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Article : Comment neutraliser l'Internet?

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GLOBAL COLLAPSE

michel BESCOND

  19/02/2011

Moins subtilement sans doute pour l’analyse, mais encore plus plus brutalement quant aux effets, il faut ajouter à la liste des fragilités du système internet, celle qui tient à sa dépendance totale vis à vis de la fée électricité: ceux qui vivent hors des zones “OCDE” (la majorité des sapiens) savent depuis longtemps les conséquences des coupures à répétitions sur les communications numériques, sans parler du risque de “black-out” total que certains spécialistes du Peak-Oil évoquent parfois.

Combien de temps encore l'Internet sera-t-il libre (en occident) ?

waccsa

  19/02/2011

William Hague a récemment sonné officiellement la charge à venir des “démocraties occidentales” sur l’internet libre l me semble que la question de l’internet était aussi au menu des échanges entre Sarkozy et Obama en début d’année, préparatoires au Gvain.
http://pierrebayle.typepad.com/pensees_sur_la_planete/2011/02/cyberespace-et-d%C3%A9mocratie.html

Le projet de loi permettant à “Moubarak Obama” de couper l’internet en période de crise sera représenté au Congrès cette année.
http://www.legrandsoir.info/+Moubarak-Obama-pourrait-couper-l-Internet-en-periode-de-crise+.html

Rien que dans la Navy, il y aurait déjà plus de 40 000 soldats affectés à la “cyber-protection”.
http://www.infos-du-net.com/actualite/17165-internet-obama.html

CONVERGENCES

michel BESCOND

  23/02/2011

Un lecteur soulignait récemment les convergences d’analyse entre Dedefensa et Leap. On pourra désormais évoquer également à ce titre la position de Jorion.
Cette convergence d’analyses, partant de positions parfois très différentes,  est en elle-même un évènement (“psychologique” dirait PH.Grasset?) dans le processus en cours d’effondrement du Système.

“D’après vous, le capitalisme serait à l’agonie. Il n’aura donc pas besoin des antisystèmes pour s’effondrer ?

Il y a une dynamique d’implosion qui est en marche et les mouvements de contestation vont accompagner son effondrement. Jusqu’à aujourd’hui, le système était toléré par la grande masse qui, sans en profiter directement, bénéficiait de ses avantages sociaux. Or, on nous dit aujourd’hui que l’Etat providence était un luxe. Mais ce n’était pas un luxe ! C’était justement sa présence qui faisait que les gens ne se révoltaient pas. Sans l’Etat providence, le système n’aurait jamais été accepté par la majorité de la population qui ne bénéficie pas directement de la manière dont le système fonctionne. L’erreur des dirigeants, c’est de croire que tout le monde profitait du système et l’aimait, et qu’en retirant ici et là des subsides qui ne bénéficiaient en réalité qu’à des losers, ça marchera encore. Erreur totale d’interprétation. Cela dit, les élites ont une excuse : elles n’ont pas la maîtrise de la dynamique qui est à l’œuvre, elles n’ont donc pas beaucoup le choix. [...]”
Paul Jorion 23/2/2011

Lié à "l'effondrement du système en mode turbo"

Jean-Claude HENRY

  27/02/2011

Voici une excellente analyse de Jean-Claude Périvier cueillie dans “La chronique Agora” de ce jour.


[ … ] La réalité, c’est que nous vivons la fin d’un monde. Celle-ci n’est pas soudaine comme un tremblement de terre ou un cyclone, même si elle est aussi brutale. Elle s’étale sur plusieurs années, ce qui la rend insidieuse. C’est une révolution de nos manières de vivre, ce qui ne serait pas si grave si elle n’était accompagnée d’une révolution de nos valeurs et de nos manières de nous comporter, de penser. Nous gardons encore la tête dans le monde précédent qui nous a façonnés. Et personne ne sait, bien entendu, dans quelle société nous vivrons à l’issue de cette révolution, dont aucun “expert”, aucun gouvernement ne peut fixer l’échéance.

Bill Bonner compare souvent notre époque à la fin de l’Empire romain. S’il a raison - et tout porte à croire que oui -, la crise est une mue, et va s’étirer sur des décennies. Peut-être plus… C’est à un changement de domination du monde que nous assistons.

