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Article : “Hypnotiquement” votre...

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Hypnose : paralysie de l'entendement ?

jc

  17/01/2022

Je lis dans Wikipédia que "L’état hypnotique est à mi-chemin entre la veille et le sommeil, un état où le sujet reste conscient tout en étant particulièrement réceptif. La sensibilité à la suggestion et aux métaphores s'y trouve grandement amplifiée." Je retiens "l'état particulièrement réceptif" et "sensibilité à la suggestion" qui permet à l'hypnotiseur de faire gober quasiment n'importe quoi à l'hypnotisé.

Je verrais bien E. Macron avoir ce don d'hypnotiseur, don qui, à l'oral (mais pas à l'écrit?), lui permet de paralyser (partiellement ou totalement) l'entendement de ses interlocuteurs. Et s'il a le don de paralyser l'entendement de ses interlocuteurs, il est tout naturellement amené à se considérer comme plus intelligent qu'eux.

J'ai lu, toujours dans Wikipédia, que l'hypnotisé peut être également l'hypnotiseur: phénomène dit d'autohypnose (1). Je pense que E. Macron ment comme il respire, non pas par calcul mais par nature, et que, bien entendu, il se ment à lui-même. Et je pense qu'il supporte de s'automentir parce qu' "en même temps" il s'autohypnotise.

Je pense que Macron a un "moi central" insuffisamment stabilisé, qui en fait plus un objet de lui-même qu'un sujet de lui-même (un être sujet de lui-même étant pour moi un être psychiquement sain). Citations thomiennes pour préciser ce que je sous-entends par là:

1: "(...) c'est tout simplement le fait que l'être vivant n'est pas réellement autonome, mais a besoin d'un autrui, a besoin d'autrui qui est lui-même." (1978, ... métaphysique extrême) ;

2: "Si l'on croit qu'individualité et stabilité sont nécessairement liées, cela n'implique-t-il pas qu'une qualité, comme en Théorie des Catastrophes Élémentaires, soit définie par le bassin d'un minimum de potentiel : il y aura alors attraction d'un soi par soi…, un soi périphérique par un soi central." (1988, ES) ;

3: "L'agent étant le « sujet » grammatical va occuper la place inférieure dans l'espace du genre. Il va créer autour de lui une « gravitation » vers sa place qui sera le centre du « monde ». Il y aura dès lors un mouvement « naturel » du patient, l'objet, vers la place du sujet, qui ne se terminera que par l'identification des deux places (à moins bien sûr qu'il n'y ait antikinésis…).(1988, ES)


Une explication des décisions aberrantes prises, par exemple typique, en conseil de défense, ainsi que du jugement qu'a récemment porté E. Zemmour sur lui :  "C'est un ado mal fini" ?


1: Moi, ce qui m'hypnotise, c'est tout ce qui commence par auto, ce sont toutes ces choses qui ne se réfèrent qu'à elles-mêmes (autodestruction par exemple).

Autohypnose, autodestruction, etc.

jc

  18/01/2022

"Moi, ce qui m'hypnotise, c'est tout ce qui commence par auto, ce sont toutes ces choses qui ne se réfèrent qu'à elles-mêmes".

Pour moi c'est ça qui est le top de la théologie, qui est elle-même le top de la théorétique, qui est elle-même le top de la métaphysique. Tout ce qui concerne "auto" me fascine, en particulier les immenses esprits qui arrivent à en tirer quelque chose d'intelligible. Je n'en connais que deux : Kurt Gõdel qui a tiré quelque chose d'intelligible de l'automensonge et dont le théorème d'incomplétude a eu pour conséquence de remettre en question la position nominaliste prise à la fin du XIXème siècle par l'école allemande de mathématiques (1) et René Thom que je vois en quelque sorte comme un anti-Gõdel (2) car il s'intéresse à l'autonaissance, c'est-à-dire à la co-naissance, qui n'est autre que l'injonction socratique du "Connais-toi toi-même" , clairement en rapport étroit avec l'anti-Gödélien "Ne te mens pas à toi-même"

Comment Thom voit-il la connaissance ? Il la voit, je crois, comme une co-naissance de soi au monde. La citation suivante, hélas tirée je ne sais d'où, est pour moi la plus éclairante que j'ai trouvée pour préciser sa position à ce sujet :

"Pour en revenir à la régulation biologique, on peut montrer que le « programme » des catastrophes correctrices est un constituant essentiel du patrimoine génétique, et que ce programme dirige toute l'embryologie animale. La catastrophe se réalise morphogénétiquement dans l'embryon, avant de se réaliser fonctionnellement chez l'adulte. Par exemple, la neurulation est l'absorption par l'animal d'une proie symbolique, qui deviendra son système nerveux, justifiant ainsi l'affirmation que le prédateur est sa proie. Il en va sans doute de même en sémantique : tout concept a une figure de régulation, et, dans la genèse du concept, cette figure se constitue après une véritable embryologie, dont le schéma directeur est donné par les grandes catastrophes correctrices qui interviennent dans la stabilité du concept.".

