Daniel
07/11/2011
“Israël : une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe”
A lautomne 1982, soit quelques mois après linvasion israélienne du Liban, la Revue dÉtudes Palestiniennes avait publié un article dOded Yinon, intitulé : « Stratégie pour Israël dans les années 80 », qui lui avait été adressé, avec une courte préface, par le regretté professeur Israël Shahak, ancien président de la Ligue israélienne des droits de lhomme. Nous le republions, avec laccord de nos amis de la REP, car nous le jugeons toujours dactualité en ce qui concerne la situation du Moyen-Orient (et cela même sil commence par des considérations sur lURSS et ses visées expansionnistes, totalement démenties par les faits ultérieurs).
Dans sa préface, Israël Shahak avait attiré lattention des lecteurs sur la proximité entre cette « stratégie pour Israël » et la pensée néo-conservatrice américaine, la même qui présidera à la politique étrangère des États-Unis depuis laccession de George W. Bush au pouvoir. Léclatement de lIrak, les tensions communautaires dans la plupart des pays arabes, lannexion aussi de Jérusalem et dune bonne partie de la Cisjordanie dotent larticle dOded Yinon, vingt-cinq ans après sa publication, dune funeste actualité.
Confluences Méditerranée, printemps 2007
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“Préface dIsraël Shahak”
Larticle qui suit, dOded Yinon présente, me semble-t-il, de façon exacte et détaillée, le projet qui est celui du régime sioniste actuel - le régime de Sharon et Eitan - concernant le Moyen-Orient, à savoir la division de la région en petits états, et le démantèlement de tous les états arabes. Je voudrais, en guise de préambule, attirer lattention du lecteur sur quelques points :
1 - Lidée que tous les États arabes doivent être fragmentés en petites unités, par luvre dIsraël, est une idée récurrente dans la pensée stratégique israélienne.
2 - On perçoit très clairement le lien étroit qui existe entre ce projet et la pensée néo-conservatrice américaine, particulièrement dans les notes de lauteur pour son propre article. Mais, en dépit dune référence de pure forme « à la défense de lOccident » face au pouvoir soviétique, lobjectif réel de lauteur, et du régime israélien actuel est bien clair : faire dun Israël impérialiste une puissance mondiale. En dautres termes, Sharon se propose de tromper les Américains après avoir joué le monde entier.
3 - Très évidemment, bien des faits, dans les notes comme dans le texte même sont falsifiés ou omis, comme par exemple laide financière des États-Unis à Israël. Dautres prétendus faits sont de pures inventions. Mais il ne faudrait pas pour autant regarder ce projet comme dénué de toute portée pratique, ou irréalisable, au moins à court terme. Le projet reproduit fidèlement les théories « géopolitiques » qui avaient cours en Allemagne dans les années 1890-1933, qui furent adoptées telles quelles par Hitler et le nazisme, et qui guidèrent leur politique en Europe de lEst. Les objectifs fixés par ces théories, en particulier le démantèlement des États existants, reçurent un début de réalisation de 1939 à 1941, et seule une coalition à léchelle mondiale en empêcha lapplication à long terme.
Israël Shahak, 13 juin 1982
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“Stratégie pour Israël dans les années 80”
Oded Yinon est journaliste et ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires Étrangères. Cet article, envoyé à la Revue dÉtude Palestiniennes par Israël Shahak, est paru dans Kivunim (Orientations), n° 14, février 1982 (Revue publiée par le Département de lOrganisation Sioniste mondiale, Jérusalem).
