Olivier Montulet
13/11/2010
En réaction à l’article “Aux dernières nouvelles, Dieu nest pas inquiet pour le climat”, je me permets de vous transmettre le texte ci-après rédigé de ma plume et qui repositionne le débat scientifique autour de la question du climat. Débat qu’il est urgent d’extraire des polémiques et rendre d’une part à la science sa juste place et aux sceptiques leur honneur. Le scepticisme est une posture des plus essentielles en matière de sciences. Condamner les sceptiques c’est ignorer la science.
Le samedi 6 novembre 2010
Lettre ouverte à l’association française pour l’information scientifique AFIS éditeur de la revue Science & pseudoscience SPS
http://www.pseudo-sciences.org/
Quest-ce que lAFIS ?
LAFIS se donne pour but de promouvoir la science contre ceux qui nient ses valeurs culturelles, la détournent vers des uvres malfaisantes ou encore usent de son nom pour couvrir des entreprises charlatanesques. Elle se veut indépendante de tout groupe de pression et veut éviter toute concession au sensationnalisme, à la désinformation et à la complaisance pour lirrationnel.
Bonjour,
Je souhaite féliciter la rédaction de science et Pseudoscience de la publication de depuis quelques numéro darticles portant sur le débat climatique. Vos apports me semblent équilibrés, chose rare actuellement. Hors pour quun débat puisse être correct (et scientifique) il est indispensable que tous les avis, théories et modèles, même ceux qui sont faux, puisse être confrontés. Cela tant dun point de vue sociétal, politique, économique que scientifique.
La première chose est de cadrer les discutions, larticle dAndré Lebeau est à ce sujet bien clarifiant.
La controverse est par définition scientifique et la science est par définition controverses. La démocratie aussi. La controverse est indispensable car elle permet par la mise en cause de certitudes acquises daborder les questions sous un autre jour et de nous faire progresser. En cela dailleurs, elle est fondamentalement outil démocratique. Lopposition face à la majorité est la base même du débat démocratique politique. Si la politique a pour sens laction, c’est-à-dire quelle doit faire des choix et les mettre en uvre, la science a pour mission de décrire des faits . La connaissance des fait évolue sans cesse, cest le paradoxe scientifique « plus je sais, moins je connais » et la raison du relativisme historique scientifique. Si pour agir le consensus est outil politique de prise de décision pour décrire il est inopérant. Bien sûr les scientifiques peuvent faire consensus pour dire quun modèle est valide ou invalide. Mais ce consensus ne porte pas sur la théorie mais sur la méthodologie. Ils ne jugent pas dune description mais des moyens mis en uvre pour lobservation, la mise à lépreuve et la pertinence des hypothèses et conclusions.
Il est évident que le débat actuel fait fit du principe de respect des différents intervenants. Déjà le terme « Climato-sceptique » (mot qui est insensé comme le fait justement remarquer le professeur Courtillot voir ci-après) à quelque chose de dégradant pour ceux qui ne soutiennent pas la thèse (car il sagit dune thèse et non dune certitude) du GIEC.
Ce qui est particulièrement interpellant (et qui a motivé la réaction de Claude Allègre pour parler « dImposture »), cest la façon dont le GIEC sappuie sur un « consensus » et que les défendeurs de la thèse du GIECC, non seulement disqualifient leurs controverseurs, mais jamais nadmettent quil sagit dune thèse et pire affirment que le débat est clos. Vous pouvez le constater notamment dans lentretien avec Jean Poitou que vous avez publié.
Lémotion a envahi les débats, hors personne ne contestera que lémotion soit mauvaise conseillère. La médiatisation du catastrophisme est choquante. Non seulement ce catastrophisme est annoncé par le GIEC mais la presse, friande démotions fortes, accentue cet aspect et les milieux tant politiques quéconomiques instrumentent cette émotion (la peur), ce qui ne fait que lamplifier. On peut le constater dans linterview retranscrite ci-après, où Audrey Pulvar, au surplus quelle tente demblée de disqualifier la position de son interlocuteur, sacharne à essayer de lui faire dire ce quelle à envie dentendre, sans essayer découter et a fortiori de comprendre ce quil a à dire.
Il faut donc ramener les débats là où ils doivent être :
- La controverse scientifique au sein du monde scientifique ;
- Le débat public dont celui médiatique au sein de la société ;
- Le débat politique au sein des institutions démocratiques.
