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Article : DIALOGUES-18 : Le Système, en dedans et en dehors

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Changer de regard

ashatit bayle

  28/12/2010

Le texte de Philippe Grasset est excellent; il s’agit, selon moi, davantage d’une compréhension interne de la situation du monde que d’une analyse intellectuelle, quoiqu’elle en prenne la forme et en serve le propos.

Je partage absolument cette vision. Point par point.

Il est exact de dire que le Système ou le monde dans lequel nous vivons s’effondre de manière irrésistible. Quoique nous fassions individuellement ou collectivement ne peut que renforcer ce processus de désintégration. La situation est bien pire encore pour les élites qui doivent chaque jour prendre des décisions car ces décisions ne seront, ne pourront être, que des mauvaises décisions qui ne feront que renforcer la dynamique de l’effondrement.
Pourtant, lorsque je regarde l’effondrement du système et de ce fait de notre réalité (et c’est poignant) il y a, me semble-t-il, une question fondamentale qui se doit d’être posée.

Il y a quelque temps j’ai posté un commentaire dans lequel je posais la question de notre perception du monde et de la perception que nous avons de nous mêmes. Je me demandais dans quelle mesure la réalité du monde pouvait être directement liée à la perception que nous en avons, et plus encore dans quelle mesure la modification de la perception que nous avons de nous mêmes ne serait pas la base d’un changement concret du monde. La réalité que nous percevons n’est certainement pas la totalité du monde. Elle est en partie la projection d’un ensemble de mécanismes qui s’évertuent à se présenter comme objectifs et de ce fait indiscutables. On pourrait même dire que la réalité du monde s’évertue à être exactement ce que nous croyons ou voulons qu’elle soit.

Je considère que le monde d’aujourd’hui, ou le Système (pour utiliser la terminologie du moment), ne sont que la projection de notre conscience ou de ce que notre conscience peut appréhender de la réalité du monde. Si notre conscience ou notre perception du monde demeurait identique à ce qu’elle est aujourd’hui, il est évident que le monde demeurerait tel quel jusqu’à sa nécessaire destruction finale. Je considère qu’il y a corrélation entre la vie que nous menons, le monde dans lequel nous vivons et la perception intime et profonde que nous avons de nous mêmes. Plus vaste ou plus haut est notre niveau de perception et plus large et plus haute est la réalité concrète dans laquelle nous évoluons.

Il est parfaitement exact que la raison n’est pas un instrument de connaissance. Il est un instrument d’organisation. Il existe des plans de conscience qui sont supérieurs à la raison et l’intuition en est un. Il existe aussi des plans de conscience qui sont supérieurs à celui de l’intuition. Passer du domaine de la raison (domaine de l’organisation matérielle du monde) au domaine de l’intuition (domaine de la connaissance directe) représente un changement de perception absolument radical.
C’est ainsi, que la question que je me pose ne concerne pas les aléas de notre système d’organisation collective (cet aspect du problème est en grande partie résolu ou en cours de solution par effondrement) mais concerne notre capacité à changer de perception de façon radicale. On pourrait supposer que l’acharnement et la capacité du Système à détruire tout ce qu’il touche et à ne rien laisser de côté qui ne soit finalement corrompu, n’est que l’aiguillon indispensable pour pousser irrésistiblement l’humain, ou sa conscience, ou sa perception à faire un saut qualitatif pour enfin VOIR, tel un visionnaire, dans un acte créateur, afin de la manifester, la Réalité du monde. Cette réalité sera évidemment tout autre que ce système de mort que nous appelons civilisation. C’est pourquoi, il n’est plus question d’améliorations ou d’arrangements. Il faut vivre selon d’autres critères, sur d’autres bases, à l’aide d’autres instruments.

Je pense que la capacité de changement ou la clef du prochain pas se trouve ancrée au sein même de l’homme. Mais il semblerait que selon l’économie supérieure du monde, ou a cause de certaines spécificités de l’homme dans son processus ascendant, qu’il soit encore nécessaire que tout faillisse afin que nous fussions contraints par la force des circonstances à faire le prochain pas. Ce changement est essentiellement un changement de conscience et il se concrétise au niveau individuel.

Ce qu’il y a de plus radical, de plus irrésistible, c’est de changer de regard.

Merci

laurent juillard

  29/12/2010

“Ce qu’il y a de plus radical, de plus irrésistible, c’est de changer de regard.” Merci a ashatit de nous rappeler si clairement cette aphorisme que notre raison a tant de mal a apprehender et donc tant de facilite a l’oublier. Et merci a Philippe dont le travail quotidien m’aide, meme inconsciemment, a changer ce regard sur notre monde et donc a participer plus consciemment au changement de monde.

Je vais réagir, of course

Jean-Paul Baquiast

  30/12/2010

Ce petit message pour vous dire que j’ai bien reçu cet article très important de Philippe Grasset. Mais il me faut quelques jours pour essayer d’y répondre, surtout dans la perspective qui si je comprends bien est la vôtre à tous, changer de regard. A bientôt