• Parmi les signatures régulières que nous affectionnons et auxquelles nous prêtons grande attention sur le net, il y a celle du russe Dimitri Orlov. • Il est le créateur d’une forme de pensée que l’on pourrait désigner comme une “science de circonstance”, une “science” suscitée par les circonstances même que nous traversons et que nous décrivons et désignons nous-mêmes comme la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES) : la “collapsologie”, ou “science de l’effondrement”. • Nous pensons que suivre régulièrement ses écrits est d’un intérêt qui rencontre complètement l’orientation de dedefensa.org : cela peut être fait grâce à nos excellents rapports avec Le Sakerfrancophone, qui reprend systématiquement les textes d’Orlov (en général deux par semaine) et les traduit en français. • Avec l’accord du Sakerfrancophone, que nous remercions bien chaleureusement, nous allons donc reprendre les textes d’Orlov dans cette rubrique propre intitulée “Le monde d’Orlov”. • Son fonctionnement est régi par les mêmes règles que celui d’Ouverture Libre mais cette rubrique a désormais une place structurelle dans dedefensa.org. • Le premier texte, une interview d’Orlov par Le Sakerfrancophone du 15 juin 2016, à l’occasion de la sortie en français du livre d’Orlov (Les cinq stades de l’effondrement aux éditions Le retour aux Sources) sert parfaitement de présentation de cet auteur.
Bien que de nombreux commentateurs jugent bon de publier leurs prévisions pour l’année à venir, je trouve qu’une seule année est trop courte pour pouvoir faire des prévisions valables. Pour moi, plus ou moins cinq ans, c’est à peu près la bonne taille de marges d’erreur à placer sur n’importe quelle prévision en ce qui concerne le calendrier, ce qui permet de prévoir tout changement majeur à l’intérieur d’une séquence d’une vingtaine d’années. Il se trouve qu’une autre décennie s’est écoulée depuis que j’ai publié ma dernière série de prévisions pour les États-Unis dans les années 2010, il est donc temps d’en établir une nouvelle, pour les années 2020.
Ma dernière série de prévisions s’est révélée modérément bonne. Bien que dans certains cas, le processus n’ait pas encore abouti, les tendances sont toutes évidentes et il faut s’attendre à ce que les processus que j’ai décrit se poursuivent et, dans certains cas, s’achèvent au cours de la nouvelle décennie. Mais cette fois-ci, je vais tenter de faire des prédictions plus précises.
En ce qui concerne l’économie, quelque chose va forcément se briser, peut-être dès le début de la décennie, et être la tendance lourde pour la suite. Il y a un écart croissant entre l’économie financière, qui fonctionne selon des règles que les gens peuvent établir, et ils le font au fur et à mesure de leurs besoins, et l’économie physique de l’exploitation minière, de la fabrication et de la logistique. Il n’y a aucune raison de faire particulièrement confiance aux statistiques officielles en ce qui concerne la croissance économique, le chômage, l’inflation, les évaluations boursières : ce sont toutes des contrefaçons astucieuses. Une bourse ou un marché immobilier suffisamment effervescent peut être maintenu par des injections de fausse monnaie en quantité nécessaires, distribuées à des initiés importants. Mais si l’on considère la quantité de marchandises fabriquées et expédiées, la quantité de nouvelles infrastructures publiques construites et d’autres facteurs physiques de ce type, on peut déjà observer une détérioration constante de l’économie.
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Les présentateurs du monde entier sont confrontés à un nouveau défi : rapporter les nouvelles sur les États-Unis avec un visage sérieux. Prenons l’exemple de la comédie de mise en accusation qui se déroule aux États-Unis et qui fait partie du quotidien de la télévision russe, que je surveille de loin. Ici, après des années de reportage sur le récit de l’“ingérence russe”, le script s’est peu à peu transformé en celui d’une comédie, une sorte de Commedia dell’Arte. Dans un sketch typique, « Notre homme à Washington », Donny supplie Poutine de le faire sortir du froid, mais Poutine lui dit : « Tiens bon, Donny, on doit d’abord mettre en place Tulsi pour la présidence. » La beauté de ce paradigme comique, c’est que ce sont les Américains qui écrivent tous les scénarios ; les Russes, comme une grande partie du reste du monde, ne peuvent tout simplement que s’asseoir et rire.
La véritable histoire derrière le faux récit de l’“ingérence russe” s’est désormais déplacée vers l’espionnage illégal par l’administration Obama de la campagne Trump, le tout justifié par des preuves concoctées par eux-mêmes. Mais cela semble trop subtil pour la plupart des auditeurs. Cela soulève également la question de savoir quand les responsables américains vont cesser de mentir et de faire des choses illégales et quand des mesures seront prises à cet égard. Et puisque les réponses à ces questions semblent être : “jamais, au grand jamais”, on va juste assister à encore plus de la même absurdité sordide et donc pas trop amusante. Mais le plus important est que des développements beaucoup plus amusants sont à l’ordre du jour…
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Pour les élites globalistes qui tentent encore de contrôler votre destin, vous êtes soit du lait, soit de la viande [“meat” en anglais]. Dès qu’ils ne pourront plus vous traire pour payer vos dettes ou votre loyer, on vous demandera, à vous et à vos enfants, de vous présenter à l’abattoir. Mais vous devez vous porter volontaire pour être trait ou haché menu, sinon, il serait trop difficile de vous transformer de manière efficace et rentable. Par conséquent, il est possible de penser à des façons de rendre trop chère votre exploitation, de sorte qu’ils puissent abandonner l’idée d’essayer de vous utiliser pour s’enrichir davantage et vous laissent en paix.
Le volontariat, dans ce cas, n’est pas entièrement un exercice de votre libre arbitre. Plus probablement, depuis votre plus jeune âge, vous avez été endoctriné dans un certain système de valeurs. Même si vous êtes l’un des rares à avoir conservé une capacité d’esprit critique, il y a de fortes chances que vous ayez été intimidé pour accepter ce système de valeurs sans hésitation. Même les individus volontaires et rebelles ont tendance à ne remettre en question que la mise en œuvre de ce système de valeurs et à dénoncer ce qu’ils considèrent comme de l’hypocrisie ou de l’inaction, mais il est peu probable qu’ils remettent en question ses axiomes fondamentaux, car ce faisant, ils risquent l’ostracisme.
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Le philosophe Slavoj Žižek a, entre autres, fait une distinction utile entre la violence subjective, qui a lieu entre les individus, et la violence systémique, qui est perpétuée par les institutions. Žižek est marxiste, et une partie de sa justification pour introduire cette distinction est de justifier la violence révolutionnaire comme moyen de s’opposer à la violence systémique des systèmes oppressifs. Cela peut se discuter puisque la violence révolutionnaire est souvent elle-même systémique, née d’une idéologie qui dicte un changement radical d’une sorte ou d’une autre, alors que le résultat final d’un changement révolutionnaire selon les lignes marxistes est souvent un État totalitaire qui élève la violence systémique à un tout autre niveau. Peu importe : je pense que la distinction est cependant utile.
Elle est utile parce qu’elle permet de tracer une certaine différence – entre l’action libre et action forcée – qui ne passe pas seulement par la violence mais par toute forme de vilenie et de perfidie. La violence subjective est un exemple de l’action libre : vous frappez une personne que vous n’aimez pas et vous effectuez un acte selon votre opinion personnelle. La violence systémique, par contre, c’est là où, par exemple, des drones dépersonnalisés se comportent comme des primates et n’ont d’autre choix que d’emprisonner les parents pour l’absentéisme de leurs enfants – rien de personnel, les règles sont les règles. Cette forme de l’action forcée traverse de nombreux aspects du comportement individuel et collectif. Le mensonge, par exemple, peut se faire en privé (pour épargner les sentiments de quelqu’un ou pour donner une leçon à un idiot) ou en public (par exemple en excluant près de 100 millions d’Américains au chômage de longue durée du calcul du taux de chômage officiel).
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Lors de la récente Assemblée générale des Nations Unies, il y avait une personne qui paraissait plus heureuse que les autres, surtout en comparaison des Européens, aux mines plutôt sombres. C’était le président iranien Hassan Rouhani. Il rayonnait positivement de plaisir et de bonne humeur. Bien que son discours ait été dur, contenant des termes tels que “terrorisme économique” et “piraterie internationale”, dont il accusait le régime de Washington, son comportement n’était que joie. En passant, il a anéanti les espoirs de Boris Johnson de négocier un rapprochement entre l’Iran et les Washingtoniens, estimant clairement que toute nouvelle tentative de négociation avec eux était tout à fait inutile.
Rohani n’est certainement pas le seul à adopter cette position, même s’il est peut-être le seul parmi les dirigeants nationaux à le faire ouvertement. Les Chinois ont fait traîner les négociations commerciales sans aucune intention de parvenir à un accord. Les Russes considèrent les négociations de maîtrise des armements avec les Washingtoniens comme plutôt inutiles, promettant une réponse symétrique (mais beaucoup moins coûteuse) à toute escalade américaine.
En effet, à quoi bon négocier avec les Américains si, comme l’expérience l’a montré, ils peuvent par la suite revenir à l’improviste sur un accord conclu ? Ils le font soit sans aucune justification (comme ce fut le cas récemment avec les Kurdes syriens), soit sur la base d’un quelconque caprice du moment (comme l’abandon du traité FNI entre les États-Unis et la Russie).
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La politique internationale est un sujet intimidant pour beaucoup. Pour comprendre ce qui se passe, il faut connaître l’histoire, avoir une expérience de première main de divers pays et cultures, une certaine compréhension des langues étrangères (puisque l’information disponible en anglais a tendance à être incomplète et tendancieuse dans une direction particulière) et bien d’autres choses. Mais il existe une autre approche qui peut produire de bons résultats même pour un enfant de sept ans : la lecture des expressions faciales et du langage corporel des dirigeants mondiaux.
Quand tout est normal, les dirigeants du monde parviennent généralement à ne pas montrer leur émotions, comme au poker ou (dans le cas des politiciens américains), à sourire bêtement avec un regard vide et fixe. Mais quand les choses deviennent intéressantes, toutes sortes de tics, de grimaces et d’étranges gestes et postures commencent à apparaître. Et quand vous voyez l’un des “leaders mondiaux” (entre guillemets parce que j’utilise le terme de façon facétieuse) qui a l’air de voir défiler toute sa vie devant ses yeux lors d’une conférence de presse commune, vous pouvez être sûr qu’il se passe quelque chose de très funky.
Voici donc dans ce cas le nouveau président ukrainien, Vladimir Zelenski, élu par le peuple, apparaissant aux côtés de Donald Trump et cherchant le monde entier du regard comme s’il ne voulait vraiment pas y être. Un enfant de sept ans intelligent vous en dirait autant (j’ai vérifié), mais nous, les adultes, nous voulons en savoir plus. C’est pourquoi je vais me faire un plaisir de vous donner quelques détails importants.
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Ça n’aurait pas pu arriver à une plus belle usine de traitement du pétrole. Elle était là, assise dans le désert saoudien, à traiter sept millions de barils par jour de pétrole brut, défendu par des centaines de milliards de dollars de systèmes d’armes “made in USA”, et les Yéménites l’ont mise en bien mauvais étét avec quelques drones qu’ils ont assemblés à coups de marteau dans un garage éventré par les bombes [saoudiennes], programmé par un nerd, neveu d’Al-whiz. Et maintenant, tout d’un coup, 8 % de la production mondiale de pétrole ne peut plus être expédiée parce que tant qu’elle n’est pas traitée ce n’est pas exactement du pétrole. Que s’est-il passé, qui est responsable et qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Permettez-moi de vous expliquer tout cela…
Les gisements de pétrole saoudiens sont encore abondants, mais plutôt âgés et le pétrole n’en jaillit plus comme autrefois. Ils doivent faire l’objet d’une série constante de lavements d’eau de mer à haute pression. Et ce qui en résulte n’est pas exactement du pétrole, mais plutôt un échantillon de selles. L’usine de traitement d’Abqaiq, la plus grande au monde, nettoie ce liquide et le transforme en quelque chose qui pouvait être chargé dans des camions-citernes et expédié aux raffineries.
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Beaucoup de gens ont eu beaucoup de choses à dire au sujet du renvoi par Trump de son odieux et belliciste conseiller en matière de sécurité nationale John Bolton, mais aucun d’entre eux n’a dit ce qui semblait évident. C’est donc à mon tour, une fois de plus, d’entrer dans la brèche et de mettre tout le monde au parfum sur la logique de la folie de Trump, car elle existe réellement. Elle est simple, solide comme le roc et surtout efficace. De plus, cela fonctionnera à chaque fois, et personne ne peut rien faire pour l’arrêter.
Trump a été élu président. Il s’agit d’une position d’autorité considérable, mais il doit quand même fonctionner dans le cadre d’un système washingtonienen grande partie corrompu et illusoire. Les agents de longue date dans le marais de Washington ont l’habitude de s’appliquer leurs propres lois pour eux-mêmes et de promouvoir fidèlement les intérêts de leur propre caste qui sont : s’accrocher au pouvoir ; et piller le trésor. Ils ont aussi l’habitude de générer leur propre réalité avec leur image du monde et de leurs propres capacités qui est en fort désaccord avec ce qui se passe réellement. Ce sont les gens avec qui Trump est forcé de travailler.
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Supposons que vous soyez Américain. Et supposons que vous ayez passé les 60 dernières années à vous reposer tranquillement dans un congélateur après vous être injecté de façon experte suffisamment de glycérine pour empêcher les cristaux de glace de perturber vos membranes cellulaires. Dieu seul sait pourquoi vous avez fait ça, mais c’est du passé maintenant. Quoi qu’il en soit, nous sommes maintenant en 2019 et pour une autre raison insondable, vos arrière-petits-enfants vous sortent du congélateur, vous décongèlent, vous envoient plusieurs chocs électriques avec un aiguillon à bétail pour faire battre votre cœur, vous font marcher pendant un moment en vous donnant un café noir bien fort et vous voilà de nouveau, comme neuf et prêt à agir.
Ensuite, vos arrière-petits-enfants (c’est du moins ce qu’ils vous disent) commencent à vous parler de la vie en Amérique en 2019. Ils vous disent que le loyer représente maintenant la moitié de leurs revenus et qu’ils ne peuvent même pas rêver d’acheter une maison, et encore moins espérer la posséder un jour. Ils vous disent qu’il leur faudra toute une vie pour rembourser leurs frais de scolarité à l’université et qu’ils finiront probablement par puiser dans leur épargne-retraite (s’ils en ont une un jour, mais qu’ils ne préparent pas actuellement). Ils vous disent qu’au lieu de leur laisser un héritage, leurs parents sont décédés en laissant des biens inutiles et délabrés, lestés d’énormes dettes médicales pour leurs soins palliatifs de fin de vie. Quand vous vous demandez où sont passés tous les enfants, ils vous expliquent patiemment qu’il est maintenant trop coûteux d’avoir des enfants, même avec papa et maman qui travaillent à temps plein, à moins que maman ne soit une mère célibataire, auquel cas le gouvernement la paie en fonction du nombre d’enfants qu’elle a avec différents hommes qui ne sont pas autorisés à vivre avec elle (et qui passent la plupart du temps en prison dans tous les cas).
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Donald Trump a récemment ordonné à des sociétés américaines de déplacer leur production hors de Chine vers les États-Unis. Plus facile à dire qu’à faire ! Ou plutôt à défaire. Le transfert de la production en Chine (et, dans le cas des technologies de l’information, en Inde) a permis aux entreprises américaines de profiter de l’écart salarial important et d’un environnement réglementaire moins strict afin d’être plus rentables. Elles ont dépensé ces profits excédentaires en rachetant leurs propres actions, en versant de généreux dividendes à leurs actionnaires et en utilisant leurs cours artificiellement gonflés pour justifier les salaires et primes exorbitants des dirigeants.
En cours de route, ils ont appauvri les travailleurs américains en les privant d’une base d’emplois bien rémunérés, érodé la base de compétences de la population américaine et, ce qui est peut-être le plus important, détruit la demande pour leurs produits parce que de plus en plus d’Américains ne peuvent plus se le permettre. Au fur et à mesure que ces tendances se sont manifestées, rendant la Chine prospère et les États-Unis de plus en plus affectés et appauvris avec près de 100 millions de personnes en âge de travailler sans emploi permanent, les entreprises américaines ne pouvant plus profiter de leur production délocalisée dans la même mesure ont donc profité des faibles taux d’intérêt pour emprunter des sommes énormes et continuer à les utiliser pour acheter leurs propres actions, payer des dividendes et continuer à payer des rémunérations exorbitantes à leurs cadres.
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L’article qui suit a été publié pour la première fois il y a trois ans. Depuis lors, la Réserve fédérale américaine a relevé les taux d’intérêt au-dessus de zéro, avant de les baisser à nouveau. Entre-temps, le montant total de la dette à rendement négatif dans le monde a atteint 13 000 milliards de dollars (USD). C’est plus que les budgets fédéraux 2019 combinés des États-Unis, de la Chine, de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, du Japon, de l’Italie, du Brésil et du Canada (qui, soit dit en passant, sont neuf des économies les plus grandes, les plus surdéveloppées et les plus vulnérables à l’effondrement sur la planète). Il peut sembler surprenant que les investisseurs soient prêts à prêter de l’argent à un taux d’intérêt négatif, mais c’est une offre qu’ils ne peuvent refuser : ils préfèrent perdre leur argent lentement au fil du temps plutôt que d’un seul coup.
Certains investisseurs (et banques centrales) ont décidé que les réserves en devises étrangères sont une mauvaise idée et achètent plutôt de l’or, mais cela ne changera pas la situation économique globale. Et dans l’ensemble, l’effondrement financier mondial est en pause depuis 2008, mais maintenant, quelqu’un a appuyé à nouveau sur le bouton “jouez”. Quoi qu’il en soit, le moment semble bien choisi pour dépoussiérer cet article du 7 juin 2016 et examiner une fois de plus ce que sont les taux d’intérêt négatifs et ce qu’ils font.
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Au cours des dernières semaines, deux tentatives de révolution de couleur se sont déroulées en parallèle, l’une à Moscou et l’autre à Hong Kong. Alors qu’un observateur occasionnel pourrait penser que le lien entre les deux est, au mieux, ténu, un examen plus attentif révèle que la méthodologie est exactement la même que celle qui avait été utilisée avec succès lors des divers exercices de changement de régime par le passé – plus d’une fois dans le cas de l’Ukraine – mais récemment beaucoup ont fait long feux.
En particulier, une de ces révolutions avait déjà échoué de manière assez décisive en Russie. Comme je l’ai écrit dans mon livre Shrinking the Technosphere, « La Révolution du ruban blanc au square Bolótnaya [“Marais”]à Moscou le 6 mai 2012, juste avant la réélection de Poutine comme président, n’a mené nulle part ; dans ce cas, les changeurs de régime ont été contre-productif, l’objet était plus gros que ce que les gens pouvaient avaler, et leurs agents locaux dans l’“opposition” sont maintenant parmi les personnes les plus méprisées de toute la Russie ». Et elle avait déjà échoué de manière assez décisive à Hong Kong lors de la “Révolution des parapluies” de 2014 ; après 75 jours de protestation, elle a fléchi et l’ordre public a été restauré.
J’étais prêt à déclarer le “Syndicat de la Révolution Colorée” presque mort en 2016, quand ce livre est sorti ; je suis maintenant prêt à confirmer qu’il est aussi mort qu’un clou de porte. Alors, pourquoi ses membres frémissent-ils encore ? Peut-être ne sait-il pas qu’il est mort ? Il semble que les organisations mortes, en particulier celles qui sont bien financées, sont a peine différentes des mille-pattes ou des poulets sans tête partiellement écrasés, par exemple : elles peuvent volontairement exclure toute reconnaissance de leur disparition prématurée et persister dans un état zombie. C’est ainsi que la CIA, le Département d’État américain, l’USAID, diverses ONG occidentales [dont la NED] et les médias occidentaux s’appuient tous sur des mouvements hautement coordonnés qui tentent de fomenter la révolte, de saper l’autorité légitime et d’installer un gouvernement fantoche, suivant le guide officiel de la Révolution Colorée, qui a été élaboré avec minutie dans tous ses détails. Dommage, leur méthodologie ne fonctionne plus !
