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Article : Going nuke ou Going nuts ?

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Guerre nucléaire, la menace inexistante

Alexis Toulet

  07/06/2016

Le risque de guerre nucléaire entre Etats-Unis et Russie est tout aussi bas aujourd'hui qu'il l'a toujours été, ceci pour des raisons très concrètes, dont je vais lister quelques-unes :

1. Un point technico-opérationnel pour commencer, mais point essentiel : le déploiement de missiles antimissiles en Europe centrale ne menace en rien la dissuasion nucléaire stratégique russe.
Il y a à cela plusieurs raisons, je citerai seulement la principale : la Terre est ronde.
L'essentiel des missiles balistiques sol-sol russes sont basés au-delà de l'Oural. Une riposte nucléaire russe sur les Etats-Unis prendrait le plus court chemin, le seul que des missiles balistiques peuvent emprunter, et ce chemin passe par-dessus les pôles. Il ne s'approche en rien de l'Europe centrale.
Le même raisonnement s'applique aux balistiques mer-sol, les SNLE russes étant basés dans l'Arctique.
Pourquoi le gouvernement russe accorde-t-il une telle importance en paroles à ces antimissiles, demanderez-vous ? Il faudrait leur poser la question. Hypothèses à prendre en considération :
- ces défenses pourraient compliquer l'attaque par les Russes du second échelon d'une éventuelle invasion terrestre OTAN de la Russie
- l'objectif est d'affirmer le principe comme quoi l'OTAN devrait respecter les traités et ne pas déployer d'unités militaires permanentes dans les pays de l'ancien Pacte de Varsovie
- ce discours est à visée politique interne, il s'agit de renforcer le soutien de la population russe à son gouvernement

2. En passant, l'étude de 2006 comme quoi les Etats-Unis pourraient désarmer la Russie par une frappe nucléaire massive surprise appelle les remarques suivantes :
- Elle a été réalisée par deux personnages dont aucun n'était militaire et aucun n'était ingénieur. Bref, je ne mâcherai pas mes mots, par des incompétents
- Même ces auteurs avaient remarqué que leurs conclusions seraient ruinées si deux hypothèses fortes n'étaient pas vérifiées, soit l'absence de patrouille permanente par un SNLE russe, et l'absence de déploiement de missiles sol-sol mobiles sur le terrain.
Or la Russie a retrouvé en 2012 sa capacité à effectuer des patrouilles permanentes de SNLE, et elle a depuis 2006 multiplié les sol-sol mobiles qui sont très certainement déployés sur le terrain.
Bref, s'il s'agissait de mettre à jour l'étude de 2006, même ses auteurs s'apercevraient que leurs élucubrations de l'époque ne tiennent pas.

3. On cite la menace russe d'invasion des Pays Baltes, point de départ d'une éventuelle guerre à grande échelle entre Russie et pays de l'OTAN. On le cite surtout si l'on est analyste à la RAND, et que l'on a un contrat à remplir, soit dit en passant.
Or cette menace est inexistante, pour des raisons politiques évidentes :
- la Russie n'y a aucun intérêt
- quand bien même les Russes éliraient à la place de Poutine un pensionnaire d'asile d'aliénés, il ne pourrait qu'être arrêté par la garantie donnée par l'ensemble des pays de l'OTAN aux Pays Baltes
Il faut ici éviter le piège tendu par les analystes de la RAND prétendant qu'il serait "impossible" de défendre ces pays. C'est bien entendu parfaitement possible, simplement cette défense ne pouvant arrêter une offensive initiale russe car réagissant trop lentement se concentrerait sur la reconquête et la libération de ces pays.
Opération qui serait certes sanglante, mais que la Russie n'aurait aucune chance de parvenir à empêcher. La puissance militaire russe a été sous-estimée dans le passé, ce n'est pas une raison pour la surestimer maintenant. Rappelons tout de même que l'armée de l'air russe dispose de moins de chasseurs modernes (moins de 25 ans d'âge) que l'armée de l'air française ! Certes, on modernise à tour de bras en Russie, mais même le résultat final de cette modernisation une fois achevée ne sera pas suffisant pour arrêter une offensive européenne décidée dans les Pays Baltes - sans même parler de l'armée américaine.

