• La série des “Carnets” abrite, dans dedefensa.org, les écrits de commentaires personnels d’invités du site. • Sur ce qu'on nomme “les réseaux” ou “la toile”, il s'agit de ce qu'on désignerait en général comme un blog. • Les “Carnets”, ce sont donc les blogs des invités de dedefensa.org dont nous jugeons, en plein accord avec eux et à l'avantage et à la satisfaction de chacune des parties, qu'ils peuvent devenir des collaborateurs réguliers du site. • Il n'y a pas de limites aux sujets abordés et pas de sujets précisément assignés à ces collaborateurs : les seules exigences concernent la forme et la décence du propos, la responsabilité dans le développement du propos. • Sur le point très important du fond des textes, nous disons que dedefensa.org donne comme règle de ces “Carnets” une orientation générale des domaines abordés trouvant ses aises dans celle dont le site fait à la fois l'usage et la promotion. • Pour autant, il y a une règle impérative qui domine toutes les autres. • Il n’est pas assuré que tous les propos des invités soient dans le sens de ce qu’écrit et pense dedefensa.org, et il ne peut en aucun cas y avoir assimilation, de ce qu’écrivent nos invités avec la signature du site : l’invité est seul responsable intellectuellement de ses propos. • Il s'ensuit, cela va de soi et selon la formule consacrée, que les propos dont nous parlons n’engagent en rien et en aucune façon dedefensa.org, essentiellement bien sûr dans ce domaine intellectuel et de l'opinion. • Ces éventuelles différences et divergences ne seraient pas nécessairement signalées mais elles le seraient en cas de publicité dans ce sens ou de toute autre nécessité, avec conséquences ou pas c'est selon. • Le site décide, espérons-le en bon accord avec ses invités, des conditions diverses et de l’application des règles énoncées ci-dessus de publication de leurs écrits. (Précision technique enfin valant pour toutes nos collaborations extérieures, qui est un classique de la collaboration extérieure à un média : titres et intertitres sont de la seule responsabilité de la rédaction. Les auteurs proposent titres et inter-titres et la rédaction se réserve de les modifier dans leur formulation, bien entendu sans en déformer le sens.)
• Les Carnets de Nicolas Bonnal sont tenus par l'écrivain, essayiste et commentateur dont on peut trouver une présentation dans le Journal-dde.crisis de Philippe Grasset, le 2 octobre 2016. • Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles sur sa page Kindle/Amazon à l'adresse URL suivante:
Grand nostalgique, l’écrivain James Fenimore Cooper encense les indiens et rejette le monde moderne.
Nous avons déjà relié son œuvre à celle de Tolkien, les indiens en voie de disparition y tenant les rôles des elfes, êtres supérieurs en voie d’exil et d’extinction.
Dans son grand livre la Prairie perdue, l’universitaire Jacques Cabau écrivait :
« Là, gentleman-farmer éclairé, véritable squire à l’anglaise, il devient le prototype même de ces princes qui gouvernent alors l’Amérique, de cette nouvelle aristocratie qui s’est révoltée contre le roi d’Angleterre parce qu’elle se sait destinée au gouvernement des masses. Le drapeau frappé de treize étoiles flotte depuis quelques années seulement. On n’a pas encore inventé le dollar. On trace les plans d’une capitale digne de treize Etats fédérés. Aucune frontière ne borne l’ambition de ces trois millions d’Américains, fiers de leur liberté et de leurs sept cent mille esclaves. Mais la fédération des treize Etats si différents n’est pas encore une nation. L’esprit colonial y perpétue les traditions et les préjugés sociaux de la vieille Europe. »
(Suite)
Créature instable et périlleuse, l’occident menace le monde en se menaçant lui-même. Il a tout détruit avec le capital et les bons sentiments qui vont avec. L’impérialisme américain en phase terminale mais hystérique veut exterminer russes, chinois, iraniens et sanctionner ce qui lui résiste. Les européens (petit cap de l’Asie ou de l’Amérique ?) suivent extatiques ou éteints. En même temps l’occident s’autodétruit rageusement à coups d’oligarchie, d’écologie, de féminisme, d’antiracisme et d’humanitarisme ; il contaminera le reste du monde comme toujours.