Les causes des modifications climatiques font uniquement partie du débat scientifique puisquil sagit dénoncer des faits. Lévaluation des conséquences appartient à la communauté scientifiques, en ce y compris les sciences sociales et la philosophie, car il sagit ici denchainement de mécanismes que seuls les scientifiques sont à même de maîtriser. A ce jour, bien quil soit essentiel pour éclairer les choix politiques, ce dernier aspect na pas, à mon sens, été abordé sereinement et surtout dans toute sa globalité, ce qui pose problème. Personne ne peut prédire lavenir, les scientifiques ne peuvent quémettre des tendances avec un certain degré dassurance qui diminue très vite et de plus en plus vite suivant léloignement temporel de la prévision. Lévaluation des conséquences, bien que faite par des scientifiques avec leur rigueur scientifique, nest pas scientifique.
Le débat politique en connaissance des résultats complets des scientifiques mais aussi des limites de leurs modèles doit porter sur la pertinence des actions à entreprendre. Les acteurs politiques sont non seulement ceux qui sont habilités à faire les choix daction mais surtout sont les seuls à en avoir la légitimité. Les groupements associatifs quelques soit le nombre de leurs membres nont pas cette légitimité non seulement parce quils ne sont pas élus mais aussi par que leur objet est limité . Le domaine politique est englobant et les choix y sont faits dans la pondération de lensemble des questions sociales en ce compris les questions environnementales. Une seule restriction, la politique ne peut intervenir dans les questions de consciences et de conviction et les questions scientifiques . La recherche scientifique ne peut souffrir de limitations autres que celles de la réalité sinon lobjet quelle décrit est de facto compromis. Cest aussi une question fondamentale qui se pose quant au fondement même du GIEC en tant quorgane ayant une mission (au surplus, liée à un financement) définie par la politique .
Il nest pas étonnant quavec le mélange des genres actuels que le débat ait viré à confusion et à lirrationalité des émotions.
Mais Est-ce si important de connaître les causes, limportance et les conséquences dun phénomène ?
Certains affirment, au non du « consensus scientifique » , quil faut, en vertu du « principe de précaution », lutter contre le réchauffement climatique sans attendre. Et ça semble de bon sens. Mais comme tout « bon sens populaire », ce bon sens à la réflexion ne tient pas la route.
Dautre problèmes, et les politiques, avec bon sens mais cette fois dans le sens avec raison, doivent lintégré dans léquation complexe de leurs choix daction, comme toutes les questions qui se posent à notre société humaine .
Est-il raisonnable en effet, sans certitudes sur le fait, sans certitude sur les causes, encore moins les effets et surtout la permanence des phénomènes, est il donc raisonnable :
- Dinquiéter outre mesure la population ;
- De mobiliser dénormes moyens ;
- Dentreprendre des actions hasardeuses
?
Les problèmes, réellement humains, tels que la misère, la faim, la santé, lanalphabétisme, linjustice sociale et civile, les conflits et biens dautre dont les causes sont anthropiques exclusivement et avec certitude sont indéniables à lheure où nous produisons suffisamment de richesses pour satisfaire bien plus que lensemble de toute la population mondiale, doivent-il passer, encore une fois, après un problème qui plus que vraisemblablement nous dépasse ? Ne devrait-on pas consacrer, par exemple, des moyens à développer laltérité et laltruisme qui serait bien utile si, par malheur, des changements climatiques mais aussi autres, poussaient des populations à limmigration ?
Changer nos moyens de consommation est sans doute de toute manière souhaitable personne nen disconvient. Mais il ne sagit pas de simplement déplacer des dépenses dun achat vers un autre. Cest contreproductif . Il sagit alors réellement de changer de paradigmes économiques. Est-on prêts ?
Méfions-nous de la précipitation, toujours.
Je joins, ci-après, la retranscription de lInterview du professeur Vincent Courtillot faite par Audrey Pulvar dans le 7/9 de France Inter (7h50 - 29 octobre 2010) . Je la trouve fort intéressante tant du point de vue (de la tentative) de la mise en scène journalistique que de lexplication implicite de ce quest un débat scientifique du professeur Courtillot au delà de son sens pédagogique et de son grand art de la communication.
