Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
12 juin 2019 – RT.com, qui a pourtant appris à ménager Trump selon la “tradition” établie par Russiagate et interprétée à front renversé, observe dès son titre que “la diplomatie US”, c’est-à-dire nommément le président lui-même et nullement l’un de ses adjoints-“fou”, Bolton ou Pompeo, a « franchi la ligne de l’absurdité ». Dans le texte, elle donne la parole à un expert chinois Sourabh Gupta, spécialiste principal des politiques à l'Institute for China America Studies, parlant de la péremptoire consigne de Trump à Xi (interview à NSBC) de se trouver au G20 en personne pour une rencontre en marge et en tête-à-tête, entre hommes, sans quoi un nouveau train ($300 milliards) de tarifs douaniers sur les importations chinoises sera automatiquement et instantanément mis en place par les USA :
« Il s’agit d’un nouvel abysse dans la diplomatie américaine... Qu'un président américain proclame qu’il imposera des tarifs douaniers à un pays homologue si le président de ce pays ne se conforme pas à son injonction de se trouver à une rencontre bilatérale en marge d'un sommet multilatéral est absurde, au point d'en être presque comique. »
On dira, avec presque un zeste d’indulgence comme l’on a pour un enfant turbulent, suivi d’une appréciation presqu’admirative (démarche classique d’un journalisteSystème français à qui on ne la fait pas, mais qui a basculé pro-Trump au fond de lui parce que l’Amérique c’est l’Amérique, tout en continuant à le dénoncer selon les consignes de la bienpensance mais avec une indulgence ironique propre à l’intelligence française qui n’est pas exempte d’une tendresse postmoderne) : “Encore un coup de ce Trump, il est incorrigible ! Il faut reconnaître tout de même, cela donne des fruits... »
Si l’on a la papille gustative indépendante par inadvertance du Système, il faut goûter que le fruit est amer, et il est amer pour tout le monde, y compris pour Trump au bout du compte s’il avait des papilles gustatives, mais pas le temps pour ça ; et il n’est pas “un coup”, il est un fruit parmi d’autres, – tous les autres, – d’un arbre qui se nomme “méthodologie d’un homérique-bouffe”, car désormais tous les actes de Trump sont à cette aune. “The Art of the Deal” est devenu la doctrine de l’administration Trump, et elle consiste à bondir, serrer la gorge de son “partenaire”, serrer, serrer, jusqu’à ce que l’étouffé n’ait plus qu’une alternative : signer en bas à droite l’accord rédigé par le ministre qui va bien selon les instructions de Trump ou mourir étouffé.
Il arrive même que le document à signer “en bas à droite” sous peine d’étouffer soit vierge, comme peut-être bien le “Deal of the Century” sur le Moyen-Orient (Israël-Palestine) du 25-26 du mois est inconnu au bataillon. « Si quelqu'un a vu le plan américain, merci de nous en informer ! », proclame le ministre Le Drian en conférence de presse. C’est-à-dire que la “méthode”, ou “doctrine-Trump”, est désormais universelle, et portant sur tous les domaines, tous les sujets, tous les concepts, toutes les lubies, toutes les néantisations, toutes les narrative. Le résultat, vous vous en doutez, est un désordre de type métahistorique qui enflamme régulièrement les coins & recoins non encore consumés des us & coutumes des relations internationales, et ré-enflammant le reste.
C’est dire que tout cela ne répond pas aux règles, n’importe quelles règles, y compris celles du simulacre Make America Great Again ; c’est dire que tout cela détruit tout ce qui s’apparente à une règle, – à un ordre, à une harmonie, à un équilibre. L’Amérique de Trump qui triomphe s’abîme, comme les autres et bien plus vite que les autres, dans une sorte de chaos d’une sorte de quartmondisme postmoderne. (Amis-économistesSystème, laissez vos calculettes au vestiaire, et avec elles l’espoir de nous dire que tout va mieux et que tout va bien ; vous savez bien que tous les chiffres du triomphe MAGA sont faussés-faussaires, travaillés, mâchonnés, simulacrés, trumpisés à 250%.)
Et voyez-vous, – non, plutôt écoutez bien ! Ce gigantesque phénomène qu’on croirait constituer un événement colossal plein de bruits de fracas et de fureurs de destruction comme autant de terribles spasmes telluriques, se fait selon les seuls moyens et la seule grâce de la communication, sans s’occuper d’aucune vérité-de-situation, dans une multitude de narrative échevelées, tweeteuses, glapissantes, impératives, joyeux bordel d’une agitation réduites à la simple et bonnasse extension d’une formidable dimension cosmique du verbe, des milliards de fois répercutés par les petites mains du type-Zuckerberg qui continuent à s’y croire type-“maître-du-monde”.
Pour cette raison de l’organisation systématique du chaos par la seule communication, par une personnalité si puissante dans l’art d’engendrer la déstructuration-dissolution du monde, nous gardons au président Trump, et moi-même en premier, toute notre confiance et notre considération la plus haute. Qu’il en soit assuré, et nous rassurés. Pour lui et par lui, le monde qu’il précipite dans le cours de son action déstructuration-dissolution, c’est le Système. Cet homme est donc l’instrument du Très-Haut, le bouffon métaphysique, l’ordonnateur qui a fait lever sur impérative consigne un kamikaze sans précédent de puissance tempétueuse, – car l’on sait bien que le mot signifie en japonais, non pas “avion-suicide” mais bien « vent-divin ».
Je sais bien, moi, qu’il existe dix, cent, mille situations crisiques dans ce chaudron de tourbillon crisique et du Trou Noir qu’est notre Grande Crise Générale. Mais celle qu’entretient ce bouffon effectivement métaphysique à force de médiocrité bombastique et dynamique les supplante toutes. Elle fait lever dix, cent, mille “vents-divins” autour et au cœur du monde.
11 juin 2016 – Je suis sûr qu’Orlov me pardonnera. Ce n’est pas vraiment l’habitude de prendre à parti un chroniqueur, d’en faire ma “tête de Turc” pour une chronique ; encore l’expression “prendre à parti” est très exagéré, ainsi que celle de “tête de Turc”, pour un Russe de si belle eau. Disons que je me sers d’une critique tactiquement justifiée (d’Orlov) et une critique d’humeur sur le ton sarcastique qui le caractérise (Orlov), pour répondre à tout un courant de critique et surtout de désappointement qui a suivi les élections européennes, et qu’il (Orlov) exprime effectivement et avec talent.