Golem dérangé ou marionnette folle, on ne l’arrêtera pas comme cela, cet occident. Sa matrice garde son pouvoir d’attraction étrange en plein Kali-Yuga : rappelons Spengler pour qui le triomphe de l’empire romain était déjà celui du pas grand-chose sur le vide. Ceux qui applaudissent le crépuscule américain oublient que l’on navigue dans la matrice américaine – dans un marécage de signes qui aura tout noyé, traditions, culture, spiritualités.
On sait ce que Guénon pensait de l’occident et de sa mission civilisatrice. On va rappeler le grand hindouiste de Ceylan Coomaraswamy (s’il voyait ce qu’on a fait de son île…) qui écrivait vers 1945 :
« Parmi les forces qui font obstacle à une synthèse culturelle ou, pour mieux dire, à une entente commune indispensable en vue d’une coopération, les plus grandes sont celles de l’ignorance et du parti pris. L’ignorance et le parti pris sont à la base de la naïve présomption d’une «mission civilisatrice». Celle-ci apparaît, aux yeux des peuples «arriérés», contre qui elle est dirigée et dont elle se propose de détruire les cultures, comme une simple impertinence et une preuve du provincialisme de l’Occident moderne. »
(Suite)
Le pouvoir socialiste-mondialiste a honteusement, répétitivement tenté de récupérer ou de diaboliser Guy Debord (méprisant, macho, nostalgique…), mais le message du maître des rebelles demeure puissant et dur. On ne saurait trop recommander la vision du film In girum imus nocte et consumimur igni (superbe titre palindrome), qui va plus loin que la Société du Spectacle, étant moins marxiste et plus guénonien en quelque sorte (le monde moderne comme hallucination industrielle et collective). Le virage élitiste et ésotérique de ce marxisme pointu défait par la médiocrité du progrès nous a toujours étonnés et enchantés. Georges Sorel en parlait dès 1890 dans ses Illusions du progrès :
« La grande erreur de Marx a été de ne pas se rendre compte du pouvoir énorme qui appartient à la médiocrité dans l'histoire ; il ne s'est pas douté que le sentiment socialiste (tel qu'il le concevait) est extrêmement artificiel ; aujourd'hui, nous assistons à une crise qui menace de ruiner tous les mouvements qui ont pu être rattachés idéologiquement au marxisme… »
Debord tape sur cette classe moyenne dont nous faisons partie et dont certains font mine de regretter la disparition alors qu’elle pullule partout, à Téhéran, Macao comme à Moscou !… Je le répète, Guy Debord n’est pas moins dur que René Guénon sur cette classe dite moyenne/médiocre et petite-bourgeoise dont le sadisme des représentants s’exprime aujourd’hui par la guerre (Venezuela, Syrie, Libye en attendant mieux) et la répression sociale la plus brute (les gilets jaunes) :
(Suite)
Plus la crise terminale du monde moderne ou postmoderne se rapproche, plus il faudrait faire une lecture guénonienne de Tocqueville. Il suffit de lire enfin l’introduction de la Démocratie en Amérique. Alors on le fait et cela donne ceci :
« Je me reporte pour un moment à ce qu'était la France il y a sept cents ans: je la trouve partagée entre un petit nombre de familles qui possèdent la terre et gouvernent les habitants; le droit de commander descend alors de générations en générations avec les héritages; les hommes n'ont qu'un seul moyen d'agir les uns sur les autres, la force; on ne découvre qu'une seule origine de la puissance, la propriété foncière. »
On est vers 1839, quand le grand homme s’embarque pour l’Amérique avec Beaumont. Tocqueville évoque le treizième siècle, peut-être le douzième. On est ici dans Autorité spirituelle et pouvoir temporel de Guénon ; puis Philippe le Bel altère les monnaies, bafoue la papauté à Anagni avec Nogaret et ses sicaires, et extermine les templiers - tout en se faisant militairement trousser par de simples bourgeois à Courtrai. On est dans la cathédrale de Huysmans « quand tout commence à devenir laid » (Hugo en parle bien dans Notre-Dame de Paris). Et on est dans Dante : Capet avoue, « je fus le fils d’un boucher de Paris… »
Montée de l’égalité, de l’homogénéisation et de la médiocrité. Tocqueville voit déjà les idées chrétiennes qui vont devenir folles aux siècles de Vatican II et de Bergoglio :
(Suite)
Notre société anglo-américaine et démocratique matinée de gnosticisme techno (voyez notre internet) et de messianisme militaire semble folle et intégriste. On le sait depuis 1914, lisez Huddleston et Grenfell traduits par nos amis de lesakerfrancophone.fr. Le duo anglo-saxon aura détruit l’Europe et établi partout le communisme pour anéantir l’Allemagne.
Pour lutter contre le terrorisme, on a tué/bousculé/déplacé trente millions de musulmans avec l’assentiment des loques européennes submergées de pauvres réfugiés (jusque-là pas de simulacre…).
Ici on veut une troisième guerre mondiale et une extermination de l’Iran ; là on nous dit que tout est simulacre et conditionnement, guerre mentale et non mondiale. Notre Lucien Cerise avait résumé cette position : « Pour Baudrillard, la véritable apocalypse n’était pas la fin réelle du monde, sa fin physique, matérielle, assumée, mais son unification dans ce qu’il appelait le « mondial », ce que l’on appelle aujourd’hui le mondialisme, et qui signait la vraie fin, le simulacre ultime, le « crime parfait », c’est-à-dire la fin niant qu’elle est la fin, la fin non assumée, donnant l’illusion que ça continue. La Matrice, comme dans le film, si vous voulez. »
(Suite)
Guénon espérait en l’islam traditionnel, qui aurait eu la vie plus dure que le christianisme. Ses temps halcyoniens auront duré jusque dans les années 70. Lisez ici Jünger (70 s’efface).
Burckhardt donc, neveu du maître de Nietzsche. Dans le recueil The essential Burckhardt, on trouve ce texte (évocation de la vie traditionnelle marocaine) qui évoque les destructions du monde moderne au Maroc, terre merveilleuse qui avait été préservée des maléfices modernes jusqu’à une époque proche. Dans ce domaine on trouve souvent que les traditionalistes (Schuon, Guénon, Burckhardt) sont d’accord avec les anti-progressistes chrétiens (Bernanos, Bloy, Chesterton) et les vieux-marxistes.
Burckhardt rappelle que la société traditionnelle était tolérante et que c’est la société moderne qui est devenue intolérante (Tolstoï confirmait). Nouvelle démonstration de solidification.
Guy Debord écrivait (Société du Spectacle, §168) :
(Suite)
Certains croient dénoncer un système tout nouveau. Mais le système est ancien, il a la vie dure. Ce qui ne le tue pas le rend plus fort, on l’a vu cette année.
Voyons un maître. Il a inspiré les protocoles, mais il a surtout tout dit. Maurice Joly, à partir de ses références à la Grèce antique et au second empire bonapartiste, a fasciné Karl Marx. Découvrez-le sur wikisource et faites un don à Wikipédia, qui le mérite bien.
Bilan nul des révolutions de 1848 :
« Attendez : Dans vos calculs, vous n’avez compté qu’avec des minorités sociales. Il y a des populations gigantesques rivées au travail par la pauvreté, comme elles l’étaient autrefois par l’esclavage. Qu’importent, je vous le demande, à leur bonheur toutes vos fictions parlementaires ? Votre grand mouvement politique n’a abouti, en définitive, qu’au triomphe d’une minorité privilégiée par le hasard comme l’ancienne noblesse l’était par la naissance. Qu’importe au prolétaire courbé sur son labeur, accablé sous le poids de sa destinée, que quelques orateurs aient le droit de parler, que quelques journalistes aient le droit d’écrire ? »
Populisme, despotisme ?