Il est donc dimportance vitale pour nous de regagner le Sinaï, avec ses ressources, exploitées et potentielles : cest pour nous un objectif politique prioritaire, que les accords de Camp David et les accords de paix nous empêchent de poursuivre. La faute en incombe au gouvernement israélien actuel et aux gouvernements qui ont ouvert la voie à la politique de compromis sur les territoires : les gouvernements de coalition qui se sont succédés depuis 1967. Après la restitution du Sinaï, les Égyptiens ne seront plus obligés de respecter le traité de paix et ils sefforceront de rejoindre le camp arabe et lalliance soviétique afin de sassurer appui politique et assistance militaire. Laide américaine nest assurée quà court terme, pour la période de paix fixée par les accords ; et laffaiblissement des États-Unis, à lintérieur comme à lextérieur, entraînera nécessairement laffaiblissement de leur assistance. Sans pétrole, sans les revenus dérivés du pétrole, compte-tenu des dépenses actuelles énormes, nous ne pourrons pas maintenir les conditions présentes en 1982, et nous serons contraints dagir, de façon à rétablir dans le Sinaï, la situation antérieure à la visite de Sadate et au traité de paix malencontreux signé avec lui en mars 1979.
Pour atteindre ce but, Israël dispose essentiellement de deux moyens, lun direct, lautre indirect. Le moyen direct est le moins réaliste des deux en raison de la nature du régime israélien, de son gouvernement, de la sagacité de Sadate qui obtint notre retrait du Sinaï, sa plus grande réussite après la guerre de 1973. Israël ne prendra pas linitiative de rompre ce traité, ni aujourdhui ni en 1982, à moins dy être acculé, économiquement et politiquement, et que l’Égypte fournisse à Israël un prétexte pour reprendre le Sinaï pour la quatrième fois dans notre courte histoire. Il reste donc la voie indirecte. Une situation économique égyptienne, le caractère du régime, sa politique pan-arabe vont créer une situation telle quaprès Avril 1982, Israël va se trouver contraint dagir directement ou indirectement pour reprendre le Sinaï en tant que réserve stratégique, économique et énergétique à long terme. En raison de ses conflits internes, l’Égypte ne représente pas un problème stratégique du point de vue militaire, et elle pourrait être aisément réduite à sa situation davant la guerre de 1967.
Le mythe de l’Égypte, homme fort du monde arabe, ébranlé en 1956, na pas survécu à 1967 ; mais notre politique et la restitution du Sinaï ont fait dun mythe un « fait ». Mais sur le plan réel, la puissance égyptienne, comparée à celle dIsraël seul, et à celle du monde arabe, a diminué de 50 % depuis 1967. L’Égypte nest plus la première puissance politique du monde arabe, et elle est à la veille dune crise économique. Sans aide extérieure, la crise va se produire incessamment. A court terme, grâce à la reprise du Sinaï, l’Égypte va marquer quelques points, mais seulement jusquen 1982 ; et cela ne modifiera pas à son avantage le rapport de forces mais pourrait même entraîner sa ruine. L’Égypte, dans sa configuration intérieure actuelle est déjà moribonde, et plus encore si nous prenons en compte la rupture entre Chrétiens et musulmans qui va croissant. Démanteler l’Égypte, amener sa décomposition en unités géographiques séparées : tel est lobjectif politique dIsraël sur son front occidental, dans les années 1980. L’Égypte est effectivement déchirée. Lautorité ny est pas une mais multiple. Si l’Égypte se désagrège, des pays tels que la Libye, le Soudan et même des États plus éloignés ne pourront pas survivre sous leur forme actuelle et accompagneront lÉgypte dans sa chute et sa dissolution. On aura alors un état chrétien copte en Haute Égypte, et un certain nombre dÉtats faibles, au pouvoir très circonscrit, au lieu du gouvernement centralisé actuel ; cest le développement historique logique et inévitable à long terme, retardé seulement par laccord de paix de 1979.