Espérant avoir apporté un éclairage utile, je vous présente mes salutations respectueuses.
Retranscription de linterview du professeur Vincent Courtillot faite par Audrey Pulvar dans le 7/9 de France Inter (7h50 - 29 octobre 2010)
par Olivier Montulet
Présentatrice France Inter, Audrey Pulvar :
GIEC 1, climato-sceptiques 0 ?
On va poser la question tout de suite à Vincent Courtillot, directeur de linstitut de physique du blog.
! Du globe, pardon, qui est proche de Claude Allègre.
La parution du rapport de lacadémie des sciences hier, rapport qui arbitre le débat entre tenants et adversaire de la thèse de linfluence de lhomme sur son climat, vous met-elle en difficulté ?
Cest « oui » dit le rapport, oui lhomme influe sur le climat.
Est-ce que lon peut parler de défaite en rase campagne pour les climato-sceptiques ?
Professeur Vincent Courtillot :
A mon avis en rien et je suis tout à fait surpris dentendre depuis ce matin, puisque je me suis réveillé un peu tôt pour vous rejoindre, les résumés des journaux successifs.
Dabord, un mot rapide. Quand on dit que je suis proche de Claude Allègre, oui, cest un collègue, oui, cest un ami, oui, nous avons fait de la science ensemble, mais sur ce que jai à vous dire ce matin, je travaille avec quatre autres personnes, Claude Allègre ny est pas, jai depuis cinq ans publié six articles dans des revues internationales sur le sujet, un livre chez Odile Jacob « Nouveau voyage au centre de la terre » et donc ce que je vous raconte cest ce que je pense comme scientifique. En sciences, il ny a pas des courants comme dans les partis politiques, il y a des pensées construites et ce que jai à vous dire est basé là-dessus. Et je ne lis pas du tout ce rapport, que jai découvert en revenant de mission puisque jétais entrain de participé au comité annuel sur lobservatoire de la montagne Pelée à la Martinique, ça fait partie du boulot de lInstitut de la Physique du Globe, pas du Blog, ça serait sympa dailleurs, Et bien jai découvert ce rapport, jai découvert ce rapport bien sûr reçu la version antérieur dailleurs beaucoup des remarques que jai faites ont été prises en compte, et je trouve ce rapport, il faut lire sa première page, il faut le lire avec soin, le résumé qui en est donné est totalement caricatural. Dabord, il est dit dès la page 1, des débats très riches et de haute tenue scientifique, et on a dégagé convergence, divergence et incertitudes. Et moi je ne fais pas
AP Cest un débat de scientifiques
VC Et moi ce que je fais ce nest pas de prendre ce rapport dans labsolu cest de le prendre dans lhistoire qui vient de ce dérouler depuis vingt ans où un peu plus quexiste ce rapport touts les quatre oµ cinq ans, fait par le Groupe Intergouvernemental dEtude du Climat, et bien si vous vous souvenez de ce que vous disiez dans cette pièce il y a seulement un ou deux ans, il ny avait pas dincertitude, il ny avait pas de divergence, cétait selon la parole dAl Gore, tout le monde était daccord et aucun scientifique sérieux ne pensait autrement. Cest une des choses qui, moi, ma inquiété, labsence de débat en science est toujours étonnant, en fait il ya débat,
AP - mais
VC - une journée de débat cest passée à lacadémie des sci
AP mais, permettez-moi,
VC Oui, je vous en prie
AP Pardonnez-moi, mais dans ce rapport il y a quen même des points qui apparemment ne soufrent pas contestation. Leffet direct dun changement de concentration du CO2 sur latmosphère est bien compris, par exemple, il correspond à un réchauffement moyen en surface élevé à 1,1degré à plus ou moins 0,2. Leffet de laugmentation du CO2 sur le réchauffement est indubitable daprès ce rapport qui a été signé par Claude Allègre.
VC Alors, il a été signé, il a été voté par lacadémie à lunanimité, mardi, il se trouve que jétais à la montagne Pelée, et pas à lacadémie donc je nai pas eu à le voter mais je laurais voté si javais été là, et je voudrais vous expliquer pourquoi.
Vous avez dit à moment que cétait un compromis, cest tout à fait évident que cest un rapport de compromis, dans la mesure où cétait une journée de débat, et ce que
AP Cest Claude Allègre qui dit ça. Oui.
