Ando
06/08/2008
Surprenant que ce soit un Américain qui comprenne si bien le sens réel de la pensée de Soljenitsyne. Les Européens semblent si loin d’un début de compréhension de leur grand voisin. Ceux qui aiment et connaissent la Russie, la Mère Russie au sens où Soljénitsyne l’entendait, savent bien que c’est la Russie qui a prêté sa force et sa vitalité au communisme type bolchèvique et non ce dernier. C’est la nation russe qui a nourri de sa substance, jusqu’à faillir en périr anémiée, le régime né d’octobre1917. C’est la nation russe qui a planté son drapeau sur le Reichstag en mai 1945 ou conquis l’espace de spoutnik à la lune. Pourtant, encourager la Russie à retrouver ses vieux démons messianiques serait lui rendre un bien mauvais service. Ce sont sans doute ces démons qui ont fourni le squelette du bolchévisme, mais sans l’âme qui va avec. Il faut aussi se garder d’idéaliser la Russie impériale comme le faisait Soljenitsyne. Même si la Russie impériale fut incomparablement plus libérale, plus agréable à vivre, plus évoluée que l’URSS qui allait lui succéder, au terme d’une guerre civile atroce (de 6 à 12 millions de morts). La Russie impériale était cependant habitée par une “ame”, celle de la nation, une spiritualité presque étouffante (Moscou de 1914 et ses 1000 Eglises, pas de séparation de l’Eglise et de l’Etat dans la Russie impériale). Cette “âme” autorisait cependant le changement et l’ouverture comme le montre (et on l’a oublié) “l’âge d’argent” de la culture russe qui devint en quelques années le modèle culturel de tout le continent européen, la référence de toute la modernité qui allait caractériser l’histoire artistique européenne. L’URSS de Lénine et de Staline son petit-frère ce fut le déferlement des incultes, et le cynisme et la bêtise crasse qui l’accompagne.
Ne pas retourner en arrière, certes. Il reste pourtant un “mystère russe”, qui est un mystère profondément spirituel. Quelque chose qui ressort du sens de la liberté et du dégoût du matérialisme comme seule finalité. On connaît l’histoire de ces capitalistes russes exceptionnels car exceptionnellement doués du début du siècle passé qui parvenus au faîte de leur succés et de la richesse brûlaient eux-mêmes leurs usines et donnaient leurs biens, parceque vraiment, ô vraiment, cela ne les interessait plus. Le dernier film de Pavel Louguine , effectivement, “L’île”, superbe et minéral, chaud et froid, se rattache à ce courant là.
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