Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
30 septembre 2021 – Il faut sans aucun doute convenir, – et j’en conviens illico-presto, – qu’il se fait grand tintamarre en Royaume de France autour de la personne de Éric Zemmour, notre ‘Z’ déjà souvent cité. Non seulement ‘tintamarre autour’, comme l’on décrit l’environnement des choses et des mouvements, mais plus encore comme une sorte de folie compulsive, voire hystérique, dans les psychologies qui s’avèrent prêtes à recevoir toutes les perceptions. Ainsi en est-il, à ce point que l’on en vient à découvrir, dans ce marais d’impuissance et de bienpensance que sont les territoires incertains de la République, plutôt “à prendre” que “perdus”, que les psychologies, toutes les psychologies, même celles des mieux-pensants, sont ouvertes à tous les vents, des plus audacieux aux plus mauvais. C’est plutôt une surprise dans ce pays que l’on jugeai encalminé et cadenassé dans les raideurs incroyables de sa théologie postmoderniste, wokeniste, parisianiste...
« La France se meurt, la France est morte », écrivait Zemmour comme phrase de conclusion de son livre ‘Le Suicide français’ ; il faut croire que les fantômes sont bien plus coriaces que les êtres dans ces temps-devenus-fous, et que leurs formes imprécises et insaisissables ont bien plus d’énergie et de pesanteur que les corps vifs qui prétendent offrir le poids et la vigueur du vivant.
La caractéristique de ces temps-devenus-fous est que rien d’assuré ne peut être avancé. Ainsi Bock-Côté pouvait-il très justement et d’ailleurs sans une ombre de malveillance (ils sont plutôt de bords politiques du type “qui se ressemblent-s’assemblent”), demander à Zemmour, lui rapportant cette dernière phrase du livre d’avant citée plus haut, par quel tour de magie il pouvait publier aujourd’hui ‘La France n’a pas dit son dernier mot’ ? Réponse brouillonne et un peu courte, a-t-on jugé. Z lui-même, au fond, ne sait que dire précisément de cette résurrection, sinon de la constater pour justifier son destin : il la croyait morte, on croirait qu’elle revit... En un mot, on verra bien...
(Tiens ! Il aurait pu, pour répondre dans le genre-Messie, enfourcher la thèse de la Résurrection de la Grande Nation, avec lui comme éveilleur de Résurrection, sorte de “Woke” de la Tradition.)
(Suite)
28 septembre 2021 – Dans une époque qu’écrase, qu’anime et que dynamise irrésistiblement la communication, les mots comptent comme jamais ils n’ont compté. Ils font et défont les grands mouvements, les courants de pensée. Eux qui constituent le nécessaire outil de la qualité de la pensée, ils sont aujourd’hui sans cesse confrontés au piège ontologique de la modernité, qui est la substitution de la quantité à la qualité... Dieu sait si, avec la communication et en fait de quantité, nous sommes servis.
Cette introduction au galop, – quantité contrôlée et réduite au minimum minimorum, – pour aller vers le cœur de mon sujet qui est effectivement une question de mot. Il s’agit d’abord de constater l’extension accélérée de l’emploi du mot “wokisme” pour désigner ce courant idéologique extraordinaire, que nous désignons, nous, sous le terme de “wokenisme” depuis la fin de l’automne 2020 (voir notamment nos explications sur ce concept, le 11 décembre 2020 et le 28 décembre 2020 sur ce site, après un premier emploi le 21 novembre 2020 [*]).
La première remarque est effectivement que se multiplie aujourd’hui en France l’emploi du mot “wokisme” (néologisme d’origine anglosaxonne avec sa variante fondamentale “woke”, du verbe ‘to woke’ [‘éveiller’]) . Cet emploi acte tardivement, d’une façon élaborée et non plus accidentellement, l’évolution désordonnée et l’extension foudroyante de cette soi-disant “idéologie” comme d’un courant transnational où la borne américaniste d’où vient le nom compte énormément, et non plus seulement comme un phénomène essentiellement français (l’“antiracisme” comme idéologie raciste, ou “racisée”, l’“indigénisme”, les “décoloniaux”, etc.). On parlait le 5 décembre 2020 et le 28 décembre 2020 de ce courant dans sa composante essentiellement en France, le lien avec la situation des USA dans les constats que nous détaillions n’étant encore fait que d’une façon trop accessoire.