VC - et ce que je voulais vous dire cest que le 20septembre, pendant une journée toute entière nous nous sommes réuni à 120 pour discuter du domaine, il y a eu débat. Et ce qui est nouveau cest que ce débat est bien considéré comme étant de haut tenue, c’est-à-dire que ceux qui défendent la vision majoritaire incontestable qui est la vison du GIEC et ceux qui défendent des visions minoritaires, parce que ce nest pas monocolore ,parce quil y a plusieurs façon douvrir le débat, et bien on a trouvé que leurs arguments étaient valables et ce que jai découvert avec plaisir cest que les thèse que moi-même je défends sur la base de notre travail , elles ont été soutenues à lacadémie par un nombre non négligeable de scientifiques extrêmement imminents
AP Mais ce que vous avez mis en cause sur les projections
VC- Le rapport, si vous permettez, cest un compromis raisonnable
AP Oui
VC - et si vous regardez ce compromis, je lai relu juste avant de venir, moi pour ce qui me concerne jy trouve douze points daccord, huit points de désaccord. Dans la conclusion il y a dix points, il y en six avec lesquels je suis absolument, daccord, deux qui sont neutres, deux où je suis en désaccord, Si
AP daccord, donc on aura compris que cest un débat, cest un débat riche et qui, qui débouche sur de la convergence, Oui
VC - Si vous interviewez à ma place, , oui, mais si vous interviewez à ma place quelquun qui.., ce que je veux dire, si vous interviewez à ma place quelquun qui est favorable, et bien évidement cest sont droit absolu et cest plutôt majoritaire, les positions du GIEC, il vous dira de la même façon quil a des points en accords et des points en désaccord et cest en cela que
AP Je pense quon a bien compris votre propos à ce sujet, Vincent Courtillot, mais, par exemple, vous aviez mis en cause les projections du GIEC, ses rapport, heu, ses projections sur le réchauffement climatique. Hors dans ce, dans ce rapport de lacadémie des sciences il est dit que les projections sur 30 à 50 ans, sont peu affectées par les inexactitudes qui avait été tellement mises en relief par les climato-sceptiques. Cest quen même un bon point pour le GIEC.
VC Heu, ce nest pas une question de bons points et de mauvais points,
AP Oui
VC - Cest une question de débat scientifique, il y a des positions qui ne sont pas daccord, elles se sont exprimées de façon tout à fait correcte lors dune journée de débat
AP Mais les termes qui étaient utilisés par les climato-sceptiques avant ce débat étaient extrêmement violents on a parlé dun système mafieux et totalitaire on a parlé dune imposture
VC Les rédacteurs du débat
VC Non, non, non, non,
VC Alors, alors
VC Et mais attendez, je nai jamais parlé, vous minterrogez, vous minterrogez, moi, je nai jamais utilisé aucun de ces termes et je suis reconnu, et je lai été ici, dans cette pièce, à plusieurs reprises, comme un climato-sceptique tempéré, jaime le terme tempéré,
FI Eclairé ?
VC - je naime pas le terme climato-sceptique, ça ne veut rien dire on nest pas sceptique sur le climat ! Il y a des vues actuellement qui ne sont pas en accords, elles se sont exprimées. Comment voulez-vous rédiger ? La science ne se vote pas. Comment voulez-vous rédiger un rapport ? Les quatre rédacteurs du travail qui ont fait le mieux possible ont résumé lensemble des débats ce qui donne des points avec lesquels, vous avez raison de le souligner, je suis en accord, beaucoup, la plus part, et des points sur lesquels je suis en désaccord. Jen signalerais un. Je pense quil y a des erreurs dans ce rapport. Je pense en particulier que la température dont il est dit que, il est clair quelles ne peuvent pas être liées à lactivité solaire parce que depuis 1975 lactivité solaire décroit alors que la température croit, et bien cette phrase est, à mon avis, inexacte, ce qui
FI Donc vous nauriez pas signé ce rapport.