« Je vous réponds qu’un jour il les prendra en haine, et qu’il les détruira de sa main pour se confier au despotisme. »
(Suite)
Un des plus importants textes du monde moderne, le premier qui nous annonce comment tout va être dévoré : civilisation occidentale et autres, peuples, sexes, cultures, religions aussi. C’est la conclusion des Mémoires d’outre-tombe. On commence avec l’unification technique du monde :
« Quand la vapeur sera perfectionnée, quand, unie au télégraphe et aux chemins de fer, elle aura fait disparaître les distances, ce ne seront plus seulement les marchandises qui voyageront, mais encore les idées rendues à l’usage de leurs ailes. Quand les barrières fiscales et commerciales auront été abolies entre les divers Etats, comme elles le sont déjà entre les provinces d’un même Etat ; quand les différents pays en relations journalières tendront à l’unité des peuples, comment ressusciterez−vous l’ancien mode de séparation ? »
On ne réagira pas. Chateaubriand voit l’excès d’intelligence venir :
(Suite)
La France de base crève de faim pendant que Bernard A. pérore sur le génie de son prince-président (Branco parle très bien de leur symbiose) et déverse les milliards de ses fondations pour retaper en plastique fluo la flèche de Notre-Dame. Il est plus riche que dix millions de Français. Alors il peut leur faire la morale : ne sommes-nous pas dirigés par des ploutocrates humanitaires, par des bolchéviques milliardaires ? Relisez ce qu’écrit Trotski de son collègue l’assassin bolchévique Parvus : il veut devenir riche.
Eh bien c’est fait. Notre situation c’est celle de la Russie sous Eltsine. Dix riches sont plus riches que dix millions ou trois milliards de zombies-système. Et grâce aux banquiers centraux qui n’ont plus qu’à financer la milice, pardon la police.
Je cite Trotski :
« Néanmoins, il y eut toujours en Parvus quelque chose d’extravagant et de peu sûr. Entre autres étrangetés, ce révolutionnaire était possédé par une idée tout à fait inattendue : celle de s’enrichir. Et, en ces années-là, il rattachait même ce rêve à ce qu’il concevait de la révolution sociale. »
Et au cas où on ne comprendrait pas :
« Ainsi s’enchevêtraient, dans cette lourde tête charnue de bouledogue, les idées de révolution sociale et les idées de richesse… »
(Suite)
Toute la rage des littéraires contre la pollution bourgeoise... En un mot ? Huysmans : « devant l'approbation des suffrages, il finissait par leur découvrir d'imperceptibles tares »
C’est le plus grand roman contre le monde moderne et ses hommes modernes, et il ne tombe pas comme Bloy dans le piège tartuffe du médiévalisme nostalgique. C’est Oscar Wilde qui rend un bel hommage à l’A rebours de Huysmans dans son Dorian Gray (chapitres X et XI). On l’écoute :
« C’était un roman sans intrigue, avec un seul personnage, la simple étude psychologique d’un jeune Parisien qui occupait sa vie en essayant de réaliser, au dix-neuvième siècle, toutes les passions et les modes de penser des autres siècles, et de résumer en lui les états d’esprit par lequel le monde avait passé, aimant pour leur simple artificialité ces renonciations que les hommes avaient follement appelées Vertus, aussi bien que ces révoltes naturelles que les hommes sages appellent encore Pêchés. Le style en était curieusement ciselé, vivant et obscur tout à la fois, plein d’argot et d’archaïsmes, d’expressions techniques et de phrases travaillées, comme celui qui caractérise les ouvrages de ces fins artistes de l’école française : les Symbolistes. Il s’y trouvait des métaphores aussi monstrueuses que des orchidées et aussi subtiles de couleurs. La vie des sens y était décrite dans des termes de philosophie mystique. On ne savait plus par instants si on lisait les extases spirituelles d’un saint du moyen âge ou les confessions morbides d’un pécheur moderne. »
(Suite)
vant d’évoquer la Greta, un rappel.
De tous les côtés on chasse le petit blanc. Il est macho, facho, blanco (dixit Manu Valls), réac, catho, chétif insecte excrément de la terre. Il a créé la démocratie et le monde industriel dont toutes et tous profitent, maintenant il faut l’exterminer, avec Bach et Mozart. Voyez comment Goldberg en parle dans son fascisme sociétal. Goldberg prophétise : le blanc sera le juif du vingt-et-unième siècle. Au point où nous en sommes, les camps ne sont qu’une question d’années, de décennies. Ne faudra-t-il pas empêcher le « féminicide » préventivement ?
J’exagère ? On se voit pour en reparler dans vingt ans ou avant. D’ici là j’aurais filé avec ma femme : fly, you fools !, comme dit Gandalf à ses compagnons dans la caverne, au moment de sombrer. On est plus ou moins à ce moment dans la lutte contre l’anneau de leur pouvoir hystérique et tentaculaire.