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27 septembre 2021 – Il est de bon ton d’aujourd’hui saluer Frau Merkel. Saluons, mais n’en restons pas là. Comme c’est ici souvent l’ouvrage, je choisis une tangente qui, à mon sens, “fait sens”, mais sens un petit peu ironique et instructif.
Je me reporte au dimanche 19 septembre 2021, sur LCI, dans l’émission ‘Lenglet déchiffre’ de 16H00-17H00. François Lenglet reçoit Alain Minc pour son livre certainement original, ‘Ma vie avec Marx’. Vous savez bien, Minc c’est ‘Le Cercle de la Raison’, cette horde de “sachants” qui influencent, qui susurrent et chuchotent, qui tranchent avec un aplomb jamais mis en défaut, qui éminence-grisent et nous fourguent des Emmanuel-Macron clef en main et sur porte ; on dit en effet et volontiers qu’Emmanuel est l’enfant naturel du Cercle, les deux parents étant Minc et Attali, le second récemment allumé par le probable futur-candidat à la présidence, Mr. Z. Cette fois, ce fut le tour de Minc, si l’on veut par Merkel interposée, ce qui permet d’intervenir d’une manière exotique pour saluer la lourde chancelière bottée de seize années de bons et loyaux services, où jamais elle ne dépassa la ligne rouge.
Donc, vers la 28ème minute de l’émission (je dirais, pour faire le malin, à partir de 27’57), Lenglet change brusquement de sujet, avec une phrase : « Vous l’avez évoqué au détour d’une phrase, c’est bientôt l’élection allemande le 26 septembre, Angela Merkel a dit qu’elle ne se représenterait pas...».
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24 septembre 2021 – Macron a fait ce que Giscard nommait dans le temps “le bon choix” : le déculottage transatlantique, une spécialité qui sera bientôt accepté par le Comité Olympique International. Cela dit sans mauvaise pensée ni la moindre rancœur, parce qu’aujourd’hui cette sorte de comportement est chose courante, sans vergogne, en toute candeur dirais-je, à partir d’un absence totale de culture, d’information, de perception du monde, et particulièrement de la situation des Etats-Unis. (Cela aussi, “la perception de la situation aux Etats-Unis”, ce devrait être une discipline olympique.) Simplement, le président aurait pu faire ça 4-5 jours avant, il nous aurait évité l’effort de plusieurs articles.
C’est cela qu’il y avait dans ces remarques de notre premier article où nous disions notre surprise devant la force de l’indignation française, comme si l’on découvrait la “félonie” américaniste et anglo-saxoniste à propos de l’excellente escapade australienne des sous-marins en perdition:
« “Plus ça change, plus c’est la même chose”, parce que notre très longue expérience de plus d’un demi-siècle des questions d’armement du temps passé nous a habitués à la répétition sans fin de cette même félonie de nos “alliés” anglo-saxons, et de la naïveté correspondante et confondante des Français, surtout depuis les années 1985-1990. Les exclamations de dépit de notre brillant ministre des affaires étrangères Le Drian apprenant la nouvelle par la presse il y a deux jours ont également quelque chose de confondant. Réveillé en sursaut, Le Drian a montré cette même naïveté qui confine à la niaiserie et à la nigauderie, et suggère notre conclusion immédiate qui concerne effectivement la surprise douloureuse (“Maman, bobo”) du ministre : décidément, ils ne comprendront jamais rien.
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21 septembre 2021 – Il est tout de même assez rare de voir et d’entendre des interviews qu’on pourrait croire de promotion d’un livre, et découvrant que cette parution est annoncée pour sept mois plus tard, ici pour le 5 avril 2022. Pourtant, c’est bien le cas de cette émission de la série ‘Going Underground’, de Afshin Rattansi, sur RT.com le 20 septembre 2021, accueillant le philosophe Slavoj Zizek que l'on connaît évidemment bien, pour son livre ‘Heaven in disorder’. Si vous allez par exemple sur l’infâme mais efficace ‘Amazon.fr’, – en tout bien, tout déshonneur, – vous avez confirmation que le livre paraît le 5 avril 2022 (en Europe et en France, et aux USA également). C'est dire, au fond, si on le juge tellement brûlant d'actualité qu'il faut le commenter aant qu'il ne paraise;
La présentation du livre nous dit ceci :
« Alors que nous sortons (mais peut-être seulement temporairement) de la pandémie, d'autres crises occupent le devant de la scène : inégalités scandaleuses, catastrophe climatique, réfugiés désespérés, tensions croissantes d'une nouvelle guerre froide. Le thème permanent de notre époque est un chaos incessant.
» Reconnaissant les possibilités de nouveaux départs dans de tels moments, Mao Zedong avait eu cette formule fameuse : “Il y a un grand désordre sous le paradis ; la situation est excellente”. La pertinence contemporaine de l’observation de Mao dépend de la question de savoir si les catastrophes d’aujourd'hui peuvent être un catalyseur de progrès ou si elles représentent désormais quelque chose de terrible et d'irrémédiable. Peut-être le désordre n'est-il plus sous le paradis, mais dans le paradis lui-même.
» Particulièrement riche en paradoxes et en renversements qui divertissent autant qu'ils éclairent, le nouveau livre de Slavoj Zizek traite avec la même profondeur d'analyse les leçons de ‘Rammstein’ et Corbyn, Morales et Orwell, Lénine et le Christ. Il déterre des vérités universelles à partir de sites politiques locaux en Palestine et au Chili, en France et au Kurdistan, et au-delà.
» ‘Heaven In Disorder’ examine avec une froideur féroce la fracture de la gauche, les promesses vides de la démocratie libérale et les compromis tièdes offerts par les puissants. Récit à propos des amas de cendres recueillies de ces échecs. »
18 septembre 2021 – Je ne sais qui a raison (!) entre cette réaction de dedefensa.org prenant totalement à la légère les conséquences géopolitiques formidables de l’alliance AUKUS et les innombrables commentaires et analyses sur la grande affaire “géopolitique” des sous-marins australiens, avec comme principale acquisition intellectuelle l’affirmation du ‘shift’ de la stratégie US de l’Europe vers l’Asie, de l’aire transatlantique et moyenne-orientale à l’aire du Pacifique et de ses chinoiseries... “Je ne sais”, voilà une forme d’introduction polie à laquelle tout lecteur avisé ne doit pas s’arrêter ; “Je ne sais” mais je sais bien ma conviction à cet égard, et c’est de cela que je veux parler.
Je mets d’abord dans ma réflexion, avant de passer au cœur du sujet, l’argument principal de cette analyse, qui est le “basculement” (‘shift’) d’une partie de la puissance US d’apparat, ou d’apparence. Cela est pour dire que, pour mon compte, il s’agit de communication et de rien d’autre d’une part, de l’acte d’une diplomatie et d’une stratégie primaires, sans la moindre réflexion pour la justifier d’autre part.
Je trouve la structure de cette observation bien illustrée par un extrait d’un article de l’ancien officier des Marines Joshua Lippincot, faisant actuellement des études de politique et de diplomatie pour sa position au Claremont Institute et qui plaide pour l’actuelle transformation des forces armées des USA en un système de milices locales, tel qu’il existait en 1776 et tel qu’il existe d’une certaine façon en Suisse :
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17 septembre 2021 – Je résume d’abord de mon intention qui peut paraître étrange et qui le paraîtra à certains j’en suis sûr, de tracer un parallèle tout aussi étrange, entre Woodward et Zemmour-en,-France...
D’abord parlons de l’Américain-américaniste en long et en large, avant d’en venir au parallèle – qui n’a strictement rien de politique, – avec le Français. Bob Woodward, repu de $millions et de succès littéraires (champion des bestsellers comme je suis champion des worstsellers) est un homme étrange, un homme aux mille visages ou bien un homme pour toutes les saisons ; mais certainement un personnage qui a sur sa fiche de conformité, les caractères du progressiste-sociétal bon teint des beaux quartiers de Washington, D.C.. Chaque livre qu’il publie est d’une part un succès assuré, d’autre part un panier de révélations souvent sensationnelles. On voit par ailleurs de quoi je veux parler pour l’édition 2021 des Woodward tri/quadri-annuel depuis ‘All the President’Men’, adapté en film par Redford, qui raconte l’enquête du Watergate avec soin collègue et pas-si-ami, Bernstein l’infortuné (parce qu’il n’eut jamais la fortune d’exploiter le filon politico-littéraire type-Woodward).
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14 septembre 2021 – Tout le monde connaît l’histoire-Zemmouresque, ainsi est-il inutile que j’en donne ma version, ni que j’en rajoute des détails, des saillies, etc., déjà vus ailleurs, – lors à quoi bon la rapporter à nouveau ? Il est vrai que les dieux, pour l’instant, veillent sur lui (candidat-ou-pas ? comme l’on disait de Belmondo : cascadeur ou acteur ? et il vous sortait ‘Léon Morin, prêtre’). Je veux dire par là que je ne serais pas plus étonné, comme le bruit tordu en cours, que la félonie censureuse et hypocrite de la CSA rejoigne les fils d’un complot mondain pour faire mousser Zemmour, le hausser à la taille d’un martyr soudain oint dans son indépendance de toute obligation professionnelle, c’est-à-dire fait libre et obligé (la liberté, c’est le choix contraint) de choisir sa voie, comme si la voie royale s’offrait à sa candidature...
”Comme cela”, se dit le petit Macron, toujours selon son opération ‘Petit-Patapon’, “leur camp sera divisé de l’impossible entente Marine-Zemmour”. “Oui mais”, répond quelque Jiminy-Criquet de la communication (com’ en good French), “Votre-Grâce se goure, elle se trouve privée de son adversaire favorite, et régulièrement distancée dans le sprint final”. Les instigateurs de ‘Petit-Patapon’ ripostent que les temps ont changé et qu’il faut en tenir compte, – cela dit énigmatiquement car ils ne savent, et moi non plus si j’ai ma petite idée, dans quel sens changent les temps. Cela est bien dit et c’est pourquoi j’arrête là mes supputations indignes à force d’être lassantes.
Par contre, quelle exposition dite-médiatique en a gagné le désormais Saint-Martyre Zemmour, qui prépare de multiples interviews pour son nouveau livre de guerre et sa propre chaîne Yutube (mais qu’en diraient les GAFAM, également censureurs [*] patentés ?), – et diverses autres initiatives, et notamment des grandes tournées nationales pour rassembler le peuple, et jusqu’à des virées internationales (invitation à Budapest acceptée). Entend-il faire une campagne “à-la-Trump” ? Battez le fer tant qu’il est chaud ! Sonnez, trompette et trumpettes !
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12 septembre 2021 – Je ne peux cacher une seconde que c’est le titre du livre de Cioran qui m’a inspiré, jusqu’à songer un instant à le citer tel que, pour en faire le titre de cette page : ‘De l’inconvénient d’être né’. Cioran faisait de ce constat une tare irréversible, un facteur essentiel de la nature même de son propos. Pour mon compte, ‘L’embarras d’être né’ marque plus un constat de circonstance : “De l’embarras d’être né” dans ce temps, qui s’est transformé en ces “temps-devenus-fous”, où je n’ai pas ma place, sinon celle d’un observateur précis, critique, ironique, impitoyable, mais surtout placé à bonne distance, avec toujours l’arme de l’inconnaissance à portée de la main, pour ne pas risquer d’être pris dans leur marigot qui, une fois effleuré, vous saisit et ne vous désenchaînera plus.
Mon “embarras d’être né” et d’avoir tenu jusqu’à ces “temps-devenus-fous” ne figure qu’un sentiment disons objectif et sans conséquence opérationnelle, sans un instant abdiquer ni capituler. Je reste au milieu de vous et de nous, avec vous et avec nous, sans plus rien reconnaître ni de vous ni de nous. Mais je n’abandonnerai personne, bien que ma position d’observateur de Sirius me le permettrais, car j’ai une mission qui m’oblige en même temps qu’elle m’honore. Quel paradoxe, dans de tels temps-devenus-fous, mais aussi quel signe de la résilience de l’“âme poétique”, de ressentir encore et toujours un devoir de mission qui se nomme obligation et un sentiment d’accomplissement qui se nomme “honneur”. Tout cela fonde ma liberté, dans une mesure inimaginable aujourd’hui, par comparaison à ce qui nous en est laissé.
C’est pourquoi, grâce à cette mission et grâce à cet honneur, je me sens absolument capable d’observer ces temps-devenus-fous, sans rien craindre pour moi. La mort saisira en moi un être qui jamais n’abandonna, tandis que ce qu’il reste de vie donne à cet être l’ardeur et même la jubilation de chercher et de trouver avec une sûreté complète les signes du renouveau de la Grande Santé (Nietzche en parlait bien, lui qui traîna toute sa vie de terribles maladies) ; et cette Grande Santé, paradoxe sans surprise, il la retrouve dans ce qu’il observe de la désintégration et de la chute irrémédiable d’une civilisation qui est la sienne.
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11 septembre 2021 – Il y a encore des bribes d’émotion chez certains lorsque, dans un de ces multi-talk shows des réseaux d’info, le meneur de jeu demande à ses invités (parmi ceux que j’ai vus, vous les connaissez bien, un Pierre Lellouche ou un Dominique de Montvallon) : vous rappelez-vous ce que vous faisiez le 11 septembre 2001, lorsque l’attaque eut lieu ? Il y eut de l’émotion dans l’air (« Nous sommes tous Américains »), pour quelques secondes précieuses comme des pépites qui sont des choses rares et coûteuses. Chacun témoigna qu’il avait été touché au cœur, deviné sur l’instant que “c’est la guerre”, compris qu’on basculait en un instant “dans une nouvelle époque”.
Si l’on m’avait posé la question, j’aurais répondu “J’étais en train de tondre la pelouse” ; et ce que je pensais lorsqu’on m’annonça la nouvelle : “Rien, sinon que les histoires de terrorisme ne m’amusent guère”. D’ailleurs, je l’ai déjà écrit et n’en retire pas un mot...
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10 septembre 2021 – Une “situation de notre effondrement” est pour mon compte une bonne mesure de santé mentale, une mesure sanitaire de notre jugement politique, une sorte de thermomètre de l’évolution de cette pathologie du désordre du monde dont nul vaccin dû à la Science auto-satisfaite des hommes ne viendra à bout. Tout cela est décrété sans hésiter dans mon chef puisque “effondrement” il y a comme j’en juge désormais sans la moindre restriction, et cet effondrement perçu justement comme un très-rarissime, sinon le seul fait ‘objectif’ qui s’impose à nous tous dans cette situation pourtant réputée comme un temps exclusivement de quasi-subjectivité.
(Ainsi verrait-on dans cette proposition qu’un sentiment subjectif, – le mien, – auquel l’esprit accorde tout son crédit peut convoquer un ‘fait objectif’ d’une colossale puissance.)
Même si c’est le seul ‘fait objectif’, on conviendra en effet aussitôt qu’il est de taille et qu’il règle, consciemment ou inconsciemment, toutes les subjectivité de tous les individus du monde. C’est notre mesure collective, à la fois le dernier signe, conscient ou inconscient je le répète, de la possibilité d’une cognition collective en même temps que la seule certitude de cette cognition collective, celle d’un effondrement qui est la fin de quelque chose d’absolument essentiel. Si vous voulez, le legs d’une universalité de cognition qui nous est donné par l’agonie de notre simulacre d’universalité.
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9 septembre 2021 – Révolution sémantique ! Minute triste également dans ces temps où, indignation et sarcasme épuisés, seule la tristesse du commentateur peut rendre compte de ce mélange de pure bêtise et de complète folie caractérisant notre temps ...
