• Parmi les signatures régulières que nous affectionnons et auxquelles nous prêtons grande attention sur le net, il y a celle du russe Dimitri Orlov. • Il est le créateur d’une forme de pensée que l’on pourrait désigner comme une “science de circonstance”, une “science” suscitée par les circonstances même que nous traversons et que nous décrivons et désignons nous-mêmes comme la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES) : la “collapsologie”, ou “science de l’effondrement”. • Nous pensons que suivre régulièrement ses écrits est d’un intérêt qui rencontre complètement l’orientation de dedefensa.org : cela peut être fait grâce à nos excellents rapports avec Le Sakerfrancophone, qui reprend systématiquement les textes d’Orlov (en général deux par semaine) et les traduit en français. • Avec l’accord du Sakerfrancophone, que nous remercions bien chaleureusement, nous allons donc reprendre les textes d’Orlov dans cette rubrique propre intitulée “Le monde d’Orlov”. • Son fonctionnement est régi par les mêmes règles que celui d’Ouverture Libre mais cette rubrique a désormais une place structurelle dans dedefensa.org. • Le premier texte, une interview d’Orlov par Le Sakerfrancophone du 15 juin 2016, à l’occasion de la sortie en français du livre d’Orlov (Les cinq stades de l’effondrement aux éditions Le retour aux Sources) sert parfaitement de présentation de cet auteur.
Il n’y a qu’une seule mythologie trinitaire qui mérite d’être discutée, et c’est le christianisme. Le Dieu chrétien est la Sainte Trinité, composée du Père (le vieux Dieu hébreu), du Fils (Jésus-Christ) et du Saint-Esprit. Dieu le Père est arrivé par l’intermédiaire des textes sacrés juifs, qui se sont trouvés être à vendre juste au moment où le christianisme a commencé à se développer, les Juifs venant de perdre une sale guerre contre les Romains, qui les ont ensuite délogés (encore une fois) de Palestine. Avant d’acheter en gros les textes sacrés juifs, les chrétiens étaient considérés par d’autres sectes, plus instruites, comme « un peuple sans livre ».
L’incorporation des textes sacrés juifs dans la secte chrétienne naissante était en quelque sorte une bénédiction mitigée, car ces textes sont criblés de contradictions internes. Prenons, par exemple, l’exemple assez simple du meurtre. L’Exode 20:13 est très clair sur ce point : « Tu ne commettras pas de meurtre ». Cela concorde assez bien avec les enseignements du Christ, qui vont tout à fait dans le sens opposé au meurtre : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. » [Luc 6:27-28] La justification d’une telle indulgence est que pour punir il faut d’abord juger et que juger est une prérogative de Dieu que les chrétiens ne doivent pas usurper : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés. » [Matthieu 7:1]
Vous pourriez vous exclamer : “Ce n’est pas une façon de gérer un bordel digne de ce nom”, et vous auriez raison, bien sûr. Et c’est ici que l’Ancien Testament a été très utile pour subvertir l’enseignement chrétien originel et le faire servir aux besoins non seulement des tenanciers de bordels mais aussi des empereurs sanguinaires, des maniaques de l’homicide et des oligarques rapaces. Dans l’Exode, qui nous exhorte à ne pas tuer, il est dit ceci : « Quiconque couchera avec un animal sera mis à mort ». [Exode 22:19] Zoophiles, prenez garde ! L’adultère est également un crime capital : « Si un homme commet un adultère avec la femme de son prochain, l’adultère et la femme adultère seront mis à mort. » [Lévitique 20:10] Tout comme l’homosexualité : « Si un homme couche avec un mâle comme avec une femme, tous deux ont commis une abomination ; ils seront mis à mort » [Lévitique 20:13].
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Je n’ai pu m’empêcher de remarquer un phénomène très curieux qui s’est récemment emparé de l’Europe occidentale et qui ressemble beaucoup à un culte du cargo, mais à l’envers.
Dans un culte du cargo classique, les tribus indigènes qui se sont habituées à l’indignité des vols réguliers qui leur apportent une aide humanitaire sous la forme, par exemple, de bière et de pizzas, lorsqu’elles sont privées de cet affront à leur dignité, construisent de fausses pistes d’atterrissage avec de fausses tours de contrôle et des feux de joie en guise de feux de piste dans l’espoir d’attirer davantage d’avions de transport chargés de la bière et des pizzas susmentionnées.
Dans le cadre d’un culte du cargo inversé, les tribus indigènes, qui se sont habituées à l’indignité des vols réguliers apportant une aide humanitaire sous la forme, par exemple, de bière et de pizza, ayant soudainement pris conscience de l’effet délétère de la bière et des pizzas sur la santé publique, – le pergélisol arctique ou l’alignement planétaire dans mon analogie, – se mettent à barricader les pistes d’atterrissage et à démonter les tours de contrôle dans l’espoir d’empêcher l’atterrissage d’autres avions de transport chargés de la bière et des pizzas susmentionnées. Les indigènes restent alors affamés et sobres jusqu’à ce que la raison revienne et que le trafic aérien soit rétabli.
