Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
21 octobre 2018 – La crise-Khashoggi, car c’est bien d’une crise qu’on peut désormais parler, menace un des axes fondamentaux de cette chose-USA qui se représente comme “empire”. Il s’agit bien sûr de l’axe moyen-oriental conduisant à ce que Brzezinski nommait en 1979 “l’arc de crise”, du Soudan à l’Inde.
Parallèlement, dans un sens géométrique comme dans un sens chronologique, l’intention annoncée par Trump de sortir du traité INF de 1987, c’est-à-dire de le détruire puisqu’il ne comporte que deux signataires avec l’URSS devenue Russie, menace dans ses effets l’autre axe fondamental du même “empire”, l’axe transatlantique. Cette seconde crise annonce une situation chaotique pour la sécurité européenne.
Chacune de ces deux crises a ses raisons d’être, ses dynamiques propres, ses “accidents” internes, voire ses desseins et destins spécifiques pour suggérer une explication propre mais qui ne reste que circonstancielle. Dans l’état présent des choses qui ne préjuge pas de l’avenir et si elles sont prises ensemble comme elles doivent l’être, leur véritable signification est celle d’une déstructuration de la forme et de la charpente de sécurité mises en place et maintenues par les USA durant le deuxième moitié du XXème siècle pour projeter la protection de leur sécurité en imposant l’ordre du monde qu’ils jugeaient nécessaire.
Du point de vue de la posture stratégique, il s’agit de la déconstruction la plus essentielle possible de la forme de la géostratégie du monde, et une déconstruction dont nul ne sait la cause majeure et centrale, ni les conséquences fondamentales. On comprend, du fait de leur importance comme de leur correspondance, que ces deux crises ne peuvent être perçues que comme les éléments d’une seule et même Grande Crise, celle qui institue l’Effondrement du Système.
Tout cela se fait à deux semaines d’une électionmidterm que certains qualifient de “la plus importante de toute l’histoire des USA”. Nul, même pas les acteurs de ces événements, ne peut dire si le lien qu’on est conduit à faire entre ces différents événements, – les deux axes en danger de rupture et les élections midterm, – a été voulu et/ou manigancé par des conceptions et des manœuvres humaines embrassant tous leurs caractères jusqu’à leur signification commune. Il reste que ce lien, même de simple coïncidence, apparaît aussi brutalement que les événements qu’il tient ensemble et qu’il est sans aucun doute de l'essence même des grands événements métahistoriques de l’histoire du monde.
20 octobre 2018 – D’abord, je vous annonce, amis lecteurs, une nouvelle dont vous avez peut-être, sans doute, repéré la manifestation écrite : sur le bandeau au-dessus de chaque article (nom de la rubrique, la date, “Forum”, etc.), une nouvelle indication, avec un petit œil et un chiffre qui varie, qui vous indique le nombre de fois que l’article a été “ouvert”, en principe et je l’espère, pour une lecture attentive et bienveillante. C’est une grande innovation pour nous !
Bien entendu, j’entends les rires et sourires. Tout le monde fait cela ou presque, et voilà que le père-PhG s’imagine faire entrer dedefensa.org dans le grand domaine des innovations technologiques avec ce clin d’œil. On avait déjà installé des compteurs Facebook et quelques autres mais je dois avouer que je n’appréciais qu’à demi cette comptabilité boiteuse des initiatives accessoires, d’autant que je n’utilise ni Facebook, ni Tweeter. Je suis un peu un fossile, un dinosaure amaigri perdu dans le grand champ postmoderne de l’internet ; aussi préhistorique que les plus antiques traditions... Et puis, récemment, j’ai eu assez de ces Facebook, Tweeter, etc., avec leurs frasques honteuses, insupportable présence des délateurs & censeurs.
J’ai fait sauter tout cela, puis j’ai songé à faire installer un compteur direct sur les accès aux articles, hors de toutes ces simulacres de réseaux sociaux manipulés par le Système. J’ai donc fait un grand pas, la chose fonctionne depuis le 14 octobre, accessible à tous depuis hier. Figurez-vous que cette innovation de diplodocus m’a apporté un aussi grand plaisir qu’elle a constitué un grand pas à faire. Cette comptabilité sans intermédiaire, directement du lecteur au site comme si le lecteur m’adressait un clin d’œil d’encouragement, m’a apporté une réelle satisfaction psychologique et morale.. Que vous le croyez ou pas, que vous trouviez cela étrange ou non, sachez bien que cette toute petite initiative qu’on trouve partout ailleurs a contribué fortement à repousser, voire à briser la solitude que je ressens parfois, à mon établi d’écrivaillon, devant mon écran vide que je noircis constamment de mes élucubrations électroniques, qu’il faut que je nettoie régulièrement, avec plus ou moins de succès pardonnez-moi, de ses innombrables coquilles.
Voilà, c’est tout, un peu de solitude vaincue...
Là-dessus et pour terminer ce message sans prétention, et l’occasion faisant le larron, je fais ce que je n’ai jamais fait dans ce Journal-dde.crisis, puisque le 19, jour où la comptabilité des articles vous a été ouverte, lançait l’habituelle campagne de fin de la donation mensuelle. Je fais un appel à votre soutien, alors que notre démarrage est bien lent ce mois-ci.
Vous avez lu hier, dans ces pages, une modeste contribution à la dénonciation du racket-Système que les censeurs-à-gage infligent aux résistants du samizdat. C’est bien assez pour vous rappeler la précarité de la situation de la presse-antiSystème, dont nous sommes de fervents acteurs, avec nos possibilités, nos capacités. Aidez dedefensa.org, amis lecteurs, on peut dire qu’il le mérite.
Les petits freluquets au visage bien net malgré les pseudo-barbes de certains, – Sartre aurait pu écrire “petits salopards” a peine au sens sartrien du terme, et plutôt au sens nihiliste finalement, – les freluquets, donc, arrivent à un résultat significatif et nous apparaissent tels qu’en eux-mêmes : censeurs diaboliques à gentille frimousse d’ado baladant leurs tee-shirts parsemés de $milliards. Je n’imaginais pas qu’on puisse accomplir son ambition et sa réussite exceptionnelle en singeant la fraîcheur de l’esprit de l’adolescence prolongée, dans la posture de balance céleste, de donneur cosmique, de délateur étoilé, dans la position assumée d’auxiliaire zélé des forces officielles du déchaînement de la Matière. Ils y sont, pourtant.
(Je parle de Zuckerberg et toute sa bande, au cas où il nous faudrait un téléprompteur pour bien nous comprendre. Je conchie cette époque des GAFA-censeurs où l’âme semble se dévorer elle-même avec voracité, en dévorant tout ce qui est inversion et subversion pour nourrir l’appétit du complet simulacre de la vertu.)
Dans l’hypothèse où nous ne nous le serions pas dit, qu'on sache tous que le mois d’octobre a vu une avancée redoutable de leur contre-civilisation, Facebook en tête et le reste suivant à la queue-leu-leu. Ce ne sont pas les loups qui sont entrés dans Paris, camarade, ce sont les censeurs ; ils agissent au nom du Système ou de ses représentants appointés. A côté, les inquisiteurs avaient au moins l’allure de la langue et de l’ordre, et ils ne se cachaient pas d’être ce qu’ils étaient. Les censeurs postmoderne sont des pue-la-mort fardés en jeunes gens entreprenants, aussi secs que la terre devenue poussière des grandes sécheresses capitalistes, sans culture, sans le moindre caractère ; comme je fais de leur époque je les conchie roborativement et sans retenir ma peine, et sans véritable colère mais comme une chose allant de soi.
(Suite)
16 octobre 2018 – En pleine activité studieuse ces deux derniers jours, un fait m’a soudain frappé dont je me suis dit qu’il méritait quelque réflexion hardie. Je veux parler de l’apparition de cette expression, disons pour résumer : “ce qui se passe aujourd’hui [dans tel domaine] est le pire depuis l’attaque du 11 septembre 2001”. Je cite les deux passages contenant l’expression, venue de commentateurs extérieurs et nullement de ma seule réflexion : c’est leur réflexe à eux (plutôt que “réflexion”), et plutôt une référence inconsciente qu’un jugement, qui m’arrête ici et me fait m’interroger, et instituer le sujet de cette courte “réflexion” (cette fois, le mot est le bon) ...
• Le 14 octobre, du texte « Trump vaut bien 9/11... », cet extrait de l’article de Politico.com sur l’état psychologique des citoyens américains sous l’empire de Trump : « Mais de nombreux praticiens observent désormais que Trump et son effet convulsif sur la conversation nationale américaine donnent une place prépondérante à la politique sur le divan du psychanalyste, d'une façon qui n’avait pas été vue depuis les mois qui ont suivi le 11 septembre– un autre moment où les événements ont été effrayants et ont eu des conséquences émotionnelles très puissantes... »
• Le 15 octobre, des « Notes sur une danse des sables », cette citation de l’ancien ambassadeur US à Ryad Robert Jordan : « ...les relations entre les USA et l’Arabie sont brusquement (?) entrées [...] dans “leur pire période depuis l’attaque du 11 septembre 2001” »
(Suite)
13 octobre 2018 – Ne dirait-on pas que les cieux se sont mis en fureur avec le monstrueux cyclone Michael pour mieux précipiter les entreprises humaines dans un ouragan catastrophique ? Une fois de plus et même plus que jamais, les États-Unis d’Amérique sont l’œil et la matrice, et le show également de ce facteur paroxystique de plus, sorte de “paroxysme des paroxysmes”, ou perfect storm des perfect storms.
Ce fut donc une semaine de carnage ; à Wall Street, avec un Trump vociférant contre la politique de la Fed ; plus que jamais avec le parti démocrate dénoncé par le GOP comme le parti de l’insurrection, ce parti rendu fou par Trump, proclamant que l’on ne peut envisager un retour à la vie politique normale que lorsqu’ils seront à nouveau au pouvoir, – pourquoi pas lorsqu’une “révolution” aura enfin purgé la Grande République de tous ses Deplorables ? Pour rendre le festin encore plus corsé par des banderilles extérieures, on voit que les relations entre les USA et l’Arabie avec l’ébranlement du régime-MbS sont à un point de déchaînement crisique à cause de l’affaire Khashoggi tandis que la merveille promise au monde du XXIème siècle, le F-35 cloué au sol comme on fait un clin d’œil, s’avère de plus en plus être l’énorme programme JSF de la catastrophe annoncé.
Cela ressemble au déchaînement d’une hausse de régime d’un système fonctionnant dans sa condition qu’on croyait la plus haute d’un rythme de folie crisique, qui s’avère ainsi comme s’il s’agissait de son rythme de croisière. La dévastation du dollar forme un cadre décoratif monstrueux de papier-monnaie faussaire, disposé comme une forteresse ultime de papier mâché, comme moyen de “sécuriser” le suicide du simulacre qu’est devenu le système de l’américaniste.
Il est épuisant, il est accablant de continuer à détailler les spasmes sans nombre qui marquent l’effondrement de ce système de l’américanisme, dans sa fonction de courroie de transmission du Système, et ainsi obligé de tenir une tension crisique formidable tant que le Système ne cédera pas définitivement sa surpuissance dans le fracas de l’autodestruction. On serait conduit finalement à considérer comme hautement symbolique ce rapport du Pentagone qui vient d’être publié et qui envisage rien de moins qu’une refonte complète de l’économie pour préparer l’Amérique à la guerre suprême... On laisse la plume à WSWS.org qui en fait la présentation sur le ton tragique qui convient :
« ... [..U]n document de 146 pages publié par le Pentagone vendredi dernier et intitulé “Évaluer et renforcer la résistance des bases industrielles et de la chaîne d’approvisionnement du secteur manufacturier et de la défense aux États-Unis”. Il indique clairement que Washington se prépare non seulement à des affrontements régionaux isolés, mais surtout à un effort de guerre massif et à long terme contre la Russie et la Chine dans des conditions d'autarcie nationale potentielle.
» Le document indique clairement qu'une restructuration majeure de l'économie américaine serait nécessaire pour atteindre l'objectif déclaré de l'armée américaine: être en mesure de “se battre dès ce soir” contre un “adversaire de taille”. Les États-Unis doivent “se réorganiser” pour “la concurrence entre grandes puissances”, observe le document. “La base industrielle américaine de fabrication et de défense”[...] crée la “plate-forme et les systèmes” dont “dépend notre Combattant”. Ce complexe englobe non seulement le gouvernement, mais aussi le secteur privé, ainsi que les “organisations de R et D” et les “institutions universitaires”. En d’autres termes, l’ensemble de l’économie et de la société... »
Certains y verront les signes indubitables d’une préparation à des échéances tragiques. D’une certaine façon c’est le cas, mais encore faut-il envisager et réaliser de quelle échéance il s’agit. De même que l’America First (ou MAGA – Make America Great Again) de Trump est une tentative désespérée pour réindustrialiser l’Amérique et lui redonner toute sa puissance comme si l’on remontait le temps, de même le projet du Pentagone est une tentative désespérée de redonner aux USA une puissance militaire qu’ils n’ont plus et qu’ils ne peuvent plus avoir, pour singer l’illusion d’un conflit ultime qui fixerait la Fin de l’Histoire sous l’hégémonie américaniste...
J’insiste bien sur le sens décisif et définitif de cette expression de “tentative désespérée”, car c’est bien l’illustration de l’alternative évoquée par Lincoln et Whitman (« ...nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant », « ... [nous devons] surpasser l’histoire merveilleuse des temps féodaux ou [constituer] le plus retentissant échec que le monde ait jamais connu… »)... Ma constante certitude confirmée par le spectacle de “D.C.-la-folle” me dit que le destin a déjà tranché.
12 octobre 2018 – Il y a deux mois de cela, je m’étais fait un peu tancer, – fort aimablement et même respectueusement, sans nul doute, – par un message posté, par une réflexion d’ami, etc., à propos de ce texte sur les « Connards co(s)miques ». Je crois qu’on s’inquiétait de la verdeur du langage, du propos un peu trop leste, des choses de cette sorte. On remarquera aujourd’hui la reprise dans le titre du procédé des parenthèses dans un mot, du mettre-ou-ne-pas-mettre une lettre, – car le coupable revient toujours sur les lieux de son forfait, pour constater que les choses sont effectivement ce qu’il en avait dit et cru... On remarquera par conséquent qu’avec ce texte d’aujourd’hui, il s’agit toujours du même sujet.
La logique, au moins, est sauve. Nous la mettons précieusement de côté pour que nul ne l’abîme et nous poursuivions notre audacieuse exploration, nous-autres qui, c’est bien, connu, sommes sans peur et sans reproche.
Quoi qu’il en soit et malgré mes nombreux brevets de la vertu retrouvée puisque je n’ai pas été plus loin que mes « Connards co(s)miques », j’ai pris mes précautions. Cette fois, je me couvre, puisqu’il s’agit des propos d’Onfray et non des miens. Le texte ci-dessous, qui reprend l’affaire de la “lettre au président Manu” de la plume du fameux philosophe normand, – « Lettre à Manu sur le doigté et son fondement », – en fait foi et vous instruira assez convenablement sur cette intrigue sans précédent.
(Suite)
07 octobre 2018 – Il est vrai que dans ma seconde jeunesse, après que j’ai eu commencé dans ce métier et fermement pris l’orientation des affaires d’étrangères, – il y a un demi-siècle de cela, – on appelait notre-camp “l’Ouest”. Je croyais par habitude et sans vraiment y croire, parce que le courant m’y poussait, que mon choix était le bon. Aujourd’hui, le dégoût et la nausée sont les deux pensées, – oui, je dis bien “pensées”, – qui s’expriment principalement lorsque je rêvasse au souvenir de “l’Ouest” devenu “bloc-BAO” par la grâce de dedefensa.org.
Passons au plat de résistance : la Cour Suprême des États-Unis d’Amérique a donc un Justice de plus, pour amener ses effectifs à la normale (neuf). Brett Kavanaugh a prêté serment comme 114èmeJustice après le vote du Sénat 50-48. La bataille fut rude et enfin “on-a-ga-gné” comme on scande dans les stades ; les conservateurs vont reprendre le dessus contre la marée libérale-progressiste, jurent certains, et Trump est un grand président... Mais laissons cela, il ne faut pas s’attacher à de telles sornettes. On ne se sort pas comme ça, par un vote, d’un tel capharnaüm privé de lumières, encombré de débris et parcouru de cris furieux, tanguant et plongeant comme un Titanic ivre, verrouillé pour que nul ne s’échappe à chacune de ses extrémités par une grille de prison de haute sécurité comme l’est un tunnel sans fin. Ainsi en est-il de “D.C.-la-folle”,– stay tuned pour la suite.
Que prenne connaissance tout de même, “pour la suite”, du thème de la nouvelle période qui s’ouvre : les démocrates estiment, c’est leur nature et c’est leur considérable vertu, que la Cour Suprême est délégitimée par l’élection de Kavanaugh. C’est un thème, disons, déjà légitimé et qui ouvre de vastes horizons...
05 octobre 2018 – Comme l’on sait, y compris en lisant ce site, l’ambassadrice des USA à l’OTAN, madame Kay Bailey Hutchison, respectablement âgée de 75 ans et auréolée du titre de gloire d’être la première femme sénatrice de l’État du Texas en 1993, baptisée “Mamy” à l’OTAN, a fait avant-hier une déclaration fort remarquée. Elle a déclaré que si les Russes déployaient leurs missiles 9M729, les USA “élimineraient” préventivement cette chose qui viole, selon les mêmes USA, le traité INF de décembre 1987.
