Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Le Temps et la “rébellion du temps” 

  dimanche 12 janvier 2020

12 janvier 2020 – Ce fut une  folle semaine, terminée follement par l’incursion d’une entité que nous ne rencontrions plus, – la vérité qui fut dite par inadvertance par les menteurs du simulacre habituel au Système, et contestée en toute bonne foi par ceux qui prétendent dévoiler une  vérité-de-situation en s’attaquant aux menteurs pour les dénoncer. Ainsi pourrait être résumer, d’une façon très symbolique, le moment où les Iraniens annoncèrent qu’ils étaient les responsables, par erreur tragique, de la destruction du vol PS752 de l’Ukrainian International Airline décollant de l’aéroport international Imam Khomeini, de Téhéran.

Beaucoup d’appréciations et d’explications ont été données, allant de celle de  la simple approbation de la reconnaissance de sa responsabilité par l’Iran, à diverses supputations et dénonciations de machinations iraniennes et anti-iraniennes. C’est volontairement que je reste vague dans ces observations, moi-même emporté dans le flot des nouvelles et de leurs contradictions, parce qu’il est impossible de présenter une description nette de la réalité de ce qui est devenu une sorte de “temps rebelle”, même avec l’aide de la vérité pour un instant, parce que l’on sait depuis plusieurs années que  la réalité a été  désintégrée.

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Chronique d'une désescalade

  vendredi 10 janvier 2020

Revenant ou poursuivant son commentaire sur “le pire des scénarios”, Scott Ritter reprend à son compte la thèse de Elijah J. Magnier concernant le “message iranien” délivré par ses missiles, et affirme que les mêmes Iraniens ont montré par la précision de leurs tirs sur des cibles non-humaines que ce message n’était pas de simple rhétorique ni réduit à une propagande standard. Selon cette approche, il réaffirme l’une de ses principales affirmations, d’ailleurs rencontrant diverses affirmations dans ce sens depuis un temps déjà assez long, concernant le théâtre du Moyen-Orient ; d’où sa présentation du volte-face de Trump annonçant la fin du cycle des représailles :

« Trump avait précédemment promis des représailles massives si l'Iran attaquait du personnel ou des installations américaines. [Parlant]entouré de son équipe de sécurité nationale, Trump a dû oublier cette menace, sachant très bien que s'il devait attaquer l'Iran, la réponse iranienne serait dévastatrice pour les États-Unis et leurs alliés régionaux, notamment Israël, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Les États-Unis pourraient être en mesure d'infliger une dévastation inimaginable à l'Iran, mais le coût d’une telle opération serait trop élevé pour être acceptable... »

Sur le plan de sa position intérieure, Trump est passé en une volte rapide comme l’éclair, accompagnée de diverses fleurs de rhétorique sur la puissance US et la menace réaffirmée contre l’Iran, d’une position de belliciste déchaînée “hors de contrôle” à celle d’un gestionnaire de crise sachant se replier sous le couvert d’un déluge de feu communicationnel vantant ses propres vertus. Mais on commence à le connaître dans ce genre d’exercice. Il a fort peu trompé son monde sur ses capacités de simulacre, dans la rude bataille, la vraie de vraie, celle qui ne s’interrompt plus depuis 2015-2016, celle qui se poursuit à Washington D.C.-“D.C.-la-folle” et que n’a nullement interrompu l’épisode iranien ; bien au contraire, qui a été ragaillardi par l’épisode iranien...

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Le brouillard de l’absence de guerre

  mercredi 08 janvier 2020

8 janvier 2020 – Il est assez évident que la “riposte” iranienne a surpris un grand nombre de commentateurs, y compris votre serviteur évidemment. On attendait de la part des Iraniens, de la patience, du temps, de la ruse et la surprise dévastatrice d’une attaque sur un point important de la puissance militaire US au bout du compte. Au lieu de quoi, cette “frappe” décrite obligeamment par Khamenei comme “une gifle” infligée aux États-Unis et comme la preuve que l’Iran  ne veut pas la guerre par le ministre iranien des affaires étrangères, a tout d’une sorte de “service minimum” qu’on croirait presque convenu pour que les USA, dans la dynamique de la combinaison virevoltante des centres de pouvoir qui ont leur mot à dire souvent en s’affrontant, ne se trouvent pas à leur tour dans l’obligation de riposter.

Si l’on suit les tweets  d’Elijah J. Magnier, à propos de la principale base qui a subi ces frappes plutôt symboliques (Ayn al Assad est un grand centre des forces US et de la coalition), tout cela est combiné pour faire passer un message précis à Washington D.C., avec une démonstration de la capacité technique dans la précision des frappes. « Avec cette attaque, l’Iran dit à Trump : “si vous nous attaquez, il y a des milliers de soldats US et alliés à cette base d’Ayn al-Assad. Tous rassemblés dans cet endroit. Tous seront tués et la base détruite si vous ripostez.” »

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Au risque de se perdre

  samedi 04 janvier 2020

4 janvier 2020 – Nos lecteurs et amis, qui font souvent une seule et même personne, savent que j’ai quelques marottes. Par exemple, celle d’employer souvent une citation lorsqu’elle convient parfaitement à un aspect de ma pensée, à un aspect de la situation, etc. L’une d’entre elles revient à chaque fois que la crise iranienne, ou plutôt la crise Iran-USA qui dure depuis quarante ans et a connu des pics paroxystiques nombreux depuis 2005, atteint un de ces pics, – cette fois d’une hauteur vertigineuse...

Bien sûr, je n’emploie cette citation d’un article de Chris Hedge dans Truthdig repris par nous le même le 26 avril 2010, – que depuis ce 26 avril 2010 ; il faut être précis et cohérent, mais aussi constater que les séquences qui se succèdent s’identifient à des commentaires de plus en plus radicaux. La citation évoquée ici reprend des déclarations de néo-sécessionnistes de divers États de l’Union que Hedges avait rencontrés. Il s’agit ici de Thomas Naylor, du Vermont, mettant en accusation le Corporate Power, qui corrompt absolument le pouvoir bien plus que le pouvoir absolu et qui pousse à ces guerres continuelles si propices à ses bénéfices ...

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T.C.-84 : Actes, conséquences & tragédie

  vendredi 03 janvier 2020

3 janvier 2020 – Ayant appris les événements que chacun sait à Bagdad, avec au centre de ce “tourbillon crisique” (T.C.) l’assassinat du général iranien Soleimani, j’ai eu aussitôt à l’esprit, sans grande originalité certes, l’image d’une tragédie se formant comme un nuage d’orage se formant en tourbillonnant à une vitesse en constante accélération. Peut-être s’agit-il, pour cette région si sensible du Moyen-Orient, du moment le plus intense depuis l’invasion de l’Irak de mars 2003, mais dans des conditions tellement différentes. En 2003 l’attaque prétendait installer l’“ordre” (Pax Americana, sans rire) dans cette région du monde et dans le monde par conséquent ; aujourd’hui, l’attaque marque un degré de plus dans l’escalade du désordre incontrôlable dont l’Amérique a accouché pour marquer le seul empire qu’elle peut faire peser sur le monde et qui l’emportera elle-même.

Du temps de la Guerre froide, on appelait cela une “escalade” et l’on aurait dit qu’on se trouve quasiment au dernier degré de l’escalade, et l’on serait en train de chercher désespérément une issue de secours. Aujourd’hui, cette “escalade” a à la fois quelque chose d’insensé, d’inarrêtable et d’inévitable, à la fois comme une folie du destin et une fatalité de la destinée, comme la confrontation de deux univers distincts dont l’un sans aucun doute est de simulacre, comme une tragédie tout de même absolument tragique cette fois, même s’il lui reste quelques traces de bouffe.

Certes, l’attaque a été suggérée, ordonnée, exécutée sous la responsabilité d’acteurs improbables : l’extravagant Donald Trump qui veut se faire réélire sans faire la guerre ; le terrible et fantomatique DeepState qui déteste Trump et lui donne l’occasion d’« empêcher de futures attaques iraniennes » (selon le tweet présidentiel qui ne doute de rien en caractérisant l’assassinat de Soleimani) ; l’influent Netanyahou dont on sait qu’une guerre serait une bonne solution pour lui éviter la prison pour corruption. Dans tous les cas, Trump s’était retrouvé dans une situation, ménagée par ses généraux, où il lui était impossible selon sa propre conformation psychologique et narcissique d’accepter la comparaison, dans l’esprit de la chose, avec le brave Jimmy Carter, en novembre 1979, lorsque l’ambassade des USA à Téhéran avait été investie par la foule des jeunes étudiants iraniens radicalisés. 

Tout de même, je jugerais bien que le plus inattendu dans cette affaire, c’est la réaction des démocrates.Tous les tweets des leaders du parti vont dans le même sens, avec une parfaite coordination : certes, Soleimani était un “ennemi de l’Amérique”, un affreux personnage, etc., mais cela ne justifie aucunement de mettre le pays au bord de la guerre. « Le président Trump vient de jeter un bâton de dynamite dans un baril de poudre, tweete John Biden... Nous pourrions nous trouver au bord d’un conflit majeur au Moyen-Orient. »

C’est un peu le monde renversé : les démocrates criant à la provocation guerrière du président des USA alors qu’ils l’accusent depuis des années d’être un agent russe chargé de museler les entreprises extérieures, guerrières et moralisatrices de la Grande République. Mais rien ne doit nous étonner dans ce qui vient de “D.C.-la-folle”, et surtout pas le constat que le conflit interne prend le pas même sur les circonstances les plus pressantes d’unité bipartisane au nom de la sécurité nationale (quels que soient les intentions, les manœuvres, les montages, etc., des uns et des autres).

Dans mon souvenir, même au pire de la crise du Watergate, la guerre d’Octobre 1973, où les USA n’étaient même pas directement partie prenante, avait provoqué un regroupement bipartisan général derrière la politique d’un exécutif dont le chef était pourtant à la dérive face au Congrès et aux démocrates. Cela n’a pas empêché Nixon d’y passer, certes, mais cela nous avait montrés qu’il restait aux USA une communauté de réalisation de ce qu’est l’intérêt impératif d’une conscience collective (nommons cela “unité nationale”, cela a plus d’allure) de l’establishment dans les moments d’extrême tension pour la politique extérieure.

Pour le reste, nos appréciations sur cet événements, nos supputations sur la façon dont les conséquences vont s’enchaîner, nos estimations sur la terra incognita où tout cela nous mènera, restent sans écho et de peu de sûreté. Qui aurait la capacité de donner des réponses de quelque intérêt dans ce monde étrange et si complètement chaotique, où ne règnent plus aucune règle, plus aucune ligne, plus aucune forme ? Alors, peut-être faut-il s’en remettre aux signes des coïncidences d’intuition, à la perception symbolique, à la rencontre des esprits.

Ce matin, ayant appris la nouvelle des événements de Bagdad, je m’accordai comme à l’habitude un temps de réflexion en combinant, sur une activité physique adéquate (vélo d’appartement) une lecture attentive et méditative que je poursuis à mon rythme, de ce superbeHomunculus, de Mircea Marghescu. (*) Il s’agit du passage dit “Des ‘actes’ aux conséquences” où il est question du héros, de la tragédie et de la mort ; je trouvai ces quelques pages si parfaitement accordées aux événements, selon mon goût et mon sentiment, que je décidai d’en retenir des extraits. 