VC Ca ne veut pas, mais attendez, les, les, les gens du GIEC ne signent pas les deux-tiers de ce qui est écrit qui est en accord avec ce que nous disons. Cest ça qui est formidable, cette façon de présenter les choses. La température en fait, elle depuis douze ans. Et on a beaucoup de mal à le dire. Le rapport fait lerreur de le dire quune foi, pas très clairement, et vous ne lavez pas repéré, depuis deuxm…. attendez, depuis 1998, il
FI Il dit, il dit très pré précisément à plusieurs reprises que la, lactivité solaire nest pas responsable du réchauffement climatique.
VC - il y a douze ans que la température décroit, donc la température décroit
VC - SI, si vous regardez ça avec soin vous voyez des points qui sont contradictoires dans ce rapport, et vous verrez en particulier quil y est dit que la température à augmenté et non, pas accéléré, ils ont supprimés dans la rédaction précédente le terme accéléré. Oui elle à augmenté, quand ? Pendant trente ans. Quand est-ce que ça sest arrêté ? En 98. Il y a douze ans que ça descend, il ya quinze ans qu [que lactivité solaire a diminué Note dO. Montulet]
FI Donc le débat continue.
VC Donc le débat continue et ce rapport nest quune étape.
FI Merci Vincent Courtillot.
Notes :
1 http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1449
2 Cela avec toutes les restrictions épistémologiques indispensables mais hors de propos ici.
3 Au sens raisonnable.
4 Lui aussi pris dans la problématique du mélange des genres : Politique-scientifique-médiatique. Il est lauteur de « Limposture climatique » (Plon -février 2010). Voir, sur le site du journal Le Monde, linterview de Claude Allègre par Stéphane Foucart à propos de ce livre sous le titre « Le cent-fautes de Claude Allègre »
5 http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1452
6 Il sagit dune courbe asymptotique.
7 Ils sont des groupes de pression au même titre que tout autre lobby. Voir Larticle publié le 12/09/2010 sur le suite dInternationalnews « Greenpeace, le WWF, et “Les Amis de la Terre” financés par ceux quils dénoncent! (+ mini dossier) »
8 La politique nintervient dans les questions de consciences et de conviction que de façon externe (pour leur financement, leur support
) cela afin de leur assurer la vitalité nécessaire au bien être individuelle, et à la cohésion harmonieuse de la cité. LEtat na pas à intervenir dans la science si ce nest à lui donner les supports et moyens pour financer les recherches, la transmission et la diffusion des savoirs. LEtat par contre à le devoir dintervenir sur les développements techniques des connaissances scientifiques, car à ce stade il retourne de questions économiques, sociales et éthiques.
9 La politique peut demander des études pour répondre à des questions techniques mais ne peut pas simmiscer dans le contenu de la recherche. Ainsi, logiquement, IL faudrait sen tenir exclusivement à un financement du GIEC pour lobjet de son intitulé, létude du climat. Ni les acteurs politiques ni les scientifiques ne devraient en aucun cas accepter que les études portent uniquement sur le réchauffement climatique et ses conséquences dès lors quil subsiste controverse. Le monde politique, tout aussi logiquement, devrait, dans un esprit déquilibre, financer tant les tenants dune thèse que des autres, seul moyen de conforter la connaissance scientifique.
Epistémologiquement, il serait justifié de séparer lautorité qui établis le rapport portant sur les connaissances scientifiques de la question et ceux qui en évaluent les conséquences. La question des « remèdes » est une question qui doit venir dans un temps qui suit lévaluation politique de ces rapports. Mais ces remèdes devraient être, eux aussi, proposés par un autre groupe de travail constitué non plus que de scientifiques mais aussi de techniciens.
10 Cest assez paradoxal car ceux qui préconisent cette position (au non du consensus scientifique), sont en général ceux qui, avec le même « bon sens », sopposent à la science en ce qui concerne les OGM ; le nucléaire ; les antennes de télécommunication, les lignes à Haute ou très haute tension etc.
11 A mon sens dans une démocratie représentative, lopinion publique se fait à laune de laction politique et sexprime lors du suffrage universel. Laction politique devrait éviter de se fonder sur lopinion publique instantanée, sous risque de dérives populistes.
12 Voir, ci-après, linterview de Vincent Courtillot.
13 Voir le livre de Linquiétant principe de précaution » de Gérald Bronner et Étienne Géhin (Presses Universitaires de France PUF, février 2010, collection Quadrige Essais Débats) et le commentaire de Jean-Paul Krivine publier le 05/05/2010 sur le site de lAfis sous le titre « Linquiétant principe de précaution ».
