Didier Favre
01/12/2017
J’admire ce texte, ce qu’il décrit et sa conclusion.
Dans le texte, je vois, en action, un enchevêtrement de procédures fort diverses destinées à éviter d’obéir à un ordre illégal dont le sommet est atteint avec les armes nucléaires.
En passant, « j’aime » beaucoup l’accusation selon laquelle Trump mène son pays vers la troisième guerre mondiale. La haine anti-Russes est fort bipartisane. J’ai retenu que Trump voudrait calmer le jeu avec la Russie et que le Congrès lui a lié les mains avec son nouveau paquet de sanctions anti russes. Revenons à nos moutons !
« J’aime » de la même manière le soutien de ceux qui haïssent Trump aux entreprises libyennes, syriennes, irakiennes de leurs forces armées. Les crimes de guerres et contre l’humanité sont commis ici le « coeur singulièrement léger » comme vous le notez. Les congressistes voulant contrôler Trump soutiennent ces entreprises ou j’ai raté une information d’importance.
C’est pourquoi je goûte particulièrement l’observation de Ben Cardin et John Conyers voulant interdire au président le pouvoir de lancer ces missiles ou une attaque contre la Corée du Nord.
Là dessus, Kim Corée du Nord envoie son missile. Vous m’apprenez que nombre de sommités « américanistes-occidentalistes » du genre l’ont jugé intercontinental et stratégique. Je me demande également comment ils ont fait cela. Vous notez que cela contredit radicalement la position du congrès. Sous la houlette de Graham, il se range derrière son président pour faire face à Kim le fou (Là, j’ai un doute aussi fort que celui de Trump le fou). Le congrès tourne sa veste avec une aisance stupéfiante.
La décrédibilisation du congrès US, du président US et de l’armée US atteint des sommets de puissance. La contradiction entre ces deux positions (et quelques autres comme celle face à la Russie ou à la liberté d’opinion) est totale.
Vous concluez que le Système s’effondre et que cette crise du « bouton nucléaire » en est une péripétie.
Je me permets ici de penser que tous ses protagonistes sont des Etats-Uniens chimiquement purs. Ils sont citoyens d’un pays fondé, comme vous le notez si justement, sur la loi. Elle est elle-même issue de ce que d’aucuns nomment Les Lumières et j’ajoute de Descartes (le philosophe). Je vois tous ces gens baser leur vie sur l’hypothèse radicale que la Raison (j’aimerais savoir ce que c’est) suffit à régler toutes les relations humaines. Je les vois supposer que si chacun agit rationnellement dans son coin le résultat ne peut qu’être le meilleur possible. Je les vois supposer que chaque acte rationnel est un progrès décisif et scientifique qu’il est impossible de remettre en cause car fondé sur la Raison. Tout ce monde suppose être dans le Bien le plus profond et le plus intense possible. Mieux, ils sont en charge de défendre, propager et étendre l’influence de leur Raison. Ils sont le Bien (avec une majuscule).
Je vois ces gens s’agiter chacun dans son coin en fonction de ce que chacun reconnaît comme étant le Bien. Vu leurs limites, ce Bien varie de personne à personne. Ils savent tous ce qu’est ce Bien. Ils ne sont pas d’accord entre eux sur sa nature. Je vois chacune de ces personnes perdues face au Bien mais pleines de certitudes sur la nature de ce dernier. Vu qu’elles vivent dans un Système, elles se mettent d’accord sur la nature du Bien par des affrontements et des découvertes scientifiques en sciences humaines. Le temps passe et ces certitudes deviennent de plus en plus fouillées intellectuellement. Il devient de plus en plus improbable qu’elles soient remises en cause. Ce serait remettre en cause la Science, le Progrès, le Bien mis en Lumière et, je crois surtout, le sens de la vie de ces personnes et du monde où elles vivent. J’estime avoir là les éléments d’une religion.
Sans le savoir, ces personnes fondent une religion humaine. Elles se libèrent du monde et de sa réalité par cette religion. C’est ce que je comprends par l’expression « Les Lumières ». Elles se réalisent maintenant, pleinement et librement en Occident.
Il ne reste que le petit détail de la réalité à éliminer. Quand je vois la folie de Washington, je me dis que ce travail est en cours. Quand je vois les progressistes les plus purs en action, je me dis que cette grande oeuvre est bien avancée. Cela me terrifie car cela exclut l’effondrement du Système sur lui-même. Comment voulez-vous que rien, son matériau de construction, s’effondre ?
Il nous donc faut absolument Le quitter ou Il nous tuera tous. Un conflit nucléaire déclenché pour protéger un contrat de vente de propergol ferait l’affaire. Contrairement à ce que certains fous ignorants affirment à Washington, je refuse de parier nos vies sur l’innocuité de cette guerre.
Cette guerre a déjà commencé. L’internet et les opinions publiques occidentales sont en cours de mise au pas. Il faut haïr la Russie. C’est une injonction, un ordre indiscutable. La vérité meurt sous nos yeux. Elle est remplacée par la haine d’un autre qui a le culot d’affirmer qu’il est possible de vivre hors du « Bien » que le Système nous prodigue. Ironiquement, nous sommes dans les prémisses d’une guerre de religions. L’Islam n’est qu’un allié de circonstances dans cette opération. Ce n’est pas une partie prenante de cette guerre.
Je crois à cette guerre car elle a l’avantage de refaire l’union derrière le Système et de faire oublier toutes les contradictions et désastres de ce dernier. La guerre de 14 a montré que cette opération est possible. Comme nos élites défendant leur Bien peuvent tout perdre dans cette phase d’effondrement de leur monde, elles se battront jusqu’au dernier d’entre nous pour Le protéger. Nous arrivons en « 1984 », le roman prophétique par excellence. Orwell a vu venir le coup.
Je m’arrête ici car je commence à me trouver long.
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