Ceci, lorsqu’il s’agit d’évaluer l’acte lui-même : « L’acte est solidaire de ses conséquences et c’est en fonction d’elles qu’on le jugera. Sa culpabilité ne sera plus mesurée à son degré de conscience, – et de mauvaise conscience, – mais à “la mort qu’il porte en lui” et qu’il introduit dans le monde des hommes. »

Et puis ceci encore, lorsqu’il s’agit de suivre le déroulement d’une tragédie, de la tragédie :  « Aristote nous apprend que dans la tragédie les événements s’enchaînent selon “la nécessité”. Cette nécessité n’est pas de nature logique mais de nature ontologique : elle ne désigne pas l’enchaînement cohérent des épisodes d’un récit, selon les lois de la rhétorique, mais l’enchaînement des actes humains et de leurs conséquences selon les lois de la vie. » ;

Si l’on suit ces arguments, qui m’ont l’air bienvenus pour cette circonstance, si “la nécessité” de l’enchaînement est aussi impérative qu’on la ressent, alors nous nous trouvons devant la possibilité d’un tournant de l’histoire qui répondra plus à la métahistoire qu’à la logique brutale de la force apparente.

 

(*) Il s’agit de Homunculus – Critique dostoïevskienne de l’anthropologie, de Mircea Marghescu (L’Âge d’Homme), dont j’ai déjà parlé.

Poutine super-super-Superman

  jeudi 02 janvier 2020

2 janvier 2020 – Au cours de mes lectures, je tombe sur une référence qui m’envoie à un article du journaliste anglais Owen Matthews, qui fut notamment correspondant de  Newsweek  à Moscou de 1997 à 2016, et auteur du récent bestseller  Black Sun. C’est un journaliste expérimenté, bien dans la norme anglo-saxonne, avec ce qu’il juge être une grande connaissance de la Russie et par conséquent une extrême antipathie pour Poutine et une dénonciation empressée du danger russe... Donc, le voici auteur de cet article du  6 décembre 2019 dans le Times Litterature Supplement  [TLS] (le Times, quotidien londonien sans doute le plus antipoutinien et antirusse avec le Guardian).

Le titre attire aussitôt mon attention : « Le politicien judoka », avec ce sous-titre « Enquête sur le phénomène du succès continuel de Poutine ». Imaginez : un journaliste de cette trempe parlant du “succès continuel” de Poutine ! Je me mets à la lecture de la chose ; en fait une recension de plusieurs livres sur Poutine, d’auteurs respectables et remarquablement objectifs, admirablement vertueux, – bref, antirusses anti-Poutine. Je laisse ici l’argumentation pour vous livrer d’abord les premières lignes de l’article (un peu plus d’un paragraphe). Tout y est dit du sens du jugement de Matthews, qui paraît si révolutionnaire par rapport à ce qu’est cet auteur.

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Furieux comme Dieu en France

  vendredi 27 décembre 2019

27 décembre 2019 –  L’autre jour (tiens, ce devait être le 23 décembre), je regardais mon réseau favori, – LCI et ses audacieux aventuriers, meilleur des réseaux pour ressentir ce qu’il en est de l’état d’esprit de nos élites, de nos zombieSystème ; donc, suivant LCI, il y était une fois de plus question de la question de la retraite et des retraites. Il y avait Serge Rafi, de L’Obs, le socialiste-PS Kalfon, Anne-Elizabeth Moutet, du Daily Telegraph, absolument parisiannisée, l’impayable Bernard Guetta devenu député européen du Macron’s Band. Ils étaient tous là, discutant retraite, humeurs françaises, feuille de route et éléments de langage, avec Guetta dans ses petits souliers, très inhabituel chez lui, parce que représentant le Macron’s Band dont tout le monde à la fois se gaussait et disait pis que pendre quant à sa maladresse pleine de fausses notes vis-à-vis du bon peuple.

Mais surtout, vous me croirez ou pas (croyez-moi, c’est plus simple et plus court), il y avait une masse pesante, un poids considérable qui les écrasait tous. Tous plus ou moins, une fois crié “Haro” sur le macroniste de service (l’indicible Guetta), tous avaient en commun un air catastrophé, une expression d’impuissance, confusion et anxiété mêlées, justement peinant sous cette masse qui les écrasait… En même temps s’égrenaient les signes de l’incompréhensible soutien dont bénéficiaient les grévistes qui, en faisant grève, rendaient si pénible la vue des quidams ; et pourtant non, cagnottes, sondages, etc., tout dans le public tendait à leur être plutôt favorable, et cela aussi était un grand motif d’angoisse et d’incompréhension des débatteurs autour de la table.

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Propos d’un(e) non-collapsologue

  lundi 23 décembre 2019

23 décembre 2019 – Depuis deux ou trois années, Caitline Johnstone est devenue une escale obligée de tout navigateur antiSystème qui se respecte. Elle est particulièrement douée dans les attaques contre la presseSystème et les simulacres qui vont avec. C’est aussi une poétesse et sa forme d’esprit est donc plutôt celle d’une artiste, où la raison n’est pas l’outil dominant, et même dominateur de la pensée. Je ne suis pas loin de cette forme d’intellect, moi qui ai développé le concept d’“âme poétique” (voir La Grâce de l’HistoireTome-III/1) et qui ne crains rien de plus qu’une raison “dominatrice et sûre d’elle”, surtout dans notre époque de raison-subvertie. D’où mon attention à la suivre dans ce propos-là...

Je m’arrête en effet à un texte qu’elle a publié le 21 décembre, sous le titre complet de « La sauvegarde de l’humanité sera nécessairement un pas dans l’inconnu ». Ainsi ai-je tendance à la considérer comme une “non-collapsologue” bien qu’elle fasse en un sens de la collapsologie puisqu’elle nous dit sa conviction que rien (de ce que je nomme “Système”) ne peut plus tenir comme vont les choses, que nous allons vers un effondrement.