Nous avions le Complexe Militaro Industriel (CMI), l’acronyme majeur étant souvent accompagné ces dernières années de l’un ou l’autre ornement avec ses multiples variantes et ajouts que l’américanisme et l’américanisation nous offrent à profusion (Communications, Médias, Congrès, Hollywood)... Nous avons désormais le CRI, ou Complexe Racisme-Industriel ou Racism(o)-Industriel, intégrant le terme désormais universel de la folie raciste, racisée, antiraciste, etc.
J’ai hésité devant l’usage du suffixe “-o” qui est réalisé dans l’expression-mère de “Complexe Militaro-Industriel” venue du président Eisenhower. Mais les possibilités sont délicates et peu agréable à l’oreille, avec “racismo”, ou l’également possible mais pas mieux audible “racisto”,– ou comment traduire l’expression “racism-industrial complex”, je vous le demande... Je laisse cette grave question ouverte par l’emploi assez peureux et indécis de la parenthèse de Rasism(o), si l’un ou l’autre lecteur trouve une meilleure formule néologistisque à proposer...
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La campagne de dénonciation des conditions du retrait US d’Afghanistan, autant que de la décision de ce retrait, continue. Une intervention intéressante est celle de l’historien Victor David Hanson, actuellement Senior Fellow de la Hoover Institution. Sa critique, aussi bien lors d’un passage (vendredi 3 septembre) dans l’émission de soirée en prime time de Tucker Carlson sur Fox.News, que dans un article du 5 septembre pour le même réseau, suscite quelques commentaires dans la mesure où elle s’attache aux conditions régnant dans les forces armées US et surtout dans le commandement
« ... “Il y a quelque chose de terriblement mauvais... Il y a quelque chose qui ne va pas du tout avec notre armée", a déclaré Hanson à ‘Tucker Carlson Tonight’ sur Fox News.
» “Je ne sais pas si c’est parce qu’ils sont distraits à cause de leur wokenisme, alors qu'ils sont en train d’enquêter dans les forces pour éliminer les potentiels ... suprémacistes [blancs], ou s’ils sont simplement incompétents, ou s’ils sont trop préoccupés par les conditions de reclassement [après leur retraite, ou “post-carriérisme”] dans les conseils d’administration des grandes entreprises de l’industrie de défense. Enfin et quoi qu’il en soit, nous avons besoin d'une enquête bipartisane sur nos hauts gradés et le système, [parce que] c’est un échec systémique et que cela nous coûte très cher”... » [...]
« Le jour même de l'attaque qui a tué des soldats américains [à Kaboul], le Chief Sergent-Major de l’armée des États-Unis nous a rappelé dans un tweet que la diversité est notre force, en commémorant non pas les morts mais la Journée de l’Égalité de la Femme. Si c'est le cas, alors le contraire de la diversité, – l’unité, – est-il notre faiblesse ? Cette attitude wokeniste [de la diversité] nous permettra-t-elle [la prochaine fois] de ne pas abandonner la base aérienne de Bagram au milieu de la nuit et sans pression ennemie ? »
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04 septembre 2021 – Hier, en même temps que j’écrivais et mettais en ligne mon “cause première” premier du nom, le réseau Netflix mettait en ligne sa nouvelle série documentaire sur l’attaque du 11 septembre 2021, réalisée sans aucun doute pour “célébrer” la chose puisque nous arrivons à son 20e anniversaire : « Turning Point: 9/11 and the War on Terror ». Effectivement cette mise en ligne semble simultanée dans tous les pays couverts par Netflix, les USA mis donc à peu près sur le même calendrier que les autres ; il ne pourtant pas voir de signe particulier dans cette simultanéité, Netflix et moi....
(Voir ici ou là aux USA, notamment le 2 septembre 2021 et également le 2 septembre 2021, ce dernier avec ce titre : « Turning Point: 9/11 and the War on Terror: Netflix's sobering, harrowing series ».)
Je sais que le 20e anniversaire de cet événement et tout ce qui l’accompagne ne sont pas la principale préoccupation des Français qui sont en train de réaliser un nouveau-1789 autour de la cause vaccinale et anti-vaccinale. Pour autant et pour mon compte, je crois le sujet assez intéressant et d’une importance considérable pour y revenir et m’y attarder une fois de plus avant d’y revenir encore et encore tant je le crois également gros de grandes surprises à venir. Il est intéressant de constater, sorte de ‘reality-check’ pour moi si vous voulez, que le premier épisode de la série, après un très long prélude (15 minutes) consacré aux innombrables scènes catastrophiques et semées jusqu’à en être bouffies de lamentations sans fin de l’attaque dite 9/11, commence par des vues des forces soviétiques entrant en Afghanistan en décembre 1979.