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Cela fait presque trois ans que j’ai publié mon livre Shrinking the Technosphere, et un critique avisé pourrait faire remarquer que cela n’a pas fonctionné comme prévu parce que la technosphère ne s’est pas rétrécie. C’est vrai qu’il s’agissait d’un guide pratique un peu ironique, mais on ne sait pas combien de personnes ont pris la peine de le lire et de mettre en pratique ce que je prêche. Il est possible d’être un peu équivoque sur le fait que la technosphère ne rétrécit pas : par exemple, les commandes de camions lourds aux États-Unis sont en baisse de 81% par rapport à l’année dernière. Ces camions de classe 8 transportent la grande majorité des marchandises aux États-Unis et cet effondrement signale un ralentissement majeur de l’économie dans son ensemble.
La technosphère n’est peut-être pas tout à fait florissante, mais elle ne semble pas non plus particulièrement rétrécir. Ce ne sont pas les techno-optimistes qui manquent pour parler des nouvelles technologies comme les nanotechnologies, la biotechnologie, la technologie moléculaire, cellulaire et nucléaire, la technologie des cellules souches, la culture des tissus et des organes, la nanobiotechnologie, la biomimétique, la nanobionique, la nanotronique, sans parler des éternelles techno-utopies autour de l’intelligence artificielle, des énergies renouvelables, des voitures électriques sans conducteur et de l’internet des objets. “Une nouvelle révolution technologique est à portée de main !”,s’exclament-ils. D’accord, je dis, mais quelle est la nouvelle ressource surabondante pour cette nouvelle révolution technologique ?
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Pour tous ceux qui vivent en Occident (les États-Unis, l’UE et ses différents partenaires comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande) et qui veulent savoir ce qui se passe réellement dans le monde, un obstacle majeur est le filtre puissant imposé à la réalité par les médias occidentaux. Ils utilisent deux méthodes pour empêcher la réalité de s’infiltrer dans le public, l’une passive, l'autre active.
La méthode passive utilise l’omission et l’obscurcissement : certains événements et faits ne sont tout simplement pas rapportés. Certains sont délibérément supprimés, d’autres soigneusement sous-estimés, d’autres encore sont présentés dans un contexte destiné à masquer leur signification. Par exemple, toute personne suffisamment attentive aurait pu facilement établir que Robert Mueller est sénile et qu’il n’a jamais été capable de mener une enquête ou de rédiger un rapport, quelle qu’en soit la forme. Et pourtant, ce fait saillant n’a pas été rapporté du tout ; c’est une suppression volontaire.
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Certaines personnes, incapables de contester toutes les preuves que les missions Apollo sur la Lune étaient toutes truquées, se rabattent sur l’argument qu’il aurait été trop difficile de les truquer et de garder ce secret. Il est possible de les contrer simplement en leur lançant dans les pattes un petit exercice de logique : qu’est-ce qui est le plus difficile à faire, alunir six fois avec zéro perte, ou simuler le tout en gardant le silence ? Ce dernier choix n’est qu’un exercice de relations publiques, et les relations publiques ne sont pas de la science spatiale.
Une autre approche consiste à être précis. Il n’est pas particulièrement difficile de trouver de l’information sur la façon exacte dont le tout a été truqué, si vous savez où chercher. Les étapes pour simuler l’atterrissage sur la lune étaient les suivantes :
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Il y a un an et demi, le Premier ministre britannique Theresa May a stupéfié le monde en introduisant dans les relations internationales une nouvelle norme de preuve, plutôt décontractée – le “hautement probable” – en ce qui concerne le cas très étrange de l’empoisonnement de Sergei Skripal. Cela fait partie d’une technique qui s’applique comme suit. Produire une accusation non fondée contre une partie qui est “hautement probable” d’avoir commis un certain crime. Exiger que l’accusé avoue le crime, divulgue toutes les informations pertinentes et accepte de payer une réparation. Si cette demande n’est pas satisfaite, imposer une sanction.
Il est “hautement probable”, selon le gouvernement britannique, qu’un couple de touristes russes secrètement employés par une agence gouvernementale russe inexistante appelée “GRU” ait vaporisé un gaz toxique sur la poignée de la porte de la maison occupée par Sergei Skripal, un ancien officier russe qui avait été pris en train d’espionner, qui a fait de la prison en Russie et a été libéré lors d’un échange de prisonniers. Cet acte odieux consistant à étaler un gaz toxique sur la poignée de la porte s’est produit après que Skripal eut quitté sa maison, pour ne jamais y revenir. La poignée de porte était tellement contaminée par le produit toxique qu’il a fallu remplacer tout le toit de l’édifice.
Le nom du gaz toxique en question, appelé “Novichok”, a été emprunté à une série télévisée britannique. “Novichok” (le mot russe pour “apprenti”) a été soi-disant conçu par les Russes – les Soviétiques, en fait – qui l’avaient fabriqué à l’époque dans une usine à l’extérieur de la Russie, qui a ensuite été détruite par les États-Unis. La Russie – contrairement à l’URSS – n’a jamais eu de programme d’armes chimiques, du moins selon les inspecteurs internationaux, mais les Britanniques en ont toujours un, et ils ont conservé des échantillons de “Novichok” dans une installation située juste à côté du lieu de ces événements. Ils ont utilisé leurs échantillons pour identifier le gaz qui était vaporisé sur la poignée de porte, déclarant qu’il était très pur.
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Au sein de la vaste étendue bureaucratique du Pentagone, il existe un groupe chargé de surveiller l’état général du complexe militaro-industriel (CMI) et sa capacité continue à répondre aux exigences de la stratégie de défense nationale. Le Bureau de l’acquisition et de la maintenance et le Bureau de la politique industrielle dépensent quelque $100 000 par année pour produire un rapport annuel au Congrès. Il est accessible au grand public. Il est même accessible au grand public en Russie, et les experts russes se sont vraiment bien amusés à l’examiner en détails.
En fait, cela les a remplis d’optimisme. Voyez-vous, la Russie veut la paix, mais les États-Unis semblent vouloir la guerre et continuent à faire des gestes menaçants contre une longue liste de pays qui refusent de faire ce que les USA demandent ou qui ne partagent tout simplement pas leurs “valeurs universelles”. Mais il s’avère maintenant que les menaces (et les sanctions économiques de plus en plus impuissantes) sont à peu près tout ce que les États-Unis sont encore capables de faire, et ce malgré des niveaux de dépenses de défense absolument astronomiques. Voyons à quoi ressemble le complexe militaro-industriel américain à travers une lentille russe.
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La Route de la Soie originelle était une route commerciale qui reliait l’Empire romain à la Chine, d’où venait la soie. On l’appelait ainsi parce que la soie était au cœur du commerce. La soie arrivait en Europe, l’or et les produits de luxe en partait. La soie était importante parce que les vêtements de soie portés contre la peau empêchaient les poux sur le corps, et les riches citoyens romains étaient prêts à payer avec de l’or pour cette soie, parce que l’alternative était de regarder leurs femmes et concubines se gratter. En plus de porter de la soie, les Romains construisaient des bains, ainsi que des aqueducs pour les approvisionner. La procédure romaine d’épouillage consistait à se faire épiler tous les poils de son corps (ouch !), à se huiler, à transpirer en faisant semblant de se reposer, puis à se gratter la peau avec un outil en forme de faucille appelé strigile. Ensuite, ils trempaient dans un bain chaud, enfilaient des sous-vêtements de soie et restaient exempts de démangeaisons jusqu’au lendemain du bain.
Les Romains dépensaient tellement d’or pour la soie chinoise qu’il ne leur resta plus assez d’or pour payer leurs légionnaires, ce qui provoqua de nombreuses révoltes et révolutions, et finalement ils durent diluer leur monnaie, qui, à la fin de l’Empire, contenait surtout du cuivre. L’or a fini en Chine, où il a causé une corruption sans fin, parce que les fonctionnaires impériaux, qui recevait l’or en échange de la soie, qu’ils obtenaient de la paysannerie qui élevaient eux le ver à soie, l’utilisaient pour s’enrichir plutôt que pour augmenter le trésor impérial. Après avoir développé l’exécution de fonctionnaires corrompus, on a découvert qu’ils enterraient toujours leur trésor par anticipation, afin que leurs familles puissent le récupérer après leur exécution. Le plan B a donc été d’exécuter tous les membres des familles de ces fonctionnaires. Cette situation a entraîné à son tour une grave pénurie de fonctionnaires impériaux. Ainsi, le commerce de la soie provoqua l’effondrement de deux empires – le Romain et le Chinois – le premier par manque d’or, le second par excès, et tout cela à cause d’un certain parasite de la peau.