14 Voir larticle de Cédric Gossart publié dans Le Monde Diplomatique de juillet 2010 intitulé : « Quand les technologies vertes poussent à la consommation »
15 http://www.dailymotion.com/video/xffskt_vincent-courtillot_news#from=embed
Voir aussi :
« Et le Soleil dans tout cela ? »Par Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël - SPS n° 291, juillet 2010
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1451 ;
« Un point de vue sceptique sur la thèse “carbocentriste” » Entretien avec Benoît Rittaud, Propos recueillis par Stéphane Adrover - SPS n° 291, juillet 2010
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1455 ;
La tribune du philosophe Drieu Godefridi dans le journal Le Monde le 01/02/2010
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/01/le-giec-est-mort-vive-le-debat-par-drieu-godefridi_1299689_3232.html.
Commentée sur le site de Slate.fr sous le titre de « Le Giec et la fin du “terrorisme intellectuel” »
http://www.slate.fr/story/16777/giec-terrorisme-intellectuel-climat-rechauffement-climategate;
Le livre de Drieu Godefridi « Le GIEC est mort, vive la science! » (Texquis, mai 2010). Voir la présentation du livre sur le site de léditeur http://giec-est-mort.com/;
Larticle de Jean-Luc Goudet, publié le 01/09/2010 sur le site de Futura-Sciences « Un rapport critique le GIEC »
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/climatologie-1/d/un-rapport-critique-le-giec_25021/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20100902-[ACTU-un_rapport_critique_le_giec];
Larticle publié le 30/01/2010 par le scientifique Damien Jayat sur son blog « Le plus grand gaz à effet de serre
c’est l’eau ! »
http://www.rue89.com/infusion-de-sciences/2010/01/28/le-plus-grand-gaz-a-effet-de-serre-c-est-l-eau-135975;
Le Livre de Serge Galam édité chez Plon « Les scientifiques ont perdu le Nord - Réflexions sur le changement climatique ». Voir la Note de lecture de Michel Naud, publiée dans SPS n° 291, juillet 2010 et disponible sur le site de lAfis sous le titre « Les scientifiques ont perdu le Nord - Réflexions sur le changement climatique »
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1439;
Le livre le « Le Mythe climatique » de Benoît Rittaud (Seuil, février 2010, Collection : Science ouverte). Voir la note de lecture de Benoît Rittaud « Le mythe climatique » de Benoît Rittaud publier dans SPS n° 291, juillet 2010 et disponible sur le site de lAfis
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1430;
Et bien dautres
Bien à vous,
Olivier Montulet
De : Michel Naud [mailto:
]
Envoyé : dimanche 7 novembre 2010 12:38
À : Olivier MONTULET
Cc : Jean-Paul KRIVINE
Objet : Re : Lettre ouverte à l’association française pour l’information scientifique AFIS éditeur de la revue Science & pseudoscience SPS
Bonjour à vous,
Je tiens, au nom de l’AFIS, à vous remercier de votre témoignage de satisfaction de la façon dont le comité de rédaction de la revue aborde la question du changement climatique. Nous nous efforçons, pour cette controverse comme pour d’autres (biotechnologies végétales, ondes électromagnétiques) d’éclairer l’interface entre science, techniques et société. Nous nous efforcerons de continuer à mériter votre confiance.
Sur ces sujets deux problématiques importantes (d’ailleurs liées) sont souvent à la base des difficultés de perception par la société, simples citoyens (et citoyennes) comme médias ou décideurs. D’une part une confusion des ordres endémique (entre science, morale et politique, qui sont trois champs distincts) et d’autre part une conception souvent qualifiée de postmoderne (et que nous récusons) de l’expertise (ce qui nous amène à faire de la pédagogie régulière sur le concept de service public de l’expertise scientifique).
Le GIEC représente un cas idéal-typique, à mon sens (je m’exprime désormais à titre personnel), de ces confusions (avec des dimensions additionnelles puisque se rajoute une problématique qui est hors du champ de notre association qui est celle des gouvernances supranationales, en loccurrence mondiale).
Vous évoquez vous-même la confusion des genres, et je pense qu’il convient de rendre justice au philosophe Luc Ferry d’avoir su, dès 1992, dans son ouvrage Le nouvel ordre écologique, préciser le problème central auquel nous nous confrontons controverse après controverse :
“L’argument développé dès le XVIIIe siècle par le philosophe écossais David Hume est pourtant bien connu : de la simple considération de ce qui est, il est impossible dinférer ce qui doit être. En clair, une théorie scientifique peut bien nous décrire aussi adéquatement que possible la réalité, et anticiper de façon aussi plausible quon voudra sur les conséquences éventuelles de nos actions, nous ne pourrons pour autant rien en tirer directement pour la pratique. Même si les services de médecine ont déterminé de façon tout à fait convaincante que la consommation de tabac était nuisible pour notre santé, il convient d’ajouter un maillon intermédiaire pour en tirer une quelconque conclusion éthique : il faut en effet que nous fassions au préalable de notre bonne condition physique une valeur, pour que les résultats du travail scientifique prennent la forme d’un “il ne faut pas !”. C’est donc toujours la subjectivité (un “je” ou un “nous”) qui décide en dernière instance de valoriser ou de dévaloriser telle ou telle attitude. Faute d’une telle décision, les impératifs qu’on prétend tirer des sciences demeurent toujours “hypothétiques”, puisqu’ils ne peuvent dépasser le cadre d’une formulation du type : “Si tu ne veux pas porter atteinte à ta santé, alors cesse de fumer.” Mais après tout, il reste possible, du moins dans ce genre de situation touchant le bien-être individuel, d’avoir d’autres valeurs que celle de la conservation de soi, de préférer par exemple une vie courte, mais bonne, à une existence longue et ennuyeuse. Si l’argument de Hume fait foi, force est de convenir que la morale ne saurait, en tant que telle, être une affaire d’experts. Certes les savants peuvent avoir un rôle à jouer dans la détermination de nos choix, lorsqu’il importe de prendre en compte les conséquences de nos actes et que celles-ci sont difficilement prévisibles (...) mais ce n’est pas l’expert en tant que tel qui détermine le choix des valeurs. Voilà une leçon qu’on aurait intérêt à ne pas oublier : car de Lénine à Hitler, la prétention à fonder la pratique dans l’objectivité d’une science de la nature ou de l’histoire s’est toujours soldée par des catastophes humaines. Pourtant, c’est bien là le fossé qu’entend combler l’écologisme.” (Editions Grasset, p.172-173)
Vous évoquez Jean Poitou. Je pense qu’il faut rendre justice à Jean Poitou. L’entretien avec Jean Poitou se déroulait en trois parties. Dans une première partie (les questions de base) Jean Poitou fait une excellente uvre de pédagogie (et on peut regretter que son ouvrage “la météo et le climat pour les nuls”, épuisé, ne soit pas réédité). Dans la seconde partie il considère de facto, vous le relevez, que le débat scientifique est clos mais, après tout, nous sommes là purement et simplement dans la controverse scientifique et Jean Poitou, climatologue du CEA, est dans son rôle ; je laisse les physiciens du globe et les physiciens du climat (autrement dit les physiciens de la matière solide et ceux de la matière molle…) régler leurs différents scientifiques (et leurs querelles d’égo). Dans la troisième partie, consacrée à la controverse sociétale vous remarquerez que la première phrase de Jean Poitou est “On sort ici du domaine scientifique. Je ne vais donc plus mexprimer en spécialiste, mais donner lopinion dune personne concernée.”... Combien d’intervenants (pro-GIEC ou sceptiques) dans les différentes dimensions de la controverse prennent-ils cette précaution oratoire qui semble pourtant é-lé-men-tai-re ?
Ensuite, en cohérence et de façon fort opportune il signale que “Le consensus a un sens en politique, pas en sciences. Doù vient la violence ? Les positions des scientifiques sont volontiers distordues et amplifiées par des médias plus soucieux de spectaculaire que dinformation (audimat oblige). Le débat serein existe au sein de la communauté des climatologues. Le débat qui fait défaut, cest sur les mesures à prendre pour contenir le réchauffement dans des limites où il reste gérable. Paradoxalement, ce nest pas sur le plan des mesures à prendre mais sur le plan de leur raison dêtre, les conclusions des climatologues, que les opposants à ces mesures font porter leurs attaques.”