Étant Français (on dit que cela se soigne, mais avec grande difficultés), j’ai été particulièrement sensible à cette réaction d’un certain désappointement de ceux qui attendaient un “raz-de-marée” populiste et qui n’ont eu que la grande marée annoncée. C’est particulièrement sensible en France où un histrion minable et absolument quelconque, qui annonce que s’il est battu ce sera une catastrophe, arrive à faire gober à toute sa troupe servile de lèche-bottes qui font profession de commenter les événements du monde en léchant les bottes du nabot déguisé en géant, que cette défaite crainte et dénoncée comme une catastrophe est après tout une victoire extraordinaire qui assure sa réélection pour 2022. Il n’y a pas à s’étonner d’une telle indignité du jugement, d’une telle distorsion du commentaire : ce n’est pas la faute des “foules endoctrinées” que dénoncent si souvent les extrémistes de la critique nihiliste de la crise, mais le travail de la cohorte de commentateurs-zombies qui s’agitent sous les caméras de télévision.
(Suite)
9 juin 2019 – Je prends ce moyen du Journal-dde.crisis pour une suite, qui n’est pas sans importance ni conséquences du point de vue du commentaire, à l’article sur “les amours contrariées ” du USS Gerald R. Ford et du F-35C . On notera à cette occasion qu’il y a une évolution un peu chaotique mais fructueuse dans la recherche des sources, qui fait que certaines sources nouvelles citées ici auraient pu l’être dans ce même article d’avant-hier, mais qu’il vaut mieux les avoir ratées pour les citer aujourd’hui dans un contexte différent et plus important.
Les sources sont essentiellement au nombre de trois :
• The Drive du 4 juin 2019, qui est “la source à la source” des informations venues de la sous-commission de la Chambre des Représentants, annonçant qu’elle a introduit dans la proposition de loi budgétaire pour FY2020 un élément de langage comme on dit, « une clause d’interdiction de livraison à l’US Navy de la prochaine unité (le CVN-79) de la classe USS Gerald R. Ford tant que cette unité n’aura pas la capacité de déployer des chasseurs embarqués F-35C »... (A noter que cette restriction n’est pas adoptée définitivement : le texte de la loi doit subir plusieurs obstacles avant d’arriver à un accord Chambre-Sénat pour la loi finale FY2020.)
• The National Interest du 6 juin 2019, qui met en exergue, en citant des sources dont The Drive (ci-dessus) que ce n’est pas avant 2027 que les classe Gerald R. Ford pourront déployer opérationnellement des F-35C, ce qui n’est plus seulement anecdotique (occasion de moquer une fois de plus le F-35/JSF), ce qui est vraiment fondamental du point de vue stratégique en raison du délai. (Ce délai est “au mieux”, ne prenant pas en compte divers avatars et autres événements retardateurs nous conduisant au-delà de 2027, qu’on doit planifier dans la rubrique “hautement probables”.)
• Un article du 7 juin 2019 du site WhatDoesItMeans (disons WDIM, pour faire court et simple)... La source, que vaut la source ? La première fois que nous avons cité WhatDoesItMeans et Sœur Sorcha Faal, le 27 février 2012, nous nous sommes expliqués de ce que nous savions et pensions de ce site, et pour mon compte et en toute franchise, – et connaissance et inconnaissance de cause. A cette lumière, je pense que certains éléments de l’analyse générale, et de tendance dite-“complotiste” (sans y voir à mal nécessairement) comme tout ce que publie ce site, valent largement d’être considérés et utilisés, mais, pour mon compte, pour une tout autre spéculation que celle qui y est développée. On tiendra compte de ces “faits divers” d’évaluation, qui seront mieux éclairés plus loin, concernant l’article lui-même par rapport à mes propres supputations.
(Suite)
7 juin 2019 – Je l’avoue, j’ai été surpris, non stupéfait par la couverture hallucinante de nos grands réseaux des fantastiques événements du 5 et 6 juin 2019. Tel(le) journaliste ouvrant un débat où les débatteurs soi-disant de bords adverses vont déverser des tonnes de guimauve synthétique mélangée à du sirop McDonald sur le “souvenir de nos grands alliés venus délivrer la France du joug nazi et à eux seuls remporter la deuxième Guerre Mondiale”, par cette proposition (je cite de mémoire bienpensante, c’est-à-dire transformée comme il convient) : “Alors, messieurs, croyez-vous que la célébration de ce grand et glorieux événement va rappeler aux alliés [de l’Occident américaniste un-et-indivisible] combien leur alliance est nécessaire à la civilisation, à la paix et aux droits de l’homme”... “Oui, oui, bien sûr”, furent leur unanime réponse.
J’ai été surpris et également écœuré. Rien d’inattendu pourtant, mais tout de même, la veulerie, l’inculture et le conformisme intégral continuent à me stupéfier ; et aussi, à me fasciner, tant la bassesse des esprits continuée à ce point devient un objet d’observation presque magique, tant l’emprise satanique sur les esprits est d’une force inégalée qui doit mobiliser votre attention jusqu’à une sorte de fascination critique (ne pas pouvoir détacher son regard de l’objet observé tout en accumulant les critiques que sa situation, sa complaisance pour lui-même, sa satisfaction d’être justifient mille fois, et vous voilà renforcé à mesure). Cela pour les quelques instants que je consacrai à la chose. Je zappais de l’un à l’autre écœurement avec l’une ou l’autre chaîne, l’une ou l’autre bassesse, avant de passer à des méditations plus saines, notamment l’excellente série TV de Frédéric Mitterrand sur “Les écrivains dans la guerre”, avec notamment un chapitre sur Simone Weil, cette jeune femme si brillante, juive en mal de catholicisme, qui considérait la mort comme le seul instant de la vie digne d’être vécu par les promesses qu’il ouvre, qui vécut et mourut comme une sainte, et qui mourut au nom de tous ceux qui se battaient... Comparez cela avec la commémoration des 5-6 juin 2019.
(Suite)
2 juin 2019 – Bien que la connaissant depuis peu mais l’ayant aussitôt adoptée, je suis décidément un amateur éclairé et très goûteux du travail de Caitline Johnstone, de son entrain, de son enthousiasme, de la façon qu’elle a de nous entraîner et de faire de nos velléités des actes décisifs. Elle est sans guère de doute, dans le temps actuel où les plumes abondent et où les meilleures se révèlent vite à votre regard, une des meilleures chroniqueuses de cette incroyable descente dans la cruauté sanguinaire, la fureur morbide, la brutalité d’une stupidité sans fin, le totalitarisme de l’aveuglement du “salopard” sartrien à qui l’on donnerait en sus une dimension néo-platonicienne et une dimension nietzschéenne, je veux dire pour faire le compte ronbd, c’est-à-dire pour parvenir à identifier ce salopard-postmoderne qu’est le Système dans le traitement qu’il inflige à Assange.
