jc
21/07/2019
PhG: » Ainsi la boucle est-elle bouclée, dont Ferrero avait identifié l’origine. La “guerre sans règles” est arrivée au terme de ses ambitions et de sa transformation. Cela correspond parfaitement à tous les autres événements catastrophiques en cours d'une civilisation systémique au terme de sa logique, et qui se montre nue… »
Évènements catastrophiques… Dans la théorie thomienne des catastrophes, théorie hors substrat ayant vocation à portée universelle¹, le conflit général à deux actants se régule par un "à chacun son tour" où les actants sont séparés-reliés par une phase d'indistinction, de conciliation.
Dans leur article "De la topologie de la conciliation à la logique de la contradiction"² les philosophes (des sciences) belges Lambert et
Hespel citent Fichte à ce sujet, illustrant ainsi la portée universelle signalée par Thom: "(...) il n’est selon lui d’autre solution que de reconnaître explicitement l’existence d’une limitation réciproque du Moi et du Non-moi, c’est-à-dire d’un « bord » qui, au sein du Moi, sépare le Moi du Non-moi autant qu’il l’y connecte; faute d’une telle frontière, dont l’existence doit donc impérativement être posée,
tenir pour valables les deux premiers principes serait, à l’en croire, tout simplement impossible."
L'exemple archétype donné par Thom est celui de la prédation (selon lui à la base de l'embryologie animale): "Le prédateur affamé est sa propre proie" (catastrophe "fronce"). Dans ce cadre "universel" toute déstructuration appelle une structuration, tout enchaînement appelle un déchaînement (et inversement), les transitions étant qualifiées par Thom de catastrophiques (dans le cas du conflit chat/souris il distingue la catastrophe de perception -le chat aperçoit une souris- et celle de prédation -le chat attrape la souris-).
Comment rompre cette implacable mécanique, cet éternel retour? Soit par la disparition, la mort, d'un des actants -ou des deux- (c'est le cas de l'opposition diastole/systole), soit par complexification de la dynamique avec l'apparition d'un troisième actant (et la catastrophe "papillon"). Thom, optimiste, opte pour la deuxième solution:
"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages, j'ai acquis une conviction; au coeur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce sera nécessaire." (SSM, 2ème ed. Épilogue)
¹: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." (SSM, Conclusion)
²: virthost.vub.ac.be/lnaweb/ojs/index.php/LogiqueEtAnalyse/article/download/1829/1608 p.298
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