Christian Feugnet
30/10/2018
M'évoque un monde qui vit dans les images . D'employées de bureau et de "services" . A la recherche de cruauté par manque de sensations .
Une matrice de jeux du cirque où se déploie toutes les perversités pour un plaisir illusoire , laissant ftustré . On pourrait imaginer pour le futur , des massacres d'immigrants ou de lgbtq selon les gouts , d'ailleurs à Byzance les afftontements avaient lieu sur les bancs , faute de cruauté dans l'aréne à cause du christianisme .
Faute de retour à une société productive que ce soit républicains ou démocrates , çà craint , et de toutes façon la thérapie sera longue .
jc
30/10/2018
Si Kunstler est un vieux sage au fait depuis des lustres de l'évolution de la société US -ce que semble indiquer son ami l'ermite de Fléron- alors la description qu'il nous fait de la situation actuelle est assez inquiétante. Ainsi son impression que "La raison a été laissée au bord de la route, comme une personne trop ivre et sans la moindre conscience des choses se déshabille dans le blizzard d’une nuit glaciale."
Est-ce la raison occidentale -celle codifiée par Aristote- qui est en train de sombrer? Peut-être bien que non, peut-être bien que oui.
Pour René Thom, en effet, nous ne pensons pas selon la logique d'Aristote mais notre façon de penser est embryologique:
"La pensée conceptuelle est une embryologie permanente";
"La classe engendre ses prédicats comme le germe engendre les organes de l'animal. Tel est, à mes yeux, l'unique manière de définir ce qu'est la Logique naturelle." (entre beaucoup d'autres citations)
De ce point de vue je trouve tout-à-fait judicieux le choix par Kunstler de qualifier Trump de golden golem (on désigne figurativement comme golem la personne dont les dons intellectuels et sociaux sont demeurés à l’état brut -cf. Wikipédia-). Trump: une "nature" -ça, personne ne peut le nier- qui raisonne instinctivement selon une logique "naturelle"* venue du fond des âges, logique qui déstabilise complètement ceux, républicains comme démocrates, qui sont formatés par la bonne vieille rassurante logique "culturelle" léguée par Aristote?
Ces propos sembleront sans doute à beaucoup comme extra-galactiques. Voici ce qu'écrit Thom à la toute fin de "Stabilité Structurelle et Morphogénèse":
"Dans le domaine des sciences humaines il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au coeur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces naturelles extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une "théorie générale des modèles", qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiquée dès son origine."
On notera le côté prophétique du "ou, en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire.". Les optimistes pourront y voir une raison d'espérer en attendant celle promise par "Le réenchantement de Dieu" dans le tome III de "La Grâce de l'Histoire"...
*: où c'est l'affectivité qui mène la danse (cf. par ex. ES p.73)
jc
31/10/2018
(Je rappelle que je considère les forums auxquels je participe -maintenant Dedefensa, jadis le blog de Paul Jorion- comme des divans psychanalytiques¹. D'une part l'écriture est pour moi une forme nécessaire de tentative de condensation de ma pensée², et d'autre part le fait de pouvoir être potentiellement³ lu m'est nécessaire pour me forcer à essayer de me clarifier les idées -essentiellement celles de Thom et de PhG, et, éventuellement, celles que je pourrais avoir-.)
1. Thom: "La connaissance scientifique est analogue, sur le plan de l'espèce, d'une psychanalyse sur le plan individuel." (Pour le contexte cf. p.63 parmi les citations recueillies par Michèle Porte, disponibles sur la toile)
2. Thom: "(...) l'homme est pourvu d'un dispositif universel qui, sur un champ de dynamique neuronique, peut en reconstituer le centre organisateur. Véritable gonade mentale, ce dispositif condense les champs en mots, vraies semences d'idées; placé dans un contexte approprié, le mot germe et éclate dans l'esprit de l'auditeur et la forme globale ainsi reproduite est l'idée. Ainsi la pensée conceptuelle est une embryologie permanente."
3. potentiellement me suffit.
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(Suite du commentaire "Le naufrage de la raison occidentale?"