Sa réponse à un journaliste : « A ce point, nous devrions considérer la possibilité d’éliminer un missile [russe] qui pourrait atteindre n’importe lequel de nos pays [en Europe].. » Puis encore : « Des contre-mesures seraient prises [par les USA]pour éliminer les missiles qui sont en développement en Russie en violation du traité... Ils [les Russes] sont avertis. » Tout cela fut néanmoins suivi, quelques heures plus tard, par un tweet selon lequel « je ne voulais pas parler d’une attaque préventive en Russie. Mon intervention concernait le retour de la Russie dans les obligations du traité INF ou bien nous déploierons nous-mêmes des capacités pour protéger les intérêts des USA et de l’OTAN. La situation actuelle, avec une violation patente du traité par la Russie, est intenable. »
Laissons-là la suite de la querelle, qui repose d’ailleurs sur une complète absence de preuve de la présence de ces missiles, – mais il est vrai que la nouvelle-morale, surtout à propos des Russes, est bien “vous êtes coupable tant que vous n’avez pas prouvé votre innocence”. (La culpabilité n’a pas besoin de preuves, par contre l’innocence en a diablement besoin.) Ce qui est le plus remarquable à mes yeux, c’est bien la déclaration initiale de l’ambassadrice Hutchison, très texane (« to take out the missiles »), et qui signifie effectivement et sans aucun doute “éliminer” la chose à-la-texane. Elle a corrigé l’esprit de la chose, mais elle a bien dit ce qu’elle a dit, l’ambassadrice.
(Suite)
02 octobre 2018 – Pourtant, il y eut beaucoup de précédent d’auditions de cette sorte au Congrès des États-Unis, où l’on s’affrontait, s’invectivait, dans un tourbillon d’anathèmes, de mensonges, de dénonciation infondées, d’attaques ad hominem, tout cela bien entendu sous le sceau sacré et infiniment ironique des prestations sous serment. C’était le cirque, après tout circus as usualde ce faux-empire de l’hypocrisie considérée comme une vertu ; mais il nous préparait sans que nous nous en avisions à la réduction, ou plutôt à l’éclosion de la tragédie-bouffedans sa complète dimension catastrophique, en une tragédie pure et simple... La tragédie en soi pour la fin des États-Unis d’Amérique.
L’audition du juge Kavanaugh est pour certains un tournant, le dernier tournant du bout de la course de la fin des États-Unis comme nous les avons connus. « Kavanaugh est le point de basculement du déclin et de la chute des États-Unis » écrit le 1eroctobre 2018Martin Armstrong sur son site, en titre du texte qu’il consacre à cette “crise dans la crise”, – crise du cœur de la crise, à la fois d’une violence sans retour, symbolique, infiniment lourde de sa profonde signification.
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28 septembre 2018 – On se rappelle, l’on sait même avec la plus grande certitude, que je n’ai jamais porté le sénateur républicain US Lindsey Graham dans mon cœur. Grand ami et complice de McCain, Graham a été de toutes les incitations, exclamations, manipulations & autres sales coups pour lancer ou entretenir des agressions et des conflits américanistes extérieurs, en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Ukraine, etc.
Graham est toujours le même à cet égard. Il a exprimé ses encouragements à Trump lorsque, à deux reprises avril 2017 et avril 2018), celui-ci a fait tirer des missiles contre la Syrie, regrettant néanmoins les doses homéopathiques employées au lieu d’un vrai carpet-bombing du type Shock & Awe pour en finir avec Assad. Graham montrait par là que le retrait de McCain, en phase terminale de son cancer en avril 2018, ne le privait en rien de son zèle guerrier.
C’est dire, plus encore que je n’ai dit en introduction, combien je tiens Graham comme un homme très dangereux à cet égard, comme un véritable “messager du Mal” dans cette époque toute entière maléfique. Pourtant, je vais vous en dire du bien.
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27 septembre 2018 – ... Le “et autres...” signifiant qu’on ne peut s’en tenir, pour donner une idée générale des événements du monde, à seulement deux crises ; quand on a fabriqué le concept de “tourbillon crisique”, c’est le moins qu’on puisse en penser ; mais “les autres...” veux-je dire avec ce titre, de moindre importance dans mon raisonnement.
Il s’agit de la crise syrienne et de la crise washingtonienne. Elles se trouvent ensemble dans une phase paroxystique, le nième certes mais vraiment au même moment, et ces paroxysmes sans le moindre lien entre eux deux. Le paroxysme syrien n’a rien à voir avec le paroxysme washingtonien, absolument rien ; impossible de manipuler l’un pour avantager l’autre, – voilà ce que les Israéliens, soi-disant maîtres ès-manipulation, n’avaient pas compris ni prévu.
(Mais il faut leur pardonner, les Israéliens : nous comprenons, nous, qu’ils soient dépassés par le rythme des crises et qu’ils n’y comprennent rien, comme tout le monde...)
En temps “normal” (?), les choses auraient dû se passer ainsi, à propos de l’incident ayant abouti à la destruction de l’Il-20 russe : un concert de suspicion et d’accusations accompagnant les affirmations russes sur la responsabilité israélienne ; des rumeurs “bien renseignées” de montage des Russes et des Syriens pour impliquer les Israéliens après les avoir conduit dans un piège ; des mises en cause sur la présence “massive” des Russes en Syrie (Russiagate) ; la nécessité de de la culpabilité d’Assad, d’une façon ou l’autre (“Assad must go” + regime change)... Or, rien de tout cela.
(Suite)
27 septembre 2018 – C’est un simple petit détail, mais je trouve que les détails, après tout, – “Le bon Dieu est dans les détails” préfèrent dire des Français, tandis qu’Allemands et Anglais choisissent de façon si significative par rapport à l’éclairage de l’Histoire, « Der Teufel steckt im Detail » et “The Devil is in the details”...Mais je finis d’ergoter pour en venir à mon sujet, qui est un point de détail que je ne trouve pas sans signification cachée, du genre “à l’insu de son plein gré”, – on verra pourquoi...