La belle histoire du modèle occidental

L’Histoire nous éclaire pourtant de manière lumineuse. Allez, faites comme moi, regardez un peu dans le rétroviseur :

Il faudra environ 500 ans entre la fin de l’Empire romain et l’établissement d’une féodalité structurée. Grâce à celle-ci, une économie marchande se développe en Europe.
Encore 500 ans, et une nouvelle révolution arrive avec l’imprimerie (la communication, déjà !) et les grandes découvertes, donnant un nouvel élan au commerce.
Encore un peu moins de 300 ans et c’est la Révolution française, une révolution des valeurs morales autant qu’une révolution politique qui entraîne l’Europe…
Et très vite suivie d’une révolution économique dite “industrielle” avec l’utilisation de la vapeur et les débuts de la mécanisation. L’Occident se plaît à affirmer des valeurs nouvelles comme les Droits de l’homme, le droit à la propriété, la souveraineté des nations.
Un siècle de plus, et l’automobile, l’aviation, l’électricité, l’atome, changent complètement nos conditions de vie, nos habitudes, nos façons de penser.
Encore 60 ans environ, et c’est la révolution Internet.

Vous l’avez remarqué, au cours de ce survol, tout s’accélère. A chaque fois, des métiers ont disparu, des populations ont subi la brutalité du changement, des peuples se sont déplacés par la force des choses ou à la recherche d’un monde meilleur. Les guerres, intercalées entre les crises plus ou moins profondes, se sont révélées être des facteurs d’accélération de croissance et de progrès. Mais pendant toute cette histoire, c’est le modèle occidental qui a dominé—aussi bien moralement qu’économiquement. En dépit des drames à répétition (guerres, génocides, accidents), les Occidentaux ont largement bénéficié de cette évolution, sous le regard étonné ou envieux des autres continents.
Grâce (à cause des ?) aux progrès économiques, les changements sociaux qui se sont produits au cours des deux derniers siècles ont été considérables. Le niveau de vie s’est très largement amélioré, pour tous. Une civilisation des loisirs s’est imposée avec la satisfaction des revendications des salariés à partager les fruits de la croissance. Un bouleversement des valeurs a accompagné la réorganisation de la société en une nouvelle hiérarchie de groupes sociaux, tandis que l’individualisme s’installe—souvent doublé d’égoïsme. Mais c’est une autre histoire… Aujourd’hui, un nouveau changement s’opère, mais pas chez nous.

Dérive des comportements et piège diabolique

De progrès en progrès, les Occidentaux en sont arrivés à considérer que leur style de vie était la norme, un acquis indestructible, une sorte d’état naturel—oubliant que les 2 000 ans d’Histoire sont jalonnés d’efforts, de souffrance, de drames, de tragédies.
De la sûreté de soi à l’arrogance, il n’y a qu’un pas vite franchi. Vivant dans une société basée sur les services, l’Occidental veut être servi, tout lui est dû, et tout de suite car il a la conviction de payer pour ça. Devenu consommateur frénétique de choses comme d’idées, toutes se succèdent à un rythme effréné. “Tout passe, tout lasse, tout casse”, mais pourvu que ce soit vite. Nous sommes au royaume de l’éphémère. Tout est consommable, tout est jetable. C’est un des éléments très importants que vous devez prendre en compte en matière d’investissement.

Comme tout va plus vite, l’individu, affirmant son libre arbitre en tout domaine, devient par nécessité migrant ou nomade, ce à quoi il est encouragé par les outils technologiques modernes. En Occident, on en est fier, car l’on pense que c’est une manifestation de liberté et de démocratie. C’est également une tendance majeure qui infléchit nos investissements.
Comme pour les Romains du cinquième siècle, l’avachissement, la veulerie, la recherche de la jouissance permanente, l’hédonisme exacerbé, emportent tout sur leur passage, d’autant que la classe politique y participe comme pour masquer son impuissance et son manque de tribuns.

[...] Profiter en échange de rien, vivre à crédit, est devenu un réflexe. La fuite en avant—qui consiste à distribuer ce que l’on n’a pas et que l’on emprunte—, a certes permis d’acheter la paix sociale pendant longtemps, mais le réveil est douloureux pour tout le monde lorsque le robinet se ferme. A l’aune des bonus mirobolants, les banquiers de toutes sortes se tendent à eux-mêmes ainsi qu’à tous les autres, le piège diabolique de l’excès de dette, fruit du cynisme de l’époque et de la cupidité ambiante. Et comme toujours, les aigrefins rôdent…
Comme toujours, on cherche des coupables. Alan Greenspan ? Goldman Sachs ? Les banques ? Oui, le monde de la finance s’est pris pour une industrie à part entière, oubliant que son rôle était de recevoir des dépôts et de faire des prêts appropriés aux acteurs de l’économie. Point barre… Mais tout cela n’aurait pas été possible sans les défaillances morales et sociétales évoquées plus haut.

