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Article : Bernanos et les hommes dévalués

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Quel est le dieu de Trump ?

Denis Monod-Broca

  26/01/2025

Trump invoque volontiers dieu.
Mais de quel dieu s’agit-il ?
La question n’est pas anodine, elle n’est pas non plus simplement rhétorique. Elle est essentielle.
Trump a prêté serment sur la bible mais est-ce bien le dieu de la bible qu’il invoque ? Certainement pas. Le dieu qu’il invoque si volontiers, si légèrement, est un dieu d’avant, un dieu primitif, violent, vengeur, un dieu à idolâtrer, un dieu de l’aveuglement et de l’ignorance, ou de l’inconscience. Il est le dieu des « armées célestes » de certains passages de l’ancien testament. Il est le dieu des Croisés qui massacraient en son nom. Il est le dieu des guerres de religion et de la persécution des Juifs. Il est l’un de ces dieux dont les hommes se servent depuis le commencement du monde pour masquer, à leurs propres yeux, leur propre violence, leur propre besoin de vengeance.
Le dieu de la bible est tout autre : il est raison et vérité, foi et conscience, amour et miséricorde.
Il serait censé, pertinent, rationnel, de la part de la France, de contrer Trump sur ce terrain-là.
Rêvons un instant, imaginons Macron, s’exprimant au nom de la France, disant à Trump qu’il est idolâtre, que, par ses invocations inconsidérées, il trahit le dieu biblique au nom duquel il a prêté serment. Cela aurait de l’allure, cela aurait du sens. Et quel sens !
Mais non, bien sûr, laïcité oblige, laïcité mal comprise oblige, jamais, au grand jamais, Macron ne fera ça. Que c’est dommage !
Chassez le sacré par la porte, il revient pas la fenêtre : parler de dieu, en public, pour un homme politique français, est tabou, interdit. Par un complet retournement, l’absence de dieu est sacrée désormais, au point qu’elle nous tient lieu de dieu : n’est-ce pas elle qui guide notre pensée et nos lois ?
Nous sommes donc idolâtres, tout comme Trump. Et d’ailleurs, pensant comme lui, nous ne savons pas comment nous opposer à lui. Il croit en la force (et en l’argent), comme nous, et il est plus fort (et plus riche) que nous, alors ?...
Sur le terrain spirituel, nous pourrions lutter, mais nous ne voulons pas y aller. Alors il reste à nous aligner. Ce que nous avons commencé à faire, à l’exemple de nos hommes d’affaires, cela se sent bien…
Comment pouvons-nous, à ce point, renier le fondement même, négliger la pierre d’angle, trahir l’héritage, sur lesquels reposent notre savoir, notre pensée, nos principes ?
Nous faisons fausse route.

L’apocalypse trumpiste, avec ses excès tellement extrêmes qu’ils en crèvent les yeux, sera-t-elle révélation ?