Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
20 mai 2018 – J’emprunte le titre de cette chronique à ce premier livre d’Antoine Blondin, par sympathie sinon par affection, également parce que Blondin était sans doute le plus innocent, le plus attendrissant et le plus pathétique des “hussards” (Nimier, Laurent, Déon, Blondin) ; et puis, bien entendu vous vous en doutez, parce que “son” Europe est infiniment plus vraie que celle que nous avons aujourd’hui.
Dans son bouquin qui est le premier d’une lignée assez courte mais où les phrases sont belles, il décrit ses deux années passées en STO en Allemagne, en 1943-1944. Ce n’est pas une aventure de héros, quelque chose de prévisible, de bien lisse, d’hollywoodien si vous voulez... C’est compliqué et banal tout en étant extraordinaire, plein de sentiments perdus et de craintes cachées, de médiocrités quotidiennes et d’instants d’ironie pour le plaisir, – ah les formules de Blondin, les jeux de mots et jeux de phrase d’anar désabusé et presque innocent, il n’y résiste pas : « La guerre est perdue, ce qui n’est pas grave, car vous me direz : une de perdue, dix de retrouvées » ; nous le lui dirons, au fantôme d’Antoine... Et parfois, bien dissimulé, je suis sûr de cela, – un éclair d’héroïsme chez lui, le sens du tragique, comme s’il devinait notre époque qui vient.
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15 mai 2018 – Y a-t-il un esprit malin, dans le sens diabolique, qui a fait se correspondre à cinq jours près la sortie des USA du traité JCPOA qui a déclenché une série de tensions opérationnelles et diplomatiques en Syrie et alentour dans the Rest Of the World, et l’inauguration de la nouvelle ambassade US à Jérusalem qui a été l’occasion d’un massacre de la foule palestinienne dans laquelle l’armée israélienne a tiré comme on fait dans une boucherie ? Son gendre garantissant que cette nouvelle ambassade est un gage de paix, déclaration rythmée par les tirs des fusils d’assaut israéliens, Trump, en bon businessman postmoderne, rembourse ainsi les soutiens financiers des milliardaires israélo-américanistes, dont le grand patron du crime organisé pour l'élégante spécialité des casinos.
Il n’empêche, malgré l’habitude de l’asservissement des acteurs de la politique du bloc-BAO, les deux évènements et leurs conséquences constituent même à leurs yeux parce que c’est sous leurs yeux, une mise au net impressionnante de la vraie nature d’organisation criminelle internationale que sont devenus les États-Unis dans le chef de leur gouvernement et de ses différents soutiens et moyens d’action. Cette “révélation” va rendre, quoi qu’on en veuille, de plus en plus difficile la poursuite de relations normales, même d’asservissement, entre les USA et “le reste du monde”, – sauf Israël sans doute, grâce à la nouvelle ambassade. Cela n’est pas un point de vue seulement extérieur : deux anciens officiels de l’administration Obama, qui n’ont pas écrit sans l’aval de leur capo, suggèrent dans le New York Times que les institutions de l’UE et les pays-membres expulsent les ambassadeurs des USA à la suite du retrait du traité JCPOA. Cela n’est pas de savoir si cela se fera qui importe, mais de lire cela dans le NYT, et avec l’onction de Saint-Obama. Encore ont-ils écrit avant la tuerie d’hier face Mur des Protections de la civilisation, de Jerusalem et alentour.
Il n’y a plus d’hésitation concevable à observer que ce que nous appelons par ailleurs « La doctrine des évènements déchaînés » est aujourd’hui entrée dans un rythme de développement évoluant à une vitesse inimaginable. La Grande Crise Générale devient, selon le terme à la mode, “hypersonique”, et la vitesse que Paul Virilio dénonçait fort justement comme l’engeance de la modernité est aujourd’hui si grande qu’elle se retourne dans un mouvement tourbillonnaire contre le monstre qui a engendré son producteur.
Il n’y a guère de commentaires plus élaborés à faire tant le constat de la catastrophe du monde se fait à visage découvert, sous nos yeux ébahis. Ce qu’il faut voir, ce qu’il faut sentir, ce qu’il faut mesurer, c’est le vertige inimaginable de la chute qui emporte le Système, voulue par lui pour solde tous comptes, et qui se retourne contre lui comme le scorpion se pique lui-même à mort. On doit comprendre le scorpion qui a sa raison d’être et de ne plus être, et sa dignité ; je dirais que c’est justice pour le Système qui lui seul peut se refuser à lui-même l’exercice de la grâce du Ciel.
11 mai 2018 – Il m’est arrivé, dans ce Journal-dde.crisis, de m’emporter dans la description d’un cauchemar ou l’autre ; l’un et l’autre d’ailleurs, puisqu’il y en eut deux, le 11 octobre et le 6 novembre, tous deux de l’année 2015. Depuis, il y en eut d’autres, que je laissai aller ou que je n’avais pas l’esprit d’aussitôt les résumer, puisque l’on sait que le souvenir des rêves vous quitte très vite, comme une grâce un in seul court instant accordée... Enfin, “une grâce”, c’est à voir.
C’est tout vu sur celui-ci, qui va suivre, que j’ai immédiatement décrit sur une page entière de mon agenda de poche (celui de la Pléiade, on a son snobisme), dévorant trois jours d’une fine écriture serrée, sans jamais aller à la ligne, et avec un marqueur fin de couleur violet, – pour la première fois, moi qui n’utilise que du brun d’habitude. Bref, cela se passe dans la nuit du 4 mai. Je suis en voiture, mais c’est une sorte de forme qui est peut être un ami qui conduit, dont je distingue si mal les traits que je ne le reconnais pas, qui disparaîtra bientôt d’ailleurs, qui n’était peut-être pas là. Derrière, se trouve ma chienne, ce noble animal, l’encore jeune et un peu Miss-Catastrophe, Marie, qui a pris la place de l’inoubliable Klara. Pourquoi donc l’ai-je prise avec moi ?