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Le sommet du G20 qui s’est tenu la semaine dernière à Osaka a été un événement marquant : il a montré à quel point le monde avait changé. Les pièces maîtresses de la nouvelle configuration sont la Chine, la Russie et l’Inde, l’UE et le Japon étant des partenaires enthousiastes et l’intégration eurasienne étant la priorité absolue. L’ordre du jour était clairement établi par Xi Jinping et Poutine. May, Macron et Merkel – les dirigeants européens ne méritant pas vraiment ce titre – étaient clairement relégués en périphérie ; deux d’entre eux sont en train de s’en aller tandis que celui qui garde sa place (pour l’instant) ressemble de plus en plus à un toyboy. Les Européens ont perdu leur temps à marchander sur la question de savoir qui devrait diriger la Commission européenne, pour ensuite faire face à une rébellion ouverte sur leur choix dès leur retour au pays.
Et puis il y a eu Trump, qui se lâche maintenant que la farce de Robert Mueller est arrivée à son inévitable conclusion. Il courait dans tous les sens pour savoir lequel des “partenaires” de l’Amérique peut encore être jeté sous le bus avant que le toit ne s’écroule sur la Pax Americana. C’est un vœux pieux parce qu’il n’a plus de munitions. Il a déjà menacé deux fois, une fois la Corée du Nord, une fois l’Iran, mais, étant donné les catastrophes en Afghanistan, en Irak, en Syrie et en Libye, sa raison l’a poussé à garder son jouet militaire bien à l’abri.
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Le monde est de nouveau au bord de la guerre, encore une fois. Et, oui, encore une fois. Et puis il n’est plus au bord de la guerre…. mais attendez, il y a plus ! Bien sûr qu’il y a plus, il y a toujours “plus”. Les groupes aéronavals américains se dirigent vers la Corée du Nord … ou bien non, pas vers la Corée du Nord. Ils se promènent sans but, loin de la Corée du Nord, mais d’une manière très menaçante. Puis Trump et Kim Jong Un se rencontrent, s’entendent bien, signent un bout de papier qui ne veut rien dire et se séparent en amis. Aujourd’hui, les porte-avions sont beaucoup moins menaçants. Puis Trump et Kim se rencontrent à nouveau, pour signer un autre bout de papier insignifiant, mais John Bolton la ramène et le marché est rompu. Mais Trump et Kim continuent d’échanger des lettres d’amour, donc leur bromance n’est pas morte. Quoi qu’il en soit, la guerre entre les États-Unis et la Corée du Nord n’est pas seulement impossible à gagner, mais aussi à imaginer. La capitale de la Corée du Sud est à portée de tir de l’artillerie nord-coréenne et toutes les bases militaires américaines de la région sont à portée des roquettes nord-coréennes. La guerre avec la Corée du Nord est définitivement impensable. Donc en résumé : rien ne se passe. Alors, c’était quoi tout ça ?
Maintenant, parlons du Venezuela. Son chef démocratiquement élu est déclaré usurpateur et un remplaçant approprié est trouvé sous le nom de “Guido-hasard”. Les États vassaux américains du monde entier sont contraints de lui accorder une reconnaissance diplomatique en tant que président du Venezuela, même si ce n’est qu’un type pris au hasard dans un appartement à Caracas. Des camions sont incendiés sur un pont entre la Colombie et le Venezuela. Ils transportaient des marchandises humanitaires telles que des bobines de fil de fer. On parle d’intervention militaire, mais ce ne sont que des paroles. La Banque d’Angleterre confisque l’or vénézuélien, les États-Unis gèlent les comptes bancaires de la compagnie pétrolière vénézuélienne aux États-Unis et les remettent à une bande de Vénézuéliens louches qui le volent. Cette partie a du sens ; le reste ? Euh... Quoi qu’il en soit, une incursion militaire américaine au Venezuela n’est pas envisageable : Le Venezuela possède des systèmes de défense aérienne russes qui en font une zone d’exclusion aérienne pour l’armée de l’air américaine ; en outre, la lutte contre une guérilla dans la Selva vénézuélienne n’est pas quelque chose dont l’armée américaine est capable. Résumé : il ne se passe rien, encore une fois.
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