Qu’est-ce qui nous inspire le plus ? La fougue et la vigueur de Johnstone ou l’ignominie du salopard-postmoderne qui tourmente Assange ? Les deux sont complémentaires et l’on s’aidera bien entendu de l’une pour mieux afficher le sentiment évident et accablant pour le destin de l’autre. Johnstone se bat pour Assange dans la séquence actuelle, avec une ardeur rarement égalée. Elle met en évidence dans un de ses plus récents textes une interview du plus grand intérêt (sur Democracy Now !), qui donne une bonne mesure de l’extrême illégalité, de la cruauté, du cynisme du traitement qui est appliqué à Assange, – essentiellement par trois pays, le Royaume-Unis, la Suède et les États-Unis.
La personne interviewée est le Suisse Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les traitements cruels, inhumains ou dégradants notamment pour les faits de torture et de mauvais traitements des prisonniers, cela depuis le 1er novembre 2016. Melzer a finalement accepté d’intervenir dans le cas Assange après des hésitations qu’il ne cache nullement, en décembre 2018. Dans son interview, il parle longuement du cas Assange, qu’il a été visiter dans sa prison britannique au début du mois de mai, accompagné de deux médecins, et qu’il a trouvé dans un état de santé extrêmement alarmant.
(Suite)
1er juin 2019 – Comme promis par d’autres que moi semble-t-il, je reviens sur le texte en Ouverture Libre consacré à la définition du populisme que donne le commentateur radical, excellent saxophoniste de jazz, né Israélien mais ayant abandonné cette nationalité, et résidant au Royaume-Uni, Gilad Atzmon. Je cite deux paragraphes de notre présentation du texte d’Atzmon pour bien remettre en place le contexte où j’aborde ici le problème, la question, le “concept” même de “la nostalgie”.
« [L’explication d’Atzmon] est totalement métaphysique, opposant la linéarité progressiste à la transcendance ‘utopique’ (ou plutôt, peut-être : ‘idéaliste’ ?) … “Dans le contexte de la pensée de gauche, le passé, le présent et l'avenir sont chronologiques et se succèdent dans un ordre consécutif. Dans la philosophie de l'aile droite, les temps changent de position de façon irrégulière.”
» Pour Atzmon, l’‘utopie’ (selon le mot qu’il emploie) offerte par la droite dans sa version du populisme se nomme ‘nostalgie’. Il est évident que ce mot ne peut que faire réagir PhG, dans son ‘Journal-dde.crisis’, ce qui ne saurait tarder... »
Bien entendu, avant même de discuter de la signification du mot devenu-concept dans ce cas, et encore si l’explication est utile ou nécessaire, il y a pour moi cette remarque essentielle que quelque chose nommé “nostalgie” est considérée d’un point de vue opérationnel, pour une signification politique explicite, d’un phénomène absolument d’actualité (le populisme) ; donc un phénomène actif, vivant, évolutif, qui devrait n’avoir aucun rapport direct possible avec ce qu’on entend en général comme étant la “nostalgie”.
(Suite)
28 mai 2019 – Miracle, ô Miracle ! Jusqu’à vendredi 24 mai 24H00, heure officielle de clôture de la campagne Marche-En-France, la perspective d’une “victoire”, si minime fût-elle, de Marine sur Notre-Président apparaissait comme une catastrophe sans retour, une sorte de “marche sur Rome” revue-GJ, un remake de l’incendie du Reichstag transporté sur les rives de la Seine (plus facile tout de même à éteindre).
Et puis les résultats… Et puis, plus du tout, ce résultat-là qui promettait l’apocalypse est devenu rien de moins qu’une “victoire” (une de plus) de Notre-Président. La chose est simple : en agissant comme il a fait, Macron a verrouillé l’élection de 2022 à un duel avec Le Pen au second tout, et comme Le Pen n’a aucune chance car “diabolisation” oblige... C’est plié, emballé, proclamé et confirmé, – à quoi bon voter ?
Bien, j’ai un ton sarcastique qui semblerait indiquer un jugement fort défavorable sur ceux qui sont adeptes de ce scénario, au motif qu’ils seraient de serviles et zélés employés de La-Force en place, et que leur couardise soumise les engage à répandre cette version. Ce n’est en rien le cas. L’idée m’en été suggérée par un duo que j’aime bien (le Débat de 17H00 d'Arlette Chabot, chaque lundi sur LCI) ; le pépé (70 ans) Gérard Miller, psychiatre, réalisateur de documentaires, essayiste et organisateur de médias alternatif, nettement de super-gauche et assez mélanchoniste devenant de plus en plus mélancolique ; et le fiston (31 ans), Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles et de multiples autres activités journalistiques, conservateur avec des tendances souverainistes.
(Suite)
27 mai 2019– ...Avec ce titre, je veux dire que, pour le première fois sans doute dans son histoire dont elle aime bien nous faire croire qu’il s’agit depuis le Traité de Rome d’un chef d’œuvre de raison et de raisonnable perfection politique, l’Europe a réussi, – on dirait presque paradoxalement “enfin !”, – à susciter la passion jusque dans les urnes de ses élections de type-législatif. On sait depuis longtemps, par expérience renouvelée tous les cins ans, que ces élections étaient clairsemées, mâchonnées, marginalisées et hébétées par un sentiment de mornitude de la grandeur d’un continent. Cette fois tout au contraire, en l’an de Grâce 2019, elles swinguent !
A tout Seigneur, tout honneur ... Le plus important, sans aucun doute, s’est passé dans ce pays qui tente désespérément de quitter l’Europe tout en y restant enchaîné selon le vœu de ceux qui ne sont pas encore parvenu à “dissoudre le peuple” selon Brecht et les exigences du Parti. Au contraire, l’Europe, l’UE et ses élections, unis enfin dans un épisode à finalité d’autodestruction remarquable de brio, concrétisent la plus formidable révolution politique au Royaume-Uni depuis des siècles que cette puissance fonctionne en mode démocratique : l’Europe, pour UK, qu’on la quitte ou qu’on y reste, c’est le détonateur de la révolution ! Ce modèle de stabilité et de continuité qu’est ce pays qui fit l’admiration bien souvent furieuse de ses partenaires et de ses adversaires a volé en éclats hier, de cette façon concrète qu’assènent les chiffres lorsque la tension révolutionnaire est à ce point et lorsque la révolution en arrive à prospérer là, dans les urnes, où l’on pensait l’avoir enprisonnée à demeure : 28 sièges pour le parti du Brexit, 15 aux Libéraux-Démocrates, 10 aux travaillistes, 7 aux Vertes, 3 aux Conservateurs.