Nous allons à Marseille, à une grande réception que donne mon frère ainé, je me demande bien pourquoi. Dans ma jeunesse, c’était mon modèle, mon mentor, de onze ans mon ainé, mon héros, celui que j’aurais voulu être avec sa force, sa puissance exceptionnelles ; notre rupture, en 1983 à cause de ma séparation d’avec ma première femme, fut d’autant plus cruelle, et quels que soient mes torts s’il y en a, je ressentis son attitude et ses mots, ses mimiques et ses regards furieux, sa lâcheté inttendue pour une telle force de la nature, comme une blessure profonde et une trahison affreuse, comme si l’on vous ôtait une partie de votre jeunesse. Il est mort en septembre 2016 et je n’en ressentis me sembla-t-il nulle émotion, rien qui ne m’affecta vraiment sur l’instant, mais peut-être pas intérieurement... Quelques heures après commencèrent plusieurs heures d’affreuses souffrances qui me conduisirent aux urgences à cinq heures du matin le lendemain ; une innocente hernie inguinale, transformée en hernie engouée menaçant d’étrangler, tout cela conduisant à une intervention d’urgence en début d’après-midi. Plus tard, mon gastro me dit que l’émotion contenue et non exprimée était sans doute la cause de contractions internes brutales qui avaient causé l’incident.
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10 mai 2018 – Le premier constat que je dois faire est l’extraordinaire abondance de “Tourbillons crisiques” ces dernières semaines (trois durant le mois d’avril), ce qui est en soi un signe de l’accélération du susdit tourbillon crisique, et de l’aggravation des crises que cela suppose. C’en est à un point où l’abondance du rythme des “Tourbillons crisiques” transformant la structure même de la Grande Crise devrait être en soi le sujet d’un “Tourbillon crisique“ – ce qui est un peu le cas près tout avec ce paragraphe introductif.
Le sujet est bien entendu la décision de Trump de sortir du traité nucléaire de 2015 avec l’Iran. Cette décision équivaut en importance à son élection : elle est, en bouleversement sismique, la réplique comme évènement de pseudo-politique étrangère, de son élection comme évènement de pseudo-politique intérieure. L’ancien directeur de l’OMB, alors jeune prodige désigné comme ministre du budget de Reagan David Stockman, résume l’étrange performance du président qui se révèle dans cet instant plus américaniste-Système déclenchant le pire que tous ses prédécesseurs après s’être cru citoyen et Américain à la fois, pour justifier son élection :
« L’acte de The-Donald de réduire en cendres le traité nucléaire iranien marque le sinistre triomphe complet du Parti de la Guerre. Il ne reste plus rien de America First. L'action irresponsable, injustifiée et totalement irrationnelle de Trump entraînera Washington encore plus profondément dans un vortex incendiaire au Moyen-Orient de conflits politiques et religieux sans le moindre rapport avec la sûreté et la sécurité du peuple américain. »
... Et pour confirmation, ceci : « Trump a déstabilisé le monde par cet acte. La Russie le considérera comme plus dangereux. [...] Les stratèges russes vont réévaluer leur posture nucléaire, estimant plus grande la possibilité d’une première frappe stratégique des USA. La Chine sera plus déterminée que jamais à renforcer sa puissance militaire et son alliance avec la Russie. » (De Michael S. Rozeff, historien libertarien.)
La crise iranienne ouvre une nouvelle phase dans l’empilement des crises qui s’amoncellent depuis quinze ans, elle imprime une nouvelle accélération au tourbillon crisique, renforce le désordre, approfondit le trou noir où l’effondrement nous conduit. Les esprits tentent de réunir ce qu’il leur reste de raison raisonnable pour décrire cet acte sans précédent de simulacre politique avec les innombrables questions qu’il crée et entraîne derrière lui dans une valse folle. Cela est résumé par Daniel McAdams, complice habituel des dialogues avec le vieux et avisé Ron Paul, qui nous donne un aperçu de cette façon d’apprécier l’événement, tragédie-bouffe au-delà de tout ce qui a été fait jusqu’ici :
« La déclaration du président Trump sur le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien croule sous tant de mensonges et d’affirmations faussaires qu'il semblerait presque que les neocons qui l'ont inspirée [sinon rédigée] ont voulu le ridiculiser. L'affirmation selon laquelle l'Iran est allié à al-Qaïda est si fausse et effrontée qu'elle rivalise avec les plus formidables mensonges et simulacres édifiés par les USA pour justifier la désastreuse guerre en Irak. Donc, les États-Unis sont sortis du traité... que va-t-il se passer ? Que vont faire les Européens? Comment les Américains vont-ils réagir à la perte de 100 000 emplois de Boeing en raison de l'annulation d'un contrat de transport de passagers avec l'Iran?..[Etcetera...] »
Sur la terre martyrisée de Syrie ont déjà commencé des affrontements sporadiques entre Israéliens, Syriens et Iraniens, et certains y voient les premiers actes de la guerre inévitable qui sourd. « The shit’s on, good buddy », apprécie le colonel Patrick Lang.
Pendant ce temps, Netanyahou était avec Poutine, déposant une gerbe de fleurs au Soldat Inconnu de la Grand Guerre Patriotique, au terme de la marche épique du “Bataillon Immortel” qui mit dans les rues de Moscou plus d’un million de personnes venues rendre hommage au colossal sacrifice de la Sainte-Russie. Netanyahou portait le symbole fameux qui attise toute la haine antirussiste du bloc-BAO ces dernières années ; aussi, l’innocentDefense News, habitué de la promotion de la camelote tueuse du CMI, a-t-il cette remarque moins innocente : « Dans un geste qui va certainement attiser la polémique dans certains milieux, Netanyahou a été vu arborant le ruban orange-noir de l’ordre de Saint-Georges, un symbole russe qui a acquis une nouvelle popularité ces dernières années comme signe patriotique de l’annexion de la Crimée par la Russie. » Sans nul doute, Poutine et Netanyahou, et leurs relations, constituent les facteurs les plus étranges et les plus mystérieux de cette crise qui déploie sans plus s’en dissimuler ses fureurs et ses éclairs de feu.
Ainsi, et quoiqu’on en dise, Trump, poursuit-il inexorablement le chemin que lui a assigné le destin, au-delà de toutes les supputations, les explications, les appréciations, les circonvolutions, les conjurations : du désordre, encore du désordre, toujours du désordre. Cet homme a été mis là où il se trouve pour achever le Grand’Œuvre de la crise terminale de l’effondrement du Système. Dussions-nous trembler et nous consumer dans l’angoisse des terribles lendemains qui nous sont promis, il est de notre devoir intellectuel de reconnaître qu’il accomplit parfaitement sa mission. Quel que soit le destin de l’Iran, d’Israël, de la Syrie, de la Russie, etc., toutes choses ouvertes aux aléas de la fortune des armes, des invectives, des habiletés et des alliances changeantes, il nous semble qu’avec un tel président celui-là de destin de l’Amérique et du Système auquel elle s’est soumise est désormais scellé.
Lincoln toujours, déjà cité précédemment : « ... En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant. »
8 mai 2018 –“Marmottage” n’est pas un mot insultant mais plutôt amusant sinon sautillant malgré la marmotte, et on le prendra comme une image, indiquant plutôt le “marmottage” volontaire des idées parce qu’on se trouve dans la position de ne pouvoir dire clairement ce que l’on voudrait dire, et pour certains ce que l’on brûle de dire. Dans ce cas, le propos peut être clair et net, mais il exprime ce marmottage-là... Donc, rien d’irrespectueux.
Rien d’irrespectueux d’autant qu’il s’agit de Chevènement, dont on sait, ou dont on apprend pour certains, qu’il a rempilé dans le poste étonnant qu’il tint sous la présidence de François Hollande, d’une sorte de conseiller/d’envoyé spécial du président français pour les relations avec la Russie. C’est bien ce qui paraît étonnant, et de surcroit nullement l’impression d’un démenti du “Che”, de parler de cette position du temps de Hollande et de ce qui aurait été... comment dirait-on ? Ah oui, ce qui aurait été une “politique russe” de Hollande, comme si ce brave homme aurait pu avoir une “politique russe”... Dans tous les cas, “le Che” nous rassure : avec Macron, ce sera diablement différent, et nous lui laissons donc le surnom de “Che” gagné pendant la campagne présidentielle de 2002.
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3 mai 2018 – On pourrait résumer mon propos en disant que de “site de crisologie”, tel qu’il s’intitule lui-même depuis une dizaine d’années, on pourrait dire que dedefensa.org est devenu également un site de collapsologie. Je ne crois pourtant pas qu’il faille adopter ce changement d’identification comme un changement d'identité, simplement parce que, autant dans l’esprit de la chose que dans mon esprit, l’identification de “site de crisologie” inclut de facto et englobe logiquement la phase terminale de la crisologie qui est la collapsologie.
Je vais d’abord essayer de faire une présentation statistique de la chose, à partir du phénomène de la fréquentation du site. Je ne prends comme référence que le nombre de “visites” (et non les références des “hits”, ou du nombre de “pages consultées” par exemple, qui sont très supérieures) parce que la définition d’une “visite” est la référence la plus sérieuse, la plus stable de l’intérêt actif pour le site, impliquant l’entrée pour un temps donné (autour de 4-5 minutes au minimum je crois, jusqu’à un total de 20 minutes à partir duquel la “visite”, si elle se poursuit, est comptabilisée comme une seconde “visite”) ; dans ce cas, référence la plus assurée d’un intérêt actif, sinon d’une lecture partielle ou complète d’un ou de plusieurs articles.
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1ermai 2018 – ... C’était l’époque où le prince de Bénévent, évêque défroqué, ancien ministre des Relations Étrangères de l’Empereur, se tenait à Paris, surveillé par la police, disgracié, presque solitaire . Il avait vu partir Napoléon vers le Nord et vers l’Est, en même temps que des éléments de la Grande Armée, pour la plus formidable bataille de tous les temps de l’Empire, dans les plaines immenses de l’immense Russie. Il avait laissé tomber froidement mais, je le supposerais volontiers car je crois deviner à travers les âges que cet homme avait la nostalgie d’une âme poétique, sans pouvoir empêcher un frisson le parcourir jusque dans l’âme, ce frisson venu des anciens temps qu’il avait connus, d’avant la Grande Révolution, des anciens temps qu’il avait tant aimés et qu’il continuait à tant aimer, – et l’évêque défroqué avait donc laissé tomber : « C’est le commencement de la fin. »
C’est un moment terrible, une terrible maturation de crise à passer avant d’affronter la suprême bataille. Il prend sa plume et écrit à son amie très chère, la duchesse de Courlande : « Il faut tâcher de ne pas s’aigrir trop, afin d’être prêt pour les temps qui se préparent et qui ne s’annoncent pas pour être faciles. »
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27 avril 2018 – Pour cette fois, comme une première fois, on ne parlera pas pour cette rubrique du “tourbillon crisique” d’un ensemble de crises et d’évènements de nature générale et affectant plusieurs domaines, mais au départ d’un événement très technique. L’intérêt est dans les conséquences, véritablement tourbillonnaires
L’événement, d’abord passé inaperçu parce que venu d’un séminaire lundi dernier de spécialistes US de la guerre électronique (EW, pour Electronic Warfare), se trouve dans quelques extraits d’une conférence du général Raymond Thomas, chef du US Special Operations Command. Phrases principales, où “nos adversaires” sont évidemment les Russes :
« Actuellement, en Syrie, nous nous nous trouvons, du fait de nos adversaires, dans l’environnement de guerre électronique le plus agressif que l’on puisse trouver dans le monde. Ils nous attaquent chaque jour, interrompant nos communications, désactivant nos AC [EC ?]-130, etc... »
Il y a une querelle d’interprétation pour savoir si Thomas a dit AC-130 ou EC-130 (versions spéciales, d’attaque et de guerre électronique, du vieux et increvable C-130 dont le premier vol-proto remonte à 1954). Deux articles, les premiers à citer cette information, – Breaking Defense du 24 avril et War Zone du 25 avril, – développent cet aspect accessoire du propos. Ils présentent également des éléments précis mettant en évidence l’infériorité sévère des forces US dans le domaine de la guerre électronique. (Voir aussi, très bien documenté, Breaking Defense du 8 janvier 2018.) Un débat essentiel est en train de s’ouvrir, concernant les capacités électroniques des forces armées US dans un conflit de haute intensité, face essentiellement à la Russie dont les progrès considérables sont désormais actés. Ce débat, avec les propos du général Thomas, sonnent, dix jours après, comme une confirmation implicite de la version russe de l’attaque du 13-14 avril, et des interprétations qui ont donné un rôle essentiel dans l’interception des cruise missiles aux capacités de guerre électronique des Russes, soit pour repérer et informer les batteries syriennes, soit pour interférer directement dans le vol des missiles.
