture du monde avec le surgissement du ‘Sud Global. Ce qui était une attaque claire et nette pour l’esprit commun et moderniste régnant est devenue un imbroglio incroyable et impitoyable, une bouillie pour les chats, un tourbillon crisique.
Aujourd’hui, le grand et rusé Loukachenko nous annonce que les dès qui avaient désigné Zelenski ont été repris et relancés. Loukachenko, qui cède souvent au jugement tordu même s’il reste clairvoyant, est sûr de son coup :
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22 septembre 2023 (20H00) – Je l’avais noté dans ma tête et croyait même en avoir fait accessoirement mention, dans un texte, – dont je n’ai pas réussi à retrouver la trace. Cette fois, toute honte bue et toute réflexion savourée, je reviens ou j’en viens à ce cas qui me paraît finalement extraordinaire si on l’extrapole un peu, – chosé autorisée dans une si étrange époque.
...Qui plus est, mon Dieu ! Ce n’est pas la première fois que madame Jacinda Ardean, jeune femme bien de son temps et ancien première ministresse de Nouvelle-Zélande, parle dans le sens qu’on va voir à la tribune de l’ONU lors de l’Assemblée Générale puisqu’elle l’avait fait déjà en 2022 alors qu’elle se trouvait encore aux affaires...
Sans doute a-t-on jugé qu’un tel talent, un si bel humanisme, en rien ne pouvait être gâché ; l’université d’Harvard, la forteresse richissime de la haine anti-liberté d’expression, l’a aussitôt gobé comme ‘Visiting Fellow’ richement dotée pour qu’elle poursuive sa croisade. Les donateurs, où l’on retrouve le gotha néolibéral et globaliste, a approuvé avec enthousiasme ce recrutement.
En gros, dit-elle en 2023 à la tribune de l’ONU, invitée on ne sait sous quelle étiquette sinon bien entendu celle de Ministre comme vous verrez plus loin :
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19 septembre 2023 (17H15) – On découvre, pour notre compte dans tous les cas, avec un texte récent de ‘SputnikNews’ une vérité foudroyante, une analogie historique qui doit prendre le rang d’événement à la fois symbolique et ontologique. Cela ne signifie nullement que l’on ignorait le phénomène ni que le texte en question nous offre une analyse suffisante pour le constat que nous faisons ; simplement, il nous a offert diverses remarques et quelques détails qui se sont structurés d’eux-mêmes, et brusquement, sesont organisés en un schéma qui nous est revenu à l’esprit.
Voilà la chose, ce texte a plutôt éveillé une mémoire historique enrichi d’une perception symbolique très forte que nous éprouvâmes dans la période à laquelle il nous ramène, – l’URSS gérontocratique des années 1980-1985 qui sont celles du véritable effondrement métahistorique. (Sans elles, il n’y aurait pas eu Gorbatchev parce que Gorbatchev n’aurait pas été nécessaire.)
A cette époque, avec les trois secrétaires généraux du PC qui se sont succédés dans une tempête de toux et de trébuchements hagards (Brejnev, Andropov, Tchernenko), l’équilibre psychologique et physique des dirigeants (soviétiques dans ce cas) était une question d’une extrême importance. Elle interférait directement sur les questions stratégiques les plus graves en influant gravement sur la perception, les jugements et éventuellement les décisions de ces vieillards effectivement effrayés par ce qu’ils percevaient des évènements. Durant cette période, notamment durant l’année 1983 lorsqu’eut lieu un exercice de commandement en temps de guerre nucléaire de l’OTAN nommé ‘Able Archer 1983’, les dirigeants soviétiques vécurent dans l’angoisse d’une attaque en première frappe nucléaire des États-Unis. Dans son analyse générale rendue publique de ce que les services de renseignement soviétiques nommèrent l’opération ‘RYAN’ concernant ces craintes d’une agression US, la CIA décrivit notamment les réactions de la direction washingtonienne à cette attitude psychologique des dirigeants soviétiques.
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16 septembre 2023 (19H20) – On connaît le constant intérêt que j’attache au travail d’Alexander Mercouris, que je suis régulièrement sur son programme ‘TheDuran’. Je signale ici sa chronique d’hier, au contenu particulièrement intéressant. Il concerne le discours de Blinken, dont j’avais dit un tout petit mot dans la page précédente de ce ‘Journal’, hier, pour asseoir l’examen de l’illusion qu’entretiennent les Indiens de pouvoir ‘jouer’ en partenariat avec les USA :
« La campagne de redressement civilisationnel que sont en train de mener les États-Unis est complètement foudroyante, grandguignolesque et abracadabrantesque. En a-t-entendu quelques échos ? Il suffit de citer le très civilisé et antirusse Blinken, et tout est dit de ce que vous retrouvez en boucle dans la presseSystème et au sein des hordes de consultants des plateaux-TV. »
Je n’avais pas été plus loin que cette allusion indirecte pour l’exposé de mon sujet qui ne concernait pas ce discours. Mercouris, lui, le prend à bras le corps pour l’analyser. Il le fait avec rigueur, précision et le regard critique qui importe. L’analyse, vraiment d’un très grand intérêt, va de 00 58’ 10” à la fin de la vidéo (01 23’ 10”), soit un bon quart d’heure hautement instructif.