Cela se passe à la tribune de l’ONU, mardi, lorsque notre-président vient parler avec fougue et chaleur, jusque presque à s’emporter, à transpirer, à taper de ses poings rageurs sur le pupitre, à-la-Krouchtchev mais en plus gracieux et léger tout de même. Par ailleurs, Krouchtchev nous promettait l’anéantissement par la Bombe, ce qui fut compris comme pure rhétorique marxiste, tandis que Macron cloue au pilori ceux qui refusent le bonheur universel de la globalisation.
Il se trouve qu’on trouve dans l’envolée la plus caractéristique de son discours, où manifestement notre-Président semble s’éloigner du strict verbatim de la chose sauf peut-être sur ce passage, au passage 00’28” de cette courte vidéo où il dénonce ceux qui lancèrent la globalisation et en dénoncent aujourd’hui les effets, ce membre de phrase : « ... que dénoncer les conséquences dont on a chéri les causes peut créer des succès d’estrade... ». J’ignore si quelqu’un dans le monde de la pensée et de l’inventaire l’a remarqué mais je suis prêt à jurer, d’intuition dirais-je, que cette belle tournure est imitée de la formule fameuse de Jacques-Bégnigne Bossuet ; laquelle est d’ailleurs soumise à des versions bien différentesoù la seule constante est bien que “Dieu se rit...”, et la formule disons comme ceci : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Après tout, Jupiter, puisqu’ainsi Macron se définit-il, peut se permettre cette audace de “se rire” lui-même, à l’image de Dieu.
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24 septembre 2018 – J’ai sur internet quelques références ou “sources” qui, par l’orientation qu’elles suivent, la forme de leurs commentaires, etc., me servent à maintenir une appréciation générale de l’état des affaires. Le colonel Pat Lang est l'une de ces références ; je le tiens pour un homme expérimenté comme ancien officier de la DIA, maître de soi, critique du Système et de “D.C.-la-folle” mais tout de même très patriote et donc proaméricaniste... Un antiSystème de circonstance, qui n’aura jamais mes positions fondamentales mais qui constitue une source honnête avec nombre de connexions dans les forces armées, très expérimenté et hors d’atteinte de l’affectivisme (notamment des antiSystème, qui pétrolent dur). Par conséquent, une source précieuse si l’on tient compte des réserves nécessaires.
Aussi peut-on aisément comprendre que je sois si fortement impressionné par le très court commentaire qu’il fait, après avoir cité un article de Wikipédia sur les émeutes de gangs des bas-fonds à prétention idéologique qui eurent lieu dans la partie byzantine et sauvegardée des restes agonisants de l’Empire du monde, à Constantinople en 585, – les “émeutes de Nika”, qui furent maîtrisées par les hommes (Belisarius, Marses et Mundus) de l’empereur Justinien Ier. Après avoir cité un extrait de l’article, Lang commente, – et ce commentaire de Lang se nourrissant, à mon sens, des contacts qu’il continue d’avoir dans les forces armées :
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21 septembre 2018 – J’avais déjà observé dans le dernier “Tourbillon crisique” (“TC-59”) que Poutine allait s’attirer nombre de critique de ceux qui ont l’habitude d’être dans le même camp que lui (disons “antiSystème” pour faire court, même si cela conduit à écarter bien des nuances importantes) ; bien entendu, il s’agit de sa réaction après la destruction de l’Iliouchine Il-20 de surveillance électronique (ELINT) au cours d’un épisode confus impliquant des F-16 israéliens et un tir de missile sol-air S-200 syrien.
Moi-même, j’avais exprimé prudemment un avis nuancé, logiquement lorsqu’on ne connaît pas les faits, tout en identifiant les techniques nuancées et les habiles tactiques habituelles du président russe. Mon dernier paragraphe était une mesure de l’extrême difficulté de sa tâche, dans une époque où les fous qui abondent sur ce théâtre de démence qu’est la ronde des événements-en-cours ont vite fait de faire d’une vérité une illusion ou de proclamer qu’une illusion est une vérité, – d’où la parabole du “fil” qui ne met pas en cause Poutine mais souligne les difficultés qu’il doit affronter : « L’“incident” de l’Il-20 fait vibrer fort dangereusement le fil sur laquelle se déplace l’équilibriste Poutine, au-dessus du vide, sans filet, sans rien... Au reste, comment faire autrement lorsque le fil lui-même pourrait n’être qu’illusoire ? »
Entretemps, quelques plumes connues sont venues en défense de Poutine contre ce qui s’est avéré être une marée de vociférations anti-poutinienne, les “haïsseurs” de ce Poutine qui ne serait dans ces moments-là que trahison, couardise, imposture... Parmi ces plumes, et en première ligne, le Saker-US et son ami Andrei Martianov. (Il ne s’agit pourtant pas de “poutinistes” inconditionnels, particulièrement le Saker-US qui, en plus, argue régulièrement qu’il existe à Moscou une 5ème colonne pro-sioniste extrêmement active.) Le premier écrit sur son site, en date du 20/21 septembre 2018 (selon d’où on le lit), et intégrant le texte de Martianov :
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19 septembre 2018 – J’ignore si c’est une crise mais c’est évidemment une tragédie dont l’effet que nous ressentons sur l’instant est du type crisique. Poutine, lui, a parlé d’une tragédie dans des termes prudentissimes (« un enchaînement tragique de circonstances tragiques accidentelles ») qui apparentaient la chose plus à la fatalité qu’à quelque intention maligne, cela dit d’une façon qui ne suggère pas l’héroïsme : « Quand des gens meurent, spécialement dans des circonstances aussi tragiques, c’est toujours une tragédie, une tragédie pour nous tous, pour le pays entier et pour les familles de nos chers camarades. Dans cette circonstance, j’adresse mes condoléances aux proches de ceux qui ont été tués dans ce crash. »
C’est une tragédie et les sentiments en tous sens sont très forts, mais surtout certains d’entre eux, chez les soutiens habituels du président russe comme chef naturel de la Résistance antiSystème, qui se retournent contre lui avec une extrême violence. Alors, je crois qu’on peut dire que c’est au moins l’amorce d’une crise, mais de type indirect, hors des circonstances elles-mêmes de l’“incident” ; une crise qui concerne une personne et son énorme influence qui est largement mise en cause...
