Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
22 septembre 2020 – Sans rire, je suis fier de mes petites plumes françaises... Avant, un peu condescendant, on parlait des “petites mains”, aujourd’hui ce sont les ‘petites plumes’ de notre scintillante presseSystème.
Savez-vous que nos petits-salons comme-il-faut frémissent pour Navalny ? C’est le vrai John Wayne de la Neva, le White Lives Matter de notre Armageddon conduit avec une conscience très correctement politique contre l’inacceptable et insupportable Poutine. Deux exemples très récents, de la même publication qui est le quotidien Le Figaro dont la réputation de sérieux et de référentiel n’est plus à faire, méritent notre attention d’un instant par leur caractère d’exemplarité, – et je vous les soumets pour cette raison. Vous pourrez ainsi méditer sur les sommets de la zombifurcation que tous nos commentateurs agréés gravissent avec entrain.
• Le 7 septembre 2020, un texte titré « Avec l’affaire Navalny, la Russie se tire une balle dans le pied ». Il nous est expliqué combien cette affaire est invraisemblable, absurde, du point de vue de l’auteur du crime (Poutine, Who Else ?). En chemin, on commente : « C’est Ubu. Il est extrêmement difficile de bâtir un scénario rationnel qui expliquerait ce crime. » Et, après avoir examiné tout en détails, et confirmé combien tout cela montre une grande stupidité, une affreuse maladresse, etc., confirmant aussitôt le jugement de “combien cette affaire est invraisemblable, absurde, du point de vue de l’auteur du crime (Poutine, Who Else ?)”, on termine par cette citation définitive qui fait frissonner nos petits-marquis :
« Face à l’empoisonnement de Navalny, on a envie de reprendre le mot de Boulay de la Meurthe sur l’exécution du duc d’Enghien par Bonaparte. “C’est pire qu’un crime, c’est une faute.” »
(Suite)
21 septembre 2020 – C’est devenu une règle de cette époque tournée vers un futur technologiquement et moralement radieux, d’être absolument sans aucune vision réaliste, concrète, concevable, de l’avenir. Ainsi, chacun des deux partis du ‘monde en place’ (voyez que je ne dis même pas ‘ancien monde’ ou ‘vieux monde’, montrant ainsi mon mépris sans fin pour les besogneux puants de la com’), chacun qui argumente sur son extraordinaire vision et sa capacité progressiste infinie, tournée vers le futur, ‘chacun des deux partis’ dis-je choisit pour seuls arguments irrésistibles pour soi-même, pour ‘son propre parti de soi-même’, la dénonciation des travers innombrables du parti adverse, interdisant à ce parti adverse de jamais prétendre à représenter l’issue glorieuse de cette Grande Crise non-autorisée et à peine reconnue comme telle.
Ils ne voient le ‘futur radieux’ que dans leur opposition à ce qu’ils pensent que sont leurs adversaires. Ils ne savent rien de l’avenir et ne parlent que du futur. (Car, vous l’avez noté, le ‘futur’ n’est certes pas ‘l’avenir’). Le Système les rend fous.
Les deux partis trouvent leurs seules vertus dans l’infinie accumulation des vices de l’autre. Comme si l’avenir avait le choix pour un voyage organisé soit pour Charybde, soit pour Scylla, comme si les espérances devaient choisir entre la défécation urgente et les selles extrêmement liquides, toutes deux puantes sur les trottoirs des rues de San Francisco.
(Suite)
16 septembre 2020 – Nul ne sait si Joe Biden sera élu mais tout le monde sait déjà qu’il s’agira de la plus grande création d’un événement de cette sorte, entièrement tourné en Technicolor et colorisé en téléréalité. L’affaire se jouera autour d’une question à $64 000 : “Mais au fait, c’est l’Administration de qui ?”. Le consultant politique et analyste, spécialiste conservateur des médias sociaux, Nick Short, s’interroge candidement par tweet interposé :
« Alors, est-ce une Administration Biden-Harris, ou une Administration Obama-Biden, ou une Administration Harris-Biden ? » Et pourquoi pas une administration Clinton-Obama-Harris-Biden, avec deux ou trois vice-présidents, un certificat de diversité et un groupement de soutien et de donation spontanée ‘Vice-President Lives Matter’ ?
Le même Nick Short tweete par ailleurs, pour mettre du beurre dans les épinards et pour que les choses soient claires pour nous tous, rassemblés autour du pow-wow USA2020qui désigne d’un doigt rythmé l’Ennemi qui fomente l’affaire : « The Black Futures Lab, une société appartenant à la fondatrice de ‘Black Lives Matter’, est sponsorisée par la ‘Chinese Progressive Association’ (CPA), une organisation qui travaille avec le gouvernement communiste chinois pour faire avancer son programme d’influence aux USA. »
(Suite)
16 septembre 2020 – “Le monstre”, ce sont les Etats-Unis dans cet état de fusion où l’on les voit, alors que le reste du monde recompte ses masques et attend avec sagesse le nouvel “équilibre des forces” et l’installation de relations internationales dignes de la globalisation. Lorsque je dis “en fusion”, il s’agit de bien plus que d’une image : la situation des incendies en Californie et surtout dans l’État de l’Oregon, où se situe un des épicentres de la révolte (Portland), nous restitue une image digne de L’Enfer de Dante, dans sa Divine Comédie. (Avec en plus, cerise sur le gâteau, les accusations nombreuses mettant en cause des Antifas/BLM comme incendiaires de forêts, à partir de constats troublants.) Ne voit-on pas que là, dans le grondement de l’incendie cosmique des Etats-Unis, que là se joue le sort du monde ? La “société du spectacle”, dites-vous ? Nous en sommes au terme, avec comme représentation sur une scène d’une dimension inégalée, leur Crépuscule des dieux.
Vous voyez combien mes images-références, – Dante, Wagner, – nous renvoient à notre glorieux passé que nous voudrions tant défigurer pour lui appliquer la chirurgie esthétique et plastique de notre simulacre. Si nous voulons défigurer notre passé, et le remodeler, modèle-LGTBQ2020, c’est que nous ne supportons plus son regard porté sur les ruines du monde qu’est devenue notre époque, et dont nous sommes comptables, quoi qu’il en soit... Mais l’Amérique, certes ! Mettre en cause l’Amérique !