Je mentionne rapidement les points politiques principaux qui sont affirmés derrière les formules ronflantes et creuses et les diverses aspects du simulacre qui sert d’argument politique et historique à Blinken sur le thème “l’ère de la Guerre Froide est finie, nous entrons dans une nouvelle ère”.
(Suite)
15 septembre 2023 (15H50) – La campagne de redressement civilisationnel que sont en train de mener les États-Unis est complètement foudroyante, grandguignolesque et abracadabrantesque. En a-t-entendu quelques échos ? Il suffit de citer le très civilisé et antirusse Blinken, et tout est dit de ce que vous retrouvez en boucle dans la presseSystème et au sein des hordes de consultants des plateaux-TV.
« L'ordre mondial qui est resté pratiquement inchangé depuis la Seconde Guerre mondiale a été transformé par la montée des dirigeants autocratiques, le pouvoir croissant des syndicats internationaux du crime et la pandémie de COVID-19, a déclaré le secrétaire d'État américain Antony Blinken lors d'un récent discours à l'École Johns Hopkins d'études internationales avancées (SAIS) à Washington, D.C.
» “Chacun de ces événements aurait constitué un défi sérieux pour l'ordre de l'après-guerre froide”, a déclaré M. Blinken. “Ensemble, ils l'ont bouleversé”.
» Les États-Unis répondent à cette nouvelle ère par ce que Blinken appelle la “géométrie variable diplomatique”, une stratégie axée sur la création de diverses coalitions de pays, de gouvernements locaux, d'organisations à but non lucratif, du secteur privé et du monde universitaire qui collaborent pour résoudre un problème spécifique, tel que l'aide aux Ukrainiens déplacés.
» Cette approche a conduit les États-Unis à travailler avec des alliés non traditionnels. »
Cette déclaration a aussitôt été interprétée comme une sorte de semi-capitulation tactique des USA devant la force des évènements, terminé par l’inévitable victoire stratégique de l’exceptionnalisme américaniste. Pour résumer : “l’ordre de la Guerre Froide, que nous dominions de toutes notre taille, est mort. Nous le reconnaissons et sommes prêts à travailler avec qui le veut pour la construction d’un nouvel ordre”.
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12 septembre 2023 (16H00) – Je commence par du sérieux : une conférence de presse commune des deux ministres des affaires étrangères d’Allemagne et d’Ukraine, à Kiev puisque Annalena (le prénom est de rigueur pour des esprits si proche) est venue faire hier une petite visite de courtoisie et de soutien inconditionnel chez ses amis d’Ukraine. Je vous mets juste un passage du RT.com consacré à la chose, sur la question précise du Taurus KEPD 350, des missiles de croisière de nationalité germanique, que l’Allemagne s’est trouvée dans l’amicale et vertueuse position de devoir en faire don à l’Ukraine.
A l’affirmation fuyante de la ministre allemande selon quoi la décision n’est pas prise et que l’on en débat, fuse la réponse de l’Ukrainien, fulgurante et sans faux-fuyants ; réponse que je résume de cette façon, intentionnellement de façon un peu leste, parce qu’ils l’ont bien mérité après tout... Donc, de la part d’un ministre (ukrainien) une autre (l’Allemande) : “De toutes les façons, Annalena, vous baisserez la culotte, alors pourquoi attendre. ?”
Il (l’Ukrainien) veut dire par là, sur un ton extrêmement direct et sans prendre de pincettes, que lorsque l’oncle Tom joue à l’oncle Sam et dit à Annalena ce qu’il faut faire, et au galop encore ! Le chancelier Bismarck baisse sa culotte qu’il a effectivement de couleur verte. C’est fascinant, ce qu’on peut balancer aux Allemands sans qu’ils bougent le petit doigt, dès qu’un yankee élève la voix par Ukrainien interposé, ou bien via une van der Leyen quelconque mais de bonne fortune, – bref, un festival d’arrogance et de servilité...
« Lors d'une conférence de presse conjointe avec la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, lundi à Kiev, il a été demandé au ministre ukrainien des affaires étrangères Kuleba si sa rencontre avec Mme Baerbock lui avait donné “l’espoir” que Berlin puisse faire don de missiles de croisière Taurus KEPD 350 à l'Ukraine dans un avenir proche.
» “Je ne dirais pas qu'Annalena est allée au-delà de la position officielle du gouvernement allemand”, a-t-il répondu. Se tournant vers Baerbock, M. Kuleba a ensuite déclaré : “Vous le ferez de toute façon. Ce n'est qu'une question de temps“.
» “Nous respectons vos discussions, nous respectons vos procédures, mais il n'y a pas un seul argument objectif qui s'oppose à ce que vous le fassiez. Plus vite ce sera fait, plus ce sera apprécié”.
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