Une autre nouvelle se chuchote sous le manteau, dans le même registre : les Israéliens auraient décidé de renvoyer à 2025 leur deuxième commande imminente de F-35, avec une commande de F-15 pour verrouiller l’intervalle. L’aviation militaire israélienne est une référence fondamentale : cette décision, très-très-probable pour mon compte, confirmerait que le F-35, notre fabuleux JSF, est bien inapte dans l’état actuel des choses à tout emploi opérationnel sérieux alors que tout le programme est dans l’impasse d’un chaos technologique, bureaucratique et budgétaire. L’avenir de la puissance aérienne US est ainsi dramatiquement mise en cause et en lumière.
Le déclin de la puissance militaire US est maintenant un fait incontestable, avec divers points de possibilités de rupture précipitant le déclin vers l’effondrement. Est-ce le moment rêvé pour la Russie, pour affirmer sa puissance ? Paradoxalement, – ou bien, pas vraiment, – les propos du général Thomas ont amené une réaction de protestation à Moscou : « La Russie a autre chose à faire en Syrie » qu’interférer dans le vol des avions US, déclare l’adjoint du président de la commission de la défense de la Fédération de Russie Evguéni Serebrennikov. « Je ne sais pas qui ils [les Américains] désignent par le mot “nos adversaires”, mais la Russie n’a rien à voir avec cette affaire, et toutes ces allégations sont infondées. »
Ce n’est pas une protestation de circonstance. Les Russes ne veulent pas exercer une domination, ils veulent un monde multipolaire où les divers pôles de puissance s’accordent pour établir des situations stables et apaiser les conflits. Ils veulent que les USA “gèrent” aimablement et sagement leur déclin, – puisque déclin il y a, – et que tout le monde s’entendent dans le respect mutuel. Bien entendu, cela relève du vœu pieux : la gent américaniste, exceptionnelle comme nulle autre cela va de soi, ne sait pas se replier, encore moins accepter des défaites même partielles. Cette attitude se retrouve dans un de ses traits psychologiques, l’indéfectibilité.
Ceux qui croient que le déclin désormais accéléré de la puissance US est un gage d’apaisement des tensions se trompent non pas lourdement, mais absolument, du tout au tout. Les Russes y croient-ils ? Ils seront vite ramenés à la grande vérité-de-situation. Le déclin des USA ne peut se faire que dans le bruit et la fureur, dans un effondrement qui emportera le Système jusqu’au plus profond de ce trou noir sans fond qui nous menace. Tous les vrais américanistes l’ont prévu ainsi ;
que ce soit leur grand président Abraham Lincoln (« Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant ») ; que ce soit leur grand poète Walt Whitman (« Les États-Unis sont destinés à remplacer et à surpasser l’histoire merveilleuse des temps féodaux ou ils constitueront le plus retentissant échec que le monde ait jamais connu… »).
20 avril 2018 – J’ai ressenti comme particulièrement importante dans le champ de la communication, et par conséquent dans le champ de la psychologie pour chacun d’entre nous comme pour moi-même, la nouvelle développée hier (“Le Système pulvérise la ‘réalité’”). Il y a d’une part l’incident qui oppose l’ancien First Sea Lord, Lord West, et une journaliste de la BBC, Annita McVeigh ; et d’autre part, une remarque de Brandon Smith qui est à mon avis tout à fait accessoire et sans signification fondamentale pour l’auteur par rapport à son texte mais qui, sans qu'il le veuille, met en évidence l’importance rupturielle de l’événement dont je veux traiter ici, d’un point de vue à la fois personnel et intuitif.
D’une part, cette phrase qui résume l’incident McVeigh-West (« Désormais, il est avéré qu’une journalise moyenne d’un organe de communication de la presseSystème a barre sur la plupart des autorités du Système pour indiquer ce qui peut être dit et ce qui ne peut l’être ») ; d’autre part, cette observation “en passant” de Brandon Smith, où il importe impérativement de lire “Système“ là où Brandon-Smith écrit “gouvernement” (« À ce stade avancé du jeu, il est peu probable que notre gouvernement ou tout autre gouvernement impliqué dans le théâtre syrien ne se soucie même plus d'expliquer ses actions »).
...Onira jusqu'à observer qu’il y a même une graduation entre les deux citations, qui décompose l’événement en deux phases. Dans la première, il est implicite que le Système envisage encore de nous dire certaines choses de sa narrative impérative, évidemment sous le contrôle totalitaire du personnage communication-Système, la journaliste investie de tous les pouvoirs totalitaires ; dans la seconde, il est dit qu’après tout et finalement, le Système ne juge même plus nécessaire de nous dire quoi que ce soit, ni même de fabriquer une narrative, pour “justifier” ses actions. L’interprétation de ce second point qui supplante le premier revient à observer que le Système ne juge même plus nécessaire ni utile de nous tromper, en fait que cette question est complètement laissée de côté par lui parce que désormais la seule chose qui l’intéresse et mobilise toute son énergie et son attention est le développement absolument sans limite, sans contrôle, sans explication, de sa dynamique de surpuissance.
(Suite)
18 avril 2018 – Avant-hier en fin d’après-midi m’est venue l’idée étrange, pour meubler un temps de repos qui permet de penser à autre chose, d’allumer l’“étrange lucarne“ et de me rendre sur une chaîne française d’info pour tomber sur un débat de France-5, sur l’interview paraît-il surréaliste du Macron face à J.J. Bourdin et au cher Edwy, chevalier Plenel de Médiapart. Je vous passe les exclamations formidaaaaables sur les conditions sans précédent de cette interview du président et de ses deux tourmenteurs, qui correspond si bien à l’air du temps de cette étrange époque. Le “président” déguisé en premier communiant avec les manches trop courtes de son costume (ou les manches trop longues de sa chemise à poignets “mousquetaires”), face aux redoutables plumitifs que l’on sait, col ouvert et mise d’un négligé de bon aloi, l'interpellant comme dans une réunion du Café du Commerce.
(Le titre de l’émission : Macron et les tontons flingueurs, ce qui a dû faire se retourner de rire le brave Audiard, mort de rire dans sa tombe, de ce fait postmoderne qu’on puisse comparer ces deux louveteaux-causeurs, Bourdin-Plenel, aux bulldozers Blanche-Blier-Ventura... Tout de même, on ne joue pas dans la même catégorie...)