Le front ouest qui, à première vue, semble poser plus de problèmes, est en fait plus simple que le front est, théâtre récent des évènements les plus retentissants. La décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris l’Égypte, la Syrie, lIrak et toute la péninsule arabe ; au Liban, cest déjà un fait accompli. La désintégration de la Syrie et de lIrak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est lobjectif prioritaire dIsraël, à long terme, sur son front est ; à court terme, lobjectif est la dissolution militaire de ces États. La Syrie va se diviser en plusieurs états suivant les communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra un État alaouite chiite ; la région dAlep, un État sunnite ; à Damas, un autre État sunnite hostile à son voisin du Nord : les Druzes constitueront leur propre État, qui sétendra sur notre Golan peut-être, et en tout cas dans le Haourân et en Jordanie du Nord. Cet État garantira la paix et la sécurité dans la région, à long terme : cest un objectif qui est dès à présent à notre portée.
LIrak, pays à la fois riche en pétrole, et en proie à de graves dissensions internes, est un terrain de choix pour laction dIsraël. Le démantèlement de ce pays nous importe plus encore que celui de la Syrie. LIrak est plus fort que la Syrie ; à court terme, le pouvoir irakien est celui qui menace le plus la sécurité Israël. Une guerre entre lIrak et la Syrie ou entre lIrak et lIran désintègrera lÉtat irakien avant même quil ne puisse se préparer à une lutte contre nous. Tout conflit à lintérieur du monde arabe nous est bénéfique à court terme et précipite le moment où lIrak se divisera en fonction de ses communautés religieuses, comme la Syrie et le Liban. En Irak, une distribution en provinces, selon les ethnies et les religions, peut se faire de la même manière quen Syrie du temps de la domination ottomane. Trois États -ou davantage- se constitueront autour des trois villes principales : Bassorah, Bagdad et Mossoul ; et les régions chiites du sud se sépareront des sunnites et des kurdes du Nord. Lactuel conflit irano-irakien peut radicaliser cette polarisation.
La péninsule arabe toute entière est menacée de désintégration sous les pressions extérieures et intérieures. Ce processus est particulièrement inévitable en Arabie Saoudite, soit quelle conserve sa puissance économique fondée sur le pétrole, soit que celle-ci aille décroissant. La structure politique actuelle du pays annonce des luttes internes et la désintégration finale.
La Jordanie, elle, est un objectif stratégique à court terme. En effet, une fois terminé le trop long règne de Hussein, remplacé par un pouvoir palestinien, le pays se désintégrera naturellement et ne constituera plus une menace pour lavenir dIsraël.
La Jordanie ne peut plus survivre longtemps dans la structure actuelle et, la tactique dIsraël soit militaire, soit diplomatique, doit viser à liquider le régime jordanien et à transférer le pouvoir à la majorité palestinienne. Ce changement de régime en Jordanie résoudra le problème des territoires cisjordaniens à forte population arabe ; par la guerre ou par les conditions de paix, il devra y avoir déportation des populations de ces territoires, et un strict contrôle économique et démographique - seuls garants dune complète transformation de la Cisjordanie comme de la Transjordanie. A nous de tout faire pour accélérer ce processus et le faire aboutir dans un proche avenir. Il faut rejeter le plan dautonomie et toute proposition de compromis, de partage des territoires ; étant donné les projets de lOLP et des arabes israéliens eux-mêmes (voir le plan de Shefarham) il nest plus possible de laisser se perpétuer ici la situation actuelle sans séparer les deux nations : les Arabes en Jordanie et les juifs en Cisjordanie. Il ny aura de véritables coexistence pacifique dans ce pays que lorsque les arabes auront compris quils ne connaîtront ni existence ni sécurité quune fois établie la domination juive du Jourdain jusquà la mer. Ils nauront une nation propre et la sécurité quen Jordanie.
En ce qui concerne Israël, la distinction entre les régions acquises en 1967 et les territoires qui les prolongent, ou les zones acquises en 1948, na jamais eu aucun sens pour les arabes, et sest maintenant effacée pour nous aussi. Il faut voir le problème dans son ensemble, sur la base de la situation depuis 1967. Quelle que soit la situation politique ou la situation militaire dans lavenir, il faut quil soit clair que le problème des Arabes autochtones ne recevra de solution que lorsquils reconnaîtront que la présence dIsraël dans les zones de sécurité jusquau Jourdain indirectement et au-delà constitue pour nous une nécessité vitale, dans lère nucléaire que nous allons vivre maintenant. Nous ne pouvons plus vivre avec trois-quart de la population juive concentrée dans une zone côtière, particulièrement vulnérable à lâge nucléaire.
