Christian
30/08/2017
Il y a quelque chose de compliqué avec l’analogie, ou mettons l’équivalence-de-situation, entre l’état qui prévalait en URSS lors de la glasnost et celui actuel des USA, dont on se demande s’ils vivent leur propre Moment-glasnost.
Vous expliquez bien dans votre récente Note comment la glasnost, c’est-à-dire la libération de la parole après des décennies de dictature totalitaire, fut en son temps l’outil opérationnel de la dissolution de l’URSS.
Mais si l’effet de cette libération de la parole, sur la population russe (sur les diverses populations des multiples républiques soviétiques), fut le sentiment de « redevenir humain » ou de se voir enfin « traités en êtres humains », avec les réactions consécutives empreintes de sagesse, de dignité retrouvée, de sens du sacrifice et de l’histoire, bref, de raison et de ténacité face aux épreuves et aux difficultés (c’est bien l’impression qu’on pouvait avoir à l’époque, et encore plus rétrospectivement), qui firent que la chute de l’URSS ne se solda pas du tout par une catastrophe internationale malgré l’immense potentiel pour cela,
…si l’effet de la glasnost en URSS fut à peu près cela, il ne semble pas du tout aller de même aux USA actuellement. S’il y a bien une « libération de la parole », dans le sens où Trump, pour ses partisans, « dit enfin ce qu’il pense » - en cela, c’est bien une incontestable libération de la parole par rapport au carcan-Système (et infiniment plus et plus efficace efficace qu’un discours ici (Eisenhower) ou là (Carter) -, on a l’impression que l’effet de cette parole libérée n’est pas, pour une partie manifeste de la population, de « redevenir humain », avec sa dignité et la raison à son service, mais de « devenir enfin fou » – c’est-à-dire de montrer au plein jour sa pathologie, d’exprimer sans plus de retenue son désordre mental… (cela vaut bien sûr peu ou prou pour une fraction non négligeable des diverses populations du monde sous l’emprise du Système, bien sûr, et je ne m’en exclu pas totalement non plus, bien conscient de la pression parfois insupportable sur nos équilibres et nos psychologies).
Bon, au moins le diagnostique sera ainsi enfin clarifié.
Une partie du trouble affectant la population aux USA provient aussi, comme vous l’avez fait remarquer, de l’absence de structure historique et nationale, de fondement, de repères et, pire encore, du simulacre et du mensonge que fut l’histoire-système de cette « nation ». (Là encore, les populations russes et autres purent s’appuyer sur un passé et une tradition plus ou moins retrouvés, plus ou moins réinterprétés, d’une façon parfois discutable certes, mais qui n’en constituait pas moins un héritage vrai, existant, solide. La population des USA n’a pas cette chance).
Reste la question du soin, de la guérison de ces psychologies torturées. C’est-à-dire aussi des effets de cette pathologie se répandant à ciel ouvert aux USA (« libération de la parole », montrant combien nous sommes fous). Cette "pathologie libérée" peut bien être l’équivalent-glasnost en ce qu’elle est (?) le moyen opérationnel de la chute des USA (attendue prémonitoirement par d’aucun depuis 1989-91, d’ailleurs), mais son mécanisme diffère radicalement de celui qui eut lieu en URSS.
J’ai exprimé tout cela sous la forme d’une affirmation. Mais c’est bien sûr une interrogation.
Merci.
(Courage pour les versements. J’ai honte de dire que c’est la première fois depuis longtemps que je reverse mon obole, alors que votre site est si précieux et que sa lecture régulière est un comme un phare en mer).
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