Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

Notre-Armageddon

  vendredi 26 août 2016

 C’est si simple et évident, comme c’est ma conviction : le Système, autant dans les activités qu'il organise que dans le chef des sapiens de service tels que nous les voyons se comporter, est en train de développer une folie considérable, et cette folie manifestée par une panique et un extrémisme sans mesure... Nous allons voir cela, en reprenant certaines nouvelles un peu trop vite et courtement utilisées.

Bien entendu et parce qu’on ne mélange pas les torchons et les serviettes, – quoique les uns et les autres avec leurs raisions d'être, – je ne vais pas reprendre l’argument bassement matériel et économique qui termine et, en vériité, justifie cet article de ce 26 août, sur ce site même, mais plutôt développer les exemples de l’affrontement de la communication Système-antiSystème qui y sont donnés. La raison qui me fait réagir de la sorte est que je les trouve d’un intérêt considérable et d’une signification à mesure, venus au cœur de cette montée constante de la tension, de ce renforcement continuel de l’hystérie de la psychologie caractérisant le courant et la dynamique implacable qu’on trouve dans la course effrénée des différents acteurs/figurants agissant au nom du Système dans cette immense bataille, – cet Armageddon qui est “Notre-Armageddon”, où nous figurerons et même figurons d’ores et déjà, face à eux, de pied ferme.

Je vais reprendre le long passage où sont exposées les deux choses qui illustrent comme des exemples parmi tant d’autres le climat actuel et, à mon avis, l’intensité de la bataille en cours, notre-Armageddon. Le tout est surmonté d’une phrase servant d’exergue, déjà pleine de cette folie qui est la leur et qu’ils voudraient tant nous inoculer, comme l’on fait d’un poison (« Selon le Center for European Policy Analysis (CEPA), un groupe lobbyiste financé par le gouvernement US et l’industrie de défense US, le fait de lire cet article signifie que vous êtes incapable de penser par vous-même ») ; cette phrase, suivie de cette introduction qui l’éclaire d’une explication nous jetant au cœur de la bataille essentiellement, voire entièrement formée de communication, car la cible et l’enjeu principaux sont bien entendu les psychologies : « Cette phrase que nous avons placé en exergue (adaptation française de “According to the Center for European Policy Analysis (CEPA), a Warsaw-based lobby group funded by defense contractors and the US government, the act of reading this article may mean you're unable to think for yourself.”) ouvre un article de RT du 24 août, – “American defense contractors think you have been brainwashed”, – concernant une initiative majeure du Système pour balayer définitivement toutes les tentatives antiSystème dans le champ de la communication. »

Enfin, voici l’extrait, qui enchaîne directement sur la phrade citée :

(Suite)

Humeur de crise-21

  jeudi 25 août 2016

Dix fois, je me suis dit “Allez, je fais un texte là-dessus”, dix fois je me suis installé devant mon clavier, dix fois j’ai reculé ; cela, dans l’espace de 4-5 jours, une petite semaine... Imaginez l’humeur, à la fois les montagnes russes les bien-nommés, à la fois le brouillard de chaleur, à la fois le foisonnement de textes où voisinent le péremptoire et l’incertitude tandis qu’Obama entreprend son nième parcours de golfe, toujours avec son cool-swing, ce maître-coup à lui propre et à nul autre.

Ces derniers jours furent une expérience intéressante... Les Russes installent en Iran leurs bombardiers à la satisfaction de tous les acteurs et imagine-t-on pour un séjour prolongé, trois missions plus tard ils quittent l’Iran : brusque mésentente ? Accident de parcours ? Coordination maladroite ? Plan appliqué avec précision ? Explications diverses, avec supputations diverses, on n’y comprend rien ; non, tout va bien finalement, aucune mésentente bien au contraire et les Iraniens désignent pour la première fois les Russes comme “nos alliés”. Cette base qui semblait assurée puis qui fut désertée en est tout de même bien une.

Pas très loin de là, dans la ville d’Hasaka, en Syrie, les Kurdes avec l’aide US attaquent victorieusement les Syriens d’Assad. Des avions syriens se sont manifestés, les USA qui chouchoutent les Kurdes ont menacé d’abattre les avions syriens au nom de la légitime défense. Étrange situation : illégalement déployés sur le territoire syrien, ils menacent “légalement” d’abattre des avions syriens qui évoluent (“illégalement” ?) dans leur propre espace national ... Le premier jour, certains ont jugé que c’était un pas décisif vers la possibilité d’un affrontement direct avec les Russes. Deux jours plus tard, le porte-parole du Pentagone livre un combat sémantique devant les journalistes : non ce n’est pas une “no fly zone”, qui serait une sorte de casus belli, mais simplement une “zone d’exclusion”. Il ne faut pas dramatiser : ne dramatisons pas.

Donc les Kurdes ont attaqué les Syriens, mais les Turcs ont pénétré en Syrie pour soi-disant déloger Daesh de la ville de Djarabulus, « afin de prendre la ville avant les Kurdes », dit Le Monde, et peut-être avant de se tourner vers Hasaka, pour attaquer les Kurdes. Les Syriens d’Assad dénoncent cette violation de leur souveraineté et accusent les Turcs de vouloir installer à Djarabulus leurs propres terroristes. Les USA, qui soutiennent peut-être les Turcs pour Djarabulus, seraient fort mécontents si les Turcs affrontaient les Kurdes du côté d’Hasaka. Utiliseraient-ils leur base d’Incirlink, en Turquie, pour attaquer les Turcs si les Turcs attaquaient les Kurdes en violant la souveraineté nationale syrienne ?

A propos, le premier ministre turc vient de déclarer qu’Assad est désormais tout à fait fréquentable et l’on continue sur les réseaux à discuter des bruits de transferts de bombes nucléaires US d’Incirlink vers la Roumanie. Est-ce bien vrai [pour les bombes] ? (“Oui, et comment” confirme-t-on du côté de la source) Et si c’est vrai, pourquoi ? Pour empêcher Daesh, ou Erdogan après tout, de s’emparer de quelques bombes nucléaires, ou pour menacer la Russie à partir de la Roumanie ?

Qui peut distinguer quoi que ce soit qui ne soit tourbillon crisique, désordre et chaos incontrôlable, et vertige avec tout cela ? Rien qu’une petite semaine à la petite semaine, une semaine folle qui n’a rien d’une semaine sainte. Il fait plus de 30° en cette fin août et l’Orient est vraiment très-très-compliqué. (Encore ne vous ai-je pas dit un mot d’Alep, et le respecté Elijah J. Magnier écrivant à propos de cet ensemble syrien, nous dit l’essentiel : « Si tout cela a une signification, c’est que, – si cela est possible, – la guerre en Syrie est en train de devenir de plus en plus complexe ».) L’humeur devrait en être à ce vertige, mais voilà que j’arrive à le ressentir par instant, presque avec ironie, presque avec une tendresse fataliste. Parfois l’esprit, que j’espère inspiré par l’intuition haute, finit par comprendre que ce tourbillon crisique, à force d’être vertigineux, finit presque par être apaisant, presque stable dans l’incohérence achevée qui devient comme un encéphalogramme (momentanément) plat. L’“humeur de crise” est à mesure, détachée parce qu’apaisée pour un instant. 

Le Diable est nu

  lundi 22 août 2016

Depuis quelques jours, à mesure qu’on digère ce courrier inattendu, partout apparaissent des détails et même ce qu’on pourrait nommer “le style” des entreprises mondiales de Georges Soros. Je ne résiste pas à la nécessité que je ressens d’en parler pour mon compte, et pour ce cas en allant dans tel ou tel détail révélant ce “style”, c’est-à-dire dans tel ou tel point des messages internes échangés entre lui (Soros) et son organisation et dont un hacker compatissant nous a généreusement arrosés à l’occasion d’une ce ces fuites qui remplissent nos instants de loisir. Époque bien intense, mais où l’on sait faire lorsqu’il s’agit à la fois de l’instruction et de la détente de l’esprit et de l’âme poétique, – le phénomène d’un accès direct et quasi-immédiat par rapport aux normes du genre à la correspondance de quelques-uns des grands de ce monde ... Dont George Soros, certes.

Il est vrai que cet être incertain, entre simulacre habile et simulateur puissant, me fascine... J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises dans ce Journal-dde.crisis, dont une fois fort abondamment (le 14 mars 2016). A une autre occasion, parlant de Albright et de sa laideur telle que la décrivait l’héroïque Edouard Limonov, j’ai rapproché le portrait de celui de Soros, dans ces termes qui permettent d’engager le propos dans le style qui convient (tout en convenant expressément qu’Albright n’est qu’une pâle succédanée de Soros s’il faut une mesure de l’importance respective des deux ; il va de soi que pour moi, Soros est le maître tandis qu’Albright n’est qu’une comparse de passage, sans le moindre intérêt) :

« [...L]a photo que nous montre RI nous dit qu’Albright pourrait être un Soros déguisé en vieille sorcière mitonnant mécaniquement la dernière recette du Diable, tandis que certaines photos de Soros nous font soupçonner que Soros pourrait être Albright déguisée en vieil imprécateur au service du Diable. »

Effectivement, Soros est laid, mais de cette laideur si particulière que vous n’en pouvez aisément détacher les yeux parce qu’elle est dynamique et mouvante, et apparaît essentiellement dans l’expression qui est reflet de l’esprit plus que dans les traits qui ne sont que fixité de la représentation ; laideur racoleuse et méprisante à la fois, sardonique, ricaneuse, que dis-je moi, – persifleuse oui, voilà le mot ! Il est étonnant que l’on parle de La Beauté du Diable, alors qu’il serait plus juste de parler de sa laideur paradoxale, qui est fascinante et nullement repoussante ; et pour qui sait s’y prendre, fascinante comme le chant des sirènes dont le rusé Ulysse avait compris qu’il ne pouvait l’écouter qu’en prenant les précautions qui lui interdiraient d’y céder. Ainsi doit-il en être de notre démarche vis-à-vis de Soros : reconnaître la fascination qu’exerce ce personnage et disposer des précautions qui importent pour s’en garder...

(Suite)

Si les mots ont un sens... “Surpuissance-autodestruction”

  samedi 20 août 2016

Un lecteur réclame avec insistance l’explication et la signification d’un mot que nous employons constamment sur ce site : “surpuissance”…  « En quoi le système est-il en surpuissance si les mots ont un sens ? », puis, dans un second message : « En quoi le système est-il en surpuissance, que j’demande ? »

Je vais rapidement m’exécuter dans ce sens que j’réponds, pour ainsi dire, ce qui donnera l’occasion de rappeler justement le sens, non seulement du mot, mais de l’expression, dite “équation surpuissance-autodestruction” qui est souvent employée. Je pourrais me contenter de renvoyer à un article du Glossaire.dde, sur “Le Système”, qui reprend l’explication, mais je crains de décourager le lecteur par la longueur du texte. (Pourtant, le Glossaire.dde est fait pour cela, pour être lu, parce qu’enfin... Si la question des “mots ont-ils un sens ?” est importante, la question de savoir si les textes d’au-delà d’une certaine longueur, et embrassant les sujets dans tous leurs tenants et aboutissants plutôt que réduit à leur seule et immédiate actualité, c’est-à-dire la non-essence du seul présent, – si ces textes méritent encore d’être crédités d’avoir un sens, – cette question-là, dans cette époque de dissolution du verbe a aussi son importance, qui est la plus extrême et à mon avis bien plus que la précédente...)  

Voici donc un extrait, avec une coupure dans l’extrait pour ne fatiguer personne, qui explique le sens du mot “surpuissance“ tel qu’on l’emploie sur ce site, complété par l’explication de l’“équation surpuissance-autodestruction”, c’est-à-dire la dynamique de surpuissance du système conduisant à son autodestruction... Enjoy ! comme dit Trump à la fin de nombre de ses tweets, – ce qui n’est qu’une pirouette de ma part.

« La (sur)puissance intrinsèque du Système s’exprime nécessairement, sans autre but et objectif possible dans le sens de la déstructuration enchaînant sur le reste, selon le processus dd&e. Nous l’avons désignée comme “surpuissance” pour marquer à la fois le caractère dynamique fondamental du Système, et sa tendance évidente à toujours vouloir surpasser les effets qu’il produit, par logique évidente de sa dynamique. En quelque sorte, plus il déstructure-dissout, plus il doit déstructurer-dissoudre. [...]

» C’est alors qu’apparaît le phénomène essentiel de basculement, d’inversion paradoxale puisque inversion vertueuse, de “surpuissance-autodestruction”. La surpuissance du Système impliquant inéluctablement et irrévocablement la destruction de tout ce qui est organisé, structuré, selon le processus dd&e, poursuit dans cette voie quand tout est effectivement devenu victime de dd&e. Or, le Système, pour mener depuis deux siècles son entreprise, a été obligé lui-même de se structurer en “machiner à déstructurer” ; en d’autres termes, il est devenu paradoxalement une entité structurée. Son besoin, son dynamisme surpuissant exponentiel de déstructuration se poursuivant, le Système qui ne rencontre plus rien à déstructurer, finit alors par s’attaquer à lui-même puisqu’il reste la seule chose à déstructurer. Il entre alors dans cette logique de basculement et d’inversion surpuissance-autodestruction puisque sa surpuissance s’emploie désormais à se détruire lui-même. »

(Suite)

Ici Radio-Free-USA, un fou parle-t-aux fous

  dimanche 14 août 2016

Hier, lisant les vertigineuses nouvelles, en nombre vertigineux, dont vous ne pouvez rien distinguer le vrai du faux, ni même plus si le vrai et le faux existent, je me disais que Coluche, s’il avait poursuivi sa candidature de 1981 et fait campagne, n’aurait pas fait mieux que The Donald dans son dessein, construit ou pas, conscient ou non, de ridiculiser le Système... Pour résumer, je m’interrogerais de cette façon : est-ce Le-Donald qui est fou ou bien est-ce The Donald qui est en train de les rendre fous ? Vous savez, la question mérite d’être étudiée très attentivement, car tous ces jugements sévères, furieux, horrifiés, bienpensants, très moralisants, très comme-il-faut, très corrompus-chic et démocratiquement-usurpateurs, qui l’accablent et l’excommunient, qui le vouent aux gémonies et à l’enfer-et-damnation, hors de la communauté de notre-civilisation du monde, tout cela vient de gens qui souscrivent plus ou moins mais des deux mains par le fait même, à la politique démente de leurs pays qui est en train de détruire le monde et leur pays avec lui au nom de leur contre-civilisation et de la cotation en bourse de Lockheed Martin. Pour qui a un peu de temps à lui, cela laisse à penser.

D’toutes les façons, hein, Le-Donald est mort, fini, balayé-je-me-fous-du-passé, plus le droit à la parole, clown bientôt sans emploi, – voilà un premier fait qui est répété, et répété depuis au moins neuf-dix mois ; dix, vingt fois démentis, dix-vingt fois repris comme une révélation d’expert ou l’antienne d’un simple d’esprit. Cette fois plus question d’y revenir … D’ailleurs, ce sont les sondages, qui hoquetaient diversement et suspectement depuis juin dernier, qui se sont enfin unis pour trancher dans le vif, et même dans le gras : il est fini n.i.-ni-ni, le-Trump. Cela nous vaut certaines figures de gymnastiques de type-olympique, comme cette histoire de Mr. Alan Abramowitz, créateur du modèle de prévision statistique Time for Change pour les présidentielles qu’il utilise pour contribuer aux travaux du centre statistique Crystal Ball du Policy Center de l’Université de Virginie.