I. La rationalité
Bien que ce ne soit pas du tout mon rayon, je crois ne pas me tromper en disant que la rationalité occidentale doit beaucoup d'abord à Aristote, ensuite à Kant. Il suffit de lire les premières pages de ES pour s'apercevoir que Thom a choisi une toute autre approche:
"On ne cherchera pas à fonder la Géométrie dans la Logique, mais bien au contraire on regardera la logique comme une activité dérivée (et somme toute bien secondaire dans l'histoire de l'esprit humain), une rhétorique. Ici, on ne cherchera pas à convaincre, mais à susciter des représentations, à étendre l'intelligibilité du monde. Au lieu de fonder logiquement la Géométrie, on cherchera à fonder le logique dans la Géométrie."
Thom définit la rationalité comme suit: "Le rationnel, au fond, n'est qu'une déontologie dans l'usage de l'imaginaire."
Et précise: "La théorie des catastrophes m'a réellement donné la clé d'un mode de pensée qui m'a permis de voir les choses sous un angle qui échappe, apparemment, à la manière standard de voir les choses. Essentiellement parce qu'on fait un saut dans l'imaginaire, mais un saut contrôlé, le saut doit être contrôlé. (...) Le contrôle de l'imaginaire est, je crois, l'essence de la rationalité."
II. Le rôle de l'affectivité
Tel que je l'ai compris, la pensée, pour Thom, s'initie dans la privation, le manque, le désir. On cherche à supprimer la douleur que provoque ce manque par une entrée en métastabilité de la dynamique neuronique: "(...) l'affectivité "déforme" la structure de régulation de l'organisme en la compliquant." Ainsi Thom propose une explication "catastrophique" de la façon dont un chimpanzé pense par déformation de la catastrophe "fronce" en la catastrophe "papillon" pour se saisir d'un bâton qui fera tomber une banane suspendue trop haut (ES p.73). Thom résume à la page suivante: "L'invention de l'instrument apparaît comme la schématisation (au sens kantien) de ce concept problématique suggéré par la privation. S'il est vrai, comme l'a écrit Kant, que le schématisme est un secret caché aux profondeurs de l'âme humaine, il est clair qu'il est inutile de persévérer dans cette exploration de l'invention. (...) Seule possibilité d'explication: le choc affectif de la privation conduit à une plicature de la figure de régulation."
Si j'ai correctement compris ce qu'écrit Thom, nous disposerions donc d'une espèce de boîte de vitesse interne qui nous permet d'élargir notre horizon de pensée, et ce d'autant plus que la privation initiatrice sera importante (passage de la première, la "fronce", à la deuxième, le "papillon", pour le chimpanzé en privation de banane).
Peut-être la privation de partenaire sexuel donne-t-elle accès aux vitesses supérieures, c'est-à-dire aux catastrophes sexuelles (les trois ombilics), voire plus (la double fronce et au delà)? C'est comme ça que je me plais à interpréter le prophétique "ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire" de la toute fin de SSM cité dans mon précédent commentaire…
Thom en dit plus sur le rôle de l'affectivité dans son article "La notion de programme en biologie" (AL)
Dans la citation qui suit (p.159) on notera comment une pression sélective, darwinienne, se transforme en une pression instructive, lamarckienne:
"Comment expliquer ce* processus d'apprentissage? Un darwinien orthodoxe dira que seuls survivent les systèmes pour lesquels cette* adaptation est suffisamment réalisée… Mais chez les animaux supérieurs, nous savons parfaitement qu'il y a apprentissage par l'affectivité: les choix malheureux conduisent à une douleur, les choix heureux au bien-être. A la sélection par la mort a succédé la sélection par l'affectivité. L'affectivité peut donc être vue comme une rétroaction du flux final ramifié sur la dynamique de commande des pré-programmes. Et je n'ai jamais compris pourquoi ces effets de rétroaction ne pourraient pas être transmis héréditairement (...), ce que nie la biologie moléculaire classique."
*: il faut lire au moins tout l'article pour savoir à quoi précisément renvoient ces démonstratifs.
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