francois2a
17/04/2020
tout d'abord merci pour la publiaction de ce texte.
Je suis d'accord sur la majorité de idées avancées cependant il me semble que le traitement d'une épidémie repose sur plusieurs plan mais surtout si la diminution de la propagation de l'agent infectant.
Pour ce faire le traitement des personnes infectées ou infectantes est promordiale.
L'étiologie de l'épidemie repose sur le portage du virus. Ainsi si le virus n'est plus détectable dans les voies aeriennes superieures il est licite de penser que la personne n'est plus infectante. D'ailleurs le prélevement naso pharyngé provoque souvent une toux.
Ainsi un traitement permettant de diminuer le temps de portage au niveau de la porte de sortie du virus me semble est un élément du traitement de l'épidémie.
N'est ce pas?
Pascal B.
17/04/2020
Je profite du sujet abordé fort savamment dans cet article pour apporter quelques précisions : le professeur Perronne, chef de service en infectiologie de l'hôpital de Garches, déclare que ses collaborateurs ont constaté une diminution nette du nombre de passage en réanimation depuis qu'ils recourent au protocole de soins de l'#IHU_Marseille. Et donc une réduction de la mortalité selon toute vraisemblance. [ Plus d'une heure d'entretien avec Christian Perronne enregistré samedi 11 avril : “À Garches, nous avons de bons résultats avec l’hydroxychloroquine et l'azithromycine" (vidéo et transcription) ⇒ https://www.nexus.fr/actualite/entretien/perronne-hydroxychloroquine/ ] 1 étude récente portant sur l'hydroxychloroquine réalisée dans les règles de l'art avec 62 patients (31×2) a mis en évidence : l'absence de patient développant des complications dans le groupe traité contre 4/31 dans le groupe non traité. fièvre et toux bénéficient d'une amélioration 24 h plus tôt. Pas de données relatives à la charges virale. Source ⇒ https://www.nature.com/articles/s41577-020-0315-4 pour ce qui est de l'IHU_Marseille, le protocole de soins ne constitue qu'une brique de la stratégie globale préconisée par cet établissement pour lutter contre les épidémies qui consiste à organiser les infrastructures sanitaires afin de pouvoir tester, isoler et traiter massivement et précocement. l'un des avantages du traitement, outre la réduction du risque de développer des complications, tient au raccourcissement significatif de la durée de portage viral et donc de contagiosité. Laquelle passerait (semble-t-il) de 20 jours en moyenne à 10 jours ou moins dans 91 % des cas. autrement dit les malades sont contraints à l'isolement ou/et au port du masque moins longtemps. Ce qui d'un point de vue individuel et collectif constitue un gain qui n'est pas négligeable. en ce qui concerne la toxicité elle est intégrée au protocole qui prévoit notamment un suivi cardiaque. A ce jour, très peu de patients on été diagnostiqué non éligibles au traitement sur la cohorte de l'IHU_MARSEILLE (2759). Et aucune alerte de santé n'a été constaté sur ces près de 3000 malades traités. [ Lien vers le protocole : https://www.mediterranee-infection.com/epidemie-a-coronavirus-covid-19/ ] enfin rappelons le coût modeste de cette pharmacopée : moins de 15 euros le traitement. Ainsi, en cette période d'urgence exceptionnelle, qualifiée de le "temps de guerre", les résistances constatées devant ce protocole de soins ne manque pas de provoquer un état de sidération et d'incompréhension chez bon nombre de citoyens-soldats ! Nous sommes là en présence d'une dissonance cognitive qui confine à l'absurde puisque l'on observe des injonctions contradictoires entre d'un côté une situation décrite comme catastrophique voire tragique ; et de l'autre une incroyable levée de boucliers pour qu'un traitement dont le rapport [ risques encourus (insignifiants ici) / bienfaits escomptés (potentiellement significatifs) ] laisse peu de place au doute, ne puisse pas être prescrit ! Nous sommes là en présence d'un scandale potentiellement criminel ! Affaire à suivre. En attendant en tant que citoyen raisonnable je revendique la liberté pour chacun de (se) soigner comme il l'entend : ni obligation ; ni interdiction. Que chacun ait la possibilité d'accomplir un choix éclairé : prescripteurs et patients.
jc
17/04/2020
BB:
- "On attend d’une activité scientifique en biologie qu’elle mette à jour de nouvelles manières de comprendre le vivant";
- "L’auto-immunité si préjudiciable dans le cas du COVID-19, c’est la précipitation de la fonction de prédation, à la base du vivant, vers une réflexivité aberrante qui la transforme en auto-prédation.";
- "Le ‘Soi’ a pu être altéré pour avoir intégré une partie du ‘non-Soi’. Le ‘non-Soi’ est suffisamment proche du ‘Soi’ pour induire une réponse inappropriée. Cela met en jeu la question de la définition de la frontière, cette nécessaire, fragile et bien poreuse interface. Celle qui à la base de l’Ontologie."
Thom a consacré l'essentiel de son premier ouvrage majeur (SSM) à la biologie théorique, l'auto-prédation étant pour lui à la base de l'embryologie animale¹: "Ainsi de l'assertion "le prédateur affamé est sa proie" qui, selon moi, est à la base de l'embryologie animale."
Thom: "Pour en revenir à la régulation biologique, on peut montrer que le « programme » des catastrophes correctrices est un constituant essentiel du patrimoine génétique, et que ce programme dirige toute l'embryologie animale. La catastrophe se réalise morphogénétiquement dans l'embryon, avant de se réaliser fonctionnellement chez l'adulte. Par exemple, la neurulation est l'absorption par l'animal d'une proie symbolique, qui deviendra son système nerveux, justifiant ainsi l'affirmation que le prédateur est sa proie. Il en va sans doute de même en sémantique : tout concept a une figure de régulation, et, dans la genèse du concept, cette figure se constitue après une véritable embryologie, dont le schéma directeur est donné par les grandes catastrophes correctrices qui
interviennent dans la stabilité du concept. (1972, Langage et Catastrophes…)
À propos du "Soi" et du "non-Soi" il a consacré (sans doute entre autres, je n'ai pas lu ses oeuvres complètes) un article à la question ("Individuation et finalité", AL pp.206 à 217).
Thom:
- "(...) les grands plans de l'organisation animale correspondent à de grandes options de la régulation vitale qui doit, de manière essentielle, permettre à l'animal d'être autre chose que lui-même : c'est la contrainte de l'aliénation primitive. Chez l'insecte, cette contrainte ne joue qu'en dernier lieu, et elle est limitée au strict minimum ; chez le vertébré, au contraire, elle s'impose d'emblée et elle atteint son maximum chez l'homme ; car la conscience est toujours conscience, non d'un ego, véritable fantasme philosophique, mais
d'une chose extérieure, localisée dans l'espace et le temps." (1976, La notion d'archétype…);
- "Si l'on croit qu'individualité et stabilité sont nécessairement liées, cela n'implique-t-il pas qu'une qualité, comme en Théorie des Catastrophes Élémentaires, soit définie par le bassin d'un minimum de potentiel : il y aura alors attraction d'un soi par soi…, un soi périphérique par un soi central. (ES)
BB:
- "On peut compter parmi les avancées majeures la compréhension de l’épigénétique, c’est-à-dire l’intégration du milieu extérieur dans le matériel génétique transmissible."
Le retour des idées de Lamarck-transmission-des-caractères-acquis. Thom, lamarckien, propose des modèles des mécanismes en jeu². Je rappelle à ce propos que Thom est également lamarckien-la fonction-crée-l'organe en biologie parce qu'il l'est en sociologie, et que, pour lui -comme pour moi à sa suite- "les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés".
Rq: Toute la théorie morphogénètique thomienne a pour base l'analogie -pour moi génialissime- entre développement de l'embryon et développement de Taylor d'une fonction. Pas un mot dans l'article "Mathematical and theorical biology" de Wikipedia qui est ainsi, selon moi, dans le fil de ce que dénonce BB: "La ‘science médicale’, embarquée dans la pure expérimentation…"...
¹: AL p.409
²: ES p.127; AL pp. 152 à 161; SSM pp.204, 277, 290
jc
18/04/2020
BB: "... il faut s’attacher aux irrégularités des lois déjà dégagées par les théories empiriques déjà existantes. Se soumettre à leur observation et élaborer à partir d’une théorie des expérimentations et non l’inverse."
Méthodologiquement il ne fait pour moi guère de doute que, pour progresser, il faut alterner les deux façons de faire (se soumettre et élaborer): c'est comme un alpiniste qui grimpe en opposition dans une cheminée par va-et-vient successifs. La partie la plus difficile est évidemment de trouver des théories fécondes susceptibles d'une validation expérimentale. Faute de "théories théoriques" en biologie, en sociologie, etc., on se rabat sur des "théories empiriques" à propos desquelles Thom écrit:
- "La science, actuellement, est une gigantesque industrie, dont le seul principe directeur est l'expérimentalisme ; la maxime directrice est : « Tout ce qui peut se faire doit être fait ». Il ne s'agit là – en fait – que de la poursuite du besoin exploratoire déjà présent chez l'animal.";
- "Il est certain que le succès pragmatique est une source de sens ; mais c'est un mode inférieur d'intelligibilité, à peine supérieur à l'assentiment provoqué par la prégnance du conditionnement pavlovien dans le monde animal ; l'intelligibilité humaine requiert une comparaison plus globale des différents modes d'intelligibilité, ceux en vigueur dans le langage et dans les autres disciplines de la science : elle requiert de sortir de la situation locale considérée pour prendre en compte les modes les plus généraux de compréhension. On aborde donc là le domaine de l'analogie ; ce faisant, on touche à l'autre côté, le versant philosophique de l'interface science-philosophie.".