Le Guardiande ce matin : « Un Farage triomphant, réélu au Parlement européen pour un siège dans le Sud-Est du pays, a déclaré que son parti avait obtenu un résultat historique. Le parti Brexit a gagné toutes les régions d'Angleterre, à l'exception de Londres et du Pays de Galles, et a obtenu près de 2 millions de voix de plus que ses plus proches rivaux, les Lib Dems.
» “Jamais auparavant, dans la politique britannique, un nouveau parti lancé il y a à peine six semaines s’est trouvé en tête avec une telle avance lors d'une élection nationale”, a déclaré M. Farage.
» “Il y a un message formidable dans ce résultat, un message formidable, – le Parti travailliste et le Parti conservateur pourraient tirer une grande leçon de cette soirée, – mais je pense qu’ils n’en sont pas capables.” »
Aujourd’hui, le Royaume-Uni est un champ de ruines, les ruines de l’ancien système qui ronronnait si bien, qui faisait le bonheur de l’ordre-UE... On peut tout aussi bien étendre l’image à l’Europe entière, avec plus ou moins de ruines selon les pays, mais qu’importe. La promesse de l’Europe était d’ordonner le continent en une unité harmonieuse et équilibrée, une construction civilisatrice censée apaiser toutes les passions. Le constat d’aujourd’hui, c’est que l’Europe, volens nolens, qu’on l’aime à la folie ou qu’on la haïsse littéralement, est cela par quoi et au nom de quoi, désormais, les passions s’attisent, les haines se déchaînent les unes contre les autres ; l’Europe est cela où les pays européens se déchirent et se divisent en des blocs irréconciliables, où les esprits et les psychologies s’enflamment en d’étranges guerres civiles qui diffusent et enflent dans des querelles grandes comme un continent. C’est, on l’avouera j’espère sans trop se forcer, une bien étrange situation si l’on veut bien avoir dans la mémoire, notre “devoir de mémoire” si l’on veut, les belles promesses d’antan, celles qui présidèrent à la naissance du beau bébé déjà sûr de lui, postmoderne et polyglotte.
Les gros bataillons d’europhiles en cure d’amaigrissement, dont nous ne sommes pas vraiment me semble-t-il, ici à dedefensa.org, ne cessent de clamer l’impuissance de leurs adversaires, populistes & Cie ; d’abord parce qu’ils ne peuvent s’unir tant les divergences sont si nombreuses qui les tiennent séparés ; ensuite parce qu’ils seraient bien trop maigres en effectifs s’ils parvenaient à s’unir pour inquiéter la majorité bienpensante ; enfin parce qu’ils seraient évidemment sans programme ni “vision” si, par coup de Magic baguette ils devenaient assez nombreux pour imposer majoritairement leur volonté.
Tout cela n’est que vaine rhétorique qui, comme d’habitude pour la rhétorique-Système, commence par l’inversion : on retourne le problème qui se pose à vous pour expliquer que l’adversaire ne peut pas le résoudre. Pardon, mais il me semble, à moi, et quelles que soient leurs positions et soi-disant propositions, que les populistes ne sont pas là pour jouer le jeu (jouer ”leur” jeu) et entrer dans l’arène des possibilités et des comptabilités parlementaires. Ne le dites pas trop haut mais c’est bien de ceci dont il s’agit dans ces élections européennes et alentour, pour tout ce qui est UE et se réclame de l’UE, laquelle se prétend à elle seule et aucune autre à sa place, être l’Europe : ils sont là pour casser, et il est entendu qu’ils le feront fort démocratiquement, comme c’est l’usage aujourd’hui.
(Je dis cela sans vindicte ni satisfaction, ni même l’impression de faire une prospective un peu audacieuse ou de poser une hypothèse pas vraiment sophistiquée, encore moins dans le but d’impressionner tel ou tel lecteur. Je dis cela parce que c’est pour moi l’évidence, rien d’autre.)
C’est un jeu à somme désintégrée dans l’éclatement de ses règles dont plus personne ne veut. Il n’y a pas de “nouvel ordre” en jeu, puisqu’il n’est plus question de jeu, puisque nous sommes entrés dans l’inévitable phase de déstructuration par quoi il faut passer. Le mouvement qui s’est levé contre le Système, car c’est bien de cela qu’il s’agit, n’a pour but, pour l’instant, que la destruction de ce Système, c’est-à-dire tout ce qui peut accélérer la tendance que le dit-Système a commencé à développer depuis 9/11, cet étrange attelage surpuissance-déstructuration.
Tout le reste n’est que vaine rhétorique, ou, si vous voulez, les fameuses “viles turpitudes humaines qu'un peu de sable efface”.
26 mai 2019 – c’est l’épatante Caitlin Johnstone qui nous le fait remarquer dans un long article : Rachel Maddow défend Julian Assange ! Rappelez-vous, j’ai parlé des deux récemment, de Maddow le 5 mai, de Assange pas plus tard qu’hier. Lorsque j’ai parlé de la première, on ne pouvait imaginer une seconde qu’elle défendrait le second puisque le second est la victime destinée à être impitoyablement écrasée par les hommes que la première encensait… Sauf que, comme devrait avoir dit Holmes à Watson, nous vivons décidément des temps bien étrange, et Watson répondant : “Vous avez raison, mon cher Holmes”.
Donc, le 5 mai dans ce Journal.dde-crisis, on montrait Maddow s’enthousiasmant pour le duo Bolton-Pompeoparce que les deux pieds-nickelés se montraient plus durs pour partir en guerre et cogner que son patron qu’elle déteste, le très-incertain président Trump. Ainsi devriez-vous comprendre bien la situation : s’il est deux êtres qui veulent l’extradition d’Assange et son enfermement dans les tourments les plus affreux pour 170 ans et même plus, ce sont les deux pieds-nickelés que Maddow encensait. Voilà soudain qu’elle condamne les accusations (17 chefs d’accusation) lancés par le gouvernement US (Bolton-Pompeo en étendard) contre Assange, qui lui vaudraient (qui lui vaudront) au mieux 170 ans de prison ; par conséquent, elle condamne Bolton-Pompeo...
(Suite)
25 mai 2019 –La dernière nouvelle que je veux placer en exergue, qui vient s’ajouter au texte ci-dessous qui était déjà composé, pour donner un donner un exemple tragique de la situation de la liberté d’opinion et d’expression au cœur de notre civilisation, concerne les 17 chefs d’inculpation lancés par le département de la Justice des États-Unis contre Assange. (Voyez ici, et ici, et encore ici, sur RT qui reste l’un des seuls grands réseaux sérieux au niveau de l’information dans nos pays, – profitez-en avant que Big-Master ne le liquide.) John Pilger : « La guerre contre Julian #Assange est maintenant une guerre contre tous. Dix-sept accusations absurdes, dont l'espionnage, envoient un message terrible à chaque journaliste, à chaque éditeur. La cible d'aujourd'hui est #Assange. Demain, ce sera vous au New York Times, vous à la BBC. Le fascisme moderne vient de mettre bas le masque. » Glenn Greenwald : « Tous ceux qui ont passé les deux dernières années et plus à proclamer qu'ils étaient si préoccupés par les atteintes à la liberté de la presse devront maintenant décider s'ils le pensaient vraiment ou si, en raison de leurs sentiments à l'égard d'Assange, ils applaudiront l'attaque frontale de l'administration Trump contre la liberté de la presse... »
Tout cela situe le contexte que je crois utile de décrire pour lire avec profit le texte qui suit, pour bien embrasser cette situation où, potentiellement, tout ce qui est liberté d’opinion, d’expression, de communication, de publication, est directement menacé, et l’est quasiment par tous les dirigeants-Système du bloc-BAO qui sont désormais les meneurs zélés de la dictature postmoderne. La guerre est déclarée, elle est ouverte, elle est impitoyable, elle est directement liée à la Grande Crise d’Effondrement du Système. Personne, personned’entre nous n’y échappe. Vous lecteurs, nous dans notre aventure, nous sommes tous pris dans ce tourbillon, crisique.
Passons au texte initial...
(A suivre)
23 mai 2019 – Depuis quelques jours, je sens comme une sorte de paralysie qui, à certains moments, me saisit. Le T.C.-73 d’avant-hieren était le témoin indirect, dans ce texte où je ne pouvais plus que contempler, stupéfait et sarcastique, leur folie extraordinaire parcourant des espaces de notre civilisation, et ne parler finalement que du “vertige crisique” qui me prenait comme il les avait pris. J’éprouve la même sensation, avec plus de force encore, aujourd’hui, à la perception essoufflée de la rapidité des événements du chaos du monde.
Je me rassure finalement en me disant “Sirius”, comme d’autres avant moi l’ont fait, c’est-à-dire prenant de la hauteur, de la distance, de la bienveillance ironique et stupéfaite à la fois, pour mieux m’éloigner de l’objet du vertige et bien mieux l’embrasser dans son entièreté. L’“objet du vertige” ? Avez-vous connu une telle accumulation d’événements crisiques fous de leur propre crise, s’agiter et tourner comme derviches dans le tourbillon crisique ? Chaque jour me vient cette même question : a-t-on jamais vu un tel chaos tourbillonner de la sorte ? Cette question répétée mille fois, et désormais depuis des années qui nous semblent des siècles, chaque jour trouve une nouvelle résonance, chaque jour se trouve justifiée à nouveau, relancée, reformulée. Chaque jour, Sirius opine…
(Suite)
21 mai 2019 – Le spectacle est extra-terrestre, une sorte de rencontre du deux-millième-type, pour marquer que nous sommes dans le deuxième millénaire. La France est prise de vertige, l’Europe est emportée par le vertige, car désormais l’on peut proclamer que le “Tourbillon Crisique” est entré dans les psychologies pour les transformer en vertige et faire tourner les esprits pour produire des pensées et des tweetwqui éclatent comme autant de phénomènes stratosphériques. Ce sont les derviches-tourneurs de l’Europe en grande-folie et dans tous ses États-Membres.
Cette panique, ce paroxysme qui envahissent nos têtes pensantes, nos élites-devenues-folles, dans cette Europe devenue un immense Titanic chargé de tant de vertus qu’il ne voit pas ce champ d’icebergs noirs conduits par un brise-glace de fabrication russe (ils connaissent cette technique), icebergs noirs-bruns baptisés suspectement “Salvini”, “Le Pen”, “Orban”, “Farage”, “& Cie”. (Le “&Cie” m’inquiète beaucoup, pas vous ?) Mais renseignez-vous donc, informez-vous à la fin !
Lisez la colonne #SalvinivsVerhofstadt, où le champion de Dame-Europe Verhofstadt défie l’extraordinairement diabolique Salvini dans un duel un-contre-un, en hommes mais sans homophobie, à mains nues, à la boxe française, au pistolet à plomb, à fleurets nullement-mouchetés,HashtagvsHashtag ;“Qu’importe l’arme-choisie, monsieur Salvini, où vous voulez et quand vous voulez, je suis votre homme, même votre transgenre pour arrêter votre sale besogne ! Sachez-le, La-Force, qui est du genre-féminin, est avec moi !”. Verhofstadt décompte dans sa rapide et pressante adresse aux peuples européens haletants devant ces révélations les joueurs-vedettes facho-nationalisto-euroscepticos qui sont rétribués par Poutine. On trouve tous les grands transferts de l’année, “You name it”.
En France, madame Loiseau, avec son talent éblouissantet sa séduisante finesse, nous a effectivement entretenus du “club Poutine”, – justement, les transferts, on s’y retrouve hein ! – mais elle a comme d’habitude quelques points de sondage de retard. Entretemps, en effet, on entendit sortant d’un grand déjeuner offert par le commandant du LFEM Titanic relâchant à sa base navale de l’Élysée pour prendre les choses en main, le matelot-voltigeur BHL nous dire tenir du commandant lui-même que le danger vient des USA et non de Russie, ou bien les deux ensemble, avec le Bannon-de-Trump beaucoup plus pervers encore que “le locataire du Kremlin”. Il paraît, dit le matelot-BHL qui en a vu des tempêtes, que nous traversons les temps les plus terribles que l’Europe ait jamais connus.
Pour les Anglais, comme notre ami John Laughland nous a fait visiterla chose ce matin le tour de l’asile est vite fait, grâce aussi à la connivence de notre amie Alice. On saura dans quelques heures où et comment, dans quel Pays des Merveilles la bombe thermonucléaire préliminaire nommée Brexitnous a projetés.
La folle farandole devient difficilement tenable. Il faut être un maître des pistes nocturnes du Paris de la nuit, comme le quartier-maître Castaner, pour tenir le rythme sans être emporté par le vertige. On chuchote qu’une mutinerie a failli éclater lorsqu’on s’est aperçu, lors du fameux déjeuner de gala-intellectuel du LFEM Titanicque la préfecture de police de Paris, chargée de la sécurité, avait prévu des gilets de sauvetage de couleur, – allez, je vous le donne en mille, – ce sont des gilets-drones modèle-canari, camouflé selon les directives du volatile, couleur et tout, – allez, je vous le donne en dix-mille ! La confusion fut extrême et BHL en fut, autant le dire, jaune de fureur.
Étrange et remarquable spectacle, ce n’est plus une crise, c’est une secousse tellurique d’une dimension crisique-cosmique, un éclair furieux et universel descendant d’un Olympe où trône un Jupiter crisique absolument furieux, – je ne vous dis que ça. Le tourbillon crisique, je vous le déclare tout net, a désormais de la peine à suivre le vertige crisique qu’il a pourtant lui-même déclenché et enfanté. Les icebergs noirs-bruns, eux, font pâlir le Trou Noir du tourbillon crisique. C’est-à-dire que les folies psychologiques nées du tourbillon crisique qu’on jugeait irrésistible et seul maître de l’univers en feu, ont décidément investi la scène du monde. L’Europe-en-folie va voter comme tournent les derviches-tourneurs, en chassant les mauvais esprits à grands coups de bulletins de vote.
Cette époque est exemplaire, c’est-à-dire qu’elle est sans exemple. Elle swingue, comme le rappeur Nick Conrad, celui qui nique, qui « baise la France, baise la France, jusqu’à l’agonie. » C’est vrai, enfin, cette Europe-là, il ne faut pas la rater, la laisser filer par des votes-inadvertants, – des comme-ça des Europes,on n’en fera plus, avant longtemps je vous dis, – autre confidence du commandant du LFEM Titanic.
“Scoute, toujours prête”, nous a confié madame Canarie Loiseau.
19 mai 2019 – Comme il l’a montré dans plusieurs textes, comme moi-même je l’avoue, Tom Luongo est un admirateur de Tulsi Gabbard. (Il est également un déçu-écoeuré de Trump, ce qui me ressemble un peu, certes, sans me causer trop de soucis comme on le comprend bien, puisqu’attendant plus les effets de l’élection de Trump que d’une hypothétique “gouvernance” de Trump.) Dans une chronique du 15 mai 2019, développée sur le thème qu’il nomme lui-même le “Grand Réalignement”, Luongo fait un rapprochement audacieux et transatlantique, et audacieux parce que transatlantique limité aux pays généralement identifiés comme anglo-saxons : Farage & Gabbard réunis comme un axe, qui serait un des axes de la poussée populiste qui secoue la civilisation occidentale, dite “bloc-BAO”.
(Effectivement… Non seulement rapprochement “transatlantique” mais également rapprochement statutairement “Anglo-Saxon”, malgré les origines samoanes de Gabbard qui importent peu ici. L’intérêt du point de vue de Luongo est strictement politique dans sa signification symbolique et institutionnelle pour les deux personnes concernées, et il définit des conceptions couvrant des zones que l’on identifierait comme idéologico-géographiques ; “dans le temps”, comme l’on disait, on aurait parlé de l’“Anglosphère”. Le populisme, – car il n’est question que de cela ici, et nous laissons les débats de définition du mot aux chers crétins salonards, nous intéressant exclusivement à la dynamique antisystème qu’il incarne pour la séquence, – ou plutôt le fait du populisme envahissant également le cœur de l’Anglosphère signale son importance absolument eschatologique.)
(Suite)
17 mai 2019 – J’avoue ma persistante et durable stupéfaction pour ce qui concerne l’inculture extraordinaire dont fait preuve l’immense et écrasante majorité, du type-stalinien, de nos dirigeants, experts, commentateurs, généraux étoilés et ainsi de suite, ici en Europe et encore plus ici en France, lorsqu’il s’agit de comprendre exactement ce qu’est le Pentagone, et plus largement dit le Complexe Militaro-Industriel (CMI) des États-Unis d’Amérique. La bouche pleine du vertige crisique et tourbillonnant de la valse des $milliards, aucun de ces arrogants crétins et naïfs imbéciles, j’en jurerais, n’a eu l’audace de lire les quelques paragraphes du début du plus fameux discours du XXIème siècle sur la sécurité nationale ; discours daté du 10 septembre 2001, – non, non, surtout pas le 11, – et il est du secrétaire à la défense Rumsfeld, un dur de dur qui s’y connaissait.
« Notre sujet aujourd’hui est un adversaire qui constitue une menace, une sérieuse menace, contre la sécurité des États-Unis d’Amérique. Cet adversaire est un des derniers bastions de la planification centralisée. Il gouverne en édictant des plans quinquennaux. D’une seule capitale où il se trouve, il tente d’imposer ses exigences au travers des fuseaux horaires, des continents, des océans et au-delà. Avec une brutale constance, il bâillonne la pensée libre et détruit les idées nouvelles. Il désorganise la défense des États-Unis et met en danger les vies des hommes et des femmes en uniforme.
(Suite)
10 mai 2019 – Pour bien vous mettre dans l’ambiance, je vais d’abord vous rapporter rapidement l’histoire de Hvaldimir, alias-Semion, ou bien est-ce le contraire : Semion, alias-Hvaldimir, qu’importe. Je vais m’attarder un peu pour bien faire prendre conscience de l’importance et du danger que recèle, – pour la civilisation occidentale-BAO, précise-je, – la faune marine dans les eaux glacés des Mers Baltique et du Nord.
Le début de l’aventure se situe autour du 25 avril et détaille la rencontre de trois frères, pêcheurs norvégiens, avec un bélouga, ou une “jeune baleine blanche”, très amicale, très joueuse, extraordinairement sympathique, mais qui était équipée d’un harnais et semblait en être indisposée. Je laisse les différents épisodes, icinou là, d’une histoire qui fut aussitôt, dans l’instant où elle fut rapportée, à la façon et au rythme d’une offensive-blitzkrieg, cataloguée comme la rencontre d’une baleine-espion envoyée par la marine russe, sans doute pour espionner les côtes de la Norvège, peut-être pour préparer sinon achever l’invasion de la Norvège avant de passer à l’OTAN elle-même.
Les trois frères, eux, étaient surtout préoccupés par la gêne de l’animal pour lequel ils éprouvaient eux-mêmes une vive sympathie et, à ce point, l’épisode se conclut comme ceci, de la meilleure façon du monde (rapporté par Le Monde) : « Vendredi [26 avril], après plusieurs essais pour l’en délivrer, l’un des frères équipé d’une combinaison de survie a plongé pour libérer l’animal du harnais. Le béluga a ensuite disparu. Des photos du harnais, diffusées par la direction de la pêche norvégienne montrent que l’inscription “Equipement St Peterburg” est gravée sur les attaches du harnais, qui disposait aussi d’un dispositif d’attache pour une caméra embarquée de type GoPro. »
7 mai 2019 – Le tourbillon crisique (T.C. : titre de cette rubrique) tourbillonne-t-il encore ? Ma réponse, toutes réflexions faites, est un “oui” sonore et sans équivoque ; simplement, il tourbillonne si vite qu’on le croit parfois à l’arrêt et qu’on croit ne plus le voir du tout. Le problème de cette rubrique (T.C.) est qu’elle tente épisodiquement d’observer et de définir le phénomène et que cette tâche est difficile si l’observation s’avère impossible. Le Système, cette immense machinerie énigmatique qui fait peser sur nous l’empire de sa surpuissance, est aujourd’hui agité de spasmes terribles et d’une violence inouïe, dont l’amplitude est telle que nous n’arrivons pas à les identifier comme tels parce que notre vision est en-deça du mesurable du phénomène. Il faut, pour partie, s’en remettre à l’intuition...