Par exemple, le site Russia Insider, qui emprunte un texte de Sputnik mais le chapeaute de titre et sous-titres de son cru, pleins de rage et de fureur : « Poutine aux puissances qui attaquent la Syrie : s’il vous plaît, vous pouvez tuer mes soldats, je ne ferais rien contre ça... Poutine s’abstient même d’incriminer Israël pour la perte de l’Il-20 russe et des 15 hommes d’équipage dans le cours d’une attaque aérienne israélienne illégale et non-provoquée contre la Syrie souveraine ... Contrairement à ses militaires, le président russe explique l’entièreté de l’incident par “une chaîne de tragiques incidents”. »
Ayant eu la curiosité d’écouter sa conférence de presse où il finit par parler de la chose à l’insistance d’un journaliste (à partir de 18’20” sur la vidéo), j’ai tout de même été frappé par le contraste saisissant entre la modération de son propos, assez piètre et conventionnel jusqu’à paraître obscène aux plus fortes sensibilités, et d’autre part son insistance à citer la réaction officielle du ministre/ministère de la défense, qui accuse avec une extrême fermeté Israël (avec coup de téléphone du ministre russe au ministre israélien), en précisant que cette réaction avait été « validée » par lui-même. Je vois beaucoup plus dans cette pseudo-contradiction une tactique de Poutine qu’une contrainte subie par Poutine ; une façon de dire, habile mais éventuellement pathétique : “Je veux absolument que les choses s’arrangent mais sachez également que la Russie n’acceptera peut-être pas que l’on agisse de cette façon, en faisant mourir ses soldats, et que je m’exécuterais dans ce cas.”
Poutine a une conception multipolaire et apaisée des situations, et il ne perçoit son intervention en Syrie que comme un moyen de rétablir un ordre acceptable par tous après avoir liquidé les terroristes. Lorsque l’“incident” a eu lieu, il venait de remporter ce que lui-même juge être une victoire importante : un accord avec Erdogan sur Iblid, salué par les Iraniens et les Syriens, qui écarte pour l’instant une attaque américaniste avec le dilemme de décider ou non une riposte. La chose lui est d’autant plus précieuse qu’un mouvement se dessine au Congrès pour lier une attaque US en Syrie à une autorisation préalable de ce même Congrès, renouvelant la situation d’août-septembre 2013 qui avait bloqué l’attaque envisagée par Obama. Une crise avec Israël là-dessus pulvériserait cette perspective.
Cela est d’autant plus à considérer que les circonstances de l’“incident” du côté israélien sont loin d’être claires. La première réaction israélienne a été une série de tweet de l’armée israélienne déplorant la perte du Il-20 et rejetant la responsabilité sur la Syrie. Le ministre de la défense lui-même (le juif russe Lieberman) a traité l’affaire plutôt par un appel personnel de son vis-à-vis russe Shoigou, qui n’a pas mâché ses mots. Un autre aspect a été la première réaction du ministère des affaires étrangères devant les sollicitations de la presse, qui a simplement dit qu’il n’avait “rien à voir” avec cette affaire. Enfin, Netanyahou, parlant à Poutine au téléphone hier soir, outre l’expression de la grande tristesse dont il n’est jamais avare dans cette sorte de circonstance, a promis d’envoyer son chef d’état-major de la force aérienne pour une explication technique avec les militaires russes. Tout semble se dérouler un peu comme si la direction politique israélienne passait la patate chauds à ses généraux, et avec elle la responsabilité de l’affaire, peut-être justifiée par une manœuvre interne des militaires. (Comme l’on dirait : “c’est vous qui nous avez mis dans ce foutoir, à vous de nous en sortir”.)
Il n’empêche, et je crois que c’est l’essentiel : il reste l’impression qu’on a constatée du rôle et de l’attitude de Poutine, dans le chef de ceux qui sont en général ses meilleurs soutiens dans le monde de la communication. Poutine est un équilibriste qui est de plus en plus en équilibre instable dans ses entreprises, à la fois de fermeté face aux pressions innombrables du Système, à la fois de volonté d’arrangement presque à tous prix dans les différentes situations crisiques ; et tout cela, avec des “partenaires” à “D.C.-la-folle” qui combinent une haine inextinguible contre lui et la Russie au comportement d’une démence de chaos profond.
L’“incident” de l’Il-20 fait vibrer fort dangereusement le fil sur laquelle se déplace l’équilibriste Poutine, au-dessus du vide, sans filet, sans rien... Au reste, comment faire autrement lorsque le fil lui-même pourrait n’être qu’illusoire ?
