Christian
31/07/2012
URSS 1985-1991; USA 2007-2012
Petite méditation à partir du texte « Aux USA, attente et besoin dun événement extraordinaire » (haines, prévision de mesures coercitives etc ), et de souvenirs denfance à digérer
- 1985 : la direction du parti communiste réalise, sur la base des rapports des services secrets et autres, quil faut faire des réformes sinon lURSS continuera son lent effondrement (économique, alimentaire, stratégique, forte activité des dissidents, mouvement Solidnarnosk) ; elle nomme un jeune secrétaire, Gorbatchev, lequel lance aussitôt un programme de réforme osé : réforme économique (perestroïka) et liberté de parole (glasnost)
- 2009 : lestablishment américaniste, sur la base denquêtes statistiques de satisfaction du consomateur-électeur, sent quil faut proposer une figure du changement (mécontentement populaire suite à la crise des subprime de 2007, aux saisies immobilières, au sauvetage par lEtat des grands banques après le crash de Wall Street en 2008) et fait élire un jeune président démocrate et dynamique, Barack Obama, lequel se dépêche aussitôt
de poursuivre le programme de sauvetage en faveur des grandes banques aux dépens des finances publiques (américaines et européennes), ainsi les politiques extérieures en faveur des divers intérêts privés de toujours
- 1986, catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl, mobilisation de lesprit de corps et de sacrifice (pas toujours volontaire, mais effort collectif pour un but commun - éviter le pire de lexplosion et de la fusion, confiner le efficacement le cur en fusion dans un sarcophage - il y eut, et il faut encore les en remercier !!)
- 1989, trois ans après larrivée de Gorbatchev au poste de secrétaire général, des milliers de gens franchissent le rideau de fer, pacifiquement, sans que larmée (pourtant dotée de tous les moyens nécessaires pour ce faire) ne sy oppose, retrouvant ainsi une liberté de mouvement extérieure
- 2012, trois ans après larrivée dObama à la présidence des USA, la colère et la tension (« haineuse ») sont à leur comble. Puisque les gens sont encore trop libres (« liberté de mouvement extérieur, absence de liberté dans la tête », disait Soljenitsyne pour caractériser les personnes aux USA, là où les personnes en URSS souffrait du contraire « absence de liberté de mouvement extérieur, liberté dans les têtes »), lestablishment (qui se hait lui-même) prépare des mesures de coercition de cette liberté extérieure
Bah, on verra bien la suite
Constatons juste, pour linstant, des dynamiques différentes entre ces deux entités du Moderne (ces deux entités qui se constituèrent avec toutes les caractéristiques du Moderne : nihilisme, perte du mouvement humain, déchaînement aveugle de la puissance physique, technologique, financière - de la matière) que furent lURSS et les USA :
- La plus jeune (74 ans au moment de sa mort, de 1917 à 1991), arrivé au stade de la crise, eut la volonté et la lucidité de se réformer et, à défaut, sut seffondrer. (Ce qui suivit est une autre histoire, avec les interférences majeures des Chicago Boys, du NED, des services spéciaux de lOuest etc., etc.)
- La plus ancienne (237 ans pour linstant, de 1776 jusquà linstant présent), arrivé au stade de la Crise, neut aucune volonté de se réformer, et se trouva au contraire plus prisonnière que jamais de ses schémas modernistes (disons : de la dynamique de déstructuration, qui sest trouvée complètement libérée de tout freins). Cest effectivement la situation, inédite, de blocage « civilisationnel » (« contre-civilisationnel ») que décrit Tonybee (*), mené à son extrémité insoutenable
(Une extrémité insoutenable est ce que lon appelle une crise, une crise non pas au sens banal, mais au sens profond de ce terme : il faut choisir entre soit couler, soit se décider à vivre cest-à-dire à opérer un véritable changement (changement évidemment intérieur, qui concerne dabord les buts et les motivations les moyens extérieurs et pratiques suivront - « lintendance suivra »). Les individus connaissent cela.)
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