Pour moi c'est là l'immense différence avec le darwinisme-Système tel qu'il nous l'est vendu par Hollywood (manger ou être mangé). En fait ce n'est pas une différence si immense que ça puisque la position thomienne consiste "seulement" à pousser la logique darwinienne-Système dans son ultime retranchement qui est celui de se manger soi-même (on remarque que le fait de pousser ainsi la logique darwinienne-Système fait exploser au passage les principes aristotéliciens(?) de non-contradiction et d'identité...). De ce point de vue on peut, je crois, voir le capitalisme mondialisé être sa propre proie car seul face à lui-même (3).

Le darwinisme hollywoodien fait, selon moi, courir le monde à sa perte. La seule porte de sortie est, pour moi, de pousser ce darwinisme anglo-saxon dans ses derniers retranchements, jusqu'à un darwinisme darwinisme qu'il me semble naturel de qualifier de mystique.

Thom termine son "Esquisse d'une sémiophysique" par : "Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde.", que je paraphrase en : "Seul le darwinisme mystique peut redonner du sens au monde.".

Suite au récent article de Marc Gébelin je suis en train de parcourir quelques articles sur Spinoza (avec bien entendu l'intention de voir si ses idées sont ou non Thom-compatibles). Je suis ainsi tombé sur un article sur le monisme (5) dont le paragraphe consacré à Spinoza se termine par :

"En réunissant l'Esprit et la Chair, et en réhabilitant le Désir, Baruch Spinoza est certainement le plus antichrétien des philosophes, mais également, le plus avant-gardiste des mystiques : le XXIème siècle sera spinoziste, ou ne sera pas." ,

que je brûle d'envie de paraphraser en :

"En réunissant l'Esprit et la Chair, et en réhabilitant l'affect, René Thom est certainement le plus antichrétien des philosophes, mais également, le plus avant-gardiste des mystiques : le XXIème siècle sera thomien, ou ne sera pas." ,

Remarque finale. Puisque la citation thomienne initiale se termine par une incursion linguistique, je ne peux m'empêcher de renvoyer à une note de bas de page de l'article "Les mathématiques modernes : une erreur pédagogique et philosophique?" (AL), à propos de l'emploi linguistique naturel (selon Thom) du "et" et du "ou" (emploi qui va à l'encontre des lois de la logique moderne), note où il est question des langues samoyèdes. Par curiosité je suis allé fouiller sur la toile et ai trouvé ceci :

"Le terme de samoyède vient du russe самоед (samoyed), traduit par l'étymologie populaire comme signifiant « qui se mange soi-même »." ...


1: École de Hilbert.

2: Thom commente ainsi les travaux de Gödel et des formalistes "analytiques":

- "Les théorèmes d'incomplétude de Gödel montrent les directions dans lesquelles il ne faut pas aller." (cité de mémoire)
 -"Les axiomes de l'arithmétique forment, c'est bien connu, un système incomplet. C'est là un fait heureux, car il permet d'espérer qu'un grand nombre de phénomènes structurellement indéterminés et informalisables pourront néanmoins admettre un modèle mathématique." (fin de SSM)

3: https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_des_r%C3%A8glements_internationaux

4: https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_samoy%C3%A8des

5: http://histophilo.com/monisme.php



 

Sire de soi.1

jc

  19/01/2022

[Suite de sire de soi…]

"Dieu Sire de lui-même ou Dieu Sujet de lui-même ?". Par analogie biologique cela donne:  "Dieu prédateur de lui-même ou Dieu proie de lui-même?". La nuit porte conseil, dit le dicton.

Thom à propos du rêve (la nuit porte conseil dit le dicton):

1. "Si on veut théoriser la biologie il faut faire du rêve une fonction biologique." (citation que j'étends aussitôt, en élève du maître, en : "Si on veut théoriser la sociologie il faut faire du rêve une fonction sociologique" et s-oyons fou tant qu'à faire- : "Si on veut théoriser l'onto-théologie il faut faire du rêve une fonction onto-théologique" (1) );

2. "On sait combien la durée relative du sommeil onirique (ou paradoxal) va croissant lorsqu'on s'élève dans l'échelle phylogénétique. Il est naturel de voir dans cette activité une sorte de spatialisation virtuelle des formes génétiques; le rêve donne ainsi naissance à un ego partiel, sans recul par rapport à soi-même, sans épaisseur ni liberté, véritable proie de ses proies ou de ses prédateurs). On peut définir ainsi le rêve comme une activité contraignante s'exerçant de manière fictive sur des objets fictifs. tel quel, le rêve n'en permet pas moins une extension temporelle considérable du moi dans la période d'inconscience qui est le sommeil." (SSM, 2ème ed., p.305).

En ontologie l'être le plus simple est l'être dont on ne peut rien dire d'autre que: il est. Thom le modélise par la cuvette de potentiel mathématiquement la plus simple, à savoir la cuvette parabolique de potentiel V(x)=x², et montre que c'est un être structurellement stable qui est son propre déploiement. Considérant cet être comme un dieu, c'est un dieu à la fois en puissance et en acte (car il est son propre déploiement) qui dit "Je suis celui qui suis", dieu que je note δ0.

En maths la cuvette de potentiel la plus simple sans être la précédente est, sans surprise, celle de potentiel V(x)=x⁴, dont le déploiement est la "cuvette" -les guillemets sont là pour signaler que ce n'en est pas toujours une- de potentiel W(x)=x⁴+ux²+vx, u,v paramètres. Et la lettre W montre en quoi cette cuvette est une "cuvette" : suivant les valeurs des paramètres u et v, cette "cuvette" peut être soit une simple cuvette soit une cuvette en forme de W, c'est-à-dire avec cul de cuvette -comme on dit cul de bouteille-. Considérant cet être comme un dieu -que je note δ1-, ce Dieu est plus puissant que δ0 car il peut prendre la forme de δ0 pour certaines valeurs du paramètre -δ1 se discriminant de δ0 par un discriminant du type de celui étudié au lycée-.

Ce préambule permet de revenir à la question initiale : Dieu est-il seigneur de lui-même ou Sujet de lui-même? La réponse est évidemment oui pour δ0 puisqu'il est seul, ce qui n'est pas le cas pour δ1 qui apparaît comme un dieu overlord de δ0, c'est-à-dire comme un dieu qui projette sa puissance sur δ0. Dans ce dernier cas la situation s'éclaire en remplaçant la lettre W par les trois lettres SVO, S et O stables placés au fond de l'un des V de la "cuvette en W" et V instable (germe de parabole inversée placée au sommet du "cul de cuvette" : S=Sujet, V=Verbe, O=Objet. Et la question initiale devient: δ1 se voit-il en Sujet prédateur de son Objet ou en Sujet proie de son Objet?

Thom épigraphe le chapitre 9 de SSM ("Modèles locaux en embryolologie") par :"Et le Verbe s'est fait chair", et ce qui précède a pour but de tenter de suggérer pourquoi Thom mène de front sa biologie théorique et sa linguistique théorique :

"(...) j'avais cette association sujet / endoderme, verbe-action / mésoderme et objet / ectoderme. L'ectoderme c'est l'objet et le monde extérieur, à la fois, parce que cela donne une bonne partie de la peau, mais aussi parce que dans le cerveau on s'occupe surtout du monde extérieur. C'est la représentation du monde extérieur. Je ne sais pas ce qu'en pensent les gens,
évidemment ils n'en pensent pas grand-chose, je n'ai jamais vu de réaction effective sur ce genre d'idée, ce qui est vraiment très curieux (...) Personne ne m'a jamais fait la moindre observation là-dessus. Je pense que ça stupéfie les esprits et c'est tout. Tant pis.".

Tant pis? Je dirai plutôt : dommage car je me demande si , à la lecture de l'œuvre de Thom, on n'a pas une voie pour pénétrer là où on a coutume de dire que ces voies sont impénétrables. Autrement dit je me demande s'il ne faut pas prendre tout-à-fait au sérieux la citation thomienne suivante -que je cite souvent- : "Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu.".

Dieu Δ comme Dieu des dieux, limite de tous les petits dieux se projetant les uns sur les autres, les plus clercs sur les moins clercs -c'est-à-dire les plus laïcs- ,dont δ0 et δ1 sont parmi les plus simples, Dieu étant son propre déploiement, c'est-à-dire Dieu à la fois en puissance et en acte, et à la fois Sire de lui-même et Sujet de lui-même, comme δ0 mais à la différence -considérable- que Dieu Δ est, lui, infini (Dieu Δ qui m'a l'air de ressembler à l'Être suprême d'Héraclite pour qui «l’harmonie suprême est coïncidence des contraires»)?

Spinoza, qui vivait à une époque où il y avait des philosophes mathématiciens -Leibniz, Descartes, Pascal… -a été considéré -ai-je lu- par d'éminents philosophes comme le prince d'entre  eux. Peut-être serait-il bon que les philosophes contemporains (qui -sauf exception comme Badiou- semblent se désintéresser complètement des mathématiques) se posent la même question à propos de Thom ?


1: Je rappelle à ce propos ma citation thomienne favorite : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." dont il suit qu'il va sans dire mais mieux en l'écrivant que ça vaut aussi pour l'évolution des espèces et, soyons fou, pour l'évolution de l'idée de Dieu. Car au fond, que signifie cette citation, sinon que pour connaître le monde il suffit de se connaître soi-même?