Alex Kara
11/02/2019
Etant enseignant en collège, je peux vous assurer que la "génération Smartphone" est tout à fait identifiable par le fait qu'elle ne lit pas, n'a jamais lu et ne lira pas. Il reste comme toujours des exceptions statistiques, mais dans l'ensemble cette génération n'accumule aucune information structurée dans ses "deux kilos de cerveau".
La réforme du collège de 2015 a été crée spécialement pour adapter l'Education Nationale à cette génération. Le cours est sensé se dérouler en groupes de 3-4 élèves à qui l'on distribue en début d'heure une ou plusieurs feuilles, et pour reprendre le mot d'une élève, "ensuite on discute". Le compte-rendu est écrit par celui qui sait écrire (j'exagère à peine), l'intello du groupe (car on brasse les niveaux, même si maintenant on tolère de faire machine arrière sur ce point, il y en avait que ça fâchait).
La réforme dite "école de la confiance" va poursuivre en ce sens, avec comme conséquence somme toute logique d'abaisser le niveau des nouveaux profs de Bac+5 à Bac+3, tout en élargissant bien sûr le recours aux contractuels (qui commencent eux aussi à foutre le camp, c'est dire l'ampleur du désastre).
Apprendre c'est renoncer à une partie de sa jeunesse pour l'investir dans un avenir professionnel (et aussi de classe, soyons lucides), oui mais désormais les "jeunes" ne voient aucun avenir clair, quelle que soit leur classe sociale.
Plus grave, les soi-disant élites elles-mêmes sont en proie à la même déshérence intellectuelle (au sens de "manque d'héritier"), les anciens bons lycées ne sont maintenant que des marques commerciales.
La société de consommation a réussi à convertir l'ensemble de la société, l'école fabrique du futur est devenue fabrique du "Big Now", où l'on reste jeune de 11 à 29 ans (et après, le déluge).
Bien sûr d'après les lois du marché les ingénieurs venus d'Inde (ou de colonies strictement locales) vont s'occuper de nos réacteurs nucléaires et de notre eau potable avec le même bonheur que dans la ville de Flint, Michigan…
jc
12/02/2019
NB: "[Dans les années soixante] On chassa les anciens et la tradition pour imposer le jeunisme consumériste à base de gilet James Dean, de rébellion creuse, de chewing-gum Hollywood et de coca-cola ; cela marcha comme sur des roulettes."
Les Gilets Jaunes sont plutôt vieux et, il me semble, beaucoup moins sensibles à la transition écologique qu'au niveau et à la qualité de leur vie (et je trouve que les jeunes brillent par leur absence dans ce mouvement). Je me demande si le Système n'est pas en train d'essayer de nous refaire le coup de la pompe à fric consumériste des années soixante, pour tenter de relancer une croissance-Système à bout de souffle, cette fois façon écolo, en ciblant le jeune gibier "cyber-gédéon" et "turbo-bécassine" (en espérant qu'il soit aussi aisément manipulable à la deuxième génération qu'à la première -ce que semble confirmer le précédent commentateur Alex Kara): l'invitation toute récente d'une jeune militante écologiste suédoise à Davos* me paraît clairement aller en ce sens.
PhG**: "Le Système, justement ; le seul intitulé qui vaille est bien : débat pour ou contre “le réchauffement climatique du aux activités du Système”. La différence est apocalyptique."
Pour moi Macron se fout de l'écologie, mais pas de la pompe à fric qu'elle peut générer…
*: http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/societe/a-16-ans-une-militante-ecologiste-debarque-a-davos-pour-secouer-les-elites-24-01-2019-7995708.php
**: http://www.dedefensa.org/article/inconnaissance-et-climat-derrida-deleuze-cie-1
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier