Misanthrope modéré
06/09/2007
>>> Dautre part, cest Sarkozy lui-même qui a demandé ce rapport à Védrine. Il en a souligné limportance dans son discours du 27 août puisquil a indiqué quil serait un élément essentiel pour définir une nouvelle politique étrangère (dont il savère que Védrine recommande quelle soit la politique traditionnelle de la France remise au goût du jour et appliquée de façon plus vigoureuse). Sarkozy ne pouvait ignorer dans quel sens irait Védrine.
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Je constate que Sarkozy demande un rapport à Védrine mais qu’il a choisi Kouchner comme ministre des affaires étrangères.
On verra si cette opération du rapport Védrine n’est pas un moyen pour Sarko de paraître “rassembleur” et s’il ne va pas jeter le rapport à la poubelle aussitôt après l’avoir reçu.
Quant à l’aspect “pragmatique” du libéralisme sarkozyste, il est bienvenu, mais on constatera que ses considérations sur la nécessaire “protection” de la société vis-à-vis de la mondialisation ne sont pas fondamentalement contraires aux “valeurs” désormais à la mode y compris en Amérique, à présent que cette dernière commence à prendre peur du succès des Chinois dans la compétition libérale.
La question est de savoir quelle entité - la France, l’Europe ou “l’Occident” - devrait être selon Sarko, le sujet de la protection envisagée vis-à-vis du vaste monde. Angela Merkel est bien favorable au protectionnisme vis-à-vis de la Chine mais elle n’en prône pas moins une zone de libre échange transatlantique, alors vous savez…
Cordialement.
Baquiast Jean-Paul
06/09/2007
Superbe rapport…et superbe commentaire. Espérons que l’un(et pourquoi pas l’autre) seront reçus en haut lieu…
Stéphane
07/09/2007
Très bon rapport en effet, et en même temps une très belle illustration de la pertinence des analyses de M. Grasset : il doit être frappant, pour chaque lecteur de dedefensa, quil est familier avec les sujets abordés dans le rapport. Merci qui ?
Ben ahmed
07/09/2007
Hubert Vedrine, n’est ce pas le fils du secrétaire de Petain ?
Lue quelque part, mais pas certaine, merci de m’éclairer.
Bien à vous.
Misanthrope modéré
08/09/2007
>>> Hubert Vedrine, n’est ce pas le fils du secrétaire de Petain ? Lue quelque part, mais pas certaine, merci de m’éclairer. Bien à vous.
C’est fort possible. Google est une mine inépuisable d’informations pour ce genre de recherche.
Qu’est-ce qui vous a fait penser que ce site aurait pu mieux vous informer à ce propos ?
Vous n’insinueriez pas par hasard que le comportement du père aurait quelque rapport avec l’honneur du fils, des fois ?
Cordialement.
Lecteur
10/09/2007
La question suspicieuse de Ben Ahmed est particulièrement nauséabonde et tout à fait contraire aux plus hautes valeurs de la civilisation occidentale chrétienne : chaque personne est une personne, un idividu libre et les liens de la chair et du sang ne sont d’aucun intérêt quand on parle de quelqu’un.
Quand bien même, ce monsieur serait le fild de Hitler, ce serait ses idées et non celles de son père que nous commenterions.
Misanthrope modéré
11/09/2007
Pour laisser un peu de côté la vie politique et parler de la ligne des médias - reflétant le conformisme du monde actuel, selon M. Grasset - l’édito du Monde du 11 seprembre 2007 ressemble sérieusement à une “prise de distance” avec l’atlantisme qui n’est plus si loin du lâchage. Bon, ils ne sont pas encore sur la ligne de DeDefensa (ce serait quand même le comble, et pourtant on retrouverait presque certains accents, notamment dans le titre, “Vanité de la puissance”). La conclusion de l’article, présentée en termes plus accommodants pour l’Amérique, évoque l’embarras des élites conformistes européennes, nostalgiques de l’Amérique d’“avant”, et qui n’aiment pas les choix devant lesquels les place à présent ce pays, notamment sur l’Iran.
Je cite les passages les plus caractéristiques :
> le premier évoque l’échec de la révolution dans les affaires militaires, souligné par DeDefensa : “La révolution technologique dans les affaires militaires ne paraît pas plus adaptée à cette situation que les gros bataillons.”
> Le second expose l’alternative que redoutent les Européens a priori bien disposés envers l’Amérique (les atlantistes modérés) : “En attendant, [Bush] place les autres démocraties occidentales et ses alliés dans une position des plus inconfortables, partagés entre la désapprobation d’une politique dangereuse et les pétitions d’amitié pour un grand peuple qui se trompe”. L’édito fait visiblement référence au problème iranien. Amusant, quand même, le reproche d’être “placé dans une position inconfortable”. :-)
On notera que, malgré le nécessaire hommage (“grand peuple”), l’édito mouille le peuple américain dans la politique de Bush (“grand peuple qui se trompe”), alors que ce type de journaux salue en général dès qu’il le peut “le retour de l’Amérique qu’on aime” et qu’après tout, la cote de popularité actuelle du président américain aurait pu suggérer une dichotomie entre “le peuple” et “le gouvernement” des Etats-Unis…
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Le texte lui-même :
Vanité de la puissance
Voilà six ans, les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center à New York et contre le Pentagone à Washington faisaient éclater la contradiction entre la toute-puissance et la vulnérabilité américaines. Pour la première fois depuis la guerre avec la Grande-Bretagne, en 1812, les Etats-Unis étaient agressés sur leur sol. Ils ont réagi en “hyperpuissance”, cherchant à entraîner derrière eux leurs alliés et, au-delà, toute la communauté internationale dans une guerre totale contre le terrorisme.
