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Article : De la tradition

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La tradition: un phénomène biologique ?

Jacques Dompmartin

  18/08/2015

La tradition semble même dépasser l’humanité, plongeant ses racines plus profond encore dans le vivant: en effet il existe une sorte de continuum entre l’animal qui, instinctivement “transmet” ses pratiques de vies à ses petits, et l’enfant qui, s’imprégnant du langage et des idées qu’il contient s’identifie à l’adulte. L’un comme l’autre “pratiquent” la tradition qui, finalement, est fondée, en dehors de la mémoire qui la véhicule (et la rend immémoriale) sur notre biologie. Et cette “éducation”, cette “élévation” (“je l’ai élevé” disent les parents) débouche sur être avec l’autre… pour tout être animé.

TRADITION et CITE

eric basillais

  22/08/2015

1/ la question du “débat” : comment M. Hans-Perrier compte-t-il opérer ? Je suis intéressé par affinité avec mes thèmes propres (voir mon blog) mais aussi à cause des disparités de position (matière à débat).

En clair ici sur DEDEFENSA ou ailleurs ( en commençant par des échanges de mèls ?).

2/ Sur le texte proprement dit et pour amorcer le débat en quelque sorte :

a/ l’aspect Lutte contre l’habitus marchand ( et le CHAOS historiquement constatable)  passe par toutes sortes de procédés dont l’invention ou la réintroduction dépend manifestement de la “condition” ( au sens hyper large) de chaque proposant. Exemples : la réintroduction de certaines frontières ( aux monnaies ,marchandises,personnes); le retour de l’ETAT; la dislocation de l’UE, l’Euro, l’Otan… voire beaucoup plus encore…ou bien limitation de la recherche scientifique ou des applications techniques, retour aux pratiques ancestrales ( regrès), enfin, suppression pure et simple de la Monnaie, invention grecque tragique. tout ceci sous réserve de débat justement, pour fixer la weltanschaung ou vision du monde qu’il est décidé de restaurer ou établir, selon les cas.

b /  la TRADITION semble s’être accommodée de toutes les forme politiqUES : EMPIRE CHINOIS notamment pré-Chin; empires amérindiens; Tribus Celtes partageant la même DRU WID mais politiquement indépendantes; marges des formes politiques monothéistes…

c/ la TRADITIOn n’est pas biologisable ( pour contrer un commentaire) semble-t-il. Elle semble dépasser la condition humaine. Et relever d’un monde surnaturel. Sa formulation peut varier dans l’espace-temps mais on contenu est proprement inconditionné. Il faut probablement distinguer les points de vue politiques (kshatriyas) et cléricaux (brahmanes).

En effet, le Yogi accompli ( Kaivalya) étant la quintessence connue de la TRADITION, il est proprement étranger à CE Monde et donc à toute forme politique. ce n’est que par “application”, pour reprendre la terminologie de Guénon, que la TRADITION débouche sur une forme politique, du reste bien étrangère à la Cité grecque qui, bien que notre modèle actuel, n’en représente pas moins la forme la plus déviante de l’époque étant la MATRICE du monde MONETAIRE et le fondement de l’accélération du “Règne de la QUANTITE” ( un des titres de Guénon).

addendum

eric basillais

  22/08/2015

CHANDRA SWAMI L'Art de la réalisation

Olivier Riche

  23/08/2015

“Allons, Ami, debout et à l’oeuvre !
Parvenir à Dieu est aussi urgent que possible.
Consacre-toi à la Sâdhanâ de la perfection spirituelle.
En elle réside ton véritable bien ; en elle réside le bien de ton
entourage, de ton pays, de ta province.
Et qui plus est, en elle réside le bien du monde entier.

OM OM OM

Les qualifications fondamentales :

Dieu, dans Sa nature pure et essentielle, se révèle lui-même à vous lorsque votre conscience s’élève au-delà des limites du Temps et de l’Espace et entre dans l’Intemporel et le Non-Espace.

Mais afin d’atteindre Son Divin Seuil vous devez être pourvu de certaines qualités spirituelles et morales indispensables.

Les plus éminentes de ces exigences essentielles au pèlerinage sacré sont la sincérité, la pureté, la discrimination spirituelle, le dépassionnement ou vairâgya, la maîtrise de soi ; le service désintéressé, la réflexion métaphysique, l’abnégation, la persévérance et la contemplation spirituelle. “

Kshatriyas et Brahmanas

eric basillais

  24/08/2015

Le point de vue de Olivier est celui des Brahmanas (ou clergé).
Le point de vue de Pierre-Hans est celui des Kshatriyas (ou guerriers).

La question de l’organisation traditionnelle comme support au débat public sur la réorganisation des peuples a cet avantage qu’il pose d’emblée les secteurs sociaux ( dits fonctions ou castes selon les civilisations) : ainsi posé comme cadre, la question de la Cité à (re)fonder se pose en termes de valeurs centrales.

La question est moins de réinventer ces valeurs que de les respecter et les faire respecter par une forme politico-éthique idoine.

Il est possible que le débat évoqué ici n’ait pas lieu; mais il a déjà lieu dans les consciences les plus claires; et ce n’est pas sur dedefensa qu’il faille insister sur le fait que la dynamique Anti-Système suit son cours inexorablement.

..le dépassionnement est le sine qua non de la Délivrance.

Olivier Riche

  25/08/2015

Au sujet d’un élan vers une société Traditionnelle (universaliste et non dogmatique), il ne faut pas se faire d’illusion, après le formidable de travail de sape réalisé par plusieurs siècles modernistes, l’épanouissement d’une société Traditionnelle ne peut qu’être précédé par un déluge, fruit du système, permettant une remise à zéro des manières de pensée (et venant à bout entre-autres de l’ego marchandise).

S’en suivrait alors un hiver psychologique sorte d’hiver nucléaire (chaos) propice peut être à de nouvelles perceptions… ?

« Le terme sanskrit pour dépassionnement est vairâgya que l’on peut traduire approximativement par absence d’attachement (la nature de ce qui est sans attachement est dépassionnement).

Au sens le plus élevé du terme, vairâgya exprime l’état du mental d’un individu complètement détaché du monde. Manifestement l’attachement est un phénomène mental et le dépassionnement ou renoncement aux besoins de l’attachement est aussi un phénomène mental.

L’attachement peut se présenter sous de multiples formes. Il peut y avoir attachement à son corps, à la richesse, à ses relations, à ses amis, ses adeptes ou ses admirateurs. Il peut aussi y avoir attachement à la caste, à la croyance, aux convictions intellectuelles, politiques, sociales et religieuses.

Le dépassionnement signifie la rupture avec tous ces attachements.

Le mahârishi Patanjali définit le vairâgya comme l’état du mental maîtrisé ou comme le mental complètement libéré de tout désir à l’égard des objets. Communément on reconnaît trois sortes d’objets en ce monde qui attirent, séduisent et assaillent l’homme. Ce sont la richesse, la renommée et la gloire, et la femme. Il y a une autre attirance aussi : celle du Ciel. La soif d’aller au Ciel n’est en fait rien de plus qu’un prolongement du désir de jouir des objets sensuels à une plus grande échelle et pour une plus longue durée parce que les objets concrets du Ciel sont supposés satisfaire plus intensément les sens. Toutes ces tentations portent en elles les obstacles que l’on doit surmonter et dépasser si l’on cherche à accomplir la perfection spirituelle.

Le dépassionnement n’interdit nullement de travailler en vue de subsister et de faire face aux simples nécessités de la vie. Il ne s’oppose pas non plus à l’accomplissement d’un travail altruiste, mais ces moyens, bien entendu, ne doivent pas être confondus avec la fin ultime qu’il ne faut jamais perdre de vue.

Le non-attachement est la pierre de touche de l’Entreprise spirituelle.
La mort du désir donne naissance au dépassionnement et c’est par le détachement à l’égard du monde temporel que nous pouvons emplir notre âme d’amour divin et faire de la connaissance libératrice le souffle de notre être.

Le vairâgya est toujours une rare transformation et un grand privilège. Heureux celui qui atteint le dépassionnement. »

Extraits de « CHANDRA SWAMI - L’Art de la réalisation »

Être présent et absent au monde

Patrice-Hans Perrier

  26/08/2015

Bonsoir à mes interlocuteurs,

Je n’ai pas l’habitude de répondre à mes commentateurs, parce que je suis toujours en train de préparer le prochain article et ne veux pas être entraîné dans un débat qui pourrait me pousser à perdre de l’énergie alors que je prépare ... une future missive.

Mais, étant donné la qualité des interventions de Messieurs Riche et Basillais, je ne pouvais pas demeurer de marbre et me contenter d’un mutisme de circonstance ;-)

Me revoici donc afin de venir relancer mes commentateurs et débatteurs !

En souhaitant que notre aimable éditeur, Monsieur Grasset, remette, sait-on jamais, cet article et sa suite de commentaires dans le menu des articles du jours (Primeurs de saison ) :-)

D’entrée de jeu, j’aimerais dissiper un petit malentendu:

Monsieur Basillais affirme, avec une certaine justesse de ton, qu’Olivier Riche défendrait une version de la TRADITION plus proche de la « caste » des prêtres (oratores) et que votre fidèle serviteur (Patrice-Hans, et non pas Pierre-Hans, SVP) témoignerait de la posture des guerriers (bellatores) ... ce qui n’est pas faux. Mais pas entièrement vrai.

J’ai, dans le cadre de cette analyse, juxtaposé les notions de TRADITION et de CITÉ, non pas pour les opposer, mais bien pour tenter de faire converger ces deux sphères d’excellence citoyenne.

Toutefois, je dois admettre que j’ai omis de faire la distinction entre la TRADITION au sens ... de la perpétuation des rites eu égard au GENIUS LOCI qui constitue les fondements de la cité et ... la TRADITION dans le sens de la quête spirituelle.

Le Christ, en bon traditionaliste, à l’instar des yogi et autres « éveillés », affirme qu’il faille « ne pas être de ce monde » si nous voulons nous délivrer du poids du péché et de l’errance spirituelle. Mais, sa vie, ici-bas, est un extraordinaire témoignage à propos de l’importance de l’incarnation (en chair et en os) de l’âme à l’intérieur de la dimension terrestre.

Je ne vais pas m’étendre sur toute les subtilités qui peuvent surgir dans le cadre d’une « lecture » et d’un décryptage de la démarche spirituelle au sens hermétique et initiatique. Ce n’est pas mon propos sur ce site et à ce stade de mon cheminement d’écrivain.

En définitive, la « cité des hommes » et la « cité de Dieu » peuvent être mises en relation à travers le travail de la DISCIPLINE INTÉRIEURE et ... citoyenne.

Voilà pourquoi, et Olivier Riche semble m’avoir parfaitement bien compris là-dessus, je reviens souvent sur le travail de destruction entrepris par les promoteurs des « révolutions » de la modernité. Il s’agissait, comme le savent fort bien mes interlocuteurs, de rompre le lien civilisationnel de la TRADITION UNIVERSELLE.

Il n’y a pas que les initiés qui se transmettent des bribes de connaissance traditionnelle ... l’action citoyenne (ce que Monsieur Basillais semble rapprocher de la sphère des guerriers - travail sur la matière) est comparable au labeur d’un jardinier qui laboure et retourne la terre ...

Les initiés (oratores) ne pourront semer les germes de connaissances seulement SI les citoyens honnêtes (bellatores) on préparé les labours ...

Il n’y a pas à dire ... il y aurait une encyclopédie à mettre en forme autour de ce sujet tellement riche et fécond.

Au plaisir de vous lire à nouveau !