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Article : Carlson-Douguine, quelle rencontre !

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Pauvre Poutine - Une opinion profondément stupide

Thierry Videlaine

  01/05/2024

Très intéressant, comme article ! Cependant je trouve l'auteur un peu trop optimiste au sujet de Poutine. Pauvre Vladimir ! Je le vois évoluer d'une manière de moins en moins compréhensible.
Au début, jusqu'en février 2022 j'avais pour lui énormément d'admiration et de sympathie, voyant en lui un Homme d'Etat absolument exceptionnel, celui qui avait sauvé la Russie et fait d'elle l'un des derniers remparts de la Tradition, tout simplement le dernier grand pays où les principes ( je refuse de parler de "valeurs" tant ce mot a été et est toujours immondément prostitué par les politiciens et les journalistes ) de la civilisation chrétienne dans laquelle je suis né ont encore quelque valeur.
Ensuite, d'octobre 2022 à octobre 2023( vous voyez si je suis précis ) j'ai considéré que le fond de son caractère est un stupéfiant mélange d'extrême intelligence et d'insondable naïveté. Et aujourd'hui je ne comprends plus rien à ce qu'il fait. Mais alors là, rien de rien ! Ni à ce qu'il fait ni à ce qu'il ne fait pas.
On peut encore en dire tout au plus deux choses :
1 - Si la IIIe Guerre Mondiale éclate ainsi qu'elle semble en prendre le chemin, Poutine en partagera la responsabilité à 50% avec Biden et les neocons américains. En effet, il fait tout, absolument tout pour favoriser et accélérer la venue de cette catastrophe. De toute évidence il ne connaît rien, absolument rien aux Américains.
2 - Nous sommes bien d'accord ( enfin, je l'espère ) : le "monde unipolaire basé sur des règles" - principalement celles du dollar - n'a que trop duré, mais les gentillettes et attendrissantes rêveries de Poutine sur le "monde multipolaire basé sur le droit international"  qui doit le remplacer me semblent… assez risibles même si elles sont tout à son honneur. Il y aura un "monde multipolaire", ça oui, mais il ne sera basé QUE sur des conflits d'intérêt. En particulier, l'Afrique va se transformer en immense champ de bataille dont la France aurait tout intérêt à sortir au plus vite ( je prétends que la France est restée engagée en Afrique beaucoup trop et beaucoup trop longtemps ) et dans lequel la Russie ferait bien de s'engager le moins possible.

Matière et matière. Relativisme.

jc

  04/05/2024

PhG : "Il faut aller jusqu’au fond pour comprendre qu’il s’agit de remonter."

Il faut aller au fond de la matière, c'est-à-dire à la Matière que Guénon et PhG assimilent au Mal (c'est PhG qui majuscule dans les deux cas) pour se rendre compte que la matière n'est pas la Matière. C'est du moins mon point de vue et j'attends avec impatience que PhG, qui fait la distinction entre matière et Matière à la fin du tome II de "La Grâce…" "Balzac" de Rodin à l'appui, en dise plus dans le tome III.

Douguine : "Le satanisme, c'est (...) le relativisme postmoderne, c'est-à-dire la relativité de toutes les valeurs, y compris celles de l'être humain et de l'esprit."

Dans "Du nominalisme au complotisme" ( https://www.dedefensa.org/article/du-nominalisme-au-complotisme ) PhG cite la définition lumineuse que Lind donne du nominalisme, définition qui se passe de tout commentaire superflu :

"... les membres de l'establishment sont presque tous nominalistes. C'est-à-dire que s'ils donnent un nom à une chose, celle-ci prend une existence réelle dans leur esprit."


J'ai pris l'habitude -assez récente- d'attribuer un genre (masculin féminin, neutre) aux concepts que je rencontre. Pour moi l'esprit est masculin, yang, la matière est féminine, yin.