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D’un château l’autre

  mercredi 10 août 2016

Obama fait ces derniers jours des déclarations mi-désabusées, mi-ironiques, on ne sait trop. Il confie ses impressions de golfeur et l’on annonce triomphalement qu’il a effectué dimanche son 300ème parcours en tant que président, – bref, c’est pour dire qu’il n’a pas chômé. Il confie publiquement qu’il est “forcé” de quitter la Maison-Blanche et que, s’il ne tenait qu’à lui, il ne la quitterait jamais, – et plutôt, c’est mon impression, parce qu’il s’y trouve bien, comme dans une résidence secondaire de luxe bien plus qu’à cause du pouvoir qu’on y trouve et qu’on y exerce. Il est à l’aise, décontracté, intervient théâtralement dans la campagne par à-coups puis s’en retourne à son golf. On a l’impression, toujours extraordinairement persistante, qu’il n’est jamais vraiment entré dans sa fonction de président des États-Unis et qu’il s’en ira, toujours aussi énigmatique quant à sa véritable utilité, sa pensée profonde, la marque réelle qu’il laisse... “Premier président noir des États-Unis”, cela suffit-il à son bonheur ?

Que s’est-il passé ?

Je vais m’essayer à comprendre et à expliciter cette présidence qui paraît si énigmatique et si cool alors que la crise du monde gronde partout autour de lui, et également chez lui, à Washington, à condition qu’il ait jamais vraiment résidé à Washington. Je vais en passer par une comparaison qui a déjà été faite sur ce site, et qui reste à mon avis complètement valable selon un certain point de vue, celui que j’adopte pour ce travail. Il en a notamment été question le 11 février 2010, avec cette conclusion dont je ne retirerais pas un mot, impliquant combien le destin d’Obama était tracé dès sa première année de présidence, par sa faute même, et combien il a été complètement inutile...

Dans ce texte, il était avancé que Nixon avait inauguré une méthode de gouvernement extraordinairement resserrée pour pouvoir franchir l’obstacle, voire l’hostilité de la bureaucratie, – du Système, si vous voulez, – et qu’il aurait peut-être réussi, s’il n’y avait eu le Watergate qui fut, dans son déclenchement originel, un montage de la direction militaire. (L’amiral Moorer, alors président du Joint Chiefs of Staff, avec son espion Bob Woodward, alors dans l’US Navy avant d’aller se couvrir de gloire au Washington Post, comme le démonte et le démontre le livre Silent Coup, dont diverses références sont données dans les textes du site, du 25 septembre 2009 et du 28 décembre 2009.) La même observation sur l’organisation de son gouvernement concernait la façon dont Obama avait procédé, mais probablement avec un tout autre résultat, selon ce qu’on en pouvait attendre... C’était en effet écrit début 2010 et cela décrit toute la présidence Obama :

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Poids et fou-rire du mensonge

  dimanche 07 août 2016

C’est un tout petit instant qu’on doit désigner, si l’on va au fond des choses avec ironie et gravité à la fois, – deux choses qui vont si bien ensemble, – comme un instant formidable d’une vérité-de-situation essentielle de notre temps. Cela se passe le 4 août, à l’ouverture du briefing quotidien du département d’État, à Washington D.C. La chose a été largement diffusée, surtout par vidéo, mais aussi avec des textes accompagnant cette vidéo. Je vas m’attarder à la documentation de ce court instant parce que je crois que, dans cet instant, on trouve l’essence même de notre époque, – à la fois extraordinairement écrasée par le poids du mensonge que l’on désigne de façons différentes sur notre site, parce qu’il prend des formes différentes, – virtualisme, narrative, déterminisme-narrativiste notamment, – à la fois disposant de moyens exceptionnels de mise en évidence éclatante (pour ceux qui ont les yeux normalement ouverts) de ce mensonge et de son poids. (Bien entendu, c’est la système de la communication et son côté-Janus qui permet cet étonnant contraste de possibilités.)

Donc l’officier du service public qui est chargé de ce briefing, Mark Toner, arrive devant son pupitre et dit quelques mots pour introduire son briefing. Il est d’humeur guillerette, Toner, et ne cesse de rire dans ces premières secondes, – on apprendra que c’est son dernier briefing avant son départ en vacances, et alors tout cela et le reste se comprennent parce que si humain (“humain, trop humain”, doit penser son chef de service à cet instant, non ?). Puis après quelques échanges joyeux et ironiques, il songe à en venir au principal et Toner dit, se rappelant qu’il y a quelques stagiaires en plus des journalistes accrédités habituels :« Je pense que nous avons quelques stagiaires au fond de la salle. Bienvenu. Je suis heureux de vous accueillir pour cet exercice de transparence de la démocratie... » ; et là, il n’en peut plus, Toner, et part d’un éclat de rire absolument tonitruant, un fou-rire qu’il ne peut réfréner ni contenir, suivi par tous les journalistes, – car effectivement, désigner la communication gouvernementale à la presse d’“exercice de transparence en démocratie” est vraiment le sommet du mensonge comme définition de la pratique systématique du mensonge, – et tout cela d’un tel naturel que nul ne devrait s’y tromper me semble-t-il si l’on assez d’honnêteté et d’attention aux êtres, cet éclat de rire n’a rien de cynique, ni de méprisant, mais enveloppe bien une situation que tous, les journalistes, le public, lui-même, doivent servir et subir à la fois...

On voit la vidéo de cette intervention le 5 août sur Youtube, avec ce commentaire : « Mark Toner, the deputy spokesman for the US State Department, literally burst out laughing at the idea of transparency and democracy during an official press briefing on Thursday, August 4th. » Plusieurs sites de grands réseaux l’ont repris, avec texte et vidéo, par exemple Fox.News le 4 août et surtout le Washington Examiner le 4 août également, avec la vidéo bien sûr, mais un texte beaucoup plus long sur la façon dont le State Department traite la communication. J’en donne ici deux extraits, le second rappelant certaines autres occasions où le département a été pris en flagrant délit de bidouillages des information, – et je souligne en gras certains passages qui m’intéressent :

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La folie-démence monte irrésistiblement...

  samedi 06 août 2016

En cet instant, avec tant d’impressions et d’intuitions alimentées par plusieurs lectures de ces derniers jours et surtout de ces dernières heures qui décrivent les événements en cours et les psychologies en action, à la fois aux USA et selon ce qu’on peut dire des perspectives des événements selon les résultats de ces élections (singulièrement si Clinton l’emporte), je serais bien en peine de produire un texte cohérent d’analyse pour décrire mon jugement profond, celui que j'ai maintenant. Le texte d’hier sur l’“American chaos” tentait de le faire, mais il ne fait qu’approcher mon jugement général, qui est à cet égard en train d’évoluer dans le sens d’une hypothèse terrible : la folie, ou démence, est en train de gagner partout, de nous envahir, essentiellement à partir de cette bouilloire psychologique prête d’exploser que sont les USA, éventuellement dans une sorte d'implosion puisque tout est inversion aujourd'hui. (... Et les “événements” dont je parle en ont la consistance, essentiellement de la perception et de la psychologie, car tout ce qui est “de communication” dispose nécessairement d’une part, plus ou moins grande mais plutôt plus dans ce cas, du domaine du non-acte.)

Lorsqu’il est écrit dans le “chapeau” du texte référencé :  « Objectivement considérés et hors des considérations-Système, les deux candidats des présidentielles USA-2016 sont psychologiquement proches des cas pathologiques » (*), j’ai l’impression à cette heure, vingt-quatre heures plus tard, alors que la réflexion se développe et que les signes de l’affection se multiplient, de me trouver bien en-deça de la vérité-de-situation dans son entièreté, que c’est l’ensemble du système de l’américanisme et de sa population dirigeante (leurs élites-Système, si on veut) qui est “psychologiquement proche...”, et même complètement en train de basculer dans une pathologie de la psychologie qui peut être désignée d’une manière un peu frustre du mot de “folie”, ou peut-être plus élégamment du mot de “démence”. Il y a quelque chose de collectif, sans aucun doute, avec divers cas particuliers plus ou moins exotiques auxquels on s’attache un peu plus mais avec aussi cette part de mystère, dont l’on signale souvent la présence sur ce site, sans en connaître la cause et le machiniste qui la développe.

J’aurais pu faire de cette impression une “Humeur de crise”, mais comme j’ai pris pour règle de m’en tenir à des textes très courts dans cette série, et puis parce que l’objet de mon humeur est largement plus intéressante que cette humeur, et mérite un développement très spécifique, alors m’y voici... Car le spectacle, ce que je dirais être “le spectacle de la communication” qu’offre Washington D.C. et tout ce qui en dépend, est d’une telle singularité, hors de toutes les normes concevables, bien au-delà des manœuvres électorales, des coups fourrés, des campagnes orientées, des complots vrais ou faux, dénoncés ou acceptés, des narrative montées pour liquider l’un ou l’autre (et plutôt l’un que l’autre) et promouvoir l’une ou l’autre (plutôt l’une que l’autre), – bien au-delà de tout cela, voici le “spectacle de la communication” dans toute la surpuissance de son éclat et de son tintamarre.

(Suite)

dedefensa.org (y compris La Grâce) fait ses comptes

  mercredi 03 août 2016

Ce n’est pas une coutume ni un procès-verbal mais, pourquoi pas, l’idée qui m’était venue (hier) de présenter aux lecteurs du site une situation très chiffrée de dedefensa.org. Là-dessus, l’intervention d’un lecteur me fournit un argument impératif, qui justifie d’autant plus ce texte, en y ajoutant l’état des lieux écrits de l’immense saga de votre serviteur, La Grâce de l’Histoire. Le message de “Philippe” (ce n’est pas moi qui m’écrit à moi-même pour autant), de ce 3 août 2016 précisément sur le Forum, est le suivant :

« En réécoutant vos vidéo, j'ai deux séries de questions à vous adresser.

» 1 – Ou en êtes vous de la rédaction du 2e tome de la grâce de l'histoire ? (le 2e cercle) Avez vous prévu une date de parution ? (même approximative ou à titre indicatif).

» 2 – Prévoyez vous de produire d'autres entretiens vidéo ? Si oui, quand ? Si non, pourquoi ? »

Je commence donc par traiter cette question générale, – « dedefensa.org (y compris La Grâce) fait ses comptes », – par les réponses aux questions posées par notre lecteur-“Philippe”. Je procéderai par thèmes, avec des intertitres pour mettre un ordre estimable dans ce compte-rendu.

(Suite)

Humeur de crise-20

  mardi 02 août 2016

Est-ce la coutume du mois d’août qui voulait que l’actualité du monde, sauf pour cas de Guerre Mondiale, se fasse in abstentia et que ce temps-là, de mon très vieux temps d’avant, était alors vécu comme une période d’indolence qui ne manquait pas d’un doux attrait ? (Dans ce temps-là où l’on chantait Paris au mois d’août et où l’épouvantable grouillement du tourisme globalisé n’avait pas encore posé son groin sinistre et son poids écrasant sur le monde, la capitale, où je passai ce mois-là une année ou l’autre, révélait un charme comme inactuel et magnifique, qui se savourait comme un délice de l’âme et du cœur. Nous vivions comme on fréquente un poème.) Cette année pour mon compte, – je parle de 2016, – c’est comme si le phénomène s’installait effectivement, – je ne parle plus de Paris mais plutôt d’une façon symbolique, au nom du veilleur de la communication que je suis devenu, – mais dans sa plus complète inversion. Le calme et le silence en un sens, mais comme un raté, un passage à vide qui se révélera très bref, bien en-deça du mois, dissimulant à peine les affreux bouillonnements qui se préparent.

Les lampions des fiestas américanistes que sont les conventions se sont éteintes. Elles ont montré le terrifiant volume de haine, de tromperie, de veulerie, de volonté de destruction qui marque aujourd’hui la bataille politique, pour des objectifs si incertains à moins qu’ils ne renvoient aux symboles les plus simples qu’on qualifiera également de terrifiants. (L’un des deux a décidé de qualifier sa concurrente du simple terme de Devil et le plus remarquable est que cette apostrophe ne paraît nullement outrée ni déplacée dans le climat régnant.) Les autres crises semblent également moins tonitruantes, que ce soit la Turquie, le terrorisme et son cortège d’outrances, d’impasses et d’aveuglement, le naufrage de l’Europe, les perspectives de guerre contre la Russie, et tout le chaos du monde en général. Tout cela n’apaise rien et ne fait que ressortir le silence de l’angoisse qui veille, et ne conduit qu’à cet avertissement exprimé comme l’évidence, venu du Ciel ou bien des entrailles du Mordor : “Vous ne perdez rien pour attendre...”

C’est un de ces moments d’entre-deux et d’entretemps comme l’on en connaît, mais dans ce cas si fortement symbolisé par le contraste avec le fracas de l’une ou l’autre semaine d’avant, par l’ivresse et le vertige d’où l’on croit sortir et où l’on sait qu’on retombera aussi vite. Pour cette fois, avec le calme nullement simulé de mon esprit et de ma plume, je suis dans cet état où il devient futile sinon impossible d’avancer un avis, une prédiction, etc., quelque chose comme “l’automne sera terrible”, “le calme avant la tempête” ou “l’œil du cyclone”... Rien qu’une lassitude temporaire, qui vous fait pourtant mesurer sa profondeur vertigineuse ; vous êtes à la fois spectateur et acteur, vous interrogeant vaguement et vainement sur le sens de ces événements que vous continuiez à observer hier et sur l’utilité de la bataille que vous continuerez à mener demain ; à la fois assuré de ne trouver aucune réponse qui satisfasse, et confirmé de l’importance dérisoire de cette insatisfaction. Les événements du monde dictent leur loi et nul ne peut prétendre ni l’ignorer ni la contourner. Le mois d’août nous chuchote notre destin.

Il n’est pas “un des nôtres”...

  lundi 01 août 2016

Je poursuis par conséquent la chronique d’hier dans ce Journal dde.crisis, en notant une remarque de notre excellent accompagnateur-commentateur Perceval-78, sur le Forum du même texte, et disant ceci :

« Ah mais que si, dans la saison 4 le président Underwood en campagne électorale est victime d'une tentative d'assassinat par un ex journaliste, attentat dont il se remettra difficilement par le biais d'une greffe de foie.

» La rumeur, Washington bruisse de rumeurs, dit que Claire pourrait tuer son mari dans la saison 5 pour avoir le poste de Présidente. »

La remarque concerne un passage précis (voir plus loin) du texte en question, et ce qui m’intéresse est bien sûr, tout en en reconnaissant l’intérêt général, de préciser que sur ce point de la chronique régulière de Perceval-78 je suis en désaccord amical mais insistant, notamment et essentiellement pour l’esprit de la chose. Je sais que les gens de House of Cards ont l’habitude de se féliciter qu’à chaque saison ils introduisent un élément extraordinaire qui se vérifie dans la situation politique de Washington D.C. l’année d’après ; là, je crois que cette règle n’est pas rencontrée du tout et que c’est plutôt Washington D.C. qui les a pris de vitesse.

