Ni ANDO
15/10/2009
Pendant ce temps, les Européens sont dans un autre monde.
Un exemple de leffet boomerang dune politique de lUE bizarrement conçue.
Au motif dune prétendue dépendance de lUE aux importations de gaz russe les responsables de la Commission, ainsi quune partie des élites politiques européennes de lUE, ont clamé haut et fort leur farouche détermination à réduire cette dépendance pleine de périls. On observe pourtant que la dépendance de lUE à légard des fournitures de pétrole saoudien ou kowétien, bien plus élevée, ne suscite aucune inquiétude particulière.
En réalité, cette « dépendance » na jamais vraiment existé, la part russe dans le gaz consommé dans les pays de lUE étant de lordre de 20/22% aujourdhui. Cette martiale affirmation dindépendance est inspirée par la classique posture antirusse qui prévaut jusquici dans lestablishment euro-atlantique : tout ce qui vient de et à lieu en Russie est à priori suspect de quelque malfaisance dont il faut se garder. Cest la pureté morale de l « Occident » qui est en jeu (« Occident » dont le Troisième Reich, disparu à Berlin le 9 mai 1945, ou la soldatesque policée qui ravage lIrak et lAfghanistan font partie).
Lironie de la chose est que cest la Russie qui est dépendante de son principal client lUE, même si les accords sont bilatéraux, alors que lUE est relativement indépendante, on la vu, des fournitures russes. Les projets de diversification conduits par la commission ont donc suscité en Russie la crainte de voir son débouché principal se restreindre. La réponse russe à cette menace brandie par lUE, au motif dun danger purement virtuel se traduira dans quelques années par un affaiblissement considérable de lUE dans ses futures négociations avec le partenaire russe. Voilà de la belle et bonne politique.
Russie-Chine : une kyrielle de contrats très prometteurs paraphés dans le domaine énérgétique et financier
Par Vassili Kachine
Extraits
La visite du premier ministre russe Vladimir Poutine en Chine a rapproché la Russie de la réalisation de ses deux objectifs stratégiques : réduire sa propre dépendance de l’exportation de gaz vers l’Europe et attirer les investissements chinois dans l’infrastructure et l’industrie de l’Extrême-Orient.
L’accord cadre conclu entre Gazprom et CNPC sur les livraisons de gaz russe à la Chine est l’entente la plus importante intervenue au cours de la visite. L’accord prévoit les livraisons de 68 milliards de m3 de gaz sur deux itinéraires : l’un occidental (à travers l’Altaï) et l’autre oriental.
La réalisation de ce projet signifie un sérieux changement du caractère du dialogue énergétique entre la Russie et l’UE. Jusqu’à ces derniers temps, la dépendance de l’Union européenne des livraisons de gaz russe a été compensée par la dépendance totale de Gazprom du marché européen du gaz. Mais, après 2014-2015, lorsque fonctionneront les gazoducs d’exportation vers la Chine, le volume du gaz livré à l’Est constituera 50% des livraisons effectuées par Gazprom à l’Europe en 2009. La Chine consommera plus de gaz russe que l’Allemagne, principal partenaire russe dans l’UE. Les livraisons seront effectuées contre des roubles ou des yuans.
Le désir de la Russie de diversifier ses exportations de gaz a été, pour beaucoup, la réaction aux projets de l’Union européenne de réduire sa dépendance du gaz russe. Mais la Russie a progressé dans son projet plus que l’Union européenne. Les projets européens en matière de recherche de sources alternatives d’approvisionnement en gaz, tels que le gazoduc de Nabucco, se heurtent toujours à des difficultés politiques et économiques. Par conséquent, la position russe peut devenir plus rigide et offensive dans le domaine du commerce de gaz avec l’UE.
Le début d’une véritable concurrence entre la Chine et l’Union européenne dans la lutte pour les ressources russes promet des possibilités encore plus importantes à la Russie. Elle ne pourra pas seulement exiger de chacun des partenaires les conditions économiques les plus avantageuses de coopération. Le facteur chinois influera davantage sur ses rapports politiques avec l’UE et les Etats-Unis, en renforçant considérablement la position russe.
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