Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
30 mai 2020 – Il s’agit d’un embrasement exceptionnel, à partir des nuits d’émeutes de Minneapolis. Désormais, un nombre impressionnant de grandes villes aux USA sont touchés par la réaction de la rue, dans des manifestations tournant très rapidement à l’affrontement, puis à l’émeute pure et simple.
Bienvenus : nous sommes entrés sur une terra incognitadont nul ne sait ce qu’elle nous réserve.
Il serait aisé, comme font nombre de politiciens et de commentateurs appointés-Système, de définir la chose comme une réaction antiraciste, contre les violences policières. L’analyse est extrêmement courte, à l’image de la corruption du simulacre qui enveloppe tous les événements où le Système est en cause. Nous sommes bien au-delà de l’antiracisme Africain-Américain, – on le voit d’ailleurs sur les photos et vidéos montrant un nombre important de participants “blancs” (s’il est encore autorisé de parler de couleur de peau, – qu’on nous pardonne).
Remarquablement inspiré sur ce point essentiel, WSWS.org ne cesse de taper sur le clou, jusqu’à illustrer son texte du jour par une photo montrant une femme seule affrontant un rang de policier, – et la femme est blanche et bien blanche. Et WSWS.org de terminer son article sur l’embrasement américaniste (ou antiaméricaniste ?) de la sorte :
« L’ancien vice-président Joe Biden, [candidat démocrate] présumé à la présidence, a accusé le peuple américain plutôt que la police du meurtre de Floyd. “Avec notre complaisance, notre silence, nous sommes complices de la perpétuation de ces cycles de violence”, a-t-il prêché, invoquant comme cause le racisme comme “péché originel de ce pays”.
» Il ne fait aucun doute que le racisme a été un élément important dans le meurtre de George Floyd. Mais le racisme est encouragé dans un contexte social précis, celui de l'aggravation des inégalités sociales dans le capitalisme du 21e siècle, où la classe dominante fait tout son possible pour diviser et antagoniser la classe ouvrière. Plus de 1 000 personnes sont victimes de la violence policière en Amérique chaque année, et si un nombre disproportionné d’entre elles sont noires, le plus grand nombre est blanc. Ce que presque tous ont en commun, c'est qu’ils viennent de la classe ouvrière, la plupart de ses couches les plus pauvres. »
Il est vrai que le racisme et l’antiracisme constituent les slogans basiques du discours-Système pour éviter la seule explication qui vaille pour ces convulsions crisiques, – soit l’expression violente de la Grande Crise qui secoue le Système, qui marque son Effondrement, – la GCES. C’est, bien au-delà et au-dessus des agitations LGTBQ dont l’antiracisme est le compagnon de route, un immense événement que cette flambée de violence enchaînant en l’intégrant la crise-Covid19 dans un tourbillon crisique qui ne cesse de se creuser.
Il serait bien lassant de dévider la liste des incidents comme celle des villes touchées par les troubles et les violences (ZeroHedge.com donne une abondante documentation). Les commentaires courants et bienpensants sont empreints des prudences et des intérêts électoraux, bien plus que de la préoccupation dont on devrait faire preuve devant la gravité de la situation. Les bonnes âmes des plateaux-TV de l’aile progressiste-sociétale du système de l’américanisme ont reçu instruction de ne pas parler d’“émeutiers” ou de “pillards” mais de “protestataires” ; Trump, lui, parle de “voyous”.
Il faut identifier et retenir quelques faits, circonstances, déclarations, comportements qui, selon nous, marquent les événements de façon originale, instructive, ou simplement d’une importance réelle.
• Les premières 24 heures de l’intervention de la Garde Nationale (à Minneapolis) ne montrent guère de résultats. Les soldats font comme les policiers : ils reculent devant les émeutiers (les “protestataires”). Pourquoi ? Parce qu’ils ont la consigne absolue du maire et du gouverneur (tous deux des démocrates) d’éviter tout incident, tout acte pouvant être qualifié de “répressif” puisqu’il s’agit (les “protestataires”) de leur électorat d’une part, d’une foule représentant au moins symboliquement le cliché bienpensant des Africains-Américains opprimés d’autre part. (Cette situation de l’impuissant paralytique qui tient les manettes est, à cet égard, partout la même dans les pays de cette civilisation du bloc-BAO qui se meurt, – par exemple, comme les policiers français, avec leurs instructions de “laisser-faire” dans les mauvais quartiers.)
• Les “protestataires”, puisqu’il en est ainsi, ont promis d’attaquer désormais les banlieues riches de Minneapolis (les 1% et les 0,1% de la région) ... S’ils le font, on se trouverait devant une situation extrêmement intéressante.
• L’un des événements les plus singuliers est l’attaque du siège de CNN à Atlanta, dans la mesure où les attaquants (les “protestataires”) devaient être (?) des membres de Black Lives Matter et de groupes progressistes du type Antifa/antiTrump, que soutient habituellement CNN, le plus antiTrump des réseaux. La maire d’Atlanta, la très-progressiste et Africaine-Américaine Lance Bottoms, a fait un très violent discours adressé aux “protestataires”. D’autres magasins ou propriétés détruits n’ont pas bénéficié de ce soutien.
• Le Pentagone prépare des unités de la Police Militaire pour éventuellement intervenir à Minneapolis dans les quatre heures à partir d’un ordre d’intervention. Cela implique que Trump a ordonné spécifiquement à son ministre de la défense Mark Esper d’être prêt à impliquer le Pentagone (les forces armées, normalement affectées aux seules actions extérieures) dans toute situation intérieure qui l’exigerait. (Les Gardes Nationales qui interviennent déjà ne sont pas incluses dans cette législation courante de non-intervention intérieure, puisqu’elles se réfèrent aux États spécifiques de l’Union.)
• Van Jones, activiste, ancien conseiller proche d’Obama, licencié par son ami président par prudence (celle du prudent-président), devenu commentateur à CNN, a fait vendredi cette remarque très intéressante, qui mériterait un développement : « Ce n'est pas le blanc raciste du Ku Klux Klan qu’il faut craindre. C'est la partisane blanche et progressiste d’Hillary Clinton qui promène son chien dans Central Park et qui vous dit en général : “Oh, je ne distingue pas entre les races, la race n'est pas un problème pour moi, je vois tous les gens de la même façon, je donne aux associations caritatives” ; mais à la minute où elle voit un homme noir qu’elle juge défavorablement, ou dont elle craint quelque chose, elle fait de la race un argument comme si elle avait été entraînée par la Nation Aryenne... [...] Un membre du Klan n'aurait pas pu être mieux formé pour décrocher son téléphone et dire à la police que c'est un homme noir... [...] Ce que vous voyez maintenant, c'est un rideau qui tombe. »
• Enfin, parce qu’il ne faut jamais manquer de mettre la traditionnelle cerise sur la tarte à la crème, il y a l’hypothèse du Russiagate, toujours bon pied bon oeil ... Cela est relevépar Graham Dockery, sur RT.com : « Le meurtre apparent de George Floyd par un policier de Minneapolis n’est pas seulement une démonstration choquante de brutalité policière. Il fait partie du plan de la Russie pour renverser les États-Unis, selon des affirmations de membres de l’intelligentsia progressiste. “Le meurtre de George Floyd s'inscrit dans le plan directeur de la Russie visant à promouvoir la VIOLENCE aux États-Unis, selon la communauté de l'intelligence”, a tweeté vendredi Leanne Watt, psychologue clinicienne. »
• ... En n’oubliant pas la version du gouverneur démocrate du Minnesota, qui jugerait éventuellement que la cause initiale des émeutes pourrait être le fait de “suprémacistes blancs”, avec un zeste de cartels mexicains de la drogue... Tandis que d’autres (voir l’auteur conservateur Candace Owens) jugent que l’affirmation du chef de la police de Minneapolis selon laquelle nombre de “protestataires” n’étaient pas de Minneapolis, implique que le mouvement a été lancé et soutenu par les groupes de George Soros.