L’émission de la série C dans l’Air de 17H50, ce 16 avril 2018, réunissait quatre éminents personnages/personnalités de la communication (trois journalistes, un sondeur) qui sont de ceux qu’on ne cesse de voir en boucles sur toutes les chaînes TV depuis des mois et des mois : Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, Claude Weill, éditorialiste politique à Nice-Matin/ Var-Matin, Brice Teinturier, directeur délégué de l’institut de sondages IPSOS et dame Catherine Nay, éditorialiste politique à Europe 1. Ce qui m’intéresse n’est pas leur bavardage relevant des salons de la République mais le passage où l’on causa des déclarations du mini-Président sur la Syrie.
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15 avril 2018 – Quelle belle invention que le “missile de croisière” ! L’expression marie si heureusement une idée presque touristique avec la charge technologique-mythologique du mot “missile”, – anglicisme devenu notre pain quotidien. Je me rappelle le temps de l’apparition de ce “système” pas encore baptisé Tomahawk et l’extase des gens du Pentagone pour cette arme superbe, dont le caractère essentiel est le vol dit de “suivi-de-terrain“ (très basse altitude, effectivement en croisière puisqu’on y voit si bien le paysage, comme si on se trouvait en première classe). C’était en 1978-1979, et même le président Carter s’enthousiasmait à ce propos, – j’imagine qu’il a bien dû changer d’avis depuis. Quarante ans plus tard, le missile de croisière, sans cesse rajeuni et remis au goût du jour, assure la vedette de l’incomparable spectacle de cette nuit du sacré vendredi-13 du mois d’avril 2018. Selon qu’on sente d’où vienne le vent, on aura une présentation hollywoodienne d’une narrative inimaginable d’hybris de caniveau, ou bien l’ampleur du désastre du processus d’effondrement de la postmodernité.
Une sorte d’exercice de “masturbation militaire”, nous explique le site WhatDoesItMeans qui, cette fois, n’a pas eu besoin d’inventer un complot pour décrire la chose... Ainsi Sister-Sorchal présente-t-elle l’attaque de la nuit du vendredi-13, effectivement comme un exercice de “masturbation militaire” ; un spectacle conçu, écrit et réalisé par le Pentagone (le masturbateur-masturbé) avec notamment arrangement plus ou moins bidouillé avec des Russes narquois en échange de toutes les garanties du monde de s’en tenir au minimum de l’attaque de bâtiments déjà abandonnés, pour pouvoir acclamer une opération “précise, écrasante et efficace” selon les mots du porte-parole, le lieutenant-général Kenneth McKenzie Jr., et sauver paraît-il la tête du président Trump encerclé de toutes parts par le DeepState. (C’est une version parmi d’autres.)
En effet à propos du McKenzie Jr., lisez, bouche bée avant d'en rester coi, ce qu’en dit le Telegraph de Londres, hier : « S’adressant aux médias en Virginie, le lieutenant-général Kenneth McKenzie Jr, le directeur du personnel interarmées, a déclaré qu'il choisirait trois mots pour décrire l’attaque : “Précis, écrasante et efficace”. Il a ajouté que la Syrie avait lancé 40 missiles surface-air dans le but d'abattre les missiles alliés, mais que la plupart d'entre eux avaient été tirés après la destruction de la dernière cible syrienne. »
(Suite)
13 avril 2017 – Parlant pour ce qui est du comportement de que je nomme selon le Glossaire.dde du site le “bloc-BAO” (avec les USA en tête de proue), on sait que depuis 5-6 jours, se déploie la perspective intense d’une attaque qu’on croirait massive de la Syrie. Il y a eu deux ou trois “moments” où l’on a cru sentir que l’attaque était imminente, suivis d’une perception inverse, où l’on pouvait sentir diverses hésitations, des consultations, des interrogations. Des affirmations nettes ont été posées, puis perdant de leur netteté. (On notera un “détail” important à mon sens, deux affirmations nettes qui survivent à cette indécision et paradoxalement l’alimentent : le refus de l’Allemagne et de l’Italie de participer à une éventuelle attaque.)
C’est une dynamique nouvelle. Pour l’attaque de l’Irak comme pour celle de la Libye, qui demandaient les mêmes ingrédients, notamment la constitution d’une coalition pour l’attaque, la dynamique fut claire et nette : une montée régulière en accélérant vers la perspective de l’attaque, puis l’attaque elle-même. Pour l’attaque avortée contre la Syrie en août-septembre 2013, il y eut deux phases très nettes : montée en puissance vers l’attaque, le tournant du 30 août (vote des Communesle 30 août contre la participation anglaise), repli jusqu’à l’abandon du projet le 11 septembre avec un arrangement Russie-USA. La séquence actuelle est nouvelle parce qu’elle est chaotique de toutes les façons du côté-BAO, incertaine, paroxystique, furieuse, faite de hauts et de bas, entachée d’affrontements internes ouverts (essentiellement à Washington) sur la forme de l’attaque, sinon l’attaque elle-même.
Aujourd’hui encore, alors qu’il est évident que dans ce genre d’entreprise, il faut acquérir un rythme irrésistible de montée en puissance culminant directement dans le paroxysme de l’acte, personne n’est sûr de rien et tout est possible : pas d’attaque du tout, ou dans la même veine un tir symbolique, une attaque puissante contre les Syriens seuls, une attaque massive contre tous, y compris les Russes, avec les conséquences qu’on imagine. Il s’agit d’une situation inédite, qui indique un changement de nature de la dynamique politique du bloc-BAO, des USA singulièrement.
Tout se passe comme si la formidable puissance (surpuissance) psychologique de la volonté d’attaquer initiale, avec toute la force possible, tendait à s’effilocher, à s’effriter, sans qu’aucun événement majeur extérieur puisse paraître en être la cause ; comme si elle s’effilochait, s’effritait d’elle-même, cette surpuissance psychologique.