Pourtant, il y a des signes et des évidences qui nous permettent de voir clairement le schéma fondamental des événements, derrière cette agitation agissant comme un écran de fumée. J’ai déjà signalé, dans le T.C.-70 sur « “Nos” drôles de guerres civiles ! », le rôle privilégié de la France et des USA dans cette recherche d’une impeccable décadence en bonne accélération centripète de manière à ne pas faire attendre trop les spectateurs (nous-mêmes), recherche de l’identification et du diagnostic de l’état de la crise du Système toujours en recherche d’élargissement, et de la dynamique dissimulée du tourbillon crisique, – bref comme feraient des accélérateurs de particules de la crise en recherche de l’extension de son domaine, – toujours plus grand, toujours plus vite. Je terminais cet article par un conseil : « Bref... ‘Stay tuned’, comme l’on dit. » C’est ce que nous faisons…
Dans ce T.C.70, mon conseil était de suivre leurs “pensées” : « Avez-vous vu cette formidable similitude de pensée entre deux géants [Macron & Trump] de l’époque ? » Ici, ce sera plutôt le constat de la “formidable similitude” de situation entre ces deux mêmes “géants de l’époque”. Il est entendu que nous laissons de côté les étiquettes, les choix politiques voire les idéologies, les personnalités de ces deux-là, leur communauté de caractère pour alimenter la crise, etc. ; nous ne parlons que des situations.
Pour le Français, avec le destin que l’on sait de lui, son exceptionnalité à l’origine, sa gloire éclatante par avance, il est remarquable de constater combien il se trouve totalement impuissant à se débarrasser d’une dynamique de chute régulièrement accélérée, malgré des moyens puissants, une communication quantitative formidable et une pseudo-popularité qui semble n’avoir aucun effet sur quelque soutien populaire que ce soit, un soutien aveugle et empressé des élites, un zèle de répression d’une férocité rare, apparentant la France à un Etat de qualification et de spécialisation policière. (Ils ont même trouvé un nom “à la mode”, qui pourrait nous la servir postmoderne : “démocrature”.)… Tout devait être bouclé, plié dans le sens de la longueur jupitérienne à la satisfaction du Petit-prince par un Grand Débat du type-logorrhée au lieu de quoi l’on eut en vérité, comme pour nous dire le vrai, Notre-Dame qui s’embrasa d’une sainte et métaphysique fureur.
Hier, pour la première fois, la première place dans les sondages du parti présidentiel pour les élections européennes a été mise en cause d’une façon sacrilège et provocante. C’est une perspective hypothétique parmi tant d’autres, que je signale en passant, qui achèverait bien la séquence dans le sens que l’on sait inévitable : effondrement aveuglé et confus du mandat Macron dans un chaos d’où sortirait effectivement quelque chose comme une “guerre civile” d’un nouveau genre, mauvais genre. Quant à lui, pauvre Macron, plus que jamais “pompier-pyromane”, perdu au gré des oubliettes, aggravant la situation à chaque nouvelle habileté de communication …
A Washington D.C., c’est-à-dire à “D.C.-la-folle”, ce devait être un peu la même chose. On attendait le rapport Mueller et l’on découvrit, au cours d’un processus chaotique, qu’il ne prouvait rien qui fut en quelque façon que ce soit la “culpabilité” de Trump, type marionnette-du-Kremlin. On en déduisit donc que le chaos était clos, et que la présidence Trump pouvait commencer. Que nenni, mes amis.
Bien au contraire, “D.C.-la-folle” est plus que jamais sur le sentier de la guerre. On ergote et on s’affronte sur les virgules, sur la réécriture du rapport, sur la possibilité d’une “obstruction à la justice” dissimulée du président, sur le ministre de la Justice qui refuse l’injonction du Congrès de témoigner et l’on se prépare à passer Mueller sur le grill lorsqu’il ne dépendra plus de ce ministre-là. Même Dame Pelosi, pourtant si prudente et cheftaine-en-chef des démocrates à la Chambre, commence à admettre de nouveau que, finalement, après tout hein, on pourrait tenter la mise en accusation pour une destitution.
Voilà pour “D.C.-la-folle”, domaine interne ; pour le reste, l’extérieur, le Venezuela, la Chine et le reste, on sait bien ce qu’il en est avec le grand-inénarrable Trump, prisonnier des pieds-nickelés Bolton-Pompeo, ou bien qui joue avec eux comme il a joué auparavant avec les généraux qui tenaient le même rôle. Peu importe le vrai dans tous ces détails, reste, là aussi, cette dynamique crisique qui ne cesse de s’enfoncer dans le Grand Trou Noir…
C’est à ce point que je veux en venir en maintenant ce parallèle entre France et USA, au niveau de cette dynamique de pourrissement et de destruction des structures des pouvoirs, c’est-à-dire des structures du Système. Bien entendu, l’on comprend combien ces deux pays ne sont pas des exceptions, malgré leurs prétentions à l’exceptionnalisme, mais bien plutôt des exemples de cette dynamique que l’on retrouve partout.
Voilà le vrai : le tourbillon crisique que je ne parvenais plus à retrouver s’est transformé en un immense trou noir, – le Grand Trou Noir, – qui engloutit les structures, l’ordre et la logique du Système dans un immense mouvement circulaire d’aspiration vers le bas et vers le néant. Les quelques figurants qui prétendent encore à l’influence directive sont promis à subir le même sort, comme Maistre disait des chefs révolutionnaires : « Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments ; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. »
Courage Macron, courage Trump, menez votre mission à bien, – soyez exécrables, ignoblement…
6 mai 2019 – C’est si loin déjà et pourtant, en ce temps-là, je commençais déjà à me croire vieux... Je vous parle des années GW Bush qui n’existèrent évidemment qu’à partir du 1erseptembre de cette étrange année 2001...