(Suite)
03 septembre 2021 – La durabilité des effets de communication (la seule chose comptant vraiment aujourd’hui) de la déroute afghane des USA, du bloc-BAO, de l’Occident, est en soi un événement remarquable. Je veux dire par là que, pour ce cas, la rapidité du phénomène de “la distraction de l’attention”, – ce qui signifie passer d’un sujet au suivant à cause de la puissance évolutive de la communication pour passer d’un sujet au suivant, – a été complètement mise en déroute par la résilience des réactions. On peut ainsi apprécier qu’on se trouve devant un cas important, un événement durable à bien des égards (notamment les plus importants, passant inaperçus, – normal) ; c’est en soi un événement d’importance pour le Système qui fonde sa tyrannie sur la surpuissance, dans ce cas l’hyper-rapidité de la communication.
Il n’est certainement pas inutile, puisqu’il y a une durée qui permet une analyse, de rechercher les composants, c’est-à-dire les outils de cette durée. Plus avant se pose donc cette question : quels sont les aspects de la crise d’effondrement de l’Afghanistan-BAO qui font que la communication s’y attache sur la durée, sous la forme de commentaires, de débats, d’appréciations sur les causes & les conséquences, etc. ?
(Je mets à part la parole publique, officielle et bombastique des dirigeants politiques qui, eux, ont complètement dépassé le stade et sont déjà sur d’autres sujets où ils brûlent de manifester l’indigence de leur dialectique et l’impuissance de leurs actes, — une façon d’exister malgré tout, pour eux.)
(Suite)
J’avoue que je préfère le vieux Dumas à la triste “guerre” d’Afghanistan, et Athos au général Pitt-McMahan. Cela est pour dire la piètre estime dans laquelle je tiens cette affaire, cette sorte de “Les Pieds-Nickelés en Afghanistan”, cette agitation indécente dont on rirait si elle n’était si tragique et encombrée de tant de souffrance que plus personne se sait où est passée la justice. Toutes ces choses sont bien connues, y compris la narrative, ou disons les narrative tant il y en eut, tournant autour du même thème, – lui, par contre, toujours le même, savoir que cette guerre est “absurde”, ou bien “ingagnable”, etc... Ce qu’elle fut, ce qu’elle est, ce qu’elle restera.
Curieux, du reste : les Américains ont imaginé une “sortie” exactement semblable, dans l’esprit, – mais certes pas dans les mêmes conditions, – à celle des Soviétiques en avril 1989. La sortie, hier, c’est la photo du dernier soldat embarquant dans le dernier C-17 de l’USAF, et cela tweeté :
« Le dernier soldat américain à quitter l’Afghanistan: le Major Général Chris Donahue, général commandant la @82ndABNDiv, @18airbornecorps, embarque à bord d’un C-17 de l’@usairforce, le 30 août 2021, mettant un terme à la mission US à Kaboul. »
(Suite)
30 août 2021 – Voilà sans aucun doute une cause d’une peine profonde qui ressort parfois et s’empare de moi, avant de le céder à la confusion et à l’interrogation. Cela ne dure qu’un instant, mais cela dure pourtant et cela se répète. Je parle de ce que j’ai entendu, ou plutôt devrais-je dire “de ce que je n’ai pas entendu”, venu de la France à propos de l’Afghanistan, puis qui enfin a commencé à se dire.
Mais voyons cela d’un peu plus près.
De quoi parle-t-on ? Des risques de terrorisme à partir de l’Afghanistan ? De la “poussée migratoire” probable ? Des droits de l’homme (et de la femme, certes) face aux néo-talibans ? D’autres n’hésitent pas à prêcher dans le “désert français”, ou bien dans le “désert occidental”, comme fait madame Chantal Delsol, pour laquelle j’avais une belle considération, et qui nous chapitre, et dont je découvre qu’elle est peut-être sur une autre planète que la mienne...
