Alexis Toulet
22/01/2021
Les Etats-Unis sont pressés de mener à bien le programme NGAD ("domination aérienne de nouvelle génération"), la fameuse "6ème génération" d'avions de combat, censée restaurer à plein la domination de leur armée de l'air.
Comment cette 6ème génération accomplira-t-elle de tels miracles ? C'est grâce au "jumeau numérique", c'est-à-dire une simulation informatique approfondie d'un nouvel appareil, avant même de le construire, qui rendra inutile la phase d'essais sur des prototypes, accélérant ainsi drastiquement les développements. On pourra concevoir et mettre au point des appareils en quelques petites années, plutôt qu'en dix à quinze (développement classique, type Rafale par exemple) ou en vingt, trente, ad vitam aeternam (F-35)
Ce qui ressemble assez à la répétition de la même erreur
1. "La furtivité est LA voie vers la supériorité aérienne, quelles que soient ses conséquences en matière de performances de vol, de capacité d'emport, de disponibilité, de soutien logistique etc."
===> Oups, ça marche pas ! Faut faire autre chose !
2. "Le jumeau numérique est LA solution de tous les problèmes précédents, quels que soient les doutes émis par certains"
Or, tout le monde n'est pas convaincu, pour dire le moins !
SCAF : Le Délégué général pour l’armement n’est pas convaincu par le concept de jumeau numérique
(…) « Je ne suis pas convaincu par les théories affirmant que les jumeaux numériques remplaceront les démonstrateurs. Les jumeaux numériques sont des maquettes numériques, la démonstration en vol est incomparable »
Ah certes, quelqu'un qui vous dit :
- Qu'aussi utiles que puissent être les simulations informatiques (et Dassault est d'ailleurs historiquement un pionnier dans ce domaine avec son logiciel Catia qui fut exporté y compris aux Etats-Unis), elles ne remplacent pas et ne pourront jamais remplacer l'épreuve de la réalité
- Que le monde physique en somme pèse son poids
- Qu'aussi élaborées les réflexions et les modélisations des ingénieurs elles ne permettent jamais que d'approcher la réalité, qui les surprendra toujours
- Que c'est bien pour cela que les ingénieurs, par exemple aéronautiques, ont leurs traditions et leurs méthodes éprouvées, faites pour les inciter à une forte dose de prudence quant à la confiance à accorder à leurs réflexions tant qu'elles n'ont pas été confrontées à la réalité
- Que remplacer tout cela par un surcroît de puissance de calcul est certes une idée, mais plutôt du genre de celles que l'on peut avoir vers deux heures de matin après avoir pris une bonne cuite, et dont on rira le lendemain - à moins que Monsieur carbure à la cocaïne ?
... Ce quelqu'un est un véritable casse-pieds !
Mais s'il avait raison ?
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