Je ne conçois qu’une seule explication qui soit à la hauteurde cette perception, à la hauteur de la surpuissance initiale de la dynamique psychologique, à la hauteur de l’enjeu énorme qui est née de circonstances si futiles, complètement fabriquées et bidouillées, et si mal, si grossièrement, comme s’il n’y avait plus que des amateurs au rabais pour cette sorte de besogne... Le fondement de la cause est constitué d’une multitude de mensonges d’une grossièreté et d’une faiblesse insupportables pour la psychologie, et une perception plus ou moins consciente du mensonge par à peu près tous ; appuyer cette “surpuissance initiale de la dynamique psychologique” sur un tel fondement fait par conséquent de cette “surpuissance” un simulacre de “surpuissance”... Une “surpuissance” vide, la “surpuissance” de rien, une psychologie qui fait un bruit de tonnerre (communication) mais qui est en fait complètement épuisée et vidée de sa substance. La fréquentation exclusive du mensonge n’est pas un remontant de premier choix pour la psychologie.
Comme tout le monde je pense, j’ignore si l’attaque aura lieu, et j’ignore ce qui se passera si l’attaque a lieu. Mais je crois bien sentir, et presque savoir à partir de cette intuition, que si l’attaque n’a pas lieu ou aboutit à un simulacre très-très-voyant, – un simulacre-bouffe, ou simulacre d’une attaque-bouffe si vous voulez, – alors nous devons nous préparer à contempler la dernière phase de l’effondrement du Système, transmutation achevée de la surpuissance en autodestruction. Le Système, – pas la Russie ni la Syrie, – le Système joue son va-tout.
12 avril 2018 – Ayant l’esprit plein des bruits d’attaque contre la Syrie, je consultai hier matin mes quelques sites coutumiers. Parmi ceux-ci, il y a, comme chacun le sait bien à la lumière de mes fermes convictions, le site WSWS.org. Je connais, par habitude journalistique, les classements de l’importance des nouvelles selon la mise en page. Grande fut ma surprise de voir les nouvelles sur la Syrie rétrogradées en seconde catégorie, à peine visible dans le lot général... La vedette revenant à Zuckerberg, – avec photo et cravate inhabituelle, il est en train de s’agenouiller devant le Congrès et de s’ériger lui-même, en se battant la coulpe, en impitoyable censeur qu’il aurait dû être dès l’origine. Quand on a la fibre démocratique, messieurs les sénateurs, rien n’y fait.
A côté de cette “manchette”très postmoderne-grinçante (WSWS.org ne peut pas sentir les jeunots de GAFA & Cie), il y avait l’article d’analyse de fond quotidien. Je crus y voir la Syrie, titre et premiers mots pouvaient faire illusion (titre « The noose tightens around Trump », premiers mots « The extraordinary events of Monday... »), – pour m’apercevoir aussitôt que non, pas du tout, qu’il s’agit du raid du FBI dans l’appartement de l’avocat de Trump, Michael Cohen, qui met le président dans une situation extraordinairement dangereuse, pour différentes raisons, différents documents, différentes magouilles, peu importe ; au bout du compten, le constat d'une perquisition brutale qui en dit long (je laisse en anglais, c’est plus savoureux : « The use of tactics against a sitting president normally reserved for mafia dons or alleged terrorists... »). L’édito du NYTest lugubre : « The Law Is Coming, Mr. Trump » ; même pas du “Mr. President”, la haine exsude de ce titre si poliment glacial. Au milieu du texte de WSWS.org, ceci, cette ligne :
« Ils tiennent Trump à la gorge, et Trump le sait... »
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9 avril 2018 – Le 22 mars 2018, le pathétique Sarko venait sur TF1 clamer son indignation et brandir son honneur bafoué sur TF1, interrogé par Gilles Bouleau. Lorsqu’il fut question de l’intervention française en Libye, qui entraîna le reste (l’OTAN, les USA, la très-honorable “communauté internationale”), Sarko utilisa divers arguments à la fois impératifs et pleins d’honorabilité diverses comme on met de la confiture sur ses tartines, dont la nécessité de défendre Benghazi contre la terrible menace de Kadhafi d’y faire couler “des fleuves” de sang. C’est là effectivement qu’il fut pathétique, Sarko : “Vous vous rendez comptes, monsieur Bouleau, des fleuves de sang ! Des fleuves de sang !”. Cette répétition de l’expression “fleuve de sang” dite en roulant des yeux terribles me sembla être l’expression de ce qui devait être le sommet de la pensée stratégique et de la vision géopolitique, voire métahistorique de cet ex-président-là, qui eut tout de même la retenue et le sens du devoir dus à sa fonction de ne pas identifier le fleuve. (Le Nil ? L’Amazone ? Le Gange ? Comme on sait, ce “détail” à la-Le-Pen est toujours classé “Secret-Défense” ; on est ex-président et on sait se tenir, mes chers concitoyens.)
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7 avril 2018 – Je vous l’avoue, grands-amis lecteurs, la grande bataille en cours en France ne me passionne guère. (Ou dois-je écrire cela au passé ? On verra plus loin.) Peut-être ai-je tort et d’ailleurs je ne prétends aucunement avoir raison. Simplement, je cède à la honte d’être Français et citoyen de ce pays qui n’a cessé de se mettre toujours au plus bas ces dernières années, jusqu’aux abysses de la médiocrité, au Mordor furieux du non-Être qui se permet de souffler comme une forge, comme s’il n'“était” autre chose que du rien...
Mais bon, peut-être me trompe-je, – pour ce qui concerne “la bataille du rail” en cours notamment, dont je me disais qu’il y en avait eu de plus glorieuses, – mais là aussi, brusquement, incertitude à propos de ce jugement, hésitation soudain...
Les dernières 24 heures m’ont donc fait m’interroger. (Inutile de vous dire, si me venait l’idée d’en parler comme je l’écris présentement, de quel côté je me trouve, je dirais objectivement, avec une certaine distance mais sans hésitation, par l’évidente force des choses.) Hier, je me baladai, dix minutes par-ci un quart d’heure par là sur les réseaux TV-info, pour m’arrêter plus longuement au “Débat” de LCI, de la vénérable Arlette Chabot, avec Soarig Quéméner, jeune femme charmante qui dirige la politique à Marianne, et Jean-Sébastien Ferjou, directeur d’Atlantico. J’avais déjà vu ces deux-là à l’une ou l’autre occasion, notamment durant la campagne présidentielle, et les avait mis un peu en-dehors de l’insupportable classe des bobardiers-Système qui pullulent en France où la presseSystème montre un zèle souvent à la mesure de la Grande Nation, – un “zèle d’exception”... Dans le cas présent, le “débat” dont je parle c’était plutôt un chœur à l’unisson.