2001, première année étrange (2000 compte pour du beurre, sorte d’entre-deux millénaires) d’un siècle non moins étrange qui nous conduit actuellement, – l’avez-vous remarqué ? comptabilisé ?, – vers l’engloutissement de son premier quart dans une extraordinaire orgie de violences et d’absurdités abruties et hurlantes, dans un maelstrom de sottises et de cruautés insensées, dans un enfer impitoyable de vide, de rien et d’absence de sens ; et là-dessus le visage souriant, sérieux et rassurant à la fois, expert du bon sens, sentencieux, sourcilleux mais pédagogique, et même angélique mais si optimiste, si bon-serviteur de la démocratie dans l’extrême servilité paroxystique ou pateline ; oui, les innombrables visages élitistes des bataillons des zombieSystème, les élites de la communication sur vos grands écrans-étranges lucarnes, se tenant, extasiés, émerveillés et rassurés, et courbés, et flagorneurs, et obséquieux, et courtisans, et soumis-abjects, au service exclusif et constant du Système.
Mais les années GW Bush, donc... C’étaient l’Irak et l’Afghanistan, puis le reste, et alors il y avait une franche opposition, on n’appelait pas encore ça de l’antiSystème mais on y viendrait. Par conséquent, je m’intéressais toujours, et même encore bien plus qu’aujourd’hui, au système de la communication de l’américanisme, car c’était bien là le centre de la première crise globale de ce XXIème siècle crisique qui s’ouvrait. Aux “nouvelles”, dans les extraits des shows d’information, une fille me ravissait, une vraie fille-garçon, lesbienne avec une sorte de panache jubilatoire où l’on distinguait, – disons, où je croyais distinguer de l’ironie, de la dérision, en même temps qu’une ardeur roborative qui s’inscrivait dans son programme. C’était Rachel Maddow, de MSNBC ! Impitoyable critique de GW, de ses archers bellicistes et de ses folles aventures guerrières, antiguerre proclamée la Maddow, et sur quel ton, avec quelle insolence ! Je me disais qu’avec ce gabarit-là, l’Amérique-dissidente avait de beaux jours devant elle.
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5 mai 2019 – Il y a trois jours, quelques-uns des nouveaux “petits-maîtres du monde” – comme on disait “les petits-marquis” in illo tempore, – les GAFA & associés Made In Silicon Valley, effectivement nouveaux maîtres du monde New-Age en t-shirts (“à boutons dorés” comme dit la chanson), et l’air si à-propos des vieux sages de l’Antiquité relooké en postmodernes, ces braves personnages-start-up ont lancé une vague massive de suppression de tweets et messages-Facebook par interdictions prononcées contre diverses personnalités, – dans ce cas, des dissidents et des antiSystème de droite aux USA, dont l’acteur James Wood ; cela pour la santé morale et spirituelle de nos pauvres âmes si vulnérables aux “discours de haine”, modèle Staline en t-shirt (j’y tiens, à mon t-shirt)...
Je suis prudent, je ne nomme pas cela “censure” parce que, tout de même, on ne diffame pas comme cela des Lumières de la postmodernité, avec tant de vertus, – “34 ans/$63,2 milliards/t-shirts permanent-sauf-au-Congrès”, cela vaut bien plus comme carte de visite de la haute culture que les œuvres de Platon, de Plotin et de Pseudo-Denys l’Aréopagite additionnées comme références de sagesse pour inspirer le monde et bloquer les tweets et messages-Facebook.
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30 avril 2019 – Je vais compléter le texte de ce jour sur de Gaulle, d’une plume britannique et néanmoins gaulliste, par un extrait d’un projet littéraire jamais terminée, et encore moins publié, comme mes armoires regorgent. Le projet se nommait (j’avais déjà mon titre) La parenthèse monstrueuse, et j’en ai déjà donné des extraits à deux reprises : une fois concernant la Beat Generation et l’autre fois concernant Raymond Aron. Pour ne vous faire grâce d’aucun détail, voici une reprise (du texte de présentation du passage sur Raymond Aron, qui à mon sens vaut le détour), explicitant de quoi il est question avec ce projet datant de 2005-2006 et déjà mené assez loin, avant que je ne divergeasse vers un projet plus vaste qui incluait des éléments de La parenthèse et allait nous conduire vers La Grâce de l’Histoire…
« …Ce projet avait un titre, La parenthèse monstrueuse, dont on retrouve les orientations fondamentales dans une partie de La Grâce de l’Histoire. (Rien n’est donc jamais perdu tout à fait.) La “parenthèse” en question va de 1933 à 1989-1991 et son interprétation se fonde sur l’idée que le grand événement du XXème siècle fut la Grande Guerre, dont la signification fut en bonne partie comprise et étudiée dans l’entre-deux, à peu près jusqu’en 1933, quand tout bascula soudain dans la mainmise des idéologies sur la politique du monde. Dès lors, l’orientation de la réflexion ne fut plus consacrée qu’à cet affrontement catastrophique des idéologies, qui écarta l’essentiel que nous avait inspiré la Grande Guerre, lorsque nous étions proches de la vérité fondamentale de notre temps historique. Cette “parenthèse” vit donc, d'une part, le paroxysme et l’effondrement catastrophique de la dynamique allemande qui avait été chronologiquement la première à prendre sous son aile la dynamique du “déchaînement de la Matière”, ou plutôt avait été choisie par elle pour la représenter dans l’histoire du monde ; et, d'autre part, le courant américaniste, déjà fort bien préparé, qui prit le relais à son compte et nous mena au terme de la parenthèse (en 1989-1991) pour en émerger dans la position qu’on sait et pour devenir définitivement l’élément fondateur et nourricier de la catastrophe universelle qu’est notre époque de Grande Crise générale. »
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29 avril 2019 – J’ai lu le livre dont on parle beaucoup, Crépuscule de Juan Branco. Tout le monde sait ce dont il s’agit : la description de l’ascension de Macron par un homme (un jeune homme) qui précise bien entendu qu’il appartint à ces réseaux qui firent le boulot, et qui en est sorti par choix moral pour “entrer en dissidence”, pour “lâcher le morceau”, – ce qu’il fait avec minutie. Ici, je ne veux pas parler de l’auteur, de ses diverses révélations (ou “révélations”), des diverses situations décrites, des personnes impliquées, mais seulement de l’impression générale concernant disons une “atmosphère”, que j’ai éprouvée à la lecture de son livre. S’il y a pour moi du vrai dans ce livre, je veux dire du fondamentalement vrai, c’est là que je l’y trouve.
Lui-même, Branco, dans une interview que j’ai visionnée (Thinkerview, le 13 mars 2019), m’est apparu sous un jour favorable : parlant bien, droitement, avec naturel, d’une façon convaincante quant au récit qu’il nous donne. La phrase qui, à son avis, résume aussi bien Crépuscule que son sentiment général sur ces gens qui forment à la fois une partie importante “de nos élites” et les réseaux qui ont fabriqué et mis Macron sur orbite, c’est celle-ci, p.310 : « Ces gens ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption. »
(Suite)