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Les éoliennes et les panneaux solaires peuvent-ils remplacer les combustibles fossiles ? Beaucoup de gens semblent encore y croire, même après le récent flot de mauvaises nouvelles sur ce front, mais quelques personnes commencent déjà à se douter de quelque chose.
Bien que certains prétendent que les parcs éoliens et solaires ont un EROEI(Energy Returned on Energy Invested) de 5 ou même 7, il est facile de prouver que ce n’est pas le cas. Si, pour chaque kWh d’énergie investi dans la conception, la commercialisation, la production, l’installation, l’entretien, l’enlèvement et la mise au rebut en toute sécurité, ils devaient rapporter 5 ou même 7 kWh au cours de leur durée de vie utile de 20 ans, en supposant un coût de l’énergie constant (corrigé de l’inflation), ils produiraient au moins 400 % de profit pur ! Comparez cela à un dépôt bancaire ou à un placement à revenu garanti rapportant 3 % de plus que l’inflation (si vous pouvez en trouver un !). Sur les mêmes 20 ans, il ne produirait qu’un profit de 80 %, ce qui équivaut à un EROEI de seulement 1,8. Si les installations éoliennes et solaires étaient si lucratives, leurs promoteurs ne demanderaient pas de subventions gouvernementales ; ils fuiraient les foules frénétiques d’investisseurs criant « Tais-toi et prends mon argent ! ». Un tel taux de rendement, énorme et garanti, est quelque chose pour lequel on est prêt à tout risquer (même d’aller en prison).
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« Dans la cosmologie chinoise, l’univers se crée à partir d’un chaos primaire d’énergie matérielle, organisé selon les cycles du Yin et du Yang et formé en objets et en vies. Le Yin est le principe réceptif et le Yang le principe actif, vu dans toutes les formes de changement et de différence, comme le cycle annuel (hiver et été), le paysage (ombre orientée vers le nord et luminosité orientée vers le sud), l’accouplement sexuel (féminin et masculin), la formation des personnages, hommes et femmes, et l’histoire sociopolitique (désordre et ordre). » [Feuchtwang, Stephan (2016). Les religions dans le monde moderne : Traditions et transformations].
Les dualités Yin-Yang sont nombreuses, mais l’une des plus facilement observables est la distinction féminin-masculin : le dimorphisme sexuel essentiel de l’Homo Sapiens. Les membres de notre espèce sont incapables de fonctionner – que ce soit en tant que bandes, tribus, nations ou civilisations – sans maintenir des rôles de genre distincts et un équilibre dynamique entre les manières d’être masculines et féminines. L’histoire des cultures et des civilisations effondrées, qui traversent souvent une période de déviance et de décadence sexuelles à l’approche de leur fin, offre un flot ininterrompu de leçons d’objets sur la validité de ce modèle cosmologique. Toutes les cultures antérieures qui ont nié le dimorphisme sexuel humain, y compris l’actuelle crise de dysphorie sexuelle qui frappe l’Occident, sont les signes révélateurs d’une culture défaillante et on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’elle s’éteigne biologiquement dans un avenir proche.
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Le prix au comptant du gaz naturel en Europe vient de franchir le seuil psychologiquement important de 1000 dollars par millier de mètres cubes, soit un dollar par mètre cube. Cela a déjà eu des conséquences importantes dans toute l’Europe. Au Royaume-Uni, les usines d’engrais ne peuvent pas fonctionner à de tels prix et ont fermé leurs portes. Cela entraînera plus tard une inflation des prix des denrées alimentaires, mais l’effet immédiat est de priver les consommateurs de viande emballée et de bière en raison d’une pénurie de glace carbonique qui est un sous-produit de la production d’engrais. Pendant ce temps, de l’autre côté de ce qui reste de l’Union européenne, dans les petits États baltes, les prix de l’électricité sont désormais dix fois plus élevés que de l’autre côté de la frontière, en Russie. Bien sûr, ils sont les bienvenus pour acheter de l’électricité bon marché et abondante à la Russie, mais celle-ci doit passer par le Belarus et la Lituanie et les Lituaniens ont stratégiquement brisé les relations avec le Belarus en hébergeant la fugitive Tikhanovskaya, la reine des côtelettes, qui est une sorte de Juan Guaidó belarusse.