Comment y comprendre quelque chose, là où il n’y a rien d’objectif à expliquer, là où le sentiment-sensiblerie écrase tout, à l’image de leur American Dream, cette machine à broyer la pensée et à pulvériser le cara ctère ? Ainsi ai-je voulu fixer un peu mieux mon attitude vis-à-vis de cette crise, selon des normes évidemment subjectives, mais d’une subjectivité qui pourrait être également, et même d’abord, celle de l’intuition. On verra...
(Suite)
9 septembre 2020 – Arrêtons-nous un peu, voulez-vous ? J’ai l’âge de proposer une de ces lubies du grand âge, d’autant que je traîne le poids de sept vies. Je suis un de ces migrants dont nul ne sait la cause, ni l’infinie souffrance : un migrant qui est aussi un déraciné dont les racines ont été tranchées comme la guillotine abrège les choses, ou bien arrachées je ne sais, mais je suis sûr que cela est sans espoir de retour car leurs dépouilles sont dispersées à jamais. La vérité est que, dans mon cas où l’histoire a statué et ordonné, je ne suis pas un migrant car je suis un errant.
J’ai appris à ne pas geindre de cette condition et je n’ai que mépris pour cette époque notamment dite-‘victimaire’, d’inversion et de détestation de soi, de culpabilisation, de prostitution de souffrances qui vous ont été données en legs, que vous n’avez pas subies mais que vous faites fructifier comme un bon placement en bourse. J’admire le zèle friqué de tous ces humanoïdes de l’humanisme, qui affirment leur mépris vis-à-vis du capitalisme tout en en profitant grandement, qui transforment en un beau portefeuille d’actions boursières leur vertu révolutionnaire, humaniste, voire ‘racisée’ pour qui hume de loin comme ils font avec leur nez fin, La couleur de l’argent.
Je suis un migrant sans passé et condamné à errer, sans narrative du moindre intérêt pour les associations subventionnée et les plateaux des talk-shows. Mes racines ont été sectionnées net par l’histoire, ce qui m’a poussé à me réfugier un peu plus haut, question d’air pur, dans l’Histoire (la métaHistoire). Ce sont des mots et des choix qu’on ne comprend plus ni n’entend pas plus d’ailleurs, – je parle de cet aujourd’hui, – parce que le bruit qui domine est celui des geignements agressifs de leur effondrement. Sachez bien qu’à propos de cet effondrement, j’éprouve une triste satisfaction, une ironique lassitude et un mépris indifférent et fatigué. Voyez-vous, ce qui me fait encore vivre, c’est la vivacité des souffrances de ces racines séparées et qui ne cessent de saigner de leur mort pourtant accomplie ; ce qui me fait encore vivre, c’est ce qu’ils ont tué en moi.
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5 septembre 2020 – Je ne cacherais pas que le rôle des SR britanniques (MI5 pour la sécurité intérieure, MI6 pour le renseignement extérieur) ces quinze-20 dernières années, et surtout sinon essentiellement leur rôle dans les coups fourrés au Moyen-Orient et contre les Russes notamment, – false-flag, hoax, ‘révolutions de couleur’ et autres spécialités culinaires, – a souvent attiré mon attention et provoqué un certain étonnement, voire de la déception. Cette fois c’est-à-dire une fois encore, avec le cas Navalny-Novichok, la bande MI5-MI6, même si pas directement impliquée, est présente comme inspiratrice dans un de ces montages dont on a vu qu’ils épuisent les « narrativologues » par leur grossièreté, leur amateurisme brutal.
“Étonnement, voire déception”, ai-je écrit, parce que j’avais pour ces ‘services’ une assez haute estime, disons professionnelle, je veux dire pour leurs capacités professionnelles. Aujourd’hui, ils travaillent comme des cochons, sans souci de l’art et de la finesse, en traficotant des coups gros comme des maisons et comme le nez au milieu du visage de Tony Blair.
... Car, bien entendu, ce n’est pas un hasard mais un artifice de transition, si je cite le nom du frétillant Tony.
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4 septembre 2020 – Le bien-connu ‘b’ de MoonofAlabama (MoA) commença son texte du 2 septembre (3 septembre 2020 sur le Sakerfrancophone) par cette exclamation suivie de quelques considérations à la volée toutes marquées du sceau de la dérision stupéfaite et de l’ironie fatiguée :
« Waouh ! a été ma première réaction quand j’ai lu ceci. Ils n’auraient pas pu inventer une histoire plus crédible ?
» “Le gouvernement allemand affirme que les tests effectués sur des échantillons prélevés sur le dirigeant de l'opposition russe, Alexei Navalny, ont montré la présence de l'agent neurotoxique de l'ère soviétique, le Novichok. [...]
» “Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a déclaré mercredi que les tests effectués par un laboratoire militaire allemand spécial avaient montré la présence d'un ‘agent chimique neurotoxique du groupe Novichok’.
» “Le Novichok, un agent neurotoxique de l'ère soviétique, a été utilisé pour empoisonner un ancien espion russe, Sergei Skripal, et sa fille en Grande-Bretagne. Il s'agit d'un inhibiteur de la cholinestérase, qui fait partie de la classe de substances que les médecins de l’hôpital de la Charité ont initialement identifiées sur Navalny.”
» C’est marrant comme le Novichok, “le plus mortel” des poisons, de “nature militaire”, ne tue jamais personne.
» Au fait, où sont les Skripals ? Navalny va-t-il maintenant disparaître, comme eux ?
» D’autres questions pourraient être posées – mais personne n’y répondra... »
(Suite)
2 septembre 2020 – Il revient à Finkielkraut pour son compte d’avoir constaté, d’avoir fait le constat et dit en quelques mots la nouvelle situation de notre compréhension des événements du monde. Je reviens donc sur mon sujet d’hier tant il me plaît, tant il me paraît inépuisable, tant il me paraît fondamental, tant il rejoint finalement les conceptions, les orientations et la dynamique de ce site, notre-site à vous et à moi. A partir de lui (du sujet d’hier),vous pouvez tout embrasser de cette folle époque marquée sur son avers, ou bien est-ce sur son revers, du signe du maléfice et du démon.