• Jusqu’ici, il y a eu deux morts, un à Detroit du feu d’un sniper inconnu vers la foule émeutière, et un autre, un officier des Services Fédéraux de Protection, à Oakland, dans l’Oregon.
Il est bien entendu impossible de réduire cette énorme cascade de révoltes au seul “racisme policier”, même si toutes les forces de communication du Système, dans ce cas des démocrates, y besognent dur et ne vont pas cesser. L’événement prend racine évidemment dans la crise américaniste qui se développe depuis des années, plus précisément et opérationnellement au moins depuis 2009 et l’apparition du Tea Party. Droite ou gauche, peu importe, tandis que la crise du pouvoir washingtonien (de Washington D.C. à “D.C.-la-folle”) depuis 2015-2016 est venu ajouter l’ingrédient d’une agitation permanente, à la fois corruptrice et de simulacre, entretenant les composants de l’explosion qui s’effectue plutôt comme une accélération constante d’un processus de plus en plus brutal de décomposition.
Les Cassandre et prophètes de malheur sont à leur travail, avec d’autant plus d’ardeur que les événements les confirment ; ainsi de Michael Snyder, et son site, le bien-nommé EconomicCollapse, après avoir détaillé l’effondrement de l’économie, écrivant le 28 mai 2020(depuis, son diagnostic s’est certainement aggravé) :
« Il y a eu tant de colère qui s’est amassée en Amérique durant les “bonnes années”, et maintenant cette nouvelle dépression qui s’abat sur nous avec une force incroyable va rendre les choses beaucoup, beaucoup terribles.
» Quand il n’y aura plus d’emplois disponibles et que les gens n’auront plus de quoi fournir le minimum vital à leurs familles, nous verrons apparaître une frustration dans une mesure et d’une brutalité jamais vues auparavant.
» Aussi, prenez note de ce qui est en train d’arriver dans les rues de Minneapolis parce que c’est l’esquisse de ce qui nous attend dans un proche avenir dans toutes nos grandes villes. »
La situation aux USA ressemble d’une certaine façon symbolique à la crise du Covid19 qu’elle est en train de continuer à subir par ailleurs (encore plus de 1 200 morts hier). Cette succession de violences émeutières agit comme une pandémie, provoquée par un virus dans une première vague, avec peut-être une accalmie puis une deuxième vague, ou simplement la poursuite de la contagion. Le parallèle entre Covid19 et la violence émeutière s’inscrit évidemment dans le cadre le plus grave qu’on puisse imaginer, c’est-à-dire cette Grande Crise GCES qui se développe implacablement.
Désormais, tous les éléments nécessaires à la montée vers le paroxysme du paroxysme sont en place. Ce qui se passe aujourd’hui, de Minneapolis à Atlanta, à New York City et même devant la Maison-Blanche, apparaît, soit comme une répétition, soit comme une amorce d’un processus constant conduisant à une élection qui sera évidemment très agitée, jusqu’à la possibilité d’un état d’urgence imposée par les événements et la renvoyant aux calendes trumpistes. Désormais (suite), les éléments nécessaires à une guerre civile, sortant du cocon de ce qui fut jusqu’ici une “guerre civile froide”, sont non seulement en place, mais en état de marche.
Il y eut même, ces derniers jours à Mineapollis, des citoyens particulièrement impressionnants, armés de fusils d’assaut comme vous et moi puisque c’est courant dans le “Rêve Américain”, venus protéger un magasin qui demandait de l’aide alors que les policiers étaient occupés à dégager à toutes jambes du commissariat du 3èmeDistrict pour qu’on puisse le brûler, selon les ordres du maire (laisser-faire, pas de répression). L’un d’entre eux, de ces citoyens “particulièrement impressionnants”, nous explique comment vont les choses : « Nous ne sommes absolument pas d'accord avec le pillage, mais nous sommes d'accord avec la cause des protestations. »
28 mai 2020 – Voici un intellectuel de belle stature, d’une immense culture et d’une pensée d’une réelle qualité. Par rapport à mon point de vue, je dirais que je partage nombre de ces jugements et positions sur les problèmes du temps ; ce qui nous différencie je crois, c’est qu’il fait moins confiance à l’irrationalité et plus à la raison que je ne fais, craignant pour son compte de tomber dans le traquenard de la magie ou de la “foi” du zélote. (Autre différence, il se pense athée et je ne me pense pas athée ; mais c’est, malgré l’apparence, d’une importance secondaire.) Qu’importent les espaces séparant l’un de l’autre, c’est un bel esprit que je salue.
De même, et selon ce qu’on pourrait juger être un caprice de ma part, je ne désire pas lui donner son nom. Peut-être s’agit-il pour moi de ne pas laisser ou faire croire que je le critique, – ce qui n’est le cas en aucune façon, – et dans tous les cas il y a cette raison que son anonymat doit empêcher de lire ce qui suit avec certaines idées toutes faites attachées à un nom, pour ne s’attacher qu’au travail de l’esprit et aux pièges qu’il ménage. Qu’ensuite, certains recherchent son identité et la trouvent, peu me chaut.
Simplement dit enfin, il y a, dans la contradiction que je vais exposer en le citant quelque chose qui doit nous arrêter, qui nous concerne tous.
(Suite)
23 mai 2020 – Naturellement, j’aime bien Israël Shamir. C’est un de ces commentateurs assez mystérieux, quasiment infréquentables pour les âmes inquiètes et très-bienpensantes mais difficile à classer dans les “accessoires négligeables” dont on ne dit mot ; qui distille des avis souvent explosifs, sans peur de rien, qui est instructif à plus d’un égard, parfois avec ce qu’on sent être du vrai, une révélation vraiment inédite. Il faut le lire avec des pincettes et en marchant sur des œufs, mais en sachant qu’au travers de ses chroniques il peut arriver que l’on ferrât du très-gros poisson.
...Mais voilà qu’il commence son plus récent article (22 mai 2020 sur UNZ.News), avec son titre très parlant de « Coronavirus Conspiracies », par deux phrases qui valent à elles seules un long développement, qui sont absolument fécondes et inspiratrices, – mais dont il ne s’occupe plus vraiment une fois écrites ; quant à moi qui parle tant du complotisme ces temps-ci, j’en fais mon miel :
« J’aime bien les théories de la conspiration ; elles tentent d’injecter un sens à des ensembles de faits divers qui, autrement, n’auraient aucun sens. Elles font entrer le Logos dans notre vie, comme le dirait notre ami E. Michael Jones. »
(Je précise, pour être moi-même sûr de la juste exposition de mon sujet, qu’on prend ici le concept de Logos comme il faut, c’est-à-dire comme celui de “raison” dans notre langue, – c’est-à-dire, selon Wiki : « Dans la pensée grecque antique, le logos (grec ancien λόγοςlógos “parole, discours, raison, relation”) est au départ le discours parlé ou écrit. Par extension, logos désigne également la raison... »)
(Suite)
22 mai 2020 – Ces temps-ci, il devient souvent désespérant et décourageant à la fois ou c’est selon, de remplir son devoir de commentateur pour poursuivre la mission qu’on s’est assignée, – ou bien la Mission qu’on m’a assignée (c’est selon...). Pour exprimer le sentiment assez vague mais très puissant qui m’envahit et justifie ce constat, on s’arrête à un texte d’Alastair Crooke d’il y a quelques jours (le 18 mai).