De l’autre côté du Belarus se trouve l’Ukraine, où les choses sont encore plus amusantes. Au printemps 2019, l’Ukraine a refusé l’offre gracieuse de la Russie de lui vendre du gaz à 240-260 dollars par millier de mètres cubes (un quart du prix spot actuel) et a préféré l’acheter sur le marché spot. Le résultat est que l’Ukraine a besoin de 13 milliards de mètres cubes de gaz en stockage pour passer la saison de chauffage mais en a moins de 5. Mais elle peut toujours acheter ce dont elle a besoin sur le marché au comptant, non ? C’est faux ! L’Ukraine est fauchée et n’a rien prévu dans son budget à cet effet. Heureusement, elle peut encore acheter de l’électricité bon marché à la Russie, du moins jusqu’à ce que les nationalistes ukrainiens décident de faire sauter les lignes de transmission vers la Russie, comme ils l’ont fait avec celles qui mènent à la Crimée russe il y a quelque temps, provoquant des pénuries d’énergie dans cette région et forçant les Russes à construire un pont énergétique depuis le continent, un processus qui a pris près d’un an.
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Après quelques dizaines, voire centaines de millénaires au cours desquels l’Homo sapiens a vécu en compagnie d’une multitude de dieux, de déesses et de choses semblables à des dieux (ainsi qu’une bonne poignée de démons, de lutins et de trolls), l’idée est venue de mettre fin à cette folie et, par mesure disciplinaire, de déclarer qu’il n’y a qu’un seul Dieu que tout le monde doit obligatoirement adorer et vénérer. Cela a fait couler beaucoup de sang, jusqu’à ce qu’on parvienne à une sorte d’impasse tendue, dans laquelle divers théologiens ont confirmé, tout en se tortillant sur leurs sièges, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qu’il s’agisse du Dieu des juifs ou des musulmans, malgré des différences doctrinales mineures telles que le droit d’avoir plus d’une épouse ou la question de savoir si les adultères en série doivent être lapidés à mort par une foule enragée ou invités à des talk-shows avec leurs multiples amants éconduits.
Le monothéisme trouve son origine dans le zoroastrisme, né en Perse au VIe siècle avant Jésus-Christ. Dans son état actuel, cette mythologie religieuse est représentée par ses deux formes les plus répandues : le judaïsme et l’islam. Toutes deux peuvent être résumées de manière adéquate par l’affirmation « Il n’y a pas d’autre Dieu que G-d/Allah ». Cette déclaration de négation indique que tout ne va pas bien avec l’aspect “mono” du monothéisme : la nécessité de la négation admet ipso facto la possibilité de l’affirmation tout en soulignant son caractère indésirable. En plein dans le deuxième livre de l’Ancien Testament se trouve la ligne suivante : « Moi, Yahvé ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… » [Exode 20] “Jaloux de qui ?”, s’interrogent automatiquement les esprits curieux. Ainsi, la formule pertinente du monothéisme, qui défie l’arithmétique, est 1≠1.
Notez que si le christianisme est généralement considéré comme monothéiste, j’ai choisi de l’omettre car son statut monothéiste est un point de discorde. Les chrétiens adorent la Sainte Trinité, qui est simultanément Dieu, et ce marché de trois pour le prix d’un frappe certains musulmans fondamentalistes comme étant polythéiste. De même, la croyance en la Trinité est considérée comme incompatible avec le judaïsme. Nous reviendrons plus tard sur le christianisme, ses structures anatomiques et ses pathologies communes.
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Le prix au comptant du gaz naturel en Europe a dépassé les 900 dollars par millier de mètres cubes, le seuil psychologiquement important de 1 dollar par mètre cube n’étant pas loin. Il s’agit d’un prix astronomique qui risque de mettre en faillite un grand nombre de compagnies d’énergie européennes tout en provoquant la mort de leurs clients cet hiver.
Rien qu’au Royaume-Uni, où environ 10 000 personnes meurent de froid au cours d’un hiver normal avec des prix normaux, jusqu’à présent, PfP Energy, MoneyPlus Energy, People’s Energy et Utility Point ont dit adieu au monde, leurs clients étant récupérés par l’organisme de réglementation gouvernemental Ofgem. Agissant avec sagesse, Ofgem a augmenté le plafond annuel des prix pour un ménage type de 139 £ pour le porter à 1 277 £.
Qu’est-ce qui se cache derrière tout ce chaos et cette pagaille ? Appelez ça le salaire de la stupidité.
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Un ensemble de mythes englobe le polythéisme sous toutes ses formes et est symbolisé par l’expression mathématiquement invalide [0 = ∞]. Le nombre est zéro parce que dans ce schéma, il y a exactement zéro dieu réel. Ici, 0 est très différent de l’état NULL dont nous avons parlé précédemment, qui est le déni acharné des athées et/ou l’absence expérimentée de tout ce qui est divin. Zéro est également l’infini puisque le nombre de dieux, de déesses et de dieux en minuscules n’est limité par aucun principe. Si vous avez une déesse de la forêt, alors pourquoi pas une déesse de l’arbre, une déesse du buisson, une déesse de l’arbuste et une déesse du jeune arbre ? Ajoutez une bonne poignée de nymphes, de trolls et de gobelins pour compléter le tableau.
Une autre distinction est que NULL semble être un état transitoire indiquant une crise alors que [0 = ∞]est un état stable que l’Homo sapiens a connu et continuera vraisemblablement à connaître au cours d’innombrables millénaires. Diverses religions et cultes monothéistes, symbolisés par [1≠1, 1+1=1 et 1+1+1=1], dont nous parlerons plus tard, occupent une position intermédiaire : ils ne sont pas transitoires ; ils ne sont pas non plus permanents, mais tendent à se dégrader vers [0 = ∞] au fil du temps.
Les dieux en minuscules forment un continuum allant d’entités véritablement divines qui créent et détruisent des mondes et ne peuvent être apaisées que par des sacrifices humains réguliers, de préférence des vierges, à des humains déifiés dont les restes momifiés reposent perpétuellement dans des mausolées, en passant par des pop stars et des célébrités et jusqu’à de petites idoles – les dieux de la cuisine chinoise, par exemple, qui sont des statuettes que l’on peut apaiser correctement en les enduisant de saindoux une fois par an. Les fétiches et les talismans se situent à l’extrémité de ce continuum. L’existence de “figurines de Vénus” néolithiques montre que cela dure depuis au moins quelques milliers d’années, probablement beaucoup plus longtemps, ce qui accrédite la théorie selon laquelle le penchant pour la mythologie religieuse est un trait évolué de l’Homo sapiens que les athées scientifiques sont assez stupides pour essayer de combattre : les dieux, les êtres et les choses divines sont peut-être des logiciels, mais ces logiciels fonctionnent sur un matériel dédié, à usage spécial, intégré dans le crâne humain.
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NULL est NULL est NULL. NULL est différent de zéro qui signifie lui qu’il n’y a rien ; NULL signifie que nous ne savons pas ce qu’il y a et que nous ne nous en soucions pas. NULL n’est égal à rien, pas même à lui-même, puisqu’il n’y a pas de base de comparaison ; par conséquent, tout ce que l’on peut dire à son sujet est qu’il est NULL, une tautologie. Il y a une variété presque illimitée d’adeptes de NULL, tout comme il y a une variété presque illimitée de poteries cassées dans les décharges du monde, mais un exemple particulièrement omniprésent est l’Homo trivialis : le cas dégénéré d’un Homo sapiens non-sapiens, un homme qui ne se préoccupe de rien de plus noble qu’un ventre plein, une libido satisfaite et un endroit chaud et sec pour dormir. Le spécimen typique de l’Homo trivialis est un consommateur satisfait de bière, de féculents, d’aliments gras et de sports télévisés. Il peut aussi s’agir d’une femme, dont les préoccupations sont centrées sur ses cheveux, ses ongles et ses chaussures, avec en prime des seins, des lèvres et des fesses améliorés par la chirurgie.
Parmi les adeptes de NULL, on trouve également les serviteurs enthousiastes de la technosphère. Ce sont les technophiles qui considèrent tout ce qui dépasse une conception purement mécaniste de l’univers comme une superstition de base à ridiculiser, alors que sa propre idolâtrie et fétichisation de la technologie n’est pas du tout ridicule, remarquez ! Plusieurs générations d’auteurs de science-fiction ont construit un univers technosphérique entier que vous pouvez traverser à bord du bon petit vaisseau spatial Spinal Tap qui fait Warp 11 (mais seulement dans votre imagination juvénile) (*). En réalité, l’homme n’a jamais sorti la tête de l’orbite terrestre basse, malgré toutes les absurdités de la mission Apollo, et ne le fera probablement jamais. Il s’avère maintenant que les Américains ne peuvent pas retourner sur la Lune parce qu’ils n’ont pas de combinaisons spatiales. Ces merveilleuses combinaisons spatiales qu’ils utilisaient pour s’ébattre sur la Lune ont été rongées par des rats de l’espace et ils ne peuvent pas en fabriquer de nouvelles parce qu’ils ont perdu le plan que leur chien a mangé. Tout cela est très crédible, bien sûr, mais seulement si vous êtes aussi crédule qu’un enfant.