Je poursuis ma réflexion, à partir du constat d’hier rapportant le « constat de Finkielkraut », mais hier sans en mesurer toutes les implications. Le temps, même les heures, fait son œuvre pour la réflexion, et il faut constater qu’il le fait si vite, avec une telle vivacité de vif-argent. Le temps va, c’est la logique même, à la vitesse des événements dont Finkielkraut nous dit qu’il faut en faire une épreuve pour la pensée.
(La citation complète, pour rappel : « Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueilli les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... »)
(Suite)
1er septembre 2020 – Le 31 août de l’an 2020, le philosophe et Académicien Alain Finkielkraut, qui participait à sa première émission de chroniqueur sur le réseau LCI, dans l’émission dite-24 Heures de David Poujadas (une demi-heure chaque lundi à 19H00), déclara en guise d’introduction, et pour expliquer son acceptation d’être dans une émission régulière de commentaire de l’actualité :
« Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueillir les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... »
Ce jugement, comme je l’ai entendu, ne m’a pas du tout paru être, pas une seule seconde, un abaissement du philosophe, descendant de la “grande question”. Tout au contraire, il s’agit d’une chose qui m’est chère, qui est un constat, qui est celui de la reconnaissance de l’essence métaphysique des événements de l’en-cours. En quelque sorte, dirait le chroniqueur cynique des salons parisiens, “la métaphysique descend dans la rue” ; ce à quoi je lui répondrais aussitôt et sans faiblir : “Par les événements qui s’y déroulent, la rue se hausse au rang de la métaphysique”. C’est donc bien le devoir du philosophe de prendre son poste de sentinelle à l’affut de l’intuition qui l’éclairera sur la signification et par conséquent sur le sens de ces événements.
(Suite)
31 août 2020 – Les lecteurs de notre site fameux savent bien que nous éprouvons, disons une certaine tendresse bienveillante pour le site de la IVème Internationale (trotskiste), WSWS.org. Ce sentiment n’est pas gratuit ni infondé sur de la solide matière : WSWS.org a montré depuis longtemps une réelle capacité d’analyse, dans sa façon de tenir compte d’arguments divers, de faits précis et parfois inattendus ; bref, n’être pas du tout d’accord avec l’idéologie qu’il vénère (ce qui est évidemment mon cas) n’empêche en aucune façon de lui reconnaître loyalement de réelles capacités dans l’exploration de la marche du monde, – et, certes, nous l’avons souvent signalé et aussi souvent utilisé en référence.
Tenez, encore le 16 juin dernier, alors qu’on était au début du grand déferlement dans les rues des grandes cités américanistes, engagés dans le tourbillon mortel de cette “guerre civile-GC4G”, ces observations de notre part :
« Le site WSWS.org confirme une analyse qui est parfaitement la nôtre pour ce cas, qui est de dénoncer l’attitude du Système en faveur du thème de l’antiracisme, qui permet d’écarter la mise en cause fondamentale (antiSystème) ; évidemment, pour WSWS.org, la “cause fondamentale” est plutôt l’appel au socialisme (le trotskisme), et à ce point nos chemins divergent comme on s’en doute, et sans que cela nous bouleverse outre-mesure puisque nous tenons le trotskisme pour une très-vieille lune. Ce qui nous intéresse, c’est la rigueur du raisonnement du site trotskiste. [...]
» Un peu plus loin dans le même article, le site trotskiste avance des remarques, voire des faits qui renforcent son analyse selon laquelle il s’agit moins de racisme que de contestation globale contre le Système (ce que nous nommons entre nous, sans trop le dire à WSWS.org, antiSystème). Il note l’importance considérable de la population blanche dans les manifestations qui ont été provoquées par la mort de George Floyd, et essentiellement montées par le groupe Black Lives Matter (BLM). »
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29 août 2020 – Nos lecteurs ont déjà lu divers textes où est citée la commentatrice et auteure Diana Johnstone, ou bien où sont commentées certaines de ses positions. J’ai rencontré Diana Johnstone à deux reprises, disons que nos chemins se sont croisés dans les longues marches de la dissidence antiSystème de cette formidable et terrible époque. Elle fut une des meilleures commentatrices des sanglants événements de l’ex-Yougoslavie dans les années 1990, surtout dans la deuxième période de la décennie et l’épouvantable guerre du Kosovo, la première guerre virtuelle, le premier simulacre sanglant et puant de notre civilisation, criblée de mensonges et de manipulations, de constructionnisme maléfique et de moraline “démocrorompue”.
(“démocrorompue” : guillements acceptables pour la réunion de deux mots si jumeaux, tellement l’un-vaut-l’autre & Cie, – “démocratie” et “corrompue” [venue en droite ligne, sans correspondance, de “corruption”])..
La caractéristique principale de Johnstone, dissidente antiSystème de longue date et de belle tradition, est son véritable ancrage à gauche, sans ambiguïté possible, mais accompagnant en toute honnêteté et complète objectivité l’attitude extrêmement rare de ce que je pourrais nommer “la doctrine de l’ennemi principal” : vous, esprit indépendant honnête et lucide, que vous soyez de gauche ou de droite, que vous divergiez sur tel ou tel sujet, même d’une certaine importance certes, mais parce que vous êtes honnête puisqu’indépendant, parce que vous avez une conscience aiguisée des priorités fondamentales puisque lucide, alors vous devez vous unir contre “l’ennemi principal”, – et dans ce cas, le Système certes.
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28 août 2020 – La situation aux USA est extraordinairement confuse, chaotique et tendue jusqu’à un paroxysme mythique qu’elle semble toujours parvenir à aggraver et à recommencer, encore et encore, au moment de l’atteindre. Avec les émeutes de Kenosha, dans le Wisconsin, un tournant a eu lieu, un paroxysme de plus. Tom Luongo écrit : « C’est un moment de rupture où les Américains normaux concluent finalement : “Ça suffit, cela ne peut pas continuer comme ça”. »
Même CNN, la ‘tête parlante’ des démocrates et le ‘cerveau manquant’ au pauvre Biden, avertit les uns et l’autre (démocrates et Biden), dans le chef de son présentateur vedette Don Lemon, que tout ce beau monde révolutionnaire et postmoderne se trouve désormais dans ce qui ressemble à s’y méprendre à une bien fâcheuse posture en ne dénonçant pas ces violences comme il est désormais de bonne politique de le faire. Les sondages disent la même chose, qui condamnent les violences et réduisent l’avance de Biden-dans-son-bunker.