“Les caves se rebiffent”

Et soudain, confortablement installés dans cette dynamique, voilà que la mécanique se grippe. On s’émeut que notre chère croissance se fonde sur l’utilisation massive des ressources naturelles jusqu’à épuisement. La nature, bousculée, saccagée, semble se rebiffer par une modification du climat aux conséquences inquiétantes et parfois déjà dramatiques. On réalise que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir notre part de gâteau, de profits, de plaisir.

Pour couronner le tout, voilà que les peuples du Reste du Monde, jusque-là ignorés, se mettent en tête de rejoindre le même mode de vie. Voilà qu’ils sont toujours de plus en plus nombreux. Sur le compteur de l’INED, c’est 150 habitants du monde en plus à chaque minute, principalement nés dans ces pays. Pendant que l’Occident se gorge de plaisirs, ils travaillent comme en Europe il y a deux siècles, sans protection sociale décente, mais avec pour seules vertus le courage, l’épargne, et l’ambition.

Dans l’ombre, sans bruit, en quelques décennies, ils ont effectué les travaux délaissés par l’Occident et constitué un trésor de guerre à ses dépens. L’Occidental médusé découvre alors que ses propres crédits lui sont souvent consentis par ces peuples lointains !

Les repères s’effacent, la boussole s’affole

Les repères disparaissent, les valeurs traditionnelles s’estompent, on ne produit plus de la même manière, on pense autrement, on doute là où on croyait. Et l’Histoire nous apprend que les longues périodes de grandes mutations se sont souvent accompagnées de guerres.

Notre monde, qui paraissait tellement solide qu’il aurait dû être éternel, se délite lentement sous nos yeux, avec des accélérations inattendues. Les illusions ont encore du mal à se dissiper. La rage et le désespoir s’empare des plus fragiles, qui se révoltent contre ce qu’ils ressentent comme une injustice : quoi ! à peine pris l’ascenseur social, il faut envisager de redescendre ? D’autres succombent à la nostalgie des années 70, 60 ou 50.

Dans le même temps, les hommes voyagent, se mélangent, s’interconnectent dans des proportions inimaginables il y a encore peu de temps. Pourtant, tout cela était en germe quand le premier homme a marché sur la Lune, grâce aux ordinateurs et à la technologie—mais nous ne nous en rendions pas compte. Certains s’en enthousiasment, mais pas tous. Un plus grand nombre s’angoisse devant l’avenir qui bien sûr, est incertain… comme il l’a toujours été, en réalité.

Autre tendance qui émerge de ces nouvelles sociétés : les réseaux sociaux se multiplient, alors que la solitude est toujours plus grande dans les pays développés. Du coup, on se tourne vers les ONG—ces bons samaritains des temps modernes—ou vers ces organisations supra-nationales longtemps honnies (ONU, FMI, Banque mondiale, G8, G20…) comme vers des sauveurs de ce qui peut encore l’être. Pendant toute cette évolution, du moins sur la période récente où les économistes ont pu tenir des statistiques, un concept revient sans arrêt, nous l’avons vu : celui de la croissance.

Selon la Banque des Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales, la croissance était nulle jusqu’à la révolution de l’imprimerie. Il y avait simplement des années bonnes ou mauvaises dans un monde agricole et artisanal. Ensuite, jusqu’à la Révolution française, elle aurait été très faible, de l’ordre de 0,1% par an ! C’est la révolution industrielle qui suscite des taux de croissance comparables à ceux mesurés au XXe siècle.

La croissance de l’Europe occidentale entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et 1973 (les Trente Glorieuses) était exceptionnelle. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la croissance des pays européens a été plus rapide que celle des autres pays du monde, en particulier sur cette période, comme cela s’était déjà produit au moment de la Révolution industrielle. Mais sans que nous nous en rendions compte, le témoin a été récemment transmis à d’autres acteurs du monde qui ont pris le relais.