Ni Ando
08/05/2017
Dans un ouvrage allemand commis en 1997 par Hans-Peter Martin et Harald Schuman "Le piège de la mondialisation" (Acte Sud) les auteurs rappelaient démonstration à l'appui que la mondialisation, fait qui n'a rien de nouveau dans son essence (ce qui n'est pas le cas de ses modalités aujourd'hui), avait pour effet inéluctable de faire apparaître au sein même des sociétés qui y participent la fracture riches/pauvres qui jusqu'ici séparaient les nations entre elles. Ce processus fait apparaître des groupes de gens qui ont des intérêts divergents au sein d'une même société. C'est une lapalissade de rappeler que c'est là exactement l'origine du phénomène Donald Trump (recul de l'espérance de vie de la classe moyenne blanche des vieilles zones industrielles étasuniennes), du Brexit (désespérance des zones industrielles du nord de l'Angleterre) et du Front National en France (la carte des départements où ce mouvement obtint ses meilleurs scores au premier tour de la présidentielle de 2017 coïncide quasi parfaitement avec celle où traditionnellement les taux d'emploi industriels dans la population active sont les plus élevés). Coralie Delaume et David Cayla rappellent dans leur ouvrage récent "La fin de l'Union Européenne" que la logique qui sous-tend la "mondialisation est classique et ancienne. Lorsque les mouvements de personnes, de capitaux et de marchandises sont libres et sans entraves ils favorisent immanquablement les centres les plus riches et les plus développés qui pompent littéralement les ressources de leurs zones d'activité. C'est un facteur de progrés quand ce phénomène se produit au sein d'entités nationales qui sont politiquement capables de redistribuer la richesse des centres développés vers les zones ainsi défavorisées, ne serait-ce que pour des raisons de cohésion nationale. Rien de tel aujourd'hui au sein de l'UE où si les mouvements de personnes, de capitaux et de marchandises sont libres et sans entraves il n'existe aucun mécanisme direct de redistribution. L'Allemagne prospère à mesure que l'Italie, l'Espagne, et désormais la France, stagnent ou s'enfoncent dans le marasme.
Dans un éloge panégyrique de Macron deux journalistes militants de La Tribune indiquent que "Emmanuel Macron a un projet et un programme. Il est « en même temps » libéral et social. Il prévoit des réformes profondes, du marché du travail, de l'assurance-chômage, pour libérer l'initiative et l'emploi, qui ne seront pas facile à faire accepter aux salariés et aux chômeurs ; mais aussi de nouveaux droits, de nouvelles sécurités pour tous. Ce projet est clairement européen : il veut une France forte dans une Europe forte, une France qui balaye devant sa porte et fait les réformes nécessaires pour être crédible dans son dialogue avec l'Allemagne". http://www.latribune.fr/opinions/editos/voter-macron-oui-mais-pour-quoi-faire-705709.html
Les Français auraient donc choisi le 7 mai pour les gouverner un homme de 39 ans, énarque et inspecteur des finances, jamais élu auparavant et n'ayant jamais rien prouvé si ce n'est son entregent et sa maîtrise toute relative des concepts à des fins marketing. La filière de formation dont il est issu n'est guère reputée pour sa capacité à stimuler créativité et imagination, encore moins une quelconque tendance révolutionnaire. Par contre, elle fait naître une certaine arrogance, un égo vite boursouflé avec ce qu'il faut cependant de retour sur soi pour savoir le dissimuler, et par-dessus tout, un conformisme bien ancré. A l'heure de choisir le nom de son mouvement le choix de M. Macron s'est probablement arrêté sur "Emmanuel Macron" mais cette fatuité aurait fait sourire. On a donc choisi "En Marche" (plutôt qu'"Endive Molle" par exemple). Ne reste souvent que l'acronyme EM. Le 7 mai 2017 EM n'a obtenu que 44% du vote des inscrits malgrés un système médiatique acquis à sa cause. http://elections.interieur.gouv.fr/presidentielle-2017/FE.html
En réalité, il faut soustraire de ces 44% les votes de ceux qui entendaient "faire barrage" au FN sans pour autant adhérer à EM. Nous sommes alors plus prés de 20% que de 44%. http://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/second-tour-81-des-inscrits-ne-veulent-pas-de-macron
Le cocasse de la chose est que pour faire "barrage au Front National", qui est la conséquence d'un problème structurel, il est demandé de soutenir un mouvement EM qui va accroître l'intensité de ce problème. Quand l'horizon intellectuel des supporters d'EM se limite à celui de leurs smartphones. Faudra t-il faire aussi "barrage à EM "?. Cette succession de barrages comme seul horizon politique risque de devenir lassante.
François Cartan
08/05/2017
Je viens d'écouter le début de l'émssion d'ERTV "L’Heure la plus sombre n°77" sur la soirée d'hier.
L'analyse des "Macron Leaks" décrit bien la sociologie de l'entourage de Macron avec son idéologie ainsi que sa psychologie qui vont aujourd'hui de paire.
C'est parfait, ainsi, cette génération disparaîtra aussi avec les vieux manipulateurs lors de la prochaine crise qui sera , à mon avis, en premier financière.
Jean-paul Baquiast
09/05/2017
En France, vous seriez désormais poursuivi pour offense an chef de l'Etat. Idem hélas pour notre ami Philippe Grasset
Disciple égaré
09/05/2017
Merci cher DDE de ce texte qui met des mots sur mon sentiment d'incrédulité quant aux résultats de dimanche soir.
Gérard Couvert
09/05/2017
Un echo à cet article daté du même jour : http://www.bvoltaire.fr/drahi-a-vote/
Kevin CONRAUX
13/05/2017
Je n'ai appris l'existence de Macron qu'il y a quelques mois, au plus un an (peut-être au moment de la loi travail) et dès que j'ai vu sa sale gueule il est devenu ma nouvelle image mentale de l'effrayante réserve de psychopathes qu'est le monde politique français aujourd'hui (Sarkozy gardait cette place avant lui). Quelques mois plus tard, il est président. Qu'est-ce qu'on peut faire face à cette écrasante "inarrêtabilité" du pire ?
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier