Auguste Vannier
13/02/2022
En qualifiant ainsi, d'un revers de plume, la "pensée sociale" de JL Mélenchon, vous tombez dans les facilités des éléments de langage qu'il est de bon ton dans la "bonne société mainstream" d'utiliser à l'encontre de ce "Politique" de haut-niveau. Lisez ou écoutez ce qu'il dit sur ces questions et vous verrez qu'il ne s'agit pas de "folie", mais de l'expression d'une analyse approfondie de la réalité sociale (analyse avec laquelle on peut être en désaccord mais qui mérite mieux que la reprise mécanique de formules de journalistes paresseux). Accuser d'islamo-gauchisme ou de wokenisme a pris le relais de l'accusation de "complotisme" pour tenter de disqualifier toute personne qui pense "critiquement". Or, Ph. Grasset, votre appareillage conceptuel critique vaut mieux que ce type de formule "entendue" à l'emporte pièce. Surtout quand vous reprenez les propos d'un des rares candidats à s'efforcer de faire une campagne en pensant, et en donnant respectueusement à réfléchir à son public.
jc
14/02/2022
C'est ce à quoi me fait penser la lutte entre les "Freedom Convoys", nomades dynamiques du côté d'Abel et du "Paradis terrestre", et les "Etats libéraux", sédentaires statiques du côté de Caïn et de la "Jérusalem terrestre", assiégés dans leurs orgueilleuses métropoles (Ottawa, Paris, Bruxelles…). La liberté véritable contre la "soi-disant liberté"...
Guénon (1): "Ainsi, un « retournement » s’opère en dernier lieu contre le temps et au profit de l’espace : au moment même où le temps semblait achever de dévorer l’espace, c’est au contraire l’espace qui absorbe le temps ; et c’est là, pourrait-on dire en se référant au sens cosmologique du symbolisme biblique, la revanche finale d’Abel sur Caïn.".
1: "Le règne de la quantité...", chap. XXIII.
jc
14/02/2022
Je viens de reparcourir le chapitre XXIV de "Le règne…", chapitre intitulé dissolution -en me demandant si j'en avais retenu autre chose que le titre!-. Et je suis tombé sur la phrase suivante qui m'a retenu :
"Si même, en se plaçant momentanément au point de vue de la science moderne, on voulait, d’une part, réduire la « corporéité » à l’étendue comme le faisait Descartes, et, d’autre part, ne considérer l’espace lui-même que comme un simple mode de la quantité, il resterait encore ceci, qu’on serait toujours dans le domaine de la quantité continue ; si l’on passe à celui de la quantité discontinue, c’est-à-dire du nombre, qui seul peut être regardé comme représentant la quantité pure, il est évident que, en raison même de cette discontinuité, on n’a plus aucunement affaire au « solide » ni à quoi que ce soit de corporel.".
Guénon associe le matérialisme (disons XIXème) à la phase rigidifiante -et, dans une certaine mesure rassurante (1)-. Pour lui il y a donc un autre cap à passer pour atteindre la fin du cycle, et ce cap est celui de la dissolution (PhG dirait peut-être l'entropisation). Et, toujours pour lui, ce cap est le passage du domaine de la quantité continue "à celui de la quantité discontinue, c'est-à-dire du nombre".
Pour les matheux il y a eu, à mon avis, un net point de bascule lorsque, au XIXème, Cauchy et Dedekind ont imposé leurs constructions de l'ensemble des nombres réels comme formant un continu prestement qualifié de "droite réelle". Mais le fait de qualifier l'ensemble des réels de droite réelle signifie que ces matheux ont pensé être arrivés à construire du continu à partir du discret, ce qui devrait faire sursauter tout métaphysicien normalement constitué (2). Thom ne manque pas de relever ce point , entre autres longuement dans PNPE (3), en soulignant -comme Guénon (4)- qu'on ne peut résoudre les paradoxes de Zénon (5) si on est un penseur du discret. Or comment peut-on penser le changement si on est déjà incapable de penser le mouvement?
Il est clair que les atomistes et les réductionnistes entraînent la science moderne vers encore plus de diversité. Aussi il y aura, selon moi, un autre point de bascule à réaliser, c'est celui de mettre fin au règne dictatorial de la quantité discrète -le tout numérique que nous subissons de plein fouet depuis la montée en puissance des calculateurs- pour le soumettre au règne de la quantité continue, nouveau règne selon moi nécessaire pour pouvoir démarrer un nouveau cycle en progressant dans le seul sens qui vaille, à savoir dans le sens cher à PhG de la recherche de l'unité perdue.
Thom : "Il est de fait qu'Aristote a été le premier – et pour des siècles, voire des millénaires – le seul penseur du continu."...
1: "... l’illusion de sécurité qui régnait au temps où le matérialisme avait atteint son maximum d’influence, et qui alors était en quelque sorte inséparable de l’idée qu’on se faisait de la « vie ordinaire »... ".
2: Je pense qu'Alain Badiou, l'un des rares philosophes contemporains à s'intéresser aux mathématiques contemporaines n'a pas vu ce point (et je me demande si Grothendieck l'a vu).
3: "Le discret et le continu", pp. 62 à 78, suivi de "Qualitatif-quantitatif, continu et discontinu: la matière et la pensée…, " pp.79 à 89 (sous-titres du chapitre intitulé "Positions philosophiques").
4: Cf. la fin de "Les principes du calcul infinitésimal".
5: https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxes_de_Z%C3%A9non
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