(Suite)
29 août 2021 – On n’en a pas fini, et on n’en aura pas fini avant longtemps d’analyser cette “guerre” d’Afghanistan (les guillemets suggère ce que j’en pense), l’échec qui l’a caractérisée tout au long des opérations, et la catastrophe qui l’a conclue à ce stade de la séquence. Pour suivre sans trop s’ennuyer, et sortir, et hausser chacun de nos esprits, toujours menacé d’anesthésie, il faut chercher quelques commentateurs originaux ; il nous faut du “hors des sentiers battus”. William S. Lind est l’un de ceux-là, on peut le suivre sans craindre de se faire agresser.
On a déjà parlé de Lind sur ce site, assez souvent à une époque, moins (mais à peine, après tout) depuis qu’il s’est largement retiré du monde de la communication tout en maintenant une chronique régulière sur le site où on le retrouve, qui fait un clin d’oeil aux traditionnalistes. C’est un spécialiste de l’histoire et de la technique des conflits, fameux surtout pour ses thèses sur la Guerre de Quatrième Génération (G4G) avec ses rapports avec les modèles des États faillis ; mais également, dans un mode plus spécifiquement historien, très intéressé par la Grande Guerre et attentif à mettre en évidence le rôle fondamental de la France bien souvent minoré et dédaigné par les historiens anglo-saxons suivant le train britannique qui attribue bien évidemment l’essentiel de la vertu opérationnelle et la gloire guerrière à l’armée de Sa Majesté.
Ci-dessous et pour mieux nous rappeler de lui, un extrait d’une présentation d’un texte de Lind, sous le titre général de « Vision de William S. Lind ». On y retrouve d’autres références plus lointaines de Lind sur notre site :
(Suite)
27 août 2021 – Depuis hier, les événements se sont accélérés en Afghanistan, autour de l’aéroport de Kaboul. Désormais et il était temps, tout le monde en parle en tentant de se dégager des préoccupations immédiates et étroites ; et même si c’est pour souvent dire des sornettes, les choses au moins entrent dans les esprits pour les avertir qu’il s’agit d’un point de bascule, un point de rupture important. Plutôt dans un ordre contraire d’ailleurs :un point de rupture qui est aussi point de bascule, et point essentiel, fondamental, je dirais “civilisationnel” dans ses effets en cascade à attendre, mais très vite, dans le sens de l’effondrement d’une civilisation, – eh, la nôtre, certes !
Sur cette perspective, on verra par ailleurs et très vite, pour en dire ce qu’on en peut tenter de penser, et donc d’en dire avec précaution mais sur un bien plus vaste champ que celui de l’aéroport de Kaboul tout de même. Pour l’immédiat, hors de cette sorte de commentaires plus ambitieux, je m’attacherais à donner quelques indications impliquant des actes immédiats et surtout le climat où les choses évoluent à une rapidité confondante. Le système de la communication est là, dans toute sa puissance, pour nous presser comme jamais.
(Suite)
26 août 2021 – Pour moi, John Pilger est une gloire de notre temps, une vraie, et par conséquent gloire fort embarrassante pour nos élitesSystème. Son existence même, ses actes, ses engagements sont une pure et constante dénonciation de l’infamie. Ce chroniqueur-samizdat, inlassable défenseur d’Assange, fait partie de cette série transnationale, indépendante, volontiers progressiste dans un sens très inédit du mot puisqu’ennemie principale de tous les zombies en place du progressisme-sociétal que soutiennent le grand capitalisme postmoderne et les politiciens globalisés qui vont avec, et bien sûr ennemie central du DeepState, du Pentagone, de la CIA... Pilger est un ennemi du Système et un antiSystème sans fioritures.
Voulez-vous un examen plus approfondi de cet homme ? Allez voir son interview repris le 29 novembre 2019 dans ce Journal.dde-crisis. Je l’avais présenté en quelques paragraphes. J’en reprends quelques lignes ici, d’accès plus direct qu’en revenant à la page en question.
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