Alain Vité
05/05/2013
Le film Iron Man 3 est une super-production hollywoodienne pour grand public des studios Marvel, possession de Disney. Ce film est donc le produit d’un fer de lance de la communication-système.
Le Président des USA y est dépeint comme corrompu jusqu’à la moelle et dévoué aux intérêts de ses amis et mécènes, au détriment de l’environnement et des citoyens. En l’occurrence, il s’agit des conséquences d’une catastrophe pétrolière qui rappelle la marée noire de la station Deep Water en Louisiane.
Ces accusations de corruption ne sont pas celles de marginaux incertains aux explications bancales, type soldats vétérans traumatisés ou intellectuels reclus dans une caravane. Elles sont portées par le vrai méchant, celui qui est parfaitement intégré dans le système, un homme d’affaires sérieux et très informé qui pourrait être - et est peut-être - un mécène du Président parmi les autres.
D’ailleurs, rien n’est fait, à aucun moment, pour démentir ces accusations ; ni au moins pour soulever du scandale ; même pas pour fragiliser lesdites accusations ; ni même pour en suggérer la fausseté fugacement par un indice visuel ou un détail quelconque, comme c’est généralement le cas quand c’est important, mais que l’histoire ne laisse ni la place ni le temps de développer.
Il y a plus fort, cette corruption présidentielle n’est pas l’objet principal du film, par exemple pour “sauver l’Amérique d’un président criminel et/ou usurpateur et rétablir un président vertueux”, comme ça a déjà été filmé maintes fois depuis des décennies. Jusqu’à présent, même lorsque le véreux n’était que sénateur ou député, cela était généralement un fait central du film.
Eh bien non, ici, ce n’est qu’un accessoire de scénario tardivement montré et vite brossé pour amener la spectaculaire scène d’action finale, rien de plus.
Ce n’est pas discuté non plus, ni pour donner un tour de complexité au Président, ni pour remettre en question sa légitimité. On se contente de situer les faits en une réplique. Qu’un Président soit malhonnête et criminel est désormais si évident qu’il est inutile de le déplorer. Il est inutile même de s’y attarder : c’est comme quand le cinéaste montre le soleil qui se lève, pas besoin de préciser qu’on est le matin.
La duplicité indigne des dirigeants et du système politique US est maintenant tellement naturelle et intégrée que désormais, elle devient un basique accessoire de narration, jusque chez Disney.
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Quant au film lui-même, Iron Man 3 est un spectacle haut de gamme pour les amateurs du genre, avec explosions et effets visuels de très haut niveau. Il est même au dessus de Transformers, notamment par la légèreté et la fluidité des effets spéciaux, mais aussi des dialogues et de l’ambiance.
Pour ceux qui aiment l’univers Marvel, c’est une aventure d’Iron Man bien ficelée, mais ce Tony Stark tient plus de Robert “Piège-à-meuf” Downey Jr, que du personnage inventé par Stan Lee (lequel fait bien entendu une apparition, quelque part entre Hitchcock et le magazine Mad)
De toute façon, l’univers Marvel a été souvent bricolé et reficelé depuis une vingtaine d’années, entre les réalités alternatives, les réécritures de biographie des personnages, les morts ressuscités ou en double, etc.
Déterminer si une version filmée est fidèle au héros de l’origine, ça revient un peu à reconstituer le boeuf à partir du steak haché. Non seulement c’est improbable, mais en plus, on pourrait se retrouver avec des bouts de cheval.
Dominique Larchey-Wendling
06/05/2013
Philippe Grasset
06/05/2013
Merci à la vigilance de notre lecteur…
La part sombre de nous-mêmes nous a entraînés d’une façon incompréhensible de Wilker en Wilkin… Corrections faites, nous vous demandions de nous excuser.
PhG
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