Pour moi nous allons vers l'alignement de trois planètes :

1. la fin de l'ultra-libéralisme débuté il y a 50 ans ;

2. la fin du nominalisme débuté il y a 500 ans ;

3. La fin du règne de Caïn débuté il y a 5.000 ans avec la revanche d'Abel(le) sur Caïn dont parle Guénon dans le chapitre XXIII "Le temps changé en espace" de "Le règne de la quantité...".

Après la tête dans le ciel (actuelement c'est plutôt dans les nuages), les pieds sur terre.
 

Matière et matière

jc

  09/05/2024

Je reviens à Rodin et son Balzac par le biais de la citation -faite par PhG à plusieurs reprises- de Daniel Rops : "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice", citation sur laquelle PhG revient longuement dans le tome III (partie 1) de "La Grâce…".

Un peu par jeu au début je me suis positionné en topocrate face à PhG, logocrate affiché. Je persiste ici.

En revenant à Rodin j'ai consulté le moteur de recherche de Dedefensa et suis tombé sur https://www.dedefensa.org/article/le-systeme-et-les-forces-de-lesprit

Outre Daniel Rops PhG y cite Plotin :

« Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucun façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale. Et ces choses ne sont pas des accidents qui lui adviennent, mais elles constituent son essence en quelque sorte, et quelle que soit la partie de lui que tu pourrais voir, il est toutes ces choses. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi. »

Me positionnant toujours en topocrate je paraphrase ainsi la citation de Daniel-Rops : "Dans cette lutte prodigieuse entre la générativité de la matière et la limitation de la forme", mettant l'accent sur le fait que la matière porte la vie en puissance.

Cette paraphrase va, il me semble, dans le sens que René Thom attribue à l'hylémorphisme aristotélicien :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyl%C3%A9morphisme

En fait Thom dépasse la dualisme matière/forme lorsqu'il écrit dans la conclusion de "Stabilité Structurelle et Morphogénèse" (section "Le plan philosophique") :

"C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles (*) présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique. De même ur le plan de la dynamique biologique, ils absorbent causalité et finalité en une pure continuité topologie, aperçue en des sens différents."

PhG revient souvent à ces propos sur l'ordre, l'harmonie et l'équilibre qui se dégage de l'œuvre de Rodin, tryptique que je résume comme étant la naturalité de sa forme.

Qu'est-ce qu'une forme naturelle ? La réponse de Thom est : une forme structurellement stable.

De ce point de vue le Mal consiste en un refus du pouvoir de limitation de la forme naturelle, c'est-à-dire en l'acceptation du déchaînement de la matière (qui devient la Matière, c'est-à-dire le Mal), autrement dit en l'acceptation de l'artificiel.

On retrouve Plotin.


Quelques citations thomiennes en rapport :

"Le darwinisme a prétendu expliquer la variation des formes biologiques, alors qu’il ne s’est jamais préoccupé de les définir." (Préface de "Faut-il brûler Darwin ?") ;

"La synthèse ainsi entrevue des pensées "vitaliste" et "mécaniste" en Biologie n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé." ("Une théorie dynamique de la morphogenèse") ;

"On pourrait bien un jour s'apercevoir que ce ne sont pas les molécules qui font la vie, mais au contraire la vie qui façonne les molécules." ;

"(...) l'apparition de la « fonction » biologique se manifeste par l'arrêt du processus génératif : formation de la feuille chez la plante à feuilles, « capteur solaire » transverse aux rayons lumineux, arrêt de la ramification par la sexualité sur l'apex floral (et sur le carpophore des champignons) porteurs du « message » germinal. Ce schéma formel d'une générativité indéfinie stoppée ou modulée par la manifestation de la fonction biologique, se retrouvera chez les Animaux métamériques.".


(*) : SSM est sous-titré "Essai d'une théorie générale des modèles.
 

Matière et matière.1

jc

  09/05/2024

Thom a écrit un article sur l'innovation (*), article qui se termine ainsi :

"Si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."


(*) Sur le problème de l'innovation, Encyclopædia Universalis, vol.17, Organum, pp. 81-82, (copyright 1968).

Il se termine ainsi :


" Décourager l'innovation.

Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le cœur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement-). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction? Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."