• La série des “Carnets” abrite, dans dedefensa.org, les écrits de commentaires personnels d’invités du site. • Sur ce qu'on nomme “les réseaux” ou “la toile”, il s'agit de ce qu'on désignerait en général comme un blog. • Les “Carnets”, ce sont donc les blogs des invités de dedefensa.org dont nous jugeons, en plein accord avec eux et à l'avantage et à la satisfaction de chacune des parties, qu'ils peuvent devenir des collaborateurs réguliers du site. • Il n'y a pas de limites aux sujets abordés et pas de sujets précisément assignés à ces collaborateurs : les seules exigences concernent la forme et la décence du propos, la responsabilité dans le développement du propos. • Sur le point très important du fond des textes, nous disons que dedefensa.org donne comme règle de ces “Carnets” une orientation générale des domaines abordés trouvant ses aises dans celle dont le site fait à la fois l'usage et la promotion. • Pour autant, il y a une règle impérative qui domine toutes les autres. • Il n’est pas assuré que tous les propos des invités soient dans le sens de ce qu’écrit et pense dedefensa.org, et il ne peut en aucun cas y avoir assimilation, de ce qu’écrivent nos invités avec la signature du site : l’invité est seul responsable intellectuellement de ses propos. • Il s'ensuit, cela va de soi et selon la formule consacrée, que les propos dont nous parlons n’engagent en rien et en aucune façon dedefensa.org, essentiellement bien sûr dans ce domaine intellectuel et de l'opinion. • Ces éventuelles différences et divergences ne seraient pas nécessairement signalées mais elles le seraient en cas de publicité dans ce sens ou de toute autre nécessité, avec conséquences ou pas c'est selon. • Le site décide, espérons-le en bon accord avec ses invités, des conditions diverses et de l’application des règles énoncées ci-dessus de publication de leurs écrits. (Précision technique enfin valant pour toutes nos collaborations extérieures, qui est un classique de la collaboration extérieure à un média : titres et intertitres sont de la seule responsabilité de la rédaction. Les auteurs proposent titres et inter-titres et la rédaction se réserve de les modifier dans leur formulation, bien entendu sans en déformer le sens.)
• Les Carnets de Nicolas Bonnal sont tenus par l'écrivain, essayiste et commentateur dont on peut trouver une présentation dans le Journal-dde.crisis de Philippe Grasset, le 2 octobre 2016. • Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles sur sa page Kindle/Amazon à l'adresse URL suivante:
L’État en France, la bureaucratie à Bruxelles, l’administration Trump deviennent fous, liquidant/ruinant leur population, menaçant le reste du monde.
Un rappel…
Hans-Hermann Hoppe, philosophe allemand, disciple de Murray Rothbard, est un libertarien guénonien. Autant dire qu’il ne plaira pas à tout le monde : pour lui le système produit un phénomène de dé-civilisation dont on voit les effets terminaux en Europe comme en Amérique (effondrement moral, démographique, culturel, spirituel, et même socio-économique). Le phénomène se mondialise : voyez l’Asie et son déclin culturel et démographique (-30% de chinois en 2100, disparition de la Corée et du Japon, etc.).
Le monde moderne nous a fait dégénérer en vertu de la perversion étatique qui a fabriqué le troupeau timide dont parle Tocqueville. Cet Etat nous ôte la peine de penser (BFM) et de vivre (euthanasie), vit à notre place et nous zombifie, nous privant de notre force vitale. Mais voici comment Hoppe en parle :
(Suite)
L’effarante attitude US a des fondements gnostiques et théologico-politiques. La démocratie c’est Dieu et les USA c’est Dieu sur terre, dont la mission est de soumettre. L’historien Richard Gamble qui a participé à un bel ouvrage libertarien sur la montée du fascisme présidentiel/mondialisé made in USA, va nous aider à nous y retrouver. Il a étudié Woodrow Wilson dont la folie théologique fut incomparable :
« Typique de l'esprit progressiste qui a persisté jusque dans les années 1920, Alderman a félicité Wilson pour avoir redéfini l'Amérique « comme serviteur, ministre, ami ... parmi les nations » et pour avoir établi sa politique étrangère sur le principe du service à l'humanité plutôt que sur des intérêts nationaux égoïstes. En effet, Wilson avait convoqué l’Amérique à une croisade et non à une guerre ».
Un rappel : cette mentalité d’excité du logos, de guerrier du droit et de croisé démocratique, nous ne la devons pas en France aux américains mais à un mélange abscons de d’illuminisme thaumaturge et d’excitation révolutionnaire.Même Robespierre dénonça les missionnaires armés. Voyez mon livre Le Coq hérétique (1997) publié aux Belles Lettres par mon ami libertarien Michel Desgranges.
(Suite)
Après beaucoup d’autres, la Turquie membre de l’OTAN et deuxième armée du vieux débris n’obéit plus à l’empire sémiotique et thalassocratique anglo-saxon, et elle se réunit au grand projet eurasien. Petit cap de l’Asie occupé depuis 1945, l’Europe libérale poursuivra peut-être sa voie dans l’anéantissement.
Mais voyons Thucydide.
Rien ne ressemble à nos Etats-Unis bien-aimés comme l’Athènes de Thucydide, si enjolivée par les historiens, et qui dévasta et terrorisa la Grèce pendant presque un siècle après les trop célébrées « guerres médiques » (cf. la victoire en solo contre l’Allemagne ou le « jour du débarquement »). Aucun tribut, aucune brutalité ne furent épargnés aux habitants de Mytilène, de Chio ou de Mélos, par nos démocrates devenus fous, et qui ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin, même après la raclée de Syracuse.
L’arrogance messianique américaine (« la nation indispensable ») trouve aussi un original dans le discours de Périclès : « nous sommes la nation modèle, nous sommes la seule démocratie, vous n’êtes rien ou pas grand-chose », etc. Périclès innove aussi en imposant à ses auditeurs rétribués (le peuple se fait payer en effet pour accomplir sa tâche démocratique)la guerre préventivecontre Sparte, et il montrera aux malheureux hellènes que les démocrates n’ont rien à envier aux barbares pour les raffinements de cruauté. Périclès déclare même (livre I, CXLIII.) : « Ne laissez pas subsister en vous le remords d'avoir fait la guerre pour un motif futile. Car c'est de cette affaire soi-disant sans importance que dépendent l'affirmation et la preuve de votre caractère… »
Et d’ajouter avant nos anglo-américains : « La maîtrise de la mer (thalasses kratos ) est fondamentale (mega gar) »
(Suite)
Voyons Poutine et sa fameuse interview… Pour Poutine « le libéralisme est obsolète », pour moi non puisque le libéralisme est un fascisme séculaire, sociétal, nihiliste qui ira jusqu’au bout et s’accrochera au pouvoir en Europe et en Amérique, quelle que soit la coloration politique du guignol ou de la folle en place. La population est devenue le troupeau hébété tocquevillien et elle est trop vieille, trop résignée, ou trop conditionnée pour réagir. Il y a aussi un certain nombre de bourgeois satisfaits, ceux qui écœuraient Flaubert ou Bernanos.
Je renverrai au livre de Jonah Goldberg qui retrace l’historique de ce fascisme libéral depuis Woodrow Wilson, les guerres, les Roosevelt. Goldberg voyait le diktat se mondialiser et s’universaliser sous l’ère Clinton-Obama.
Tout cela n’a fait que se renforcer pour accomplir enfin la prophétie de Tocqueville :
« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sut leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »
(Suite)
Ce texte avait été rédigé il y a deux ou trois ans quand un autre danger de guerre menaçait. Todd l’avait déjà commenté.
Vite la guerre (lisez Ralph Raico pour comprendre) pour remonter dans les sondages. Le clown Trump sait à quoi se raccrocher, avec la bénédiction des faux sites comme Infowars.com !