(Suite)
Ce texte typique du dix-huitième antichrétien, hédoniste et sataniste est légendaire et résume tout le monde moderne : la société est un puits de vice et « si en toute place le vice s’installe, le tout est un paradis véritable ». On pense à Sade, dont j’ai déjà parlé, et on ajoutera que si on touche au merveilleux édifice de vices, tout pourrait s’écrouler : gare aux cocos et aux réglementations !
Sur cette époque sinistre et illuminée on recommandera cursivement le Casanova de Fellini, le Hellfire club (qui inspire le meilleur épisode Chapeau melon – A touch of brimstone), les splendides études de Velardo Fuentes sur les liens du libertinage et du capitalisme, Barry Lyndon bien sûr (livre non lu mais furieusement antisémite où l’on finit couvert de dettes !), sans oublier les illuminés de Nerval puisque c’est vers ça que cela débouche ce monde, le techno-communisme sociétal sous contrôle milliardaire. Zerohedge.com nous apprend que 0.1 % des américains ont autant que le reste.
J’allais oublier Fanny Hill écrite par un agent de la compagnie des Indes…
On respire.
On citera Robert-Dufour très inspiré dans un textedu Monde diplomatique : « Depuis le sociologue allemand Max Weber et son livre « L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme », on se représente le capitalisme comme ascétique, rigoriste, autoritaire, puritain et patriarcal. Et, depuis près d’un siècle, on se trompe. »
(Suite)
Autre conte écrit en 2006 à Potosi et publié en 2009 (contes latinos, Ed. Michel de Maule). Il traite de l’expérience spirituelle vécue au Salar d’Uyuni. Comme on sait c’est son lithium qui a chassé Evo Morales. Extase, tu nous négliges…
Ils étaient sept : le guide, son assistant, un Allemand, un J0aponais, une Française, une Argentine et une fille des Indes. Ils devaient partir pour le salar, le plus grand lac salé du monde. Ils se présentèrent et sympathisèrent superficiellement, comme il est coutume de faire pour ce genre de voyage qui n’en est plus. Mais l’excursion devait être plus longue que celle d’habitude réservée aux touristes. Au moins quelques jours. On leur recommanda de se coucher tôt, de se couvrir beaucoup, et d’avoir soin de leur santé. Ainsi ils vivraient une inoubliable expérience.
Jocho Yamamoto a « écrit » le traité Hagakure au début du siècle des Lumières, quand la crise européenne bat son plein. On passe en trente ans de Bossuet à Voltaire, comme a dit Paul Hazard, et cette descente cyclique est universelle, frappant France, Indes, catholicisme, Japon. J’ai beaucoup expliqué cette époque : retrouvez mes textes sur Voltaire ou sur Swift et la fin du christianisme (déjà…). Le monde moderne va se mettre en place. Mais c’est ce japonais qui alors a le mieux, à ma connaissance, décrit cette chute qui allait nous mener où nous en sommes. On pourra lire mes pages sur les 47 rônins (que bafoue Yamamoto !) dans un de mes livres sur le cinéma. Le Japon, comme dit notre génial Kojève, vit en effet une première Fin de l’Histoire avec cette introduction du shogunat et ce déclin des samouraïs, qui n’incarnèrent pas toujours une époque marrante comme on sait non plus. Voyez les films de Kobayashi, Kurosawa, Mizoguchi et surtout de mon préféré et oublié Iroshi Inagaki.
Comment supporter notre temps alors ? Voyons Yamamoto.
Les hommes deviennent (ou sont invités à devenir) des femmes ? Eh bien pour Yamamoto aussi, déjà :
(Suite)
J’ai vécu en Amérique du sud six ans, de 2003 à 2009, voyageant et explorant – mais aussi séjournant, à La Paz, Arequipa, Mendoza, Olinda. Ce furent les plus belles années de ma vie. Je vivais une époque très heureuse de ce contient continuellement martyrisé par le gringo (celui qui parle grec, littéralement) et le triomphe indigène et socialiste accompagnait une généreuse liberté et une belle prospérité. La Bolivie fut formidablement heureuse sous Evo et regrettera de ne pas l’avoir mieux défendu. Oh servitude volontaire…
Dans le recueil de contes que je publiais en 2009 (Ed. Michel de Maule, mais les contes se lisent çà et là sur le réseau), j’insérai cette vision apocalyptique, le nazisme (fût-ce à la sauce sociétale) et le libéralisme ayant toujours fait là-bas bon ménage.
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Le lugubre anniversaire de la chute du mur frappe tout le monde ; mais le mal progresse et rien ne s’oppose plus à sa marche, le Vatican ayant accepté l’édification d’un Moloch sur son territoire romain. Le satanisme devient la culture officielle de cette société et on brûle nos cathédrales dans un bâillement.
N’en déplaise aux idiots utiles de la droite, nous pouvions descendre beaucoup plus bas que le communisme honni. Les pays de l’ex-Europe de l’Est sont par exemple infiniment moins dégénérés que les nôtres ; le communisme avait préservé dans le formol certains traits traditionnels que nous jetions aux orties du temps de Giscard, des bronzés et des bidasses – sans oublier les valseuses. De même la Chine est moins pourrie que l’affreuse Inde de Modi.
L’infra-capitalisme actuel mâtiné de nazisme sociétal applique le plan Morgenthau à l’Allemagne tout en remplaçant sa population et en éviscérant les restes de christianisme. Mais on ne peut pas faire un dessein à ceux qui ne comprendront que le jour où les missiles russes commenceront à nous exploser dessus avec la complicité de l’OTAN. Si ce n’est pas cela qui nous guette, ce sera la vision de Lucien Cerise :
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Météo hier soir : on montre New Delhi noyée sous un nuage permanent de smog avec une poignée de zombis effectuant leur jogging en Nike.
La colossale braderie des âmes qui s’opère réduit à néant tous les cultes connus. Le crédit a remplacé le credo, a déclaré notre Marx, et on détruira et remplacera tout parce que c’est le triomphe de la destruction créatrice et du calcul égoïste. Le zombi touriste remplace le bâtisseur de Notre-Dame, du Taj Mahal ou bien de l’Alhambra. Et voyez ce que nos ploucs de la bourse et du business ont fait de Versailles, des îles ou bien d’Ushuaia. Le pauvre a neuf mètres carrés et un smartphone mais comme me dit un vieux promeneur andalou que je croise sur mon bord de mer assiégé, il n’est plus éduqué. Quant au riche, il se fait avoir à peu près partout, tant les prix ont augmenté, tant les prestations ont baissé, et tant ses clones se sont grotesquement multipliés.
L’américanisation… Paraphrasons Oswald Spengler : « la domination mondiale américaine est un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance. »
Plus l’homme moderne est nul, plus il s’américanise. L’américanisme lui ordonne de renoncer à son argent (sauf s’il est milliardaire en gros lards), sa race, sa famille, sa liberté, son sexe, son rang, sa culture, sa nation, sa tradition. Tout cela manifeste une résiliente toxicité qu’on ne cesse ici de dénoncer, mais aussi cet effondrement vieux de deux siècles. Je cite à nouveau Baudelaire, témoin de notre effilochement lors du stupide dix-neuvième siècle :
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Voici un pays tranquille où soudain se lève du ventre fécond l’indispensable bête immonde… On peut féliciter l’ingénierie sociale qui a créé Vox de rien du tout, attendu que l’Espagne n’a pas les problèmes des autres pays d’Europe. Elle a juste celui de la Catalogne, mais qui n’aurait pas suffi à créer un énième parti d’extrême-droite totalement inutile et nocif. Si vous voulez savoir à quel point l’extrême-droite est inutile et nocive, je vous conseille de lire le tome deuxième et bâclé de Le Pen qui se flatte au nom d’un ego bien surdimensionné d’avoir empoisonné pour rien la vie politique française depuis trente-six ans. Je dis bien pour rien, alors que j’avais aimé l’élégant tome premier qui me rendit aussi nostalgique que Philippe Grasset de la quatrième république, de sa rusticité candide, de sa grandeur chevaleresque, de sa créativité populaire et de son dynamisme patriote. Revoyez l’éblouissant chômeur de Clochemerle, revoyez les Pagnol et les Duvivier pour voir ! La France aura crevé sous le gaullisme, tout comme l’Espagne s’est dissoute sous le franquisme ou le Chili sous le pinochétisme. Sous le képi, le capital…
On se souvient de la pièce d’Ionesco, Amédée ou comment s’en débarrasser… Ici on a Franco comme on avait en France Pétain, papi et Papon dans les années 80-90. On a un cadavre idéologique, il faut le faire croître et spéculer dessus pour diviser la droite et rester au pouvoir. L’inculte et plagiaire Sanchez a peut-être été à l’école du parti, on lui aura raconté l’équation Mitterrand qui se fit sur le dos du peuple hébété et ignare : souverainisme = nazisme. Le conseiller de tout le monde Attali l’a remise au goût du jour et il a eu raison de le faire puisque ça marche. Il n’y a plus que des zombies en France, il ne prend pas de risques…
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L’irréprochable Régis de Castelnau se moque des bourgeois cathos qui vont manifester contre la MPA et revoter Macron après. Mais ces bourgeois se fichent là de leur tradition, car le Figaro-madame encense les homosexuelles mariées-cathos-bourgeoises… Rabelais en avait rêvé, la bourgeoise l’a fait :elle est folle à la messe et à la fesse.
Bien avant l’époque dénigrée par Philippe Muray, l’élite française s’adonnait à l’île aux plaisirs et aux fêtes galantes ; car l’Ancien régime finissant voulait surtout s’amuser, quoiqu’en aient pensé mes maîtres Maistre ou Bonald. Dans son volume sur l’Ancien Régime, qui brasse bien sûr d’autres sujets (mais celui de la fête nous intéresse ici), Hippolyte Taine écrit déjà :
« Ajoutez l’absence des causes qui font la tristesse moderne et mettent au-dessus de nos têtes un pesant ciel de plomb. Point de travail âpre et précoce en ce temps-là ; point de concurrence acharnée ; point de carrières indéfinies ni de perspectives infinies. Les rangs sont marqués, les ambitions sont bornées, l’envie est moindre. L’homme n’est pas habituellement mécontent, aigri, préoccupé comme aujourd’hui. On souffre peu des passe-droits là où il n’y a pas de droits ; nous ne songeons qu’à avancer, ils ne songent qu’à s’amuser. Au lieu de maugréer sur l’Annuaire, un officier invente un travestissement de bal masqué ; au lieu de compter les condamnations qu’il a obtenues, un magistrat donne un beau souper… »
Eh oui, après Napoléon et « notre révolution manquée » (Bernanos), le Français se fera rentier-ronchon-fonctionnaire (Cochin). En attendant, c’est la fête du soir au matin, aux moins pour le privilégié surendetté – la condition du paysan décrite par Taine relevant bien sûr du cauchemar, qui n’est pas notre sujet.
Taine donc et l’île aux plaisirs aristocratiques :
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L’Amérique ? C’est devenu depuis les années soixante un mixte d’impérialisme facho-nihiliste, d’oligarchie tiers-mondiste et de fascisme antiraciste-féministe. Mais cela ne mène plus très loin. America, gratte again…
La Chine s’est éveillée et, pauvre Napoléon, le monde ne tremble pas. Le monde sortira des guerres impériales/humanitaires (les idées chrétiennes devenues folles de Chesterton) et autre croisades occidentales/accidentelles. Mais voyons des analyses US plus précises…
J’ai demandé à Hervé de traduire un texte Unz.org de l’universitaire Roberts Godfree sur la déculottée US dans tous les domaines (ce n’est pas que l’Europe vaille mieux, on est tous d’accord). Aucune schadenfreude : ce qui m’affole c’est que notre occident anesthésié ne se rend compte de rien ou s’en sort par des boniments paternalistes ou des clichés racistes.
Et cela donne :
« En 2003, j’ai publié un livre sur le déclin des trente-six indicateurs sociaux et économiques de l’Amérique. J’en ai envoyé des copies par la poste à l’Administration, au Congrès et aux chefs de département et j’ai reçu une réponse du Directeur général de la Central Intelligence Agency, qui m’a dit que l’Agence fournissait des informations presque identiques au gouvernement depuis plusieurs décennies. Pendant ce temps, notre déclin et la montée en puissance de la Chine se sont accélérés et cet élan nous a menés si loin, si rapidement, que toute compétition est devenue irréaliste. »
Roberts remet alors des pendules à l’heure :
(Suite)