Thom propose une "théorie théorique" de la Biologie basée sur l'analogie -pour moi génialissime- entre différenciation cellulaire et différentiation des fonctions, entre développement de l'embryon et développement de Taylor. Mais les vérifications expérimentales de sa théorie manquent jusqu'à présent, Thom pensant qu'il faut que s'opère d'abord une véritable révolution dans les esprits:
- "(...) la science progresse en se forgeant de nouveaux modes d'intelligibilité; mais en dernière analyse, ces nouveaux modes d'intelligibilité doivent pouvoir s'engendrer à partir d'évidences intuitives portant sur les prégnances émises par les formes saillantes extraites de notre expérience (naïve) du continu.";
- "La synthèse ici entrevue des pensées "vitaliste" et "mécaniste" n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé.".
Ce qui exige d'être intelligent "à la Thom", ce qui est encore loin d'être gagné:
- "Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ? Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses.";
- "Il est certain que le succès pragmatique est une source de sens ; mais c'est un mode inférieur d'intelligibilité, à peine supérieur à l'assentiment provoqué par la prégnance du conditionnement pavlovien dans le monde animal ; l'intelligibilité humaine requiert une comparaison plus globale des différents modes d'intelligibilité, ceux en vigueur dans le langage et dans les autres disciplines de la science : elle requiert de sortir de la situation locale considérée pour prendre en compte les modes les plus généraux decompréhension. On aborde donc là le domaine de l'analogie; ce faisant, on touche à l'autre côté, le versant philosophique de l'interface science-philosophie.".
Théoriser c'est plonger le réel dans le virtuel. La méthode de plongement en vogue est probabiliste et la vérification expérimentale est statistique. Mais très souvent on plonge le réel dans un virtuel tellement grand (en Mécanique quantique par exemple) qu'on n'y comprend plus grand chose, voire plus rien du tout, comme nous le rappellent, pendant ces temps de Covid 19, les processus de validation des médicaments:
"Il y a peu, une équipe de recherche plus hardie a voulu en savoir plus sur la pharmacopée amazonienne. Ils ont demandé aux shamans comment ils pouvaient reconnaître la bonne plante sans l'expérimenter sur les hommes et faire quelques dégâts. Les shamans ont répondu: on n'a pas besoin de tuer des animaux ou des gens pour savoir si une herbe ou une racine est efficace; alors comment faites-vous? nous nous asseyons devant la plante choisie, en silence, le temps nécessaire, et elle nous parle. Les chercheurs sont repartis marris." (Bernard Giraudeau, "Cher amour", p.40)
Selon Thom théoriser correctement, théoriser théoriquement, c'est plonger le réel dans un virtuel contrôlé, et contrôler le virtuel c'est en pratique avoir recours à une théorie de l'analogie. Et la théorie des catastrophes est précisément une théorie de l'analogie, la première en Occident depuis Aristote et Eudoxe:
"La théorie des catastrophes m'a réellement donné la clé d'un mode de pensée qui m'a permis de voir les choses sous un angle qui échappe, apparemment, à la manière standard de voir les choses. Essentiellement parce qu'on fait un saut dans l'imaginaire – mais un saut contrôlé : le saut doit être controlé. (...) Le contrôle de l'imaginaire c'est, je crois, l'essence de la rationalité."
jc
18/04/2020
BB: "On peut compter parmi les avancées majeures la compréhension de l’épigénétique, c’est-à-dire l’intégration du milieu extérieur dans le matériel génétique transmissible. Pour cela, il faut s’attacher aux irrégularités des lois déjà dégagées par les théories empiriques déjà existantes. Se soumettre à leur observation et élaborer à partir d’une théorie des expérimentations et non l’inverse."
L'analogie Biologie-sociologie, licitée par ma citation favorite ("Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés"), suggère des analogies entre l'évolution des espèces animales -dont l'humaine- et des sociétés animales -dont l'humaine-.
L'action du milieu extérieur sur le matériel génétique en biologie analogue de l'action du peuple sur la constitution, réalisée sporadiquement de façon catastrophique (comme en biologie, selon Thom) par le biais des révolutions, ces catastrophes sociales¹?
¹: Cf. "Révolutions: catastrophes sociales?", AL, pp.434 à 451.
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