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Article : France-2017 comme USA-2016 ?

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Deux attitudes possibles

Alexis Toulet

  02/03/2017

Devant une situation générale qui au fil des années s'est régulièrement aggravée, et surtout dont l'horizon semble bouché - il faut voir le pessimisme foncier de la majorité des Français - il n'est au fond que deux attitudes possibles.

On peut choisir de faire le dos rond, appuyer - ou laisser les autres appuyer, en s'abstenant - un candidat dont la principale préoccupation semble être de "tenter d'en faire le moins possible pour faire le moins de bêtises possibles", en pratique de conserver autant que possible - dans la lignée de ce qui existe, dans la lignée des pires tendances-système aussi - de rassurer le bon peuple et de distraire, de faire semblant d'être aux commandes tout en suivant bien évidemment les impulsions que les commandes donnent d'elles-mêmes.

L'autre option est de soutenir un candidat qui propose l'action dure, déterminée, et dangereuse oui. Tenter une sortie, sous le feu, à tous risques, et faire la part du feu aussi. 

A quoi les Français sont-ils aujourd'hui prêts ? Seul l'événement, seule l'élection le décidera.

J'observe toutefois plusieurs choses :

- Le président du gros dos et des commandes de l'appareil que l'on tient sans les diriger, histoire de faire semblant, s'est retrouvé le président le plus impopulaire de la Cinquième République

- L'Emmanuel à la figure christique - de son point de vue du moins - fait couler dans ce qu'il appelle un programme un redoutable filet d'eau tiède, candidat de la dr-auche, de l'union des contraires, candidat "souple et solide à la fois", bref donne toutes les assurances d'être prêt à se placer dans la cabine de pilotage pour y suivre les mouvements des commandes aussi bien que déjà le faisait le François

- L'espèce de jeu de massacre auquel a semblé se réduire cette élection jusqu'ici - Sarkozy, Juppé, Hollande, Valls, maintenant peut-être Fillon… - et qui n'est pas nécessairement terminé, non seulement a la caractéristique de dégager le terrain, mais est une indication nette de la direction dans laquelle penche l'esprit public . Des gens - nous les Français - qui sont collectivement en train d'éliminer les uns après les autres tous les "ténors" et grands personnages les mieux établis pourraient être en train de se préparer à faire des choix durs.

Du moins, la possibilité existe que nous soyons en train de nous y préparer, en grande partie inconsciemment sans doute.

Que se passera-t-il ? Etourdi serait celui qui prétendrait le deviner, vous avez parfaitement raison. Mais je gagerais qu'il se passera effectivement… quelque chose.
 

Déflagration de nature inconnue

GEO

  03/03/2017

https://comptoir.org/2017/03/03/emmanuel-todd-en-france-nous-vivons-larrivee-a-maturite-du-vide/

(…....)

Le débat actuel français n’est pas tellement entre souveraineté et identité, il est entre rien et rien. Les élections entrent dans ce vide. Le phénomène Macron, c’est le triomphe du vide. On ne peut pas affecter à Macron le concept de nation puisque c’est un bon européiste, mais on ne peut pas non plus lui affecter un quelconque discours identitaire.


Le terrorisme suicidaire est une autre forme de triomphe du vide puisque, comme je l’ai dit, aucune identité musulmane réelle ne structure les individus concernés. “Charlie”, c’était aussi le triomphe du vide : quatre millions de personnes abolissant leur personnalité dans l’identification à un nom propre renvoyant à une chose ignorée. Il faut simplement admettre l’existence du vide de souveraineté et d’identité comme une donnée empirique : en France, nous vivons l’arrivée à maturité du vide. Les sociétés ayant horreur du vide, cela préfigure sans doute une déflagration de nature inconnue.

Emmanuel Todd

France : l'ère du vide.

Ni Ando

  12/03/2017

Cher Emmanuel Todd et sa sagacité stimulante.

« En France, nous savons ce qu’est la démocratie. Le modèle français, c’est le traité de 2005 : le corps électoral vote et on s’assied sur le résultat. Nous sommes conscients, dans l’Hexagone, qu’une présidentielle sert uniquement à parler. Nous faisons le discours du Bourget, et une fois au pouvoir, nous faisons passer la loi Travail. Aujourd’hui, nous devrions deviner ce que feraient Fillon ou Macron au pouvoir puisque nous savons d’avance qu’ils n’appliqueront pas leurs programmes ».

 « Mais en France, il y a autre chose que le libre-échange. Notre situation est absurde au carré parce que l’euro aggrave les effets du libre-échange : il empêche de dévaluer et produit ce taux de chômage de 10 % dont on ne sortira jamais. La perte de notre souveraineté monétaire fait que le président de la République n’a plus aucun pouvoir effectif. En théorie, un président de la République peut tout, en termes de nomination, de dissolution, etc. Mais en pratique, il ne peut plus rien faire et avec Hollande, nous avons vu le modèle réalisé à la perfection. C’était moins visible sous Sarkozy car celui-ci entretenait un état d’agitation et de fébrilité déconcertant. Mais Hollande a mis à nu la réalité : l’absence de président en France. C’est un problème structurel. Et c’est sûrement pour cela que nous voyons une décomposition du sens de la présidentielle. Les gens font tout ce qu’ils peuvent pour mettre en scène un spectacle démocratique ou pseudo-démocratique. Ils font des primaires. Mais qu’est-ce qu’ils font dans ces primaires ? Nous voyons s’exprimer des bouts de corps électoral complètement atypiques. Prenons Fillon : plus de 50 % de gens de plus de 60 ans, retraités et riches, votent pour l’homme qui veut faire du Thatcher avec trente ans de retard. Je passe sur les suites judiciaires du “Penelopegate” qui aggravent ce ridicule démocratique particulier. Des électeurs socialistes, encore moins nombreux, désignent Hamon : arrive le style « on rase gratis ». Mais c’est pareil, ce sont des minorités qui se font plaisir. Pardon, j’oubliais celui qui incarne l’ultime vérité du système, celui qui n’a pas de programme : Macron ».

 « En France, ce que je constate, c’est plutôt le vide. Le débat actuel français n’est pas tellement entre souveraineté et identité, il est entre rien et rien. Les élections entrent dans ce vide. Le phénomène Macron, c’est le triomphe du vide. On ne peut pas affecter à Macron le concept de nation puisque c’est un bon européiste, mais on ne peut pas non plus lui affecter un quelconque discours identitaire ».
 
« C’est comme si, au fond, les candidats comme les électeurs avaient compris que la présidentielle, c’était pour rire. Alors tout le monde se lâche. Tout le monde fait n’importe quoi. Et cela n’a aucune importance. Car nous allons en réalité élire notre représentant à Berlin. D’ailleurs, Fillon, Macron et Hamon ont chacun d’une façon ou d’une autre déjà fait allégeance à l’Allemagne. Mais j’admets volontiers être, comme tout le monde, dépassé par la situation. L’Amérique me semble compréhensible, tout comme l’Angleterre, l’Allemagne, la Russie, le Japon ou la Chine. La France non. Nous sommes peut-être au bord de la crise de régime ».
 
« D’ailleurs, même le FN semble ne plus croire en rien. Un copain avec qui je dînais début février 2017 me disait que la décomposition des partis de l’establishment semblait produire par rebond la décomposition et l’amollissement du discours du FN lui-même. Privé d’adversaire intellectuel, le parti d’extrême droite ne sait plus vraiment quoi dire. Face à la réalité de Trump et du Brexit, il est lui-même confronté à l’irréalisme de ses propositions ».
 « Il faut simplement admettre l’existence du vide de souveraineté et d’identité comme une donnée empirique : en France, nous vivons l’arrivée à maturité du vide. Les sociétés ayant horreur du vide, cela préfigure sans doute une déflagration de nature inconnue ».

 https://comptoir.org/2017/03/03/emmanuel-todd-en-france-nous-vivons-larrivee-a-maturite-du-vide/
https://comptoir.org/2017/03/01/emmanuel-todd-cest-un-pays-en-cours-de-stabilisation-morale-qui-vient-delire-trump/