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Article : dedefensa.org, le Mali et la mêlée du Système

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Engagement contre le système

Jean-Paul Baquiast

  21/01/2013

Je vous suis en principe dans cette volonté d’engagement contre le Système, mais je ne peux que répéter une question souvent posée ici par moi: oui mais que mettre à la place?
On ne peut pas mobiliser de forces si on ne leur offre pas de perspectives, ou la seule perspective d’un chaos général. De celui-ci ne profiteraient sans doute que les acteurs su Système que nous rejetons le plus.

génie vital

jean-jacques hector

  21/01/2013

@Baquiast
Lorsqu’il y a le feu à la maison, on ne se pose pas la question de savoir où on logera demain.
On fuit, c’est tout, et on compte sur le génie de l’espèce, le talent impérieux de la nécessité, ou sur la Providence, pour suppléer la carence des pompiers.

Essayer de résoudre le problème avec les schémas mentaux acquis est une impasse.

Toute solution est un problème potentiel.

Problème et solution sont les deux faces de notre ignorance,
la vie ne se pose pas ces questions, elle est là, c’est tout et elle s’adapte.

D'accord ni avec vous ni avec l'autre...

Michel DELARCHE

  21/01/2013

Il y a tellement d’armes en circulation dans la région qu’il est vain de chercher à démêler si l’armement des islamistes provient des stocks de Khadafi ou des parachutages à destination des rebelles anti-Khadafi réalisés l’an passé par les Français pour le compte du Qatar (La France éternelle, supplétive du Qatar! Avec Sarkozy nous avions vraiment touché le fond…)
Il y a probablement un peu beaucoup des deux…
Il me semble aussi que la situation au Mali est un héritage d’antagonismes anciens (la haine envers les Touaregs dans le sud du pays s’enracine dans une longue histoire de luttes entre nomades et sédentaires, pas très différents des conflits “ethniques” du Soudan, qu’il vaudrait mieux appeler guerres “modales” au sens d’un conflit entre ces deux modes de vie) compliqués par l’héritage colonial de frontières artificielles (à quoi riment des frontières “nationales” dans le Sahel du point de vue de la vie quotidienne de ses habitants, sinon à donner des droits exclusifs aux kleptocrates locaux sur la rente tirée des ressources exploitées par l’Occident (phosphates, pétrole, gaz, uranium etc.  ?)
La décision du gouvernement français d’intervenir contre les djihadistes me semble cependant juste (à la fois au sens de la justice et de la justesse) pour quatre raisons:
a) elle donne un coup d’arrêt à l’expansion d’une conception particulièrement obscurantiste et intolérante de l’Islam (mais contrairement au lecteur que vous critiquez, je ne mettrais pas tous les musulmans dans le même panier)
b) tactiquement, bien qu’un peu improvisée politiquement, elle a permis d’infliger un maximum de dommages à l’ennemi pour un coût encore limité et de mettre un peu plus le Rafale en valeur (ce n’est pas du cynisme, mais de la promotion de nos intérêts nationaux bien compris)
c) elle offre à moyen terme, une fois les djihadistes mis hors d’état de nuire à grande échelle (soyons réalistes: une éradication totale n’est pour le moment pas envisageable à un coût matériel et humain raisonnable) l’opportunité de pacifier la relation Nord-Sud à l’échelon du pays (les Touaregs qui se sont fait copieusement avoir par leurs alliés islamistes semblent d’ailleurs prêts à entrer dans un processus politique et la France pourrait jouer un rôle positif dans ce processus, en commençant par empêcher l’armée malienne de se venger sauvagement sur les Touaregs au fil de la reconquête du Nord)
- après le désastre qu’a été l’implication des Américains dans ce pays, cette intervention redonne une visibilité géopolitique à la France dans une zone où nous avons des intérêts (quoiqu’en ait dit Hollande il y a quelques jours). Le soutien des Russes à la démarche de la France me semble d’ailleurs significatif à cet égard.
Cette action ne pourra évidemment s’inscrire dans une démarche de reconquête d’une certaine autonomie stratégique de la France en Afrique qu’à plusieurs conditions:
1°) que la participation des autres pays africains à la phase de reconquête du Nord Mali ne demeure pas symbolique
2°) que le gouvernement malien soit prêt à entrer dans une logique de négociation d’autonomie avec les Touaregs
3°) que l’Algérie qui a maintenant cruellement réalisé la vanité de ses efforts de négociations avec ses fondamentalistes armés joue le jeu d’une coordination militaire plus étroite avec ses voisins du sud (Mali, Niger, Tchad)

