jc
19/01/2017
Selon moi, et sans aucune hésitation, le rôle du logocrate est d'être le gardien de l'intelligible. Je m'explique.
Nous nous exprimons avec des mots. Les mots adéquats sont les mots symboliques, signifiants, les mots inadéquats sont les mots diaboliques, insignifiants.
Si l'on suit Platon la perfection n'est pas de ce monde, nous ne sommes pas parfaits, nous sommes tous des petits diables.
C'est la tâche assignée au logocrate de s'approcher le plus possible du discours symbolique, du discours signifiant: "La voix de la réalité est dans le sens du symbole" (René Thom: "De l'icône au symbole", Modèles mathématiques de la morphogénèse", 10-18, 1974).
Thom nous dit de voir le langage comme un être vivant (depuis le premier cri du premier humain jusqu'à nos jours) dépositaire de la mémoire de notre espèce: "Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire de la mémoire ancestrale de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'être".
La mémoire de notre espèce s'est transmise sur des supports qui ont évolué avec le temps (oral, écrit, imprimé, numérisé). Il est inutile d'argumenter que, du point de vue logocratique, cette évolution a été dans le sens d'une entropisation -d'une régression- (la numérisation informatique en bits -0,1- étant le dernier stade avant le 0, l'insignifiance absolue).
jc
19/01/2017
Le premier cri du premier humain a-t-il été un cri de haine ou un cri d'amour?
jc
20/01/2017
Je distingue symbolique de diabolique. Le symbole (sumbolon) c'est le beau vase brisé et "recollé" parfaitement, sinon c'est le diabole (diabolon). La perfection n'étant pas de ce monde, un vase infiniment beau, infiniment harmonieux mais brisé ne sera jamais parfaitement "recollé", il sera toujours un peu diabolique.
Nous ne sommes pas parfaits. Si l'on suit Platon la photocopieuse fait toujours des petites erreurs en recopiant, disons, le code génétique et la glaise dont nous sommes faits n'est pas parfaite, elle contient toujours de petites impuretés. Nous ne sommes donc pas symboliques comme le modèle platonicien mais toujours un peu diaboliques.
Pour moi "The question" est de savoir si nous sommes des bons petits diables ou des mauvais petits diables, autrement dit si nous sommes des animaux sociaux, foncièrement bons, ou si l'homme est un loup pour l'homme, foncièrement mauvais.
Aristote et Plotin (et sans doute bien d'autres) ont répondu que nous étions des bons petits diables et Hobbes (et sans doute quelques autres) que l'homme était un loup pour l'homme (struggle for life, point-barre). Je suis intimement convaincu que ce sont Aristote et Plotin* qui ont raison: nous sommes de bons petits diables et ma conviction ne vient pas seulement de la lecture de l'oeuvre de la comtesse de Ségur.
Selon moi, tout le problème de notre civilisation qui se transmue en contre-civilisation vient de là, l' "élite" ayant pris le parti de Hobbes, pour la guerre, donnant ainsi le pouvoir "profond" au lobby militaire. C'est, sans hésitation aucune, un crime contre l'humanité qui a généré (et génère encore) des guerres épouvantables et des tortures psychologiques atroces (portées à leur paroxysme par le TINA de Margaret Thatcher, y a pas d'alternative, mon gars, débrouille-toi avec ça) .
*: La citation suivante revient en leitmotiv dans les textes de PhG: "Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi".
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier