David Cayla
04/07/2021
Les nouvelles en provenance du Middle West et de Californie sont extrêmement mauvaises. Les récoltes souffrent durement de la sécheresse, d'autant que suite à des décisions politiques ineptes, les barrages californiens ont été vidés de leur eau pour protéger quelques poissons alors qu'ils avaient été construits pour gérer les périodes de sécheresse prolongée. Le bétail est abattu en masse parce que le fourrage est devenu prohibitif.
Dans ces conditions, de même que les confinements pour cause de coronavirus sont survenus à point nommé pour enrayer l'envolée des prix du carburant, de même ces cybertattaques qui paralysent les chaînes d'approvisionnement surviennent à point nommé pour dissimuler les hoquets d'un système en panne. Du reste, cela ressemble beaucoup à ces cyber-attaques qui ont paralysé le système d'approvisionnement de la côte est en carburant (après que des hoquets aient perturbé l'approvisionnement du Nevada "pour cause de capacité temporairement réduite des oléducs"). A ce propos, l'immobilisation des oléoducs qui desservent la côte est a été l'occasion de découvrir que les stocks qui étaient censés permettre de tenir plusieurs semaines (le temps de la remise en route des oléoducs) étaient quasiment vides et n'ont pas permis de tenir plus de quelques jours.
Que ce soit pour les carburants ou la nourriture, la machine américaine hocquette, et ces cyber-attaques viennent à point nommer pour dissimuler ces ratés. De plus, en le mettant sur le dos des Russes, elles ont le bon goût de désigner un ennemi à la colère populaire. Quelle serait la réaction des Américains si leur gouvernement devait leur déclarer très officiellement que les approvisionnements alimentaires ne sont plus garantis, et qu'il en est de même pour le carburant ? Pire, que les stocks qui existaient ça et là et devaient permettre de pallier des ruptures temporaires des approvisionnements ont été vidés en catimini, pour ne pas effrayer la population ? Et que donc, la béance entre la production et la consommation est bien plus préoccupante qu'il ne pourrait y sembler au premier abord ?
Rien à voir avec ce sujet, mais je trouve l'évolution du discours des dirigeants russes extrêmement significative, et je pense que cela va de pair avec le renforcement des capacités russes d'une part, et l'affaiblissement constant des capacités des pays occidentaux d'autre part. Sans remonter plus loin que 2018 avec l'annonce de la mise en service des missiles hypersoniques et de quelques autres systèmes comme des lasers de combat, le ton était presque accablé. La Russie était convaincue que les Occidentaux voulaient son anéantissement, elle était pleinement consciente que sa capacité de dissuasion nucléaire était devenue inopérente tant la folie imprégnait les esprits de ses "partenaires", et elle avait accepté l'idée que s'il devait y avoir anéantissement mutuel, eh bien soit ! Pourquoi se sacrifier devant leur folie et accepter de disparaître sans rendre coup pour coup ? Et aujourd'hui, que nous disent les dirigeants russes et Poutine au premier chef sinon qu'ils peuvent se permettre désormais de couler l'un ou l'autre navire en maraude, qu'il soit américain ou britannique, et qu'ils sont persuadés qu'en face, ils ne déclencheront pas en réaction une montée à cette extrémité terrible que serait un conflit nucléaire généralisé ? En 2018, les Russes avaient accepté résignés l'idée d'un conflit d'annihilation réciproque. En 2021, ils ont dépassé cette idée. Ils étaient résignés, mais entièrement mobilisés pour tâcher coûte de coûte d'assurer leur sécurité, et c'est conscients du travail accompli qu'ils peuvent se permettre d'annoncer sereinement qu'il n'y aura pas de conflit nucléaire.
Parce qu'ils ont toutes les raisons du monde d'être pleinement confiants dans leurs capacités à déjouer des frappes d'anéantissement, et aussi, parce que l'état des capacités nucléaires des Etats-Unis et du Royaume-Uni est proprement catastrophique. A ce propos, pourquoi le déploiement de ces systèmes de défense anti-aérienne tout aussi bien capables d'abriter des silos de lancement de missiles de croisière à tête nucléaire aux frontières de la Russie ? Les missiles balistiques de la guerre froide n'étaient-ils pas suffisants ? Ah, mais c'est que ces missiles ont largement dépassé leur date de péremption, et cela vaut pour le vecteur comme pour les têtes nucléaires. Alors ni vu ni connu, on va déployer des vecteurs nucléaires aux frontières avec la Russie, sur terre ou sur mer (en réclamant un "droit de passage" le long des côtes de Sibérie pour les navires lance-missiles américains), plus peut-être quelques ogives déployées dans l'espace, cela devrait permettre de contourner le problème. Cela me rappelle ces hurlements indignés à l'idée que la Russie avait osé développer des capacités anti-satellitaires. (Et pareil pour la Chine).
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