les mots et les choses: 'honni soit qui Mali pense'...

Yodalfo M.C.

  21/01/2013

Ne prenons pas les choses au mot, ni les faits au pied de la lettre
FABIUS utilise les mots “terroristes” - pourquoi?
Certes, Islamistes serait mal venu, il y en a beaucoup en France, qui n’ont pas d’armes et n’en veulent pas.
De même, Djihadistes est peu recommandé, alors qu’ils se sacrfient en Syrie pour faire tomber BACHAR, que la France attaque également.
Terroriste est un terme qui présente l’avantage de sonner agréablement aux oreilles des Américains, et de les mettre face à leurs contradictions, et peut aider à les faire passer à la caisse.
Depuis quand peut-on analyser un ministre des Affaires Etrangères sur ce qu’il dit, en toute diplomatie? Que cache-t-il?
La politique de la France…
Est-elle en continuité?
Certes Sarkozy, aidé spontanément par les Clercs de la République, comme l’inénarrable BHL, a fait tomber la dictature libyenne.
Certaines sources affirment que les Services français travaillaient depuis quelque temps déjà avec des opposants basés en Tunisie et que ces tractations ayant filtré auprès de Démocrates locaux, ceux-ci ont déclenché le mouvement contre Ben Ali - prenant ainsi de court les quelques ministres sarkoziens qui y avaient pris d’agréables vacances.   
D’autres sources désignent une alliance avec le Qatar pour mettre la main sur le pétrole libyen, pendant que les Médias et l’ONU (et BHL) obnubilaient l’attention du BAO ( oui, aussi comme cela) sur la restauration réussie de la Démocratie   ( à la différence de l’Irak!
D’autres encore, que Sarkozy profita des circonstances pour se débarrasser de Kaddhafi, témoin gênant de ses financements de campagnes électorales…
Bien sûr, la chose lui explosa entre les doigts, entre tribus, Islamistes, mercenaires pillages , en attendant les preuves que monsieur Takkedine voudra bien fournir un jour.
Cela forme-t-il un tout cohérent réductible aux constantes du système entropique du BAO?
Cela est-il en continuité, ou bien faut-il dans l’urgence, se prémunir contre les conséquences désastreuses de la sarko-politique?

L’action de la France de HOLLANDE:  il n’est pas certain que toutes les informations aient été honnêtement transmises par la Présidence précédente (question obligatoire pour l’honnêteté intellectuelle,autant qu’imposées par les magouilles politiciennes nationales), ces actions ont consisté à empêcher les Djihadistes de prendre Bamako, et de constituer un Etat souverain qui leur servirait de base. A la différence des Américains qui ont offert l’Afghanistan aux Talibans il y a 20 ans.
Les Américains… Ils ont formé des compagnies à la lutte anti-guérilla au Mali, et les ont équipées. Trois de ces officiers sont passés à la rébellion avec 1600 hommes.
Certes, le BAO et le Pentagone ne peuventpas être cohérents, ni en phase avec la réalité. Quand même, les dangers d’action terroristes pèsent autant sur les Maliens que sur la France elle même, et Hollande ne pouvait que mettre le hola unilatéralement. Je rappelle qu’une action était prévue pour Septembre, ce qui est une façon de dire aux ennemis: «vous avez carte blanche pendant 9 mois» Heureusement, l’Etat Major français avait pris des des dispositions anticipées, et l’attaque a permis de frapper directement leurs colonnes à découvert.
Ici, la France, placée devant la décomposition entropique mondiale imposée par le Système, a bien dû affronter une cruelle réalité qui la menaçait, malgré les stratégies hallucinées qui empoisonnent le Pentagone

Les Russes - et les Chinois.
J’ai lu ici une sorte de débat sur le fait de savoir s’ils avaient pour politique de défendre les Etats souverains (Syrie), mais pas les usurpateurs(Mali). Je suis désolé, mais une dictature reste de façon permanente un régime de coup d’Etat, dont la souveraineté ne provient que de la force. Il n’est donc pas contradictoire de les voir soutenir la France qui protège Bamako.
Ceci dit, Du Caucase russe au Far West chinois ils sont eux-mêmes en butte au fondamentalisme, et l’on a vu, du conflit Afghan au conflit Syrien que c’est là une constante de fond de leur stratégie, intérieure comme extérieure.
Pas de surprise donc ici

Au total, il est vrai que, la France aux prises avec la réalité de l’offensive au Mali, et le Bloc Russo-chinois qui résiste à l’islamisme,semblent se rejoindre actuellement dans une attitude marginale face au BAO. Mais les ‘ennemis de mes ennemis’ ont toujours partagé au moins un moment sympathique dans un conflit - comme Roosevelt et Oncle Jo, tandis que Churchill préparait les whiskys.

C'est du chinois

Alain Vité

  22/01/2013

Quelque chose que je trouve de plus en plus frappant, avec l’expérience, c’est comme la sagesse française “classique” (i. e. oubliée) ressemble à la sagesse chinoise “millénaire” (i. e. folklorique)
Il en va de même avec la philosophie maistrienne.

=== Ce que vous nommez “l’honnête homme” ===
est aussi le sage tant confucéen que taoïste, tout comme le non-parti pris de cet honnête homme, et avec la même optique de maintenir son équilibre tant de mouvement que de jugement d’une part, et de ne pas ajouter au désordre d’autre part. Même si taoïsme comme confucianisme le nomment en fait « l’homme supérieur ».

=== Quant à vos principes ===
“d’inconnaissance” et “d’intuition haute”, c’est du taoïsme. La parabole de la jument grise (Li Tseu, in “Classique Du Vide Parfait”) en est une illustration. Le biblique “heureux l’esprit simple” est par ailleurs un bon équivalent chrétien de la vision taoïste.

D’un bout à l’autre du monde, la sagesse humaine semble être la même qui s’adresse aux mêmes humains.

COMPLEMENT FACULTATIF POUR CEUX QUI N’ONT VRAIMENT PLUS RIEN D’AUTRE A FAIRE AUJOURD’HUI

=== Résumons grossièrement ===
Le confucianisme s’occupe de l’organisation de la société, de l’ordre social et du bon comportement de chacun dans cette société. Le taoïsme s’occupe de la santé de l’âme et de l’être, et de la relation de chacun avec l’univers. Ce sont deux facettes de la même médaille, même si les deux doctrines se sont développées sans collaboration active. le confucianisme est collectif et concret, le taoïsme est intime et spirituel. Cet ensemble est pour la culture chinoise ce que l’héritage gréco-romain est pour nous.

Bien sûr, chacun d’eux a sa forme haute et sa forme commune, tout comme la religion chrétienne a sa théologie profonde pour les âmes de foi, et ses rites ordinaires pour la foule.

== Le confucianisme ==
(de Confucius = Kong Fu Tseu, Maître Kong, 551-479 av. JC) Tout part de la cellule familiale : le père, la mère, les fils et les filles (le confucianisme n’est pas forcément phallocrate, mais son époque l’était) Toute la société confucéenne, du gouvernement du pays jusqu’à l’administration d’un champ et à l’éducation des enfants, est une extrapolation fractale et nuancée des principes de cette cellule familiale, de ses ressorts intérieurs et de ses interactions avec les cellules familiales voisines. Confucius en a tiré un cadre strict et patriarcal de hiérarchie familiale et sociale, de respect de convenances et de traditions ; et une grande liberté individuelle à l’intérieur de ces cadres, avec encouragement de la recherche personnelle, du développement et de la transmission de la connaissance.