18 septembre 2018 – Je regardais hier en fin d’après-midi, au hasard d’une heure perdue et d’un zapping sans intention de nuire, l’émission d’information 64’ de TV5-Monde. A la rubrique Grand Angle, où l’on reçoit un invité, l’on vit un monsieur Kevin Limonier, présentant son livre « Rue.net, Géopolitique du cyberespace russophone », aux éditions L’Inventaire. Le thème en est la “cyberpuissance” et je laisse la place au rapide “prière d’insérer” pour donner une idée du contenu et de l’esprit de la rencontre :
« A tort ou à raison, la Russie s'est construit une image de “cyberpuissance” que les accusations américaines, renforcées par les déclarations du président français, ont grandement contribué à façonner. Kevin Limonier pose ici la question de l'instrumentalisation politique, par la Russie comme par ses adversaires, d'un phénomène technique ayant acquis une immense importance stratégique. La lutte pour son contrôle est en effet susceptible de provoquer des guerres, de déstabiliser des régions entières, ou encore de priver les citoyens de certains de leurs droits les plus fondamentaux. Le retour objectif de la Russie sur la scène internationale s'accompagne d'une mise en récit s'appuyant sur un imaginaire issu de la “guerre froide”. C'est à cette “mise en récit” qu’est consacré le quatrième Carnet de l’Observatoire. »
(Suite)
12 septembre 2018 – Cette fois, j’ai eu du sentiment à propos de la commémoration de l’anniversaire-9/11, comme on dit qu’on a “du grain à moudre”. J’ai trouvé qu’on écrivait beaucoup à ce propos, et qu’on écrivait comme si le “sentiment du doute” était devenu une attitude intellectuelle normale, tandis que les défenseurs de la version officielle se sont dissipés dans la nature comme autant de grain de poussière d’un 9/11 retombé et devenu assez lointain, privé de ses geôliers hystériques hurlant au complotisme comme la vertu dénonce des harcèlements multiples et incessants. Peut-être s’agit-il de la publication d’un livre mystérieux (auteur anonyme) sur la chose, par les amis du Sakerfrancophone, chapitre par chapitre d’ici Noël avec promesse de suspens, – Pentagone ou la théorie d’UN complot. Pour le bouquin, c’est sûr : on suivra, on lira, on verra.
Il y a depuis longtemps une chaleureuse complicité entre le Sakerfrancophoneet dedefensa.org... Dans le texte de présentation de cette audacieuse entreprise, d’ailleurs détaillée comme une enquête mystérieuse et un feuilleton haletant par Hervé, j’ai eu la surprise agréable et tout toute aussi chaleureuse de me voir cité dans des termes élogieux. Pour ne rien vous en cacher, et parce qu’aussi c’est le début de ma réflexion, je cite la citation de PhG et la présentation qu’en fait le compère Hervé.
« Pour finir par un contre-pied, je citerais un autre auteur, l’une de nos sources d’inspiration au Saker Francophone pour alimenter vos lectures, Philippe Grasset du site dedefensa.org :
« “Je me fiche bien de savoir s’il y a eu complot ou non, et qui, etc., pourvu que beaucoup de gens y croient, car l’important est l’entretien de la suspicion, donc de l’hostilité au gouvernement washingtonien, donc au Système ; et mon avis est qu’il est préférable de ne jamais trouver la vérité d’un complot si c’est le cas parce que l’affaire serait expédiée avec quelques boucs-émissaires et l’Amérique renaîtrait de ses cendres en un ‘Monsieur Propre’ qui est capable de laver son linge sale tout seul [exactement ce qui s’est fait pour le Watergate]...” »
J’ai eu alors cette réaction de mettre en question mon observation, qui date quasiment des alentours de 9/11, et ainsi présentée comme ayant été dite par le susdit PhG, en public, en 2005, et sur laquelle je n’ai jamais varié en quoi que ce soit. Je ne m’étais pas posé la question lorsque j’avais publié la chose avec ces précisions, le 3 juillet dernier, dans ce Journal, alors je le fais aujourd’hui sans doute parce que je l’ai lue en lecteur, sans m’être préparé, je veux dire sans avoir retrouvé et inconsciemment protégé dans mon esprit ce même jugement : est-ce que je pense toujours la même chose, 17 ans plus tard ?
(Suite)
10 septembre 2018 – La plus grande démonstration de l’attaque du 11 septembre (un peu en avance, happy birthday America) et de la crise qu’elle a ouverte, c’est la confirmation symbolique et éclatante de l’importance fondamental du système de la communication dans l’équation de la puissance. La chose était déjà amorcée avec la guerre du Kosovo, la première guerre “virtualiste” (voir ceci et cela), mais c’est avec 9/11 qu’elle s’imposa définitivement. J’insiste bien sur ce terme de “définitivement” car en même temps que le système de la communication s’imposait et que 9/11 pénétrait et déchiquetait notre espace-temps, commençait notre Grande Crise, – à propos de laquelle j’ai sans doute agacé quelques lecteurs avec des noms et des acronymes différents, pour me fixer sur GCES, – Grande Crise d’Effondrement du Système, nous voilà, nous y sommes... Ces trois choses sont absolument mariées : le système de la communication, 9/11 et la GCES, – pour mesurer l’enjeu diabolique de cette séquence ultime de notre civilisation devenue contre-civilisation.
Or, il se trouve que, dans l’éditorial désormais mensuel de première page, – un des exercices les plus fastidieux que je me sois imposé lorsqu’il était hebdomadaire, pour finalement lui trouver un sens et un intérêt certain avec le rythme mensuel, – j’ai, au nom du site dedefensa.org, déterminé comme thème des événements du mois l’établissement de la censure par les “titans high tech” contre le système de la communication dans sa dimension antiSystème :
(Suite)
09 septembre 2018 – Il est vrai qu’à certains moments, par instants pressants parce que nous sommes à “D.C.-la-folle”, j’ai été enclin à juger l’article de Mr/Mme Anonymous avec l’idée du bouffe à l’esprit. (Dernier exemple, en lisant l’article si joliment sarcastique de Diana Johnstone, qui prend le New York Times dans son viseur et le couvre de dérision pour l’hypocrisie qu’il ne cesse de montrer, – coup au but !) De cette façon, je veux dire d’une façon involontaire parce qu’entraîné par un de mes sentiments généraux, je ne lui ai pas encore accordé l’importance politique sérieuse qu’il mérite également.
C’est une tendance générale, depuis 2015, depuis l’entrée de Trump dans la campagne des présidentielles. Le personnage est tellement archétypique, tonitruant avec les déclarations qui vont avec, emportées, furieuses, excessives, complètement de son époque folle et extrême dans les deux sens, avec la puissance de la communication ; son aspect physique, son peu de considération pour le sérieux de la raison et l’hypocrisie de l’establishment, sa piètre considération pour le conformisme et ses tendances maniaco-narcissique débridées, avec son cortège d’excès et d’exclamations exotiques, sans compter les inventions diverses, mensongères et sans nombre... Il est tellement “télé-réalité”, tellement de son temps et en même temps formidable et si puissant critique de son temps par le simple fait d’en être la caricature !