Mais comment condamner ceux qu’on a lancés dans la mêlée et sur lesquels on compte (ou l’on s’illusionne) pour s’attirer les votes de la gauche progressiste (les “Sander’s troops”) et des minorités ? C’est dire la difficulté de répondre : le pauvre Biden-dans-son-bunker en est à accuser Trump de favoriser les violences.
Les démocrates ne sont plus très loin du panic mode face à un Trump hyper-offensif. Il faut entendre les affirmations époustouflantes de Nancy Pelosi, déniant la moindre légitimation de président à Trump, et des commentateurs de la presseSystème (“Trump, le président qui a menti 20 000 fois”) ; tout ce toutim d’arguments forcés et grotesques pour éviter les débats télévisés Biden-Trump où l’état mental terrible du vieux démocrate ne manquerait pas de lui faire perdre quelques points supplémentaires. Ainsi l’élection se resserre singulièrement et l’on passe peu à peu d’une perspective de victoire assurée de Biden à la perspective d’une bataille serrée débouchant sur d’interminables querelles juridiques, et un blocage complet des institutions... Le pire des scénarios.
Or, ce qui est remarquable dans cette situation où tous les efforts de l’administration Trump devraient être tendus vers la situation intérieure, c’est que les USA continuent à développer une politique extérieure active qui ne prétend même pas à assurer une diversion. La machine infernale de la politiqueSystème, que Caitline Johnstone décrit comme un python qui étouffe sa proie plus que comme un tigre qui la dévore, continue à tourner à plein régime. Les Chinois s’en aperçoivent en Mer de la Chine du Sud et les Russes en Syrie, où les incidents approchent dangereusement à l’affrontement, autant que sur tous les fronts des sanctions et des pressions de toutes sortes.
Les “alliés” européens ne sont pas mieux traités. Tom Luongo juge que Trump a juré de détruire l’Union Européenne, à commencer par l’Allemagne : « ...[L]a méfiance croissante de Trump à l'égard de l'UE et la résurgence d'Angela Merkel en Allemagne, dont il sait qu’elle s’oppose activement à sa réélection. Il n’y a aucun amour entre ces deux-là, et Trump a clairement désigné Merkel comme son plus grand ennemi en Europe. » Et lorsque les Français et les Italiens interviennent dans une manœuvre navale en soutien de la Grèce menacée par la Turquie pour des questions d’exploitation de gisements d’énergie, nul ne peut ignorer que les USA soutiennent clairement quoique sans trop le clamer les ambitions d’Erdogan, simplement pour contrer l'UE. Entre “alliés” de l’OTAN, on peut se rendre des petits services, n’est-ce pas ? Joies sans fin de l’alliance, particulièrement pour les Européens dont on connaît l’esprit de cohérence et le courage confinant à l’héroïsme.
Par ailleurs et sans la moindre surprise, – drôles d’Européens, comme on dit “drôle de guerre”, – pas drôle du tout... Après avoir fait force sourires et ouvertures à Poutine (NordStream 2, équilibre stratégique, etc.) en traçant des plans sur la comète, puis avoir demandé à Poutine de calmer le jeu en Biélorussie, sorte d’Objet Crisique Non Identifié (“révolution de couleur” ? Tour de vis du dictateur ou dégagement du dictateur ? Coup d ‘épée dans l’eau ? Renversement d’absence d’alliance ?) ; après tout cela donc, Allemands et Français sautent sur la très confuse affaire Navalny pour à nouveau faire une nième leçon de moraline-express mais très-pressante à l’intention de Poutine, à partir d’un dossier comme toujours fondé sur des accusations sans preuves et cousues de FakeNews.
Les Russes et les Chinois, de ce point de vue, sont depuis longtemps dans un grand état de mépris chronique sans irritation excessive vis-à-vis des Européens de l’UE et ils se cachent à peine pour préparer ce qui serait une aide militaire substantielle à l’Iran (on parle de $400 milliards de crédit de la part de la Chine, de la modernisation du système de défense aérienne et de S-400 de la part de la Russie). Cela se ferait éventuellement dès que l’embargo sur les armes que les USA voulaient à tout prix sera levé, à partir d’octobre, suite au départ unilatéral de ces mêmes USA du JCPOA.
Trump-Pompeo ont subi au Conseil de Sécurité de l’ONU une fameuse défaite en voyant leur proposition de résolution prolongeant l’embargo être rejetée (2 voix pour seulement sur 15), y compris par les Européens en pleine crise d’audacieuse abstention. La trompeuse apparence ferait donc penser que les Européens n’ont rien à redire à cette éventuelle démarche russo-chinoise de donner à l’Iran des moyens de défense contre les constantes menaces USA-Israël. Il n’en est à peu près rien ; au contraire sans doute, les Européens sont très inquiets et le chuchotent à qui de droit (aux Russes et aux Chinois qui n’ont rien à leur refuser, on s’en doute...). Ils veulent bien une levée théorique de l’embargo pour “adresser un message à Washington D.C.” mais surtout pas de livraisons qui accentueraient l’ire de Washington D.C. Les Européens ne changeront jamais dans les conditions présentes, où la pusillanimité et la lâcheté mondaine font figure de vertus postmodernes.
En effet et par ailleurs, les Européens ne se cachent pas pour faire comprendre qu’ils attendent, espèrent et pronostiquent une défaite retentissante de Trump et un retour à une Grande Politique de Soumission Volontaire & Transatlantique par le biais du rétablissement d’un comportement ‘convenable’, – avec le départ de Trump, – bon débarras, retour aux vieilles habitudes. Ce en quoi, bien entendu, ils se trompent, sans étonner vraiment les regards impartiaux.
D’abord, comme on l’a vu, Trump est loin d’être dégagé et reprendrait plutôt des couleurs pour un second mandat ; mais il ne semble pas que les experts et dirigeants européens s’intéressent vraiment aux réalités intérieures américanistes. Ensuite, si le sémillant Biden-dans-son-bunker est élu, on aura une marionnette poussive et épuisée, très vite remplacée par une dame flamboyante qui brûle de donner des gages à sa gauche ultra-militante et de rester dans l’histoire comme “la première femme de couleur présidente” ayant transmuté les USA en USSA.
Quant à la politique extérieure de cette improbable doublette, autant la future présidente que Biden sont des pro-israéliens convaincus, et tout prêts à laisser libre cours à l’installation aux commandes d’influence des neocons, phénix éternels qui ne meurent jamais et sont aux aguets pour enfin donner un peu de nerf belliqueux à cette politique capitularde de Trump. Nous prendrions même le pari : un Biden élu ne ramènerait jamais les USA dans le JCPOA avec l’Iran, bien qu’il ait été vice-président de l’administration qui le mit en place et que son programme prévoit cet acte : les temps ont changé et ce qui est fait est fait, surtout si cela plaît à Israël, – à moins que Netanyahou connaissent d’ici là, sa propre “révolution de couleur”, barbouillée de l’intérieur, par des citoyens exaspérés par sa corruption, – Israël à l’imitation du grand frère-USA....
Au-dessus de tout cela planent l’ombre glaciale et glaçante, et bien entendu masquée réglementairement, de Covid19, accompagné en formation serrée d’une crise économique, sociale et financière d’une dimension “biblique” (c’est le qualificatif généralement affectionné). On y ajoutera les agitations des globalistes avec leurs complots divers ; les projets des postmodernes et dérangés-mabouls, les ‘milliardaires avec un fric de dingue’, Gates, Musk & Co ; les GAFA’s boys/girls avec leur Intelligence Artificielle à défaut du produit naturel ; la banquise qui fond, qui fond, qui fond,– “Ainsi font, font, font les jo-olies-euh marionnettes”...
Ainsi ce bref et succinct Tour Operator vous permet-il de mesurer combien toutes les issues de secours sont bloquées, verrouillées et scellées, tandis que l’impasse s’est renforcée d’un statut officiel de “voie sans issue”... D’ailleurs, à quoi bon spéculer ? D’ici là, USA ou USSA, tout cela n’existera plus, non ?
Il n’y a rien de précis, rien de droit, rien de net et d’assuré, rien d’évident dans tout cela, dans ce cortège dont on ne comprend pas le sens ni dans quel sens il va, dont on ne voit ni le début ni la fin puisqu’on ne sait pas où se trouve le début et où se trouve la fin, dont on tente en vain de comprendre la raison d’être, et s’il a raison d’être, s’il ne ferait pas mieux de ne pas être, et finalement voilà que tout cela c’est nous... La caravane passe et les chiens n’aboient même pas, ne reconnaissant nullement là-dedans quoi que ce soit qui ressemblât à une caravane ; et plutôt qu’aboyer, après tout, les chiens tournent fous en se mordant la queue, se demandant ce qui a foudroyé et fourvoyé les hommes, leurs soi-disant ‘maîtres’, pour les mettre dans une telle occurrence où même un cercle ne semble jamais devoir finir, comme un cercle sans fin, comme un univers en expansion sans limitation de vitesse, un peu comme le sont devenues vanité et suffisance, et notre si-précieux hybris, ces traits de notre-caractère qui semblent promis à l’éternité.
Vous comprenez alors comment on peut voir une promesse dans le crépuscule tombant sur cette partie de dupes jouée par des dieux sans divertissement et pressés d’en finir... “Passons à autre chose” conclut l’un d’eux, je ne sais qui.
23 août 2020 – Confinés et déconfits, déconfinés et reconfits, satisfactions et accusations, démentis, espérances et espoirs déçus, reconfinés ou pas complètement, par saucissonnage des couleurs (zones rouge-orange-vert, arc-en ciel du temps), rentrée scolaire ou non, valse des Grands Professeurs, des chefs de service et des chefs-soignants, des mandarins et des malandrins échangeant horions et serments d’Hippocrate, nécessité pour “les jeunes” de clamer leur besoin de liberté à distance de sécurité non respectée, avalanche de théories, de soupçons et de certitudes, matches sans publics ni mi-temps, temps des complots et des conspirations, complotisme et conspirationnisme réunis jusqu’à l’explication banale et explosive de l’extraordinaire et sublime, et cosmique sottise des gouvernants-Système et des gouvernements à mesure devant la catastrophe dont ils ont accouchés avec zèle. Le jour où ils mirent le doigt dans l’engrenage...
(Lisez cet article de Jeffrey Tucker sur leur sottise, et notamment ceci comme emblématique de l’esprit abandonné de toute mesure pour croire à sa seule suffisance, perdu dans sa propre folie qui les aveugle sur sa propre incongruité : « L’Australie, à sa façon, a créé un slogan dystopique pour caractériser sa campagne “Staying apart keeps us together”[‘Nous tenir séparés à distance-barrière nous rassemble”], selon Orwell, je veux dire selon la direction de la province de Victoria... »)
... Ainsi allons-nous au gré d’une crise-Covid19 évidemment salutaire parce qu’à la fois paroxystique et extrêmement durable dans la mise en évidence de la fragilité et de l’imposture du Système, qui se révèle également mais surtout diraient certains, comme le champ d’une intense bataille de désordre, de confusion, d’influences, etc., indiquant les véritables dimensions de l’événement. Les acteurs sont innombrables et antagonistes, et plutôt figurants qu’acteurs ; tous sont parties prenantes, aucune n’est partie régnante.
Seule la crise règne...
(Suite)
22 août 2020 – S’il vous plaît, vous n’allez pas faire de moi un partisan de Trump, un ‘trumpiste’ ? Halte là, pas de ces dérives avec moi, à mon encontre, pour me salir, me rouler dans le stupre de la corruption... Pas plus, évidemment, que je ne serais partisan de Biden, le raisonnement est absolument identique.
(Et pas plus de Macron en France, ou même d’un autre ! Pas plus ! Éclat de rire général dans mon chef, de toutes mes dents absentes : comment voulez-vous être partisan de qui que ce soit dans le trou noir du tourbillon crisique actuel ? Gardez-vous en bien, en sachant que vous n’êtes ni anarchique, ni entropiste-nihiliste, mais l’exact contraire. Cette attitude que je vous recommande, du refus de leur simulacre de démocratie, cette attitude est celle de l’ordre et de la sagesse puisque eux, les gestionnaires du simulacre qui soufflent dedans comme fait un enfant d’un ballon gonflable, eux sont les locataires du diable et les locataires féconds du ventre promis à alimenter la production des choses diaboliques du monde en cette étrange et terrible époque.)
Cela bien mis au point pour qu’on sache à quoi s’en tenir, je reviens sur cette information glissée dans le RapSit-USA2020d’hier, – bien que la réflexion que je développe ici ne soit pas spécifiquement du domaine RapSit-USA2020mais plutôt du domaine du système de la communication, de nos psychologies et des dangers qui les menacent, des forces qui pèsent sur nous et dont nous ne savons rien, et ainsi de suite :
(Suite)
20 août 2020 – Le dernier texte de :la rubrique “T.C.” (“Tourbillon Crisique”) date du 30 mai 2020, ce qui fait très loin et très inhabituel. Dieu sait s’il n’a pas manqué d’événement pour justifier l’appel à “T.C.” ; c’est simple, on pourrait parfois penser que chaque jour est un spasme gigantesque de plus du “Tourbillon Crisique“ du monde.
(Bien entendu, Covid19 est passé par là, même là s’il n’est pas directement concerné. Il a décisivement et sans retour bouleversé la psychologie.)
C’est un peu pour cela que j’ai délaissé cette rubrique “D.C.” : parce que chaque jour presque devrait s’y inscrire. En cela aussi, et vis-à-vis de mes références personnelles, je répéterais que nous sommes entrés dans une “nouvelle ère-nouvelle”. (Les “ères-nouvelles” défilent aujourd’hui à la vitesse des jours et des heures folles.) Je dirais même que cette “nouvelle ère-nouvelle” mérite bien cette étrange formulation, car il s’agit peut-être bien, voire sans le moindre doute, d’une forme différente d’“ère-nouvelle” par rapport à ce que nous avons connu.
Il n’y a pas qu’un simple aspect quantitatif : des crises de plus en plus importantes, qui s’accumulent, qui surgissent de plus en plus vite, qui s’intègrent, qui tourbillonnent, qui mugissent, etc. Il y a aussi un aspect qualitatif inédite, concernant la forme ou le ‘modèle’ de la crise (concept pris en général), sa spécificité, mais aussi son originalité, sa complexification dans la mesure où le domaine touché n’est normalement (?) en rien crisique. Dans cet aspect qualitatif, il y a également un chapitre important qui est dévolu à la question des contradictions qui est devenue d’une considérable et incroyable importance, qui projette les uns et les autres dans des situations inattendues, à partir des positions diverses qu’ils affirment, sans qu’ils se doutent de ce que ces choix leur réservent.
Un exemple me revient souvent à l’esprit. Ce sont les mêmes, – en général dissidents et antisystèmes, et se réclamant implicitement d’être de ‘bons’ antisystèmes par leur dénonciation des antiSystème jugés trop entreprenants ou utopiques dans leur bataille , – qui, d’une part, se plaignent que les exigences dites de ‘sécurité sanitaire’ (le confinement, ou bien le port obligé du masque), est non seulement attentatoire à la liberté (ce qui n’est pas faux), mais surtout dénoncent une vaste opération (oserais-je dire ‘complot’ ?) destinée à isoler l’individu, en le coupant des autres, en le ‘désocialisant’, en l’amollissant, en le mettant définitivement à merci d’une sorte de dictature indéfinissable ; si vous voulez et pour faire bref, “vaste opération” destinée à le ‘zombifier’ en son isolement extrême, seul avec son impuissance, pour l’empêcher de s’opposer aux forces sombres qui nous assaillent. Les mêmes vont diraient d’autre part, sinon vous disent dans un même souffle que ce qui favorisent ces ‘forces sombres’ et leur permet d’imposer le confinement ou le masque pour nous zombifier, c’est que nous, – c’est-à-dire eux, les gens, le peuple, sont d’ores et déjà abrutis, servilement volontaires pour être serviles, complètement anesthésiés dans leurs i-pad/i-phone et leur ‘tourisme de masse’ (ou bien, disons ce qu’il en reste) ; bref, résumons, tout ça d’ores et déjà ‘zombifiés’ dans tous les sens.
Pour faire bref justement, ceci : ainsi cherche-t-on à ‘zombifier’ dans une vaste opération, coûteuse, bruyante, suspecte, des masses molles frappées d’aboulie sauf pour la servilité, bref des masses d’ores et déjà ‘zombifiées’. Le grand complot porte sur la zombification de ceux qui sont déjà zombifiés.
(Moi-même, si je peux me permettre un aparté, me suis trouvé dans une situation où j’ai glorifié le confinement après tout... Voyez ci-dessous, en note [*], un rappel de ma perception du confinement, effectivement interdicteur de ma liberté.)
Voilà le type de contradiction qui est apparue un petit peu ces dernières années, qui s’installe et nous inonde avec brutalité et dans le plus grand fracas ces derniers mois avec Covid. L’événement fait du champ de bataille crisique, désormais, plus un affrontement au sein du camp antisystème, mais un peu comme si plus personne ne se réclamait du camp du Système et se disait d’une façon ou l’autre antisystème. (On notera l’absence de majuscule, par rapport à mon antiSystème, qui est une toute autre affaire.)
C’est ainsi, je crois que nous sommes entrés dans une “nouvelle ère-nouvelle”, c’est-à-dire une “ère-nouvelle” qui n’a plus aucun lien de parenté, ni avec ce qui a précédé, ni avec ce qui a existé. Cette “nouvelle ère-nouvelle” est caractérisée par son caractère absolument, totalement et même totalitairement crisique. La substance même du temps et du monde, des événements, des affrontements, des parti-pris, de tout ce qui est terrestre et ne fait pas appel à une référence supérieure, tout cela est crisique, ou matière dynamique de crise, et donc soumis à la relativisation qu’impose la crise ; et dans ces circonstances, vous vous trouvez dans une difficulté considérable, quasiment sans une issue qui vous permettrait de rétablir même temporairement de la stabilité, d’identifier qui est qui, qui est de votre parti, qu’est-ce que c’est que votre parti et ainsi de suite.
Nous sommes sur une terre mouvante qui bouge à chaque pas, qu’animent sous nos pieds de terribles secousses telluriques, un monde en crise totale et totalitaire, terra incognita marquée par la fureur des dieux et le feu grondant de l’enfer. Ainsi en est-il des crises, et de la plus grande d’entre elle, la GCES-totalitaire. (Voilà bien un concept nouveau sur lequel il faudra se pencher à partir de l’idée de la GCES : la ‘crise-totalitaire’.)