Il faut désormais disperser les populations, cest un impératif stratégique. Faute de cela, nous ne pouvons survivre, quelles que soient les frontières. La Judée, la Samarie, la Galilée sont nos seules garanties dexistence nationale et si nous ne nous implantons pas de façon à être majoritaires dans les zones montagneuses, nous ne gouvernerons pas le pays ; nous y vivrons comme les croisés, qui perdirent ce pays - un pays dailleurs qui nétait pas le leur, dans lequel ils étaient des étrangers. Notre but premier, le plus essentiel aujourdhui est de rééquilibrer le pays sous le triple aspect démographique, stratégique et économique. Il faut coloniser tout le versant de la montagne qui sétend depuis Birsheba jusquen Haute Galilée ; cest un objectif essentiel de notre stratégie nationale : coloniser la montagne qui jusquà présent est vide de juifs.
La réalisation de nos objectifs, sur le front Est, dépend de la réalisation de cette stratégie intérieure. Et seule la transformation de notre structure politique et économique constitue la clé dune mutation complète qui nous permettra de mettre en uvre la stratégie en question. Nous devons passer dune économie centralisée dans laquelle le gouvernement est trop étroitement impliqué, à une économie de marché, ouverte et libre. En même temps, nous devons nous affranchir de notre dépendance à légard du contribuable américain, et développer une véritable infrastructure économique, productive, qui ne doive rien quà nous-mêmes. Si nous ne nous montrons pas capable dopérer cette mutation par notre seule volonté, notre seule libre entreprise, alors les forces économiques, politiques, énergétiques, à luvre dans le monde, et notre propre isolement, nous y contraindront. Dun point de vue militaire, stratégique, le monde occidental dominé par les États-Unis est incapable de résister aux pressions exercées par lURSS dans le monde ; Israël ne doit donc compter que sur ses propres forces dans les années 80, sans aide extérieure, militaire ou économique ; cela nous en sommes capables aujourdhui, sans compromis.
Une rapide évolution du monde entraînera aussi une transformation de la condition des juifs dans le monde ; Israël ne sera plus pour eux un dernier recours mais le seul choix de survie possible. Nous ne pouvons pas tabler sur le fait que les communautés juives américaines, européennes, dAmérique latine survivront sous leur forme actuelle.
Nous continuerons de vivre dans ce pays, aucune puissance au monde ne peut nous en chasser, ni par la force, ni par la ruse (méthode de Sadate). En dépit des difficultés créées par un traité de paix mal inspiré et le problème des Arabes israéliens et de ceux des territoires, nous devons pouvoir résoudre toutes ces questions dans un avenir déjà prévisible.
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2244
Arrou Mia
07/11/2011
Les premiers à enfreindre la loi d’interdiction de tout commerce avec l’Iran sont les Israéliens.
Ils achètent leurs meilleures pistaches à l’ennemi persan, car depuis leur arrivée d’Europe, ils se sont adaptés culinairement à cet Orient honni..
En dehors de l’anecdote, deux cent entreprises israéliennes continuent d’avoir des relations commerciales juteuses avec l’Iran, y compris en matière d’énergie fossile
http://www.lefigaro.fr/international/2011/05/30/01003-20110530ARTFIG00701-israel-des-petroliers-violent-l-embargo-contre-l-iran.php
Comme si l’embargo profitait à ceux qui l’exigent!!!
On a déjà vu ça , mais où? Ne serait-ce donc pas encore avec l’Iran lors de la guerre Iran-Irak?
Ou bien lors du boycott de l’État d’apartheid d’Afrique du Sud?
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