Alex Kara
27/01/2019
Il est très heureux de voir la science-fiction utilisée ici pour décrire la situation immobilière. De Jules Verne à Fritz Lang, le futur a lieu dans la ville.
Lorsqu'on acquiert un bien immobilier, on se projette nécessairement dans l'avenir, or cet avenir doit être modélisé. La science-fiction est conspuée par ceux qui ne savent pas abstraire, ce sont d'ailleurs les mêmes qui vont lire les magazines et acheter cet immobilier sans aucun rapport avec l'économie, oeuvrant ainsi à leur propre déchéance.
L'âge d'or de la science-fiction va des années 1920 aux années 1970, c'est-à-dire le moment où les villes grandissent et la perception des possibilités techniques aussi. Ensuite, dans les années 1980 il y a deux tendances, l'une post-apocalypse sociétale (le post-apocalyptique nucléaire est un genre différent) avec par exemple Mad Max, l'autre le cyberpunk , genre qui va brutalement s'arrêter avec l'irruption d'Internet et le fait que la science-fiction est devenue science-réalité (la science-réalité que Jacques Tati et aussi Godard avaient ressentis). Depuis, c'est le désert au rayon science-fiction (le fantastique, lui, explose et se recycle, à en ressembler à l'industrie pornographique. D'ailleurs les films Marvel diffèrent entre eux de la même manière que les films pornographiques diffèrent entre eux).
C'est le désert parce que l'avenir est mort, au sens où il ne renaîtra pas. C'est fini.
L'humain standard des civilisations "avancées" n'a plus de science-fiction (les "aliens" ça n'est pas de la sci-fi mais du fantastique, qu'on se le dise) parce qu'il n'existe plus aucune perspective dans le cadre présent.
C'est d'ailleurs le sens profond de la crise actuelle des "Gilets-Jaunes", qui ne veulent surtout pas réformer quoi que ce soit, juste engueuler les responsables du désastre en attendant la fin.
(soit dit en passant : le fait qu'il y ait tant de vautours type "start-up" pour vouloir lancer leur petite entreprise de récupération politique de ce mouvement montre bien à quel point il n'y a plus de conscience politique.)
Attendre la fin, ce n'est pas avoir une deuxième chance de tout recommencer ("Don't survive, thrive ! "disent certains Survivalistes-Internet). Attendre la fin, c'est ce que beaucoup de monde a connu dans sa vie : la fin des fêtes de village, la fin des surprises-parties, la fin des relations amoureuses qui n'étaient pas colonisées par le sexe-spectacle, la fin d'un travail digne et non stressant. Bref, ce que les quinquas et les quadras ont vécu toute leur vie, c'est la fin de leur monde, remplacé par des ersatz de vie et des ersatz de congénères.
Que tout cela finisse maintenant serait en fait dans la continuité des choses.
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