J’aime bien Alastair. On le sent calme, il a le phrasé doux et doucement ironique, il aime s’entourer de symboles et de références culturelles ou supra-historiques qu’il va pêcher dans sa puissante culture. Il ne s’aventure pas dans les explications labyrinthiques des complots sans nombre qui animent notre désir frénétique de rationalité, et rien que de rationalité, pour expliquer les mystères d’un monde devenu si étrange. A côté de cela, on sent chez lui une pensée ferme, qui ne s’en laisse pas conter.
Ce texte-là, intitulé « Le bourbier de notre civilisation – regarder la vérité en face », s’il s’attache à l’un ou l’autre événement spécifique, les traite avec assez d’ampleur pour aller au cœur de ce que je nomme notre “Grande Crise” (GCES). Son exposé initial de la situation ne vous étonnera pas vraiment, notamment cette contradiction où nous nous trouvons entre deux crises (ou sous-crises) majeures, – par ailleurs, cette contradiction applaudie comme une ruse suprême par bien des dé-comploteurs (des explicateurs de complots si vous voulez, on pourrait dire des “sachants-comploter”)...
(Suite)
19 mai 2020 – Il fallait s’y attendre, les jeux des mots sont si tentants. De plus, je trouve le rapprochement paradoxal, – selon la doxa officielle (d’ailleurs aussi bien d’une ligne antiSystème) disant qu’il faut être joyeux d’être “déconfinés”, alors que je m’en trouve plutôt déconfit : parler de “déconfits” à propos des “déconfinés” ! Paradoxe et trahison ! C’est pourtant ce que je ressens, être comme déconfit et assuré de n’être pas le seul.
Hier, c’était le premier jour de la première phase du réel déconfinement à-la-belge, ce que je désignerais bien d’une façon aussi symbolique qu’opérationnelle comme le “déconfinement du bruit”. J’ai vu deux personnes extérieures à mon lieu de confinement (car je reste confiné, certes), et toutes deux, sans la moindre consultation entre elles, sans la moindre sollicitation de mon chef, m’ont fait part du même sentiment.
« Depuis ce matin, quel potin sur la route, toutes ces voitures ! On était si tranquille... », dit la première ; « C’est vrai, il y avait des contraintes mais on commençait à s’y habituer, et maintenant on commence à regretter cette période », dit la seconde. Il est vrai que ces deux témoins, et moi encore moins, ne sont pas du genre Homo-Festivus de Philippe Murray, ceux qui ont besoin de danser rock’n’roll au son d’un rap transcommunautaire dans les rues postmodernes des grandes cités-mégapolesques, pour expérimenter la liberté que leur offrent d’un geste conjoint la modernité et le Système.
Mais trêve de sarcasme... Il y a, dans mon chef, un ou plusieurs enseignements importants à tirer du sentiment qui m’habite, que j’ai pu expérimenter justement ce matin en y prêtant attention, lors de ma promenade matinale, à la lumière douteuse de ce facteur environnemental qui nous est revenu. Je parle de ce bruit sourd, mécanique, lourd et presque puant de la Machine remise en marche, montant de la vallée où serpentent la grand-route et la ligne de chemin de fer, des voitures et des camions grondant, et par moment d’un train ferraillant dur. J’avais perdu l’habitude d’entendre ce tintamarre lourd et entêtant parce que, simplement, touché par la Grâce, je ne l’écoutais plus et qu’on l’avait chassé. Aviez-vous noté ce paragraphe de conclusion du texte du 29 mars de ce Journal, sur « Le confinement de l’âme » ?
(Suite)
17 mai 2020 – Il y a trois ou quatre semaines pour nos contrées occidentalistes et ouest-européennes, – l’Asie à notre Est nous avait précédés, l’Amérique sur notre Ouest nous suit mais avec sa spécificité d’exceptionnalisme, en accumulant les cas exceptionnels, – il y a 3 ou 4 semaines on ne pensait qu’à protéger, à favoriser, à poursuivre et à verrouiller le “confinement”. Cela semblait fort suspect. Combien de critiques regardaient cela d’un œil soupçonneux, combien d’artisans du domaine y voyaient une entreprise louche des autorités pour nous confiner d’une façon pénitentiaire, pour des semaines, voire pour des mois, plus peut-être, pour le reste du temps des Temps, – bref, un infâme complot, nous disaient les artistes du bel-art. Partout, ce n’était qu’une clameur : “Notre liberté ! Nos droits !”
Désormais, depuis quelques jours, on est tout miel et tout sucre sur les antennes et dans les studios bien vus à la Cour du Palais. Le “déconfinement” a l’air de marcher, il a l’air de mieux en mieux, il a belle allure et bonne mine, le teint rosissant et les joues rebondies malgré les clusters de fortune et de circonstance, c’est à croire qu’il marche ! Partout, sous les plumes et dans les voix les plus autorisées, on réfrène son enthousiasme mais l’enthousiasme sourd : le “déconfinement” marche ! Ainsi serions-nous donc conduits à penser, triste caravane des commentateurs déconfits, qu’ils avaient confiné pour mieux déconfiner ? Le complot se mord la queue.
Pour le “déconfinement”, pour ne pas trop en être déconfits judstement, – c’est à voir et on verra dirais-je, moi aussi prudent comme un Sioux sur le sentier de la paix, – rien n’est dit, rien n’est fait, absolument, attendons et voyons... Il me reste tout de même à observer la chose, en venir au renforcement du constat assez évident que se poursuit et se tord le chaos des jugements et des engagements contredits, contradictoires et contre-nature : car si l’on comprend bien, tous ces gens qui représentent le Système de près ou de loin, applaudissent ce que tant de phalanges d’antiSystème, mobilisées contre le confinement comme devant un complot-Soros, Gates & Cie, ont réclamé avec tant d’énergie.
Alors, où est le complot, et dans quel sens, et qui veut quoi, et cetera ?
(Suite)
15 mai 2020 – Il y a eu plusieurs occasion ces derniers jours qui m’ont rappelé à un souvenir, et m’ont fait m’interroger sur les intermittences et les absences de la mémoire. Ce n’est pas surprenant puisque l’“étrange époque” est celle du Big Now, du simulacre du “présent éternel”. Trois occasions :
• Le 5 mai 2020, ZeroHedge.com avait une nouvelle, « Elvis était le roi, Ike était président, 116 000 Américains moururent d’une pandémie ». Il s’agit de l’année 1957, lorsque la “grippe asiatique” faisait rage et qu’elle eut son lot de victimes aux USA, dans la même mesure générale que Covid19. Pour être plus précis, cette nouvelle vient de l’AIER (American Institute for Economic Research), le 4 mai 2020, de Jeffrey A. Tucker. On cite cette remarque, extraite du texte :
« Ce qui est remarquable quand on revient à cette année[1957], c’est de constater que rien ne fut fermé. Restaurants, écoles, théâtres, manifestations sportives, voyages, tout a continué sans interruption. Pas de ce cycle d’information fonctionnant 24 heures sur 24, avec des milliers d’agences de presse et un milliard de sites web affamés de trafic, la plupart des gens ne faisaient attention qu'à maintenir une hygiène de base. La presse en a parlé comme d'un problème médical. L’idée qu'il y avait une dimension politique n’a jamais effleuré personne. »
(Suite)
12 mai 2020 – Ne comptez pas sur moi pour vous expliquer l’extraordinaire imbroglio juridico-espionneur menant de Russiagateà Obamagate. Sachez seulement qu’hier soir Trump a tweeté dans son langage codifié un jubilant « OBAMAGATE ! », que Tucker Carlson a présenté un formidable dossier, que vous en avez tous les éléments dans cet article kilométrique et d’une folle complexité, quasiment intraduisible et dans tous les cas inextricable pour mon compte, que nous donne en jubilant également et sans rien nous dissimuler ZeroHedge.com, et prétendant nous expliquer « pourquoi l’ancien président devrait être en train de paniquer ».