Reprise de la quadruple troisième guerre mondiale, avec la bénédiction des bureaucraties mondialistes, de la gauche sociétale et des humanistes néocons.
Ceci dit, il va être dur de flanquer une raclée à tout le monde en même temps. Syrie, Russie, Iran, Corée, Chine, Venezuela… L’empire du bien ne sait plus où donner de la fête !
Or le plus marrant, comme le rappelle Fred Reed ce matin dans Unz.com, c’est que l’empire ne fait plus peur à personne. La Corée se fout du Donald, l’Iran hausse les épaules, la Chine rebâtît sa route de la soie. C’est quoi ce cirque alors ?
Un qui avait tout dit en 2002 est Emmanuel Todd. Je le cite presque sans commenter :
« Nous assistons donc au développement d’un militarisme théâtral, comprenant trois éléments essentiels :
(Suite)
Trente menaces de quadruple troisième guerre mondiale par an… Et on n’a pas fini. Le Donald est décidément un EGM, un être généré médiatiquement, un Captain America obèse et clown braillard, en mode troll et postmoderne. Produit caméo remixé du cinoche postmoderne et de la télé irréalité, notre marionnette incarne à la perfection (à l’imperfection plutôt) la cohorte de personnages gluants issus des comics des années trente. Comptez sur lui pour dénicher aux quatre coins de la planète unifiée des Hitler à moumoute et pour déclencher un brasier final bon à dégoûter les hippopotames – disait Léon Bloy déjà familiarisé avec l’eschatologie démocratique ; car comme on sait un monde plus sûr pour la démocratie est un monde moins sûr pour l’humanité. Que reste-il pour nous de notre Tradition sinon ce patrimoine profané par les conservateurs et les touristes ?
Notre éléphant dans un magasin de porcelaine de Chine n’a donc pas fini de nous casser les pieds et d’affoler les rombières rivées devant leur plateau télé. L’histoire nous dira s’il coulera l’empire (il serait temps en effet) ou s’il était au sens marxiste cette répétition en comique de la tragédie américaine, – 200 guerres par siècle ou par an pour rendre le monde plus sûr pour la démocratie, c’est-à-dire pour l’actionnaire et la marchandise. Pessimiste ? « Le destin du spectacle n’est pas de finir en despotisme éclairé », – dixit la pythie Debord.
(Suite)
Musset grand auteur ignoré… Dans ses Confessions d’un enfant du siècle, il décrit le malaise moderne (on écrirait postmoderne, si la révolution c’est la modernité…) :
« Un sentiment de malaise inexprimable commença donc à fermenter dans tous les cœurs jeunes. Condamnés au repos par les souverains du monde, livrés aux cuistres de toute espèce, à l’oisiveté et à l’ennui, les jeunes gens voyaient se retirer d’eux les vagues écumantes contre lesquelles ils avaient préparé leur bras. Tous ces gladiateurs frottés d’huile se sentaient au fond de l’âme une misère insupportable. »
Le fric amène la libération sexuelle ultra façon DSK-Robbe-Grillet-Sade-etc., la pauvreté la gesticulation politico-sociale désordonnée, des barricades romantiques aux gilets jaunes :
« Les plus riches se firent libertins ; ceux d’une fortune médiocre prirent un état et se résignèrent soit à la robe, soit à l’épée ; les plus pauvres se jetèrent dans l’enthousiasme à froid, dans les grands mots, dans l’affreuse mer de l’action sans but. Comme la faiblesse humaine cherche l’association et que les hommes sont troupeaux de nature, la politique s’en mêla. »
(Suite)
Penseur fourre-tout et rassurant de la société spectaculaire, Michel Serres n’a cessé de donner des brevets de bonne conduite au système. Prof de philo plus que philosophe, il aura rassuré tout le temps politiques, patrons et médiatiques. Aussi n’est-ce pas sans déplaisir que nous avons lu cette interview accordée à nos amis suisses du Temps. Elle a quelques mois et relève d’un testament lucide. En effet derrière la satisfaction de service pointait une certaine inquiétude, liée notamment à la disparition totale et abyssale du monde rural et de sa civilisation. On est passé en soixante ans de la France de Pagnol et Giono à celle des réseaux sociaux.