Mais la collapsologie, qui se voudrait scientifique en un sens, si elle renvoie au principe de l’effondrement, entend proposer de quelle façon se fera l’effondrement, comment les choses se passeront, éventuellement ce qui pourra surgir, se mettre en place, etc. Caitline Johnstone, elle, dit : “cela va se passer” ; puis elle poursuit : “je n’en sais pas plus car ce qui va venir ensuite sera nécessairement inconnu de ce que nous connaissons”. Cette seconde affirmation est justifiée par le fait que tout ce que nous connaissons est marqué par le Système et ne peut donc, ayant dans sa nature des tares indélébiles, servir à bâtir quelque chose qui serait exempt de ses tares.

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Courage et solitude de Tulsi

  jeudi 19 décembre 2019

19 décembre 2019 – Tout le monde a remarqué lors du vote évidemment positif (puisque majorité démocrate) de de la Chambre des Représentants pour la mise en accusation en vue d’une destitution du président Trump, la position de Tulsi Gabbard, la démocrate désormais bien connue malgré ce qui est apprécié par la presseSystème comme sa position “ridicule” dans les sondages parmi les candidats à la nomination démocrate pour les présidentielles USA-2020. Gabbard n’a pas explicitement voté, elle s’est déclarée “présente” lors du vote, et par conséquent refusant de voter “oui” ou “non”.

Les parlementaires US ont trois possibilité lors d’un vote : “oui”, “non” ou “présent”. La troisième option est un mélange d’abstention et du bulletin blanc de nos consultations électorales. (*) Gabbard a d’ailleurs expliqué son vote par son opposition au processus même de mise en accusation dans le cas présent. Elle s’en explique dans un communiqué dont diverses sources ont rendu compte :

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Les deux morts

  dimanche 15 décembre 2019

15 décembre 2019 – Dans le débat français sur les retraites, totalement surréaliste pour mon compte entre d’une part l’importance de la crise civilisationnelle qu’il illustre et d’autre part la micro-technicité tatillonne des “points” et des “régimes spéciaux” sur laquelle il se fait, une chose a retenu mon attention, peut-être comme par inadvertance ou par désœuvrement dans cette marée de parlottes pour s’y retrouver. C’est l’argument selon lequel, “comme fait tout le monde” selon la doctrine triomphante du panurgisme, notamment en Europe et avec quel succès, il faut travailler plus parce que “l’espérance de vie” s’est notablement allongée. C’est l’expression “espérance de vie” qui m’arrête, et la question qui me vient aussitôt à l’esprit : mais de quelle “vie” parle-t-il donc ?

Mon père est mort à 80 ans. Il était en pleine santé comme on peut l’être à cet âge quand le Ciel favorise votre vieillesse, encore vigoureux, plein d’allant  et marchant d’un bon pas. Il vivait sa retraite à lui au Tholonet, au pied de la Sainte-Victoire et près de la “Tour-Cézanne” où le peintre s’installait parfois pour une des multiples peintures qu’il fit de cette montagne sacrée des Anciens. Un jour, sortie d’achats courants dans quelque magasin, mon père traversait la fameuse Nationale 7 à la sortie d’Aix-en-Provence, “dans les clous”, devant deux voitures arrêtées pour le laisser passer, lorsqu’une moto qui avait eu l’idée de doubler à bonne vitesse ces deux voitures à l’arrêt le frappa de plein fouet et l’envoya valdinguer et retomber sur le crane.

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Le sens d’un entêtement

  vendredi 13 décembre 2019

13 décembre 2019 – J’ai certainement déjà rapporté cette observation que me fit  Régis Debray il y a une vingtaine d’années, lorsque nous eûmes quelques rencontres à l’occasion de mes visites à Paris. C’était vers la fin du siècle d’avant, lorsque j’allais encore à Paris, mais de plus en plus épisodiquement. Debray laissa tomber cette remarque étonnée et presque scandalisée : « Mais qu’est-ce que tu fous à Fléron ? » Je crois bien qu’il cita le nom de cette bourgade improbable, d’une effroyable modernité-tardive, laide à faire peur et abîmée comme un vieux crouton de ciment trafiqué, qui s’annonce sur ses panneaux d’entrée, telle quelle, comme Versailles qui vous annonce son château : “Fléron, ses parkings, ses centres commerciaux”, – heureusement, je n’y habite qu’administrativement et me trouve dans une sorte de cul-de-sac terminé par une forêt qui a son charme solitaire, descendant vers la vallée de la Vesdre et Chaudfontaine.

Je veux dire par là qu’en termes flatteurs, l’intellectuel parisien se scandalisait qu’un personnage de ma série, ou plutôt hors de la série, ne fût pas à Paris, là où les choses se passent et les séries se font. Je n’ai plus été à Paris depuis 2008, – Dieu, que j’aimais cette ville, pourtant ! Je me suis définitivement enfermé dans mon poste d’observation, séparé du reste du monde, d’une époque qui m’épouvante et me terrifie, mais dont j’ai le devoir de continuer à l’observer (l’internet de l’effet-Janus) pour tenter de mieux comprendre ce phénomène monstrueux qui endeuille l’histoire du monde ; cette formidable secousse métahistorique que nous subissons, qui a fait pleurer les dieux avant de les mettre dans une colère titanesque dont nous ressentons désormais, et fort bien bienheureusement, les effets si déstabilisants pour nos très-nombreuses certitudes et assurances de nous-mêmes.

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Le risque Assange

  mercredi 11 décembre 2019

11 décembre 2019 – Il m’est arrivé une chose peu banale : j’ai signé un manifeste, une pétition, – non, plutôt une “lettre ouverte” ; moi qui me suis toujours gardé de ces initiatives dites “citoyennes”, ou “démocratiques”, ou que sais-je... Pourquoi cette retenue, voire cette méfiance un peu hostile, dans tous les cas d’une indépendance jalouse ? pourrait m’interroger une voix soupçonneuse et inquisitoriale...  Peu importe car là n’est pas le sujet du jour.