Dans un tel magmas et torrent de lave, il est impossible d’en rester à des considérations terrestres, et notamment, et essentiellement, s’en tenir à des références terrestres pour fixer sa position, la faire évoluer, la fixer à nouveau. Il faut une sorte de ‘Ligne Générale’ dont le trait est tracé par au-dessus de nous. Voilà le rôle principal du Système dans mon cas, majusculé pour le distinguer, qui est le représentation opérationnelle du Mal qui règne sur la terre. Il ne s’agit pas d’une ‘création’ de circonstance, une référence surgie de nulle part pour jouer les utilités. Je perçois le Système comme cette “représentation opérationnelle” du “déchaînement de la Matière” d’à partir de la fin du XVIIIème siècle, laquelle, par les moyens de la modernité façonnant les psychologie vers le pire, par les outils bien-connus (systèmes du technologisme et de la communication) qui séduisent les Sapiens-Sapiens pour en faire des exécutants, déclenchent le séisme de toutes les infamies qui avaient été précieusement rangées depuis plusieurs siècles en un arsenal de dévastation.
Ainsi je dispose de ma référence négative, contre quoi je me situe, la chose qui domine le reste dans le domaine de la malédiction et de l’effondrement, et alimente l’empire qui nous enferme depuis plus de deux siècles. Si vous voulez, c’est mon étoile polaire. Aujourd’hui, dans cette crise-totalitaire où la confusion règne, où nul ne sait dire s’ils ne trahit pas à l’instant ce qu’il chérissait l’instant d’avant, par simple goût de la vanité de s’en tenir à ses propres conceptions, je me tiens ferme en référence à mon étoile polaire, qui est ma bataille-totalitaire contre le Système.
Notre monde a finalement basculé dans le plus complet subjectivisme, qui aurait dans les salons la réputation de pouvoir s’avérer être un outil décisif pour le Système. Pour qui sait y faire et riposter mortellement, il y a “Janus” à portée de main et le moment est venu, comme il était envisagé il y a deux jours... « ...[P]our mener à son terme la phase historique à laquelle il a présidé et que les choses puissent se mettre de façon à se transmuter en une fondation métahistorique qui serait ouverte sur les possibilités de l’avenir, le Système doit effectivement se découvrir complètement en semant tous les malheurs qu’il est capable d’engendrer et de produire selon la logique subversive et la dynamique du “déchaînement de la Matière”. Il doit complètement “jeter le masque”, dirions-nous selon une image à double sens dans les temps de la pandémie Covid19. »
Pour cela, il faut tenir ferme, comme on le doit dans un ouragan qui semblerait signer votre arrêt de mort, pour affronter tous les périls (« la montée des périls », disait le général). Le fait est que l’époque, la “nouvelle ère-nouvelle”, est absolument structurée pour être le théâtre de cet affrontement final, suivi d’effondrement. Il n’y a plus de crise, nous sommes la crise.
(*) Un rappel de ma perception du confinement, lorsque j’écrivais le 29 mars 2020 :
« Je n’ai pas peur du confinement ni n’en souffre nullement. Pour vous dire le vrai, par nature et par la nature de mon travail que je considère comme une mission, je me suis confiné moi-même depuis des années et des années, peut-être bien depuis 30 ans dans l’esprit de la chose. Sur le tard, je suis devenu intransigeant et ne veux plus rien voir du monde de cette époque “étrange et monstrueuse” que je n’aime pas jusqu’à l’ignorer absolument comme l’on dédaigne, – curieusement et paradoxalement jugeront certains, bien que mon métier soit de la connaître dans tous ses états et dans tous ses vices, ce que je fais bien plus et bien mieux que tant et tant d’être qui y vivent comme l’on s’y vautre.
» Ainsi puis-je vous dire que l’on peut faire de belles et saines choses dans une épopée de confinement. Il importe que ce confinement que le monde (le Système) vous impose, vous en fassiez une forme de refus de ce monde (le Système). Un confinement n’est pas nécessairement l’acquiescement d’une servilité, – seuls les esprits prompts à se soumettre peuvent y songer, – cela peut être aussi la défiance inébranlable de la résistance.
» Vous ai-je dit le moment le plus heureux, le plus joyeux de ma journée ? La matin, à la fine pointe de l’aube, ma chienne Marie et moi. Pas un bruit, plus rien de ce grondement sourd du trafic de la grande nationale dans la vallée, aucune trainée de condensation dans le grand ciel bleu, pas une voiture dans mes petits chemins de fortune menant à la forêt, là-bas, tout près, rien que la nature qui chante (les oiseaux n’ont jamais été si joyeux et si bavards)... Alors, je rêve un peu, – “Rêvons un peu”, disait Sacha ; le jour où ils ordonneront, triomphants et épuisés, la fin du Grand Confinement, leur répondre avec un amical doigt d’honneur, pour leur dire : “Non non, nous continuons comme nous avons appris à vivre, d’une nouvelle façon, avec quelques petits aménagements, notre propre organisation vous voyez, c’est tout... Sortis du Système et confinés hors de lui, nous ne voulons plus y retourner, car que ferions-nous d’une équipée désolée au milieu du champ des ruines de la modernité ?” »
16 août 2020 – Je lis donc ce texte d’un journaliste, Robert Bridge, qu’il m’arrive de consulter régulièrement, parfois sur RT.com (bien sûr, vilain garnement !), parfois sur Strategic-Culture.org. Je parcours son article du 15 août sur le second site mentionné, au titre finalement assez sympa : « Une romance progressiste inoubliable : quand le confinement Covid19 rencontre la ‘Cancel Culture’ » ; d’abord l’œil un peu distrait, disons en diagonale, parce que pas encore fluently english ; jusqu’à cette phrase qui m’arrête : « J’étais sur le point de cliquer sur cet article avec un profond dégoût quand quelque chose sur la photo d’illustration sollicita mon attention... »
L’article de Bridge détaille d’abord une scène d’un match de base-ball entre les équipes d’Oakland et de Houston. Il y a une furieuse ou chaleureuse mêlée de réclamation ou de félicitations, je ne sais, à la fin du match et sous la plume du journaliste dont Bridge lit l’article. Je crois qu’il s’agit d’une querelle ou d’une exclamation parce que, me semble-t-il, il se pourrait bien qu’un joueur n’ait pas respecté le geste-barrière de la ‘distance de sécurité’, justement en cette fin du match, lorsque les adversaires se congratulent. D’où la réaction de Bridge, dans le genre nausée, parce que l’incident est vraiment le centre d’attention et de réflexion de l’article qu’il lit et que cela lui apparaît comme bien dérisoire et certainement illustratif de notre étrange époque : « J’étais sur le point de cliquer sur cet article avec un profond dégoût... »
...Mais qu’est-ce qui attire donc son attention, à Bridge ? Les gradins, mais c’est bien sûr ! Bridge s’aperçoit que les gradins clairsemés (“distance-barrière”, friends) sont en fait parsemés, non de spectateurs mais de figurines comme des sortes de mannequins grossièrement taillées dans du carton-bouillie de très mauvaise qualité (je veux dire : pas trop cher) selon une silhouette humaine vue de face et franco de port, et sur laquelle on a collé une photo en couleur d’un visage (souriant, très souriant, très-très) et du buste qui va avec. Première surprise (quoique la trouvaille se retrouve ailleurs, sur d’autres gradins, pour se sentir moins seul, mais peut-être bien sans photos je ne sais).