Sur ce point fondamental et si négligé par nos antisystèmes, Michel Serres déclarait :
« Dans les années 1900, il y avait 70% d’agriculteurs, et la campagne était très peuplée car l’agriculture exigeait des bras. En 2000, ils n’étaient plus que 3%. Le plus grand événement du XXe siècle reste la disparition de la paysannerie, car nous étions des paysans depuis le néolithique. Autrefois, dans ma jeunesse, il n’y avait pas un avocat, préfet ou médecin des villes qui n’avait pas de rapport avec la paysannerie, parce que son père ou son grand-père était agriculteur. Nous sommes aujourd’hui coupés de ce monde, et c’est une révolution, qu’on le regrette ou non. Un jour, j’ai dû rectifier une institutrice de ma petite fille qui avait dit en classe que les vaches n’avaient pas de cornes parce que c’étaient des femelles. Notre distance avec la paysannerie est désormais énorme. »
Le roquet euro-américain se ridiculise sur tous les champs de bataille verbaux. On imagine mal comment on attaquerait l’Iran après s’être dégonflé/ridiculisé en Syrie et au Venezuela. Pour rentabiliser le pétrole pourri de Wichita peut-être ? Tout cela ne durera pas longtemps entre la dette, notre agressivité brouillonne et notre dépeuplement. L'Europe c'est 4% de la population du monde, a rappelé Giscard, quand c’était 25% du monde en 1914 (elle payé cher ce surpeuplement du reste). Et mon ami Blondet rappelle qu’en Italie 50% des femmes n’ont pas d’enfants. La prostitution explose partout, et la natalité a baissé de 40 % en Espagne depuis la Crise de 2007. En Amérique comme je l’ai rappelé avec Hamilton, cela ne va pas mieux. Ce qui désole plus c’est la définitive disparition des indiens.
Voyons le sujet du jour. Le roquet occidental aboie (Trump, Merkel, Macron, les britishs, tous dans le même sac), la caravane passe, et la caravane aujourd’hui c’est l’Asie. J’ai trouvé dans la presse israélienne de droite (elle est souvent très bonne et beaucoup plus tempérée que la presse US ou française – défense de rire) un texte passionnant sur la marginalisation du paria américain, l’unification de l’Asie et la montée d’une grand ensemble dont personnellement je n’attends rien de bon sur le plan spirituel et rien de brillant sur le plan matériel. Mais on ne refera pas le monde moderne. Il aura dissous les âmes puis les corps, les noumènes puis les phénomènes (Nietzsche).
On lit donc le Jérusalem post :
(Suite)
Le monde moderne est l’histoire d’une extermination. Elle peut être ludique ou ennuyée. Ce qui était noble, beau et bon devait disparaître. Voyez Notre-Dame.
De Molière à Burke on voit progresser la conspiration révolutionnaire qui mettra fin sur terre à l’Ancien régime et au règne agraire : à la clé fin des civilisations traditionnelles, guerres mondiales, abrutissement et enlaidissement du monde, tyrannie bourgeoise ou prolétarienne, puis fin d’un « spectacle qui ne finira pas en despotisme éclairé » (Debord).
Acta sera fabula.
Tout est dans Burke que je redécouvre avec mes lecteurs. Comment cracher d’abord sur ce qu’on va détruire :
« Je n'accorde pas non plus une confiance bien particulière aux gens qui disent beaucoup de mal de ceux qu'ils vont piller. Je suis plutôt porté à croire que l'on invente des vices, ou qu'on exagère ceux qui peuvent exister, lors que le résultat de la punition qu'on inflige tourne au profit de celui qui punit. Un ennemi est toujours un mauvais témoin, et un voleur en est un bien pire encore. »
(Suite)
Un historien anglais disait que la France depuis sa révolution était devenue la terre du fiasco récurrent. Lisons encore Burke alors. Sur le mode de gestion de nos élites modernes, voici ce que le vieux maître écrivait il y a presque deux siècles et demi :
« …les chefs des clubs et des cafés législatifs sont enivrés d'admiration pour leur sagesse et leur habileté. Ils parlent avec le plus souverain mépris du reste du monde. Ils disent au peuple, pour lui donner du courage sous les vêtements déguenillés auxquels ils l'ont réduit, qu'il est un peuple philosophe; et de temps en temps, ils emploient les parades du charlatanisme, l'éclat, le bruit et le tumulte, quelquefois l'alarme des complots et des invasions, pour étouffer les cris de l'indigence, et pour écarter les yeux de l'observateur de dessus la ruine et la misère de l'Etat. »
Rien de nouveau sous le sommeil…
Ceux qui ne se sentent plus très bien dans notre Paris incendié, hors de prix, envahi, dépenaillé et recouvert de rats, de touristes arnaqués, de taxes et de lois liberticides, apprécieront cette envolée du maître :
(Suite)
On connait Burke sans le lire. Or il se révèle un poète, un nostalgique, premier d’une belle lignée qui va jusqu’à Tolkien, comme je l’ai montré dans mes livres. C’est qu’avant la salle de bains américaine et le recyclage des eaux usées, le monde était plus pur. Burke aura justifié toute notre anglophilie de jeunesse. Je préfère Fogg ou Frodon à Rocambole et John Steed ou Brett Sinclair à Maigret. C’est simplement plus classe. L’anglais d’alors avait encore des racines et des ailes. Depuis, comme dit Tolkien, nous sommes du beurre étalé sur trop de pain.
Savourons ces réflexions sur la révolution française au lieu de les commenter. Commençons par ce passage central sur la chevalerie en allée (the age of chivalry is gone) et cette évocation bouleversante de notre reine martyre et sacrifiée sur l’autel de la république et de la modernité rationaliste :
« Il y a actuellement seize ou dix-sept ans que je vis la reine de France, alors dauphine, à Versailles ; et sûrement, jamais astre plus céleste n'apparut dans cette orbite qu'elle semblait à peine toucher : je la vis au moment où elle paraissait sur l'horizon, l'ornement et les délices de la sphère dans laquelle elle commençait à se mouvoir : elle était ainsi que l'étoile du matin, brillante de santé, de bonheur et de gloire. Elle était ainsi que l'étoile du matin, brillante de santé, de bonheur et de gloire. »
(Suite)
L’expression parc humain vient de l’incertain Sloterdjik, néo-penseur allemand des nullissimes nineties,aujourd’hui bien oublié. Elle me paraît pourtant bonne. Pour savoir comment nous avons été domestiqués par le marché et par l’étatisme moderne, on relira les classiques que je n’ai cessé d’étudier ici-même : Debord, Mattelart, Marx, Heidegger, Tocqueville et bien sûr Platon (le chant VIII j’allais dire, de la république, qui précise comment on ferme les âmes, pour retourner l’expression du bon maître Allan Bloom). Parfois un contemporain comme l’historien américain Stanley Payne résume très bien notre situation de résignés, d’anesthésiés et de petits retraités de l’humanité. Comme dit l’impayable Barbier, les retraités ont pardonné à Macron. Alors…
J’ai écrit trois livres, tous différents, sur Tolkien en insistant sur le point essentiel de son grand-œuvre populaire dont je pensais qu’il ouvrirait nos âmes (mais quelle forfanterie, mais quelle erreur encore…) : ne pas utiliser les armes du système. Or en utilisant sa matrice électronique et son medium-message, nous n’avons fait que le renforcer. A preuve la lâcheté et l’indifférence dont nous avons fait preuve le jour où ce bon système est venu, avec ses loups et ses agents, arrêter le plus célèbre des nôtres, le malheureux (et pas même martyr, parce que pas très courageux non plus) Assange. En prétendant lutter contre le système en cliquant nous l’avons renforcé, utilisant son terrain, alors que Sun Tze nous recommande de ne pas le faire.
(Suite)
De mauvais plaisants mettent en doute notre alunissage consacré par la télé. On se demande comment les américains qui utilisent des moteurs russes en ce moment, ont pu il y a cinquante ans et sans « technologie » (défense de rire) ou presque, envoyer trente lascars sur la lune.
Comme on a peur des insultes et des menaces, on reprend alors Guénon sur cette capacité hallucinatoire du monde moderne et de amers ricains qui nous mènent en enfer :
« … à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps. À cet égard, nous ne croyons pas qu’on ait jamais remarqué suffisamment l’analogie, pourtant frappante, que l’action de l’orateur, notamment, présente avec celle de l’hypnotiseur (et celle du dompteur est également du même ordre) ; nous signalons en passant ce sujet d’études à l’attention des psychologues. Sans doute, le pouvoir des mots s’est déjà exercé plus ou moins en d’autres temps que le nôtre ; mais ce dont on n’a pas d’exemple, c’est cette gigantesque hallucination collective par laquelle toute une partie de l’humanité en est arrivée à prendre les plus vaines chimères pour d’incontestables réalités ; et, parmi ces idoles de l’esprit moderne, celles que nous dénonçons présentement sont peut-être les plus pernicieuses de toutes … »
(Suite)
Le culte de l’argent détruit la planète et l’humanité. Devenus humanitaires, les oligarques se montrent encore plus dangereux que quand ils sont simplement voraces… cela appelle une réflexion sur le rôle satanique de l’argent, vrai prince dans ce monde. Pas besoin d’évoquer les pleurnicheries du christianisme occidental qui aura contribué (réforme et découvertes, colonisation, solidification puis aggiornamento mielleux) plus qu’aucune autre religion à la destruction de ce monde.
Voyons donc un penseur plus sérieux.
Debord les cite souvent : dans ses manuscrits de 1844 formidablement inspirés, Marx décrit le pouvoir de l’argent. Et cela va donner les observations suivantes :
« L’argent en possédant la qualité de tout acheter, en possédant la qualité de s'approprier tous les objets est donc l'objet comme possession éminente. L'universalité de sa qualité est la toute-puissance de son essence. Il passe donc pour tout-puissant... L'argent est l'entremetteur entre le besoin et l'objet, entre la vie et le moyen de subsistance de l'homme. Mais ce qui sert de moyen terme à ma vie, sert aussi de moyen terme à l'existence des autres hommes pour moi. C'est pour moi l'autre homme. »
(Suite)
On connaît l’usage chrétien, prophétique fait de la quatrième églogue de Virgile. Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo…Des milliers de gloses furent écrites à ce sujet.
Mais je vais ici dévier sur Homère qui, comme dit Péguy, est le « patron ». Car le vrai franchisseur des portes d’ivoire et de corne, c’est lui. Et je vais parler de l’Odyssée.
Semaine des pâques orthodoxes. Millième lecture nocturne de l’Odyssée au cours d’une énième insomnie. Le hasard du livre électronique me mène à la fin, lorsque l’on découvre le traître chevrier Mélanthios. Ce misérable sera ligoté puis atrocement châtié après la grande liquidation des prétendants dont nous allons reparler.
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Le système US use de la peur pour se maintenir. Terrorisme, chiites, climat, racisme, fascisme, Chine, sexisme, Poutine, ce qu’on voudra, tout justifie son agenda.
Nous autres antisystèmes sommes aussi soumis à un feu croisé d’affolements divers : troisième GM, faillite du système, acheter de l’or, fin des religions, culture Illuminati, disparition des libertés, de l’eau, de l’air, du reste… On en deviendrait drôle ! Cela n’empêche pas de continuer de cliquer et de laisser Assange à ses bourreaux.