= La rectitude de l’âme =
y est un fondement à consolider en permanence, chacun avec ses moyens et ses circonstances, et de préférence par l’étude ; cette rectitude est la base sans laquelle il n’y a rien de bon à attendre. Confucius parle sans détour des époques de corruption (la réputation de la Chine en la matière n’est pas qu’un cliché) et la position de l’homme supérieur confucéen ressemble à celle de l’honnête homme du XVIIè siècle. « Il range ses principes dans sa manche » et retourne à sa mission sans s’attirer d’ennuis : sa famille a besoin de lui.

Il ne manifeste pas non plus d’ambition lors de ces époques. Une position d’honneur donnée par des hommes sans honneur est une salissure, car il faut pour cela accepter des compromissions indignes, devenir donc indigne soi-même. Et puis, c’est aussi fréquenter et endurer la bassesse alentour, épreuve supplémentaire dont l’homme sage se passera autant qu’il peut, pour s’épargner de la peine autant que pour éviter la contagion et le poids de la pression. Etre sage n’est pas être incorruptible et l’homme supérieur le sait, il s’abrite lors des époques à la morale trouble.

== Le taoïsme ==
C’est une religion de la balance des énergies yin et yang dans l’homme et dans l’univers, qui s’équilibrent dans un mouvement permanent, et qui ramène tout à l’humain. En fait, c’est une religion de la dualité humaine dans un univers « un ». Cette religion est un petit peu antérieure au confucianisme, mais ses textes et sa diffusion lui sont plutôt contemporains.

Le yin est le principe féminin lunaire, froid, humide, nocturne, réceptif, au nord. Le yang est le principe masculin solaire, chaud, sec, diurne, actif, au sud (voir plus bas pour une illustration et un peu de développement)

= Le Tao est un mot chinois pour désigner la Voie =
La Vertu est la manifestation de la Voie, son principe agissant. On est sur la Voie et donc vertueux lorsqu’on respecte, sans l’entraver, la relation mouvante et ininterrompue entre le yin et le yang, en soi et autour de soi. Cette Voie est une expérience qui se vit par ceux qui la perçoivent, et elle est impossible à décrire : « si l’on peut nommer la Voie, alors elle n’est pas la Voie. La Voie est sans forme, sans visage et sans nom, elle est une ».

« L’un » n’est pas l’abolition du yin et du yang, c’est leur harmonie telle qu’on ne peut plus ni les dissocier, ni les distinguer. Leur union n’est pas fusion, elle est accord et acceptation de l’autre. Il n’est donc plus nécessaire de distinguer cet autre, ni de se distinguer soi : chacun est, et plus chacun est, moins la distinction est visible, car vivre la sensation de cette différence est bien plus enrichissant que le besoin de connaître la différence, besoin qui indique un mal de repère. Bref, la forme disparaît, ne reste que le fond. Cela peut sembler abstrait, c’est pourtant -par exemple- la clé dans la gestion de conflits (accepter l’autre tel qu’il est, sans fantasme, ne pas se sentir menacé s’il n’y a pas lieu, comprendre les besoins réels de l’autre s’il y a menace réelle)

On trouve aussi chez Lao Tseu quelque chose qui fera plaisir à Dedefensa : « l’homme inférieur ne peut comprendre la Voie, il s’en moque et en rit. S’il n’en riait pas, alors la Voie ne serait pas la Voie ». Le taoïsme n’est pas exactement politiquement correct.

= Une illustration claire et simple du yin et du yang est la course du soleil sur la montagne =
Le matin, le soleil (yang) éclaire un versant de la montagne. Ce versant est yang et le versant dans l’ombre est yin. Au fil de la journée, le soleil avance et le versant yang devient progressivement yin, le versant de l’ombre yin devient progressivement éclairé et yang. Le lendemain, ça recommence.

= Le taoïsme ramène tout à l’humain par deux voies =
la perception et la course de la vie. La perception est personnelle, par exemple ce qui est chaud yang pour l’un est yin froid pour un autre, selon qu’on est plus ou moins frileux.

La mise au centre de la perception humaine, et donc la solitude de chacun face à sa perception de l’univers, est un fondement du taoïsme et de ses sciences (acupuncture, tai chi chuan, chi kung, herboristerie et d’autres médecines, yi king etc. qu’on redécouvre ces dernières décennies avec l’allègement de la “révolution culturelle” chinoise, et dont on mesure encore mal la richesse et la profondeur. On découvre par contre, en laboratoire, que les bizarreries millénaires de ces sciences sont fondées et en général sérieuses, par exemple en ce qui concerne le fonctionnement et le cheminement du champ magnétique dans le corps humain, un des éléments du « chi », l’énergie vitale)

Cette solitude devant la perception met en lumière que la “scientifisation” occidentale du monde depuis quelques siècles et une déshumanisation, mais cela est un autre débat (illustrons un peu quand même : ne tenir compte que de ce qui est dépersonnalisable, s’abstraire des perceptions, revient à collectiviser l’âme humaine et à en diminuer, voire en nier ce qui est une vision intime et injustifiable. C’est aussi l’alimentation d’une pyramide de pouvoir par l’agression de l’esprit critique, qui ne peut pas toujours prouver ce qu’il devine. La science est une chose, la scientifisation en est une autre, parfois même son contraire)

L’autre approche humaine du taoïsme est le chemin de la vie. L’enfant est pur yang à sa naissance, puis progresse dans le yin au long de sa vie. Tout en croissance et en profusion d’énergie au début de sa vie, l’humain devient vieillard, dégénère, perd son énergie puis meurt. Le cadavre en décomposition est le pur yin de l’humain, et il est aussi le yang de la terre nourricière. C’est la progression de l’entropie au fil du temps.

= Non-faire, non-penser =
Tout ce qui existe, vivant ou pas, est le mouvement et l’équilibre entre ces deux énergies, qui s’accordent naturellement entre elles. L’être humain est une manifestation de cette danse éternelle et permanente. La volonté obsessionnelle d’agir est la manifestation du déséquilibre, et participe à son tour de ce déséquilibre. Au lieu de mieux comprendre cette danse yin yang, on la combat, et en améliorant éventuellement les symptômes, on aggrave le mal profond, qui provoquera de nouveaux symptômes. Un principe taoïste est ainsi le non-agir “wu-wei” : ce qui fait l’utilité du bol (matière, yang) est le vide (yin) qu’il offre et constitue. Ce qui fait que la roue (yang) tourne, c’est son axe immobile (yin)

Lao Tseu dans « La Voie Et La Vertu », un des textes fondateurs du taoïsme, parle en mal de l’habileté : plus on est habile, moins on est simple, moins on est vrai. La nature humaine « dans la Voie » est vérité et la vérité est simple. C’est contourner la vérité qui est compliqué, et refuser la Voie. Le conte de la jument grise l’illustre aussi.

Agir (yang) est juste, lorsque c’est au service d’un partage avec le yin. Laisser faire (yin) est juste lorsque cela laisse le passage à la force du yang. Agir pour empêcher le yin (vide, inconnu, faible) d’exister est typique de l’américanisme,  crée des boursouflures, des complications et des cancers dans toute la civilisation occidentale, et essaime sa maladie partout ailleurs. Trop de yang ne tue pas le yin qui est intuable, c’est créer un divorce entre deux énergies indissociables. En interdire une, c’est la condamner à une activité souterraine, et c’est condamner les deux à tout dévaster dans le désordre, sans équilibre et dans les pires contretemps : elles sont faites pour exister ensemble, aucune n’a de sens sans l’autre, comme deux danseurs de tango.

Il m’a semblé que le taoïsme et le confucianisme avaient de nombreux points communs avec l’approche et l’action du site Dedefensa - pourtant si français dans son identité. Chacun jugera.

Voilà voilà. Si quelqu’un a eu le courage de lire jusqu’ici, il a toute ma reconnaissance et ma futile admiration (amen)

??? VOUS ETES ENCORE LA ???