4. Faut-il alors imaginer que ce soit l'OTAN, ou les Etats-Unis, qui lance une offensive sur les terres russes, ou bien qui du moins attaque les forces russes déployées à l'étranger ? La chose n'est pas absolument impossible. Il faut quand même se rendre compte des difficultés politiques.
Rappelons qu'en 2002-03, le souvenir de 9/11 étant frais dans la conscience de la population américaine, une propagande massive tentant de convaincre que Saddam Hussein avait quelque chose à y voir, il a fallu des mois et des mois au gouvernement américain pour finir par emporter l'assentiment de la majorité des Américains pour attaquer une puissance militaire de troisième ou quatrième ordre - l'Irak.
Aujourd'hui que 9/11 est beaucoup plus lointain, alors que même la pire propagande ne parviendrait à établir un lien entre Russie et djihadisme, alors que les Etats-Unis ont connu bien des déconvenues militaires les résultats étant décevants à la fois en Irak et en Afghanistan, l'appareil de propagande américain parviendrait à obtenir l'assentiment de la population pour attaquer une puissance militaire de premier ordre - la Russie ?

5. Enfin, même dans ce cas très improbable - même si Clinton était élue présidente - d'une guerre américano-russe, par exemple en Syrie autour de prétendues "zones de refuge humanitaires", cette guerre pour grave qu'elle soit n'aurait aucune chance de dériver vers un emploi du nucléaire.
Je rappelle que la doctrine russe affirme que le nucléaire sera utilisé si la survie de la nation est en jeu - et seulement dans ce cas. Passer au nucléaire juste parce qu'une intervention extérieure a échoué, ce n'est pas la politique russe.
Les Etats-Unis n'envisagent pas non plus d'utiliser le nucléaire pour des raisons futiles, surtout contre un pays qui en disposerait. Suite à leurs échecs en Irak, en Afghanistan et avant cela au Vietnam, nul n'a ne serait-ce qu'évoqué la possibilité d'une "vengeance" nucléaire.
Je rappelle que des guerres directes entre puissances nucléaires ont déjà eu lieu, en 1969 à la frontière soviéto-chinoise notamment, ainsi qu'en 1999 à la frontière indo-pakistanaise. Dans chaque cas, le protagoniste vaincu et humilié - Chine et Pakistan respectivement - s'est bien gardé d' "escalader" la guerre, surtout pas en utilisant des armes nucléaires.


La vérité est que l'humanité court des dangers sérieux, liés au risque d'effondrement financier entraînant un effondrement industriel, au plafonnement des extractions d'énergie fossile en attendant leur décroissance, au réchauffement séculaire en cours et aux autres détériorations écologiques qui finiront par réduire la population humaine de force.
Il est d'autant plus important de dégonfler les baudruches des risques qui ne se posent pas, et une guerre nucléaire est de ceux-là.
 

1.400.000 étincelles glacées

perceval78

  07/06/2016

28 03 1961 Kennedy prononce un discours au congres :

Experience has taught us that no one nation has the power or the wisdom to solve all the problems of the world or manage its revolutionary tides—that extending our commitments does not always increase our security—that any initiative carries with it the risk of a temporary defeat—that nuclear weapons cannot prevent subversion—that no free people can be kept free without will and energy of their own—and that no two nations or situations are exactly alike.

20 07 1961 l'hypothese d'une first-strike est évoquée lors d'une réunion du National Security Council le fait est qu'on s'agite beaucoup fin 1961.

09 12 1963 OTTAWA (UPI) - Defense Minister Paul Hellyer Friday night revealed details of the intricate “two-key” system which will give Canada the final word on use of any nuclear weapons located on Canadian soil.

Paul Hellyer est la preuve vivante qu'un ministre de la défense occupant les plus hautes fonctions dans le système occidental peut devenir fou et s'il n'est pas fou ça veut forcément dire que d'autres le sont.

On remarquera au passage que l'ignoble presse système au service du chaos ne pouvait laisser un tel buzz

Les nouveaux plans sans ambiguité des fous furieux de la CNAS pour asservir le monde
EXTENDING AMERICAN POWER montrent des faiblesses incroyables concernant l'Europe, ils veulent en effet créer un Quadriumvirat (Allemagne - UK - France - Pologne) qui parait extrèmement bancale :

L'Allemagne primus inter pares se montre bien rétive
La Pologne est déja menacée ... gare à ta gueule si tu n'obéis pas
Uk veut Brexiter
et la France ... ??? ou est elle ? pas un mot ! elle réfléchit monsieur et c'est vrai qu'elle en a vu d'autres

On croit mourir pour la patrie on meurt pour des industriels ... Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d'un état d'esprit qui conduit la France, avec l'Europe entière, à sa ruine totale.
Anatole France

La France admire secrètement l'Amérique mais comme le dit très bien Paul Valery

Elle n’admire tout à fait que lors­qu’elle a trouvé des raisons solides et universelles de son plaisir

Patience donc, attendons la belle, elle va se réveiller ...


Au cap tonne, immolant un monstre de candeur,
Et vient des hautes mers vomir la profondeur
Sur ce roc, d’où jaillit jusque vers mes pensées
Un éblouissement d’étincelles glacées,
Et sur toute ma peau que morde l’âpre éveil,
Alors, malgré moi-même, il le faut, ô Soleil,
Que j’adore mon cœur où tu te viens connaître,
Doux et puissant retour du délice de naître


La Jeune Parque

On se rassure comme on peut ...

Christian Feugnet

  07/06/2016

Personnellement , je me dis que pour les décisions graves on prévoit un protocole , avec des niveaux de sécurité .  Pour éviter  les "écarts psy " , individuel ( état d'ébriété ou autre ) , ou collectif ( ambiance frénétique ) .
Je me dis donc que pour la décision nucléaire , suffit pas d'appuyer sur un bouton , pour un président , aprés un examen de conscience approfondi .
Je suppute qu'il doit quand méme consulter quelques autres , détenteurs de pouvoirs , qui eux aussi détiennent des clés , de façon à éviter toutes précipitation , surtout dans l'urgence .

Réaction en chaîne

CFA

  07/06/2016

« ma conviction est qu’ils seront rattrapés par leurs folies avant de pouvoir arriver au nucléaire. »

Je vous trouve bien optimiste !

Le système cogne de tous côtés, sans retenue aucune.

Politique : Irak, Syrie, Ukraine, Libye, pour la face la plus violente mais qui devient, sous notre regard hébété, le nouveau standard. La mise en place d'hommes de paille corrompus au Brésil qui passe inaperçue, alors que cela aurait été vu comme le comble de l'interventionnisme par dans les années 1970. La France qui torpille les Mistral (sic) et rentre dans le rang de l’OTAN — Ce sera la honte éternelle de Sarkozy et de Hollande. Il semble que même la politique australienne soit mise sous tutelle — et, coïncidence, le pays-continent s’équipe et en sous-marins d’attaque (Mais qui sait, peut être que la Nouvelle Zélande, un peu trop impériale au rugby il est vrai, donne des frayeurs stratégiques à l’establishment australien ?)

Industrie : Volkswagen rackéttée après quelques banques Européennes - ou de ce qu'il en reste. Le pillage d’Alstom. La disparition de Nokia, dont le suicide apparent ressemble fort à « l’accident bête » d’un viager dans des dialogues d’Audiard quand on y regarde d’un peu plus près.

C’est à se demander si la mise sous tutelle de la FIFA et la pantalonnade en cours sur le dopage à Sotchi ne sont pas de simples « Projets de fin d’études » pour les équipes appelées a prendre en charge les « Grands comptes » dans quelques mois.

Le délire de puissance du Système passe toute les bornes. Il est devenu absolument incontrôlable — Comme vous l’expliquez très bien par ailleurs. Il veut torturer les russes pour que les chinois entendent les cris, mais ne peut voir — Peut-il encore voir autre chose que du virtuel ? — que la Russie est en position de se défendre.