Un qui en a bien parlé de cette conjonction du monde automatique moderne et de la croissance corrélée de la peur c’est Ernst Jünger. Traité du rebelle, XIII…
« La peur est l’un des symptômes de notre temps. Elle nous désarme d’autant plus qu’elle succède à une époque de grande liberté individuelle, où la misère même, telle que la décrit Dickens, par exemple, était presque oubliée. »
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Les élites sont rejetées ou carrément craintes maintenant en occident, et la grande élection de Trump aura marqué ce moment, comme le reconnaissait Nassim Nicholas Taleb. Ce penchant anarchiste – ou libertaire-libertarien – est très marqué dans notre vague mondiale de contestation antitout et je lui trouve sinon une origine, du moins un beau précédent – en Chine ancienne. Pays du nombre et de la récurrente organisation totalitaire et massifiée, la Chine a été aussi, dans une lointaine antiquité, le pays du rejet de cette organisation.
Il y a vingt-cinq siècles donc les gilets/périls jaunes existent en Chine et rejettent, avec les penseurs taoïstes, la hiérarchie, l’empereur, la bureaucratie, l’armée et les fameux « lettrés » alors incarnés par Confucius. On se référera ici surtout à Tchouang-Tseu.
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« L’important me disait un jour un riche science-poseur que j’avais connu en pleine dégénération-Mitterrand, ce n’est pas que je sois riche, c’est que les autres soient pauvres ». La ploutocratie appliquée qui dirige cette planète a accompli depuis cette prophétie mais désire la compléter : l’important ce n’est pas que je sois riche, mais que les pauvres ne soient plus.
Nous vivons une époque formidable qui relève des bonnes dystopies des années 70. Je recommanderais ironiquement « Woody et les robots (Sleeper) »… En voyage dans les années 2200 dans une société néototalitaire, notre bon Woody trouve qu’elle ressemble à sa bonne vieille Californie sociétale. On n’y a aucune liberté, on n’y fait plus l’amour ni l’humour… Quant à ce qu’on y mange…
On n’y voit pas d’enfants. On n’en voit jamais dans les films dystopiques. Car à quoi serviraient-ils en effet sinon à être mangés ?Kronos le mangeur d’enfants rime avec chronos le temps quipasse.
(Suite)
Le pouvoir socialiste-mondialiste a honteusement, répétitivement tenté de récupérer ou de diaboliser Guy Debord (méprisant, macho, nostalgique…), mais le message du maître des rebelles demeure puissant et dur. On ne saurait trop recommander la vision du film In girum imus nocte et consumimur igni (superbe titre palindrome), qui va plus loin que la Société du Spectacle, étant moins marxiste et plus guénonien en quelque sorte (le monde moderne comme hallucination industrielle et collective). Le virage élitiste et ésotérique de ce marxisme pointu défait par la médiocrité du progrès nous a toujours étonnés et enchantés. Georges Sorel en parlait dès 1890 dans ses Illusions du progrès :
« La grande erreur de Marx a été de ne pas se rendre compte du pouvoir énorme qui appartient à la médiocrité dans l'histoire; il ne s'est pas douté que le sentiment socialiste (tel qu'il le concevait) est extrêmement artificiel ; aujourd'hui, nous assistons à une crise qui menace de ruiner tous les mouvements qui ont pu être rattachés idéologiquement au marxisme… »
Debord tape sur cette classe moyenne dont nous faisons partie et dont certains font mine de regretter la disparition alors qu’elle pullule partout !… Je le répète, Guy Debord n’est pas moins dur que René Guénon sur cette classe dite moyenne/médiocre et petite-bourgeoise dont le sadisme des représentants s’exprime aujourd’hui par la guerre (Venezuela, Syrie, Libye en attendant mieux) et la répression sociale la plus brute (les gilets jaunes) :
(Suite)