(Suite)
Dans mon livre de 2016 “Shrinking the Technosphere”, j’ai décrit la technosphère comme une intelligence émergente globale non humaine dirigée par une téléologie abstraite de contrôle total, une machine en réseau avec quelques pièces mobiles humaines (de moins en moins nombreuses chaque jour), totalement dépourvue de tout sens moral ou éthique (mais habile à utiliser la moralité et l’éthique à des fins de manipulation). La technosphère peut vous maintenir en vie et vous offrir un certain confort si elle vous trouve utile, mais elle peut tout aussi bien vous tuer, ses technologies meurtrières étant parmi les plus avancées. J’ai fait valoir que nous devrions nous efforcer de réduire la technosphère, non pas en l’éliminant complètement, car cela entraînerait la mort de milliards de personnes, mais en la maîtrisant et en devenant son maître plutôt qu’elle ne soit notre maître.
Mon livre a défini la moitié du problème, mais en se concentrant sur la seule technologie il a ignoré l’autre moitié en plaçant hors de portée une question importante : qu’est-ce qui motive la totalité de l’activité humaine ? Oui, la technosphère ne se soucie pas particulièrement de savoir si nous vivons ou mourons. Si nous devons maîtriser en la réduisant la technosphère, dans quel but ? La technosphère est puissante, et se battre contre elle requiert une certaine dose d’héroïsme et de don de soi. Qu’est-ce qui peut nous pousser à devenir des héros ? La peur de la mort ? Mais la peur n’a jamais produit de héros. Pourquoi essayer d’être un héros si la seule lâcheté peut produire des résultats similaires ?
Ce qui peut maîtriser et réduire la technosphère, ce n’est pas vous ou moi et nos efforts dérisoires et pathétiques, mais des forces culturelles et civilisationnelles qui échappent à notre contrôle. Pour les comprendre, nous devons d’abord admettre que rien n’est hors de portée. Nous devons commencer par examiner la variété des mythologies religieuses qui servent de base à la plupart des motivations humaines. Certaines d’entre elles limitent la technosphère de manière délibérée, tandis que d’autres la laissent se déchaîner. Ces mythologies, ainsi que tout ce qui est construit au-dessus d’elles, constituent la noosphère de la Terre, que je vais tenter de décrire.
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Les événements récents m’ont obligé à interrompre ma programmation habituelle pour vous présenter un rapport sur l’évolution de la situation en Afghanistan et ce qu’elle laisse présager, selon moi, pour les États-Unis. Les États-Unis et l’OTAN ont finalement quitté l’Afghanistan après une occupation qui a duré 20 ans. À l’heure actuelle [28 août 2021], ils gardent toujours un pied à l’aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, d’où ils tentent de rapatrier leurs ressortissants ainsi que les Afghans qui ont servi l’occupation. Ces collaborateurs craignent désormais pour leur vie face aux talibans, qui ont rapidement pris le contrôle de la quasi-totalité du pays dans le cadre de ce qui est probablement l’opération de changement de régime la moins sanglante que cette partie du monde ait jamais connue.
L’occupation américaine de l’Afghanistan a été rationalisée sur la base d’un édifice entier de mensonges. À la base, il y avait le mensonge du 9/11. Au-dessus, il y a eu le mensonge de la lutte contre le terrorisme (tout en formant et en équipant les terroristes). Quelque part en chemin, le mensonge de l’aide au développement de l’Afghanistan pour transformer le pays en une démocratie dynamique et moderne, avec égalité des sexes et autres cloches et sifflets, a été ajouté à cette structure déjà stupéfiante (alors que le seul développement réel fut celui du commerce de l’héroïne). Et, bien sûr, à tout cela s’est ajoutée une quantité vraiment stupéfiante de corruption et de vol.
Si l’on en croit le récit officiel, Oussama Ben Laden était une sorte de Jésus des temps modernes qui a répété le miracle des pains et des poissons, mais avec des gratte-ciel, en faisant tomber trois d’entre eux (WTC 1, 2 et 7) avec seulement deux avions. Un autre de ses miracles a été de faire en sorte qu’un avion de ligne entier, piloté par un amateur, effectue des acrobaties aériennes vraiment stupéfiantes qu’aucun avion de ligne n’a jamais effectuées avant ou depuis, en se crashant sur un mur du Pentagone avec moteurs, sièges, bagages, corps et tout, laissant derrière lui une petite ouverture carbonisée et une partie d’un missile de croisière qui avait apparemment été caché à bord et qui a ensuite été emporté enveloppé dans une bâche sur les épaules de quelques messieurs en tenue de bureau, très nerveux et à l’air mécontent . Un autre avion rempli de passagers a laissé une petite fosse calcinée dans le sol et des enregistrements de conversations téléphoniques plutôt scénarisées tenues alors que l’avion supposé se trouvait dans une zone sans couverture téléphonique. Ben Laden a orchestré toute cette pagaille par téléphone satellite, ou par télépathie, sans jamais quitter le confort de sa grotte en Afghanistan. Je vous encourage à croire à ce récit parce que croire l’alternative peut vous faire perdre la tête. Cela a été le cas pour beaucoup de gens.
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Les missiles sont importants. Ils sont symboliquement importants, en tant que manifestation la plus virile, masculine et phallique du concours entre superpuissances. Pour reprendre l’hymne national américain : “L’éclat rouge des missiles… a prouvé dans la nuit… que notre drapeau était toujours là”. Pas de missiles – pas de drapeau – pas de « patrie des braves ». Les missiles sont importants d’un point de vue stratégique : si les missiles de l’autre camp lui donnent la possibilité de détruire votre camp en toute impunité, votre stratégie consiste à négocier les conditions de votre reddition.
Ils sont également importants sur le plan tactique. Votre marine répugnerait à naviguer dans des eaux étrangères en sachant que ses navires pourrait être coulés sans même avoir la possibilité de riposter. Il est terrible pour le moral d’avoir des missiles tombant du ciel et explosant sporadiquement parmi votre population civile tandis que vos militaires assistent impuissants à la situation.
Tout cela fait que les missiles valent la peine d’être observés, comme je l’ai fait, et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer certains développements assez particuliers qui laissent présager des changements majeurs dans la façon dont les superpuissances doivent interagir. Tout à coup – ou pas si soudainement si vous avez été attentif – nous semblons vivre dans un monde légèrement différent.
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L’occupation américaine de l’Afghanistan est, heureusement, terminée, et la façon dont elle s’est terminée reflète parfaitement le caractère au départ erratique de cette initiative. Les États-Unis se sont retirés au milieu de la nuit, sans avertir leurs alliés et en laissant derrière eux un État fantoche s’effondrant rapidement, qu’ils ont mis en place et soutenu pendant deux décennies, pour un coût de $2 260 milliards. Pour vous donner un ordre d’idée de ce chiffre, la population de l’Afghanistan est de 38 millions d’habitants ; son revenu annuel par habitant est de 581 dollars. En multipliant les deux ensemble et le tout par 20 ans, on obtient 441,56 $milliards. Les dépenses américaines pour l’ Afghanistan ont dépassé le PIB du pays par un facteur de cinq !
Et qu’est-ce que cela a donné ? Eh bien, pendant qu’il était sous le contrôle des États-Unis (dans de nombreux cas plus théorique que réel), l’Afghanistan est devenu responsable de 90 % de l’approvisionnement mondial en opium, soit environ 58,5 milliards de dollars par an. Même s’il s’agissait d’un stratagème de corruption visant à utiliser des fonds publics pour s’emparer de l’argent sale de la drogue, l’entreprise afghane s’est avérée pitoyablement inefficace, et c’est probablement la raison pour laquelle le sujet n’est presque jamais abordé. Être dirigé par un gouvernement mafieux n’est peut-être pas particulièrement honteux pour les personnes qui ne connaissent pas la honte, mais être dirigé par un gouvernement mafieux qui ne peut même pas voler correctement est, pour les voleurs, le déshonneur ultime.
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Un boomerang est un bâton à lancer utilisé par certains aborigènes australiens. Le boomerang le plus connu est le boomerang avec effet retour : lorsqu’il rate sa cible, il décrit un cercle et revient vers la personne qui l’a lancé, lui donnant éventuellement un coup sur la tête pour l’effet comique. La plupart de ceux qui existent sont des souvenirs vendus en Australie, tout comme le didgeridoo, ce bâton creux qui fait un drôle de bruit. Telle devait être la vie en Australie avant l’arrivée de l’homme blanc : on sortait et on essayait de chasser avec un bâton tordu qui revenait en arrière et finissait par vous frapper sur la tête, puis on abandonnait et on rentrait à la maison, où on s’asseyait en faisant des bruits amusants avec un bâton creux. Pour compléter la série technologique, il y avait aussi le bâton de déterrage, pour déterrer des tubercules sauvages quand vous aviez faim.
En dehors d’une utilisation de niche consistant à débusquer le petit gibier, il s’agit d’une arme de plaisanterie qui est rarement, voire jamais, proposée à la vente dans les magasins de chasse sérieux. Des anthropologues travaillant en Australie ont trouvé un vieux squelette avec des fractures du crâne et des côtes qu’ils pensaient avoir été causées par un boomerang, après avoir exclu le didgeridoo et le bâton de fouille en raison de l’absence de bord tranchant. Cela les a amenés à penser que le boomerang aurait pu être utilisé comme une arme de meurtre et de guerre. Une autre théorie est que la pauvre personne à qui appartenait ce squelette avait simplement l’habitude de lancer son boomerang et d’oublier qu’il l’avait lancé. Il restait donc là, bouche bée, jusqu’à ce que le boomerang lui revienne en pleine face.
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Mesdames et Messieurs, je suis très heureux d’annoncer la publication (réédition) de la deuxième édition de mon livre, The Five Stages of Collapse / Les 5 Stades de l’Effondrement. Cela fait huit ans qu’il a été publié pour la première fois en anglais et cinq ans qu’il a été publié pour la première fois en français, où il s’est vendu à plus de mille exemplaires. « Ce n’est pas mal pour le marché français », m’a dit mon éditeur.
Normalement, un auteur serait très heureux de voir son œuvre aussi bien accueillie, et je le serais aussi, si ce n’était le sujet de mon livre, qui est l’effondrement sous toutes ses formes. Une partie de son succès s’explique peut-être par la curiosité intellectuelle et l’intellectualisme des lecteurs français, désireux de comprendre l’importance de cette nouvelle discipline qu’est la « collapsologie ». Mais il est naturel de soupçonner qu’une partie de l’intérêt provient des craintes sur l’avenir de la civilisation occidentale, de l’UE et de la République française. Je suis Russe, et les Russes aiment beaucoup l’art et la culture française et seraient très tristes de voir la France s’effondrer et se transformer en quelque chose de méconnaissable. Et cela rend cette occasion moins heureuse qu’elle ne le serait autrement.
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Le sommet USA-Russie de Genève, qui a fait couler beaucoup d’encre, a eu lieu et aucun commentateur ne s’est aventuré à poser une question très simple et très nécessaire : Qu’est-ce que Biden était venu demander ?
Nous savons que la partie américaine a demandé cette réunion, tandis que les Russes ont simplement accepté, y voyant une chance sans risque de mettre les choses au clair et peut-être de rétablir un minimum de coopération internationale sur des questions clés telles que la cybersécurité. Négocier un nouvel accord majeur avec les Américains n’a jamais été le plan : les Russes ont décidé il y a quelque temps que les Américains sont nedogovorosposóbnaya – incapable de respecter un accord. Si les Américains n’honorent pas les traités qu’ils ont déjà signés, comme le traité sur les missiles à portée intermédiaire ou le traité “Ciel Ouvert”, quel est l’intérêt de conclure d’autres accords avec eux pour qu’ils ne les honorent pas non plus ?
D’autre part, un tête-à-tête avec Poutine était loin d’être une entreprise sans risque pour Biden. L’opinion publique américaine a réussi à se mettre dans le pétrin en exigeant de son président qu’il soit “dur avec la Russie”. « Personne n’a été plus dur que moi avec la Russie », a récemment déclaré Trump depuis les coulisses. En effet, juste après sa conférence avec Poutine, Biden s’est retrouvé confronté à des journalistes hargneux qui lui reprochaient de ne pas avoir obtenu de Poutine des aveux sur des choses que ce dernier n’avait pas faites. Biden a dû réciter toute une litanie d’inepties – tentatives d’assassinat de Skripal et de Navalny, ingérence dans les élections, piratage informatique, etc. – toutes absurdes et non prouvées – et les Russes ont réagi à toutes ces inepties par un geste typiquement russe consistant à se tortiller l’index sur la tempe, pour indiquer que ceux qui débitent ces inepties n’ont pas toute leur tête. C’était une situation sans issue pour Biden, et pourtant il a pris le risque. Pour quoi faire ? Quel était le gros lot pour lui ?
(Suite)
La technosphère, que j’ai définie dans mon livre de 2016 “Shrinking the Technosphere” comme une intelligence émergente mondiale non humaine animée par une téléologie abstraite de contrôle total, a vu ses intérêts grandement avancés au cours de la pandémie de coronavirus de 2020-21, avec de grandes parties des populations humaines forcées de se soumettre à des mesures de contrôle qui se moquent de leurs droits humains et de leurs valeurs démocratiques tant vantés. C’était à prévoir : les technologies les plus puissantes de la technosphère sont celles qui tuent, et la façon dont elle s’en sert reflète sa haine profonde pour tous les êtres vivants, en particulier ceux qui sont volontaristes et difficiles à contrôler. Mais ensuite, la technosphère a commencé à rétrécir dans certains endroits. Elle est encore forte dans d’autres, mais il n’est pas trop tôt pour imaginer (oserais-je dire, prédire ?) comment elle pourrait continuer à rétrécir et quelles en seront les conséquences.
Dans mon livre, j’ai décrit les raisons et les méthodes qui nous permettront d’éviter de nous retrouver piégés sous la carcasse inerte de la technosphère. J’ai même fourni une feuille de route que les lecteurs pouvaient utiliser pour suivre leurs progrès en se libérant des griffes de la technosphère. Comme on pouvait s’y attendre, cela n’a servi à rien. Les seuls livres pratiques de ce monde sont les livres de cuisine ; les autres sont lus principalement pour se divertir – d’abord seul et, plus tard, lors de cocktails. Et le but de les écrire est de gagner un peu d’argent supplémentaire pour payer les baby-sitters (du moins, c’était mon cas à l’époque).