(Pour le coup, ZeroHedge.com, loin de son obsession antichinoise, redevient une source convenable... Ainsi va la balançoire Système-antiSystème. Il faut suivre.)
On doit admettre l’importance de l’événement en précisant que si “D.C.-la-folle” est parcourue par un courant de haine hystérique, le sentiment qui domine les “rapports” Trump-Obama se concentre dans une écrasante densité de haine pure, à la fois symbole flamboyant et formidable énergie destructrice réciproque. On doit l’admettre et juger parallèlement que les détails du labyrinthe qui traverse l’imbroglio pour aboutir à l’énigme en forme de simulacre explosant comme un acte nucléaire de communication, vraiment ces détails ne sont pas ce qui compte pour nous, pour moi enfin et qu’on me pardonne.
Disons pour faire court que le moment du basculement a été la décision du DoJ (ministère de la justice) d’abandonner les poursuites contre le général Flynn, premier et très-éphémère conseiller pour la sécurité nationale (directeur du NSC) du président Trump, démissionnaire en février 2017 après une chasse à courre et aux sorcières remarquable d’ardeur, menée tambour battant par l’Intelligence Community (alias DeepState), cornaquée par le parti démocrate et, en sous-main vertueuse, par le redoutable montreur de marionnettes qu’est l’ancien président Obama.
(Suite)
10 mai 2020 – D’abord, comme on l’a vu hier encore, c’est notre référence, la lumière de notre civilisation, notre point de ralliement et notre exemple sans fin qui s’effondre sous nos yeux décillés depuis longtemps mais qui n’en croient pas leurs yeux... Ainsi l’observe pour son compte Daniel Lazare, le regard attristé et, j’en jurerais, désenchanté malgré lui, et surtout qui fait cette extraordinaire découverte : les choses en sont à ce point où l’Amérique nous fait pitié, – oui, pitié !
« En moins de trois décennies, en un simple clin d'œil en termes historiques, les États-Unis sont passés de l’unique superpuissance mondiale à une épave massive en train de sombrer, impuissante face au coronavirus et déterminée à blâmer le reste du monde pour ses propres défaillances. Comme l'a récemment fait remarquer le journaliste Fintan O'Toole dans le Irish Times :
» “Pendant plus de deux siècles, les États-Unis ont suscité dans le reste du monde un très large éventail de sentiments : amour et haine, peur et espoir, envie et mépris, crainte et colère. Mais il y a une émotion qui n’avait jamais été ressentie à propos des États-Unis jusqu'à présent : la pitié.” »
Bien entendu, on nous parle de Covid19, y compris de Covid19 manipulé par les pervers Chinois pour avoir raison de notre belle civilisation et de son joyau américaniste. Ce simulacre dérisoire, cet argument d’une telle faiblesse... Comparant l’embrasement actuel du Système, cette complète désintégration, le commentateur US Bruce Wilds choisit l’image du dirigeable allemand, le Zeppelin LZ129 Hindenburg qui s’embrasa en quelques secondes alors qu’il était sur le point de s’amarrer sur le terrain d’aviation de Lakehurst, dans le New Jersey (USA), le 6 mai 1937, – marquant ainsi à jamais, dans la tragédie monstrueuse née d’une pichenette, la fin de l’aventure des immenses dirigeables :
« Pour revenir au point essentiel de cet article, les gouvernements et les banques centrales rivalisent [...] en matière de dépenses absurdes et alimentent des habitudes catastrophiques. Alors, Covid-19 doit être considéré comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il serait déloyal de penser que la catastrophe qui nous attend aurait été évitée si la pandémie n’était pas tombée sur le monde entier. Avant ce désordre de la pandémie, le désastre planait au-dessus de nos têtes sous la forme d'une dette sans cesse croissante. Comme le Hindenburg, il ne manquait qu’une étincelle. »
... Et l’on sait bien enfin que si sombre le paquebot cuirassé USS America, qui est tout autant le Système qui était la bouée de sauvetage à laquelle nous nous agrippions, se pose la question de savoir ce que nous allons faire sans lui (sans elle). Ainsi Charles Hughes Smith s’interroge-t-il, comme vous tous, comme moi-même, comme l’esprit du temps et l’âme de nos espérances... “Et maintenant ?”, comme dit la chanson fameuse...
« Une fois que la capacité du gouvernement à maintenir son autorité avec de l'argent créé de toutes pièces disparaît, l’ordre tout entier disparaît avec lui.
» L’ère du gaspillage, de l’avidité, de la fraude et de la vie avec de l’argent emprunté est en train de mourir, et ceux qui n’ont connu aucun autre mode de vie pleurent sa disparition. Cette disparition était inévitable, car toute société qui dilapide ses ressources est insupportable. Toute société qui fait de l’avidité privée la motivation et la priorité premières est insupportable. Toute société qui récompense la fraude par-dessus tout est insupportable. Toute société qui vit de l’argent emprunté sur ses avoirs futurs et d’autres formes de capital fantôme est insupportable.
» Nous le savons dans nos tripes, au fond de nous-mêmes, mais nous craignons l'avenir parce que nous ne connaissons pas d’autre arrangement que le présent catastrophique. Ainsi entendons-nous le faible écho des cris d’angoisse qui remplissaient les rues de la Rome antique lorsque le Pain et les Cirques s’arrêtèrent : “Que faisons-nous maintenant ?” »
Ces quelques extraits sont là essentiellement pour mesurer l’accélération formidable de ce qui est à la fois, – rencontre édifiante, – une “prise de conscience” et une “crise de conscience”. En deux mois, effectivement, le ton et les commentaires de la presse alternative, de la presse-antiSystème dans ce cas, et même d’autres sources beaucoup plus fréquentables, se sont absolument radicalisés. Sous la plume de nombre d’observateurs et d’analystes, l’effondrement du Système n’est plus une hypothèse, ni même une option écartant le “si” comme dépassé et ne considérant plus que le “quand ?” ; c’est un fait, un événement, un acte-même, en cours d’accomplissement sous nos yeux.
Cette similitude de convictions, cette dynamique puissante des perceptions et des jugements, représentent un facteur psychologique dans l’événement même de l’effondrement. Ce facteur psychologique accélère l’événement, il le renforce ; il va peut-être jusqu’à en révéler sa nature même et participer à sa compréhensibilité dans le contexte de toute la puissance métahistorique ainsi déployée.
Pour autant, gardez-vous bien de ceci, et qui compterait même pour moi qui suis depuis si longtemps l’adversaire acharné du Système que vous savez : nous n’avons plus confiance en l’h[H]omme (ne me parlez plus de majuscule !) lorsque nous contemplons le désastre auquel a conduit quelque chose qui est pour une part de sa production. Notre responsabilité est immense, même pour ceux qui dénonçaient l’infâme ; nous affrontons la possibilité d’une formidable crise de culpabilité collective, une culpabilité ontologique, quelque chose qui ressembler ait à une sorte de péché originel... Mais c’est aussi la voie vers une acquisition du sens de la responsabilité, ou une retrouvaille de la chose.