Ils ont réussi à former cette “coalition des volontaires” pour combattre en Afghanistan les talibans, qui avaient accueilli et soutenu Ben Laden. Ils ont échoué à reconstituer cette alliance quand ils ont voulu chasser Saddam Hussein du pouvoir par la force. La solidarité quasi spontanée dont ils avaient été l’objet, au lendemain du 11 septembre 2001, s’est muée au mieux en méfiance, au pire en hostilité. Jamais la cote de popularité des Etats-Unis, et de leur président, n’a été aussi faible sur tous les continents.
En multipliant les contrôles et en n’hésitant pas à limiter les libertés individuelles (surtout celles des étrangers sur leur sol), les Américains ont pu jusqu’à maintenant se mettre à l’abri de nouveaux attentats d’Al-Qaida. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont devenus plus imperméables à de telles attaques que les autres démocraties. Six ans après le 11 septembre 2001, ils sont à peine moins vulnérables et ils ne sont plus tout-puissants. Si les Etats-Unis restent le pays le plus fort militairement, leur puissance se heurte sur le terrain, en Afghanistan comme en Irak, aux dures réalités de la guerre de guérilla. La révolution technologique dans les affaires militaires ne paraît pas plus adaptée à cette situation que les gros bataillons.
Sur le plan politique, le bilan de ces six dernières années n’est pas plus brillant. L’idée utopique de démocratisation du Grand Moyen-Orient s’est enlisée dans les sables de la Mésopotamie. En revanche, l’“axe du mal” s’est renforcé avec l’Iran d’Ahmadinejad. Celui-ci cherche à tirer profit de l’impopularité des Américains - et des Occidentaux en général -, qu’il juge partout sur la défensive, de l’Afghanistan à la Palestine. Persuadé que George W. Bush, pris dans le bourbier irakien, ne peut se lancer dans un autre conflit, il continue son programme nucléaire sans prêter attention aux avertissements et aux sanctions.
Le président américain est convaincu que les difficultés présentes ne sont que des péripéties, comparées au jugement de l’Histoire, qui lui rendra justice. En attendant, il place les autres démocraties occidentales et ses alliés dans une position des plus inconfortables, partagés entre la désapprobation d’une politique dangereuse et les pétitions d’amitié pour un grand peuple qui se trompe.
(http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-953724,0.html)
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A mettre en parallèle avec cet édito, un article de Mme Bacharan “rêvant à” (implorant ?) un New Deal international, pour “un nouvel atlantisme”.
Un New Deal international, qu’est-ce que c’est ? Le New Deal première version était “national”. Pour sortir de la crise nationale de 1929, il a été décidé de changer de cap, de mener une politique plus redistributrice, keynésienne.
De quoi s’agirait-il, transposé au plan international ? Bacharan évoque les “demi-soldes” du camp anti-Américain (jihadiste) qu’il serait possible d’“acheter”. Le “New Deal” fait référence à une solution “sociale” de la crise. On prend davantage aux riches pour donner aux pauvres. Mme Bacharan laisse-t-elle donc entendre que “les causes du terrorisme” sont pour partie sociales, et que l’Amérique doit transférer plus d’argent au reste du monde pour ne pas être prise à partie ?
Cette “demande” ou “suggestion” d’un New Deal arrive un peu tard parce que lorsque les vilains étatistes ringards européens avaient respectueusement demandé cela à l’Amérique, cette dernière les avait renvoyés dans leur buts. Maintenant, Mme Bacharan suggère une “réponse sociale” aux griefs du reste du monde puisque, laisse-t-elle entendre, l’Amérique n’a plus le choix. Mais pourquoi n’a-t-elle plus le choix ? A cause des méchants terroristes totalitaires qui réussissent là où les Européens polis auront échoué : diminuer la pussance de l’Amérique, gagner le bras de fer contre elle.
Mais les forces non occidentales ne seront peut-être pas prêtes comme les Européens à un compromis raisonnable avec l’Amérique. Après tout, ils savent que lorsque celle-ci n’est pas obligé de bouger d’un iota, elle ne le fait pas. Maintenant qu’elle (ou du moins les pro-Américains raisonnables) implore un compromis (un armistice ?), pourquoi les anti-Américains non-occidentaux laisseraient-ils ainsi les Américains botter en touche ?
J’irais plus loin, et c’est plus embêtant pour nous, Européens. Les forces antiaméricaines non-occidentales (djihadistes, mais aussi Russes, Chinois) savent qu’elles ne doivent rien aux Européens, s’agissant d’avoir fait plier l’Amérique. Ces derniers ont au mieux “mis en garde l’Amérique”, mais ils n’ont consenti aucun sacrifice sérieux (pas même les fameux altermondialistes), ont encore moins versé leur sang comme les insurgés/terroristes en Irak.
Les forces non-occidentales ne créditeront donc pas forcément les Européens de leur “distanciation” vis-à-vis de l’Amérique. Si l’Amérique ne réussit pas l’aggionarmento envisagé par Mme Bacharan, hypothèse qui semblera le plus vraisemblable aux lecteurs de DeDefensa, l’Europe devra donc prendre garde également au ressentiment des “anti-occidentaux”, qui ne voudraient pas se limiter à être “anti-Américains”.
Cordialement.
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