Auguste Vannier
07/02/2022
En lisant cette simple et limpide analyse, j'avais l'impression qu'on parlait de mon pays et de son Président. Mais tout de même en moins pire, parce qu'en France on a l'état d'urgence permanent, et que les forces de police nombreuses et bien armées arrivent à contrôler tout ce qui déplait au Président, certes il est vrai plus jeune que le PM du Canada, ceci expliquant peut-être cela.
jc
08/02/2022
PhG : "... ce n’est pas un problème canadien, c’est un problème mondial…".
Il est piquant de voir comment l'abolition des frontières -terrestres, maritimes et aériennes pour les marchandises, célestes pour la communication des idées- que prône l'ultra-libéralisme globaliste actuel, crée les conditions pour qu'un évènement local puisse prendre quasi instantanément une dimension globale. Je me demande si nous ne sommes pas en train d'assister à l'affrontement de deux camps qui se revendiquent tous les deux de la liberté, tout en en ayant, au fond, une conception radicalement différente.
Je pense que pour les libéraux-libéralistes (typiquement Biden et les "démocrates" US?) les frontières séparent et séparent seulement -et il faut donc les abolir-, alors que pour les libéraux-libertariens(?) (typiquement Trump et les "républicains" US?) les frontières séparent mais aussi réunissent -et il faut donc les garder- (2). Cette différence cruciale mérite, à mon avis, d'être regardée de plus près.
Les globalistes ont en vue la société ouverte de Bergson qui, ai-je lu (1), est le promoteur de ce concept, suivi par Popper, Hayek, Soros, Biden, Macron, etc., alors que ceux que j'appelle par opposition les localistes, ont en vue une société plus fermée (typiquement Trump et son "America first"). Cette distinction ouvert/fermé me permet de m'amarrer à mon unique point d'ancrage métaphysique qui est l'illustration par Aristote de l'opposition puissance/acte par l'opposition problème mathématique ouvert (conjecturé)/problème mathématique fermé (démontré). On pressant déjà ici que les globalistes sont plus "en puissance" et dans le virtuel, que les localistes qui, eux, sont plus "en acte" et dans le réel.
En topologie générale (mathématique) le complémentaire d'un ouvert est un fermé et, inversement, le complémentaire d'un fermé est un ouvert. Lorsqu'on veut topologiser "naïvement" la logique classique moderne -booléenne-, on traduit le "et" par l'intersection, le "ou" par la réunion, et le "non" par la complémentation. Mais les objets manipulés doivent impérativement être de même nature, soit des ouverts, soit des fermés, car la réunion d'un ouvert et d'un fermé -par exemple- n'est en général ni un ouvert ni un fermé. On doit donc faire un choix: soit ne considérer que des ouverts et donc retirer leur frontière aux fermés (qui apparaissent par complémentation/négation), soit ne considérer que des fermés et donc "fermer" les ouverts en rajoutant leur frontière. Si bien qu'on n'arrive pas à topologiser la logique booléenne car on tombe -en général- soit sur la logique intuitionniste (celle choisie par Grothendieck) qui abandonne le principe du tiers exclu mais conserve le principe de non contradiction, soit sur la logique paraconsistante (celle choisie par Thom) qui, à l'inverse, conserve le principe du tiers exclu mais abandonne le principe de non-contradiction (3) (4).
Je pense que le jour -sans doute assez éloigné- où les politiciens des deux bords sortiront de leurs joutes rhétoriques et sophistiques -comme E. Macron vient de le faire face à Poutine-, il s'apercevront qu'ils devront choisir leur camp dès ce niveau topologique, beaucoup plus apte pour régler les problèmes de topographie (la position et le rôle des frontières) que la logique aristotélicienne. La réalité des frontières terrestres(2) montre en effet qu'il y a techniquement nécessairement une zone frontière, soit locale qui appartient aux deux pays bordants, soit qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre (mais qui appartient à la communauté globale -ONU…-): en résumé, souverainistes d'une part, fédéralistes de l'autre. Je n'avais jamais pensé à ça en ces termes, mais me voilà maintenant avec un argument "de fond" pour être souverainiste (puisque je suis "à fond" thomien) : la zone frontière comme zone de bimodalité typiquement thomienne où les choses changent (de France en Belgique par exemple) et où, par conséquent, se déploient les catastrophes.
Les belges en connaissent un rayon sur ce sujet des frontières avec les problèmes flamands/wallons. Les philosophes (belges) Dominique Lambert et Bertrand Hespel ont écrit à ce propos un article intitulé "De la topologie de la conciliation à la logique de la contradiction [logique paraconsistante]" dans lequel l'introduction débute par un exemple politique qui sera mathématisé dans le cœur de l'article. J'aime beaucoup cet article car j'y vois l'opposition entre Grothendieck et ses topos "ouverts" (5) d'une part, et Thom et ses "cotopos" fermés d'autre part.
Au niveau "divin" on retrouve donc face-à-face "mon" Dieu tout en puissance Khaos-Logos et "mon" Dieu tout en acte Kosmos-Topos. Cela ne devrait pas trop émouvoir le logocrate PhG -visiblement fermement opposé la "société ouverte" du Système-, PhG ayant depuis longtemps abandonné la logique humaine à son pauvre sort- et donc en particulier la logique aristotélicienne- (je rappelle que pour moi Khaos est la Singularité, l'Âme de Kosmos).
1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_ouverte
2: Largeur des frontières terrestres entre 5m (BD topo standard) et 30m (BD topo pays) (http://www.cnig.gouv.fr/wp-content/uploads/2014/12/11/2014-10fronti%C3%A8res_GTEI_VF.pdf ) (p.11)
3: Thom : "Dans cette confiance en l'existence d'un univers idéal [platonicien] le mathématicien ne s'inquiétera pas outre mesure des limites ds procédés formels, il pourra oublier le problème de la non-contradiction." (AL, p.561)
4: Alain Badiou, pour qui les mathématiques sont l'ontologie, utilise ces trois logiques : "Dans mon propre système la logique de l'être pur, de l'être en tant qu'être, est classique, la logique de l'apparaître est intuitionniste, et la logique de l'évènement et des vérités qui en dépendent, du point de vue du Sujet, est paraconsistante." (Éloge des mathématiques, pp.71 et 72)
5: D'après ce que je crois comprendre la notion de topos de Grothendieck virtualise celle d'ouvert d'un espace topologique dans les cas où les points de l'espace topologique se sont évaporés (pointless topology).
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