(Suite)
06 septembre 2018 – Il devrait être difficile pour ceux qui ont à cœur de mettre à jour les innombrables complots “en marche” de n’en pas voir un dans la publication des extraits du livre-massue de Bob Woodward (Fear, – Trump in the White House) ;
Cela, précédé par l’impressionnante cortège de cérémonie des « funérailles impériales » de Saint-John McCain ;
Cela suivi du fait du jour le plus remarquable, de cet article extraordinaire (page Op/Ed) paru dans le New York Times, signé anonymement par un “officiel de haut niveau” dans l’administration Trump, sous le titre de « I Am Part of the Resistance Inside the Trump Administration » (“Résistance contre Trump”, cela va sans dire).
De ce dernier épisode (l’article anonyme du NYT), un des commentateurs de Bloomberg.News, Timothy L. O’Brien, qui n’est pas un défenseur ou un partisan de Trump mais se contente d’apprécier la situation ainsi créée, estime que l’article signifie que les États-Unis vivent dans un état d’insurrection et de forfaiture. Il observe que “l’action de résistance de l’équipe Trump contre Trump” que décrit l’auteur anonyme, est présentée comme “étant destinée à éviter une crise. Mais cette action en elle-même est une crise...”
« Ce qui me semble plus évident, c’est que le chroniqueur dit que son équipe cherche à éviter une crise constitutionnelle. Réfléchissez à ceci : les responsables de la Maison Blanche étaient tellement préoccupés par le manque de capacités à gouverner du président Trump qu’ils ont envisagé des mesures radicales [notamment, l’application du 25èmeamendement menant à une destitution], mais qu’ils les ont ensuite écartées pour éviter une crise constitutionnelle. Cela signifie donc que ces mêmes fonctionnaires non élus et inconnus, tous nommés par un président qu'ils jugent inapte à assumer ses fonctions, dirigent maintenant le pays sans surveillance ni légitimité ? Si cette situation-là n’est pas une crise, qu’est-ce que c’est qu’une crise ? »
L’article publié par le NYT, comme on l’a vu, n’est pas survenu comme un éclair dans un ciel bleu ; c’est au contraire le dernier en date dans un ciel extrêmement sombre qui ne cesse de dispenser des éclairs entraînant des bruits de tonnerre roulant sans cesse. Les réactions sont diverses et ajoutent encore au tintamarre et au chaos qui a fait gravir un degré de désordre plus à “D.C.-la-folle” et au sein de l’administration Trump.
• Trump hurle et tempête à la suite de l’article anonyme du NYT. Pour lui, ou bien l’article est complètement un faux (c’est l’avis de certains de ses partisans, comme Dinesh D’Souza, qui tweete : « Il suffit de lire l’Op/Ed anonyme du @nytimes pour comprendre qu’il s’agit d’un article-maison nullement écrit par un officiel de l’administration mais par un journaliste professionnel du journal lui-même. C’est la parfaite définition d’une #FakeNews ») ; ou bien le NYT doit révéler au gouvernement, pour motif de sécurité nationale, le nom de la personne qui a écrit ce texte.
• Chris Cilliza, de CNN, nous donne une liste exhaustive de 13 personnes (12 personnes + un couple) qui seraient susceptibles d'être selon lui l’auteur anonyme. On y trouve, pourrait-on dire, des “usual suspects” (notamment le directeur de cabinet Kelly, le vice-président Pence, les ministres Sessions et Mattis, l’ambassadrice Haley, – mais tiens, je ne trouve pas mon Bolton favori) ; mais aussi, pour fixer le degré de chaos, des hypothèses plus exotiques : “Javanka” (prénom très new age, mélange des prénoms Jared et Ivanka, le gendre et la fille de Trump), – et jusqu’à Melania Trump elle-même... (« Pour être clair, je ne crois pas que la Première Dame ait fait cela. Mais sa volonté de faire passer des messages quand elle est mécontente de son mari ou de l’administration est indéniable.[“I really don't care. Do U?”] Et si vous êtes de ceux qui croient que cette administration et Trump sont gouvernés par les règles du reality-show, alors l’idée que Melania ait écrit cet Op/Ed est le plus grand événement de TV-réalité jamais réalisé. »)
Alors, pour mon compte, plutôt que parler de “complot-en marche”, je serais enclin à penser et à écrire qu’il s’agit de la pente naturelle, “D.C.-la-folle-en marche” si vous voulez. Il n’est nul besoin de complot pour réaliser cet enchaînement, la machine (le Système) roule dans ce sens, irrésistiblement, inexorablement, de plus en plus rapidement. Tout cela doit être perçu dans la perspective des élections de novembre, c’est-à-dire qu’on devrait avoir, d’ici novembre, une montée continue de la tension, des révélations, des affrontements. La fureur anti-Trump est plus forte que jamais, ce qui a pour effet en raison du caractère de l’intéressé d’accroître la volonté de Trump de résister à ses adversaires par tous les moyens. Les élections constitueront un point de paroxysme de plus, exacerbant encore les tensions et les oppositions pour préparer la suite dans le genre catastrophique.
Il est possible que cette situation washingtonienne soit un facteur important dans ce qui apparaîtrait à certains comme une retraite du bloc-BAO/des USA dans l’offensive syrienne soutenue par les Russes contre Iblid. Le commentateur britannique Finian Cunningham estime qu'ils ont abandonné l’idée extrêmement classique désormais d’une attaque chimique type-“faux-drapeau” pouvant servir de prétexte pour une intervention dans la bataille... Bref, la Troisième Guerre mondiale serait remise à plus tard, il y a des choses plus importantes en cours.
Le spectacle est intéressant, la rentrée ne déçoit pas.