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14 août 2020 – Cette époque, mes amis, est éblouissante : c’est-à-dire que lorsqu’on la regarde, on est aveuglé par l’éclat des choses et des événements ; et par certains côtés, là où elle ne pue pas, elle est plus simplement et plus décisivement sublime, je veux dire sans retour possible. Je vous dis ça à propos du vaccin, le fameux tueur de Clovis19 (nom de code de qui-vous-savez)n car c’est bien la plus fameuse des occurrences qui nous frappent.
Comme vous le savez également, car vous savez tout, l’intervention de Poutine a été un énorme pavé dans la mare, – ce qui signifie en réalité, si vous lisez entre les lignes : “un énorme complot dans la mare”. Libé en a fait son super-titre à partir du traitement au MI6-007 conseillé par le docteur épidémiologiste fameux, Sir James Bond : « Ne dites jamais jamais ».
(Le journal bien-parisien a confondu, je trouve d’une façon terriblement suspecte, avec « Tomorrow Never Die ». Pour ne pas être dupe et comme on le remarque, je choisis nombre de mes URL de référence dans la presse en ligne extrêmement suspecte, donc russe. C’est pour brouiller les pistes et permettre au complot que je développe de se former.)
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12 août 2020 – Ne comptez pas sur moi pour vous détailler le CV de la candidate-VP choisie par Joe, avec ses diverses bifurcations, son ambition aux dents longues jusqu’à laisser des raies accusatrices sur le parquet, son opportunisme ondoyant et sa démagogie pour toutes les saisons. Kamala Harris, – c’est le nom de la Belle-au-Joe-dormant, – est taillée sur mesure, avec sa réputation de dure type-“law-&-order” et sa récente reconversion progressiste-sociétale, avec sa situation extrêmement aisée qui la met facilement dans les fameux 0 ;1% (revenu cumulé d’un peu plus de $1,8 million en 2018, avec son mari avocat très célèbre et très-très cher, et elle-même sénatrice de Californie) ; avec son origine croisée très LGTBQ-BLM mais aussi un petit zeste d’originalité (père jamaïcain et mère tamoule), et ainsi de suite. Du cousu-main et du plaqué-or, et le choix de Joe aussitôt approuvé par la Lady McBeth démocrate-sociétale (Hillary) et le Iago démocrate-progressiste (Bernie Sanders).
Ce qui m’intéresse, c’est de vaticiner un peu autour de ce “ticket” si improbable, entre une sénatrice pleine de feu et de voltefaces de 57 ans, et un vieux crouton gâteux de 77 ans, noyé dans ses obsessions, dans ses incertitudes cognitives, dans sa démence souriante et explosive, dans son masque anti-Covid et aujourd’hui encore peut-être pas vraiment informé qu’il est candidat à la présidence. Tous les gens sérieux sont d’accord, – et notamment WSWS.org qui retrouve un peu de sa verve et de son venin pour l’occasion, – pour dire que Harris est la candidate-VP préférée du parti, du Complexe, du Corporate Power, de Soros et du Système.
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10 août 2020 – Voilà au moins une entame qui a le mérite de la netteté, du tranchant, qui ne s’attarde pas dans les détails ni dans les fioritures, qui vous trace droitement votre avenir à nous tous. Ce n’est pas décevant. Voici donc ce qui nous attend, disons d’ici 2022, pour le centenaire du début du dégommage de la République de Weimar, et pour la raclée historique reçue “en temps réel” par le président sortant-sorti :
« Le lingot cote déjà 55.630 euros, à Paris, soit +27,01 % depuis le début de l’année. À Londres, l’once d’or est passée, en un an, de 1.500 à 2.030 dollars. Ces 30 derniers jours, son prix a grimpé de 1.800 à 2.030 dollars. Jusqu’où l’or et l’argent vont-ils monter ? Réponse : augmentation continue du cours de l’or jusqu’au déclenchement de l’hyperinflation au printemps 2021, puis augmentation accélérée et à la verticale du cours de l’or, avec explosion probable, entre-temps, de la zone euro, jusqu’à l’effondrement du Système en 2022. Bref, le schéma exact de la République de Weimar en 1923. Le seul élément réjouissant de la folle saga qui nous attend : Macron, le beau parleur, ne sera pas réélu... »
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7 août 2020 – J’éprouve en ce moment particulièrement un grand plaisir à lire les chroniques d’Orlov, puisque quasi-exclusivement rédigées pour nous décrire l’effondrement du système de l’américanisme. On comprend que je ne peux que me sentir conforté dans mes appréciations intuitives, encore plus quand les textes consultés s’ébrouent naturellement dans une ironie spontanée, qui suggère une certaine distance du jugement et une dérision certaine pour les agitations humaines en-cours, particulièrement américanistes.
Dans sa chronique du jour, un passage arrête mon attention, et me conduit à renchérir et développer en élaborant à partir de ses remarques qui ne manquent pas de profondeur, derrière le style enlevé et moqueur. C’est ce passage où Orlov parle de Chomsky :
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