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5 avril 2018 – L’hégémonie des États-Unis d’Amérique est à la fois totale et incontestable, totalitaire et au-dessus de tout argument. Eux seuls agissent avec un zèle exceptionnel dans le cadre de la seule mission qu’il soit désormais possible d’exécuter officiellement, la seule qui ait l’aval méprisant du Système dont ces mêmes États-Unis d’Amérique sont l’esclave obligé, totalement sous sa dépendance. Cette mission, certes, c’est la recherche zélée, fiévreuse, pressante, im-monde et sublime, de l’entropisation du monde. Leurs moyens en sont la mesure : énormes, anarchiques, incroyablement corrupteurs et formidablement gaspillés ; leur politique en est l’illustration : confuse, absurde, sans aucun sens et dans tous les sens pourvu qu’elle brise ; leur communication en est le véhicule : simulacre sur simulacre, et même simulacre de simulacre, où les mensonges finissent par ne plus signifier que le vide d’un cercle vicieux débarrassé de son contenu, et par conséquent se dissolvant par absence de contenu. (Leur simulacre-mensonge comme banc d’essai de l’entropisation du monde.)
Mais il reste et il y a la direction politique, humaine-trop-humaine, absolument corrompue et déstructurée qui, brusquement, dans une inversion d’elle-même inattendue même pour elle-même, met en cause jusqu’à la délégitimer et à la mettre en pièces une si superbe dynamique. Elle s’est choisie un président si fantasque et si inculte, si changeant et si narcissique, si vide de tout projet et de tout concept, si pétulant et avide de propositions-surprises lancées à la vitesse d’un échange Borg-McEnroe de Wimbledon-1980, que ce nommé-Trump est enfin parvenu à s’établir au cœur du tourbillon crisique comme le maître de l’inversion et du paradoxe cosmique.
Même s’il l’ignore, il a trouvé, Trump, sa formule stratégique : il entropise la dynamique d’entropisation. Ainsi la surpuissance se trouve-t-elle entraînée de plus en plus vite au rythme d’une valse folle avec son partenaire désormais impératif-dominant et qui mène le bal, qui a nom “autodestruction”.
Cela, c’est le cadre général, dans une période d'une bonne grosse semaine, de bonne cuvée sans nul doute, entre le championnat des sanctions antirusses qui se poursuit et le manège scintillant des variations de la politique syrienne de “D.C.-la-folle” où les changements d’orientation vont à la vitesse du même échange Borg-McEnroe dont je parlai plus haut, lorsque le tennis avait encore figure humaine ; et enfin, ceci que j’allais oublier, comme autre facteur d’excitation des esprits enfiévrés, les bruits d’effondrement financier qui continuent à nous interpréter l’Ouverture de Tannhäuser.
Le reste se divise en deux castes. La première, qui ne la reconnaîtrait, se trouve dans les tenants de la servitude volontaire peinturlurée aux diverses tendances du jour, qui goûtent les délices de l’asservissement postmoderne comme on fait relâche à Capoue, en attendant que le ciel leur tombe sur la tête. Je parle de ce que l’on avait coutume de nommer “civilisation européenne” ...
La civilisation européenne se termine en funèbre et folle farce dansante, comme les rats qui suivent le joueur de flûte de Hamelin, imbue d’elle-même, insupportable à cause de son bâfrement à la moraline nietzschéenne, presque émouvante à force de cette intelligence bêtifiée jusqu’à l’infantilisation, la civilisation européenne terminale dans une sorte d’Alzheimer réduite aux acquêts des enfants trouvés et abandonnés. Pauvre Europe dirais-je plein de compassion, en souvenir de la grandeur qu’elle fut, comme Bigeard écrivant à ses hommes sur un bout de papier héroïque et froissé l’ordre de capitulation de son 6meBataillon de Parachutistes Coloniaux à Dien Bien-Phu : “Pauvre para, pauvre Six”.
Les autres font de la résistance sans illusion ni forfanterie parce qu’à avoir de si médiocres adversaires on se trouve soit mêmes un peu éprouvé ; mais avec un succès grandissant, transformant la technique “faire aïkido” en percées à-la-Patton où “D.C.-la-folle”, totalement accro au Système qui l’aveugle, n’y voit que du feu. On a vu et bien vu, par contre, Erdogan-Rouhani-Poutine agir hier de la sorte, jouant avec la Syrie comme s’ils en étaient les ordonnateurs et les organisateurs, – et ils le sont en vérité. Là-dessus, je manquerais à mon devoir d’oublier le formidable Xi avec son pétroyuan, veillant derrière ce beau monde, dans la position de ce verrou cosmique du jeu qu’est l’arrière.
(Je parle en termes de rugby : en rugby, l’arrière est l’homme-clef qui peut briser, en dernier rideau, les plus terribles offensives et pourtant marquer un déluge de points qui font la victoire ; et ma nostalgie de rappeler à votre mémoire le titanesque Don Clarke, 1,88 mètre et 110 kilos, avec son “un coup de pied phénoménal” et des placages de légende, qui marqua 781 points lors de ses 89 matches avec les All Blacks dans les années 1950-1960.)
Soufflez un peu et appréciez un très court instant, quelques heures ou quelques minutes de brise légère entre deux ouragans crisiques, juste le temps de conclure pour le temps présent... L’esprit est là, qui vous suggère la profonde et irréfragable vérité : non seulement le tourbillon crisique règne, mais il mérite désormais, lorsque l’occasion le désigne, le surnom de “tourbillon cosmique”. Les Temps Exceptionnels approchent.
2 avril 2018 – Voici quelques observations intéressantes de l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Washington D.C., capitale des États-Unis d’Amérique et “D.C.-la-folle” pour les amis et entre intimes. Anatoly Antonov était interviewé par la chaîne ABC... Voici quelques-unes de ces observations, un peu en vrac et qu’importe, parce qu’au contraire ce qui importe c’est l’atmosphère dont sont imprégnées ces paroles qui importe. (Le texte est repris un peu partout, vous pouvez aller voir ZeroHedge.com comme TheDuran.com.)
« “Il me semble que l'atmosphère à Washington est empoisonnée – c'est une atmosphère toxique... Cela dépend de nous tous de décider si nous sommes en temps guerre froide ou pas, mais ... je ne me souviens pas d’une situation aussi catastrophique de nos relations.”
