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Article : Bernanos et la fin de l’Église

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Envie ou désir?

jc

  22/11/2018

Bernanos: "... cette vertu de l’Envie, indispensable au Progrès, et qui semble tenir dans notre civilisation la  place réservée jadis à la vertu de Charité."

Dans "notre" contre-société* du chacun pour soi, c'est effectivement l'envie qui s'est substituée à la charité**, à la philia aristotélicienne***. Et la publicité a poussé l'envie dans la voie voulue par "nos" élites vers des sommets peut-être encore bien lointains, à la lecture de la citation suivante:

« Le métier de la publicité est désormais si proche de la perfection qu’il va être difficile d’y apporter des améliorations. » (Samuel Johnson, 1759)

En amont de la fabrication du consentement des moutons, il y a la fabrication de l'envie des pigeons; "L'envie, indispensable au Progrès", écrivait Bernanos…


Désir= envie sacrée

Au commencement était le vouloir, le désir. Il y a en chaque être vivant d'abord une volonté de vivre. C'est une évidence. Certains penseurs -et pas des moindres- voient les choses ainsi. (Bien entendu nos sophistes rhéteurs modernes considéreront que c'est une inacceptable tautologie qu'ils s'empresseront de discuter avec leur "logique à la con"****, et de lancer leurs anathèmes habituels: "connard de vitaliste, de créationniste", etc…) Mais "nos" élites ont décidé de dégrader ce désir sacré en envie, de désacraliser l'amour, de marchandiser l'image de la femme, de profaner l'érotisme en pornographie, etc. . Pour moi nous sommes actuellement au fond du fond de l'abject; et il nous faut donc maintenant impérativement remonter la pente, il nous faut renaturer, resacraliser le désir vital; car notre raison profonde d'être -la survie de l'espèce humaine- en dépend. (Que nous montre le Vatican -hémiplégique à ce sujet!- sinon des scandales pédophiles et des "Arrêtez de vous reproduire comme des lapins!"?)

(Je recommande vivement de lire ce qu'écrit à ce sujet Alexandre Grothendieck dans "La clef des songes"*****.)


*: Margaret Thatcher: "There is no such thing as society"

**: "la charité est une vertu qui porte à désirer et à faire le bien d'autrui." (Wikipédia)

***: Dans l’Éthique à Nicomaque, Aristote appelle philia l'affection qui fait que nous aimons un être pour ce qu'il est, et non pour ce qu'il peut nous apporter. (Wikipédia)

****: Thom: "La classe engendre ses prédicats comme le germe engendre les organes de l'animal. C'est, à mes yeux, l'unique façon de théoriser la logique naturelle."

*****: Sous-titré "Dialogues avec le bon Dieu", disponible sur la toile, pp. 34 à 38. AG pense visiblement la chose en mâle; je serais très intéressé par une version femelle…
 

Courage ! J'aperçois une lueur...

EricRobertMarcel Basillais

  23/11/2018

J'aime beaucoup ce texte de Bonnal citant Bernanos : il me confirme dans l'idée que le mal est venu du clergé séculier ou de la sécularisation en général.

Certes le "diable" de Rome ne cache même plus la forêt. Et le "diable" de Constantinople, avec son tomos sur Kiev, semble indiquer que le schisme de 1054 n'a pas beaucoup de prise sur ce cancer des institutions séculières de l'Ekklesia.

C'est dans ces moments de désarroi que se repense l'Eglise : le clergé régulier, des deux langues liturgiques, possède des trésors surnaturels dans lesquels il sera très aisé de puiser, le moment venu.

Indépendamment, les Anabaptistes, Chrétiens sans clergé séparé, théologiquement distincts des Confessions d'Augsbourg, représentent un sérieux défi pour les forces d'entropisation. Après enquête, il semble qu'ils appliquent l'Evangile... ceci expliquerait donc cela…

Théologiquement, la querelle du Filioque, d'ailleurs facile à résoudre par l'ontologie panlogiquehttps://ericbasillais.files.wordpress.com/2016/11/paleo-yoga2.pdf ), a dû jouer un rôle dans la dynamique de déconfiture.

Mais l'histoire de cette querelle révèle surtout l'effet désastreux à terme de la sécularisation impériale opérée depuis Constantin. Les Carolingiens et les Byzantins se disputaient l'Empire Romain, voilà tout.

Autre sécularisation : les dîmes, institutions pharisennes, ont été instaurées en Europe, créant, un premier renoncement à la Voie (Parabole du chameau), et le thème de l'enjuivement d'une religion nominalement universelle.

Et pour faire bonne mesure de cette régression ad phariseos, d'autres marottes pharisiennes ont été importées en Europe : la morale sexuelle mosaïque a fait l'objet d'un nombre impressionant de Conciles locaux, dès le haut Moyen-Age (Jean Chélini : Histoire religieuse de l'Occident médiéval, collection U, Paris, Colin, 1968).

Enfin, un troisième grand problème à signaler : la répression pure et simple de la religion antérieure... (https://ericbasillais.files.wordpress.com/2016/11/paleo-yoga2.pdf )après un certain temps de syncrétisme "heureux",  et deux trois passages à l'acte bien saignants et fumants, auront décidé d'une sécession interne dont nous vivons les avatars fermentés sous  diverses "loges".

Paradoxalement, la perte complète de légitimité et d'autorité des institutions dont nous parlons, permettent aux Chrétiens, d'aller chercher des réponses sans filtre dans La Lumière de l'Evangile.