Pour comprendre ce qui semble devoir se passer, il faut d’abord se plonger dans l’ontologie de la technosphère : sur quoi fonctionne son logiciel d’intelligence émergente ? Il s’avère que, vu comme un système d’exploitation de réseau, il fonctionne en partie sur des cerveaux humains, mais surtout sur diverses puces électroniques, auxquelles est attaché un large assortiment de capteurs optiques, électromagnétiques et mécaniques. Bien que les humains exercent (pensent exercer) encore un minimum de contrôle sur la technosphère, celle-ci a une tendance naturelle à lui retirer le contrôle, même lorsqu’il s’agit de prendre des décisions de vie ou de mort, comme l’a montré un événement récent en Libye où un avion militaire sans pilote a pris de manière autonome la décision de tuer quelqu’un. Et l’exercice du contrôle nécessite des circuits de contrôle.
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Cela fait 16 ans que j’ai publié mon article« Leçons post-soviétiques pour un siècle post-américain ». Il était basé sur des prises de conscience qui m'avaient touché une décennie plus tôt, en 1996, à mon retour aux États-Unis, après avoir observé les conséquences de l’effondrement de l’Union soviétique. Depuis lors, je me suis concentré sur ce que je considérais comme les principales causes de l’effondrement, tant dans le cas soviétique qu’américain : une dette exorbitante, des problèmes dans le secteur de l’énergie et des systèmes politiques irréformables embourbés dans la corruption, leurs élites se berçant d’illusions dans leur sentiment de toute-puissance. Et voici maintenant une analogie vraiment effrayante : le baril de poudre qui a explosé sous l’URSS était le nationalisme et le séparatisme ethniques ; et le baril de poudre qui explose actuellement sous les États-Unis est l'(anti-)racisme “éveillé” : une autre marque de fascisme ethnique mais avec des caractéristiques américaines.
Cet article s’ouvrait sur le paragraphe suivant :
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“Suggérer que les féministes qui dénoncent les conneries de l’aile gauche veut dire qu’elles soutiennent les conneries de l’aile droite, c’est grossièrement sous-estimer la quantité de conneries en jeu.”
Compte tenu du haut niveau de polarisation politique aux États-Unis et, de plus en plus, en Europe occidentale, il semble assez important d’éviter de se retrouver pris entre deux feux. Certains esprits curieux voudront peut-être savoir quelle est ma position politique : suis-je un Trumpiste ou une groupie de Biden ? Suis-je un communiste ou un fasciste ? Il ne sert à rien de dire aux gens que je ne suis rien de tout cela. Les gens supposent automatiquement que si vous n’êtes pas une chose, alors vous devez être l’autre. Heureusement, j’ai un credo politique fondé sur des principes. Ce n’est même pas individuellement le mien ; je le partage avec mon collègue Sergei Vasilyev et probablement avec tout un tas d’autres personnes raisonnables qui l’accepteront volontiers comme le leur après l’avoir lu. Et donc, sans plus attendre, voici mon credo politique (et celui de Sergei).
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Dans son discours du 21 avril 2021, Poutine a fait une référence culturelle très pointue qui, si elle est exploitée, offre des indications majeures sur les événements actuels et ce qui est susceptibles de se produire.
Tout d’abord, un peu de contexte. En février 2021, Josep Borrell, le diplomate en chef de l’Union européenne, a effectué un voyage à Moscou qui a été qualifié de désastreux. Pendant son séjour, Borrell a exigé que la Russie libère Alexei Navalny, qui venait de commencer à purger sa peine pour une précédente condamnation pour fraude. En retour, M. Borrell s’est vu présenter un montage vidéo des atrocités commises par la police européenne à l’encontre de manifestants dans plusieurs pays de l’UE et s’est vu répondre qu’un tel comportement était inacceptable, laissant entendre que l’UE n’était pas en mesure de faire la leçon à la Russie en matière de droits de l’homme.
Son voyage a coïncidé avec l’expulsion d’un groupe de diplomates européens qui s’étaient ingérés dans les affaires intérieures de la Russie en s’impliquant dans des manifestations politiques dans ce pays, ce qui était incompatible avec leur statut diplomatique. Par la suite, le ministre Sergueï Lavrov a déclaré que, bien que les relations avec l’UE soient presque mortes, la Russie continuera à développer ses relations avec les différentes nations européennes. Puis, un peu moins de deux mois plus tard, plusieurs pays européens, tous anciennement membres du bloc de l’Est et désormais membres de l’OTAN, ont commencé à expulser des diplomates russes sous un prétexte fallacieux.
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