(Je précise que j’ai trouvé ce feuilleton admirable, jusqu’à la saison 3 [je ne suis pas sûr du numéro] qui, brutalement, m’a particulièrement déçu, jusqu’au quasi-dégoût ; cela, lorsque j’ai découvert le portait caricatural-Système qu’ils ont fait du président Poutine, alias-Ivanov, selon les canons des plus incroyablement stupides caricatures-narrative du personnage ; et là-dessus, cerise de service sur le gâteau, par contraste la vertu ontologique au-delà de toutes les charogneries courantes d’usage de la politique US, dans le chef des réflexes humanitaires de la First Lady Claire Underwood, et de son mépris très type-Park Avenue pour le thug venu des steppes sauvages et des officines cliquetant d’instruments de torture du KGB, – et, du coup ceci [l’humanitaire-chic/salonard] rattrapant aisément cela [charogneries d’usage, etc.], et comment ! Ce réflexe de vertu américaniste m’a laissé extrêmement désappointé quant à la valeur intrinsèque de l’entreprise.)

Revenons à notre propos en citant le passage auquel notre excellent Perceval-78 fait allusion, et aussi je vais me permettre de souligner en gras ce qui me paraît essentiel pour mon explication, laquelle fera progresser la question de la description et de l’éventuelle compréhension de la situation aux USA : « [...L]a situation des USA, qui semblait montrer une solidité d’une extrême résilience dans les tempêtes crisiques qui se succèdent depuis plusieurs années, devient soudain quelque chose de proche d’un “château de cartes”, où même un assassinat politique est envisagé froidement et avec une pointe de dérision et de scepticisme (House of Cards, le feuilleton, n’a jamais envisagé cela) : seront-ils assez organisés pour monter une tentative d’assassinat de Trump, en auront-ils l’audace, les guts, ou bien même cela les dépasse-t-il ? »

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Saison de tous les dangers terribles et informes...

  dimanche 31 juillet 2016

Il m’est venu le sentiment, bientôt formé en une idée présentable qu’avec trois événements illustratifs de tendances puissantes événementielles et incontrôlables, – c'est-à-dire complètement hors de notre compréhension et de notre contrôle humains, trop humains, – dont je retrouve la description dans trois articles considérés aussi bien comme symboliques que politiques, et de sources aussi variées qu’indépendantes des narrative courantes, se forme un point de convergence chargé d’une forte potentialité déstabilisante, également aussi bien symbolique que politique, ouvrant ce qui pourrait être cette “saison de tous les dangers terribles et informes...”. Ces trois “tendances puissantes”, trois parmi d’autres mais exemplaires de notre situation générale, concernent, après la nomination de Clinton, la fixation des présidentielles US dans un affrontement frontal et furieux qui engage non plus une élection comme on les voit en général aux USA, mais une bataille suprême aux conséquences que l’on devine considérables, complètement incompréhensible pour ce qu’on sait rationnellement des USA ; après le putsch d’Ankara et désormais avec des conséquences géopolitiques considérables, un courant de bouleversement moins dans la région concernée que dans les grands espaces et l’organisation politique autour de cette région centrale du monde ; après divers événements depuis septembre 2015 et l’intervention en Syrie, l’évolution de la politique russe, notamment les conséquences sur les relations de la Russie avec la Chine, et d’une façon générale les conséquences de déstructuration et de dissolution de ce qu’on avait jugé être le courant stabilisateur et structurant des BRICS.

Pour ce propos, je me réfère à trois articles d’auteurs variés, certains très mal considérés, d’autres présumés plus “sérieux”, etc., mais tous trois effectivement échappant au courant des consignes-Système qui nous donne une pensée totalement anesthésiée et réduite à un “rien” impliquant le “vide” par absence de la moindre substance. Je n’ai aucun esprit d’apriorisme fondamental vis-à-vis d’eux, aucun interdit décisif, même si j’entretiens bien des nuances dans mon jugement. En l’occurrence, je juge qu’ils illustrent bien, et selon une spéculation qui est appuyée sur des vérités-de-situation, les “tendances puissantes” dont je veux parler. Je vais donc procéder avec ordre, résumant le contenu des trois articles, c’est-à-dire la description rapide de ces “tendances puissantes”.

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Su-24 & “État parallèle”

  mardi 26 juillet 2016

Comme il m’arrive assez rarement, je prends ici la plume, directement en réaction à des commentaires de lecteurs de l’article dedefensa.org/Alexandre Douguine du 21 juillet. L’on débat dans ces commentaires, notamment, de l’affaire de la destruction en novembre 2015 d’un Su-24 russe par deux F-16 turcs, et l’idée selon laquelle la chose aurait été une initiative “rebelle” non autorisée ni voulue par Erdogan étant ici et là contestée, sinon ridiculisée. Quant à moi, j’ai déjà laissé voir le bout de mon nez dans un dde.crisis du 22 juillet sur “le putsch du F-16”... Pour rappel et vous éviter une recherche épuisante dans le texte :

« Pour DD, les Forces Aériennes Turques étaient une extension directe de l’USAF, à un degré absolument inconnu en Europe ; lui-même en témoignait avec des arguments, ayant été dans la Force Aérienne Belge, puis avec GD négociant avec la Force Aérienne. A cette lumière, on comprend qu’une telle structure, renforcée à partir de 1999 par d’autres structures dites de l’“État parallèle” de Gülen et de son mouvement transnational et islamiste Hizmet, activé et soutenu par la CIA, ait largement perduré, Erdogan ou pas Erdogan ; et l’on comprendrait sans trop être contraint que Incirlik ait été le centre de coordination du putsch de la semaine dernière, tout comme ne paraît plus si folle ni grotesque l’idée que le pilote de F-16 qui a abattu un Su-24 russe en novembre dernier l’ait fait sans passer nécessairement par l’approbation d’Erdogan... »

Maintenant, je vais être beaucoup plus affirmatif : l’idée des F-16 téléguidés sinon contrôlés, jusqu’au pilotes eux-mêmes, par l’équipe Gülen/CIA (et d’ailleurs quai-officiellement guidés, comme cela fut écrit à l’époque, par l’un ou l’autre AWACS, soit de l’USAF, soit saoudien  mais servi par des équipages US), cette idée me paraît au contraire beaucoup plus cohérente et sensée que celle d’un Erdogan ordonnant une telle attaque. Du point de vue d’Erdogan, à moins de l’explication du cerveau instable qui a eu une faveur certaine (y compris sur ce site quand aucune autre explication n’était disponible), cette attaque, provocation gratuite et sans le moindre bénéfice, s’aliénant la Russie dont Erdogan sait bien qu’avec Poutine à sa tête elle ne plaisante pas, cette attaque n’avait guère de sens. Si l’on introduit le facteur Gülen/CIA, la chose est beaucoup mieux éclairée, elle devient cohérente, parfaitement compréhensible... Cela n’exonère pas Erdogan de ses divers coups bas et de ses rapines nombreuses, et j’aimerais bien que ceci soit entendu haut et fort et bien compris pour ce que cela dit exactement : nous ne sommes pas là pour décerner des prix de vertu, mais pour distinguer le Système où il se trouve et reconnaître l’antiSystème quand il se manifeste.

Il s’agit d'abord de rappeler une évidence, car les exemples abondent : ce genre de circonstance n’est pas du tout absurde, ni rarissime, mais au contraire très fréquente et ne peut être écartée avec le qualificatif décisif et bien arrogant de “ridicule”. Je me rappelle, c’était en 1956 ou 1957, que des avions de chasse français interceptèrent dans l’espace aérien international, au large de l’Algérie, un avion de ligne marocain transportant une délégation de la direction du GPRA, – gouvernement “en exil” constitué par le FLN, – avec comme prise majeure Ahmed Ben Bella, futur premier président de la République algérienne indépendante. L’ensemble fut ramené à Alger et il fut aussitôt évident à l’époque que les militaires français avaient agi de leur propre chef, évidemment sans instruction ni même information du pouvoir civil puisque l’opération avait notamment pour but de torpiller certains contacts du gouvernement français vers le FLN, pour des négociations de paix que les militaires refusaient. Le gouverneur-général/ministre délégué pour la question algérienne d’alors, Robert Lacoste, socialiste devenu belliciste anti-FLN et assurant la direction gouvernementale française en Algérie, couvrit aussitôt les militaires (peut-être même fut-il complice, c’est à voir), obligeant le gouvernement de Guy Mollet à couvrir lui-même la chose. Les dirigeants du GPRA furent donc internés, d’ailleurs dans des conditions extrêmement confortables, jusqu’aux accords d’Evian du début 1962.

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Humeur de crise-19

  lundi 25 juillet 2016

C’est comme si, sous vos yeux, accélérait follement (encore une fois...) la dissolution du monde ; d’où mon humeur, moi le veux briscard-crisique, plutôt interdite et quelque peu incertaine, un peu foldingue, type-entonnoir sur la tête, presque rêveuse et moi-même me pinçant pour vérifier si je ne rêve pas, PhG le vieux rêveur-crisique... L’on ne cesse d’atteindre des sommets, des paroxysmes, et l’on se dit “cette fois, pas plus haut, pas plus paroxystique, c’est impossible”, et pourtant oui ! Hier, en fin d’après-midi, coincé entre la crise des JO, avec la Russie vouée aux gémonies comme seule pourvoyeuse au monde de l’enfer du dopage, et les démocrates néo-clintoniens submergés de leur propre merde e-mailesque et fuitée, accusant Trump et les Russes, Trump d’être un agent russe, les Russes de manipuler Trump pour couler la pauvre Hillary, et finalement balançant la manipulatrice anti-Sanders Wasserman-Schultz, présidente du parti démocrate et démissionnaire pour ouvrir en beauté la convention du couronnement de la reine-Hillary armée du visage en beauté de celle qui a réussi à tenir quinze rounds contre Mohammed Ali ! Imaginez-vous un peu cela, vous, braves vacanciers sur les plages au sable chaud ?

Tragédie-bouffe, disait-on : pourquoi pas métahistoire-bouffe ? Allez donc lire les révélations de l’expert Andrew Korybko, qui vous détaille les plans US de déstructuration de l’UE, sous les conseils avisés de Soros, sous une dictature implacable conduite par le führer Juncker brandissant la menace de ses canettes de bière, ou bien, – “Plan B” oblige, – en mini-blocs bien rangés dans le sens des anguilles d’une montre, avec Hollande armé de sa coiffure type-Louis-XIV au million d’€euros la permanente : « Post-Brexit EU: Between Regional Breakdown and Full-Blown Dictatorship »... Et qui dirigera cette machination d’outre-Atlantique ? L’équipe Trump-Poutine ? La sorcière Hillary menant la bataille à grands coups de rire satanique et de milliers d’e-mails fournis par le général Assange, de la division WikiLeaks ? Le Texas indépendant coalisé avec la république de Californie ?

La dernière, tout de même, à savourer en famille, à l’ombre des rosiers-palmiers en fleurs de la Maison-Blanche : l’hagiographie de Trump faite par Malik Obama, demi-frère de Barack H., qui ne rêve que d’une chose, que son frère foute le camp pour que les affaires reprennent (sous la direction éclairée du nouveau POTUS, The Donald). « I am deeply disappointed » par l’administration de Barack H., nous dit Malik, 58 ans. 

Le putsch du F-16

  vendredi 22 juillet 2016

On n’a pas été sans remarquer le rôle prépondérant de la Force Aérienne Turque (disons FAT) dans le putsch avorté contre Erdogan, le chef de l’opération étant même supposé être le chef d’état-major de cette force. On n’a pas manqué de remarquer (suite) combien il apparaissait hautement probable qu’on trouve, dans cette affaire, la marque à la fois des USA et de l’OTAN, d’autant, si j’ose dire dans un affreux jeu de mots, qu’une bonne partie de l’opération a été conduite de la base d’Incirlik où l’on trouve mêlés un contingent turc avec un général qui fait office de potiche commandant l’ensemble de la base, une autre partie (la plus grande, c’est sûr) de la base où l’USAF est maîtresse chez elle dans le genre off limits, tout cela nominalement OTAN, et qui accueille n’importe quel avion d’une nationalité amie (type-saoudien & consorts), l’ensemble (US) avec un sympathique stock de bombe nucléaire B-61 et, bien entendu, le contingent habituel lot d’officiers de la CIA. On comprend de quel centre stratégique il s’agit, avec les Turcs qui y sont comme chez eux pour autant qu’ils soient bien amarrés par des liens vieux comme la Guerre froide...

On y trouve donc aussi des F-16, tant de l’USAF que de la FAT, et cela me ramenant à un souvenir fait d’épisodes épars dont je vais tenter de restituer l’essentiel. D’abord, retour à 1974-1975, en Belgique, où avait lieu une compétition échevelée, essentiellement entre le F-16 US et le Mirage F1-E français. Je rappelle qu’à époque j’étais plutôt, – sans doute à l’étonnement possible de l’un ou l’autre, – dans une période d’entre-deux pour mon opinion politique et plutôt proaméricaniste, tendance-Pentagone dans le domaine de l’aviation, c’est-à-dire favorable au F-16. Comme le temps passe...

Cette position ne m’empêchait nullement de faire équipe avec un ami, journaliste à Aviation Magazine (premier et excellent magazine d’aviation français depuis 1945, disparu au début des années 1980 dans des circonstances sordides et irresponsables d’argent de capitalistes incompétents). Lui était partisan du Mirage, bref notre équipe marchait bien. Lors d’un des innombrables cocktails donnés à Bruxelles par les uns et les autres au rythme de la compétition, mon ami me fait faire connaissance d’un jeune officier de la Force Aérienne Belge (nommons-le Dupont-Dupond en le ramenant aux initiales qui font l’affaire [DD], pour brouiller les pistes) ; sans doute un capitaine ou un commandant, assez juvénile et sympathique, du type-tête brûlée/Chevaliers du Ciel, qui nous annonce, d’abord que “le F-16, c’est le Spitfire des années quatre-vingts”, ensuite qu’il quitte l’armée pour un poste intéressant chez GD (General Dynamics, concepteur et producteur du F-16 à Fort-Worth, avant que cette division Fort-Worth lui soit rachetée par Lockheed au début des années 1990). De ce que j’ai deviné de Dupont-Dupond, je suis sûr que l’appréciation du F-16 précéda dans son esprit l’engagement chez GD, et non le contraire, et qu’il alla chez GD comme un gamin achète une maquette convoitée d’un modèle d’avion qu’il juge exceptionnel. Quoi qu’il en soit, et parce qu’il était fidèle en amitié, DD nous reçut ensuite régulièrement, mon ami et moi, chaque semaine dans son bureau de GD à Bruxelles, pour nous laisser lire confidentiellement, s’absentant quelques minutes de ce bureau pour nous y laisser seuls à notre besogne d’espions en herbe, le bulletin interne de GD qui constituait un véritable rapport de renseignement ultrasecret.

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Le crépuscule à Nice

  vendredi 15 juillet 2016

A chaque attaque, l’effet grandit avec ses composants, l’horreur, la panique devant cette forme d’agression sanglante, et aussi le doute lui-même qui ressurgit devant toutes les déstructurations chaotiques de notre civilisation, et l’angoisse avec ce doute. L’attaque de Nice dans cette manière absolument barbare et aveugle, pleine de sang, de mort et de symboles terribles, un 14 juillet qui est le jour de la République et aussi des racines de la modernité, ne peut être réduite à la France et a aussitôt un retentissement mondial. L’exemple le plus frappant est celui des USA, puissance habituellement isolée du reste par sa certitude d’elle-même, où les réactions politiques immédiates et très nombreuses ont été à l’égal de ce qu’elles auraient été si un évènement semblable avait frappé les USA, jusqu’à amener un candidat à repousser sa décision de choisir son colistier pour la vice-présidence, et peut-être même à modifier le choix qu’il semblait avoir fait. (Jusqu’à suggérer à l’affligeante et désespérante Clinton l’étrange idée de proposer de renforcer l’OTAN, sans doute pour attaque la Russie.) Cette “globalisation” n’est pas tant celle du terrorisme, même si c’en est la cause apparente, que l’effet de la compréhension le plus souvent inconsciente de la globalité de sa cause profonde.

Il ne semble pas que cette attaque, suivant les autres, à leur rythme et selon des méthodes différentes, soit un simple épisode de plus, quelque sanglant qu’il soit, dans ce qui serait une “guerre contre le terrorisme”. A chaque attaque, l’horreur et la panique engendrant un choc psychologique supplémentaire renforçant nécessairement les interrogations angoissées, un doute crépusculaire, et par conséquent la mise en cause des conditions de vie et des “politiques” qui montrent leur impuissance, conduisent à conclure que cela ne se réduit pas à une “guerre contre le terrorisme” mais qu’il s’agit d’un épisode d’une succession de chocs terribles qui marquent la Crise Générale de notre civilisation et du Système qui l’emprisonne et la nourrit. Qui jusqu’au dernier ne finira par apprendre et admettre, notamment, ce que tout le monde devrait savoir, que Daesh, ou EI, ou ISIS qu’importe, est une pure création de la politique-Système en général, et plus directement de l’action des USA, de la Maison-Blanche elle-même, durant ces quatre dernières années ?

La marque de la guerre contre le terrorisme en général, lorsqu’elle est menée comme elle doit l’être, dans les conditions techniques, psychologiques et morales qu’elle doit susciter, est qu’on s’habitue à cette guerre sans l’ignorer un instant, en vivant autrement, avec le durcissement de la résolution et la maîtrise du comportement dans la lutte, à mesure que cette guerre se développe alors que c’est le contraire qu’on constate aussitôt, une fois de plus avec cette attaque de Nice. Chaque attaque est un paroxysme plein d’une surprise horrifiée de plus, dans l’horreur certes, dans l’ébranlement psychologique sans aucun doute, dans la réalisation consciente ou inconsciente c’est selon de cette vérité-de-situation qu’il y a là un épisode terrible et fatal d’un enchaînement de causes-à-effets où toutes les choses de notre univers tel que nous l’avons fait sont concernées. C’est le contraire d’une “guerre contre le terrorisme” qui se serait déclarée comme cause fondamentale ; c’est une “guerre contre le terrorisme” comme conséquence, qui a été engendrée par notre Crise de Civilisation, et le choc qui nous frappe à chaque fois est celui de l’horreur et de la panique, de notre doute et de notre angoisse devant cette Grande Crise dont nous subissons les effets affreux.

Ode attristée à Bernie Tsipras

  jeudi 14 juillet 2016

On n’en finirait pas de sarcasmer et de sarcastiquer à propos du sort du malheureux, s’époumonant dans une sorte de gelée furieuse faite de sourires forcée et de lyrisme bazaroïde, avec à côté de lui son flic-de-la-pensée, l’étrange et complètement robotisée Hillary qui, on l’a décompté dans une vidéo désormais fameuse, a hoché la tête en signe d’approbation 406 fois durant le discours de sa victime achevée sans pitié, pour souligner les envolées conformes. Spectacle attristant qui m’a gêné plus qu’autre chose, moi qui suis d’une extrême sensibilité dans les instants tragiques.

J’ai éprouvé une grande tristesse et de la compassion pour ce gigantesque acte manqué, pour ce personnage soudain dégonflé comme une baudruche d’après-boire. Les lendemains qui chantent, tu parles... Qui a plus l’air d’un “bouffon”, comme ils disent, lui ou Trump ? Je n’aurais pas la cruauté de répondre, jamais, car l’on respecte et l’on se découvre, la tristesse au cœur, devant une ambulance qui passe au train d’un corbillard.

J’ai bien attendu deux jours après le faire-part de décès avant de m’y mettre. Sans le vouloir, le commentaire du chroniqueur est tombé un 14 juillet ; comme le temps, l’Histoire et la patience font bien les choses de l'écrit. Ce n’est pas pour dire : que le vieux Bernie n’ait eu l’audace de Danton (sans la corruption), que rien n’arrêtât sinon la guillotine de Robespierre qu’il n’aimait point ! Qu’il n’ait adhéré à l’idéologie glacée et impitoyable de Saint-Just, qui offrait le bonheur au monde nouveau comme on conduit ceux du monde ancien à la guillotine ! C’est comme cela qu’on fait les révolutions, avec le résultat qu’on voit, sans avoir froid aux yeux, en repoussant tous les compromis, à-la-Lénine, en se bol-ché-vi-sant...

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The Lady Is A Trump

  mardi 12 juillet 2016

Il suffit de changer une lettre et le standard à la signification ambiguë de 1937 (voyez The Lady Is A Tramp interprété par Lady Gaga et le vieux Tony Bennett, Lady Gaga grande chanteuse presque jazzy), ce standard devient une fable ironique sur un destin qui hésité entre le tragique, le monstrueux, l’ironie grinçante et le dérisoire. “Tramp” signifie “vagabond” et décrit dans la chanson une “Dame” fantasque  peu préoccupée des conventions et qui n’a que mépris pour les richesses affichées (version bienveillante), qui s’avère être aussi bien une “vagabonde”, une “clocharde” comme il y en avait tant à cette époque de désastre économique ; ainsi l’ambiguïté est-elle de faire d’une Lady une vagabonde, et d’une vagabonde une Lady... Avec une seule lettre changée, “Trump” signifie “atout” ou “carte maîtresse”, et c’est aussi le nom que vous savez, et le titre devient tout à fait différent, d’une actualité brûlante puisque l’élection se joue entre une Lady et un Trump, mais d’une signification également très ambigüe. Le destin ne cesse de ricaner.

Hillary (The Lady), en deux petites semaines, pas plus, a inversé le sens des choses de la communication. Depuis lors, en effet, c’est elle qui tient la vedette de la une des médias de la communication, où elle a remplacé l’innommable Donald Trump, ainsi rattrapant le capital de célébrité médiatique qui avait été jusqu’alors la rente de situation de The Donald. On peut alors dire effectivement que The Lady Is A Trump, mais d’une façon bien contradictoire qui mérite sans le moindre doute une explication précise. L’énergie de la communication a changé de camp, mais en même temps le destin lui-même, tout cela faisant de ce champ de la communication qui avait été une route semée de pétales de rose pour la notoriété populiste du Trump, un redoutable champ de mines pour The Lady. Je crois qu’on devrait apprécier ce phénomène comme un double renversement extraordinaire, où Clinton reprend l’avantage de la notoriété et de la communication, mais pour exposer en pleine lumière, chose affreuse, le côté sombre du personnage. (The Lady Is A McBeth.)

L’ironie complexe et à plusieurs faces du destin est que se sont enchaînés dans une séquence rapide deux évènements qui ont été autant de crises, dont Hillary a été l’incontestable vedette, renvoyant Trump à une sobriété et un effacement auxquels il ne nous avait nullement accoutumés. Mais quelle vedette catastrophique !  L’enchaînement s’est fait entre le paroxysme de la crise de l’emailgate et la crise de la fusillade de Dallas qui fait crier à la “guerre raciale”, avec l’expansion générale du mouvement BlackLiveMatters (BLM), dont The Lady est une fervente partisane et une avocate bruyante et affichée.