Moi-même qui ait toujours avancé cette hypothèse de la désagrégation ultra-rapide des USA (du Système), je suis stupéfait de la vitesse de ce phénomène dans notre perception, – je parle de ceux qui se disciplinent avec rigueur et ardeur pour avoir une juste perception subjective du monde, et de la catastrophe qui le frappe. J’ai bien du mal, infiniment de mal même, à considérer avec foi et ferveur la proposition de Smith : « Les contours d'un monde meilleur se dessinent. Les discernez-vous à travers la fumée alors que les derniers fantômes frénétiques d’un système insupportable laissent se dissipent dans les airs en libérant ainsi la dynamique de l’histoire d’un enchaînement catastrophique ? »
J’avoue être plus proche de la conclusion de Lazare, comme si l’on reconnaissait être à la disposition des événements cosmiques qui nous secouent, attendant la manifestation de leur volonté en même temps que leur verdict : « L’effondrement s’est donc intensifié, ce qui explique que l’Amérique est aujourd'hui un géant paralysé et sans défense. Un fou est à la barre, mais le mieux que les démocrates puissent offrir comme alternative est un vieillard souffrant de démence sénile au stade précoce, qui en plus pourrait être un violeur. Personne ne sait comment les événements vont se dérouler désormais. Mais deux choses sont claires. L’une est que le processus n’a pas commencé sous Trump, l’autre est qu’il se poursuivra sans aucun doute quel que soit le vainqueur en novembre. Une fois que la dynamique de l’effondrement est lancée, il est impossible de l’arrêter. »
Plus que jamais, l’inconnaissance est de rigueur, malgré qu’on en propose l’emploi pour les plus hautes perspectives de notre destinée. Seule cette vertu de l’inconnaissance pourra vous donner cette audace de l’esprit de proclamer : “Non seulement je sais que je ne sais pas, mais plus encore, je veux savoir en toute conscience que je ne sais pas”. En un sens, c’est adopter et adapter la troisième “Loi-de-Rumsfeld” (un philosophe méconnu, ce Rumsfeld) dans sa charade métaphysique, la plus importante et la plus sage : « But there are also unknown unknowns – the ones we don’t know we don’t know »(« et puis il y a les choses inconnues que nous ne connaissons pas, celles dont nous ne savons pas que nous ne les connaissons pas »). Cette sagesse revient à montrer que nous ignorons qu’il y a “des choses dont nous ignorons l’ignorance où nous sommes de leur existence et de leur signification”, et qu’il est impossible et complètement irresponsable de n’en pas tenir compte, – je veux dire, de ne pas tenir compte de l’objet de cette inconnaissance.
Cette situation nous conduit à la nécessité d’ouvrir le champ des hypothèses, et donc de s’ouvrir à l’intuition qui éclairerait la possibilité d’une appréciation dans nos observations de ces choses dont nous ne savons pas que nous ne savons rien sur elles. L’on comprend qu’en cela, je songe à ces “forces surhumaines” dont je parle assez régulièrement en me gardant bien de chercher à les définir, encore moins de chercher à les identifier.
Ces choses, – définition, identification, – viendront en leurs temps, à leur heure.
4 mai 2020 – Ma copine Caitline Johnstone a l’amabilité de mettre en ligne, ce 2 mai 2020, un texte fait de plusieurs petites nouvelles, allusions, etc., aiguisés par le vif de son esprit critique. Je m’arrête à cette petite scénette très courte sur la “feuille de route” du Système en fait de communication et d’information. Cela m’invite à revenir sur l’un des fondements de ma démarche/de la démarche de dedefensa.org, par rapport au flot de la communication, au tsunami des informations qui rythment notre quotidien, sans plus de références de la moindre réalité, et bien entendu de la plus innocente parcelle de vérité.
Voici Caitline :
« – Un environnement médiatique nouvellement démocratisé a rendu difficile la distinction entre les faits et la fiction."
– Oh non alors ! Que faire, mon Dieu ?
– Censurer tout le monde sauf les sources d'information qui font autorité.
– “Sources d'information qui font autorité” ? Comme quoi, par exemple ?
– Ceux qui ont menti sur le Russiagate et toutes les guerres [, et tout le reste...] »
(Suite)
3 mai 2020 – Bien que confiné à souhait et sédentaire planté devant son internet, je n’en virevolte pas moins à certains moments du petit matin et de la journée, surtout pour la détente dont fait partie l’information courante. Bref, le 1ermai à 12H45, je me retrouve devant l’écran de ma grande lucarne, sur la chaîne des grands esprits, la ci-devant Arte, et l’émission est un épisode du Dessous des Cartes. Le thème était : « Aéroports : la guerre des hubs » sur les “méga-aéroports” qui se développent peu à peu, et plutôt vite que peu à peu, avec une prééminence basculant de l’Occident du bloc-BAO vers l’Orient de l’Asie triomphante. Je suivis cela avec un intérêt détaché, devant ces projets pharaoniques de l’hypermodernité, pour attirer et coordonner ceux qui seront plus de 8 milliards en 2037, et qui n’étaient que 310 millions en 1970, – les passagers de l’air, c’est-à-dire les touristes.
Il me vint bientôt une remarque qui se réclamait d’une évidence criante, et je compris plus tard (c’est-à-dire ce matin, lorsque j’ai fait les recherches) qu’elle était à la fois injustifiée et justifiée. La remarque était la suivante : “Mais comment peut-on faire une telle émission aujourd’hui, alors que l’industrie du transport aérien est dans un état d’effondrement qui n’a d’égales que ceux des industries de l’aéronautique civile et du tourisme ?” Mes recherches montrèrent qu’il s’agissait d’une rediffusion d’un épisode passé pour la première fois le 5 avril 2019. Ma conclusion fut que passer cette émission en avril 2019 avait du sens mais la repasser en avril 2020 telle quelle, par gros temps de Codiv19, relève d’une inattention coupable ou d’une ironie bien surprenante dans ces milieux de “sachants” de l’industrie du spectacle-studieux et de la communication bienpensante.
Il n’empêche, j’ai vu l’émission, ou disons une partie substantielle, assez pour faire naître cette question ontologique, de pure essence : “Mais dans quel monde vivons-nous ?”. La vision de ce film, avec des yeux de la crise-Covid19, m’imposa la remarque fondamentale du changement, de la rupture, du bond cosmique : sans nul doute, je regardai une émission du temps passé, du “temps d’avant”, du temps où tous ces “sachants” pouvaient étaler paisiblement l’étendue infinie de leur savoir devant nos regards improbables en incertains.
(Suite)
29 avril 2020 – Joe Biden est en train de se faire ses propres poches pour tenter de trouver une “coloc” qui fasse le poids. Songez à son dilemme : il pourrait être élu certes mais il s’en apercevrait à peine, vu son état mental, et il entrerait à l’hôpital, – pardon à la Maison-Blanche, à reculons et la tête-à-queue. Il lui faut donc une sorte d’aide-soignante, pour l’aider ; aussi est-il en chasse, et il se pourrait bien qu’il ait repéré l’oiseau rare... Surprise, surprise.
Redevenons sérieux, pour compléter le paysage présenté avant-hier avec le plus grand sérieux. Biden, 77 ans, a, comme on dit, “des troubles cognitifs”. On espère qu’il tiendra au moins jusqu’à l’élection, pour être élu dans un fauteuil, et qu’à ce moment on pourra à la fois souffler et aviser. C’est alors que sa “coloc”, sa deuxième de liste, sa vice-présidente, commencera à jouer un rôle si important.
Comme vous avez pu le remarquer, je mets tout cela au féminin, simplement parce que Biden, sur ordre du parti démocrate et selon une manœuvre subtile de bienpensance, a annoncé fermement qu’il comptait prendre une femme comme colistière. Donc, c’est un dilemme dans le dilemme, car beaucoup de ces dames craignent le côté pince-fesses de Biden ; malgré son âge avancé et sa vigueur décrépite, un accident est vite arrivé.
(Suite)
26 avril 2020 – Les choses se mettent en place élégamment, very nicely. Les “éléments de crise” (comme l’on dit “éléments de langage”) sont en place et opérationnels : un président en bien mauvais état, deux (au moins) gouverneurs, une Cour Suprême, un candidat en bien mauvais état, un ex-président du Brésil en activité et une pandémie. Agitez le tout et attendez le premier mardi de novembre pour que la greffe prenne... Après quoi, “après eux le déluge” ?
Covid19 a mis en évidence les faiblesses de Trump, comme nul n’en ignore. La gestion de la pandémie a été pour le moins hasardeuse et erratique. Trump évolue entre la nécessité de rattraper ses gaffes de départ instituant la quasi-inexistence de cette pandémie en apparaissant comme un défenseur des citoyens contre l’infâme virus, et d’autre part sur la nécessité dans son chef de “rouvrir l’Amérique” à sa puissance économique paralysée par le “confinement” contre l’infâme virus (“Reopen America”, selon le slogan d’Alex Jones d’Infowars qui joue le rôle de mobilisateur des forces populaires pro-Trump).
En deux mois, son influence et son ascendant, – pour ne pas parler d’“autorité” pour son cas, – se sont trouvés fortement freinés par cette crise-Covid19. De par la répartition des autorités constitutionnelles, Trump a vu son pouvoir central contesté par les pouvoirs des gouverneurs des États, et particulièrement les deux démocrates de deux des plus importants États, Cuomo pour l’État de New York et Newsom pour la Californie. Cuomo a acquis une fameuse visibilité en tenant une conférence de presse quotidienne sur la situation de la pandémie dans son État, qui fait quasiment concurrence à celle de Trump ; pour certains, Cuomo paraît certaines fois être un président-bis, ou un “président-alternatif”, surtout quand Trump fait des gaffes.
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25 avril 2020 – Je suis allé par hasard sur cette intervention de Jérôme Salomon, et j’ai été extrêmement impressionné, – non pas le journaliste, l’auteur le commentateur, l’esprit critique de la fonction qui sont en moi, – mais la personne que je suis, par rapport à son éducation et sa culture, surtout en n’oubliant en rien les images de sa jeunesse, ses impressions profondes, les choses qui vous restent le long de toute une vie. Donc, le Directeur Général de la Santé parlait mercredi devant une commission parlementaire formée pour enquêter sur l’actuelle pandémie. Le passage référencé reprend deux affirmations :
• La pandémie Covid19 a «un caractère exceptionnel» et «peut être comparée à la pandémie de peste de 1347 ou à la pandémie de grippe espagnole en 1917» ;
• Les deux pandémies signalées comme références ayant pris plusieurs années à se répandre sur l’espace mondial, la pandémie Covid19 est encore plus exceptionnel et elle est même unique : « C’est la première fois dans l’histoire du monde que l’ensemble des pays sont touchés en même temps en trois mois. »
Je mets aussitôt de côté la polémique : Salomon dit-il la vérité de son appréciation, ou bien dramatise-t-il à dessein, dans un sombre dessein, etc. ? Et d’ailleurs, Covid19 n’est-il pas un montage, “a hoax” ? Une manœuvre habile et juteuse de Big Pharma ? Un coup de force pour nous faire basculer dans un “1984 sanitaire” ? Ou certainement un coup monté par les Chinois pour liquider les yankees, ou bien certainement l’inverse ?
(Suite)
23 avril 2020 – C’est un mot, une expression, un néologisme, etc. et que sais-je, qui a une réelle fortune depuis quelques années. Il faut dire qu’il désigne une catégorie de personnes et d’actes d’une très grande importance correspondant à la nouvelle situation que nous connaissons notamment depuis 9/11, et jusqu’ici sans rangement suggérant leur rassemblement. On l’a beaucoup utilisé sur ce site, jusqu’à en faire le sujet d’un concept du Glossaire.dde, mais selon une orthographe bien spécifique (l’antiSystème), qui avait été justifiée auparavant dans un autre texte, le 10 décembre 2010(« Des “antisystèmes” aux “antiSystème” »), introduisant le concept selon notre entendement bien spécifique.
Avec le Glossaire.dde du 27 juillet 2016, nous avions franchi un pas important en identifiant une chronologie nous faisant passer d’un modèle d’“antisystème” (modèle-Ron Paul) à un autre (modèle-Donald Trump). Quelques citations de ce Glossaire.dde rappellent de quoi il est précisément question :
« [...] [...A]insi verrons-nous qu’au bout du compte, franchissant un pas de géant, [la fonction antiSystème]s’est institutionnalisée elle-même à la mesure du Système lui-même, dans le champ de l’affrontement avec lui et pour l’affronter au plus haut qu’il est possible ; elle s’est “ontologisée”, pourrait-on dire en se référant au mot grec initial (ontos : être). Il n’a donc jamais été aussi urgent et nécessaire de tenter d’en donner une définition la plus complète possible. [...]
(Suite)
21 avril 2020 – Imaginez qu’un lecteur de dedefensa.org, vous ou moi qu’importe, se soit mis dans l’idée d’acheter hier dix barils de pétrole. Il aurait reçu dix fois $37,62, ce qui lui aurait fait un bel argent de poche (ou l’occasion d’un don somptueux à dedefensa.org). Évidemment, me direz-vous, qu’est-ce qu’il aurait bien pu foutre des dix barils reçus comme une sorte de pochette-surprise ? Donc, il s’est abstenu.
Là-dessus, je vous dirais que j’apprécie beaucoup Max Keiser, qui officie à RT.com. Quel rapport ? diriez-vous ; évident ! répondrais-je. J’ai en effet l’intention d’introduire ci-après un excellent petit texte où l’on interroge Keiser sur cette journée mythique où l’on vous vendit le baril de brut “– $37,62”.
(Depuis, ouf et puis dernières nouvelles ; les prix ont rebondi, ils ont tenu et se sont confirmés “positifs” ce matin, – avant de rechuter “négatif”. Montagnes russes, Poutine suspecté.)
J’aime bien Keiser parce que c’est un drôle de loustic qui déteste mâcher ses mots. Ancien trader, investisseur, conseiller, etc., tout ça à Wall Street, donc grand connaisseur de Wall Street avec toutes ses arnaques et ses coups fourrés, il ne cesse de cracher avec délice et ardeur sur Wall Street. Vous direz qu’il crache dans la soupe et je répondrais pour lui : et comment ! Et il a bien raison, qu’il crache encore et encore, l’immondice monstrueuse qu’est Wall Street se trouve en substance de connaissance.
(Suite)
18 avril 2020 – Parmi mes lubies, réflexes et habitudes d’expérience, parmi les références que j’affiche selon les circonstances, où la qualité est plus la piste à suivre que la quantité, l’on trouve le site SST (Sic Semper Tyrannis) du colonel Pat Lang... Ou doit-on dire déjà “se trouvait” ? C’est là tout le sujet de cette page du Journal-dde.crisis.
Je n’ai donc jamais caché ma considération pour SST et le colonel Lang, comme on le lit dans de nombreux textes (SST est référencé 49 fois par un moteur de recherche balbutiant) ; par exemple le 1ernovembre 2016, avec cet avis sans barguigner :
« Je considère l’avis du colonel Lang sur ses matières du pouvoir et des arcanes bureaucratiques du Système, non seulement avec respect mais comme particulièrement intéressant à cause de son expérience au sein de la DIA, à des postes sensibles où il eut beaucoup à faire avec le pouvoir politique, et en général avec le Système. Ses engagements sur son site SST (Sic semper Tyrannis), assez peu orthodoxes pour un ancien officier de l’US Army (une dissidence affirmée objectivement de type antiSystème sur certains points essentiels de la politique de sécurité nationale), exprimés dans une attitude d’un patriotisme à toute épreuve, complètent le tableau pour justifier ma considération sur son jugement. »
Objectivement, SST est considérée dans les milieux de sécurité nationale (aux USA et dans d’autres pays de la sphère transatlantique/bloc-BAO) comme l’une des meilleures références de la “dissidence-sérieuse”. (Ou bien dois-je écrire “était considérée” ?) Sa couverture du conflit syrien notamment, ses positions sur les attaques chimiques-bidon, etc., constituent un des aspects les plus remarquables de ses activités de ces dernières années.
(Suite)
17 avril 2020 – Hier soir, dans le 28 minutes de Arte réduit à la portion congrue “codivienne-19”, il y avait une interview-Skype de l’historien Stephane Audouin-Rouzeau, qui fait partie de l’élite historiographique, ou nomenklatura pour les esprits critiques, de notre establishment parisien. Cela écrit avec quelques discrets effets d’ironie sarcastique, simplement pour situer les circonstances, et laissant de côté ce que je peux penser de 28 minutes et des préjugés de mauvais esprit auxquels je pourrais me laisser aller, sans argument ni quelque raison que ce soit, vis-à-vis de Audouin-Rouzeau.
Il reste que ce Audouin-Rouzeau est un spécialiste de la Grande Guerre, président du Centre National de Recherche de l’Historial de la Grande Guerre, au musée de Péronne, avec beaucoup d’autres fonctions et activités (voir son Wikipédia). Son idée, qui constitue la poutre-maîtresse de l’interview, est que, dans cette époque Covid-19, nous ne sommes pas « en guerre » comme dit notre-Président mais « en temps de guerre ».
Cette idée est opérationnalisée par cette remarque, que l’intervieweur Renaud Dély lui rappelle : « Vous avez dit [à propos de l’époque ouverte par Codiv-19] : “J’ai l’impression étrange d’être plongé dans mon objet d’étude” », c’est-à-dire dans une sorte de remake du « temps de guerre » de 1914... C’est-à-dire la vie du pays français alors que la guerre de 1914 éclate, et non pas les tranchées où les hommes meurent, les routes où les déroutes se font et les lignes où se livrent les batailles. La remarque est beaucoup plus sociale et psychologique que militaire et opérationnelle, beaucoup plus ontologique que stratégique.
(Suite)
14 avril 2020 – Nous avons regardé et écouté les premiers échos du Coronavirus, alias Covid-19, d’un œil serein et d’une oreille légèrement narquoise. (Quand je dis “nous”, je ne m’exclue pas complètement, par rapport à la polémique signalée [la chinoiserie du virus Corona], et même pas du tout, et cela malgré mon attention à éviter de tremper le bout du doigt de pied dans les polémiques qu’affectionnent les zombieSystème optimistes-nihilistes et les antiSystème nihilistes-pessimistes. Disons qu’il faut tenter de saisir, “avec des pincettes” si vous voulez, ce qu’il y a de plus proche du ridicule dans ces supputations.)
Il n’était question que de savoir ce dont on était déjà assurés, si le gouvernement dictatorial chinois mentait ou disait la vérité, si les droits des gens étaient respectés, si l’organisation de riposte du gouvernement communiste chinois à l’épidémie naissante était au point, si la croissance chinois reculerait de un, deux ou trois points, si les bombardes hypersoniques chinoises tenteraient (elles échoueraient c’est sûr, technologies d’un autre temps) de déverser sur nos équipages des boulets épouvantables bourrés jusqu’à la gueule de Coronavirus.
Toute inquiétude était bannie au profit d’une jubilation absolument américaniste. Pompeo ricanait ouvertement en réclamant un regime change d’urgence à Beijing, avec tant de bonhomie dévastatrice qu’on s’interrogeait pour savoir si ce n’était pas ses services qui avaient fabriqué la bestiole Covid-19, histoire de donner un coup de main aux Chinois. Le Système se félicitait bruyamment de sa propre vertu, de sa propre morale, de sa propre démocratie dont les Chinois s’avéraient plus que jamais dépourvus, privés et incapables à la fois. Puis brusquement, aidés en cela par le début de l’expansion du virus sur nos terres abondantes et aussi bien cultivées que civilisées, nous commençâmes à réaliser que nous étions tous dans la même baignoire, à barboter misérablement, et que le sort des Chinois n’était contenu par aucune barrière, que les chaînes libérales et libre-échangistes qui nous unissent comme les deux poignets d’une paire de menottes constituaient le meilleur moyen de partager le même sort éventuellement catastrophique, de connaître les mêmes avatars.
(Suite)
13 avril 2020 – A suivre les Masters of the Universe et leurs critiques-dissidents, jusqu’aux plus dignes d’entre eux, il me semble que la perception, la psychologie et bientôt le jugement ont franchi leur Rubicon. Au-delà, ce n’est pas Rome et ses ors, son pouvoir et sa grandeur mais une sorte de Désert des Tartares, une terra incognita comme philosophait César ou bien encore, comme dit dans une interview de la BBC l’avisé Bill WaterGates soupçonné de tous les maux, « We find ourselves in an uncharted territory ».
Je veux dire par là qu’il me semble qu’un sentiment que j’ai commencé à ressentir lors du dimanche des Rameaux semble bien se confirmer pour les Pâques : la perception que la mue de la crise est en train de s’achever. La chrysalide qu’est la crise-Covid19 est en train de se transformer en ce à quoi elle est destinée : déployant ses ailes comme un papillon brillant de toutes ses couleurs impériales, elle est en train de devenir la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES). Pour autant, on ne doit pas penser que la crise-Covid19 se dissout dans la GCES pour ne plus exister, non elle est une composante de la GCES et elle perdure, et même elle continue à être la condition même de la réalisation de la GCES.
Mon impression vient de la lecture, notamment sur les sites convenables, antiSystème et pas trop hystériques, de plus en plus de ces textes caractéristiques, jusqu’alors de prospective un peu vaine et désormais d’une actualité que l’on devine formidable ; textes d’auteurs différents, de provenances très variées, envisageant des événements en apparence très divers mais dont on comprend aussitôt qu’ils sont en vérité tous liées par ce sentiment inéluctable de la catastrophe inévitable et nécessaire à la fois. Mais je précise aussitôt, pour écarter le catastrophisme réducteur, qu’il y a une latence formidable, une prégnance cosmique de cette perception eschatologique de l’apocalypse pris de moins en moins dans le sens de sa déformation populaire (de “catastrophe”, justement) et de plus en dans son sens réel originel de “dévoilement” (pour les Anciens) et de “Révélation” (pour les chrétiens).
Il est remarquable de constater comment les différents groupes que j’identifie au nombre de trois, – plutôt des groupes psychologiques où l’inconscient joue son rôle, que des groupes de pensées et de conceptions diverses, – envisagent des façons très différentes de progresser sur cette terra incognita, sur ce uncharted territory. Je ne parle pas de ce qu’ils ont déjà reconnu ou exploré, – c’est-à-dire rien d’un côté ou d’un autre, – mais sur la façon qu’ils choisissent pour évoluer, ou bien plutôt pour “se faire évoluer”. Je serais tenté de procéder à un rangement, – plutôt qu’à un classement qui suppose une hiérarchie que les évènements n’ont pour l’instant absolument pas autorisée.
(...Car bien sûr, ce sont les événements eux-mêmes qui conduisent le bal, imposent le rythme, marquent la cadence. Sans que nous le sachions et, encore moins, que nous l’envisagions, car il y a si longtemps que nous avons totalement “perdu la main”. Non seulement il n’y a pas de main ferme pour tenir le gouvernail, mais il n’y a pas de gouvernail, et au reste c’est aussi bien car les éléments déchaînés, comme sur un voilier pris dans la tempête et dérisoirement mis “à la cape”, nous pousse dans la voie qui leur sied.)
D’un côté il y a une attitude psychologique d’attente, qu’on dirait presque flegmatique parce qu’elle est finalement très énigmatique. J’y mettrais le groupe des grands pays qui contestent le pouvoir de l’Occident du monde, du bloc-BAO ; c’est-à-dire, la Chine, la Russie, l’Iran, et d’une façon plus générale les Eurasiatiques installés dans leur souverainisme ou leur confucianisme qui constituent un socle de tradition d’une certaine stabilité. Ils prennent les mesures qu’ils doivent ou peuvent prendre pour traiter les conséquences sanitaires, socio-économiques, etc., des diverses crises constituant la GCES, et ils les prennent avec détermination et discipline mais sans éclat excessif ni la moindre certitude d’être dans le meilleur.
Pour le reste quiu est l'essentiel de la crise qui mue, ils observent et ils regardent les événements se dérouler sans vraiment chercher à les influencer. Il est vrai qu’ils sont dans une sorte de contradiction, puisqu’adversaire des suprémacistes capitalistes et anglo-saxons, et en même temps complices du capitalisme où ils sont partie prenante, parfois d’une façon extrêmement affirmée où on les retrouve “plus royalistes que le roi”, – mais ce n’est jamais qu’un arrangement tactique. Leur socle de tradition leur permet de supporter sans trop de mal cette contradiction, mais ils ne sont en aucune façon des “gagnants” ou des “perdants”, ni certains aucunement de s’en tirer ; ils attendent et voient venir comme ils peuvent.
L’inverse psychologique dirais-je, – en prenant bien garde qu’on n’y voit pas de classement comme je l’ai dit, – est le groupe, la partie américaniste, marquée par une psychologie si singulière. Prise complètement de court, puisque Wall Street allait si bien, aveugle à la pandémie, l’Amérique américaniste a été frappée avec une violence inouïe. Après un temps de confusion qui a permis que se développent des conditions sanitaires et sociales catastrophiques, – entre les plus de 20 000 décès et près de 500 000 infectés, les 16 millions de chômeurs en trois semaines et les files de voiture pour recevoir une ration quotidienne de nourriture des organisations caritatives, – le naturel de la psychologie a repris le dessus et les appels à la reprise du travail se multiplient, de l’administration Trump au candidat du “parti sociétal-progressiste”, le démocrate en superforme Joe Biden. Le but primaire, complètement primaire, est de réanimer l’économie en renvoyant les gens au travail aussi vite que possible et au risque de la maladie, de poursuivre l’ascension de Wall Street, d’enrichir les 0,1%, bref de reprendre comme avant. Il semble n’y avoir rien d’autre d’envisageable.
Pourtant, même dans les bastions du plus sérieux conservatisme mâtiné de libertarien où effectivement la dynamique économique tient la première place, comme par exemple sur le site Sic Semper Tyrannis du colonel Lang (qui appelle personnellement à la “reprise du travail”), la situation est considérée comme extrêmement grave dans tous les cas, je dirais presque : ‘d’ores et déjà’. Sur tel texte sur « La nouvelle ‘normalité’ post-Covid19 », où les commentaires sont aussi intéressants et valent autant que le billet qui les réclame d’ailleurs, vous lisez ceci : « Les États-Unis ressembleront-ils à l’Allemagne immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Moins de ruines et de décombres mais pas plus d’économie réelle » ; ou bien ceci : « [L’Amérique] deviendrait semblable à des pays d’Amérique Centrale multipliés par mille, – gangs, cartels, subornation, corruption, effondrement du respect de la loi, etc. »
Le climat psychologique en Europe, – qui forme le troisième “groupe psychologique” de mon rangement, – est bien différent du climat américaniste, même si les données pourraient paraître similaires à partir de deux entités complètement tournées vers le néolibéralisme. L’attention portée au sort de la population ressort du domaine de l’Etat (même si l’Etat est faible et peu efficace), selon une psychologie certes diversement affirmée mais dans tous les cas différente en nature de la psychologie américaniste qui ne raisonne pas selon un centre régalien impliquant un bien commun et un bien public, – pour synthétiser, un réflexe interventionniste dans les cas d’urgence totalement étranger à la psychologie américaniste. L’évolution pourrait alors être très différente de celle des USA, avec des divisions intra-européennes graves, avec des tensions transatlantiques qui le seraient encore plus, avec des institutions européennes affaiblies, voire ridiculisées par leur impuissance.
Dans un tel cadre, les opinions publiques pèsent lourd et s’ajoutent alors à l’influence des establishment médicaux qui ont un rôle important dans la direction crisique pour la période-Covid19, surtout en France, et qui ont pour but principal d’éradiquer la pandémie, qui s’appuient sur un personnel soignant devenue une icône d’héroïsme et vis-à-vis de laquelle il est difficile de prendre des décisions mettant en danger la bonne marche de l’éradication de la pandémie. Plus que jamais, l’Atlantique joue un rôle de diviseur entre ces deux sous-blocs rangés comme deux frères-siamois haineux dans le bloc-BAO.
Il est vrai que l’événement dominant est bien une chronologique que je peine à qualifier de “diabolique”, sinon par humour noir inversé ; en effet, je verrai plutôt cette chronologie comme “divine”, si l’hypothèse était encore acceptable dans notre époque tolérante et libérale. Cette chronologie, c’est le fait d’avoir placé la crise-Covid19 avant la crise économico-sociale ; et certes, comment faire autrement puisque Covid-19 est le détonateur de cette phase crisique ? La conséquence est que le sort des êtres humains menacés par la maladie, le sort des citoyens si l’on veut est placé “en première ligne”, qu’il prend donc une place prépondérante et rend difficile, voire quasiment impossible dans certains cas, l’habituel réflexe qui est de tout sacrifier, y compris le sort des citoyens, à une économie qui s’est effondrée sous le coup de sa crise saisonnière.
C’est en cela que 2020 est complètement différent de 2008 (on y reviendra).
C’est en cela que la possibilité du développement final de la GCES est très largement rencontrée, et d’ores et déjà peut-être bien décisivement lancée. Sur ce dernier point, j’aurais tendance à accepter l’hypothèse : le Rubicon est bien franchi, ô César.
Un dernier point à relever est la situation très complexe d’un véritable antiSystème, selon les options qui sont proposées, qui sont l’objet de critiques antiSystème dans tous les sens. Faut-il demander au nom des libertés contraintes et menacées par le Système, la fin du confinement accompagné de la reprise de l'économie travail qui sera aussitôt inscrite dans la logique du sauvetage du Système ? Ou bien l’inverse, qui favorise pour certains les tendances dictatoriales et policières du Système en assignant le citoyen 'à confinement’, mais permet aussi de rendre horriblement difficile le sauvetage du Système ?
(J’aurais tendance à répondre : “les deux, mon Général”, ce qui est assez juste car l’on va sans doute, avec ces pouvoirs politiques d’une incroyable faiblesse et les tensions internes qui règnent dans nos royaumes, naviguer entre les deux tendances, c’est-à-dire les affaiblir toutes deux et laisser s’étendre la Grande Crise. Le dilemme n'est rien d'autre qu'un ‘piège à cons’, comme il est dit par Jean Rochefort dans Le grand blond avec des chaussures noires.)
La situation est donc extrêmement compliquée, pour tout le monde, et pour l’antiSystème de base qui se voudrait activiste pas moins... Je conclurai par mon habituel “botté en touche”, dont je ne me suis jamais départi, et qui est sanctuarisé pourrait-on dire par la vertu d’inconnaissance : laissez faire, laissez-le faire, laissez aller et laissez-le aller...
L’on sait que le Système ne peut mourir que par autodestruction et je considère qu’il s’y emploie avec zèle. Il importe de ne pas trop le freiner dans cette ardeur.