jc
27/01/2021
[Je suis (de suivre) le site Front populaire de Michel Onfray et je suis étonné du grand nombre de commentateurs qui attendent le nouveau César (nouveau pouvoir temporel) et du tout petit nombre (quasiment réduit à ma modeste personne) qui attendent d'abord un nouveau Messie (nouvelle autorité spirituelle). Cf. le bouquin éponyme de Guénon.]
Ma vision de l'évolution de la civilisation occidentale est la suivante. Naissance dans la Grèce antique; empire d'Alexandre; empire romain : saint empire romain germanique ; empire napoléonien ; empire anglais ; empire US. Pour moi la cassure est dans le passage "catastrophique" du saint empire romain germanique à l'empire napoléonien (1806), car c'est là que je situe la rupture entre des civilisations antérieures qui, d'une façon ou d'une autre, sacralisaient la nature, et des contre-civilisations ultérieures matérialistes qui ont sacralisé de plus en plus -atteint-on aujourd'hui le paroxysme? (1)- ce qui désacralise la nature, à savoir la technique moderne (cf. Jacques Ellul).
Bien entendu il y a eu un décalage entre la perversion du pouvoir temporel et celle de l'autorité spirituelle. La perversion de l'autorité spirituelle a pour moi eu lieu au moment de coupure galiléenne : l'antique technè (art en grec ancien) est devenue technique moderne, l'étude de la matière vivante (l'antique phusis, connaissance des substances immergées dans la matière) est devenue avec Newton l'étude de la matière inerte (la physique moderne).
Newton a appelé son œuvre majeure "Principes mathématiques de la philosophie naturelle". À la parution de SSM chez Benjamin en 1972 (écrit en 1967 et proposé à cette date à l'éditeur) Thom (qui se revendique philosophe de la nature) a été alors qualifié de nouveau Newton et aurait très bien pu titrer sa première œuvre majeure (la seconde est ES) comme l'a fait Newton, si le titre n'avait pas été retenu par cet illustre prédécesseur.
Il y a eu avec Galilée et Newton une révolution scientifique -un changement de paradigme- dont je suis convaincu qu'il est à la racine de "notre" contre-civilisation. Après maintenant plus de dix ans de rumination de l'œuvre philosophique de Thom (son œuvre mathématique est hors de ma portée intellectuelle) je suis maintenant fermement convaincu que son œuvre contient en germe la révolution scientifique -le changement de paradigme- à venir : passage du matérialisme du XIXème (matière inerte) au matérialisme "aristotélicien" post XXème et ante XVIIème (matière vivante).
Thom : "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn (2)– le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ? Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a
quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe [de la nature] devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit." (1988)
(1) C'est l'occasion de relire la tirade de Lucky à son maître Pozzo ("Pense, porc!") dans "En attendant Godot…" de S. Beckett (1952)
(2) Principalement connu pour son ouvrage "La structure des révolutions scientifiques".
Alexis Toulet
27/01/2021
Non seulement David Engels, mais également le stratège de la G4G William Lind s'attend à ce que les troubles américains débouchent sur une défaite au final de l'Establishment, voir son texte La chute d'une dynastie, dont l'ensemble est intéressant mais je ne cite que la conclusion.
Et lui est beaucoup moins optimiste que Engels. Car César, ou plus précisément Auguste le véritable fondateur de l'Empire, n'est pas la seule éventualité.
"Tout ce gâchis et plus encore, y compris une politique étrangère trop ambitieuse, des forces armées qui perdent le plus souvent, des institutions nécessitant de vastes dépenses pour de très petits résultats et de l'argent toujours plus rare et sans valeur sont les signes classiques de la fin d'une dynastie. Dans notre cas, la dynastie est une oligarchie Washington-Wall Street-Hollywood couplée à un gouvernement fédéral bien plus puissant que celui envisagé dans notre Constitution. Je ne sais pas ce qui la remplacera, mais ce ne sera pas le marxisme culturel. Nous attendons soit notre Auguste, soit notre Hitler."
Il est important de rappeler que Lind n'est décidément pas orienté à gauche, il est même dans la ligne de la droite la plus conservatrice. S'il cite le nom de Hitler, ce n'est pas parce qu'il aurait l'habitude de repeindre aux couleurs du nazisme tout ce qui lui déplaît, façon "Trump=Hitler" et autres billevesées. Ce n'est pas quelqu'un qui voit du "fascisme" partout.
C'est parce que les chutes de dynastie sont historiquement des passages dangereux. La dynastie "Washington-Wall Street-Hollywood", comme la nomme Lind, comme la dynastie des Hohenzollern.
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