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L’OTAN atéléologique face au logocrate

  lundi 11 juillet 2016

Le sommet de Varsovie, c’est juré et nous-même, et moi-même, y croyions, devait être le terrible rugissement à la fois de l’aigle (US) et du lion (UK), et du coq (franchouillard), contre l’ours vicieux et horrible. Il n’en fut rien, en aucune façon, sinon du bla-bla de convenance et sans conséquence. La montagne a accouché d’une souris d’une espèce particulière, qui est un peu monstrueuse, qui a des ailes de poisson et des pattes de limace. Je le jure, pour la première fois depuis très, très longtemps,  j’ai écouté en traduction française, l’une et l’autre conférences de presse du dernier en date des SecGen de l’OTAN, désormais formatés au charme fascinant des politiciens gris-souris des petits pays froids du Nord de l’Alliance. Finalement, j’ai retrouvé le texte en anglais (la traduction française étant aussi détestable que le texte original est insipide).

Tout cela était accidentel, certes, puisque je suis convaincu depuis longtemps qu’il n’y a strictement rien à retenir de leurs discours qui sont effectivement vide et sans rapport avec l’essence de quelque pensée que ce soit, mais mon attention avait été attirée par un fragment de texte publié sur Tass le 9 juillet. Je voulais retrouver l’original, parce qu’avec les Russes il y a toujours une entourloupe sous roche, vous savez bien, depuis l’Ukraine-Maidan et Fiodor Dostoïevski on sait bien qu’ils ne savent que mentir ; je l’ai retrouvé, Tass n’avait pas inventé, et d’autre part je me suis saisi au passage d’un autre fragment... Je vais vous présenter les deux choses et, ensuite, je vous donnerai mon interprétation.

Dans les deux cas, il s’agit donc d’interventions du SecGen Soltenberg, dont je vous confirme qu’il est aussi excitant qu’une arapède de la Mer Morte (pour paraphraser très, très librement Rogozine, “pris individuellement, ce sont des [braves] types comme les autres, mis ensemble ils ressemblent à une colonie d’arapèdes de la Mer Morte incarnant le diable, [dont on se doutera qu’il s’agit d’une version assez peu vigoureuse]”). Dans les deux cas, je mets mon grain de poivre noir, en mettant en gras les extraits qui importent à mon propos.

La première porte sur la situation générale de l’OTAN, et du bloc-BAO pris dans sa globalité dialectique, vis-à-vis de la Russie ; elle a lieu, cette intervention de Soltenberg, lors d’une conférence de presse du 9 juillet. « We don’t see any imminent threat against any NATO ally. Russia is neither the strategic partner we tried to, or we are not in a strategic partnership with Russia which we tried to develop after the end of the Cold War but we are neither in a Cold War situation.  We are in a new situation which is different from anything we have experienced before. The dinner yesterday was an informal dinner where leaders were able to discuss in a very frank and open way and the main message from that dinner is that the Alliance is united, that we stand together in our approach based on defence, strong defence and constructive dialogue... » (bla bla bla)...

La seconde, ainsi classée parce qu’elle est moins importante que la première, plus accessoire si l’on veut ; elle porte sur les missiles antimissiles, d’une conférence de presse du 8 juillet, et elle dit ceci : « Today we have decided to declare Initial Operational Capability of the NATO ballistic missile defence system. This means that the US ships based in Spain, the radar in Turkey, and the interceptor site in Romania are now able to work together under NATO command and NATO control. Importantly, the system we are building is entirely defensive. It is designed to shield against attacks from outside the Euro-Atlantic area and represents no threat to Russia’s strategic nuclear deterrent. »

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C’était au temps du Watergate...

  vendredi 08 juillet 2016

La reine-Clinton ne me fait pas penser à Nixon, mais les circonstances, les évènements poussent au souvenir, c’est-à-dire à la comparaison et à la mesure de l’évolution d’un temps qui se contracte, d’une Histoire qui accélère, d’un Système qui hurle de fureur comme un monstre blessé et torturé par la souffrance de l’épouvantable contradiction entre la surpuissance qui affirme son ambition ultime et l’autodestruction qui trace son destin catastrophique....

...J’approchais la trentaine et suivais, haletant, cet énorme et catastrophique série sur la “chute finale” d’un président en général haï par l’establishment mais qu’on jugeait indéboulonnable après une réélection triomphale. Les évènements défilaient, il fallait se tenir comme sur un esquif dans la tempête !... A partir de mai 1973 et quelques démissions tonitruantes, je me rappelle, avec en toile de fond les auditions au Congrès menées par le vieux sénateur sudiste Sam Ervin et transmises jour après jour par la télévision en direct, l’impression écrasante et fascinante que tout le système washingtonien tremblait sur ses bases, qu’une machine s’était irrésistiblement mise en marche. On se disait : quel événement ex-tra-or-di-nai-re, et nous n’en verrons jamais plus de semblable ! Eh bien, non.

Rétrospectivement, combien ces mois endiablés, ces folles semaines me paraissent calmes et, comment dirais-je, “sous contrôle” c’est cela ; les protagonistes restaient aux commandes, y compris les manipulateurs et les comploteurs ; c’est-à-dire que ce désordre qu’était devenu Washington suivait un certain ordre, et que la chose contrôlait ses excès... “Sous contrôle”, exactement, malgré le bruit terrible de cette affaire qui alimenta une des plus graves crises du pouvoir US.

Alors, et malgré le souvenir de la tension formidable du Watergate et des évènements inattendus et imprévus, quelle différence avec ces journées vertigineuses autour de la reine-Clinton ! Et cela, après des semaines et des mois de controverses, et cela qui semble installé pour durer encore, s’amplifier, et déboucher sur on ne sait quoi ! En vérité, la reine semble de moins en moins couronnée, et même indigne de porter une couronne, à mesure qu’elle croit se rapprocher du trône. Le directeur du FBI Comey, convoqué illico presto hier au Congrès, a encore fait une gâterie à la reine en faisant l’hypothèse qu’elle n’était (elle, la reine) peut-être “pas assez sophistiquée” pour distinguer une information secrète (classified) d’une information courante ; “pas assez sophistiquée”, vous imaginez ! Elle, la reine, qui fut dans les quasi-quarante dernières années, femme et maîtresse-femme d’un gouverneur puis d’un président des États-Unis, sénatrice de New York, secrétaire d’État, enrichie à millions, acclamée partout dans le monde, connaissant l’essentiel de ce qu’il faut connaître et en tenant plus d’un par la barbichette avec quelques secrets embarrassants ! Elle, qui a fait de sa “compétence” un argument de feu pour son élection, “pas assez sophistiquée” ! Mais quoi, il fallait bien que Comey, pour répondre aux questions des parlementaires en majesté, émette une hypothèse qui lui évite justement d’aller sur le fond ; et, par le fait même, il met à nu encore plus visiblement qu’il n’a fait les soupçons, voire même les vides insoupçonnés de la forme même du comportement de la reine, de ce qui charpente sa superbe et son arrogance. Les républicains ont même lancé un projet de loi qui interdirait l’accès aux informations classified à la candidate Clinton, jusqu’à l’élection de novembre ; et pourquoi pas, si elle est élue, après son élection, une nouvelle loi qui en ferait une présidente interdite de “documents secrets” ? Mais non, c’est une plaisanterie cela, puisqu’un président, une présidente peut tout... Alors, on se rabattrait bien sur une procédure de destitution, qu’on commencerait à préparer dès le lendemain de son élection, si elle est élue la reine, s’il lui reste encore quelque chose des débris de sa royale ambition le 8 novembre prochain, si les États-Unis ont tenu le coup jusque-là dans leur unité bien connue, leur ordre et leur respect absolument enthousiaste des choses de la Loi.

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