=== La parabole de la jument grise ===

Pour finir, ce dont il était question au début, un conte chinois sur “l’inconnaissance”.

Il était une fois, dans la Chine antique, un seigneur puissant et sage. Ce seigneur aimait par dessus tout les courses de chevaux et il cherchait une nouvelle bête de course.

Il avait entendu parler d’un maître qui savait reconnaître sans faille les futurs champions. Cet homme vivait dans un village perdu de la campagne et le seigneur y envoya son intendant, qui le prit de mauvaise grâce : les écuries du palais disposaient des meilleurs écuyers, pourquoi aller chercher un ermite inconnu, probablement fumiste et surtout si loin ? Le seigneur confirma sévèrement son ordre : lui était seigneur, l’intendant était intendant.

Ainsi ce dernier partit, et revint quelques semaines plus tard fiché d’un petit bonhomme mal mis, distrait et peu bavard.

Le seigneur lui demanda : “Alors, tu es le maître qu’on m’a vanté, tu connais les chevaux et tu sauras me trouver un champion ?” L’homme répondit une explication diffuse, obscure et entrecoupée de silences, où il était peut-être question des chevaux qui étaient faciles à comprendre parce qu’ils parlaient clairement ; quoique, il avait peut-être dit autre chose. L’intendant était déçu pour son seigneur, ce petit homme confus était certainement un incapable.
Le seigneur sembla pourtant satisfait et donna mission à ce drôle de maître.

Plusieurs semaines s’écoulèrent sans nouvelles. Puis un jour, le maître écuyer revint au palais et alla voir le seigneur. Celui-ci lui demanda s’il avait trouvé un champion, à quoi l’autre répondit que oui, c’était une jument grise, elle allait courir très vite.

Lorsque le maître des chevaux fut parti, l’intendant aborda son seigneur d’un air préoccupé et lui dit : “Seigneur, j’ai visité les écuries, et cet homme est revenu avec un étalon noir taché de blanc. Ce n’est pas une jument grise”. A ces mots, le seigneur irradia de sourire : “On m’avait bien dit que c’était un grand maître”.

Après plusieurs années de patient et rigoureux entraînement, “la jument grise” fut prête à courir. Effectivement, elle n’était ni jument ni grise, mais elle était bien un champion et pendant de nombreuses années, ce cheval remporta toutes ses courses.

S’il est besoin de clarifier : par son inconnaissance, le maître écuyer ne voyait pas les formes, seulement le fond. C’est la marque de la vraie maîtrise selon le taoïsme.

Rapide complément chinois

Alain Vité

  22/01/2013

sur le conte de la jument grise.

- L’intuition haute du seigneur lui permit de passer par dessus la “forme” désavantageuse du maître écuyer, il en vit le talent et sut en tirer le fruit pour l’avantage de tous, sans se priver du sien.

- L’intendant, malgré sa bonne volonté et ses qualités d’intendant, resta incapable de voir, et l’inconnaissance sublime du maître écuyer, et l’intuition haute de son seigneur. Les eut-il vues, qu’il eut été presque certainement incapable d’en assumer les implications et d’en tirer les choix : il était un scélérat au sens maistrien, un homme inférieur au sens traditionnel chinois.

Le scélérat n’est pas un humain indigne, c’est un humain peut-être doté de grandes qualités, mais incapable de disposer de son propre centre. Sa “solitude devant la perception du monde” lui est inacceptable, alors il lui est impossible de vivre sans maître au dessus, et sans troupeau autour de lui, pour lui dire quoi croire et que faire.

Les trois archétypes existent, ont existé et existeront. Savoir lequel on est et l’accepter - savoir si l’on est celui qu’on a cru et sinon, devenir qui l’on est - on est généralement un peu les trois, mais avec une dominante - est important pour accéder à l’épanouissement et trouver son chemin. Faute de quoi, on se condamne au malheur et à la lutte épuisante avec soi-même, et probablement avec les autres.