Je reprends et poursuis dans l’ordre de mes pensées et des actes du monde...

Le sort qu’ils (les Orques du Système, ou zombieSystème) font subir à Assange est d’une ignominie qui passe toute mesure. Je veux dire par là que je parle dans l’ordre du symbole, sans volonté de véracité historique ni culturelle, pour observer qu’on ne peut trouver dans le passé une mesure d’un rassemblement pour un cas spécifique et d’une grande notoriété publique mondiale, – d’une telle cruauté, d’un tel fouillis de communication pour la tartufferie du légalisme exercée dans la plus complète inversion du sens moral, d’un tel exhibitionnisme de la part des tourmenteurs, d’un tel cynisme glacial, d’une telle inhumanité à collet monté dans le sens de la prétention, d’un tel empilement de mensonges, et par-dessus tout cela, – et c’est là où je veux en venir au bout du compte, comme port d’attache des Orques en vérité, – d’une telle bêtise, comme l’on dirait “à front de taureau”, quoique je m’en voudrais de mêler ce bel et puissant animal à cette saloperie du zombieSystème... Il suffit ! On comprendra que, pour moi, la messe est dite et que je me suis fait ma religion. J’éprouve un certain dégoût qui est d’une certitude du fond de moi-même d’appartenir à une “civilisation” qui fait cette chose-là, précisément, le martyr d’Assange pris comme un simulacre-de-symbole des Derniers Temps qui prétend encore à l’autorité d’une légitimité pourrie. Cette contre-civilisation pue totalement et totalitairement la charogne.

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Structuration nodale des crises

  lundi 09 décembre 2019

9 décembre 2019 – Comme dirait le Grand Architecte, ou bien encore la Pravda du temps de Brejnev, “tout se déroule selon le plan prévu” ; pour mon cas et dans le cas de cette page, cette remarque  aussi bien pour l’OTAN que pour la situation française de la crise-du-5-décembre. (Le rapprochement en surprendra certains. Cela leur fouettera un peu le sang, c’est bon pour le tonus.)

C’est ceci, dans cette étrange époque, qui est le plus étonnant : la prévisibilité constante de l’échappée qui semblerait imprévisible vers le pire parce que le pire nourrit, jusqu’au vertige, – chez eux, à cause d’eux, – la probabilité de plus en plus assurée de l’autodestruction. Je veux dire par là que les prévisions qu’on fait, sur la gravité des désaccords, sur l’ampleur des désordres, un peu comme on agite un doigt menaçant, – ou une règle vengeresse, ou un fouet pour enfants dissipés, comme in illo tempore, – pour empêcher le galopin (chenapan) de faire la bêtise attendu, eh bien toutes ces prévisions qui devraient être ainsi et aussitôt démenties par la prudence manœuvrière, le souci d’épargner ses forces pour la destruction finale de l’adversaire, – nous, bien entendu, – oui, toutes ces prévisions sont pourtant chaque jour confirmées.

Étrange course au suicide, – étrange, cette course au suicide, – dans notre “étrange époque” qui ne s’éclaire jusqu’à se faire constitutive, et nous faire comprendre par conséquent, que cette étrangeté n’est finalement que de circonstance si l’époque est celle des Derniers Temps. (C’est le cas, ajouterais-je comme l’on dit : “cela va sans dire”, – et qu’on le dit.).

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Angoisse & indicible : parution du Tome-III/1

  mercredi 04 décembre 2019

4 décembre 2019 – Chassez de vos esprits tout ce qui a pu vous apparaître de précis et de prévisions structurées dans les quelques textes déjà parus sur le Tome-III de La Grâce de l’Histoire, comme par exemple les deux derniers du  11 novembre 2018  et du  10 février 2019. Aujourd’hui est le jour de ce qu’on nommerait “réalité”, de ce que je préfère désigner comme “vérité-de-situation” du “Tome-III-en-partie”, puisqu’il y a parution. Il s’agit bien de la “première partie du Tome-III”, correspondant au choix fait de publier ce « monstre qu’est ce Tome-III... » partie par partie à mesure qu’il avance, et cela tant qu’il avance, et cela sans savoir où je vais, et cela avec une seule et unique fidélité au monde, – ma plume qui court et me guide, m’angoisse et m’épouvante, m’émeut et me transporte.

Je l’écris (dans l’introduction) et je le crois intensément, avec au cœur et dans l’âme le poids de l’humaine nature et de toute ma misère humaine qui me tient saisi par mes angoisses terrestres, et les horizons de l’indicible radieux qui me délivreraient pour l’envol vers les cieux :

« Je marche dans la nuit, avec une bougie tremblotante à la main, dans un temps de fureurs et de bourrasques qui ridiculisent cette flamme insaisissable ; et je ne peux douter un seul instant que ma mission est d’éclairer la nuit d’une éblouissante lumière... »

Ainsi ce livre, cette œuvre me terrorise littéralement, jamais je n’ai été aussi tenu par l’angoisse, jusqu’à repousser et repousser encore le temps de ce qui n’est qu’un début incertain de l’édition du monstre :

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Swinging London

  mardi 03 décembre 2019

3 décembre 2019 – Jamais je n’aurais pensé utiliser pour une “réunion” de l'OTAN cette expression, si à la mode dans les années 1960 entre Beatles et Rolling Stones, caractérisant le rythme effréné de la capitale anglaise sortie de sa soi-disant torpeur victorienne pour balancer les “Swinging Sixties” à la face de la modernité triomphante du monde. C’est pourtant le cas, me semble-t-il, – “never say never”, – pour la “réunion” dont tout le monde vous dit, les amis, que cela va swinguer diablement.

... En effet, “réunion” et pas “sommet”, comme nous le fait remarquer l’avisé WSWS.org dont j’entends bien utiliser, sans vergogne inutile mais avec le respect qui importe, quelques parties et extraits de son texte de ce  3 décembre 2019 fort bien documenté et plein d’espérance pour la classe ouvrière... Explication :

« L’OTAN a déclassé l’intitulé de la rencontre de deux jours à Londres de “sommet” à “réunion des dirigeants”, pour éviter d’avoir à publier un communiqué officiel que Trump ou d'autres chefs d'État pourraient refuser de signer. L'an dernier, on a assisté à l'effondrement spectaculaire du sommet du G7 à Québec, lorsque Trump a refusé à la dernière minute de signer le communiqué convenu par le Canada, le Japon, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l'Italie. Entretemps, au cours de l'année écoulée, les tensions internationales au sein de l'OTAN n’ont cessé de s’aggraver... »

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T.C.-83 : Grosse-Fatigue

  lundi 02 décembre 2019

2 décembre 2019 – Le dernier texte en date de Howard James Kunstler m’a arrêté, non pas tant à cause de ses remarques politiques et de ses prévisions, – avec lesquelles je ne suis pas nécessairement d’accord pour cette fois, – que par le climat dont il rend compte dès ses deux premiers paragraphes que je cite ici, – avec une attention particulière aux deux mots que je me suis permis d’orner de caractères gras dans la police employée, – on comprend pourquoi...

« A ma table du Thanksgiving hier où quinze adultes étaient présents, pas un mot ne fut dit sur la destitution, sur la Russie, sur l’Ukraine et, surtout, sur un certain Sa Grandeur le Golem d’Or, dont l'arrivée au cœur de la vie américaine il y a trois ans déclencha une hystérie politique dont on n'a pas été témoin dans ce pays depuis le siège du Fort Sumter par les “cracheurs de feu” sudistes.
» Je me demande si une grosse fatigue de l'esprit ne s’est pas installée chez les gens qui suivent les nouvelles, et en particulier les bouffonneries torturées du rodéo de chèvres conduit tout au long du mois par le Représentant Adam Schiff qui préside la Commission du Renseignement de la Chambre. Je me demande ce que les parlementaires du Congrès entendent dire chez leurs électeurs pendant cette pause des Fêtes. Je soupçonne qu'il s'agit de la même absence sinistre de bavardage que j'ai remarquée, et de ce qu'elle peut laisser présager au sujet de la disposition de la nation envers la réalité. »

Il est vrai que les événements extraordinaires qui se passent à “D.C.-la-folle”, sans interruption depuis quatre ans, malaxés et triturés par un  tourbillon crisique de mensonges plus grotesques les uns que les autres, finissent par lasser même les plus aguerris. Ou bien plutôt s’agit-il d’un de ces moments particuliers où l’histoire devenue folle, ou semblant être devenue folle, semble, et semble seulement suspendre son vol fou du fait de cette fatigue qui saisit pour ce moment-là les spectateurs, – qui se demandent soudain s’ils n’en sont pas les acteurs inconscients ou des resquilleurs qui se sont trompés de spectacle ?

Cela vaut pour “D.C.-la-folle”, ô combien, mais aussi pour le reste, – du moins est-ce là l’impression que je retire du “spectacle du monde”, – spectacle pour spectacle... Et alors, nous mettons en question les événements eux-mêmes : ne nous sommes-nous pas trompés de monde ? Ou bien, ne s’agit-il pas d’un rêve éveillé dont nous sortons un moment, – toujours ce même moment, – pour mesurer la très-grosse fatigue qu’il engendre chez nous tous ?

Regardez autour de vous, même si justement vous êtres très fatigués à force de le faire : les coups d’État qu’on machine comme on met une lettre à la poste, ces massacres divers et sans cause ni fin, ces violations de tous les principes, ces élucubrations, ces jugements insensés, ces révoltes populaires partout, spontanées ou pas, pour tant de motifs dont certains sont à finalités opposées, ou sans finalité du tout d’ailleurs. Regardez la France qui vit au rythme des dates fatales qui ressemblent à des rendez-vous tragiques avec l’histoire, au long d’un quinquennat qui semble reposer sur un seul programme : la certitude d’une nouvelle crise après la crise en cours, qui suit la crise précédente, et tout cela avec la perspective d’une nouvelle crise après la crise à suivre, – comme une sorte de crise de nerfs sans fin, que l’on interrompt un moment justement, pour mesurer la fatigue qu’elle cause...

Que dites-vous, sinon d’un soupir de fatigue sans fin, comme l’infini de la sottise portée haute et souriante comme le diable lui-même, que dites-vous enfin de ce tweet du (de la) pasteur(e) Helena Myrstener : « Ce dimanche est historique. Le premier retable LGTBde Suède (d’Élisabeth Ohlsson Wallin) a été mis en place à l’église Saint-Paul de Malmö. Il est accroché dans le chœur à côté du “vieux” retable. Nous sommes si heureux et si fiers. » Ils sont si heureux et si fiers, quel bonheur : la peinture est dite homo-érotique, représentant deux couples d’homosexuels et de lesbiennes, nus-complètement, semble-t-il en action ou sur le point de, peaux mélangées de couleurs de type-diversitaire, noirs-marrons-blancs. Au milieu du concert d’extases notamment religieuses des commentateurs de l’Église de Suède, il y a la suggestion révolutionnaire d’un jeune prêtre qui présente l’idée audacieuse et si élégante selon laquelle, si j’ai bien lu et compris, le Serpent du Jardin de l’Eden serait aux dernières nouvelles une femmes transsexuelle. Cela s’appelle « une vue positive de la sexualité » et « un symbole phallique ». Les statisticiens continuent leur boulot et vous disent que 56% des Suédois font partie de l’Église de Suède en 2018, alors qu’ils étaient 95% en 1972. On n’arrête pas le progrès même si parfois il vous fatigue, vraiment très-très-grave...

Grosse fatigue, fatigue de voir comme on subit une fatalité d’un poids à ne pas croire, cet effondrement vertigineux, sous le poids à ne pas croire de l’incohérence, de la sottise et des mensonges. « Les capacités intellectuelles de la population sont en chute libre, y compris dans les plus hautes sphères ésotériques du pouvoir, qui n’est pas une oligarchie mais une idiocratie, composée de crétins incapables de comprendre que leur gouvernance par le chaos (Ordo Ab Chao) est mauvaise aussi pour eux. Le pouvoir passe son temps à fragmenter la société, mais lui-même perd son unité et se décompose. », dit Lucien Cerise. Tiens, justement, le poids des mensonges, ce poids écrasants qui semble toucher tout le monde, les menteurs comme ceux à qui l’on ment et ceux qui se mentent à eux-mêmes. Ces mots du président Jefferson dans une lettre au jeune John Norvell, futur éditeur, journaliste, aventurier, sénateur, le 14 juin 1807, pourraient s’adresser à chacun d’entre nous aujourd’hui, et ce constat jeffersonien multiplié par cent, par mille, par cent fois mille et désormais universel et transmis à la vitesse de l’éclair (le progrès et toute cette sorte de choses) jusqu’à la chute finale dont les canards se feront un devoir de ne pas vous informer :

« C'est une vérité bien mélancolique qu’une suppression de la presse ne priverait pas plus complètement la nation de ses vertus que ne le fait son actuelle prostitution au bénéfice du mensonge. Rien ne peut être cru de ce qu’on peut lire dans les journaux. La vérité elle-même devient suspecte, dès lors qu’elle se trouve dans ce type de véhicule pollué. La véritable dimension de cet état de mésinformation est connue seulement de ceux qui sont en situation de confronter les faits qui sont de leur connaissance propre et directe avec les mensonges du jour. »

Dois-je continuer ? Non, j’arrête, la fatigue vous comprenez... Mais juste un mot, pour justifier la remarque que je faisais sur Kunstler, que j’aime vraiment beaucoup et avec lequel je suis si souvent d’accord, – sauf cette fois (“ses prévisions, – avec lesquelles je ne suis pas nécessairement d’accord pour cette fois, –”). Kunstler pense que cette fatigue qu’il distingue, du fait de ce chaos et de ce tourbillon crisique de la folie, va aller dans le sens de faire au moins s’atténuer, sinon cesser toutes ces choses, pour permettre ce qui pourrait être considéré comme une sorte de “retour à la raison” :

« But then, with the Thanksgiving shut-down, something began to turn... »

Pour cette fois, je ne partage pas son analyse ; la fatigue, certes, sans aucun doute, pour lui, pour nous, pour eux, pour tout le monde en un sens, comme en un moment de lucidité que la folie du monde, ou ce qui nous semble être la folie du monde, nous accorde. Selon mon sentiment, ce n’est qu’un moment, un moment de répit certes, de notre si grosse-fatigue devant la folie du monde ; mais je ne crois pas que cette folie soit de notre fait, ou plutôt que cette folie soit vraiment une folie. Tout cela nous semble la “folie du monde”, parce que nous avons fabriqué dans nos esprits un monde enfanté par la modernité, énorme simulacre faussaire, incroyable emmêlements de nœuds gordiens dans tous les sens. Ce que nous croyons être “la folie du monde”, c’est-à-dire une “folie du monde” dont nous serions les auteurs, me paraît être d’une façon très différente le produit de l’énorme puissance du monde qui rompt et brise les liens dont notre folie (la vraie) de fatuité et d’hybris l’avaient couverts, – et cette “folie du monde” n’étant en fait rien de moins que “la fureur du monde” ayant décidé que cela suffisait comme ça.

Ce sont des événements qui ne sont plus à notre portée, ni en notre pouvoir. Notre-fatigue ressemble à ce moment-dépressif du maniaco-dépressif qui préfère bien entendu son univers maniaque ; passée cette fatigue dépressive qui n’est rien de moins qu’un moment de lucidité qui nous est donné pour voir le monde tel qu’il est par notre propre faute et combien “sa” folie va heureusement le détruire, le maniaco-dépressif va s’empresser de retrouver son univers de maniaque et continuer sa folie de destruction. Il s’agit de cette folie d’autodestruction que le monde, dans sa juste fureur, a décidé d’activer au cœur de l’espèce des sapiens-zombies pour que cette espèce conduise elle-même la destruction de l’horreur qu’elle a édifiée elle-même ; mesure pour mesure, comme disait l’autre.

Les événements nous conduisent, et ils viennent de loin et de haut. Nous n’y pouvons rien en vérité, et c’est un grand honneur autant qu’un grand bonheur de participer à une telle œuvre d’autodestruction.

Et puis parfois, c’est vrai, un moment, un instant de fatigue, vraiment très-très-grosse...

L’expertise germanopratine

  samedi 30 novembre 2019

30 novembre 2019 – Il fut un temps dans la période d'après-guerre où les journalistes français avaient une connaissance solide, et même parfois brillante, des affaires internationales, notamment des relations avec les USA et de la situation US, de l’OTAN, etc. Cela vaut surtout pour le temps de la Guerre froide, essentiellement pour les années1950 et 1960 sans aucun doute.

(Mon explication pour cette période est qu’alors il n’était pas encore envisagée de boucler le savoir de toute chose en matière de relations extérieures et tout ce qui y affère en transférant la patate chaude au concept et aux instances remarquablement informées de “l’Europe”, éventuellement avec l’OTAN en mode de réhabilitation après les éclats gaullistes. Cette attitude aparut dès l’époque qui suivit [courant des années 1970], lorsque l’Europe devint un sujet inévitable dans tout ce qui concernait l’extérieur de soi, et effectivement le chroniqueur perdit toute souveraineté de jugement pour s’en remettre à une entité qui ne peut en avoir [de jugement], puisque privée de souveraineté.)

Aujourd’hui, le niveau d’ignorance, d’inculture, d’aveuglement saupoudrées d’arrogance et de certitude de soi est, chez ces mêmes journalistes français, spécialiste de tout et rudement-grassement payés, stupéfiant au-delà de tout. Cela se situe au sous-sol du Mordor et ça parle autour des talk-shows bavards des grands réseaux d’infos, avec une assurance à ne pas croire, une assurance “qui ose tout” comme disait Audiard.

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Paroles de Pilger

  vendredi 29 novembre 2019

29 novembre 2019 – Commencez par aller lire la fiche Wikipédia de John Pilger (80 ans) et vous saurez à peu près tout ce qu’il faut savoir sur l’extraordinaire et terriblement impudent simulacre, – “Simulacre pour les Nuls”, si vous voulez, – monté contre ce journaliste par le Système, avec une considérable rubrique de Critiques de son travail (509 mots) et une très modeste Biographie (49 mots) et non moins modeste Carrière (151 mots).

(“151 mots” dans Carrière dont 66 consacrés à cet étonnant résumé de la version évidemment faussaire que l’infâme Pilger donne de l’infâme déformation de la vertueuse révolution de Maidan : « En outre, John Pilger possède son propre site web où il communique ses idées et ses craintes. Selon Conspiracy Watch, il est considéré comme controversé, n'hésitant pas à accuser l'administration américaine de financer un coup d'État en Ukraine lors de la crise ukrainienne débutée en 2013 : selon lui, “l'administration Obama a dépensé 5 milliards de dollars pour un coup d'État contre le gouvernement élu” »... Une description à couper le souffle de cette affaire allant de  Nuland à  Friedman pour les détails, – ici, dans ce Wiki-turbo balancé sur Pilger, dénoncés comme autant d’infamies...)

Tout ce qui vient du Système ou approchant à propos de Pilger relève de ce “monde nouveau” qui m’est totalement étranger et représente la fabrication brutale des intoxications de l’esprit à l’aide des outils de la subversion et de l’inversion, dans les fanfares-bouffe de la contre-civilisation. Il me paraît inutile de perdre son temps à répondre point par point à toutes les infamies qui sont dévidées à son propos : leurs propres excès, leur extravagance même font l’affaire, la surpuissance du simulacre assurant très vite son autodestruction. 

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Les Pampers de l’OTAN

  jeudi 28 novembre 2019

28 novembre 2019 – L’un des problèmes non négligeables de notre époque d’intense communication, c’est le degré d’ironie dont devrait faire preuve le fameux  “solitaire cognitif”  (*) que nous sommes tous plus ou moins, d’une façon ou l’autre, dans telle ou telle circonstance qu’il faudrait savoir éviter comme on passe entre les gouttes, pour finalement lire précisément ce qu’un texte peut lui dire et vous dire (et non pas nécessairement “veut lui dire et vous dire”, car là souvent commence la tentation de la manipulation). 

L’écrit est aujourd’hui une aventure étonnante, et la lecture de cet écrit pas moins, aventure où vous êtes laissé à vous-mêmes, absolument solitaire, pour bien vous y retrouver. Prenez les mots pour ce qu’ils peuvent dire, pour leur puissance, leur charge personnelle et naturelle, tout ce qui existe en eux avant même qu’ils soient choisis et écrits. Lisez enfin comme si c’était un logocrate qui les avait écrits, un de ces êtres qui emploient les mots de telle façon que, si même il voulait vous tromper il n’y arriverait pas vraiment parce que dans l’incapacité de déformer vraiment la nature des mots.

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Remarques : individualisme & globalisation

  vendredi 22 novembre 2019

22 novembre 2019 – Je crois qu’il est intéressant sinon nécessaire de revenir sur  ce texte d’avant-hier sur « La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme », – dont le titre aurait pu aussi bien être “la fusion passionnelle...”, j’ai hésité à ce propos... Je découvre notamment, mais d’un point de vue tout à fait essentiel, qu’il s’agit de compléter ce que j’ai repris du texte de Rectenwald sur ce qui rapproche décisivement et passionnément l’hypercapitalisme (le néo/ultra-libéralisme) et le gauchisme (le progressisme-sociétal, ou “marxisme culturel”) ; et, du coup, là aussi décisivement, renforcer la deuxième partie du texte où sont décrites la réticence critique sinon l’hostilité des courants marxistes traditionnels devant cette résurgence, cette renaissance d’un “marxisme”, qui apparait alors comme du pseudo-“marxisme” mariné à la sauce postmoderne (ce qu’ils nomment également “marxisme culturel”, indiquant par là sans qu’ils le sachent vraiment, plus un mode opératoire [investissement par la culture] qu’une appréciation de fond, – de la tactique-Gramsci sans la pênsée-Gramsci).

Il y avait ceci pour introduire cette deuxième partie, qui situe les deux thèses en présence :

« Mais il y a un paradoxe à cette évolution assez rapide et qui s’est imposée avec une puissance inimaginable, de l’alliance [la “passion fusionnelle”] entre le gauchisme (gauchisme-sociétal, pour parer cette mouvance des colifichets bling-bling des singularités humaines à caractère sexuel-absolument-libéré [qui lui siéent si parfaitement]) et l’hypercapitalisme néo-libéraliste. Il s’agit de la position de forces marxistes de vieille souche, c’est-à-dire ces vieilles souches soi-disant inspiratrices de nos néo-révolutionnaires alliés au capital, qui restent redevables, à plus ou moins bon escient, et parfois même ridiculement mais qu’importe car seul nous importe le paradoxe, à cette fameuse doctrine. Ces vieilles forces marxistes qui ont gardé du marxisme ce qui leur importait, n’entendent pas une seconde y renoncer, et elles se font implicitement les plus virulents critiques de ces nouvelles forces gauchistes-sociétales, ou “marxistes-cultuelles”...

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