» “Il existe une incroyable méfiance entre les Etats-Unis et la Russie... On dirait que la Russie est aujourd'hui responsable de tout, même du mauvais temps”. “Il est grand temps que nous arrêtions de nous blâmer les uns les autres, il est grand temps que nous entamions une véritable conversation sur de vrais problèmes.” »
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31 mars 2018 – M’étant engagé sur la voie du compte-rendu du vol hollywoodien et abracadabrantesque de deux JSF (F-35I) israélien en tournée promotionnelle au-dessus de la Syrie, de l’Iran et de quelques autres, je poursuis dans ces colonnes en apportant des précisions, cette fois sur un ton plus sérieux , plus comment dit-on, – “professionnel” ? En commençant par ce jugement qui servira à la fois d’introduction et de conclusion : pure FakeNews, grossier FakeNewsisme.
Il y a eu un écho assez retenu de cette affaire dans la presseSystème, comme si l’on sentait le terrain un peu glissant. Le Times de Londres a recopié sa copie, les journaux et organes juifs hors-Israël et pro-israéliens ont suivi de la même façon. On se demande pourquoi Veterans Today, qui fait profession d’un solide “antiSystémisme”, a repris intégralement le même texte... Deux textes ont publié la nouvelle en l’assortissant d’une critique extrêmement vive, qui renvoie la chose au FakeNewsisme. Le site SouthFront.org du 30 mars 2018 et, surtout, The Avionist du 29 mars 2018. (The Avionist n’est pas à proprement antiSystème dans le sens politique, et notamment il n’est pas spécifiquement/“politiquement” anti-JSF, mais il est très professionnel dans ses jugements sur les technologies de l’armement dans le domaine de l’aéronautique.) De tout cela, j’apporte quelques précisions inédites, venues surtout des antiSystème comme on le comprend, aussi bien que de sources personnelles.
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30 mars 2018 – Il faut dire, elle tombe bien cette nouvelle selon laquelle deux F-35 (JSF) de l’Armée de l’Air israélienne se sont baladés dans les cieux de Syrie, d’Iran et d’Irak, absolument incognito, même pas effleuré par la moindre onde-radar (surtout pas russe, les amis, parce que les radars russes sont alimentés par une nouvelle source d’énergie, dite “Skripal/Novichok”, dont le renseignement britannique vient fort à propos de mettre à jour la formule pour mieux la neutraliser).
(Pour notre/votre information, voir la nouvelle sur les JSF israéliens, largement développée, sur ZeroHedge.com et sur laquelle je reviendrai plus loin. ZeroHedge.com la prend pour du comptant, montrant en cela une audace considérable qu’on a déjà remarquée, par exemple lorsque ce site prestigieusement sérieux a repris sans le moindre froncement de sourcil la nouvelle concernant la fortune de Poutine, l’homme le plus riche du monde [$200 milliards].)
Il est vrai... Il faut avouer qu’il est fort sympathique de disposer d’une nouvelle arme “invisible”, indétectable, absolument stealthy, capable de tout faire sans que vous, pékins ignares, n’en voyiez, entendiez ni sachiez quoi que ce soit. Le journal koweitien qui annonce la nouvelle nous donne d’autres précisions fructueuses et goûteuses : « Les sept F-35 en service actif [israélien]ont déjà effectué un certain nombre de missions en Syrie et sur la frontière entre la Syrie et le Liban. Il est mis en évidence que ces avions de combat peuvent aller d’Israël en Iran deux fois de suite sans ravitaillement... » Il paraîtrait qu’on pourrait même faire des barbecues à bord et effectuer en un seul vol in-dé-tec-ta-ble (ce pourquoi nul ne le sait) une seule attaque qui liquiderait Kim à Pyong-Yang, Khamenei à Teheran et Assad à Damas, – et peut-être même Poutine en Crimée... (Peut-être bien même que ces trois/quatre-là n’existent déjà plus, liquidés sans qu’eux-mêmes le sachent par les furtifs guerriers.)
29 mars 2018 – Comme souvent sur ce site, lors d’une analyse de fond où nous adoptons le point de vue de la métahistoire, il est, selon “notre point de vue” (formule consacrée), question des limites voire de l’impuissance de l’action humaine dans les évènements en cours. Bien entendu, cela rejoint une conception que je n’ai cessé de cultiver depuis plusieurs années, et de manière structurée depuis ce que je nomme “l’intuition de Verdun”, qui a débouché sur le livre Les Âmes de Verdun où je la présente sous une forme à la fois exploratoire, “opérationnelle” et symbolique, – là où d’autres y verraient tourisme historique, rien de plus...
Avant-hier encore, cette conception était abordée dans l’article sur “notre méthodologie schizophrénique”, notamment dans le chef de ce passage, – assez long, on m’en excusera, mais placé dans le texte en exergue pour attirer l’attention et susciter la réflexion.
« Chaque jour qui passe, chaque nouvelle crise qui s’installe dans le “tourbillon crisique” qui définit la situation du monde, confirme et confirme encore que la cause de cette grandiose et furieuse époque de désintégration du monde est nécessairement de forme et d’essence suprahumaine. L’énigme est à ce niveau, à cette forme de manifestation de puissance hors de portée de l’action et de l’explication de l’esprit humain.
» Nous ne cessons pas d’en revenir sempiternellement à ce constat, sans pour autant apporter quelque élément que ce soit qui puisse ressembler à une explication accessible à la raison, – et pour cause d’ailleurs, puisque nous savons bien que l’énigme est ce qu’elle est à cause de notre incapacité de la percer à jour avec les instruments disponibles dans la réduction au seul esprit tel que nous croyons trop souvent qu’il est. Nous ne cessons pas d’en revenir sempiternellement à ce constat qu’il faut ouvrir notre esprit à l’intuition dans l’attente d’en obtenir quelque lumière ; car cette lumière, nécessairement, éclaire parfois et éclairera encore ce que nous nommons des vérités-de-situation, parcelles d’une Vérité d’au-delà de l’humain qui est seule capable de rendre compte des fondements, des ambitions et des projets d’une telle époque de déchaînement métahistorique, pour enfin ouvrir une porte à ce qui doit suivre, au-delà de la catastrophe. »
(Suite)