Certes j’aurais été, personnellement, plus vigilant sur la rédaction. D’une part les conclusions des climatologues, au sens littéral, ne sont justement pas leur “raison d’être” (relire Luc Ferry) mais par delà cette imprudence sémantique (d’importance) on comprend bien ce que veut dire Jean Poitou. D’autre part il évoque que le débat qui fait défaut commencerait sur les mesures à prendre, mais là aussi il “mord le trait” : le “simple” choix formulé de “contenir le réchauffement dans des limites où il reste gérable” est déjà hors du champ scientifique et bel et bien dans le champ politique : les décisions de “contenir” le réchauffement ou non, et si oui dans quelles limites sont déjà des décisions politiques ; elles ne peuvent pas être déduites directement des constats scientifiques (quand bien même 100 % des climatologues seraient d’accord sur ces constats). Mais je suis persuadé que Jean Poitou admettrait sans difficulté ces remarques ; c’est simplement que lui, à titre personnel, a déjà répondu à ces questions politiques et qu’il semble penser que ces (ses) réponses devraient s’imposer d’évidence ou au moins faire consensus, mais elles ne le font pas. Cela ne change rien à la justesse de sa remarque fondamentale qu’il est paradoxal que les attaques des opposants au GIEC se concentrent sur les conclusions du groupe 1 (le cercle scientifique) et non sur celles, ou la politique domine, des groupes 2 et 3.
Vous nous indiquez que votre courrier est une lettre ouverte. Nous serions donc heureux de savoir sur quel(s) blog(s) vous l’avez publié. Nous espérons pouvoir compter sur votre fidélité et votre soutien (en vous abonnant et en adhérant à notre association si ce n’est pas déjà le cas - vous m’excuserez de ne pas avoir vérifié - :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?rubrique41 )
Très cordialement,
Michel Naud (président en exercice de l’AFIS)
De : Olivier MONTULET [mailto:
]
Envoyé : dimanche 7 novembre 2010 13:24
À : ‘Michel Naud’
Objet : RE: Lettre ouverte à l’association française pour l’information scientifique AFIS éditeur de la revue Science & pseudoscience SPS
Cher Monsieur,
Bonjour,
Je vous remercie de votre réponse à mon e-mail, tant pour lattention quelle exprime pour mes propos, que pour les éclairages que vous apportez.
Je tiens à préciser que je ne cherchais pas à disqualifier Jean Poitou, mais je pense que vous lavez compris. Je souhaitais simplement montrer quau sein de la communauté adhérente aux thèses du GIEC, il y a une culture de la certitude davoir la bonne thèse. Sans doute est ce du, les scientifiques étant des humains, au renforcement médiatique et social de la pertinence de leur thèse. Cela est dommageable dune part pour cette communauté qui y perd une part de son objectivité et donc de sa crédibilité et dautre part des « sceptiques » quelle discrédite de facto (puisque dès lors quelle a raison, les autres se trompent). Je souhaiterais, mais qui suis-je, que cette communauté ait la modestie de relativiser ses modèles et ait le soin pédagogique den exprimer les limites. Cest, à vous lire, le cas pour Jean Poitou. Je vous remercie de me lavoir précisé. Parfois cependant, jai la triste impression que la communauté adhérente aux thèses du GIEC ne connaît pas elle-même les limites de ces modèles et là cest bien plus grave. Cest une erreur dépistémologie inacceptable. E sil savérait que cétait le cas, la validité du titre de scientifique de ses membres serait aussitôt caduque. Vous comprendrez donc limportance que jattache à cette « modestie ».
Pour ce qui est de mon adhésion, jy songe, mais malheureusement, comme nous tous, je suis confronté à la nécessité de faire des choix et de déterminer des priorités. Je comprends toutefois vos nécessités, en attendant, jespère que la diffusion de mon courrier participera à vous faire mieux connaître.
A propos de cette diffusion, il sagit comme écrit dans ma présentation, sous ma signature, dune diffusion e-mail selon un listing que jai constitué. Y sont repris essentiellement des personnalités politiques Belges, des amis et des personnes susceptibles dêtre intéressées par mes propos. Y sont joints des rédacteurs de la presse belge, cest à ce titre et par honnêteté que jai spécifié quil sagissait dune lettre ouverte, car, régulièrement, ils reprennent mes propos.
Bien à vous
Olivier MONTULET
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